Homélies St Jean-Paul II 607

607 Vous venez de différentes nations du monde : Canada, Chine, Colombie, Inde, Italie, Pologne, Afrique du Sud.

Chers amis, le Baptême constitue, en un sens tout à fait spécial, votre Pâque, le sacrement de votre rédemption, de votre nouvelle naissance dans le Christ par la foi et par l'oeuvre de l'Esprit Saint, grâce à laquelle vous pourrez appeler Dieu du nom de «Père», et vous serez fils dans le Fils.

Nous souhaitons que la vie nouvelle, qui va vous être donnée au cours de cette nuit très sainte, se développe en vous jusqu'à sa plénitude, produisant des fruits abondants d'amour, de joie et de paix, des fruits de vie éternelle.

4. «O vere beata nox !» [Ô nuit de vrai bonheur !], chante l'Église dans la Louange pascale, se souvenant des grandes oeuvres de Dieu accomplies dans l'Ancienne Alliance, durant l'exode des Israélites sortis d'Egypte. C'est l'annonce prophétique de l'exode du genre humain de l'esclavage de la mort à la vie nouvelle par la Pâque du Christ.

O vere beata nox ! [Ô nuit de vrai bonheur !], voulons-nous répéter avec l'hymne pascale, en contemplant le mystère universel de l'homme à la lumière de la résurrection du Christ. Au commencement Dieu l'a créé à son image et à sa ressemblance. Par l'oeuvre du Christ crucifié et ressuscité, cette ressemblance avec Dieu, ternie par le péché, a été restaurée et portée à son sommet. Et nous pouvons dire à la suite d'un auteur ancien : Homme, regarde-toi ! Reconnais ta dignité et ta vocation ! Le Christ, vainqueur de la mort en cette nuit très sainte, ouvre devant toi les portes de la vie et de l'immortalité.

Faisant écho à la proclamation du diacre dans le chant de l'annonce pascale, je redis avec joie : Annuntio vobis gaudium magnum : surrexit Dominus vere ! Surrexit hodie ! [Je vous annonce une grande joie : le Seigneur est vraiment ressuscité ! Aujourd'hui il est ressuscité !]

Amen !



Chapelle papale pour l'ouverture de l'Assemblée spéciale pour l'Asie du Synode des évêques
19 Avril 1998


1. Italien

2. Nous ouvrons cette Assemblée synodale le deuxième dimanche de Pâques. La liturgie rappelle aujourd'hui ce qui se produisit au Cénacle de Jérusalem, le dimanche après la Résurrection, lorsque le Christ apparut de nouveau aux Apôtres, cette fois en présence de Thomas. En effet, une apparition avait déjà eu lieu huit jours avant, mais Thomas était absent et, quand les autres lui dirent: "Nous avons vu le Seigneur!", il refusa de croire et déclara: "Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas!" (
Jn 20,25).

608 Thomas l'incrédule! C'est justement à cause de lui que le Christ apparut huit jours plus tard au Cénacle, entrant alors que les portes étaient closes. Il dit à ceux qui étaient là: "La paix soit avec vous!", puis s'adressa à Thomas: "Avance ton doigt ici, et vois mes mains; avance ta main, et mets-la dans mon côté: cesse d'être incrédule, sois croyant!" (Jn 20,27). Thomas prononça alors les paroles qui expriment toute la foi de l'Église apostolique: "Mon Seigneur et mon Dieu!" (Jn 20,28). Et le Christ déclara: "Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu" (Jn 20,29).

3. "Heureux ceux qui croient sans avoir vu". Les Apôtres furent des témoins oculaires de la vie, de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ. Après eux, d'autres, qui n'ont pu voir tout cela de leurs yeux, devront accepter la vérité transmise par les premiers témoins pour devenir eux-mêmes à leur tour des témoins. La foi de l'Église se transmet et demeure vivante grâce à cette chaîne de témoins qui s'allonge de génération en génération. Ainsi, du Cénacle de Jérusalem, l'Église s'est répandue dans tous les pays et sur tous les continents.

Selon une tradition très ancienne, l'Évangile fut apporté en Inde par saint Thomas, l'Apôtre auquel le Seigneur a dit: "Parce que tu m'as vu, tu crois". Thomas, non plus incrédule mais désormais convaincu de la résurrection de son Seigneur, transmit à beaucoup d'autres personnes la certitude exprimée dans sa confession de foi: "Mon Seigneur et mon Dieu!". Sa foi est toujours vivante en Inde et en Asie.

