Homélies St Jean-Paul II 721

HOMÉLIE DU PAPE JEAN PAUL II


Vendredi 1er octobre 1999




Vénérés Frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
722 Très chers frères et soeurs!

1. «Jésus en personne s'approcha et il faisait route avec eux» (
Lc 24,15).

Le récit évangélique des disciples d'Emmaüs que nous venons d'entendre, constitue l'icône biblique qui sert de cadre à cette deuxième Assemblée spéciale pour l'Europe du Synode des Evêques. Nous l'inaugurons avec cette solennelle concélébration eucharistique qui a pour thème: «Jésus-Christ, vivant dans son Eglise, source d'espérance pour l'Europe». Nous l'inaugurons en confiant au Seigneur les attentes et les espérances qui sont dans le coeur de chacun de nous. Nous sommes rassemblés autour de l'autel, au nom des nations du Continent, unis par le désir de rendre toujours plus incisifs et concrets, partout en Europe, l'annonce et le témoignage du Christ vivant, hier, aujourd'hui et à jamais.

C'est avec une grande joie et une affection particulière que j'offre à chacun de vous ma fraternelle accolade de paix. L'Esprit nous a convoqués à cet important événement ecclésial qui, se rattachant à la première Assemblée pour l'Europe de 1991, conclut la série des Synodes continentaux en vue du grand Jubilé de l'An 2000. A travers vos personnes, j'adresse aux Eglises locales, dont vous provenez, mes salutations les plus cordiales.

2. «Jésus-Christ est le même hier et aujourd'hui, il le sera à jamais» (He 13,8). C'est là, on le sait, l'appel constant qui retentit dans l'Eglise en marche vers le grand Jubilé de l'An 2000.

Jésus-Christ est vivant dans son Eglise et continue, de génération en génération, à «s'approcher» de l'homme et à «faire route» avec lui. C'est surtout dans les moments d'épreuve, lorsque les déceptions risquent de faire vaciller la confiance et l'espérance, que le Ressuscité croise les chemins de l'égarement humain et, même s'il n'est pas reconnu, il devient notre compagnon de route.

Ainsi, dans le Christ et dans son Eglise, Dieu ne cesse de se mettre à l'écoute des joies et des espérances, des tristesses et des angoisses de l'humanité (cf. Const. past. Gaudium et spes GS 1), à laquelle il veut faire parvenir aujourd'hui aussi l'annonce de sa sollicitude bienveillante. C'est ce qui s'est produit lors du Concile Vatican II; c'est également la signification des diverses Assemblées continentales du Synode des Evêques: le Christ ressuscité vivant dans son Eglise, marche avec l'homme qui vit en Afrique, en Amérique, en Asie, en Océanie, en Europe, afin de susciter ou de réveiller dans son âme la foi, l'espérance et la charité.

3. Avec l'Assemblée synodale qui s'ouvre aujourd'hui, le Seigneur veut adresser au peuple chrétien, pèlerin sur les terres s'étendant de l'Atlantique à l'Oural, une puissante invitation à l'espérance. C'est une invitation qui, aujourd'hui, trouve son expression singulière dans les paroles du Prophète: «Pousse des cris de joie... Réjouis-toi... triomphe de tout ton coeur!» (So 3,14). Le Dieu de l'Alliance connaît le coeur de ses fils; il connaît les multiples épreuves douloureuses que les nations européennes ont dû subir au cours de ce siècle si tourmenté et difficile qui touche désormais à son terme.

Lui, l'Emmanuel, le Dieu-avec-nous, a été crucifié dans les camps de concentration et les goulags, il a connu la souffrance sous les bombardements, dans les tranchées, il a souffert partout où l'homme, où chaque être humain, a été humilié, opprimé et violé dans sa dignité inaliénable. Le Christ a subi la passion dans les innombrables victimes innocentes des guerres et des conflits qui ont ensanglanté les régions d'Europe. Il connaît les graves tentations des générations qui s'apprêtent à franchir le seuil du troisième millénaire: l'enthousiasme suscité par la chute des barrières idéologiques et par les révolutions pacifiques de 1989 semble, hélas, s'être rapidement éteint face à l'impact des égoïsmes politiques et économiques, et de la bouche de nombreuses personnes en Europe s'élèvent les paroles découragées des deux disciples sur la route d'Emmaüs: «Nous espérions...» (Lc 24,21).

