Homélies St Jean-Paul II 16103

16 octobre 2003, 25ème Anniversaire du Pontificat

16103
Jeudi 16 octobre 2003



Salut introductif du Cardinal Joseph Ratzinger

1. "Misericordias Domini in aeternum cantabo - L'amour de Yahvé à jamais je le chante..." (cf.
Ps 88,2). Il y a vingt-cinq ans, j'ai ressenti de façon particulière la miséricorde divine. Au cours du Conclave, à travers le Collège cardinalice, le Christ m'a dit, à moi aussi, comme un jour à Pierre sur le Lac de Génésareth: "Pais mes agneaux" (Jn 21,16).

Je sentais dans mon âme l'écho de la question adressée alors à Pierre: "M'aimes-tu plus que ceux-ci? [...] M'aimes-tu?" (cf. Jn 21,15-16). Comment pouvais-je, humainement, ne pas trembler? Comment une responsabilité aussi grande pouvait-elle ne pas me sembler une lourde charge? Il a été nécessaire d'avoir recours à la miséricorde divine afin qu'à la question: "Acceptes-tu?", je puisse répondre avec confiance: "Dans l'obéissance de la foi, devant le Christ, mon Seigneur, en me confiant à la Mère du Christ et de l'Église, conscient des grandes difficultés, j'accepte".

Aujourd'hui, chers frères et soeurs, je suis heureux de partager avec vous une expérience qui dure depuis désormais un quart de siècle. Chaque jour a lieu dans mon coeur le même dialogue entre Jésus et Pierre. Dans l'esprit, je fixe le regard bienveillant du Christ ressuscité. Bien que conscient de ma fragilité humaine, il m'encourage à répondre avec confiance comme Pierre: "Seigneur, tu sais que je t'aime" (Jn 21,17). Puis il m'invite à assumer les responsabilités que Lui-même m'a confiées.

2. "Le bon Pasteur offre sa vie pour ses brebis" (Jn 10,11). Tandis que Jésus prononçait ces paroles, les Apôtres ne savaient pas qu'il parlait de lui-même. Même Jean, l'Apôtre préféré, ne le savait pas. Il le comprit sur le Calvaire, au pied de la Croix, en le voyant offrir silencieusement sa vie pour "ses brebis".

Lorsque vint pour lui et pour les autres Apôtres le temps d'assumer cette même mission, ils se rappelèrent alors de ses paroles. Ils se rendirent compte que ce n'était que parce qu'il avait assuré que ce serait Lui-même qui oeuvrerait à travers eux qu'ils seraient capables d'accomplir la mission.

Pierre, en particulier, "témoin des souffrances du Christ" (1P 5,1), en fut bien conscient, lui qui avertissait les anciens de l'Église: "Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié" (1P 5,2).

Au cours des siècles, les successeurs des Apôtres, guidés par l'Esprit Saint, ont continué à rassembler le troupeau du Christ, et à le guider vers le Royaume des Cieux, conscients de ne pouvoir assumer une si grande responsabilité que "par le Christ, dans le Christ et pour le Christ".

J'ai eu cette même conscience lorsque le Seigneur m'a appelé à accomplir la mission de Pierre dans cette ville bien-aimée de Rome et au service du monde entier. Depuis le début de mon Pontificat, mes pensées, mes prières et mes actions ont été animées par un unique désir: témoigner que le Christ, le Bon Pasteur, est présent et oeuvre dans son Église. Il est à la recherche permanente de chaque brebis égarée, il la reconduit à la bergerie, il guérit ses blessures; il soigne la brebis faible et malade et protège celle qui est forte. Voilà pourquoi dès le premier jour, je n'ai pas cessé d'exhorter: "N'ayez pas peur d'accueillir le Christ et d'accepter sa puissance!". Je répète aujourd'hui avec force: "Ouvrez, ouvrez grandes les portes au Christ!" Laissez-vous guider par Lui! Ayez confiance en son amour!

3. En inaugurant mon Pontificat, j'ai demandé: "Aidez le Pape et ceux qui veulent servir le Christ et, avec la puissance du Christ, servir l'homme et l'humanité tout entière!" Tandis que je rends grâce avec vous à Dieu pour ces vingt-cinq années, marquées entièrement par sa miséricorde, je ressens un besoin particulier d'exprimer ma gratitude également à vous, frères et soeurs de Rome et du monde entier, qui avez répondu et continuez de répondre de diverses façons à ma demande d'aide. Dieu seul sait combien de sacrifices, de prières et de souffrances ont été offerts pour me soutenir dans mon service à l'Église. Combien de bienveillance et de sollicitude, combien de signes de communion m'ont entouré chaque jour. Que le Bon Dieu vous récompense tous avec générosité! Je vous en prie, très chers frères et soeurs, n'interrompez pas cette grande oeuvre d'amour pour le Successeur de Pierre. Je vous le demande une fois de plus: aidez le Pape et tous ceux qui veulent servir l'homme et l'humanité tout entière!

4. A Toi, Seigneur Jésus Christ,
unique Pasteur de l'Eglise,
j'offre les fruits
de ces vingt-cinq ans de ministère
au service du peuple
que tu m'as confié.
Pardonne le mal accompli
et multiplie le bien:
tout est fruit de ton oeuvre
et à Toi seul revient la gloire.
Avec une pleine confiance
dans ta miséricorde,
je te présente à nouveau,
aujourd'hui encore,
ceux qu'il y a des années,
tu as confiés à mon soin pastoral.
Garde-les dans l'amour,
rassemble-les dans ta bergerie,
porte les faibles sur tes épaules,
panse les blessés,
prends soin des forts.
Sois leur Pasteur,
afin qu'ils ne se perdent pas.
Protège l'Eglise bien-aimée
qui est à Rome
et les Eglises du monde entier.
Diffuse la lumière
et la puissance de ton Esprit
sur ceux que tu as placés
à la tête de ton troupeau:
qu'ils accomplissent avec élan
leur mission
de guides, de maîtres
et de sanctificateurs,
dans l'attente de ton retour glorieux.
Je te renouvelle,
à travers les mains de Marie,
Mère bien-aimée,
le don de ma personne,
pour le présent et l'avenir:
que tout s'accomplisse
selon ta volonté.
Pasteur Suprême, reste parmi nous,
afin que nous puissions avec Toi
marcher en sécurité,
vers la maison du Père. Amen!

Salutations au terme de la célébration eucharistique

Avant de conclure la célébration, je désire adresser à toutes les personnes présentes mon salut cordial, en remerciant en particulier les nombreux pèlerinages provenant d'Italie, de Pologne, et d'autres pays.

Je salue les Cardinaux, avec une pensée spéciale pour le Cardinal Joseph Ratzinger, Doyen du Sacré Collège, que je remercie des paroles affectueuses qu'il m'a adressées. J'étends également mon salut fraternel aux nombreux Evêques ici présents.

Je salue également la Communauté diocèsaine de Rome, réunie ici autour de son Cardinal-Vicaire, les Evêques auxiliaires et les curés.

Je salue en outre avec respect les chefs d'Etat, en particulier le Président de l'Italie, M. Carlo Azeglio Ciampi, que je remercie des paroles courtoises de voeux qu'il m'a adressées hier soir au cours d'un message télévisé particulier. Je salue avec lui le Président de la Pologne et toutes les Autorités présentes, ainsi que les Représentants des diverses Institutions italiennes et internationales.
Je remercie tous ceux qui, de tant de parties de la terre, soutiennent mon ministère apostolique quotidien à travers la prière et l'offrande de leur souffrance.

Le Saint-Père a ensuite salué les divers groupes de pèlerins dans leurs langues respectives. Aux pèlerins de langue française, il a dit:
Je vous remercie pour votre présence chaleureuse et priante.

Le Saint-Père concluait en italien:

Merci à tous. Que le Seigneur vous bénisse!



19 octobre 2003, Béatification de Mère Teresa de Calcutta

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Journée Mondiale des Missions
Dimanche 19 octobre 2003



1. "Celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l'esclave de tous" (
Mc 10,44). Ces paroles de Jésus aux disciples, qui ont retenti il y a peu sur cette place, indiquent quel est le chemin qui conduit à la "grandeur" évangélique. C'est la route que le Christ lui-même a parcourue jusqu'à la Croix; un itinéraire d'amour et de service, qui renverse toute logique humaine. Être le serviteur de tous!

C'est par cette logique que s'est laissée guider Mère Teresa de Calcutta, Fondatrice des Missionnaires de la Charité, hommes et femmes, que j'ai la joie d'inscrire aujourd'hui dans l'Album des Bienheureux. Je suis personnellement reconnaissant à cette femme courageuse, dont j'ai toujours ressenti la présence à mes côtés. Icône du Bon Samaritain, elle se rendait partout pour servir le Christ chez les plus pauvres parmi les pauvres. Même les conflits et les guerres ne réussissaient pas à l'arrêter.

De temps en temps, elle venait me parler de ses expériences au service des valeurs évangéliques. Je me rappelle, par exemple, de ses interventions en faveur de la vie et contre l'avortement, notamment lorsqu'elle reçut le prix Nobel pour la Paix (Oslo, 10 décembre 1979). Elle avait l'habitude de dire: "Si vous entendez dire qu'une femme ne veut pas garder son enfant et désire avorter, essayez de la convaincre de m'apporter cet enfant. Moi, je l'aimerai, voyant en lui le signe de l'amour de Dieu".

2. N'est-il pas significatif que sa béatification ait lieu précisément le jour où l'Église célèbre la Journée mondiale des Missions? A travers le témoignage de sa vie, Mère Teresa rappelle à tous que la mission évangélisatrice de l'Église passe à travers la charité, alimentée par la prière et par l'écoute de la Parole de Dieu. L'image qui représente la nouvelle bienheureuse alors que, d'une main, elle tient la main d'un enfant et que, de l'autre, elle égrène le Chapelet, est représentative de ce style missionnaire.

Contemplation et action, évangélisation et promotion humaine: Mère Teresa proclame l'Évangile à travers sa vie entièrement offerte aux pauvres, mais, dans le même temps, enveloppée par la prière.

3. "Celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur" (Mc 10,43). C'est avec une émotion particulière que nous évoquons aujourd'hui le souvenir de Mère Teresa, une grande servante des pauvres, de l'Église et du monde entier. Sa vie est un témoignage de la dignité et du privilège du service humble. Elle avait choisi d'être non seulement la dernière, mais la servante des derniers. Véritable mère pour les pauvres, elle s'est agenouillée auprès de ceux qui souffraient de diverses formes de pauvreté. Sa grandeur consiste dans sa capacité à donner sans compter, à donner "jusqu'à souffrir". Sa vie était une façon radicale de vivre l'Évangile et de le proclamer avec courage.

1136 Le cri de Jésus sur la croix, "J'ai soif" (Jn 19,28), qui exprimait la profondeur de la soif de Dieu pour l'homme, a pénétré l'âme de Mère Teresa et a trouvé un terrain fertile dans son coeur. Étancher la soif d'amour et d'âmes de Jésus, en union avec Marie, la mère de Jésus, était devenu l'unique objectif de l'existence de Mère Teresa et la force intérieure qui la faisait se dépasser elle-même et "aller en toute hâte" à travers le monde pour oeuvrer en vue du salut et de la sanctification des plus pauvres d'entre les pauvres.

4. "Dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait" (Mt 25,40). Ce passage de l'Évangile, si crucial pour comprendre le service de Mère Teresa aux pauvres, était à la base de sa conviction emplie de foi selon laquelle en touchant les corps brisés des pauvres, c'était le corps du Christ qu'elle touchait. C'est à Jésus lui-même, caché dans les souffrances des plus pauvres d'entre les pauvres, que son service était adressé. Mère Teresa souligne la signification la plus profonde du service: un acte d'amour fait à ceux qui ont faim, soif, qui sont étrangers, nus, malades et prisonniers (cf. Mt Mt 25,35-36) est fait à Jésus lui-même.

En le reconnaissant, elle lui prodiguait ses soins avec une sincère dévotion, exprimant la délicatesse de l'amour sponsal. Ainsi, dans un don total d'elle-même à Dieu et à son prochain, Mère Teresa a trouvé le plus grand accomplissement de la vie et a vécu les plus nobles qualités de sa féminité. Elle voulait être un signe de "l'amour de Dieu, la présence de Dieu, la compassion de Dieu" et rappeler ainsi à tous la valeur et la dignité de chaque enfant de Dieu, "créé pour aimer et être aimé". Ainsi, Mère Teresa "conduisait les âmes à Dieu et Dieu aux âmes" et étanchait la soif du Christ, en particulier chez les plus indigents, ceux dont la vision de Dieu avait été voilée par la souffrance et la douleur.

5. "Le Fils de l'homme est venu pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude" (cf. Mc Mc 10,45). Mère Teresa a partagé la passion du Crucifié, de manière particulière au cours de longues années d'"obscurité intérieure". Ce fut une épreuve parfois lancinante, accueillie comme un "don et un privilège" singuliers.

Lors des heures les plus sombres, elle s'accrochait avec plus de ténacité à la prière devant le Saint-Sacrement. Ce dur travail spirituel l'a conduite à s'identifier toujours plus avec ceux qu'elle servait chaque jour, faisant l'expérience de leur peine et parfois même du rejet. Elle aimait répéter que la plus grande pauvreté est celle d'être indésirables, de n'avoir personne qui prenne soin de soi.

6. "Seigneur, donne-nous ta grâce, en Toi nous espérons!". Combien de fois, comme le Psalmiste, Mère Teresa a elle aussi répété à son Seigneur, dans les moments de désespoir intérieur: "En Toi, en Toi j'espère, mon Dieu!".

Rendons louange à cette petite femme qui aimait Dieu, humble messagère de l'Évangile et inlassable bienfaitrice de l'humanité. Nous honorons en elle l'une des personnalités les plus importantes de notre époque. Accueillons-en le message et suivons-en l'exemple.

Vierge Marie, Reine de tous les saints, aide-nous à être doux et humbles de coeur comme cette courageuse messagère de l'Amour. Aide-nous à servir avec la joie et le sourire chaque personne que nous rencontrons. Aide-nous à être des missionnaires du Christ, notre paix et notre espérance. Amen!





21 octobre 2003, Consistoire Ordinaire Public pour la création de 30 nouveaux Cardinaux

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Mardi 21 octobre 2003
Vénérés et chers frères!


1. La rencontre d'aujourd'hui constitue un autre moment de grâce en ces jours particulièrement riches en événements ecclésiaux. Au cours du présent Consistoire, j'ai la joie d'imposer la Barette cardinalice à 30 ecclésiastiques dignes d'éloges, réservant "in pectore" le nom d'un autre. Certains d'entre eux sont mes proches collaborateurs à la Curie romaine; d'autres exercent leur ministère dans de vénérables Églises d'antique tradition ou de fondation récente; d'autres encore se sont distingués dans l'étude ou dans la défense de la doctrine catholique et dans le dialogue oecuménique.

J'adresse à tous et à chacun mon salut cordial. Je salue de manière particulière Mgr Jean-Louis Tauran et je le remercie des paroles réfléchies qu'il m'a adressées au nom de ceux qui sont aujourd'hui incorporés au Collège cardinalice. Je salue également avec affection Messieurs les Cardinaux, les vénérés Patriarches, les Évêques, les prêtres, les religieux, les religieuses et les fidèles de toutes les parties du monde, venus pour entourer ceux qui sont aujourd'hui élevés à la dignité cardinalice.

Sur cette Place, comme cela a été souligné de façon opportune, resplendit aujourd'hui l'Église du Christ, antique et toujours nouvelle, regroupée autour du Successeur de Pierre.

2. Enrichi de nouveaux membres, le Collège cardinalice, alors qu'il reflète encore davantage la multiplicité des races et des cultures qui caractérise le peuple chrétien, souligne avec une nouvelle évidence l'unité de chaque partie du troupeau du Christ avec la Chaire de l'Évêque de Rome.