Chers Frères dans l'épiscopat venus ici, l'Église que vous représentez, édifiée sur les fondations des Apôtres, se réunit à Rome aujourd'hui, au seuil du troisième millénaire, pour les travaux synodaux, dans le but de transmettre aux générations à venir le témoignage rendu au Christ par les Apôtres, le témoignage que Thomas rendait il y a près de vingt siècles.

4. -6. anglais

7. "Quello che vedi, scrivilo in un libro e mandalo alle sette Chiese". Queste parole le sentiamo rivolte in maniera particolare a noi. Durante il Sinodo vogliamo testimoniare ciò che lo Spirito di Cristo dice alle Chiese del grande continente asiatico. Ci chiederemo come esse ascoltino la sua voce, come vivano nella comunione della parola di Dio e dell'Eucaristia; come possano incentivare l'azione evangelizzatrice tra i popoli dell'Asia.

Vogliamo metterci in ascolto di quanto lo Spirito dice alle Chiese, perché sappiano annunciare Cristo nel contesto dell'induismo, del buddismo, dello scintoismo e di tutte quelle correnti di pensiero e di vita che erano già radicate in Asia prima che vi giungesse la predicazione del Vangelo. Ed ancora, vogliamo riflettere insieme su come il messaggio di Cristo sia accolto dagli uomini di oggi e come oggi continui tra loro la storia della salvezza e con quale eco si ripercuotano nelle anime le parole della Buona Novella. Ci chiederemo nella preghiera e nell'ascolto reciproco come Cristo, "la pietra scartata dai costruttori" (Sal 117[118],22), possa ancora essere la pietra angolare per la costruzione della Chiesa in Asia.

Tutto questo alla luce della Pasqua, che inonda il nostro cuore della gioia e della pace del Signore risorto.

"Haec est dies quam fecit Dominus. Exultemus et laetemur in ea!" (Sal 117[118],24).

Amen!



JEAN-PAUL II

HOMÉLIE

CONCLUSION SOLENNELLE DE L'ASSEMBLÉE SPÉCIALE


POUR L'ASIE DU SYNODE DES ÉVÊQUES


14 mai 1998


609 1. "Iubilate Deo, omnis terra, psalmum dicite gloriae nominis eius" (Sal 65[66],1-2).

L'Assemblée synodale qui est sur le point de se conclure, tout comme les autres Assemblées que j'ai déjà convoquées en préparation du Grand Jubilé de l'an 2000, entend répondre à l'exhortation que nous adresse aujourd'hui la Liturgie: "Acclamez Dieu, toute la terre, fêtez la gloire de son nom, glorifiez-le en célébrant sa louange". Le psalmiste invite la terre à louer Dieu; et nous, dans le moment de transition que nous vivons, nous sentons tout particulièrement le besoin de Lui rendre gloire. Ceci est la première raison pour laquelle les Évêques de l'Église se réunissent en assemblées synodales régionales et continentales.

Après le Synode pour l'Afrique, qui s'est tenu il y a environ quatre ans, en 1995 a eu lieu l'Assemblée Spéciale pour le Liban. A l'automne dernier s'est tenu le Synode pour l'Amérique, au cours duquel les représentants de l'Épiscopat du Nord, du Centre et du Sud de l'Amérique et des Caraïbes ont réfléchi et dialogué ensemble sur la situation de l'Église dans leurs pays respectifs.

Aujourd'hui nous concluons la rencontre synodale des Pasteurs des Communautés ecclésiales du continent asiatique. Ce synode a été en lui-même un cantique de louange à Dieu. N'était-ce pas, en effet, le premier but de nos travaux? Par chacune de nos réflexions, nous avons voulu exprimer la gloire que les Églises de cet immense continent rendent à Dieu, Créateur et Père. Dans chaque partie du monde, en effet, le service de l'Église s'adresse à l'homme vivant, qui est l'authentique gloire de Dieu.

Que louent Dieu, les terres de l'Asie et les océans qui les entourent, la chaîne de l'Himalaya avec le plus haut sommet du monde, et les énormes fleuves. Que chantent les louanges à Dieu, les villes riches de traditions millénaires, les cultures séculaires du Continent avec ses civilisations bien plus antiques que celle de l'Europe.

Cet hommage silencieux et multiforme au Créateur trouve son accomplissement définitif en l'homme, qui rend louange à Dieu d'une manière qui lui est propre, exclusive et unique. L'expérience synodale montre clairement que quand ceux qui habitent tous les pays de l'Asie - de l'Inde à la Chine, du Japon à l'Indochine, de l'Indonésie à toutes les autres nations, des montagnes du Tibet aux déserts de l'Asie Centrale - interprètent l'ineffable mystère des traditions religieuses asiatiques plurimillénaires et variées, ils cherchent à l'exprimer par la prière et la contemplation.

