Homélies St Jean-Paul II 682

682 Chers frères et soeurs, cet «aujourd'hui» est important, il constitue comme une sollicitation. Dans la vie, il existe des questions tellement importantes et tellement urgentes qu'elles ne peuvent pas être renvoyées ni laissées pour le lendemain. Elles doivent être affrontées aujourd'hui même. Le Psalmiste s'exclame: «Aujourd'hui si vous écoutiez sa voix! N'endurcissez pas vos coeurs» (Ps 94 [95], 8). «L'appel des humbles» (Jb 34,28) du monde entier s'élève sans cesse de cette terre et par- vient à Dieu. C'est le cri des enfants, des femmes, des personnes âgées, des réfugiés, de ceux qui ont subi un tort, des victimes de la guerre, des chômeurs. Les pauvres sont également parmi nous: les sans-abris, les mendiants, les affamés, les méprisés, ceux qui sont oubliés par leurs proches et par la société, les exclus et les humiliés, les victimes de divers vices. Un grand nombre d'entre eux tentent même de cacher leur misère humaine, mais il faut savoir les reconnaître. Il y a également les personnes qui souffrent dans les hôpitaux, les enfants orphelins et les jeunes qui font l'expérience des difficultés et des problèmes de leur âge.

«Il y a des situations persistantes de misère qui ne peuvent pas ne pas secouer la conscience du chrétien et lui rappeler le devoir d'y faire face d'urgence, de manière personnelle ou communautaire. [...] Aujourd'hui encore s'ouvrent devant nous de vastes espaces dans lesquels la charité de Dieu doit se faire présente par l'Oeuvre des chrétiens», comme je l'ai écrit dans le dernier Message pour le Carême (cf. ORLF n. 3, du 19 janvier 1999). L'«aujourd'hui» du Christ devrait donc retentir avec toute sa force dans chaque coeur et le rendre sensible aux oeuvres de miséricorde. «La plainte et l'appel des humbles» exige une réponse concrète et généreuse de notre part. Elle exige la disponibilité à servir le prochain. Nous sommes invités par le Christ. Nous sommes constamment appelés. Chacun de façon différente. En effet, en divers lieux l'homme souffre et appelle l'homme. Il a besoin de sa présence, de son aide. Combien est importante cette présence du coeur humain et de la solidarité humaine!

N'endurcissons pas nos coeurs lorsque nous entendons «l'appel des hum- bles». Cherchons à entendre ce cri. Cherchons à agir et à vivre de façon à ce que dans notre patrie ne fasse défaut à personne un toit sur la tête et du pain sur la table; que personne ne se sente seul, abandonné. Par cet appel, je m'adresse à tous mes compatriotes. Je connais tout ce qui est accompli en Pologne pour prévenir la misère et l'indigence qui se multiplient. A ce point, je désire souligner l'activité des sections de la Caritas de l'Eglise, diocésaines et paroissiales. Elles entreprennent en effet diverses initiatives, entre autres au cours de l'Avent et du Carême, en apportant ainsi de l'aide à des personnes seules et à des groupes sociaux entiers. Elles accomplissent également des activités de formation et d'éducation. Cette aide s'étend parfois au-delà des frontières de la Pologne. Récemment ont été créés de nombreux centres d'assistance sociale, hospices, cantines, centres caritatifs, maisons pour les mères seules, instituts pour l'enfance, garderies, centres de protection ou pour les handicapés. Il ne s'agit que de quelques exemples de cette immense oeuvre de bon samaritain. Je désire également souligner l'effort de l'Etat et des institutions privées, celui de personnes seules, ainsi que des volontaires qui y sont engagés. Il faut également citer les initiatives visant à remédier au phénomène préoccupant de la croissance de la pauvreté dans divers milieux et diverses régions. Il s'agit d'une contribution réelle et visible au développement de la civilisation de l'amour en terre polonaise.

Nous devons toujours nous rappeler que le développement économique du pays doit prendre en considération la grandeur de la dignité et de la vocation de l'homme qui «a été créé à l'image et ressemblance de Dieu» (cf. Gn 1,26). L'homme ne peut faire les frais du développement et du progrès économique, limitant ses exigences fondamentales. L'homme doit être le sujet du développement, c'est-à-dire le point de référence primordial. Le développement et le progrès économique ne peuvent pas être poursuivis à tout prix! Ils ne seraient pas dignes de l'homme (cf. Sollicitudo rei socialis, n. 27). L'Eglise d'aujourd'hui annonce et cherche à réaliser l'option préférentielle en faveur des pauvres. Il ne s'agit pas seulement ici d'un sentiment fugace, ou d'une action immédiate, mais d'une volonté réelle et persévérante d'agir en faveur du bien de ceux qui se trouvent dans le besoin et qui sont souvent privés d'espérance en un avenir meilleur.

4. «Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car le Royaume des cieux est à eux» (Mt 5,3).