Vénérés frères Cardinaux, en raison du "titre" qui vous est attribué, vous appartenez au Clergé de cette ville, dont le Successeur de Pierre est l'Évêque. De cette façon, vous élargissez dans un certain sens, d'une part, la Communauté ecclésiale qui est à Rome jusqu'aux limites les plus extrêmes de la terre, et, de l'autre, vous rendez présente en elle l'Église universelle. C'est ainsi qu'est exprimée, la nature même du Corps mystique du Christ, Famille de Dieu qui embrasse les peuples et les nations de tous les lieux, en les unissant par le lien de l'unique foi et charité. Et c'est Pierre le fondement visible de cette communion. Dans l'accomplissement de son ministère, le Successeur du Pêcheur de Galilée compte sur votre fidèle collaboration; il vous demande de l'accompagner par la prière, alors qu'il invoque l'Esprit Saint pour que ne faiblisse jamais la communion entre tous ceux que le Seigneur "a élus vicaires de son Fils et a constitués pasteurs" (Missel romain, Préface des Apôtres I).

3. Le rouge pourpre de l'habit cardinalice évoque la couleur du sang et rappelle l'héroïsme des martyrs. C'est le symbole d'un amour pour Jésus et pour son Église qui ne connaît pas de limites: un amour jusqu'au sacrifice de la vie, "usque ad sanguinis effusionem".

Le don qui vous est fait est donc grand, et tout aussi grande la responsabilité qui l'accompagne. L'Apôtre Pierre, dans sa première Lettre, rappelle quels sont les devoirs fondamentaux de tout Pasteur: "Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié - dit-il - ...en devenant les modèles du troupeau" (
1P 5,1-2). Il faut prêcher par la parole et par l'exemple, comme le met également bien en lumière l'Exhortation apostolique post-synodale Pastores gregis, que j'ai signée jeudi dernier en présence d'un grand nombre d'entre vous. Si cela est valable pour chaque pasteur, cela vaut encore davantage pour vous, chers et vénérés membres du Collège cardinalice.

4. Dans la page évangélique proclamée il y a peu, Jésus indique, à travers son exemple, comment mener cette mission à bien. "Celui qui voudra devenir grand parmi vous, - confie-t-il à ses disciples - sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l'esclave de tous" (Mc 10,44). Ce n'est qu'après sa mort, cependant, que les Apôtres comprirent la pleine signification de ces paroles et, avec l'aide de l'Esprit, ils surent en accepter jusqu'au bout la "logique" exigeante.

C'est ce même programme que le Rédempteur continue à proposer à ceux qu'il associe, à travers le sacrement de l'Ordre, de manière plus étroite à sa mission même. Il leur demande de se convertir à sa "logique", qui est en net contraste avec celle du monde: mourir à soi-même pour devenir des serviteurs humbles et désintéressés de ses frères, en fuyant toute tentation de carrière et de bénéfice personnel.

5. Chers et vénérés frères, ce n'est que si vous vous faites les serviteurs de chacun que vous mènerez à bien votre mission et que vous aiderez le Successeur de Pierre à être, à son tour, le "serviteur des serviteurs de Dieu", comme aimait à se qualifier mon saint prédécesseur Grégoire le Grand.

Il s'agit certes d'un idéal difficile à réaliser, mais le Bon Pasteur nous assure de son soutien. Nous pouvons en outre compter sur la protection de Marie, Mère de l'Église, et des saints Apôtres Pierre et Paul, piliers et fondements du peuple chrétien.

1138 Quant à moi, je vous renouvelle l'expression de mon estime et je vous accompagne de mon souvenir constant dans la prière. Que Dieu vous accorde de donner entièrement votre vie pour les âmes, dans les diverses tâches qu'Il vous confie.

Je donne à tous avec affection ma Bénédiction.



22 octobre 2003, Concélébration eucharistique avec les nouveaux Cardinaux et remise de l'anneau

Mercredi 22 octobre 2003
1. "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant" (
Mt 16,16).

En ces vingt-cinq ans de Pontificat, combien de fois ai-je répété ces paroles! Je les ai prononcées dans les principales langues du monde et dans tant de lieux sur la terre. En effet, le Successeur de Pierre ne peut jamais oublier le dialogue qui s'est déroulé entre le Maître et l'Apôtre: "Tu es le Christ...", "Tu es Pierre...".

Mais ce "tu" est précédé par un "vous": "Mais pour vous, leur dit-il, qui suis-je?" (Mt 16,15). Cette question de Jésus est adressée à un groupe de disciples, et Simon répond au nom de tous. Le premier service que Pierre et ses Successeurs rendent à la communauté des croyants est précisément celui-ci: professer la foi en "Christ, Fils du Dieu vivant".

2. "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant!". Aujourd'hui, nous renouvelons la profession de foi de l'Apôtre Pierre dans cette basilique, qui porte son nom. Dans cette basilique, les Évêques de Rome, qui se succèdent à travers les siècles convoquent les croyants de l'Urbe et de l'Orbe et les confirment dans la vérité et dans l'unité de la foi. Mais dans le même temps, comme l'exprime bien la colonnade du Bernin qui la jouxte, cette basilique ouvre grand ses bras à l'humanité tout entière, comme pour indiquer que l'Église est envoyée pour annoncer la Bonne Nouvelle à tous les hommes, sans exception.

Unité et ouverture, communion et mission: tel est le souffle de l'Église. Telle est, en particulier, la double dimension du ministère pétrinien: service d'unité et de mission. L'Évêque de Rome a la joie de partager ce service avec les autres successeurs des apôtres, rassemblés autour de lui dans l'unique Collège épiscopal.

3. En vertu d'une antique tradition, dans ce service, le Successeur de Pierre s'appuie de manière particulière sur la collaboration des Cardinaux. Dans leur Collège se reflète l'universalité de l'Eglise, unique Peuple de Dieu enraciné dans la multiplicité des nations (cf. Lumen gentium LG 13).

Très chers et vénérés frères Cardinaux, je suis heureux de vous exprimer en cette circonstance ma reconnaissance pour l'aide précieuse que vous m'apportez. Je voudrais ensuite saluer de manière particulière les nouveaux membres du Collège cardinalice. L'anneau que je vous remettrai d'ici peu, vénérés frères, est le symbole du lien renouvelé qui vous unit étroitement à l'Église et au Pape, son Chef visible.

1139 4. Écoutons à nouveau ensemble les paroles du Psaume qui viennent de retentir: "Magnifiez avec moi Yahvé, / exaltons ensemble son nom" (Ps 33,4).

Il s'agit d'une invitation à la joie et à la louange qui, par cercles concentriques, s'élargit jusqu'à vous, chers Cardinaux, Patriarches, Évêques, prêtres, religieux, religieuses et fidèles laïcs. Celle-ci interpelle également vous tous, hommes et femmes de bonne volonté, qui portez un regard de sympathie sur l'Église du Christ. A tous et à chacun, je répète: célébrez avec moi le nom du Seigneur, parce qu'il est Père, amour et miséricorde. En ce Nom, vénérés frères Cardinaux, nous sommes quant à nous appelés à rendre témoignage "usque ad sanguinis effusionem".

Si parfois devaient l'emporter la crainte et le découragement, que la consolante promesse du divin Maître soit pour nous un réconfort: "Dans le monde, vous aurez à souffrir. Mais gardez courage! J'ai vaincu le monde" (Jn 16,33).

Jésus a annoncé clairement que la persécution des Apôtres et de leurs successeurs ne serait pas un fait extraordinaire (cf. Mt Mt 10,16-18). La première Lecture également nous l'a rappelé, en présentant l'arrestation et la prodigieuse libération de Pierre.

5. Le Livre des Actes des Apôtres souligne que, alors que Pierre était en prison, "la prière de l'Eglise s'élevait pour lui vers Dieu sans relâche" (Ac 12,5). Combien est grand le courage que suscite le soutien de la prière unanime du peuple chrétien! J'ai pu moi-même en ressentir le réconfort.

Très chers frères, telle est notre force. Et c'est également l'une des raisons pour lesquelles j'ai voulu que le vingt-cinquième anniversaire de mon Pontificat soit consacré au saint Rosaire: pour souligner le primat de la prière, en particulier de la prière contemplative, faite en union spirituelle avec Marie, Mère de l'Église.

La présence de Marie - désirée, invoquée, écoutée - nous aide également à vivre cette célébration comme un moment dans lequel l'Église se renouvelle dans la rencontre avec le Christ et dans la force de l'Esprit Saint.

"Serrons-nous autour du Christ, la pierre vivante!", nous a dit Pierre dans la deuxième Lecture (cf. 1P 2,4-9). Repartons de Lui, du Christ, pour annoncer à tous les prodiges de son amour. Sans crainte et sans hésitation, parce que Lui-même nous rassure: "Ayez confiance, j'ai vaincu le monde!".

Oui, Seigneur, nous avons confiance en Toi et avec Toi nous progressons sur notre chemin au service de l'Église et de l'humanité!



24 octobre 2003, Messe à l'occasion du début de l'Année académique des Universités ecclésiastiques romaines

Vendredi 24 octobre 2003
1140
Au nom du Saint-Père, le Cardinal Zenon Grocholewski, Préfet de la Congrégation pour l'Education catholique, a présidé une Concélébration eucharistique à l'Autel de la Chaire de la Basilique vaticane, à l'occasion du début de l'Année académique des Universités ecclésiastiques romaines:


1. "Puisse le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ illuminer les yeux de notre coeur pour nous faire comprendre les signes des temps nouveaux" (Chant à l'Evangile; cf.
Ep 1,17 Lc 21,29-31). La liturgie d'aujourd'hui nous invite à demander à Dieu d'illuminer nos coeurs par la lumière de sa grâce. La lumière et la sagesse du coeur! Telle est la voie maîtresse qui nous permettra de parvenir à la vérité. Voilà un bien précieux à invoquer pour tous les fils de l'Eglise, afin qu'ils sachent affronter avec courage les défis de notre époque.

L'invocation de la lumière pour notre coeur acquiert une signification tout à fait particulière dans notre assemblée liturgique. En effet, ce soir, la Communauté des Universités ecclésiastiques romaines est rassemblée autour de l'autel au début de l'Année académique. Très chers frères et soeurs, une nouvelle année d'études et de recherches s'ouvre à vous, que vous consacrerez avec soin à l'approfondissement de la théologie et des autres disciplines, pour vous préparer à assumer demain des devoirs et des responsabilités pastorales au service du peuple chrétien. Accompagnez l'effort de l'étude par la prière, la méditation et la recherche constante de la volonté du Seigneur. Il vous sera ainsi possible de mieux comprendre les "signes des temps nouveaux". Le grand Docteur saint Augustin exprimait cette même exigence par une formule d'une rare efficacité: "Orent ut intelligant - Qu'ils prient pour pouvoir comprendre" (De doctrina christiana, III, 56: PL 34, 89).

2. Avec ces sentiments, je suis heureux de vous adresser une cordiale bienvenue à tous, très chers frères et soeurs, qui prenez part à cette célébration solennelle. Je salue avant tout le Cardinal Zenon Grocholewski, Préfet de la Congrégation pour l'Education catholique. Je salue avec lui les grands Chanceliers, les Recteurs des Universités, les membres du Corps académique et les Recteurs des Séminaires et des Collèges.

J'adresse une pensée affectueuse à chacun de vous, très chers jeunes, qui accomplissez vos études dans l'Urbs, ainsi qu'une parole d'encouragement particulier pour tous ceux qui commencent cette année leur parcours universitaire. Soyez conscients de la grandeur du don que vous avez reçu, c'est-à-dire de pouvoir accomplir votre formation culturelle, humaine et spirituelle dans la Ville et le diocèse de Rome, qui a le privilège de conserver les tombeaux des apôtres Pierre et Paul, "piliers de l'Eglise". Cela vous donne l'occasion d'approfondir et de ressentir de plus près le souffle universel de la mission de l'Eglise et de vous harmoniser plus parfaitement avec son magistère.

3. "Je ne fais pas le bien que je veux et commets le mal que je ne veux pas" (Rm 7,19). Dans la première lecture, tirée de l'Epître aux Romains (cf. Rm 7,19), saint Paul, dans un cadre aux puissants accents dramatiques, met en évidence l'incapacité de l'être humain à accomplir le bien et à éviter le mal. Il existe pourtant une issue de secours: la victoire sur le mal nous vient de la bonté de Dieu miséricordieux, qui s'est manifesté pleinement dans le Christ. Et, comme dans un élan de joie, l'Apôtre s'exclame: "Grâces soient à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur!" (Rm 7,25).

Comme Paul, l'Eglise ne cesse d'annoncer cette grande "bonne nouvelle" qui est pour tous: le Christ mort et ressuscité a vaincu le mal et nous a libérés du péché. Il est notre salut.

Cette annonce salvifique retentit sans cesse à notre époque également et constitue le coeur de la mission de la communauté ecclésiale. L'homme recherche - aujourd'hui comme par le passé - des réponses satisfaisantes aux questions sur sa vie et sur sa mort. Chers jeunes, au cours de la période de formation théologique, vous vous préparez à être en mesure d'apporter les réponses de la foi, de façon adaptée au langage et à la mentalité de notre époque. Que tout soit donc orienté vers une mission si élevée: annoncer le Christ et la force libératrice de son Evangile.

4. "Vous savez discerner le visage de la terre et du ciel; et ce temps-ci alors, comment ne le discernez-vous pas?" (Lc 12,56). A travers ces paroles également, Jésus nous exhorte à nous mesurer aux réalités de notre époque. Si, d'une part, votre coeur ne doit jamais se détacher de la contemplation du mystère de Dieu, de l'autre, il faut que vous conserviez le regard fixé sur les événements du monde et de l'histoire. Le Concile Vatican II disait, à ce propos, que le devoir permanent de l'Eglise est de "scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l'Evangile, de sorte qu'elle puisse répondre, d'une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques" (Gaudium et spes GS 4).

Que ce soit là l'esprit avec lequel vous vous consacrez à l'étude au cours de ces années de votre formation théologique et pastorale.

Que la Vierge Marie, Siège de la Sagesse, veille sur votre travail quotidien dans les Universités pontificales romaines. Qu'Elle, qui fut la première évangélisatrice, vous accompagne et obtienne de vous préparer à être d'authentiques apôtres de l'Evangile du Christ. Amen!





1141 9 novembre 2003, Béatification de 5 Serviteurs de Dieu

Fête de la dédicace de la Basilique patriarcale du Latran
Dimanche 9 novembre 2003
1. "Car le Temple de Dieu est sacré, et ce temple, c'est vous" (1Co 3,17). Nous écoutons à nouveau aujourd'hui ces paroles de l'Apôtre Paul au cours de la célébration solennelle de la fête de la dédicace de la Basilique Saint-Jean-de-Latran, Cathédrale de Rome, Mère de toutes les Eglises.


Chaque lieu réservé au culte divin est le signe de ce temple spirituel qu'est l'Eglise, composé de pierres vivantes, c'est-à-dire des fidèles, unis dans l'unique foi, par la participation aux sacrements et le lien de la charité. Et les saints sont de façon particulière les pierres précieuses de ce temple spirituel.

La sainteté, fruit de l'oeuvre incessante de l'Esprit de Dieu, resplendit chez les nouveaux bienheureux: Nepomuceno Zegrí y Moreno, prêtre; Valentin Paquay, prêtre; Luigi Maria Monti, religieux; Bonifacia Rodríguez de Castro, vierge; Rosalie Rendu, vierge.

2. La vision du sanctuaire, que le prophète Ezéchiel nous présente dans la liturgie d'aujourd'hui, décrit un torrent qui s'écoule vers le temple en apportant la vie, la vigueur et l'espérance: "là où cette eau pénètre elle assainit" (Ez 47,9). Cette image exprime la bonté infinie de Dieu et son dessein de salut, qui franchit les murs de l'enceinte sacrée pour être une bénédiction sur toute la terre.

Nepomuceno Zegrí y Moreno, prêtre intègre, à la profonde piété eucharistique, comprit parfaitement que l'annonce de l'Evangile doit se convertir en une réalité dynamique, en mesure de transformer la vie du fidèle. Etant curé, il se proposa "d'être la providence visible pour tous ceux qui, gémissant dans l'abandon, boivent la coupe de l'amertume et s'alimentent du pain des vicissitudes" (19 juin 1859).