2. Je vous ai "établis afin que vous partiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure" (
Jn 15,16). Au Cénacle, la veille de sa Passion, Jésus confie aux Apôtres la tâche de poursuivre sa mission parmi les hommes. Grâce à la fidèle participation de nombreux témoins de l'Évangile, sa Parole de salut s'est répandue dans presque toutes les parties du monde, au cours des deux millénaires écoulés. Dans le texte que nous venons d'entendre, le Seigneur souligne que c'est lui-même qui a choisi et qui a établi ses disciples, pour qu'ils aillent dans le monde entier et qu'ils portent des fruits durables de salut.

L'un de ceux-là fut saint Matthias, dont nous célébrons aujourd'hui la fête. Après la trahison de Judas, il fut associé aux onze Apôtres, pour être "témoin de la Résurrection" du Christ. Sur lui ne nous sont parvenues que de rares informations; nous savons seulement qu'il a annoncé l'Évangile avec courage et qu'il mourut martyr.

Selon la tradition, ce fut l'apôtre Thomas qui a porté l'Évangile en Inde et jusqu'au coeur de l'Asie. Depuis lors jusqu'à nos jours, de nombreux missionnaires ont parcouru l'immense continent asiatique et en ont entrepris l'Évangélisation, annonçant le Christ Jésus, le Verbe fait chair, mort sur la Croix et ressuscité le troisième jour pour sauver le monde.

Témoins de la Résurrection du Seigneur, ils ont montré des chemins nouveaux à des peuples qui, en raison de leurs traditions philosophiques et religieuses, étaient habitués à chercher l'Absolu dans les profondeurs de l'être. Les évangélisateurs suivirent l'exemple de l'Apôtre Paul, se faisant l'écho de son exhortation: "Si donc vous êtres ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d'en haut" (Col 3,1).

3. S'il est vrai que Dieu est dans le monde et qu'il a une certaine immanence, il est avant tout vrai qu'il est Transcendant, "au-dessus" du monde, et qu'il n'est donc pas possible de l'identifier au monde. On ne peut le chercher dans le monde comme s'il était seulement le mystère le plus profond de toutes les choses visibles. Au contraire, il faut d'abord le chercher "en haut": il est le Seigneur du ciel et de la terre. En vertu de cette transcendance absolue, le Fils de Dieu est descendu sur la terre; il s'est fait homme en naissant d'une Vierge; il a vécu et il a subi la mort pour la Vérité qu'il annonçait. Plus encore, en réalité, il n'a pas subi la mort, mais il s'est mesuré avec elle. Il n'a pas voulu qu'elle l'emporte, mais il en a brisé les liens; il est retourné vers le Père d'où il était sorti. De cette manière, le Christ montra aux hommes vivant sur la terre que leur destinée est l'union avec Dieu: créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, l'être humain ne peut se réaliser en dehors de l'union avec Lui, le Rédempteur et le Sauveur.

610 Oui, en Jésus Christ, le Père a créé le monde; en Lui, il l'a racheté. Par sa mort et sa Résurrection, le Christ a annoncé et réalisé la vérité sur la création et sur la rédemption, vérité qui est le contenu de la mission permanente confiée à l'Église.

4. Ceci est la vérité salvifique transmise par Jésus à ses disciples, en même temps que "son" commandement: "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés" (
Jn 15,12).

Chères Frères et Soeurs, vous qui avez formé l'Assemblée spéciale pour l'Asie du Synode des Évêques! Aujourd'hui le Seigneur Crucifié et Ressuscité vous répète de nouveau ces mêmes mots, en vous exhortant encore une fois à évangéliser votre continent. A vous tout particulièrement, mes Vénérables Frères dans l'Épiscopat, il dit: "Je vous ai choisis et établis afin que vous partiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure" (Jn 15,16). Et il dit à chacun: "Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres" (Jn 15,17).

Comme Successeur de l'Apôtre Pierre, j'ai l'honneur et la joie de répéter ces mots, ayant partagé avec vous ces derniers jours l'extraordinaire expérience du Synode. Ensemble nous avons expérimenté de nouveau l'amour du Christ, et ensemble nous avons vu les fruits de la puissance de l'Esprit Saint à l'oeuvre en Asie. La mission évangélisatrice de l'Église est un service d'amour au continent asiatique. Et bien que la communauté chrétienne ne soit qu'un "petit troupeau" dans l'ensemble de la population, elle est le moyen à travers lequel Dieu poursuit son plan salvifique, qu'il pourra porter à son accomplissement si chacun est prêt à travailler avec lui d'un coeur généreux.