Dès le début de son activité messianique, en parlant dans la synagogue de Nazareth, Jésus dit: «L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres» (Lc 4,18). Il considérait les pauvres comme les héritiers privilégiés du royaume. Cela signifie que seuls «ceux qui ont une âme de pauvre» sont en mesure de recevoir le Royaume de Dieu de tout leur coeur. La rencontre de Zachée avec Jésus montre qu'un homme riche peut lui aussi participer à la béatitude du Christ pour ceux qui ont une âme de pauvre.

Celui qui a une âme de pauvre est celui qui est disposé à utiliser avec générosité ses richesses en faveur des personnes dans le besoin. On voit ainsi qu'il n'est pas attaché à ces richesses. On voit qu'il comprend bien la finalité essentielle de celles-ci. En effet, les biens matériels existent pour servir aux autres, en particulier ceux qui sont dans le besoin. L'Eglise admet la propriété personnelle de ces biens, s'ils sont utilisés dans ce but.

Aujourd'hui, nous rappelons la reine sainte Edwige. Sa générosité envers les pauvres est célèbre. Bien qu'elle fût riche elle n'oubliait pas les indigents. Elle est pour nous un exemple et un modèle, elle représente la façon dont il faut vivre et mettre en pratique l'enseignement du Christ sur l'amour et sur la miséricorde et devenir semblable à celui qui, comme le dit saint Paul «pour nous s'est fait pauvre, de riche qu'il était, afin de nous enrichir par sa pauvreté» (cf. 2Co 8,9).

«Heureux ceux qui ont une âme de pauvre». Tel est le cri du Christ que chaque chrétien, chaque croyant devrait écouter aujourd'hui. Il y a tellement besoin d'hommes qui aient une âme de pauvre, c'est-à-dire ouverts à l'accueil de la vérité et de la grâce, ouverts aux grandes choses de Dieu; d'hommes au grand coeur qui ne se laissent pas subjuguer par la splendeur des richesses de ce monde et qui ne permettent pas qu'elles dominent leur coeur. Ils sont véritablement forts, car emplis de la richesse de la grâce de Dieu. Ils vivent en ayant conscience de recevoir de Dieu, sans cesse et sans fin.

«De l'argent et de l'or, je n'en ai pas, mais ce que j'ai, je te le donne: au nom de Jésus Christ, le Nazôréen, marche!» (Ac 3,6); les Apôtres Pierre et Jean répondent par ces paroles à la requête de l'impotent. Ils lui donnèrent le bien suprême qu'il pouvait désirer. Pauvres, ils donnèrent au pauvre la plus grande richesse: au nom du Christ, ils lui restituèrent la santé. Grâce à ce fait, ils confessèrent la vérité, ce qui est le rôle des confesseurs du Christ à travers les générations.

Ceux qui ont une âme de pauvre, sans posséder eux-mêmes de l'argent ou de l'or, ont, grâce au Christ, un pouvoir supérieur à ceux qui peuvent donner toutes les richesses du monde. Ces hommes sont réellement heureux, car c'est à eux qu'appartient le Royaume des cieux. Amen.

HOMÉLIE DU PAPE JEAN PAUL II

683 Jeudi 10 juin 1999, Siedlce



1. «Qui nous séparera de l'amour du Christ?» (
Rm 8,35).

Nous venons d'entendre les paroles de saint Paul, adressées aux chrétiens de Rome. Il s'agit d'un grand hymne de gratitude à Dieu pour son amour et sa bonté. Cet amour a trouvé son sommet et son expression la plus parfaite en Jésus-Christ. En effet, Dieu n'a pas même épargné son propre Fils, mais l'a donné pour nous, afin que nous ayons la vie éternelle (cf. Rm 8,32). Introduits dans le Christ au moyen du Baptême, nous sommes les fils élus et aimés de Dieu. Cette certitude devrait être pour nous un encouragement à persévérer dans la fidélité au Christ. Saint Paul entend cette fidélité comme une union avec le Christ dans l'amour.

Chers frères et soeurs, avec quelle éloquence retentissent ces paroles de l'Apôtre des Nations, sur la terre de Podlasie, qui a donné des témoins intrépides de l'Evangile du Christ. Le peuple de cette terre a offert pendant des siècles d'innombrables preuves de sa foi dans le Christ et d'attachement à son Eglise, en particulier face aux multiples expériences, aux persécutions cruelles et aux dures épreuves de l'histoire.