C'est avec ces intentions qu'il développa sa spiritualité rédemptrice, née de l'intimité avec le Christ et orientée vers la charité à l'égard des plus démunis. C'est du vocable de la Vierge "de las Mercedes", Mère du Rédempteur, qu'il s'inspira pour fonder les Soeurs mercédaires de la Charité, dans le but de rendre l'amour de Dieu toujours présent là où restaient "une seule douleur à soigner, un seul malheur à consoler, une seule espérance à communiquer aux coeurs".Aujourd'hui, en suivant les traces de son Fondateur, cet Institut vit en se consacrant au témoignage et à la promotion de la charité rédemptrice.

3. Le prêtre Valentin Paquay est bien un disciple du Christ et un prêtre selon le coeur de Dieu. Apôtre de la miséricorde, il passait de longues heures au confessionnal avec un don particulier pour remettre les pêcheurs sur le droit chemin, rappelant aux hommes la grandeur du pardon divin. En mettant au centre de sa vie de prêtre la célébration du Mystère eucharistique, il invite les fidèles à s'approcher souvent de la communion au Pain de Vie.

Comme tant de saints, le Père Valentin s'était mis tout jeune sous la protection de Notre-Dame, invoquée dans l'Eglise de son enfance, à Tongres, comme Cause de notre joie. A son exemple, puissiez-vous servir vos frères, pour leur donner la joie de rencontrer le Christ en vérité!

1142 4. "Et voici que de l'eau sortait de dessous le seuil du Temple... où cette eau pénètre, elle assainit" (Ez 47,1 Ez 47,9). L'image de l'eau, qui fait revivre toute chose, illumine en effet l'existence du bienheureux Luigi Maria Monti, entièrement consacrée à soigner les blessures du corps et de l'âme des malades et des orphelins. Il aimait les appeler les "poverelli di Cristo", et il les servait animé par une foi vivante, soutenue par une intense et constante prière. Dans son dévouement évangélique, il s'inspira constamment de l'exemple de la Sainte Vierge et plaça la Congrégation qu'il avait fondée sous le signe de Marie Immaculée.

Combien est actuel le message de ce nouveau bienheureux! Pour ses fils spirituels et pour tous les croyants, il est un exemple de fidélité à l'appel de Dieu et de l'annonce de l'Evangile de la charité; un modèle de solidarité envers les plus démunis et de remise confiante et tendre entre les mains de la Vierge Immaculée.

5. Les paroles de Jésus dans l'Evangile proclamé aujourd'hui: "Ne faites pas de la maison de mon père une maison de commerce" (Jn 2,16), interpellent la société actuelle, parfois tentée de tout convertir en marchandise et en gain en mettant de côté les valeurs et la dignité qui n'ont pas de prix. La personne étant l'image et la demeure de Dieu, il faut une purification qui la protège, quelle que soit sa condition sociale ou son activité professionnelle.

C'est à cela que se consacra totalement la bienheureuse Bonifacia Rodríguez de Castro, qui en tant que travailleuse, comprit les risques de cette condition sociale de son époque. Dans la vie simple et cachée de la Sainte Famille de Nazareth, elle découvrit un modèle de spiritualité du travail, qui donne sa dignité à la personne et qui fait de toute activité, si humble qu'elle puisse paraître, une offrande à Dieu et un moyen de sanctification.

Tel est l'esprit qu'elle désira transmettre aux femmes travailleuses, tout d'abord avec l'Association joséphine, puis avec la fondation des Servantes de Saint-Joseph, qui poursuivent son oeuvre dans le monde avec simplicité, joie et abnégation.

6. A une époque troublée par des conflits sociaux, Rosalie Rendu s'est joyeusement faite la servante des plus pauvres, pour redonner à chacun sa dignité, par des aides matérielles, par l'éducation et l'enseignement du mystère chrétien, poussant Frédéric Ozanam à se mettre au service des pauvres.

Sa charité était inventive. Où puisait-elle la force pour réaliser autant de choses? C'est dans son intense vie d'oraison et dans sa prière incessante du chapelet, qui ne la quittait pas. Son secret était simple: en vraie fille de Vincent de Paul, comme une autre Soeur de son temps, sainte Catherine Labouré, voir en tout homme le visage du Christ. Rendons grâce pour le témoignage de charité que la famille vincentienne ne cesse de donner au monde!

7. "Mais lui parlait du sanctuaire de son corps" (Jn 2,21). Ces paroles évoquent le mystère de la mort et de la résurrection du Christ. C'est à Jésus crucifié et ressuscité que doivent se conformer tous les membres de l'Eglise.

Dans cette tâche exigeante, nous trouvons un soutien et un guide chez Marie, Mère du Christ et Notre Mère. Les nouveaux bienheureux, que nous contemplons aujourd'hui dans la gloire du ciel, intercèdent pour nous. Qu'il nous soit concédé à nous aussi de nous retrouver tous un jour au Paradis, pour goûter ensemble la joie dans la vie sans fin. Amen!



13 novembre 2003, Célébration eucharistique en mémoire des Cardinaux et des Evêques défunts au cours de l'année

Jeudi 13 novembre 2003
1143 1. "Je leur donne la vie éternelle" (Jn 10,28).

Cette parole du Christ inonde de lumière et d'espérance notre célébration d'aujourd'hui, au cours de laquelle nous prions pour les Cardinaux et les Evêques décédés au cours de l'année écoulée.

La mémoire des Cardinaux qui nous ont quittés a été particulièrement présente et vivante au cours du récent Consistoire. J'ai à coeur également en cet instant, de rappeler leur nom: Hans Hermann Groër, Gerald Emmet Carter, Aurelio Sabattini, Francesco Colasuonno, Ignacio Antonio Velasco García, Corrado Ursi et Maurice Michael Otunga. Je rappelle également avec eux le Patriarche Raphaël I Bidawid.

2. Nous prions en outre pour les Evêques, que Dieu a rappelés à lui de ce monde au cours des mois derniers. Il est réconfortant de penser que tous ces vénérés Frères, serviteurs zélés de l'Evangile au cours de leur existence terrestre, sont à présent entre les "mains" prévoyantes de Dieu, qui les a accueillis dans l'affection éternelle de son amour.

Dans leur sollicitude pastorale, ils ont éduqué les fidèles, à travers la prédication et l'exemple, à tendre les mains vers les valeurs vraies et éternelles, en cherchant à devenir les modèles du troupeau qui leur a été confié (cf. 1P 5,2-3). Nous avons donc l'assurance que le Seigneur leur accordera la récompense promise à ses fidèles serviteurs.

3. Que la Très Sainte Vierge Marie les accueille et obtienne pour eux le repos éternel dans le royaume de la lumière et de la paix du Ressuscité.

Amen.



11 décembre 2003, Messe pour les étudiants et les professeurs des universités romaines

Jeudi 11 décembre 2003



1. "Ne crains pas, c'est moi qui te viens en aide" (Is 41,13). La promesse de Dieu, dont le prophète s'est fait l'écho, a trouvé sa pleine réalisation dans la naissance de Jésus à Bethléem. En Lui, Dieu est devenu l'un de nous! Voilà pourquoi nous n'avons rien à craindre. Le temps de l'Avent, que nous vivons actuellement, nous invite à l'espérance.

Très chers frères et soeurs, la rencontre d'aujourd'hui prend place dans un climat d'attente confiante de la venue du Christ. Tout d'abord, je vous salue tous avec affection, éminents recteurs, professeurs et étudiants des Universités romaines. J'adresse une pensée particulière au Ministre de l'Education, de l'Université et de la Recherche, Mme Letizia Moratti. Je salue les aumôniers des Universités et les délégations nationales de la pastorale universitaire.

1144 Je remercie le Président de la Conférence des Recteurs des Universités italiennes et la représentante des étudiants, qui se sont faits les interprètes des sentiments communs.

2. "Je ferai [...] de la terre aride des eaux jaillissantes" (
Is 41,18). Telle est la grande promesse de Dieu aux indigents et aux pauvres, qui, comme l'affirme le Prophète, "cherchent de l'eau..." car "leur langue est desséchée par la soif" (Is 41,17). Leur soif rappelle le désir ardent de vérité, de justice et de paix, présent dans l'âme de tout homme.

Les aspirations humaines les plus intimes ne trouvent en effet la plénitude de leur réponse qu'en Dieu. C'est pourquoi je vous encourage, très chers amis, à faire en sorte que votre parcours de formation soit sans cesse soutenu par la recherche de Dieu. Ne vous arrêtez pas face aux doutes et aux difficultés. Dieu, assure le prophète, vous prend "par la main droite" (Is 41,13), il est à vos côtés. Sa compagnie réconfortante vous rendra plus conscients de la mission que vous êtes appelés à accomplir dans le milieu universitaire.

3. Un grand nombre d'entre vous a participé au Congrès de ces derniers jours, qui a consacré son attention au processus d'intégration européenne. Vous aussi, qui appartenez au monde universitaire, devez offrir votre contribution à ce processus. Les structures sociales, politiques et économiques revêtent certainement une grande importance pour l'unité de l'Europe, mais les aspects humanistes et spirituels, ne doivent en aucun cas être négligés. Il est indispensable que l'Europe d'aujourd'hui sauvegarde son patrimoine de valeurs et reconnaisse que c'est avant tout le christianisme qui a été la force capable de les promouvoir, de les concilier et de les consolider.

4. Noël représente l'occasion privilégiée de souligner l'une des valeurs chrétiennes les plus significatives. Avec la naissance de Jésus, dans la simplicité et la pauvreté de Bethléem, Dieu a redonné une dignité à l'existence de tout être humain; il a offert à tous la possibilité de participer à sa vie divine elle-même. Puisse ce don incommensurable trouver toujours des coeurs prêts à le recevoir!

Je confie à l'intercession maternelle de Marie ce souhait et ce voeu. Qu'Elle protège chacun de vous, ainsi que vos familles et les communautés académiques auxquelles vous appartenez.

Bon Avent et bon Noël!



24 décembre 2003, Messe de Minuit

1. «Puer natus est nobis, filius datus est nobis» (Is 9,5).

Les paroles du prophPte IsaVe, proclamées dans la premiPre lecture, contiennent la vérité de Noël, que nous revivons ensemble au cours de cette nuit.

Un Enfant naît. Apparemment, un enfant parmi tant d’autres dans le monde. Un Enfant naît dans une étable B Bethléem. Il naît donc dans une condition d’extrLme dénuement: pauvre parmi les pauvres.

1145 Mais Celui qui naît est «le Fils» par excellence: Filius datus est nobis. Cet Enfant est le Fils de Dieu, consubstantiel au PPre. Annoncé par les prophPtes, il s’est fait homme par l’action de l’Esprit Saint dans le sein d’une Vierge, Marie.

Tout B l’heure, lorsque, dans le Credo, nous chanterons: «et incarnatus est de Spiritu Sancto ex Maria Virgine et homo factus est», nous nous mettrons tous B genoux. Nous méditerons en silence le mystPre qui s’accomplit: «Et homo factus est !» Le Fils de Dieu vient parmi nous et nous, nous l’accueillons B genoux.

2. «Le Verbe s’est fait chair» (
Jn 1,14). En cette nuit extraordinaire, le Verbe éternel, le «Prince de la Paix» (Is 9,5), naît dans la grotte froide et misérable de Bethléem.

«Ne craignez pas», dit l’ange aux bergers, «aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur» (Lc 2,11). Comme les bergers anonymes et privilégiés, nous aussi, accourons B la rencontre de Celui qui a changé le cours de l’histoire.

Dans l’extrLme pauvreté de la crPche, nous contemplons «un enfant nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire» (Lc 2,12). Dans le nouveau-né vulnérable et fragile, qui vagit entre les bras de Marie, «la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes» (Tt 2,11). Restons dans le silence et adorons !

3. Ô Enfant, Toi qui as voulu avoir pour berceau une mangeoire; ô Créateur de l’univers, Toi qui t’es dépouillé de ta gloire divine; ô notre Rédempteur, Toi qui as offert en sacrifice ton corps sans défense pour le salut de l’humanité ! Que la splendeur de ta naissance illumine la nuit du monde. Que la puissance de ton message d’amour détruise les assauts orgueilleux du malin. Puisse le don de ta vie nous faire comprendre toujours davantage le prix de la vie de chaque Ltre humain.

Trop de sang coule encore sur la terre ! Trop de violence et de conflits troublent les relations sereines entre les nations !

Tu viens nous apporter la paix. Tu es notre paix ! Toi seul peux faire de nous «un peuple purifié» qui t’appartienne pour toujours, un peuple «ardent B faire le bien» (Tt 2,14).

4. Puer natus est nobis, filius datus est nobis ! Quel mystPre insondable recouvre l’humilité de cet Enfant ! Nous voudrions presque le toucher; nous voudrions l’embrasser.

Toi, Marie, qui veilles sur ton Fils tout-puissant, donne-nous tes yeux pour le contempler avec foi; donne-nous ton cÉur pour l’adorer avec amour.

Dans sa simplicité, l’Enfant de Bethléem nous enseigne B redécouvrir le sens véritable de notre existence; il nous apprend B «vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux» (Tt 2,12).

1146 5. Ô Sainte Nuit, tant attendue, toi qui as uni Dieu et l’homme pour toujours ! Tu rallumes en nous l’espérance. Tu nous remplis d’étonnement émerveillé. Tu nous assures le triomphe de l’amour sur la haine, de la vie sur la mort.

C’est pourquoi nous demeurons dans l’émerveillement et nous prions.

Dans le silence lumineux de ton Noël, Toi, l’Emmanuel, tu continues B nous parler. Et nous, nous sommes prLts B t’écouter. Amen !



31 décembre 2003, Vêpres et Te Deum

Mercredi 31 décembre 2003

1. Te Deum laudamus! C'est ainsi que l'Eglise chante sa reconnaissance à Dieu, alors qu'elle se réjouit encore pour le Noël du Seigneur. En cette suggestive célébration vespérale, notre attention est attirée par la rencontre idéale de l'année solaire avec l'année liturgique, deux cycles temporels qui sous-tendent deux dimensions du temps.

Dans la première dimension, les jours, les mois, les années se succèdent selon un rythme cosmique, dans lequel l'esprit humain reconnaît l'empreinte de la Sagesse divine créatrice. Voilà pourquoi l'Eglise s'exclame: Te Deum laudamus!

2. L'autre dimension du temps, que la célébration de ce soir nous rappelle, est celle de l'histoire du salut. En son centre et à son sommet se trouve le mystère du Christ. C'est ce que l'Apôtre Paul nous a rappelé il y quelques instants: "Mais quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils" (
Ga 4,4). Le Christ est le centre de l'histoire et du cosmos; il est le nouveau Soleil apparu dans le monde en naissant "d'en-haut" (cf. Lc 1,78), un Soleil qui oriente tout vers le but ultime de l'histoire.

Au cours de ces journées, entre Noël et le jour de l'An, ces deux dimensions du temps s'entrecroisent avec une éloquence particulière. C'est comme si l'éternité de Dieu venait rendre visite au temps de l'homme. L'Eternel devient ainsi un "instant" présent, afin que la répétition cyclique des jours et des années ne finisse pas dans le vide du non-sens.

3. Te Deum laudamus! Oui, nous te louons, Père, Seigneur du ciel et de la terre. Nous te remercions car tu as envoyé ton Fils, devenu petit Enfant, pour donner la plénitude au temps. Ainsi as-Tu voulu (cf. Mt Mt 11,25-26). En Lui, ton Fils unique, tu as ouvert à l'humanité la voie du salut éternel.

Nous élevons vers Toi notre action de grâce solennelle pour les innombrables bienfaits que tu nous a dispensés au cours de l'année. Nous te louons et nous te rendons grâce avec Marie, "qui a donné l'Auteur de la vie au monde" (Antienne de la liturgie).

1147 4. Chers fidèles du diocèse de Rome, il est juste que ma parole s'adresse à présent plus directement à vous! Vous êtes ici pour élever avec le Pape votre louange et votre action de grâce à Dieu, Dispensateur de tout bien.