Chers amis, c'est précisément pour cette raison que je voudrais vous dire encore une fois: demeurez dans l'amour du Seigneur, comme les sarments de la vigne (cf. Jn 15,5), et ainsi parmi les peuples de l'Asie vous porterez les fruits abondants de la vie nouvelle.

5. Parmi les peuples de ce continent, je ne peux pas ne pas mentionner, en particulier, la nation chinoise, qui est la plus nombreuse. A vous, Frères et Soeurs de l'Église Catholique de la Chine Continentale, je souhaite exprimer, une fois encore, mon affection, et vous dire combien je regrette que l'Évêque de Wanxian et son Coadjuteur n'aient pas pu venir à Rome pour prendre part personnellement au Synode des Évêques. Les paroles de l'Évêque Matthew Duan Yinming qui expriment sa loyauté envers le Successeur de Pierre et sa communion avec l'Église universelle ont touché nos coeurs. Les Pères Synodaux de tous les pays d'Asie ont toujours considéré leurs frères chinois comme présents en esprit, et ils espèrent que les difficultés actuelles seront bientôt vaincues et qu'en une autre occasion ces Évêques auront très bientôt la possibilité de rencontrer les autres Pasteurs de l'Église.

Nous espérons tous que, alors que la République Populaire de Chine s'ouvre progressivement au reste du monde, l'Église en Chine sera elle aussi autorisée à avoir plus de contacts avec l'Église universelle. Nous implorons l'Esprit Saint d'infuser ses dons sur les fidèles chinois et de les guider vers la vérité toute entière (cf. Jn 16,13), de manière à ce que l'annonce de l'Évangile en Chine, même parmi de grandes souffrances, porte des fruits abondants.

6. Dans la Liturgie Pascale, nous lisons les Actes des Apôtres, qui nous aident à comprendre comment à notre époque aussi l'Église ne cesse pas d'ajouter de nouveaux chapitres à l'histoire du salut. De même que saint Luc rédigea les "Actes" pour que les générations futures de Chrétiens n'oublient pas leurs origines apostoliques, de même nous avons nous aussi écrit, par cette Assemblée Synodale, une nouvelle page de la vie ecclésiale sur le continent asiatique dans ce siècle. Cette page est, en un certain sens, un appendice de l'histoire des Actes des Apôtres.

En considérant l'ensemble de l'Asie, les travaux du Synode nous ont permis de voir comment l'Évangile s'est implanté dans ce grand continent au cours des deux mille dernières années. S'il est vrai que les Chrétiens demeurent une minorité numérique dans ce continent, cette situation constitue pour eux une sorte de défi permanent. Elle incite l'Église à offrir son témoignage avec un courage tout particulier. Comment pourrions nous oublier que Jésus est né à ce carrefour unique du monde où l'Asie rencontre à la fois l'Afrique et l'Europe? Il est venu au monde pour tous les continents, mais d'une manière particulière pour l'Asie; et à ce titre l'Asie pourrait se vanter de sa position. C'est dans une partie de l'Asie que le Christ a vécu; c'est là qu'il a accompli son oeuvre de Rédemption du monde; c'est là qu'il a institué l'Eucharistie et les autres sacrements; c'est là qu'il est ressuscité de la mort.

7. "Durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, depuis son baptême par Jean jusqu'au jour où il nous a été enlevé". (Ac 1,21-22), Jésus, né en Asie, a jeté dans ce continent la semence du salut pour tous les peuples.

A la fin du deuxième millénaire, le cheminement des successeurs des Apôtres continue dans tous les pays du continent asiatique, où ils annoncent la même vérité et le font avec la même immuable ardeur apostolique et missionnaire, en répétant et en témoignant: "Jésus Christ et Sauveur".

611 Mes bien chers Frères et Soeurs, continuez cette mission d'amour et de service en Asie. Que la protection maternelle de Marie, Mère de l'Église et du peuple asiatique, vous soutienne, et que les martyrs, les saints et les bienheureux de l'Asie intercèdent pour vous. Restez fidèles à l'amour du Christ, qui vous a appelés et établis ses disciples "afin que vous partiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure" (Jn 15,16).

Amen!



Christus Rex
22 Novembre 1998


1. Italien

2. -3. Anglais

4. Tandis que l'Église universelle se prépare à franchir le seuil du troisième millénaire de l'ère chrétienne, les pasteurs de l'Océanie sont rassemblés dans la communion, unis au Successeur de Pierre, pour chercher à donner un nouvel élan à la sollicitude pastorale qui les pousse à annoncer la royauté du Christ dans la diversité des cultures et des traditions humaines, sociales et religieuses, et dans l'admirable multiplicité de leurs peuples.