Je salue toutes les personnes présentes à cette Messe, tout le Peuple de Dieu de la Podlasie uni à son Pasteur, l'Evêque Jan Wiktor, les évêques émérites Jan et Waclaw et l'Evêque auxiliaire Henryk. Je me réjouis de la présence des cardinaux et des évêques de Biélorussie, du Kazakhstan, de la Russie et d'Ukraine. Je salue de tout mon coeur le Cardinal Kazimierz Swiatek. Je salue également les évêques de rite byzantin- ukrainien de Pologne et d'Ukraine. Je salue de façon particulière l'Archevêque métropolitain de Varsovie-Przemyoel, Jan Martyniak, l'Evêque élu de Wroclaw-Gdansk, Mgr Lubomyr Huzar, Evêque de Leopoli, avec les évêques ukrainiens, ainsi que les pèlerins venus avec lui. Je salue les prêtres, les personnes consacrées, les étudiants du grand Séminaire de Siedlce, ainsi que les représentants des mouvements catholiques, des associations de prière et apostoliques. Je salue les pèlerins venus de diverses parties de la Pologne, ainsi que ceux de la proche Biélorussie, de la Lituanie, de l'Ukraine et de la Russie.

En ce moment se ravive dans mon coeur le souvenir des rencontres précédentes avec l'Eglise de Siedlce, en particulier la commémoration du millénaire du Baptême de la Pologne en 1966 et du jubilé marquant le 150 e anniversaire du diocèse, lorsqu'il me fut donné de célébrer l'Eucharistie à Koden des Sapieha aux pieds de la Madone, Reine de Podlasie. Aujourd'hui, c'est avec joie que je me présente à vous et je rends grâce à la Divine Providence car il m'a été donné d'honorer les reliques des martyrs de Podlasie. Sur eux se sont accomplies de façon particulière les paroles de saint Paul de la liturgie d'aujourd'hui: «Ni mort ni vie [...] ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur» (Rm 8,38-39).

2. «Père saint, garde-les dans ton nom que tu m'as donné, pour qu'ils soient un comme nous» (Jn 17,11).

Le Christ prononça ces paroles la veille de sa passion et de sa mort. Dans un certain sens, il s'agit de son testa- ment. Depuis deux mille ans, l'Eglise avance dans l'histoire avec ce testament, avec cette prière pour l'unité. Il existe toutefois certaines périodes de l'histoire au cours desquelles la prière devient particulièrement actuelle. Nous vivons précisément l'une de ces périodes. Si le premier millénaire de l'histoire de l'Eglise fut marqué essentiellement par l'unité, depuis le début du second millénaire, sont apparues les divi- sions, survenues tout d'abord en Orient, et plus tard en Occident. Depuis presque dix siècles, le christianisme vit désuni.

Cela a trouvé et trouve une expression dans l'Eglise qui depuis mille ans, accomplit sa mission en terre polonaise. Au cours de la période de la première République, les larges territoires polonais, lituaniens et ruthéniens consti- tuaient une région dans laquelle les deux traditions, occidentale et orientale, coexistaient. Toutefois, les effets de la division qui, comme on le sait, survint entre Rome et Byzance à la moitié du XI e siècle, commencèrent peu à peu à se faire sentir. Petit à petit se développa également la conscience de la nécessité de reconstruire l'unité, en particulier suite au Concile de Florence, au XV e siècle. L'année 1596 est liée à l'événement historique de ce que l'on a appelé l'Union de Brest. Depuis ces temps-là, sur les territoires de la I e République, et de façon particulière sur les territoires orientaux, le nombre des diocèses et des paroisses de l'Eglise grecque-catholique augmenta. Tout en conservant la tradition orientale dans le domaine de la liturgie, de la discipline et de la langue, ces chrétiens demeurèrent unis au Siège apostolique. Le diocèse de Siedlce, où nous nous trouvons aujourd'hui, et de façon particulière la localité de Pratulin, est le lieu d'un témoignage particulier de ce processus historique. C'est ici, en effet, que furent martyrisés les confesseurs du Christ appartenant à l'Eglise grecque-catholique, le bienheureux Wincenty Lewoniuk et ses douze compagnons.

Il y a trois ans, lors de leur béatification sur la place Saint-Pierre, à Rome, j'ai dit qu'ils «ont témoigné d'une fidélité inébranlable au maître de la vigne. Ils ne l'ont pas déçu, et en restant unis au Christ, comme les sarments à la vigne, ils ont porté les fruits espérés de conversion et de sainteté. Ils ont persévéré, même au prix du sacrifice suprême. «[...] En tant que "serviteurs" fidèles du Seigneur, confiants dans sa grâce, ils témoignèrent de leur appartenance à l'Eglise catholique dans la fidélité à leur tradition orientale [...] A travers ce geste généreux, les martyrs de Pratulin défendirent non seulement le temple sacré devant lequel ils furent assassinés, mais également l'Eglise du Christ confiée à l'Apôtre Pierre, dont ils se sentaient des pierres vivantes» (Homélie lors de la béatification de seize serviteurs de Dieu, 6. 10. 1996, in O.R.L.F. n. 41 du 8 octobre 1996).