J'adresse mon salut cordial à chacun de vous. Je l'adresse en particulier au Cardinal-Vicaire, à Mgr le Vice-gérant, aux Evêques auxiliaires et à ceux qui travaillent activement au service de la Communauté diocésaine. Je salue les Autorités italiennes et le Maire de Rome, que je remercie de sa présence appréciée.

L'icône de la Madone "del Divino Amore", précieux don de la communauté de Rome au Pape, se trouve ici avec nous ce soir. Je vous en suis profondément reconnaissant. Dans la couronne de la Vierge ont été enchâssées vingt pierres précieuses, correspondant aux vingt Mystères du Saint Rosaire, après ma demande d'ajouter les cinq Mystères lumineux aux quinze Mystères traditionnels. Je désire que cette icône soit vénérée dans le nouveau sanctuaire de la Madone "del Divino Amore".Je confie en particulier à la Vierge l'engagement pastoral que le diocèse accomplit au cours de ces années en faveur de la famille, des jeunes et des vocations de consécration spéciale.

Je répète à tous ce que j'ai écrit, en 1981, dans l'Exhortation apostolique Familiaris consortio: "L'avenir de l'humanité passe à travers la famille!" (n. 86). Je confie à la Mère de Dieu et à saint Joseph, son Epoux, ma prière à Jésus, afin qu'il inspire au diocèse de Rome des actions pastorales adaptées à notre époque, adressées à toutes les familles de la ville et aux jeunes couples qui se préparent au mariage. Puisse la famille correspondre toujours plus pleinement au projet que Dieu forme depuis toujours pour elle!

5. Très chers frères et soeurs, une autre année va bientôt se terminer. Nous nous tournons déjà vers 2004, qui se profile à l'horizon. Sur l'année qui se termine et sur celle qui commencera dans quelques heures nous invoquons la protection maternelle de la Très Sainte Vierge Marie, en lui demandant de continuer à guider notre chemin.

Que la Vierge Marie, Reine de la Paix, obtienne des jours de paix à la ville de Rome, à l'Italie, à l'Europe et au monde entier. Sancta Dei Genitrix, ora pro nobis! Mère du Rédempteur, Madone "del Divino Amore", prie pour nous. Amen!









2004

1er janvier 2004, Solennité de la Très Sainte Mère de Dieu

Jeudi 1er janvier 2004



1. "Mais quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d'une femme" (
Ga 4,4).

Aujourd'hui, Octave de Noël, la liturgie nous présente l'icône de la Mère de Dieu, la Vierge Marie. L'Apôtre Paul indique en Elle la "femme", à travers laquelle le Fils de Dieu et entré dans le monde. Marie de Nazareth est la Theotokos, Celle qui a "donné le jour au Roi qui gouverne le ciel et la terre pour les siècles des siècles" (Antienne d'entrée; cf. Sedulio).

1148 Au début de cette nouvelle année nous nous mettons docilement à son école. Nous désirons apprendre d'Elle, la Mère sainte, à accueillir dans la foi et dans la prière le salut que Dieu ne cesse de donner à ceux qui ont confiance dans son amour miséricordieux.

2. Dans ce climat d'écoute et de prière, nous rendons grâce à Dieu pour cette nouvelle année: qu'elle soit pour tous une année de prospérité et de paix!

Avec ce souhait, je suis heureux d'adresser mon salut respectueux à MM. les Ambassadeurs du Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, présents à la célébration d'aujourd'hui. Je salue cordialement le Cardinal Angelo Sodano, Secrétaire d'Etat, et mes collaborateurs de la Secrétairerie d'Etat. Avec eux, je salue le Cardinal Renato Raffaele Martino, ainsi que tous les membres du Conseil pontifical "Justice et Paix". Je leur suis reconnaissant pour l'engagement dont ils ont fait preuve afin de diffuser partout l'invitation à la paix, que l'Eglise proclame constamment.

3. "Un engagement toujours actuel: éduquer à la paix": tel est le thème du Message pour la Journée mondiale de la Paix d'aujourd'hui. Il se rattache en esprit à ce que j'ai proposé au début de mon pontificat, en réaffirmant l'urgence et la nécessité de former les consciences à la culture de la paix. La paix est possible - ai-je voulu répéter - elle est aussi un devoir (Cf. Message, n. 4).

Face aux situations d'injustice et de violence qui oppriment diverses régions du monde, devant la permanence de conflits armés souvent oubliés par l'opinion publique, il devient toujours plus nécessaire de construire ensemble des chemins de paix; il devient donc indispensable d'éduquer à la paix.

Pour le chrétien "proclamer la paix c'est annoncer le Christ qui est "notre paix" (
Ep 2,14), c'est annoncer son Evangile, qui est "l'Evangile de la paix" (Ep 6,15), c'est appeler tous les hommes à vivre la béatitude invitant à être des "artisans de paix" (cf. Mt Mt 5,9)" (Message, n. 3). De l'"Evangile de la Paix" était également témoin Mgr Michael Aidan Courtney, mon représentant en tant que Nonce apostolique au Burundi, tragiquement tué il y a quelques jours alors qu'il accomplissait sa mission en faveur du dialogue et de la réconciliation. Prions pour lui, en souhaitant que son exemple et son sacrifice portent des fruits de paix au Burundi et dans le monde.

4. Chaque année, en ce temps de Noël, nous revenons en esprit à Bethléem pour adorer l'Enfant couché dans la crèche. La Terre où naquit Jésus continue malheureusement de vivre des situations dramatiques. Dans d'autres parties du monde également les foyers de violence et les conflits ne s'éteignent pas. Il faut cependant persévérer sans céder à la tentation du découragement. Un effort est nécessaire de la part de tous, afin que soient respectés les droits fondamentaux des personnes à travers une éducation constante à la légalité. Dans ce but, il faut se prodiguer pour dépasser "la logique de la simple justice" et "s'ouvrir également à celle du pardon". En effet, "il n'y a pas de paix sans pardon!" (cf. Message, n. 10).

On ressent toujours davantage la nécessité d'un nouvel ordre international, qui mette à profit l'expérience et les résultats obtenus au cours de ces années par l'Organisation des Nations unies; un ordre qui soit en mesure d'apporter aux problèmes d'aujourd'hui des solutions adaptées, fondées sur la dignité de la personne humaine, sur un développement intégral de la société, sur la solidarité entre les pays riches et les pays pauvres, sur le partage des ressources et des résultats extraordinaires du progrès scientifique et technique.

5. "L'amour est la forme la plus haute et la plus noble de relation des êtres humains entre eux" (ibid.). Cette conscience m'a guidé dans la rédaction du Message pour la Journée mondiale de la Paix d'aujourd'hui. Que Dieu nous aide à construire tous ensemble la "civilisation de l'amour". Seule une humanité dans laquelle l'amour vaincra sera en mesure de jouir d'une paix authentique et durable.

Que Marie obtienne pour nous ce don. Puisse-t-Elle nous soutenir et nous accompagner sur le chemin difficile et exaltant de l'édification de la paix. C'est pour cela que nous prions avec confiance, sans nous lasser: Marie, Reine de la Paix, prie pour nous!



2 février 2004, Messe de la Présentation du Seigneur - VIIIème Journée de la Vie Consacrée

1149 Lundi 2 février 2004



1. "Il a dû devenir en tout semblable à ses frères, afin de devenir dans leurs rapports avec Dieu un grand prêtre miséricordieux et fidèle" (
He 2,17).

Ces paroles, tirées de l'Epître aux Hébreux, expriment bien le message de la fête d'aujourd'hui de la Présentation du Seigneur au Temple. Elles en donnent, pour ainsi dire, la clé de lecture, en la plaçant dans la perspective du mystère pascal.

L'événement que nous célébrons aujourd'hui nous reporte à ce que firent Marie et Joseph, lorsque, quarante jours après la naissance de Jésus, ils l'offrirent à Dieu comme leur fils unique, se soumettant aux prescriptions de la loi de Moïse. Cette offrande devait ensuite trouver son plein et parfait accomplissement dans le mystère de la passion, de la mort et de la résurrection du Seigneur. Alors, il aurait réalisé sa mission de "Prêtre souverain miséricordieux et fidèle" partageant jusqu'au bout notre condition humaine.

Dans la présentation au Temple, comme sur le Calvaire, Marie est à ses côtés, la Vierge fidèle, qui participe au dessein éternel de salut.

2. La liturgie d'aujourd'hui s'ouvre par la bénédiction des cierges, et la procession jusqu'à l'autel pour rencontrer le Christ et le reconnaître "en fractionnant le pain", en attendant son retour glorieux.

Dans ce cadre de lumière, de foi et d'espérance, l'Eglise célèbre la Journée de la Vie consacrée. Ceux qui ont offert pour toujours leur existence au Christ pour l'avènement du Royaume de Dieu sont invités à renouveler leur "oui" à la vocation particulière reçue. Mais c'est également toute la communauté ecclésiale qui redécouvre la richesse du témoignage prophétique de la vie consacrée, dans la variété de ses charismes et de ses engagements apostoliques.

3. Avec des sentiments de louange et de reconnaissance au Seigneur pour ce grand don, je désire saluer avant tout le Cardinal Eduardo Martínez Somalo, Préfet de la Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de Vie apostolique, qui préside la célébration d'aujourd'hui. Avec lui, j'adresse ma pensée cordiale à tous ceux qui prennent part à cette assemblée liturgique suggestive.

Ma pensée affectueuse s'adresse en particulier à vous, chers religieux, religieuses et membres des Instituts séculiers, ainsi qu'à tous ceux qui témoignent de façon fidèle des valeurs de la vie consacrée dans toutes les régions du monde.

Le Christ vous appelle à vous conformer toujours plus à Lui, qui, par amour, s'est fait obéissant, pauvre et chaste. Continuez à vous consacrer avec passion à l'annonce et à la promotion de son Royaume. Telle est votre mission, nécessaire aujourd'hui comme par le passé!

4. Très chers religieux et religieuses! Quelle occasion propice vous offre cette journée qui vous est consacrée pour réaffirmer votre fidélité à Dieu avec l'enthousiasme et la générosité qui vous ont animés lorsque vous avez prononcé pour la première fois vos voeux! Répétez chaque jour votre "oui" au Dieu de l'Amour avec joie et conviction. Dans le recueillement du monastère de clôture ou auprès des pauvres et des personnes marginalisées, parmi les jeunes ou au sein des structures ecclésiales, dans les diverses activités apostoliques ou en terre de mission, Dieu veut que vous soyez fidèles à son amour et entièrement consacrés au bien de vos frères.

1150 Telle est la précieuse contribution que vous pouvez offrir à l'Eglise, afin que l'Evangile de l'espérance atteigne les hommes et les femmes de notre temps.

5. Nous contemplons la Vierge tandis qu'elle offre son Fils au Temple de Jérusalem. Celle qui avait accueilli de façon inconditionnée la volonté de Dieu au moment de l'Annonciation, répète aujourd'hui, d'une certaine façon, son "Je suis la servante du Seigneur! Qu'il m'advienne selon ta parole" (
Lc 1,38). Cette attitude d'adhésion docile aux desseins divins marquera toute son existence.

La Madone est donc le premier modèle élevé de toute personne consacrée. Laissez-vous guider par Elle, chers frères et soeurs. Ayez recours à son aide avec une humble confiance, en particulier dans les moments d'épreuve.

Et Toi, Marie, veille sur tes enfants, conduis-les au Christ, "gloire d'Israël, lumière des peuples".

Virgo Virginum, Mater Salvatoris, ora pro nobis!



25 février 2004, Liturgie de la Parole du Mercredi des Cendres

1. "Ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra" (Mt 6,4 Mt 6,6 Mt 6,18). Cette parole de Jésus est adressée à chacun de nous au début de notre chemin quadragésimal. Nous le commençons par l'imposition des cendres, geste pénitentiel austère, si cher à la tradition chrétienne. Il souligne la conscience de l'homme pécheur face à la majesté et à la sainteté de Dieu. Dans le même temps, il manifeste sa disponibilité à accueillir et à traduire en choix concrets l'adhésion à l'Evangile.

Les formules qui l'accompagnent sont très éloquentes. La première, tirée du Livre de la Genèse: "Car tu es poussière et tu retourneras à la poussière" (cf. 3, 19), évoque la condition humaine actuelle, placée sous le signe de la caducité et de la limite. La seconde reprend les paroles de l'Evangile: "Repentez-vous et croyez à l'Evangile" (Mc 1,15), qui constituent un appel pressant à changer de vie. Les deux formules nous invitent à entrer dans le Carême dans une attitude d'écoute et de conversion sincère.

2. L'Evangile souligne que le Seigneur "voit dans le secret", c'est-à-dire qu'il scrute le coeur. Les gestes extérieurs de pénitence ont une valeur s'ils sont l'expression d'une attitude intérieure, s'ils manifestent la ferme volonté de s'éloigner du mal et de parcourir la voie du bien. C'est ici que réside le sens profond de l'ascèse chrétienne.

"Ascèse": le mot lui-même évoque l'image d'une montée vers des sommets élevés. Cela comporte nécessairement des sacrifices et des renoncements. Il faut en effet réduire à l'essentiel l'équipage pour ne pas surcharger le voyage; il faut être disposés à affronter toutes les difficultés et surmonter tous les obstacles pour atteindre l'objectif établi. Pour devenir d'authentiques disciples du Christ, il est nécessaire de renoncer à soi-même, de prendre sa croix chaque jour et de le suivre (cf. Lc 9,23). C'est le chemin difficile de la sainteté, que chaque baptisé est appelé à parcourir.

3. Depuis toujours, l'Eglise indique certains instruments utiles pour marcher sur cette voie. C'est avant tout l'humble et docile adhésion à la volonté de Dieu accompagnée d'une prière incessante; ce sont les formes pénitentielles typiques de la tradition chrétienne, comme l'abstinence, le jeûne, la mortification et le renoncement également à des biens en soi légitimes; ce sont les gestes concrets d'accueil à l'égard du prochain, que la page d'aujourd'hui de l'Evangile évoque à travers la parole "aumône".Tout cela est reproposé avec une plus grande intensité au cours de la période du Carême, qui représente, à cet égard, un "temps fort" d'entraînement spirituel et de service généreux à nos frères.

1151 4. A cet égard, dans le Message pour le Carême, j'ai voulu attirer l'attention en particulier sur les conditions difficiles dans lesquelles se trouvent tant d'enfants dans le monde, en rappelant les paroles du Christ: "Celui qui accueillera un enfant comme celui-ci en mon nom, c'est moi qu'il accueille" (Mt 18,5). Qui, en effet, plus que l'enfant sans défense et fragile, a besoin d'être défendu et protégé?

Les problématiques qui touchent le monde de l'enfance sont nombreuses et complexes. Je souhaite vivement que soit réservé à nos frères les plus petits, souvent abandonnés à eux-mêmes, le soin qui leur est dû notamment grâce à notre solidarité. C'est une façon concrète de manifester notre effort pour le Carême.

Très chers frères et soeurs, c'est avec ces sentiments que nous commençons le Carême, un chemin de prière, de pénitence et d'authentique ascèse chrétienne. Que Marie, la Mère du Christ, nous accompagne. Que son exemple et son intercession nous permettent de poursuivre avec joie le chemin vers Pâques.



28 février 2004: Messe avec les paroisses romaines de: Sant'Anselmo, Santa Maria Stella dell'Evangelizzazione, San Carlo Borromeo and San Giovanni Battista de la Salle

Salle Paul VI
Samedi, 28 février 2004
1. "Jésus... était mené par l'Esprit à travers le désert durant quarante jours, tenté par le diable" (Lc 4,1-2). Le récit des quarante jours que Jésus passa dans le désert, au début de sa vie publique, nous aide à mieux comprendre la valeur du "temps fort" du Carême, qui vient de commencer.

Alors que nous entreprenons l'itinéraire quadragésimal, nous regardons le Christ qui jeûne et qui lutte contre le diable. En effet, en nous préparant à la Pâque, nous sommes nous aussi "menés" par l'Esprit dans le désert de la prière et de la pénitence, afin de nous nourrir intensément de la Parole de Dieu. Nous aussi, comme le Christ, nous sommes appelés à lutter avec force et détermination contre le démon. Ce n'est qu'ainsi, en renouvelant notre adhésion à la volonté de Dieu, que nous pouvons rester fidèles à notre vocation chrétienne: celle d'être des hérauts et des témoins de l'Evangile.