Dans la deuxième lecture, l'apôtre Paul explique en quoi consiste le royaume dont parle Jésus. Il écrit aux Colossiens: il faut rendre grâce à Dieu qui "nous a arrachés au pouvoir des ténèbres, et nous a fait entrer dans le royaume de son Fils bien-aimé, par qui nous sommes rachetés et par qui nos péchés sont pardonnés" (1, 13-14). C'est précisément cette rémission des péchés qui est devenue l'héritage du bon larron au Calvaire. Il fut le premier à faire l'expérience du fait que le Christ est roi, parce qu'il est Rédempteur.

Ensuite, l'Apôtre explique ce qu'est la royauté du Christ: "Il est l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute créature, car c'est en Lui que tout fut créé, dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles et les puissances invisibles. Tout est créé par Lui et pour Lui. Il est avant tous les êtres et tout subsiste en Lui" (Col 1,15-17). Le Christ est donc Roi avant tout comme premier-né de toute créature.

Le texte paulinien poursuit: "Il est aussi la tête du corps, c'est-à-dire de l'Église. Il est le commencement, le premier-né d'entre les morts, puisqu'il devait avoir en tout la primauté. Car Dieu a voulu que, dans le Christ, toute chose ait son accomplissement total. Il a voulu tout réconcilier par Lui et pour Lui, sur la terre et dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix" (Ibid. 1, 18-20). Par ces paroles, l'Apôtre confirme à nouveau et justifie ce qu'il avait révélé sur l'essence de la royauté du Christ: le Christ est Roi comme premier-né d'entre les morts. En d'autres termes, comme Rédempteur du monde, le Christ crucifié et ressuscité est le Roi de l'humanité nouvelle.

5. Italien



612 22 novembre 1998, Célébration eucharistique à l'occasion de l'ouverture des travaux de l'Assemblée spéciale du Synode des évêques pour l'Australie et l'Océanie



4. Tandis que l'Église universelle se prépare à franchir le seuil du troisième millénaire de l'ère chrétienne, les pasteurs de l'Océanie sont rassemblés dans la communion, unis au Successeur de Pierre; pour chercher à donner un nouvel élan à la sollicitude pastorale qui les pousse à annoncer la royauté du Christ dans la diversité des cultures et des traditions humaines, sociales et religieuses, et. dans l'admirable multiplicité de leurs peuples.

Dans la deuxième lecture, l'apôtre Paul explique en quoi consiste le royaume dont parle Jésus. Il écrit aux Colossiens: il faut rendre grâce à Dieu qui «nous a arrachés a pouvoir des ténèbres, et nous a fait entrer dans le royaume de son Fils bien-aimé, par qui nous sommes rachetés et par qui nos péchés sont pardonnés». C'est précisément cette rémission des péchés qui est, devenue l'héritage du bon larron au Calvaire. Il fut le premier à faire l'expérience du fait que le Christ est roi, parce qu'il est Rédempteur.

Ensuite, l'Apôtre explique qu'est la royauté du Christ: «Il est l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute créature, car c'est en Lui que tout fut créé, dans les cieux et sur la terre, lesêtres visibles et et les puissances invisibles. Tout, est créé par Lui et pour Lui.. Il est avant tous les êtres et tout subsiste en Lui ». Le Christ est donc Roi avant tout comme premierné de toute créature.

Le texte paulinien poursuit: «Il est aussi la tête du corps, c'est-à-dire de l' Église. Il est le commencement, le premier-né d'entre les morts, puisqu'il devait avoir en tout la primauté. Car Dieu a voulu que, dans le Christ, toute chose ait son accomplissement total. Il a voulu tout réconcilier par Lui et pour Lui, sur la terre et dans les cieux, in faisant la paix pari le sang de sa croix ». Par ces paroles, l'Apôtre confirme à nouveau et justifie ce qu'il avait révélé sur l'essence de la royauté da Christ comme premier-né d'entre les morts. En d'autres termes, comme Rédempteur du monde, le Christ crucifié et ressuscité est le Roi de l 'humanité nouvelle.



Célébration eucharistique en conclusion des travaux de l'Assemblée spéciale du Synode des évêques pour l'Australie et l'Océanie

HOMÉLIE


12 Décembre 1998




3. Le Synode qui s'achève aujourd'hui, comme les précédentes Assemblées spéciales consacrées aux divers continents, répond précisément à ce but. "Jésus Christ est le même hier et aujourd'hui, il le sera à jamais" (He 13,8). En réaffirmant cela, nous voulons transmettre aux siècles à venir et aux générations suivantes le riche patrimoine de l'évangélisation de l'Océanie. Il est en effet nécessaire que ces populations participent pleinement à l'amour du Christ qui a poussé autrefois les hérauts de la Bonne Nouvelle sur toutes les routes du monde, où ils ont rencontré de nouvelles populations et de nouvelles nations, appelées elles aussi à être héritières du Royaume de Dieu.