Les martyrs de Pratulin défendirent l'Eglise, qui est la vigne du Seigneur. Ils y demeurèrent fidèles jusqu'à la fin et ne cédèrent pas aux pressions du monde d'alors, qui les a haïs précisément pour cette raison. Dans leur vie et dans leur mort, s'est accomplie la requête du Christ exprimée dans la prière sacerdotale: «Je leur ai donné ta parole et le monde les a haïs [...] Je ne te prie pas de les enlever du monde, mais de les garder du Mauvais. [...] Sanctifie-les dans la vérité: ta parole est vérité. Comme tu m'as envoyé dans le monde moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu'ils soient eux aussi, sanctifiés dans la vérité» (Jn 17,14-15 Jn 17,17-19). Ils ont apporté le témoignage de leur fidélité au Christ dans sa sainte Eglise. Au sein du monde dans lequel ils vivaient, ils s'efforcèrent avec courage de vaincre, à travers la vérité et le bien, le mal qui s'étendait, et à travers l'amour, ils voulurent déraciner la haine qui faisait rage. Comme le Christ, qui pour eux s'offrit en sacrifice, pour les consacrer dans la vérité, - ainsi, eux aussi offrirent leur vie pour la fidélité à la vérité du Christ et pour la défense de l'unité de l'Eglise. Au moment critique, ces personnes simples, pères de famille, préférèrent subir la mort plutôt que de céder à des pressions qui s'opposaient à leur conscience. «Comme il est doux de mourir pour la foi», furent leurs dernières paroles.

684 Nous les remercions pour ce témoignage extraordinaire qui est devenu le patrimoine de toute l'Eglise qui est en Pologne pour le troisième millénaire qui s'approche. Ils ont apporté leur grande contribution à la construction de l'unité. Le cri du Christ adressé au Père: «Garde-les dans ton nom que tu m'as donné, pour qu'ils soient un, comme nous», ils l'ont accompli jusqu'à la fin, à travers le sacrifice généreux de leur vie. A travers leur mort, ils ont confirmé leur dévouement au Christ dans l'Eglise catholique de tradition orientale. C'est le même esprit qui a animé la multitude des fidèles de rite byzantin-ukrainien, évêques, prêtres et laïcs qui, au cours des quarante-cinq ans de persécutions, ont maintenu leur fidélité, en conservant leur identité ecclésiale. Dans ce témoignage, la fidélité au Christ se mêle à la fidélité à l'Eglise et devient service d'unité.

3. «Comme tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde» (cf.
Jn 17,18).

Les martyrs de Pratulin ont apporté au monde le témoignage de leur foi, en nous rappelant que le Christ appela et invita tous ses disciples, afin qu'ils traversent les siècles, qu'ils annoncent jus- qu'à la fin des temps l'avènement de son royaume. Cet appel universel à témoigner du Christ, le Concile Vatican II nous l'a rappelé de façon très claire dans le décret sur l'apostolat des laïcs: «C'est le Seigneur lui-même qui [...] presse à nouveau tous les laïcs à s'unir intimement à lui de jour en jour, et de prendre à coeur ses intérêts comme leur propre affaire [...] de s'associer à sa mission de Sauveur» (n. 33). Cette invi- tation de la part du Concile est particulièrement actuelle, notamment aujourd'hui, à l'approche du troisième millénaire. C'est le Christ qui la lance, vers la fin du XX e siècle, à travers la bouche des Pères conciliaires, non seulement aux évêques, aux prêtres, aux religieux et aux religieuses, mais à tous ses disciples. Aujourd'hui, en indiquant l'exemple des treize hommes de Pratulin, il nous l'adresse en particulier à nous.

Aujourd'hui, nous avons plus que jamais besoin d'un témoignage authentique de la foi, rendu de façon visible à travers la vie des disciples laïcs du Christ: des femmes et des hommes, des jeunes et des personnes âgées. Nous avons besoin d'un témoignage décisif de fidélité à l'Eglise et de responsabilité envers l'Eglise, qui apporte depuis vingt siècles à tous les peuples et à toutes les nations le salut, annonçant l'enseignement immuable de l'Evangile. L'humanité se trouve face à des difficultés de divers types, à des problèmes et à de violentes transformations; elle ressent de nombreuses fois des troubles et des déchirures dramatiques. Dans un tel monde, de nombreuses personnes, en particulier les jeunes, se sentent abandonnées et sont blessées. Certaines personnes sont victimes de sectes et de dé- viations religieuses, ou encore de manipulations de la vérité. D'autres succombent à d'autres formes d'esclavage. Des attitudes d'égoïsme, d'injustice et de manque de sensibilité se diffusent à l'égard des nécessités des autres.

C'est face à ces défis des temps modernes, et à tant d'autres, que se trouve l'Eglise. Elle veut apporter aux hommes une aide efficace et a donc besoin de l'engagement des fidèles laïcs qui, sous la direction de leurs pasteurs, doivent prendre une part active à sa mission salvifique.