2. Je vous accueille volontiers, très chers frères et soeurs des paroisses "Sant'Anselmo alla Cecchignola", "San Carlo Borromeo alla Fonte Laurentina", "San Giovanni Battista de la Salle" et "Santa Maria Stella dell'Evangelizzazione al Torrino".

Je suis heureux de célébrer l'Eucharistie avec vous, en poursuivant d'une manière différente la belle habitude de la visite aux paroisses romaines. Ces rencontres me permettent de manifester l'affection qui me lie plus intensément à vous, chers fidèles du diocèse de Rome. Ne l'oubliez jamais: je vous garde dans mon coeur! Vous êtes la partie du peuple chrétien confiée, de manière particulière, aux soins pastoraux de l'Evêque de Rome.

3. Je salue tout d'abord le Cardinal-Vicaire et l'Evêque auxiliaire du Secteur Sud. Je salue les curés: Dom Mario Sanfilippo, Dom Fernando Altieri, Dom Ilija Perleta et Dom Francesco De Franco, et je les remercie de m'avoir illustré, lors des rencontres que nous avons eues auparavant, les diverses réalités paroissiales. Je salue les prêtres et les diacres qui les aident, ainsi que les soeurs franciscaines missionnaires du Coeur Immaculé de Marie, précieuses collaboratrices de la paroisse "San Giovanni Battista de la Salle".

1152 J'adresse une pensée cordiale aux membres des conseils paroissiaux pour la pastorale et pour les affaires économiques, aux catéchistes, aux groupes de la Caritas, aux célébrants et à tous les membres des divers groupes qui agissent activement dans vos communautés. Je désire réserver une pensée spéciale aux chanteurs qui, pour l'occasion, ont formé un beau choeur interparoissial et qui animent avec enthousiasme notre assemblée liturgique.

4. Très chers frères et soeurs! Les quartiers dans lesquels se trouvent vos paroisses sont en développement permanent et habités en grande partie par de jeunes familles. Réservez-leur un accueil ouvert et cordial; promouvez leur connaissance réciproque, afin que les communautés deviennent toujours davantage "des familles de familles", capables de partager ensemble les joies et les difficultés.

Faites participer les parents à la préparation des enfants et des jeunes aux sacrements et à la vie chrétienne. En tenant compte des horaires et des exigences familiales, proposez des rencontres de spiritualité et de formation dans les immeubles et dans les maisons individuelles. Faites en sorte que les familles soient précisément le premier lieu de l'éducation chrétienne des enfants.

Accompagnez avec soin les familles en difficulté ou se trouvant dans des situations précaires, en les aidant à comprendre et à réaliser le dessein authentique de Dieu sur le mariage et la famille.

5. Très chers amis! Je sais qu'à l'heure actuelle vous ne disposez que de structures provisoires pour la vie liturgique et le service pastoral. Je souhaite qu'au plus tôt vous puissiez profiter vous aussi de locaux adaptés. Entre temps, cependant, ayez soin de faire de vos paroisses d'authentiques édifices spirituels, qui reposent sur la pierre angulaire qu'est le Christ! Le Christ et toujours le Christ!

L'Apôtre Paul nous rappelle à ce propos: "Si tes lèvres confessent que Jésus est le Seigneur et si ton coeur croit que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé" (
Rm 10,9). Tel est le noyau de la foi que vous êtes appelés à proclamer à travers votre existence: Jésus est mort et ressuscité pour nous! Faites référence à cette vérité fondamentale pour votre croissance spirituelle, qui doit être constante, et pour votre mission apostolique.

Que Marie, la Mère du Rédempteur, témoin privilégié de la passion du Fils qui participa à ses souffrances, vous aide à le connaître et à le servir avec un enthousiasme généreux. Que ce soit elle qui vous accompagne dans l'itinéraire du Carême, afin que vous puissiez goûter avec Elle la joie de Pâques. Amen!



6 mars 2004: Messe avec les paroisses romaines de:Santa Brigida, Sant'Ilario di Poitiers et San Massimo Vescovo

Salle Paul VI
Samedi 6 mars 2004
1.«Celui-ci est mon Fils, l'Elu, écoutez-le» (Lc 9,35).

1153 La page de l'Evangile d'aujourd'hui fait de nous les acteurs de la scène touchante de la Transfiguration de Jésus sur le Mont Thabor. En présence de Pierre, de Jacques et de Jean, le Christ révèle sa gloire de Fils de Dieu.

L'évangéliste Luc souligne ce fait extraordinaire en nous faisant contempler le visage du Seigneur qui, «comme il priait», changea d'aspect (cf.
Lc 9,29). En Lui, resplendissant de gloire, nous reconnaissons l'élu, le Messie, «la lumière du monde» (Jn 8,12), qui donne un sens à notre vie. La voix mystérieuse d'en-haut nous invite nous aussi à le suivre docilement: «Celui-ci est mon Fils, écoutez-le!».

2. Ecouter et suivre le Christ! Il y a vingt-cinq ans, précisément au début du Carême, j'ai ressenti le besoin d'exhorter tout le peuple chrétien à vivre cette expérience fondamentale. «Jésus Christ est la route principale de l'Eglise» (n. 13), ai-je écrit dans ma première Encyclique Redemptor hominis, que je voudrais symboliquement vous remettre, très chers frères et soeurs des paroisses «Santa Brigida di Svezia», «Sant'Ilario di Poitiers» et «San Massimo Vescovo».

Je vous accueille et je vous embrasse tous avec affection. Je salue tout d'abord le Cardinal-Vicaire et je le remercie de m'avoir illustré vos réalités paroissiales. Je salue l'Evêque auxiliaire du Secteur Ouest et vos curés: le Père Jean-Jacques Boeglin, Dom Romano Matrone et Dom Romano Maria Deb, ainsi que les prêtres qui collaborent avec eux. J'adresse ensuite un salut plein de reconnaissance aux religieuses et aux laïcs qui, à titres divers, coopèrent à l'action pastorale de vos communautés.

3. Le quartier de Palmarola, relativement moins étendu que d'autres secteurs du diocèse, compte la présence de bien trois paroisses. Je souhaite de tout coeur que, grâce à cette rencontre également, se renforce chez tous les paroissiens le désir de la communion, afin que l'annonce de l'Evangile aux habitants du quartier devienne plus efficace. Dans le quartier où vous vivez est malheureusement aussi présent le phénomène des «sectes» modernes. Elles tentent, en particulier, d'exercer leur emprise sur ceux qui se trouvent dans des situations de difficulté et de solitude. Il est nécessaire, dans ce contexte, de mettre en oeuvre une nouvelle évangélisation forte et courageuse. Il faut que Jésus, centre du cosmos et de l'histoire, rencontre chaque être humain, car dans le mystère de la Rédemption «le problème de l'homme est inscrit avec une force spéciale de vérité et d'amour» (Redemptor hominis RH 18).

Annoncer le Christ signifie faire vivre à tous, mais en particulier à celui qui souffre de pauvreté spirituelle et matérielle, l'expérience de la tendresse et de la miséricorde divine.

4. Que chacune de vos communautés, sous la direction généreuse et éclairée de leurs pasteurs respectifs, deviennent un lieu d'accueil et de solidarité. Que les paroisses soient des écoles d'éducation à la foi authentique, conscientes d'être les gardiennes d'un grand trésor, qu'il n'est pas licite de gaspiller, mais qu'il faut sans cesse accroître (cf. ibid., n. 18).

Qu'au centre de tout projet pastoral se trouve l'Eucharistie, qui édifie l'Eglise comme une authentique communauté du Peuple de Dieu et la régénère toujours sur la base du sacrifice du Christ lui-même (cf. ibid., n. 20). C'est en particulier vous, chères familles, que j'invite à faire référence à l'Eucharistie, vous qui êtes appelées à accompagner vos enfants dans les itinéraires de préparation aux sacrements de l'initiation chrétienne et à les suivre au cours de l'adolescence, ainsi que par la suite, afin que, en grandissant, ils mènent fidèlement à bien la mission que Dieu leur a réservée.

5. Très chers frères et soeurs! Je sais que vos paroisses ne possèdent pas encore, pour leurs activités pastorales et sociales, de structures adaptées. Que cela ne vous empêche toutefois pas de faire retentir avec vigueur en chaque lieu de Palmarola l'annonce que «Jésus Christ va à la rencontre de l'homme de toute époque, y compris de la nôtre, avec les mêmes paroles: “Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres”» (Redemptor hominis RH 12).

Que la Vierge Marie, modèle sublime de foi et d'amour envers Dieu, vous aide à reconnaître en Jésus le Fils de Dieu et le Seigneur de notre vie. C'est à Elle que je vous confie, vous tous ici présents, ainsi que vos programmes apostoliques et l'itinéraire quadragésimal que nous venons d'entreprendre. Puisse-t-Elle nous aider à nous familiariser «avec la profondeur de la Rédemption qui se réalise dans le Christ Jésus» (Ibid., n. 10). Amen!



20 mars 2004: Messe avec les paroisses romaines de:San Massimiliano Kolbe al Prenestino, San Patrizio, Santa Maria Mediatrice et Santa Margherita Maria Alacoque

Salle Paul VI
1154 Samedi 20 mars 2004
1. "Réjouis-toi..." (Antienne d'entrée, cf. Is Is 66,10-11).


L'invitation à la joie, qui a retenti au début de la Célébration eucharistique, exprime tout à fait le climat qui caractérise la liturgie d'aujourd'hui. Nous sommes parvenus au quatrième dimanche de Carême, traditionnellement appelé dimanche "Laetare", et nous goûtons déjà, d'une certaine façon, la joie spirituelle de Pâques.

L'exhortation à nous réjouir devient encore plus intime et nous interpelle davantage lorsqu'on écoute le récit évangélique, qui repropose la parabole émouvante "du fils prodigue" (cf. Lc Lc 15,1-3 Lc 15,11-32). Dans le père, qui embrasse à nouveau son fils "perdu", nous contemplons le visage de Dieu bon et miséricordieux, toujours prêt à offrir son pardon à tous les hommes, source de sérénité et de paix.

2. Très chers frères et soeurs des paroisses "San Massimiliano Kolbe a Via Prenestina", "San Patrizio", "Santa Margherita Alacoque" et "Santa Maria Mediatrice", ouvrons notre coeur à cette parole de salut réconfortante! Je vous accueille tous avec affection. Je salue le Cardinal-Vicaire et je le remercie des paroles courtoises qu'il a voulu m'adresser, se faisant l'interprète des sentiments de toutes les personnes présentes. Je salue Mgr le Vice-gérant, vos curés plein de zèle: Dom Duilio Colantoni, Dom Arnaldo D'Innocenzo, Dom Salvatore Uras et le Père Tomasz Porzycki de la Société du Christ pour les immigrés polonais. J'étends mon salut aux prêtres et aux diacres qui collaborent avec eux, aux religieux et aux religieuses présents dans certaines de vos paroisses: en particulier les Pères montfortains, les Soeurs de Saint-Paul de Chartres et les Soeurs réparatrices du Sacré-Coeur. J'embrasse avec affection toutes les personnes ici présentes, avec une pensée spéciale pour les membres des Conseils paroissiaux, les catéchistes, les adhérents aux divers groupes paroissiaux et les jeunes qui fréquentent le catéchisme.

Vos paroisses, situées dans la banlieue Est de Rome, sont appelées à un effort constant d'évangélisation. Je félicite ceux qui, malgré la précarité des structures, fréquentent assidûment les itinéraires de formation chrétienne et de catéchèse, se consacrent au service liturgique et caritatif envers leurs frères dans le besoin, ainsi qu'à la préparation des jeunes au mariage et à la vie familiale.

3. La présence de la communauté paroissiale de "Santa Margherita Maria Alacoque", sur le territoire de laquelle se trouve Tor Vergata, nous ramène en esprit à l'inoubliable rencontre des jeunes à l'occasion de la Journée mondiale de la Jeunesse, en l'An 2000. Au centre de ce mémorable événement, se dressait la Croix de l'Année Sainte de la Rédemption.

Chers jeunes, faites de la Croix votre référence essentielle. Puisez au Christ crucifié et ressuscité le courage d'évangéliser notre monde, tellement tenaillé par les divisions, les haines, les guerres, le terrorisme, mais riche de nombreuses ressources humaines et spirituelles. Je vous attends nombreux, avec les jeunes de Rome et du Latium, au rendez-vous sur la Place Saint-Pierre, le jeudi 1 avril. Nous nous préparerons ainsi à la Journée mondiale de la Jeunesse, qui cette année sera célébrée dans les diocèses le Dimanche des Rameaux.

4. Très chers frères et soeurs réunis ce soir pour la Sainte Eucharistie, je vous invite tous à tourner votre regard vers la Croix. Vous êtes des communautés paroissiales ouvertes et accueillantes. On compte parmi vous de nombreux fidèles latino-américains et polonais. Que ces frères et soeurs se sentent aimés, comme le Christ a aimé et servi chaque homme et chaque femme jusqu'à son propre sacrifice. Tel est le témoignage concret de la foi qui touche également le coeur de ceux qui sont "loin".

5. "Si donc quelqu'un est dans le Christ, c'est une création nouvelle: l'être ancien a disparu, un être nouveau est là" (2Co 5,17). Très chers frères et soeurs, que cette conscience, rappelée par l'Apôtre Paul dans la deuxième lecture, guide votre chemin!

Vivez dans le Christ comme des créatures nouvelles. De votre coeur s'élèvera alors un hymne irréfrénable de louange et d'action de grâce à Celui qui, par le sacrifice de la Croix, nous a rachetés.
1155 Que Marie, présente en pleurs sur le Calvaire, vous obtienne le don d'une conversion véritable, prélude de la joie sans fin promise aux fidèles disciples de son divin Fils. Amen!



21 mars 2004: Chapelle Papale pour la Béatification des Serviteurs de Dieu: Luigi Talamoni, Matilde del Sagrado Corazón Télles Robles, Piedad de la Cruz Ortíz Real et Maria Candida dell’Eucaristia

IV Dimanche de Carême, 21 mars 2004



1. "Si donc quelqu'un est dans le Christ, c'est une création nouvelle" (
2Co 5,17).

Nous pouvons résumer par ces paroles de l'Apôtre Paul le message de la liturgie de béatification d'aujourd'hui, qui s'insère harmonieusement, en ce milieu du chemin quadragésimal, dans le Dimanche appelé "Laetare".

La deuxième Lecture et l'Evangile forment comme un hymne à deux voix, en louange pour l'amour de Dieu, Père miséricordieux (Lc 15,11-32), qui nous a réconciliés dans le Christ (2Co 5,17-21). Un hymne qui se transforme en appel pressant: "Laissez-vous réconcilier avec Dieu " (2Co 5,20).

Cette invitation repose sur la certitude que le Seigneur nous aime. Il a fait preuve de son amour pour les Israélites en les faisant entrer dans la terre de Canaan, après la longue marche de l'Exode, comme nous l'avons entendu dans la première Lecture, imprégnée d'une poignante nostalgie. La Pâque qu'ils célébrèrent "le soir, dans la plaine de Jéricho" (Jos 5,10) et les premiers mois qu'ils passèrent dans la terre promise deviennent pour nous un symbole éloquent de la fidélité divine, qui fait don de sa paix au peuple élu, après la triste expérience de l'esclavage.

2. Les quatre nouveaux bienheureux que l'Eglise nous présente aujourd'hui, sont des témoins singuliers de la Providence divine pleine d'amour qui accompagne le chemin de l'humanité: Luigi Talamoni, Matilde del Sagrado Corazón Télles Robles, Piedad de la Cruz Ortíz Real et Maria Candida dell’Eucaristia.

Soutenus par une confiance inébranlable dans le Père céleste, ils ont affronté les difficultés et les épreuves du pèlerinage terrestre. Le Christ a toujours été leur soutien et leur réconfort face aux événements difficiles de l'existence. Ils ont ainsi ressenti en eux-mêmes combien il est vrai que vivre en Lui signifie devenir des créatures nouvelles (cf. 2Co 5,17).