Dans ce contexte social et culturel particulier, l'Eglise éprouve le devoir de renouveler avec vigueur le message d'espérance qui lui a été confié par Dieu. Avec cette Assemblée, elle répète à l'Europe: «Yahvé ton Dieu est au milieu de toi, héros sauveur!» (So 3,17). Son invitation à l'espérance ne se fonde pas sur une idéologie utopiste, comme celles qui, au cours des deux derniers siècles, ont fini par écraser les droits de l'homme, en particulier ceux des plus faibles. C'est, au contraire, le message éternel du salut proclamé par le Christ: «Le Royaume de Dieu est tout proche, repentez-vous, et croyez à l'Evangile!» (cf. Mc Mc 1,15). Avec l'autorité qui lui vient de son Seigneur, l'Eglise répète à l'Europe d'aujourd'hui: Europe du troisième millénaire, «que tes mains ne défaillent pas!» (So 3,16); ne cède pas au découragement, ne te résigne pas à des modes de penser et de vivre qui n'ont pas d'avenir, car ils ne sont pas fondés sur la solide certitude de la Parole de Dieu!

Europe du troisième millénaire, à toi et à tous tes fils, l'Eglise propose à nouveau le Christ, unique Médiateur de salut hier, aujourd'hui et à jamais (cf. He He 13,8). Elle te propose le Christ, véritable espérance de l'homme et de l'histoire, non seulement à travers des paroles, mais surtout à travers le témoignage éloquent de la sainteté. Les saints et les saintes, à travers leur existence fondée sur les Béatitudes évangéliques constituent, en effet, l'avant-garde la plus efficace et crédible de la mission de l'Eglise.

723 4. C'est pourquoi, très chers frères et soeurs, au seuil de l'An 2000, alors que toute l'Eglise d'Europe est ici représentée de la façon la plus éminente, j'ai aujourd'hui la joie de proclamer trois nouvelles co-patronnes du continent européen: sainte Edith Stein, sainte Brigitte de Suède et sainte Catherine de Sienne.

L'Europe est déjà placée sous la protection céleste de trois grands saints: celle de Benoît de Norcia, père du monachisme occidental, ainsi que celle des deux frères Cyrille et Méthode, apôtres des slaves. A ces témoins éminents du Christ, j'ai également voulu associer trois autres figures féminines, afin de souligner le grand rôle que les femmes ont joué et continuent à jouer dans l'histoire ecclésiale et civile du continent, jusqu'à nos jours.

Dès ses débuts, et bien que conditionnée par les cultures dans lesquelles elle était insérée, l'Eglise a toujours reconnu la pleine dignité spirituelle de la femme, à commencer par la vocation et la mission singulière de Marie, Mère du Rédempteur. Dès le début, les chrétiens se sont adressés à ces femmes, telles que Félicité, Perpétue, Agathe, Lucie, Agnès, Cécile et Anastasie - comme l'atteste le Canon romain - avec une ferveur aussi grande que celle qu'ils réservaient aux hommes saints.

5. Les trois saintes, choisies comme co-patronnes d'Europe, ont toutes un lien spécial avec l'histoire du continent. Edith Stein, qui, provenant d'une famille juive, quitta sa brillante carrière de chercheuse pour devenir religieuse carmélite, sous le nom de Thérèse Bénédicte de la Croix, et mourut dans le camp d'extermination d'Auschwitz, est le symbole des drames de l'Europe de ce siècle. Brigitte de Suède et Catherine de Sienne, qui ont toutes deux vécu au XIVème siècle, travaillèrent inlassablement pour l'Eglise ayant à coeur son destin au niveau européen. Brigitte, qui s'était consacrée à Dieu après avoir vécu pleinement sa vocation d'épouse et de mère, parcourut l'Europe du Nord au Sud, se prodiguant sans répit pour réaliser l'unité des chrétiens, et mourut à Rome.

Catherine, humble et intrépide tertiaire dominicaine, apporta la paix dans sa terre natale de Sienne, en Italie et dans l'Europe du XIVème siècle. Elle consacra toutes ses énergies à l'Eglise et réussit à obtenir le retour du Pape d'Avignon à Rome.

Toutes les trois expriment admirablement la synthèse entre la contemplation et l'action. Leurs vies et leurs oeuvres témoignent, avec une grande éloquence, de la force du Christ ressuscité, vivant dans son Eglise: la force d'un amour généreux pour Dieu et pour l'homme, la force d'un authentique renouveau moral et civil. Dans ces nouvelles Patronnes, si riches de dons sous le profil surnaturel ainsi qu'humain, puissent les chrétiens et les communautés ecclésiales de chaque confession trouver leur inspiration, ainsi que les citoyens et les Etats européens, sincèrement engagés dans la recherche de la vérité et du bien commun.