Chers frères et soeurs, à travers le Saint Baptême, vous avez été introduits dans le Christ. Vous formez l'Eglise, son corps mystique. A travers vous, le Christ veut agir avec la puissance de son Esprit. A travers vous, Il veut «porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le retour à la vue». A travers vous, il veut «renvoyer en liberté les opprimés et proclamer une année de grâce du Seigneur» (cf. Lc 4,18-19). En tant que laïcs, fidèles à votre identité, vivant dans le monde, vous pouvez le transformer de façon active et efficace dans l'esprit de l'Evangile. Soyez le sel qui donne le goût chrétien à la vie. Soyez la lumière qui resplendit dans les ténèbres de l'indifférence et de l'égoïsme.

Dans la Lettre à Diognète, nous lisons: «Ce que l'âme est pour le corps, les chrétiens le sont pour le monde. L'âme est diffusée dans tous les membres du corps, ainsi les chrétiens sont présents dans toutes les villes du monde» (2, 6). La nouvelle évangélisation nous place face à de grands défis. Mon prédécesseur, le Pape Paul VI, écrivait dans l'Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi: «Le champ propre de leur activité évangélisatrice [des laïcs], c'est le monde vaste et compliqué de la poli- tique, du social, de l'économie, mais également de la culture, des sciences et des arts, de la vie internationale, des mass media ainsi que certaines réalités ouvertes à l'évangélisation comme le sont l'amour, la famille, l'éducation des enfants et des adolescents, le travail professionnel, la souffrance» (n. 69).

Je constate avec une grande joie que se développe actuellement avec vigueur en Pologne l'Action catholique, ainsi que divers types d'organisations, associations et mouvements catholiques, et parmi eux des mouvements de jeunes, ayant à leur tête l'Association catholique des jeunes et le mouvement Lumière-Vie. Il s'agit d'un nouveau souf- fle de l'Esprit Saint sur notre patrie. Rendons grâce à Dieu pour cela. Soyez fidèles à votre vocation chrétienne. Soyez fidèles à Dieu et au Christ vivant dans l'Eglise.

4. Nous vénérons aujourd'hui les reliques des martyrs de la Podlasie et nous adorons la Croix de Pratulin qui fut le témoignage muet de leur fidélité héroïque. Ils tenaient cette Croix entre les mains et la conservaient au plus profond de leur coeur comme signe de l'amour du Père et de l'unité de l'Eglise du Christ. La Croix leur donna la force de témoigner du Christ et de son Eglise. Sur eux se sont avérées les paroles de Paul de la liturgie d'aujourd'hui: «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?» (Rm 8,32). A travers leur mort, ils furent introduits de façon particulière dans le grand patrimoine de la foi, en commençant par saint Adalbert, saint Stanislas et saint Josaphat Kuncewicz, Patron de la Rus', jusqu'aux temps modernes.

Le nombre de ceux qui sur la terre polonaise, ou plutôt sur les terres de la première République, les vastes terres polonaises, lituaniennes et ruthéniennes, souffrirent pour la Croix du Christ et subirent pour elle les plus grands sacrifices, est incalculable. Plusieurs fois dans sa vie, notre nation dut défendre sa foi et supporter l'oppression et la persécution par fidélité à l'Eglise. En particulier au cours de la longue période l'après-guerre, l'histoire s'est caractérisée comme le temps d'une lutte particulièrement intense contre l'Eglise, menée par le système totalitaire. On cherchait alors à interdire l'enseignement de la religion à l'école; on empêchait la profession publique de la foi, ainsi que la construction d'églises et de chapelles. Combien de sacrifices durent être affrontés, quel courage fut nécessaire pour conserver l'identité chrétienne! Toutefois, on ne réussit pas à éliminer la Croix, ce signe de foi et d'amour, de la vie personnelle et sociale, car elle était enracinée profondément dans le terreau des coeurs et des consciences. Elle devint pour la nation et pour l'Eglise une source de force et un signe d'unité parmi les hommes.

La nouvelle évangélisation a besoin de témoins authentiques de la foi. De personnes profondément attachées à la croix du Christ et prêtes à affronter des sacrifices pour elle. En effet, le véritable témoignage, en ce qui concerne la puissance vivifiante de la Croix, est apporté par celui qui, en son nom, vainc en lui le péché, l'égoïsme et tout mal, et désire imiter l'amour du Christ jusqu'à la fin.

685 Il faut que, comme par le passé, la Croix continue à être présente dans notre existence comme un signe clair de la voie à suivre et comme la lumière qui éclaircit toute notre vie. Que la Croix, qui avec ses bras, unit le ciel à la terre et les hommes entre eux, croisse sur notre terre et forme un grand arbre chargé de fruits de salut. Qu'elle engendre des annonciateurs nouveaux et courageux de l'Evangile, qui aiment l'Eglise et sont responsables d'elle, de véritables hérauts de la foi, des souches d'hommes nouveaux. Que ce soient eux qui allument la flamme de la foi et lui fassent franchir le seuil du troisième millénaire.

Croix du Christ, louée sois-tu,
Nous te saluons en tout temps,
de toi jaillit force et puissance, En toi notre victoire!