3. Le prêtre Luigi Talamoni est un fidèle reflet de la miséricorde de Dieu. Le plus illustre de ses élèves au séminaire-lycée de Monza, Achille Ratti, ensuite devenu le Pape Pie XI, le définit par les qualités suivantes: "Sainteté de vie, lumière de science, grandeur de coeur, compétence de magistère, ardeur d'apostolat, bienfaiteur civique qui fut l'honneur de Monza, joyau du clergé ambrosien, guide et père d'âmes innombrables". Le nouveau bienheureux fut assidu dans le ministère du confessionnal et dans le service aux pauvres, aux détenus et en particulier aux malades indigents. Quel exemple lumineux représente-t-il pour tous! J'exhorte en particulier les prêtres et la Congrégation des Soeurs de la Miséricorde à se tourner vers lui.

4. "Si donc quelqu'un est dans le Christ, c'est une création nouvelle" (2Co 5,17). Les paroles de saint Paul peuvent parfaitement s'appliquer à la Mère Matilde Téllez Robles. Remplie d'amour pour le Christ, elle se donna à Lui comme une véritable disciple qui incarne cette nouveauté. Cette femme infatigable et pieuse se consacra, à partir d'une intense vie de prière, à la transformation de la société de son temps, à travers l'accueil des petites filles orphelines, l'assistance à domicile des malades, la promotion de la femme au travail et la collaboration dans les activités ecclésiales.

1156 Manifestant une profonde dévotion à l'égard de l'Eucharistie, la contemplation de Jésus dans le Sacrement de l'Autel la conduisit à vouloir être comme le pain qui est partagé et distribué entre tous. C'est également ce qu'elle enseigna à ses religieuses, les Filles de Marie Mère de l'Eglise. Son témoignage lumineux est un appel à vivre dans l'adoration de Dieu et en servant ses frères, deux piliers fondamentaux de l'engagement chrétien.

5. La Mère Piedad de la Cruz Ortíz Real, née à Bocairente et fondatrice des Salésiennes du Sacré-Coeur à Alcantarilla (Murcia), est un merveilleux exemple de la réconciliation que nous propose saint Paul dans la deuxième lecture: "Car c'était Dieu qui dans le Christ se réconciliait le monde" (
2Co 5,19). Mais Dieu demande la collaboration des hommes pour mener à bien son oeuvre de réconciliation (cf. vv. 19-20). La Mère Piedad réunit plusieurs jeunes filles désireuses de montrer aux humbles et aux pauvres l'amour du Père providentiel manifesté dans le Coeur de Jésus, donnant ainsi vie à une nouvelle famille religieuse. Modèle de vertus chrétiennes et religieuses, pleine d'amour pour le Christ, la Vierge Marie et les pauvres, elle nous laisse un exemple d'austérité, de prière et de charité envers tous les indigents.

6. C'est une "créature nouvelle" que devint Maria Barba, qui offrit toute sa vie à Dieu au Carmel, où elle reçut le nom de Maria Candida dell’Eucaristia. Elle fut une authentique mystique de l'Eucharistie; elle en fit le centre unificateur de toute son existence, suivant la tradition carmélite, en particulier l'exemple de sainte Thérèse de Jésus et de saint Jean de la Croix.

Elle aima à tel point Jésus-Eucharistie qu'elle éprouva le désir constant et ardent d'être l'apôtre inlassable de l'Eucharistie. Je suis certain que, du Ciel, la bienheureuse Maria Candida continue à aider l'Eglise, afin qu'elle se développe dans l'émerveillement et dans l'amour à l'égard de ce Mystère suprême de notre foi.

7. "Laetare, Ierusalem - Réjouis-toi, Jérusalem" (Antienne d'entrée).

L'invitation à la joie, qui caractérise la liturgie d'aujourd'hui, s'amplifie grâce au don des bienheureux Luigi Talamoni, Matilde del Sagrado Corazón Téllez Robles, Piedad de la Cruz Ortíz Real et Maria Candida dell'Eucaristia. Ils nous font goûter, nous qui sommes pèlerins sur la terre, la joie du Paradis et sont pour chaque croyant les témoins d'une espérance réconfortante.



27 mars 2004: Messe avec les paroisses romaines de:San Giovanni della Croce, Santa Felicita, Santi Crisante e Daria

Salle Paul VI
Samedi 27 mars 2004
1. "Voici que je vais faire une chose nouvelle" (Is 43,19).

Le prophète Isaïe nous invite à regarder la nouveauté que Dieu entend réaliser dans l'histoire du salut. Pour le peuple d'Israël il s'agit de la libération de l'esclavage de Babylone et du retour dans sa patrie. Pour le peuple de la Nouvelle Alliance ce sera, en revanche, la libération de l'esclavage du péché, accomplie par le Christ dans sa Pâque de mort et de résurrection.

1157 Conscient de cela, nous parcourons la dernière étape du chemin quadragésimal, encouragés par la liturgie à rejeter le mal avec fermeté et à accueillir la grâce purificatrice et rénovatrice de Dieu. Le passage évangélique qui vient d'être proclamé nous y exhorte. Dans celui-ci, le Christ manifeste son amour miséricordieux, prêt à pardonner la pécheresse repentie et à lui donner une nouvelle espérance de vie (cf. Jn 8,1-11).

2. Très chers frères et soeurs des paroisses "San Giovanni della Croce", "Santa Felicita e Figli Martiri" et "Santi Crisanti e Daria", je vous accueille volontiers ce soir pour la célébration eucharistique, et je vous salue de tout coeur.

J'adresse un salut reconnaissant au Cardinal-Vicaire, qui a voulu tracer un portrait d'ensemble de vos communautés. Avec lui, je suis heureux de saluer l'Evêque auxiliaire du Secteur Nord, vos chers curés: Dom Enrico Gemma, Dom Eusebio Mosca des Pères vocationnistes et Dom Albino Marin, les Vicaires paroissiaux et les prêtres qui sont leurs collaborateurs.

Je salue les religieuses qui travaillent et qui vivent dans le cadre de vos paroisses, ainsi que les associations, les groupes, les mouvements et les fidèles engagés dans la diffusion de l'Evangile. Je ne voudrais pas non plus oublier ceux qui n'ont pas pu être présents et en particulier les personnes seules, les personnes âgées et les malades. Que mon salut affectueux parvienne à tous et à chacun.

3. Je sais que vous vous êtes préparés à cette rencontre en réfléchissant sur les priorités pastorales et les défis apostoliques les plus urgents et les plus importants en ce moment pour vous. De façon très juste, vous avez reconnu comme condition indispensable à un témoignage chrétien incisif dans le monde d'aujourd'hui, la promotion d'une communion fraternelle entre toutes les composantes paroissiales. Une paroisse unie, à l'intérieur de laquelle la diversité des ministères et des charismes est respectée, révèle son visage de famille accueillante, uniquement animée par le désir d'annoncer et de témoigner de l'Evangile. Très chers frères et soeurs, poursuivez sur ce chemin!

A vous aussi, j'ai plaisir à répéter l'invitation "Duc in altum!", que j'ai lancée à l'Eglise tout entière dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte au terme du grand Jubilé de l'An 2000. Avancez en eaux profondes, en vous souciant non seulement de ceux qui sont "proches", mais également de ceux qui vivent en marge de la foi.

4. En premier lieu, ayez à coeur les familles et les jeunes. Que l'objectif privilégié de votre action évangélisatrice soit la pastorale des jeunes, en valorisant les Patronages comme lieu de formation humaine, spirituelle et ecclésiale des enfants et des jeunes. Dans les Patronages, les diverses générations peuvent se rencontrer afin de promouvoir la transmission de la foi aux plus jeunes, qui ont besoin de solides figures de référence.

Ne vous lassez pas, ensuite, de susciter à travers la prière et l'exemple les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée: l'Eglise de Rome a besoin de saints prêtres, religieux et religieuses, d'hommes et de femmes totalement et joyeusement consacrés à Dieu pour le bien de son peuple.

Enfin, soyez attentifs aux besoins spirituels et matériels de vos frères proches et éloignés. A ce propos, je vous remercie de l'engagement que chaque communauté a aujourd'hui voulu me présenter, c'est-à-dire celui d'adopter un enfant à distance.

5. Les paroles de l'Apôtre Paul reviennent à l'esprit: "Bien plus, désormais je considère tout comme désavantageux à cause de la supériorité de la connaissance du Christ Jésus mon Seigneur" (Ph 3,8). Saint Paul exprime ainsi le changement radical qui a eu lieu dans sa vie: de persécuteur, il devint l'Apôtre des nations, totalement "saisi par Jésus Christ" (cf. Ph Ph 3,12).

Très chers frères et soeurs, laissez-vous vous aussi "saisir" par le Christ; que sa parole de salut et son amour miséricordieux pénètrent vos consciences et vous orientent dans les choix de chaque jour.

1158 Que Marie, fidèle jusqu'au bout à la mission qui lui a été confiée, vous aide à adhérer sans hésitation au Christ, pour en être les témoins crédibles parmi la population du quartier. L'Evangile a également besoin de vous pour parvenir aux nombreuses personnes qui l'attendent peut-être sans le savoir. Le Christ compte sur vous. Ne le décevez pas!



4 avril 2004: Dimanche des Rameaux, XIX Journée Mondiale de la Jeunesse
"Nous voulons voir Jésus" (Jn 12,21)




1. "Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur" (Lc 19,38).

C'est avec ces paroles que la population de Jérusalem accueillit Jésus lors de son entrée dans la ville sainte, l'acclamant comme le roi d'Israël. Cependant, quelques jours plus tard, la même foule le repoussera avec des cris hostiles: "Crucifie-le! Crucifie-le!" (Lc 23,21). La liturgie du Dimanche des Rameaux nous fait revivre ces deux moments de la dernière semaine de la vie terrestre de Jésus. Elle nous plonge dans cette foule si inconstante, qui en quelques jours passa de l'enthousiasme joyeux au mépris homicide.

2. Dans l'atmosphère de joie, voilée de tristesse, qui caractérise le Dimanche des Rameaux, nous célébrons la dix-neuvième Journée mondiale de la Jeunesse. Cette année, elle a pour thème: "Nous voulons voir Jésus" (Jn 12,21), qui fut la requête que "quelques Grecs" (Jn 12,20), venus à Jérusalem pour la fête de Pâques, adressèrent aux Apôtres.

Face à la foule venue pour l'écouter, le Christ proclama: "Et moi, une fois élevé de terre, j'attirerai tous les hommes à moi" (Jn 12,32). Voilà donc sa réponse: tous ceux qui cherchent le Fils de l'homme le verront lors de la fête de Pâques, comme le véritable Agneau immolé pour le salut du monde.

Jésus meurt sur la Croix pour chacun et chacune d'entre nous. La Croix est, par conséquent, le signe le plus grand et le plus éloquent de son amour miséricordieux, l'unique signe de salut pour chaque génération et pour l'humanité tout entière.

3. Il y a vingt ans, au terme de l'Année Sainte de la Rédemption, j'ai remis aux jeunes la grande Croix de ce Jubilé. En cette occasion, je les ai exhortés à être de fidèles disciples du Christ, Roi crucifié, qui "nous apparaît comme Celui qui libère l'homme de ce qui limite, diminue et pour ainsi dire détruit cette liberté jusqu'aux racines mêmes, dans l'esprit de l'homme, dans son coeur, dans sa conscience" (Redemptor hominis RH 12).

Depuis ce moment, la Croix continue à traverser de nombreux pays, en préparation aux Journées mondiales de la Jeunesse. Au cours de ses pèlerinages, elle a parcouru les continents: comme un flambeau passé de main en main, elle a été transportée de pays en pays; elle est devenue le signe lumineux de la confiance qui anime les jeunes générations du troisième millénaire. Aujourd'hui, elle se trouve à Berlin!

4. Chers jeunes! En célébrant le vingtième anniversaire du début de cette extraordinaire aventure spirituelle, laissez-moi vous renouveler la consigne que je vous avais alors laissée: "Je vous confie la Croix du Christ! Portez-la dans le monde comme signe de l'amour du Seigneur Jésus pour l'humanité, et annoncez à tous que ce n'est que dans le Christ mort et ressuscité que se trouve le salut et la rédemption" (Insegnamenti, VII, 1 [1984], 1105).

1159 Le message que nous transmet la Croix n'est certainement pas facile à comprendre à notre époque, où le bien-être matériel et le confort sont proposés et recherchés comme des valeurs prioritaires. Mais vous, chers jeunes, n'ayez pas peur de proclamer en toute circonstance l'Evangile de la Croix. N'ayez pas peur d'aller à contre-courant!

5. "Le Christ Jésus... s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort... et à la mort sur une croix! Aussi Dieu l'a-t-il exalté" (
Ph 2,6 Ph 2,8-9). L'hymne admirable de la Lettre de saint Paul aux Philippiens vient de nous rappeler que la Croix possède deux aspects indissociables: elle est, à la fois, douloureuse et glorieuse. La souffrance et l'humiliation de la mort de Jésus sont intimement liées à l'exaltation et à la gloire de sa résurrection.

Chers frères et soeurs! Très chers jeunes! Que ne vienne jamais à manquer en vous la conscience de cette vérité réconfortante. La passion et la résurrection du Christ constituent le centre de notre foi et notre soutien dans les épreuves quotidiennes inévitables.

Que Marie, Vierge des Douleurs et témoin silencieux de la joie de la résurrection, vous aide à suivre le Christ crucifié et à découvrir dans le mystère de la Croix le sens plénier de la vie.

Loué soit Jésus Christ!



8 avril 2004, Messe Chrismale

1. "Pontife de la nouvelle et éternelle alliance". C'est ainsi que Jésus nous apparaît aujourd'hui, de façon singulière, au cours de la Messe chrismale, qui révèle le lien profond existant entre l'Eucharistie et le Sacerdoce ministériel. Le Christ est le Prêtre suprême de cette Nouvelle Alliance, déjà préannoncée par le Prophète de l'exil babylonien (cf. Is Is 61,1-3). L'antique prophétie s'accomplit en Lui, comme Il l'a lui-même proclamé dans la Synagogue de Nazareth, précisément au début de sa vie publique (cf. Lc 4,21). Le Messie promis, l'"Oint du Seigneur", accomplira sur la Croix la libération définitive des hommes de l'antique esclavage du Malin. Et, ressuscitant le troisième jour, il inaugurera la vie qui ne connaît plus la mort.

2. "Aujourd'hui s'accomplit à vos oreilles ce passage de l'Ecriture" (Lc 4,21). L'"aujourd'hui" évangélique se renouvelle de manière singulière en cette Messe chrismale, qui représente un véritable prélude au Triduum pascal. Si la Messe in Cena Domini souligne le mystère de l'Eucharistie et la consigne du commandement nouveau de l'amour, celle que nous célébrons à présent, appelée Messe chrismale, souligne le don du sacerdoce ministériel.

J'ai voulu répéter le lien étroit existant entre Eucharistie et Sacerdoce dans la Lettre aux Prêtresque, précisément à l'occasion du Jeudi saint, je leur ai adressée. L'Eucharistie et le Sacerdoce sont "deux sacrements nés ensemble, dont le sort est indissolublement lié jusqu'à la fin du monde" (n. 3).

3. Chers frères dans l'Episcopat et dans le Sacerdoce, je vous salue tous avec affection, et je vous remercie de votre présence nombreuse et de votre pieuse participation. Dans quelques instants, nous renouvellerons les promesses sacerdotales, en rendant grâce à Dieu pour le don de notre Sacerdoce. Nous répéterons, dans le même temps, la ferme intention d'être des images toujours plus fidèles du Christ, le Prêtre suprême. Lui, le Bon Pasteur, nous appelle à suivre son exemple, et à offrir jour après jour notre vie pour le salut du troupeau qu'il a confié à nos soins.

Comme ne pas revenir, avec des pensées pleines d'émotion, à l'enthousiasme du premier "oui", prononcé le jour de l'Ordination sacerdotale? "Me voici!". Nous avons répondu à Celui qui nous appelait à travailler pour son Royaume. "Me voici!". Nous devons le répéter chaque jour, conscients d'avoir été envoyés pour servir, à titre spécial, la communauté des rachetés in persona Christi.