Chers Pères Synodaux qui constituez cette Assemblée pour l'Australie et l'Océanie, je vous salue avec affection et je vous remercie pour le travail accompli et surtout pour le témoignage de communion que vous avez donné à moi-même comme à toute l'Église. Je remercie le Cardinal Schotte et ses collaborateurs du Secrétariat général du Synode des Évêques pour leur service des Églises particulières.

Vous êtes venus d'Australie, de Nouvelle Zélande, des Îles du Pacifique, de Papouasie-Nouvelle-Guinée et des Îles Salomon, apportant les richesses spirituelles de vos peuples et aussi les problèmes qu'ils rencontrent. En effet, comment ne pas mettre en évidence que même dans vos sociétés la religion subit des menaces et des tentatives d'isolement ? Comment ne pas souligner que parfois on voudrait la réduire à une expérience individuelle qui ne peut avoir aucune influence sur la vie sociale ? Vous avez parlé des conséquences de la colonisation et de l'immigration, des conditions dans lesquelles vivent les minorités ethniques, des problèmes de la foi des jeunes. Les défis de la modernité et de la sécularisation ont également été mis en lumière; ils demandent sollicitude et charité pastorale en différents domaines : vocations, justice et paix, famille, communion ecclésiale, éducation catholique, vie sacramentelle, oecuménisme et dialogue interreligieux.

HOMÉLIE

DU SAINT-PÈRE

à la MESSE DE MINUIT


(Noël, 25 décembre 1998)


613 1. «Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie : aujourd'hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur» (Lc 2,10-11).

En cette Nuit sainte, la liturgie nous invite à célébrer dans la joie le grand événement de la naissance de Jésus à Bethléem. Comme nous l'avons entendu dans l'Évangile de Luc, il vient au jour dans une famille pauvre en moyens matériels, mais riche en joie. Il naît dans une étable, car il n'y a pas de place pour lui à l'auberge (cf. Lc 2,7). Il est déposé dans la mangeoire, car il n'y a pas de berceau pour lui. Il vient au monde dans l'abandon total, à l'insu de tous, et en même temps il est accueilli et reconnu d'abord par les bergers, qui reçoivent de l'ange l'annonce de sa naissance.

L'événement cache un mystère. C'est ce que révèlent les choeurs des messagers célestes, qui chantent la naissance de Jésus et proclament «gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur terre aux hommes, qu'il aime» (Lc 2,14). Au cours des siècles, la louange se fait prière, montant du coeur des multitudes qui, dans la Nuit sainte, continuent à accueillir le Fils de Dieu.

2. Mysterium: événement et mystère. Un homme est né; il est le Fils éternel du Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre. Le mystère de Dieu se révèle dans cet événement extraordinaire. Dans le Verbe qui se fait homme se manifeste la merveille du Dieu incarné. Le mystère éclaire l'événement de la naissance : un enfant est adoré par les bergers dans la grotte, à Bethléem. C'est «le Sauveur du monde», c'est «le Christ Seigneur» (cf. Lc 2,11). Leurs yeux voient un nouveau-né enveloppé dans des langes et déposé dans une mangeoire et, dans ce "signe", grâce à la lumière intérieure de la foi, ils reconnaissent le Messie qu'avaient annoncé les prophètes.

3. Voici l'Emmanuel, le Dieu-avec-nous, qui vient remplir de grâce la terre. Il vient au monde pour transformer la création. Il se fait homme parmi les hommes, afin que, en lui et par lui, tout être humain puisse se rénover profondément. Par sa naissance, il nous introduit tous dans la sphère de la divinité, offrant à quiconque s'ouvre dans la foi à l'accueil du don de sa personne la possibilité de participer à sa vie divine elle-même.

Voilà le sens du salut dont les bergers entendent parler la nuit de Bethléem: "Il vous est né un Sauveur" (Lc 2,11). La venue du Christ parmi nous est le centre de l'histoire, qui prend dès lors une nouvelle dimension. En un certain sens, c'est Dieu lui-même qui écrit l'histoire en s'insérant en son milieu. L'événement de l'Incarnation se déploie au point d'embrasser toute l'étendue de l'histoire humaine, de la création à la parousie. Voilà pourquoi, dans la liturgie, toute la création chante en exprimant sa joie: les fleuves applaudissent, les arbres de la forêt exultent, toutes les îles se réjouissent (cf. Ps Ps 98,8 Ps 96,12 Ps 97,1).