LITURGIE OECUMÉNIQUE

HOMÉLIE DU PAPE JEAN PAUL II

Jeudi 10 juin 1999, Drohiczyn



1. «Je vous donne un commandement nouveau: vous aimer les uns les autres; comme je vous ai aimés» (Jn 13,34).

Nous venons d'écouter les paroles du Christ que saint Jean nous a transmises dans son Evangile. Le Seigneur les a adressées aux disciples dans le discours d'adieu avant sa passion et sa mort sur la croix, au moment où il lavait les pieds aux apôtres. Il s'agit presque de son dernier cri adressé à l'humanité, à travers lequel il exprime un souhait ardent: «Aimez-vous les uns les autres»!

C'est avec ces paroles du Christ que je salue toutes les personnes présentes à la rencontre liturgique d'aujourd'hui, qui est, dans le même temps, une prière oecuménique pour l'unité des chrétiens. Je salue cordialement Mgr Antoni, Pasteur du diocèse de Drohiczyn, Mgr Jan Szarek, Président du Conseil oecuménique polonais, ainsi que les représentants des Eglises et des commu- nautés ecclésiales membres du Conseil oecuménique polonais. J'adresse des paroles de salut aux frères et soeurs de l'Eglise orthodoxe de Pologne et à ceux qui viennent de l'étranger; j'adresse un salut particulier à l'Archevêque Sawa, Métropolite de Varsovie et de toute la Pologne, en le remerciant pour les paroles qu'il vient de m'adresser. A travers lui, je salue tous les évêques de l'Eglise orthodoxe de Pologne. J'adresse une pensée très cordiale aux cardinaux, archevêques et évêques provenant de la Pologne et de l'étranger. J'embrasse de tout coeur le Peuple de Dieu du diocèse de Drohiczyn, qui m'est très cher. Je salue de façon particulière les frères dans le sacerdoce, les personnes consacrées, les étudiants du grand Séminaire de Drohiczyn. Aux personnes âgées, aux personnes handicapées, aux jeunes et aux enfants ici présents, j'adresse une pensée empreinte d'une intense affection. Je salue également les pèlerins de la Biélorussie, de la Lituanie et de l'Ukraine. Leur présence me remplit d'une joie particulière.

Je te salue, terre de la Podlasie: terre enrichie de la beauté de la nature, et, avant tout, sanctifiée par la fidélité de ce peuple qui, au cours de son histoire, fut plusieurs fois douloureusement éprouvé et dut lutter, devant faire face à des contrariétés de tout genre. Toutefois, il demeura toujours fidèle à l'Eglise et il l'est toujours. Je suis heureux de me trouver ici parmi vous pour exercer le service pastoral. Je me souviens avec émotion de mes nombreuses visites à Drohiczyn, en particulier à l'occasion des célébrations du millénaire, lorsque les évêques de toute la Pologne, avec le Primat du Millénaire, rendirent grâce à Dieu pour le don du saint baptême, pour la grâce de la foi, de l'espérance et de la charité. C'est ici que j'ai participé au dernier voyage du Prélat, Mgr Krzywicki, Administrateur apostolique du diocèse de Pinsk. Quelques années plus tard, j'y suis revenu pour conclure le pèlerinage accompli par la copie de l'image de la Madone de Czestochowa. Ces souvenirs revivent aujourd'hui en moi, tandis que je suis parmi vous en tant que Pontife pèlerin.

2. «Je vous donne un commandement nouveau: vous aimer les uns les autres; comme je vous ai aimés».

De ces paroles du Christ se dégage une grande force. Lorsqu'il mourut sur la croix au cours de l'horrible passion, dans l'humiliation et dans l'abandon, il montra alors au monde toute la signification et la profondeur de ces épreuves. En regardant l'agonie du Christ, les disciples eurent conscience de ce qu'était l'entreprise à laquelle il les avait appelés, en disant: «Aimez-vous, comme je vous ai aimés». En rappelant cet événement, saint Jean écrira dans son Evangile: «Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, [il] les aima jusqu'à la fin» (13, 1). Le Christ nous a aimés en premier, il nous a aimés en dépit de notre condition de pécheurs et de notre faiblesse humaine. C'est Lui qui a fait en sorte que nous devenions dignes de son amour qui ne connaît pas de limites et qui ne finit jamais. Il a un carac- tère définitif et parfait. En effet, le Christ nous a rachetés à travers son sang précieux.

686 Il nous a également enseigné cet amour et nous l'a confié: «Je vous donne un commandement nouveau» (Jn 13,34). Cela signifie que ce commandement est toujours actuel. Si nous vou- lons répondre à l'amour du Christ, nous devons l'observer toujours, indépendamment du lieu et du temps: il doit être pour l'homme une voie nouvelle, une semence nouvelle qui renouvelle les relations entre les hommes. Cet amour fait de nous, disciples du Christ, des hommes nouveaux, des héritiers des promesses divines. Il a pour conséquence que nous devenions tous frères et soeurs dans le Seigneur. Il fait de nous le nouveau Peuple de Dieu, l'Eglise dans laquelle tous devraient aimer le Christ et devraient s'aimer mutuellement en Lui. Voilà le véritable amour, qui s'est manifesté sur la croix du Christ. C'est vers cette croix que nous devrions tous tourner notre regard, c'est vers elle que nous devrions orienter nos désirs et nos efforts. En elle, nous avons le plus grand modèle à imiter.