1160 Le "don et mystère" que nous avons reçu est véritablement extraordinaire. L'expérience quotidienne nous enseigne qu'il doit être conservé, grâce à une adhésion indéfectible au Christ, alimentée par une prière constante. Le peuple chrétien désire tout d'abord nous voir comme des "hommes de prière". Ceux qui nous rencontrent doivent pouvoir ressentir à travers nos paroles et nos comportements l'amour fidèle et miséricordieux de Dieu.

4. Chers frères et soeurs! La Messe chrismale d'aujourd'hui voit, dans chaque diocèse, le peuple chrétien réuni autour de son Evêque et du presbyterium tout entier. Il s'agit d'une célébration solennelle et significative, au cours de laquelle sont bénis le saint Chrême et les huiles des malades et des catéchumènes. Ce rite invite à contempler le Christ, qui a assumé notre fragilité humaine et en a fait un instrument de salut universel. A son image, chaque croyant, rempli par l'onction de l'Esprit Saint, est "consacré" pour devenir une offrande agréable à Dieu.

Que la Vierge Marie, Mère du Christ Prêtre suprême, qui a intimement collaboré à l'oeuvre de la rédemption, nous aide, nous qui sommes prêtres, à reproduire toujours plus fidèlement, dans notre existence et notre service ecclésial, l'image de son fils Jésus. Puisse-t-elle rendre tous les chrétiens toujours plus conscients de la vocation à laquelle chacun est appelé, afin que l'Eglise, nourrie par la Parole et sanctifiée par les sacrements, continue à accomplir pleinement sa mission dans le monde.

8 avril 2004, Messe de la Cène du Seigneur

1. "Il les aima jusqu'à la fin" (
Jn 3,1).

Avant de célébrer la dernière Pâque avec les disciples, Jésus leur lava les pieds. A travers un geste qui revenait habituellement au serviteur, il voulut imprimer dans l'esprit des Apôtres le sens de ce qui devait se produire peu après.

En effet, la passion et la mort constituent le service d'amour fondamental grâce auquel le Fils de Dieu a libéré l'humanité du péché. Dans le même temps, la passion et la mort du Christ révèlent le sens profond du nouveau commandement qu'Il a confié aux Apôtres: "Vous aimer les uns les autres; comme je vous ai aimés" (Jn 13,34).

2. "Faites ceci en mémoire de moi" (1Co 11,24 1Co 11,25) - dit-il à deux reprises, en distribuant le pain devenu son Corps et le vin devenu son Sang. "Car c'est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j'ai fait pour vous" (Jn 13,15) - avait-il recommandé peu auparavant, après avoir lavé les pieds aux Apôtres. Les chrétiens savent donc qu'ils doivent "faire mémoire" de leur Maître en se rendant réciproquement le service de la charité: "se laver les pieds mutuellement". Il savent, en particulier, qu'ils doivent rappeler Jésus en répétant le "mémorial" de la Cène avec le pain et le vin consacrés par le ministre qui répète sur eux les paroles alors prononcées par le Christ.

C'est ce que la communauté chrétienne a commencé à faire dès les débuts, comme nous avons entendu Paul l'attester: "Chaque fois en effet que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne" (1Co 11,26).

3. L'Eucharistie est donc un mémorial au sens plénier: le Pain et le Vin, par l'action de l'Esprit Saint, deviennent réellement le Corps et le Sang du Christ, qui se donne pour être nourriture de l'homme au cours de son chemin sur terre. La même logique d'amour préside à l'incarnation du Verbe dans le sein de Marie et à sa présence dans l'Eucharistie. C'est l'agape, la caritas, l'amour dans son sens le plus beau et le plus pur. Jésus a demandé avec insistance à ses disciples de demeurer dans son amour (cf. Jn 15,9).

Afin de rester fidèle à cette consigne, afin de rester en Lui comme des sarments unis à la vigne, afin d'aimer comme Il a aimé, il est nécessaire de se nourrir de son Corps et de son Sang. En disant aux Apôtres: "Faites ceci en mémoire de moi", le Seigneur a lié l'Eglise au mémorial vivant de sa Pâque. Bien qu'étant l'unique prêtre de la Nouvelle Alliance, il a voulu avoir besoin d'hommes qui, consacrés par l'Esprit Saint, agissent en union intime avec sa Personne en distribuant la nourriture de la vie.

1161 4. C'est pourquoi, alors que nous fixons notre regard sur le Christ qui institue l'Eucharistie, nous prenons à nouveau conscience de l'importance des prêtres dans l'Eglise et de leur lien avec le Sacrement eucharistique. Dans la Lettre que j'ai écrite aux Prêtres pour ce jour saint, j'ai voulu répéter que le Sacrement de l'autel est don et mystère, que le Sacerdoce est don et mystère, tous deux étant né du Coeur du Christ au cours de la dernière Cène.

Seule une Eglise aimant l'Eucharistie engendre, à son tour, de nombreuses et saintes vocations sacerdotales. Et elle le fait à travers la prière et le témoignage de la sainteté, offert en particulier aux nouvelles générations.

5. A l'école de Marie, "femme eucharistique", nous adorons Jésus véritablement présent dans les humbles signes du pain et du vin. Nous le supplions afin qu'il ne cesse d'appeler au service de l'autel des prêtres selon son coeur.

Nous demandons au Seigneur que ne manque jamais au Peuple de Dieu le Pain pour le soutenir au cours de son pèlerinage terrestre. Que la Vierge Sainte nous aide à redécouvrir avec émerveillement que toute la vie chrétienne est liée au mysterium fidei, que nous célébrons solennellement ce soir.





10 avril 2004, Veillée Pascale

1. "Ce sera pour eux, de génération en génération, une nuit de veille en l'honneur du Seigneur" (
Ex 12,42).

Au cours de cette nuit très sainte, nous célébrons la Veillée pascale, la première veillée, plus encore la "mère" de toutes les veillées de l'année liturgique. Comme l'évoque à plusieurs reprises le chant de l'Exsultet, la veillée pascale nous fait parcourir à nouveau le cheminement de l'humanité, depuis la création jusqu'à l'événement culminant du salut, qui est la mort et la résurrection du Christ.

La lumière de Celui qui est "ressuscité d'entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité" (1Co 15,20), rend "lumineuse comme le jour" (cf. Ps Ps 138 [139],12) cette nuit mémorable, considérée à juste titre comme le "coeur" de l'année liturgique. Au cours de cette nuit, l'Église tout entière veille et revit en les méditant les étapes importantes de l'intervention salvifique de Dieu dans l'univers.

2. "Une nuit de veille en l'honneur du Seigneur". La signification de cette Veillée pascale solennelle est double, comportant de riches symboles et une abondance extraordinaire de textes bibliques. D'une part, cette veillée est la mémoire priante des mirabilia Dei (merveilles de Dieu) par l'évocation de pages capitales des Saintes Écritures, depuis la création jusqu'à la promesse de la nouvelle Alliance, en passant par le sacrifice d'Isaac et la traversée de la Mer Rouge.

D'autre part, cette veillée exprime de manière suggestive l'attente confiante du plein accomplissement des anciennes promesses. La mémoire de l'action de Dieu culmine dans la résurrection du Christ et s'oriente vers l'événement eschatologique de la parousie. En cette nuit pascale, nous entrevoyons donc l'aube du jour qui n'a pas de fin, le jour du Christ ressuscité, qui inaugure la vie nouvelle, "un ciel nouveau et une terre nouvelle" (2P 3,13 cf. Is Is 65,17 Is 66,22 Ap 21,1).

3. Depuis les origines, la communauté chrétienne a placé la célébration du Baptême dans le cadre de la Veillée de Pâques. En cette nuit, ici aussi, des catéchumènes, immergés avec Jésus dans sa mort, ressusciteront avec Lui à la vie immortelle. De cette façon, se renouvelle le prodige de la nouvelle et mystérieuse naissance spirituelle, réalisée par l'Esprit Saint, qui incorpore les nouveaux baptisés au peuple de l'Alliance nouvelle et définitive, scellée par la mort et la résurrection du Christ.

1162 À chacun d'entre vous, chers Frères et Soeurs qui vous apprêtez à recevoir les sacrements de l'initiation chrétienne, j'adresse un salut affectueux. Vous venez de l'Italie, du Togo et du Japon: vos origines rendent manifestes l'universalité de l'appel au salut et la gratuité du don de la foi. Je salue aussi vos proches, vos amis et toutes les personnes qui ont accompagné votre préparation.

Par le Baptême, vous ferez partie de l'Église, qui est un grand peuple en marche, sans frontières de races, de langues, de cultures; un peuple appelé à la foi depuis Abraham et destiné à devenir une bénédiction au milieu de toutes les nations de la terre (cf.
Gn 12,1-3). Soyez fidèles à Celui qui vous a choisis et confiez-Lui, dans une démarche généreuse, votre existence tout entière.

4. En union avec ceux qui seront baptisés dans quelques instants, nous sommes tous invités par la liturgie à renouveler les promesses de notre Baptême. Le Seigneur nous demande de lui exprimer à nouveau notre pleine docilité et de notre dévouement total au service de son Évangile.

Chers Frères et Soeurs ! Si parfois cette mission peut vous paraître bien difficile, rappelez-vous les paroles du Ressuscité: "Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde" (Mt 28,20). Assurés de sa présence, vous ne craindrez alors aucune difficulté et aucun obstacle. Sa Parole vous éclairera; son Corps et son Sang seront nourriture et soutien sur votre route quotidienne vers l'éternité.

Marie sera toujours à vos côtés, comme elle fut présente aux côtés des Apôtres effrayés et dispersés à l'heure de l'épreuve. Et, avec sa foi, elle vous indiquera, au-delà de la nuit du monde, l'aurore glorieuse de la résurrection. Amen.

25 avril 2004, Béatification de 6 Serviteurs de Dieu

Troisième dimanche de Pâques
25 avril 2004
1. "Ils savaient que c'était le Seigneur" (cf. Jn 21,12): c'est ainsi que l'évangéliste Jean exprime la réaction de joie des disciples lorsqu'ils reconnurent le Seigneur ressuscité. Jésus se manifeste à eux après une nuit de travail dur et infructueux sur le lac de Tibériade. Confiants dans sa parole, ces derniers jettent leurs filets dans l'eau et ramènent sur la rive une "grande quantité de poissons" (cf. Jn 21,6).


Comme les apôtres, nous restons nous aussi stupéfaits face à la richesse des merveilles que Dieu accomplit dans le coeur de ceux qui croient en lui. Au cours de la célébration eucharistique d'aujourd'hui, nous contemplons ce qu'Il a réalisé chez six nouveaux bienheureux: le prêtre August Czartoryski; quatre religieuses: Laura Montoya, María Guadalupe García Zavala, Nemesia Valle, Eusebia Palomino Yenes; une laïque, Alexandrina Maria da Costa. Ce sont des exemples éloquents de la façon dont le Seigneur transforme l'existence des croyants, lorsqu'ils ont confiance en Lui.

2. "Que tes demeures sont désirables, Yahvé Sabaot! Mon âme soupire et languit, après les parvis de Yahvé... Mieux vaut un jour en tes parvis que mille à ma guise" (Ps 84/83, 2.11). Telles sont les paroles du Psaume que le bienheureux August Czartoryski a retranscrites comme devise de vie sur l'image pieuse de sa première Messe. Dans celles-ci est contenue la réponse d'un homme qui, suivant la voix de l'appel, découvre la beauté du ministère sacerdotal. Dans celles-ci retentit l'écho des divers choix que doit effectuer quiconque découvre la volonté de Dieu et désire l'accomplir. August Czartoryski, jeune prince, a élaboré une méthode efficace de discernement des desseins divins. Il présentait à Dieu dans la prière toutes les questions et les perplexités de fond, puis, dans un esprit d'obéissance, il suivait les conseils de ses guides spirituels. C'est ainsi qu'il a compris sa vocation à entreprendre une vie pauvre pour servir les plus petits. La même méthode lui a permis, au cours de toute sa vie, d'accomplir des choix tels, que nous pouvons aujourd'hui dire qu'il a réalisé de manière héroïque les desseins de la Providence Divine.

1163 Je désire en particulier proposer l'exemple de sa sainteté aux jeunes, qui cherchent aujourd'hui la façon de déchiffrer la volonté de Dieu concernant leur vie et qui désirent chaque jour marcher fidèlement en suivant la Parole divine. Mes chers jeunes amis, apprenez du bienheureux August à demander ardemment dans la prière la lumière de l'Esprit Saint et des guides sages, afin de pouvoir connaître le dessein divin de votre vie et d'être capables de toujours marcher sur la voie de la sainteté.

3. "Or, le matin déjà venu, Jésus se tint sur le rivage; pourtant les disciples ne savaient pas que c'était Jésus" (
Jn 21,4). Il existe la possibilité que l'homme ne connaisse pas le Seigneur, malgré ses multiples manifestations au cours de l'histoire. Mère Laura Montoya, constatant que de nombreuses populations autochtones, loin des centres urbains, vivaient sans connaître Dieu, décida de fonder la Congrégation des Missionnaires de Marie Immaculée et de Sainte-Catherine de Sienne, afin d'apporter la lumière de l'Evangile aux habitants des forêts.

Cette bienheureuse colombienne se sentit la mère spirituelle des autochtones, auxquels elle désira révéler l'amour de Dieu. Son époque ne fut pas une période facile, car les tensions sociales ensanglantaient également sa noble patrie. En nous inspirant de son message pacificateur, nous lui demandons aujourd'hui que la bien-aimée Colombie puisse jouir au plus tôt de la paix, de la justice et du progrès intégral.

4. Dans l'Evangile, nous avons écouté la triple question de Jésus à Pierre: "M'aimes-tu?".Le Christ adresse cette même question aux hommes et aux femmes de chaque époque. Les chrétiens doivent répondre avec fermeté et promptitude aux projets qu'Il possède pour chacun de nous. C'est ce qui se produisit dans la vie de la bienheureuse Guadalupe García Zavala, mexicaine, qui renonça au mariage et se consacra au service des plus pauvres, des indigents et des malades, et qui fonda dans ce but la Congrégation des Servantes de Sainte-Marguerite Marie et des Pauvres.

Avec une foi profonde, une espérance sans fin et un grand amour pour le Christ, Mère Lupita rechercha sa propre sanctification à travers l'amour pour le Coeur de Jésus et la fidélité à l'Eglise. C'est de cette façon qu'elle vécut la devise qu'elle laissa à ses filles: "La charité jusqu'au sacrifice et la constance jusqu'à la mort".

5. "Manifester l'amour de Dieu aux petits, aux pauvres, à chaque homme, en chaque lieu de la terre": tel a été l'engagement de la bienheureuse Nemesia Valle au cours de toute son existence. C'est cet enseignement qu'elle laisse en particulier à ses consoeurs, les Soeurs de la Charité de Sainte Jeanne-Antide Thouret, ainsi qu'aux fidèles de l'archidiocèse de Turin. Elle est l'exemple d'une sainteté lumineuse, tendue vers les hauts sommets de la perfection évangélique, et qui se traduit à travers les gestes simples de la vie quotidienne entièrement consacrée à Dieu.

La nouvelle bienheureuse continue à nous répéter à tous: "La sainteté ne consiste pas à accomplir beaucoup de choses ou à accomplir de grandes choses... le saint est celui qui se prodigue à sa propre place chaque jour, pour le Seigneur".

6. Le Seigneur dit à Pierre de manière ferme et catégorique: "Suis-moi".Soeur Eusebia Palomino, des Filles de Marie Auxiliatrice, entendit elle aussi un jour l'appel de Dieu et elle y répondit à travers une intense spiritualité et une profonde humilité dans sa vie quotidienne. En bonne salésienne, elle était animée par l'amour pour l'Eucharistie et la Vierge. Pour elle, l'important était d'aimer et de servir; le reste ne comp-tait pas, fidèle à la maxime salésienne du "da mihi animas, caetera tolle".

Par la radicalité et la cohérence de ses choix, Soeur Eusebia Palomino Yenes trace un chemin de sainteté fascinant et exigeant pour nous tous et en particulier pour les jeunes de notre époque.