6. «Notre coeur n'était-il pas tout brûlant au-dedans de nous... quand il nous expliquait les Ecritures?» (
Lc 24,32).

Je souhaite de tout coeur que les travaux synodaux nous fassent revivre l'expérience des disciples d'Emmaüs qui, pleins d'espérance et de joie après avoir reconnu le Seigneur «à la fraction du pain», revinrent sans hésitation à Jérusalem pour raconter à leur frères ce qui s'était passé en chemin (cf. Lc 24,33-35).

Que Jésus-Christ nous accorde, à nous aussi, de le rencontrer et de le reconnaître autour de la Table eucharistique, dans la communion des coeurs et de la foi. Qu'il nous fasse le don de vivre ces semaines de réflexion dans une écoute profonde de l'Esprit qui parle aux Eglises d'Europe. Qu'il fasse de nous des apôtres humbles et audacieux de sa Croix, comme le furent les saints Benoît, Cyrille, Méthode et les saintes Edith Stein, Brigitte et Catherine.

Implorons leur aide, ainsi que l'intercession céleste de Marie, Reine de tous les Saints et Mère de l'Europe. Que de cette deuxième Assemblée spéciale pour l'Europe, puisse naître une action évangélisatrice attentive aux défis et aux attentes des jeunes générations.

Et puisse le Christ être une source renouvelée d'espérance pour les habitants du «vieux» continent dans lequel l'Evangile a suscité, au cours des siècles, une incomparable moisson de foi, d'amour actif et de civilisation! Amen!



724 Béatifications de Ferdinando M. Baccilieri, Edward J.M. Poppe, Arcangelo Tadini, Mariano da Roccacasale, Diego Oddi, Nicola da Gesturi
Dimanche 3 octobre 1999
1. "La vigne du Seigneur est son peuple".


Voilà les paroles que nous venons de prononcer, il y a peu, dans le Psaume responsorial. La liturgie de la Parole d'aujourd'hui nous présente l'image de la vigne et met en évidence l'amour que Dieu éprouve pour son peuple. Cette allégorie, présente dans la première lecture ainsi que dans l'Evangile, devient encore plus éloquente en ce temps d'automne, au cours duquel on effectue la vendange et l'on recueille les fruits de la terre avant l'hiver.

La vigne du Seigneur est la maison d'Israël, qui dans la parabole évangélique s'agrandit et accueille également les païens, ces "autres vignerons", précisément, auxquels le maître confie sa vigne. La mission de l'Eglise, peuple de la nouvelle Alliance, appelé à porter des fruits de vérité et de sainteté, est ainsi définie.

Au cours de la célébration d'aujourd'hui, nous avons la joie de voir élever aux honneurs des autels six fidèles ouvriers de la vigne du Seigneur. Il s'agit de Ferdinando Maria Baccilieri, d'Edward Joannes Maria Poppe, d'Arcangelo Tadini, de Mariano da Roccacasale, de Diego Oddi, de Nicola da Gesturi. A des époques différentes et selon des modalités différentes, chacun d'entre eux a consacré généreusement sa propre vie au service de l'Evangile.

2. Ferdinando Maria Baccilieri, prêtre, fut un ouvrier zélé dans la vigne du Seigneur à travers son ministère paroissial, qu'il exerça à travers une conduite de vie intègre. En tant que "pauvre curé de campagne", comme il aimait se définir, il défricha les âmes grâce à une vigoureuse prédication, dans laquelle il exprimait sa profonde conviction intérieure. Il devint ainsi une icône vivante du Bon Pasteur.

Tertiaire de l'Ordre des Serviteurs de Marie, manifestant une dévotion intense et filiale envers la Madone, en particulier envers la Vierge des Douleurs, il voulut insérer le nom de Marie dans l'appellation même de la famille religieuse qu'il avait fondée, les "Soeurs Servantes de Marie de Galeazza". A présent, le bienheureux Ferdinando Maria chante dans le ciel, comme nous l'avons écouté dans le passage du prophète Isaïe, son "cantique d'amour" pour la vigne du Seigneur (cf. Is
Is 5,1).