Tout être créé sur la face de la terre accueille cette annonce. Dans le silence et la stupeur du monde entier retentit l'écho universel de ce que la liturgie met sur les lèvres de l'Église: Christus natus est nobis. Venite, adoremus !

4. Le Christ est né pour nous, venez l'adorer ! Je pense déjà au Noël de l'an prochain, où, s'il plaît à Dieu, j'inaugurerai le grand Jubilé par l'ouverture de la Porte sainte. Ce sera une grande Année sainte, en vérité, car elle célébrera d'une manière tout à fait particulière le bimillénaire de l'événement-mystère de l'Incarnation, grâce auquel l'humanité a atteint le sommet de sa vocation. Dieu s'est fait Homme pour rendre l'homme participant de sa divinité.

Voilà l'annonce du salut; voilà le message du saint Noël ! L'Église le proclame aussi par ma bouche, en cette nuit, afin que les peuples et les nations de toute la terre l'entendent : Christus natus est nobis - Le Christ est né pour nous. Venite, adoremus ! Venez, adorons-le !



JEAN-PAUL II


TE DEUM


31 Décembre 1998
1. L'Eglise, à Rome et dans chaque partie du monde, se réunit ce soir pour chanter le Te Deum, alors que se termine l'année 1998.

614 Te Deum laudamus: te Dominum confitemur.
Te aeternum Patrem omnis terra veneratur.

Nous nous trouvons désormais au seuil de 1999, l'année qui nous introduira dans le grand Jubilé: elle est consacrée au Père céleste, selon l'ordre trinitaire, qui caractérise ce triennat avec lequel se termine le vingtième siècle et le second millénaire. L'ordre trinitaire, inscrit dans la vie quotidienne du chrétien, retentit dans la formule de conclusion de chaque prière liturgique: "Pour notre Seigneur Jésus-Christ, ton Fils, qui est Dieu et qui vit et règne avec Toi, dans l'unité du Saint Esprit, pour les siècles des siècles".

Dieu le Père, mystère ineffable, s'est révélé à nous à travers son Fils, Jésus-Christ, né, mort et ressuscité pour nous, et il nous sanctifie dans la puissance de l'Esprit Saint. Nous acclamons solennellement la Très Sainte Trinité dans le Te Deum, avec les vénérables paroles d'une longue tradition:

Patrem immensae maiestatis;
venerandum tuum verum et unicum Filium;
Sanctum quoque Paraclitum Spiritum.

Père de la vie et de la sainteté, notre Père, qui es aux cieux! Père que "nul ne connaît ... si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler" (
Mt 11,27).

Père de Jésus-Christ et notre Père.

2. Le texte biblique, que nous venons d'écouter, nous rappelle que Dieu, outre à nous envoyer "dans la plénitude du temps" son Fils unique, a également "envoyé dans nos coeurs l'Esprit de son Fils qui crie: Abba, Père!" (Ga 4,4-7).

Abbà Père! Dans ces paroles, que l'Esprit suscite dans le coeur des croyants, retentit l'écho de l'invocation de Jésus, telle que les disciples l'avaient recueilli de ses lèvres mêmes. En la faisant nôtre, nous prenons une vive conscience de la réalité de notre adoption de fils dans le Christ, Fils éternel et unique du Père, qui s'est fait homme dans le sein de Marie.

615 Ce soir, alors que nous saluons la fin de l'année 1998, nous nous présentons au Père pour Lui rendre grâce de tout le bien qu'il nous a dispensé au cours des douze mois écoulés. Nous venons à Lui pour demander pardon de nos péchés et de ceux des autres, et pour proclamer avec un abandon confiant: Dieu saint, Saint fort, Saint immortel, aie pitié de nous!". Et nous lui disons:

"Béni sois-tu, Seigneur,
Père qui es aux cieux,
car dans Ta miséricorde infinie
Tu t'es penché sur la misère de l'homme
et tu nous a donné Jésus, Ton fils, né d'une femme,
notre sauveur et ami, frère et rédempteur" (Prière pour la troisième année de préparation au grand jubilé).

3. En cette heure de prière, ma pensée se tourne avec une affection particulière vers les habitants de notre ville. Je les confie au Seigneur avec leurs familles, les paroisses, les institutions publiques. Je prie en particulier pour ceux qui, opprimés par des difficultés et des souffrances, ont du mal à considérer l'année nouvelle avec espérance. J'adresse à tous mon souhait cordial de paix et de bien pour l'année 1999, désormais à notre porte.