7. "M'aimes-tu?" - demande Jésus à Simon-Pierre. Celui-ci répond: "Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime". La vie de la bienheureuse Alexandrina Maria da Costa peut se résumer dans ce dialogue d'amour. Touchée et enflammée par ce désir d'amour, elle ne voulut jamais rien refuser à son Sauveur: possédant une grande volonté, elle accepta tout pour montrer qu'elle l'aimait. Epouse de sang, elle revécut de façon mystique la passion du Christ et s'offrit elle-même comme victime pour les pécheurs, recevant la force de l'Eucharistie qui devint l'unique nourriture des treize dernières années de sa vie.

Dans le sillage de la bienheureuse Alexandrina, exprimé dans les trois mots "souffrir, aimer, racheter", les chrétiens peuvent trouver un encouragement et une motivation pour ennoblir tout ce que la vie possède de douloureux et de triste comme plus grande preuve d'amour: sacrifier sa vie pour ceux qu'on aime.

1164 8. "Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime" (Jn 21,15). Comme Pierre, comme les Apôtres sur les rives du lac de Tibériade, ces nouveaux bienheureux ont eux aussi repris, en allant jusqu'à ses conséquences les plus extrêmes, cette profession de foi et d'amour simple mais incisive. L'amour pour le Christ est le secret de la sainteté!

Très chers frères et soeurs, suivons l'exemple de ces bienheureux! Comme eux, offrons un témoignage cohérent de foi et d'amour dans la présence vivante et agissante du Christ Ressuscité!





2 mai 2004, Ordination sacerdotales

IV Dimanche de Pâques, 2 mai 2004



1. "Le Bon Pasteur, qui a donné sa vie pour ses brebis est ressuscité... Alleluia" (Antienne de communion).

La liturgie nous invite aujourd'hui à tourner notre regard vers le Christ Bon Pasteur. Agnus redemit oves, chante la Séquence de Pâques: "L'Agneau a racheté son troupeau". Le Fils unique du Père, le Bon Pasteur de l'humanité, mort sur la Croix est ressuscité le troisième jour.

Telle est la Bonne Nouvelle que les Apôtres ont apportée à toutes les nations, en commençant par Jérusalem, animés par la puissance de l'Esprit Saint (cf. Lc 24,47-49). Telle est l'heureuse annonce qui continue à retentir, au début du troisième millénaire. C'est dans le regard plein de compassion du Christ, Bon Pasteur ressuscité, que trouvent leur origine dans l'Eglise le don et le mystère de la vocation au ministère pastoral.

2. Très chers diacres, qui serez ordonnés prêtres dans quelques instants, c'est de ce même regard d'amour qu'est né votre appel au sacerdoce. Je vous accueille avec affection et je vous salue un par un. Je salue le Cardinal-Vicaire, le Vice-gérant, et les membres du Conseil épiscopal diocésain. Je salue les Recteurs et les Supérieurs du Grand séminaire pontifical romain, du Séminaire diocésain Redemptoris Mater, de l'"Almo Collegio Capranica" et des Oblats Fils de la Madone du Divin Amour, qui ont pris soin de votre formation. Je salue le Cardinal Andrzej Maria Deskur et les éducateurs de la "Fraternité sacerdotale des Fils de la Croix", de même que je salue et que je remercie les Supérieurs et les éducateurs de l'Institut pontifical des Missions étrangères.

Je désire exprimer ma vive reconnaissance à vos familles, aux prêtres qui ont assuré votre formation et la croissance de votre foi et à ceux qui, avec vos communautés paroissiales et dans le cadre de vos réalités ecclésiales d'origine, vous ont aidés à découvrir le "don et mystère" de votre vocation, et à dire "oui" à l'appel du Seigneur.

3. Vous devenez prêtres à une époque où, également ici à Rome, de forts courants culturels semblent vouloir faire oublier Dieu, en particulier aux jeunes et aux familles. Mais n'ayez pas peur: Dieu sera toujours avec vous! Grâce à son aide, vous pourrez parcourir les routes qui conduisent au coeur de chaque homme et lui annoncer que le Bon Pasteur a donné sa vie pour lui et désire qu'il participe à son mystère d'amour et de salut. Pour mener à bien cette oeuvre si nécessaire, il faut cependant que Jésus soit toujours le centre de votre vie et que vous restiez en union intime avec Lui, à travers la prière, la méditation personnelle quotidienne, la fidélité à la Liturgie des heures et, surtout, la pieuse et quotidienne célébration de l'Eucharistie. Si vous êtes emplis de Dieu, vous serez les véritables apôtres de la nouvelle évangélisation, car personne ne peut donner ce qu'il ne porte pas dans son coeur.

Que Marie, la douce Mère du Bon Pasteur, envers laquelle je vous invite à nourrir toujours une dévotion filiale, vous accompagne et veille constamment sur vous. Amen.



1165 16 mai 2004, Canonisation de 6 Bienheureux

VI Dimanche de Pâques, 16 mai 2004



1. "C'est ma paix que je vous donne" (
Jn 14,27). Au cours du temps pascal, nous entendons souvent cette promesse de Jésus à ses disciples. La paix véritable est le fruit de la victoire du Christ sur le pouvoir du mal, du péché et de la mort. Ceux qui le suivent fidèlement deviennent les témoins et les artisans de sa paix.

Sous cette lumière, j'ai plaisir à contempler les six nouveaux saints, que l'Eglise présente aujourd'hui à la vénération universelle: Luigi Orione, Hannibal Marie di Francia, Josep Manyanet y Vives, Nimatullah Kassab Al-Hardini, Paola Elisabetta Cerioli, Gianna Beretta Molla.

2. "Ces hommes qui ont voué leur vie au nom de notre Seigneur Jésus Christ" (Ac 15,26). Ces paroles des Actes des Apôtres peuvent tout à fait s'appliquer à saint Luigi Orione, homme entièrement voué à la cause du Christ et de son Royaume. Des souffrances physiques et morales, des épreuves, des difficultés, des incompréhensions et des obstacles en tous genres ont marqué son ministère apostolique. "On aime et on sert le Christ, l'Eglise, les âmes - disait-il - si l'on est en croix et crucifié ou bien on ne les aime pas et on ne les sert pas du tout" (Ecrits, 68, 81).

Le coeur de ce stratège de la charité fut "sans frontières, car il était dilaté par la charité du Christ" (ibid., 102, 32). La passion pour le Christ fut l'âme de sa vie audacieuse, l'impulsion intérieure d'un altruisme sans réserve, la source toujours fraîche d'une inébranlable espérance.

Cet humble fils d'un paveur proclame que "seule la charité sauvera le monde" (ibid, 62, 13) et il répète à tous que "la joie parfaite ne peut se trouver que dans le parfait dévouement de soi- même à Dieu et aux hommes, à tous les hommes" (ibid.).

3. "Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole" (Jn 14,23). Dans ces paroles évangéliques nous voyons se dessiner le profil spirituel d'Annibale Maria di Francia, que l'amour pour le Seigneur poussa à consacrer son existence tout entière au bien spirituel de son prochain. Dans cette perspective, il ressentit en particulier l'urgence de réaliser le commandement évangélique: "Rogate ergo... - Priez donc le Maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson" (Mt 9,38).

Il laissa aux Pères Rogationnistes et aux Soeurs Filles du Divin Zèle la tâche de se consacrer de toutes leurs forces à ce que la prière pour les vocations soit "incessante et universelle". C'est cette même invitation que le Père Annibale Maria Di Francia adresse aux jeunes de notre temps, en la résumant dans sa célèbre exhortation: "Tombez amoureux de Jésus Christ".

De cette intuition providentielle est né dans l'Eglise un grand mouvement de prière pour les vocations. Je souhaite de tout coeur que l'exemple du Père Annibale Maria Di Francia guide et soutienne cette action pastorale également à notre époque.

4. "Mais le Paraclet, l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit" (Jn 14,26). Depuis le début, le Paraclet a suscité des hommes et des femmes qui ont rappelé et diffusé la vérité révélée par Jésus. L'un d'entre eux fut Saint Josep Manyanet y Vives, véritable apôtre de la famille. S'inspirant de l'école de Nazareth, il réalisa son projet de sainteté personnelle et se consacra, avec un dévouement héroïque, à la mission que l'Esprit lui avait confiée. Il fonda à cette intention deux Congrégations religieuses. Un symbole visible de son aspiration apostolique est également la cathédrale de la "Sagrada Familia" à Barcelone.

1166 Que saint José Manyanet bénisse toutes les familles et vous aide à apporter les exemples de la Sainte Famille dans vos foyers!

5. Homme de prière, amoureux de l'Eucharistie qu'il aimait adorer longuement, saint Nimatullah Kassab Al-Hardini est un exemple pour les moines de l'Ordre libanais maronite comme pour ses frères libanais et pour tous les chrétiens du monde. Il s'est donné totalement au Seigneur dans une vie de grand renoncement, montrant que l'amour de Dieu est la seule véritable source de joie et de bonheur pour l'homme. Il s'est attaché à chercher et à suivre le Christ, son Maître et Seigneur.

Accueillant à ses frères, il a soulagé et guéri beaucoup de blessures dans les coeurs de ses contemporains, leur témoignant la miséricorde de Dieu. Puisse son exemple éclairer notre route, susciter chez les jeunes en particulier un vrai désir de Dieu et de la sainteté, pour annoncer à notre monde la lumière de l'Evangile!

6. "L'ange... me montra la Cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel" (
Ap 21,10). L'image splendide proposée par l'Apocalypse de Jean exalte la beauté et la fécondité spirituelle de l'Eglise, la nouvelle Jérusalem. Paola Elisabetta Cerioli, dont l'existence porta d'abondants fruits de biens, est un témoin singulier de cette fécondité spirituelle.

En contemplant la Sainte Famille, Paola Elisabetta eut l'intuition que les communautés familiales réussissent à rester solides lorsque les liens de parenté sont renforcés et cimentés par le partage des valeurs de la foi et de la culture chrétienne. Afin de diffuser ces valeurs, la nouvelle sainte fonda l'Institut de la Sainte-Famille. En effet, elle était convaincue que les enfants ont besoin d'une famille saine et unie, généreuse et stable pour grandir sûrs et forts. Que Dieu aide les familles chrétiennes à accueillir et à témoigner en toute circonstance l'amour de Dieu miséricordieux.

7. Gianna Beretta Molla fut une simple messagère de l'amour divin, mais elle le fut de façon profondément significative. Quelques jours avant son mariage, dans une lettre à son futur mari, elle écrivait: "L'amour est le plus beau sentiment que le Seigneur ait placé dans l'âme des hommes".

A l'exemple du Christ, qui "ayant aimé les siens... les aima jusqu'à la fin" (Jn 13,1), cette sainte mère de famille resta héroïquement fidèle à l'engagement pris le jour de son mariage. Le sacrifice extrême qui scella sa vie, témoigne que seul celui qui a le courage de se donner totalement à Dieu et à ses frères se réalise lui-même.

Puisse notre époque redécouvrir, à travers l'exemple de Gianna Beretta Molla, la beauté pure, chaste et féconde de l'amour conjugal, vécu comme une réponse à l'appel divin!

8. "Que votre coeur ne se trouble ni ne s'effraie" (Jn 14,28). Les existences terrestres de ces six nouveaux saints nous poussent à persévérer sur notre propre voie, en nous en remettant à l'aide de Dieu et à la protection maternelle de Marie. Du ciel, puissent-ils à présent veiller sur nous et nous soutenir à travers leur puissante intercession.



29 mai 2004, Veillée de la solennité de la Pentecôte et Premières Vêpres

Samedi 29 mai 2004
1167 1. Veni, creator Spiritus!

En la solennité de Pentecôte, ce chant s'élève de façon unanime de toute les parties de l'Eglise: Veni, creator Spiritus! Le Corps mystique du Christ, présent sur toute la terre, invoque l'Esprit dont il tire la vie, le Souffle vital qui anime son être et son action.

Les antiennes des Psaumes viennent de nous rappeler quelle fut l'expérience des disciples au Cénacle: "A l'accomplissement de la Pentecôte, cinquante jours après Pâques, tous étaient réunis" (1 ant.); "Des langues de feu sur chacun des Apôtres: l'Esprit de Dieu apparaissait dans le monde" (2 ant.).

Réunis sur cette Place, devenue un grand Cénacle, nous revivons nous aussi cette même expérience spirituelle. Et comme nous, d'innombrables communautés diocésaines et paroissiales, associations, mouvements et groupes, dans toutes les partie du monde, élèvent vers le Ciel l'invocation commune: Viens, Esprit Saint!

2. Je salue Messieurs les Cardinaux et les autres prélats et prêtres présents. Je vous salue tous, très chers frères et soeurs, qui avez voulu prendre part à cette célébration suggestive.

J'adresse à présent une pensée aux nombreux jeunes qui de Lednica, en Pologne, sont unis à nous à travers la radio et la télévision.

De la Place Saint-Pierre, j'adresse mon salut cordial aux jeunes rassemblés pour la veillée de prière à Lednica. Je prie avec vous, mes chers amis, pour le don de l'Esprit Saint. Que le Paraclet, l'Esprit de vérité vous comble de l'amour du Christ, à qui vous confiez votre avenir. Je vous bénis de tout coeur.

3. Je salue de façon particulière les membres du Renouveau dans l'Esprit, l'une des diverses expressions de la grande famille du mouvement charismatique catholique. Grâce au mouvement charismatique, de nombreux chrétiens, hommes et femmes, jeunes et adultes, ont redécouvert la Pentecôte comme réalité vivante et présente dans leur existence quotidienne. Je souhaite que la spiritualité de la Pentecôte se diffuse dans l'Eglise, comme un élan renouvelé de prière, de sainteté, de communion et d'annonce.

J'encourage à ce propos l'initiative dite du "Buisson Ardent", promue par le Renouveau dans l'Esprit. Il s'agit d'une adoration incessante, jour et nuit, devant le Très Saint Sacrement; une invitation aux fidèles à "revenir au Cénacle" afin que, unis dans la contemplation du Mystère eucharistique, ils intercèdent pour la pleine unité des chrétiens et pour conversion des pécheurs. Je souhaite de tout coeur que cette initiative conduise un grand nombre de personnes à redécouvrir les dons de l'Esprit, qui trouvent leur source vive dans la Pentecôte.

4. Très chers frères et soeurs! La célébration de ce soir me rappelle à l'Esprit la mémorable rencontre avec les mouvements ecclésiaux et les Communautés nouvelles lors de la veillée de Pentecôte, il y a six ans. Ce fut une extraordinaire épiphanie de l'unité de l'Eglise, dans la richesse et la variété des charismes, que l'Esprit Saint accorde en abondance. Je répète aujourd'hui avec force ce que j'ai pu observer à cette occasion: les mouvements ecclésiaux et les Communautés nouvelles sont une "réponse providentielle", "suscitée par l'Esprit Saint", à la demande actuelle de nouvelle évangélisation, pour laquelle sont nécessaires des "personnalités chrétiennes mûres" et des "communautés chrétiennes vivantes" (cf. Insegnamenti XXI, 1 [1998], p. 1123).

C'est pourquoi, je vous dis à vous aussi: "Ouvrez-vous avec docilité aux dons de l'Esprit! Accueillez avec gratitude et obéissance les charismes que l'Esprit ne cesse de répandre! N'oubliez pas que chaque charisme est donné pour le bien commun, c'est-à-dire pour le bénéfice de toute l'Eglise" (ibid., p. 1122).

1168 5. Veni, Sancte Spiritus!

Parmi nous, les mains levées, se trouve la Vierge en prière, Mère du Christ et de l'Eglise.

Avec Elle, nous implorons et nous accueillons le don de l'Esprit Saint, lumière de vérité, force de paix authentique. Nous le faisons avec les paroles de l'Antienne au Magnificat, que nous chanterons dans quelques instants:

"Viens Esprit Saint, / remplis le coeur de tes fidèles, / et allume en eux le feu de ton amour: / toi qui dans la variété des langues humaines / rassembles les peuples dans l'unique foi, alleluia".

Sancte Spiritus, veni!




Homélies St Jean-Paul II 16103