3. "Je chanterai pour mon ami le chant du bien-aimé à sa vigne". Ces paroles du livre d'Isaïe que nous venons d'entendre s'appliquent au Père Edward Poppe, qui a consacré sa vie au Christ dans le ministère sacerdotal. Il devient aujourd'hui un modèle pour les prêtres, notamment pour ceux de son pays, la Belgique. Il les invite à conformer leur vie au Christ Pasteur, afin d'être comme lui des "prêtres de feu", amoureux de Dieu et de leurs frères. L'action pastorale n'est véritablement féconde que dans la contemplation. Elle se nourrit de la rencontre intime avec le divin Maître, qui unifie l'être intérieur en vue de faire sa volonté. J'invite les prêtres à mettre toujours l'Eucharistie au centre de leur existence et de leur ministère, comme le bienheureux Poppe. C'est en se laissant illuminer par le Christ qu'ils pourront transmettre la lumière.

Qu'à l'exemple du nouveau Bienheureux, toutes les personnes qui ont une mission catéchétique prennent le temps nécessaire pour rencontrer le Christ! Par leur enseignement et par leur conduite, elles témoigneront alors de l'Evangile et elles feront connaître aux autres, particulièrement aux jeunes, qui cherchent la vérité et la source de la vie, les exigences morales qui conduisent au bonheur. Le Père Poppe, qui a connu l'épreuve, adresse un message aux malades, leur rappelant que la prière et l'amour de Marie sont essentiels à l'engagement missionnaire de l'Eglise. Implorons le Seigneur pour qu'il envoie dans sa vigne des prêtres à l'image du bienheureux Poppe!

4. "Qui demeure en moi et moi en lui, porte beaucoup de fruit" (Chant lors de la lecture de l'Evangile).

725 L'union avec le Christ, l'esprit de prière et la forte aspiration à l'ascétisme furent le secret de l'extraordinaire efficacité pastorale d'un autre généreux ouvrier de la vigne, le prêtre Arcangelo Tadini, que l'Eglise inscrit aujourd'hui dans l'album des bienheureux. A l'école de l'Eucharistie, il apprit à rompre le pain de la Parole de Dieu, à exercer la charité, à répondre avec vigueur pastorale aux défis sociaux et religieux qui caractérisèrent la fin du siècle dernier.

Précisément parce qu'il était un homme appartenant entièrement à Dieu, il put également être entièrement un prêtre pour les hommes. Les besoins alors naissants du monde du travail encouragèrent son coeur de pasteur à la recherche de nouvelles modalités d'annonce et de témoignage évangélique. Son idéal de vie et la solidarité dont il faisait preuve à l'égard des catégories les plus faibles de la société se poursuivent encore aujourd'hui dans l'engagement de la Congrégation religieuse qu'il fonda, les Soeurs ouvrières de la Sainte Maison de Nazareth.

5. Ensuite, pour ce qui concerne la vie et la spiritualité du bienheureux Mariano da Roccacasale, religieux franciscain, on peut dire qu'elles se résument de façon emblématique dans le voeu de l'Apôtre Paul à la communauté chrétienne des Philippiens: "Le Dieu de la paix sera avec vous!" (4, 9). Son existence pauvre et humble, menée sur les traces de saint François et de Claire d'Assise, fut constamment tournée vers le prochain, avec le désir d'écouter et de partager les peines de chacun, pour ensuite les présenter au Seigneur au cours des longues heures passées en adoration devant l'Eucharistie.

Le bienheureux Mariano apporta partout la paix, qui est un don de Dieu. Que son exemple et son intercession nous aident à redécouvrir la valeur fondamentale de l'amour de Dieu et le devoir de lui porter témoignage à travers la solidarité à l'égard des pauvres. Il est un exemple pour nous, en particulier, dans l'exercice de l'hospitalité, si important dans le contexte historique et social actuel et particulièrement significatif dans la perspective du grand Jubilé de l'An 2000.

6. La même spiritualité franciscaine, centrée sur un vie évangéliquement pauvre et simple, distingua Frère Diego Oddi, que nous contemplons aujourd'hui dans le groupe des bienheureux. A l'école de saint François, il apprit que rien n'appartient à l'homme si ce n'est les vices et les péchés et que tout ce que la personne humaine possède est en réalité don de Dieu (cf. Regola non bollata XVII, in Sources franciscaines, n. 48). Il apprit ainsi à ne s'inquiéter pour rien, mais face à chaque nécessité à exposer à Dieu "oraison et prière, pénétrées d'action de grâce", comme nous avons entendu l'Apôtre Paul le dire dans la seconde Lecture (cf. Ph
Ph 4,6).