En outre, je désire saluer avec affection ceux qui sont présents à ce rendez-vous spirituel traditionnel de fin d'année, en commençant par le Cardinal-Vicaire, les évêques auxiliaires de Rome et les autres prélats qui ont voulu s'unir à nous pour cette célébration. J'adresse une pensée particulière au Père Kolvenbach, Préposé général de la Compagnie de Jésus, et aux Pères jésuites, a qui est confié le soin de ce temple, riche de souvenirs de sainteté.

J'exprime ma vive reconnaissance au Maire de Rome et aux membres de l'administration capitoline pour la participation et pour le nouvel hommage d'un calice votif, rappelant avec une joie intense la visite que le Seigneur m'a donné d'accomplir au Capitole au début de l'année 1998. J'étends ma pensée au Préfet de Rome, qui depuis quelques jours assume cette importante responsabilité, au Président du Conseil régional du Latium et à toutes les autorités civiles, militaires et religieuses ici présentes.

4. Comment rendre grâce à Dieu pour les dons abondants qu'il nous a dispensés au cours de l'année qui arrive à son terme? Ce soir je voudrais lui rendre grâce, avec vous, en particulier pour ce qu'il a accompli dans notre communauté diocésaine. Ma pensée se tourne vers les visites effectuées dans les paroisses, occasions précieuses et enrichissantes de rencontres pastorales fructueuses. Au cours de ces vingt années, j'en ai visité deux cent soixante dix-huit, trouvant en chacune d'elles la ferveur de la foi et des oeuvres, grâce à l'action de prêtres, de religieux, de religieuses et de laïcs, romains ou originaires d'autres lieux d'Italie et du monde.

616 Je rends également grâce au Seigneur pour la Mission dans la ville, qui cette année a été en particulier caractérisée par les visites aux familles. En entrant dans les maisons, les missionnaires ont reçu un accueil dans l'ensemble positif, et ils ont également trouvé chez ceux qui ne fréquentent pas régulièrement l'Eglise des témoignages de foi significatifs. Je souhaite que ces contacts pastoraux avec chaque cellule familiale se poursuivent, tant à travers la bénédiction des maisons que grâce à d'autres initiatives opportunes, déjà expérimentées avec succès dans de nombreuses paroisses romaines.

Ce soir, je désire rendre grâce au Seigneur en particulier pour les milliers de missionnaires qui, désormais à l'oeuvre depuis deux ans, constituent une ressource providentielle pour donner à la pastorale diocésaine un développement apostolique croissant, également en vue du grand Jubilé de l'An 2000.

Dans un an, nous serons déjà entrés dans l'Année Sainte et de nombreux pèlerins commenceront à arriver de tous les lieux de la terre. Je souhaite de tout coeur qu'une Eglise vivante et riche de ferveur religieuse sera là pour les accueillir; une Eglise généreuse et sensible aux exigences de ses frères, en particulier des plus pauvres et des indigents.

5. En regardant l'année écoulée, je ne peux que rappeler les difficultés et les problèmes qui, également à Rome, ont marqué l'existence de beaucoup de nos frères et soeurs. Je pense aux familles qui ont du mal à équilibrer leur budget quotidien; aux mineurs en difficulté et aux jeunes sans perspective d'avenir; aux malades, aux personnes âgées et à ceux qui vivent dans la solitude; aux marginaux, aux sans-abri et à ceux qui se sentent exclus de la société. Puisse la nouvelle année leur apporter la sérénité et l'espérance. Grâce à une vaste collaboration et à des programmes sociaux, économiques et politiques plus ouverts à l'initiative et au changement, des attitudes toujours plus confiantes et créatives seront encouragées dans la ville.

Je voudrais en particulier inviter les croyants à poursuivre leur effort de réflexion et leurs projets, afin que Rome, "en s'appuyant sur la mission spirituelle et civile et en valorisant son patrimoine d'humanité, de culture et de foi, puisse promouvoir son développement civil et économique, également en vue du bien de toute la nation italienne" (Lettre du 8 décembre 1998, n. 8). Je forme des voeux afin que notre Métropole se présente au rendez-vous du grand Jubilé profondément renouvelée dans toutes les dimensions de sa vie sociale et spirituelle.

6. Ce voeu devient prière, afin que le Seigneur rende fructueux l'effort de tous. Nous Lui confions chacun de nos désirs et de nos projets. C'est à Lui que s'adresse notre louange et notre prière filiale et confiante:

"A Toi, Père de la vie,
principe sans principe,
bonté suprême et lumière éternelle,
avec le Fils et avec l'Esprit,
honneur et gloire, louange et reconnaissance,
617 dans les siècles sans fin. Amen" (Prière pour la troisième année de préparation au grand Jubilé).





1999


Homélies St Jean-Paul II 607