3. «Seigneur, enseigne tes voies, afin que nous puissions suivre tes sentiers» (cf. Is Is 2,3).

La vision du prophète Isaïe, dans la première Lecture de la liturgie d'aujourd'hui, nous montre la multiplicité des peuples et des nations réunies au- tour de la montagne de Sion. Elle atteste la présence de Dieu. La prophétie an- nonce un royaume universel de justice et de paix. Elle peut se référer également à l'Eglise, telle qu'elle a été voulue par le Christ, c'est-à-dire une Eglise dans laquelle règne le principe incontournable de l'unité.

Il faut que nous, chrétiens, réunis aujourd'hui pour cette prière commune, invoquions avec les paroles d'Isaïe: «Seigneur, enseigne tes voies afin que nous puissions suivre tes sentiers», afin que nous puissions ensemble, comme ceux qui confessent le Christ, marcher sur ces sentiers vers l'avenir. La proximité du grand Jubilé, en particulier, devrait nous pousser à accomplir l'effort de rechercher de nouvelles voies dans la vie de l'Eglise, Mère commune de tous les chrétiens. Dans la Lettre apostolique Tertio Millennio adveniente, j'ai exprimé le souhait ardent que je renouvelle aujourd'hui: «Que le Jubilé soit une bonne occasion pour collaborer efficacement à la mise en commun de tout ce qui nous unit et qui est certainement plus important que ce qui nous divise» (n. 16). La foi nous dit que l'unité de l'Eglise n'est pas seulement une espérance pour l'avenir: dans une certaine mesure, cette unité existe déjà! Elle n'a pas encore atteint parmi les chrétiens sa forme pleinement visible. Son édification constitue donc «un impératif de la conscience chrétienne éclairée par la foi et guidée par la charité» car «croire au Christ signifie vouloir l'unité; vouloir l'unité signifie vo loir l'Eglise; vouloir l'Eglise signifie vouloir la communion de grâce qui correspond au dessein du Père de toute éternité» (Ut unum sint UUS 8 UUS 9).

Nous sommes donc appelés à édifier l'unité. L'unité présente aux débuts de la vie de l'Eglise ne peut jamais perdre sa valeur essentielle. Toutefois, il faut constater avec tristesse que cette unité originelle a été gravement affaiblie au cours des siècles, et en particulier au cours du dernier millénaire.

4. La voie de l'Eglise n'est pas facile. «Nous pouvons la comparer à la voie douloureuse du Christ. Toutefois, celle-ci ne dure pas quelques heures, elle dure des siècles», a écrit le théologien orthodoxe Pavel Evdokimov. Là où augmentent les divisions entre les disciples du Christ, c'est son Corps mystique qui est blessé. Les «stations douloureuses» successives apparaissent sur le chemin de l'histoire de l'Eglise. Mais le Christ a fondé une unique Eglise et désire qu'elle demeure telle pour toujours. C'est pourquoi, au seuil d'une nouvelle période de l'histoire, nous devons tous faire un examen de conscience sur la responsabilité des divisions qui existent. Nous devons admettre les fautes commises et nous les pardonner mutuellement. Nous avons en effet reçu le commandement nouveau de l'amour réciproque, qui a sa source dans l'amour du Christ. Saint Paul nous pousse à cet amour avec les paroles suivantes: «Le Christ vous a aimés et s'est livré pour nous, en s'offrant en sacrifice. Cherchez à imiter Dieu et suivez la voie de la charité» (cf. Ep 5,1-2).

L'amour devrait nous pousser à une réflexion commune sur le passé, pour continuer avec persévérance et courage sur la voie de l'unité.

L'amour est la seule force qui ouvre les coeurs à la parole de Jésus et à la grâce de la Rédemption. C'est la seule force capable de nous pousser à partager fraternellement tout ce que nous sommes et que nous possédons par la volonté du Christ. Elle est une puissante invitation au dialogue, dans lequel nous nous écoutons et nous nous connaissons réciproquement.

L'amour nous ouvre à l'autre, devenant ainsi la base des relations humaines. Il rend capable de surmonter les barrières de ses propres faiblesses et préjugés. Il purifie la mémoire, il enseigne de nouvelles voies, il ouvre la perspective d'une réconciliation authentique, prémisses essentielles pour le témoignage commun de l'Evangile, dont le monde d'aujourd'hui à tant besoin.

A la veille du troisième millénaire nous devons accélérer le pas vers la réconciliation parfaite et fraternelle, pour pouvoir témoigner du salut au cours du prochain millénaire, main dans la main, face à un monde qui attend tant ce signe d'unité.

Il est bon que nous parlions de la grande cause de l'oecuménisme à Drohiczyn, au coeur de la Podlasie, où depuis des siècles se rencontrent les traditions chrétiennes de l'Orient et de l'Occident. C'est une ville qui a toujours été ouverte aux catholiques, aux orthodoxes et aux protestants. Toutefois, il y a de nombreux moments dans l'histoire de cette terre, qui, plus que dans tout autre lieu, soulignent la nécessité du dialogue dans l'aspiration des chrétiens à l'unité. Dans l'Encyclique Ut unum sint, j'ai souligné que: «Le dialogue est un instrument naturel pour confronter les différents points de vue et surtout pour examiner les divergences qui font obstacle à la pleine communion des chrétiens entre eux» (n. 38). Ce dialogue devrait se distinguer par l'amour de la vérité, car «l'amour de la vérité est la dimension la plus profonde d'une recherche authentique de la pleine communion entre les chrétiens. Sans cet amour, il serait impossible d'aborder les difficultés objectives d'ordre théologique, culturel, psychologique et social que l'on rencontre dans l'examen des divergences. L'esprit de charité et d'humilité doit être inséparablement associé à cette dimension intérieure et personnelle: charité envers l'interlocuteur, humilité devant la vérité que l'on découvre et qui pourrait demander la révision de certaines affirmations ou de certaines attitudes» (Ibid.).

687 Que ce soit donc l'amour qui jette un pont entre les deux rives et qui nous encourage à faire tout notre possible. Que l'amour réciproque et l'amour pour la vérité soient la réponse aux difficultés existantes et aux tensions qui naissent parfois.

Aujourd'hui, je m'adresse aux frères et soeurs de toutes les Eglises: ouvrons-nous à l'amour réconciliateur de Dieu. Ouvrons les portes de nos esprits et de nos coeurs, des Eglises et des Communautés. Le Dieu de notre foi, celui que nous invoquons comme Père est «le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et de Jacob» (
Mc 12,26), c'est le Dieu de Moïse. Il est surtout Dieu et Père de notre Seigneur commun, Jésus-Christ, dans lequel il s'est fait «le Dieu avec nous» (cf. Mt Mt 1,23 Rm 15,6).

Nous offrons à notre Père céleste, au Père de tous les chrétiens, le don d'une volonté sincère de réconciliation, en l'exprimant par des actes concrets. A Dieu «qui est amour» nous répondons par notre amour humain, qui considère les autres avec bienveillance et démontre un désir sincère de collaborer partout où cela est possible, et qui per- met d'apprécier ce qui est bon et ce qui mérite d'être loué et imité.

5. «Venez, montons à la montagne de Yahvé, à la maison du Dieu de Jacob» (Is 2,3).

Telle est l'exclamation que le prophète Isaïe place sur les lèvres des peuples et des nations assoiffées d'unité et de paix.

Chers frères et soeurs, rien n'exprimera mieux et avec plus d'efficacité cette sollicitude qu'une grande prière pour l'unité, pour la fraternité, pour une communauté familiale de tous les chrétiens. L'amour du Christ nous incite à cette prière. C'est le Christ lui-même qui nous commande de prier le Père: «Que ton Règne vienne» (cf. Mt Mt 6,10). Le Règne de Dieu, qu'Il a apporté avec Lui en venant au monde et en se faisant homme, demeure dans l'Eglise comme une réalité déjà existante, mais, dans le même temps, il est un devoir à accomplir.

Seule la prière peut accomplir une véritable metanoia du coeur. En effet, elle a le pouvoir d'unir tous les baptisés dans la fraternité des enfants de Dieu. La prière purifie de tout ce qui nous sépare de Dieu et des hommes. Elle nous protège de la tentation de la pusillanimité et ouvre le coeur de l'homme à la grâce divine.

J'exhorte donc tous ceux qui sont ici réunis à une prière fervente pour la pleine communion de nos Eglises. Le progrès sur le chemin de l'unité exige nos efforts, la bienveillance réciproque, l'ouverture et une expérience authentique de fraternité dans le Christ.

Nous implorons le Seigneur pour obtenir cette grâce. Implorons-Le pour qu'il ôte les obstacles qui retardent l'obtention de la pleine unité. Implorons-Le pour que nous devenions tous de bons artisans de ses desseins, afin que l'aurore du nouveau millénaire se lève sur des disciples du Christ plus unis entre eux.

«Je vous donne un commandement nouveau» (Jn 13,34).
Le commandement nouveau.

688 «Afin que tous soient un, pour que le monde croie» (cf. Jn 17,21).

Lorsque j'entends ces paroles, la rencontre avec le Patriarche Théoctiste à Bucarest me revient à l'esprit. A la fin de la rencontre, toute la grande assemblée criait: «Unité, unité, unité!». Nous voulons l'unité, nous voulons l'unité, prions pour l'unité! Que Dieu vous récompense.

Homélies St Jean-Paul II 682