Au cours de son long service de frère quêteur, il fut un authentique ange de paix et de bien pour toutes les personnes qui le rencontraient, en particulier parce qu'il savait aller à la rencontre des plus pauvres et des personnes éprouvées. A travers son témoignage joyeux et serein, sa foi authentique et convaincue, sa prière et son inlassable travail, le bienheureux Diego indique les vertus évangéliques qui sont la voie maîtresse pour rejoindre la paix.

7. "La pierre qu'avaient rejeté les bâtisseurs c'est elle qui est devenue pierre de faîte" (Mt 21,42).
Ces paroles, que Jésus appliquait à lui-même dans l'Evangile, rappellent le mystère de l'abaissement et de l'humiliation du Fils de Dieu, source de notre salut. Et la pensée se tourne tout naturellement vers le bienheureux Nicola da Gesturi, capucin, qui a incarné de façon singulière dans son existence cette mystérieuse réalité. Homme du silence, il faisait rayonner autour de lui une auréole de spiritualité et de puissant appel à l'absolu. Affectueusement appelé par les gens "Frère silence", Nicola da Gesturi se présentait avec une attitude qui était plus éloquente que les paroles: libéré du superflu et à la recherche de l'essentiel, il ne se laissait pas distraire par des choses inutiles ou dommageables, voulant être un témoignage de la présence du Verbe incarné à côté de chaque homme.

Dans une monde trop souvent saturé de paroles et pauvre de valeurs, il y a besoin d'hommes et de femmes qui, comme le bienheureux Nicola da Gesturi, soulignent l'urgence de récupérer la capacité du silence et de l'écoute, afin que toute la vie devienne un "cantique" de louange à Dieu et de service envers les frères.

8. "Que je chante à mon bien-aimé le chant de mon ami pour sa vigne" (Is 5,1). Alors que nous contemplons les prodiges que Dieu a accomplis en chacun de nos frères, notre esprit s'ouvre à la louange et au remerciement. Nous te rendons grâce, Seigneur, pour le don de ces nouveaux bienheureux. Dans leurs vies, entièrement consacrées au service de ton Royaume, nous admirons les fruits abondants de bien que tu as accomplis en eux et à travers eux.

Puisse leur exemple et leur intercession nous pousser à les imiter, car nous aussi, avec notre fidélité à l'Evangile, nous rendons gloire à Celui qui est "source de tout bien" (cf. Collecte).

726 Que Marie, Reine de tous les saints intercède pour nous; que nous soutiennent et nous encouragent les bienheureux Ferdinando Maria Baccilieri, Edward Joannes Maria Poppe, Arcangelo Tadini, Mariano da Roccacasale, Diego Oddi et Nicola da Gesturi, que nous contemplons dans ta gloire céleste.
Amen!



VISITE PASTORALE DANS LA PAROISSE ROMAINE

SAINTE-CATHERINE DE SIENNE

HOMÉLIE DU PAPE JEAN PAUL II

Dimanche 10 octobre 1999



1. «Il en va du Royaume des Cieux comme d'un roi qui fit un festin de noces pour son fils» (Mt 22,2).

Dans l'Evangile qui vient d'être proclamé, Jésus décrit le Royaume de Dieu comme un grand festin de noces, avec une abondance de nourriture et de boisson, dans un climat de joie et de fête pour tous les invités. Dans le même temps, Jésus souligne la nécessité de la «tenue de noces» (cf. ibid., v. 11), c'est-à-dire la nécessité de respecter la condition requise pour la participation à cette fête solennelle.

L'image du festin est présente également dans la première lecture, tirée du Livre du prophète Isaïe, dans lequel sont soulignées l'universalité de l'invitation «pour tous les peuples» (cf. Is Is 25,6) et la disparition de toute souffrance et douleur: «Le Seigneur Yahvé essuyera les pleurs sur tous les visages» (cf. ibid., v. 8).

Il s'agit des grandes promesses de Dieu, qui se sont réalisées dans la rédemption accomplie par le Christ et que l'Eglise dans sa mission évangélique annonce et offre à tous les hommes. La communion de vie avec Dieu et avec les frères, qui, par l'opération de l'Esprit-Saint, se réalise dans l'existence des croyants, a son coeur dans le banquet eucharistique, source et sommet de toute l'expérience chrétienne. C'est ce que nous rappelle la liturgie chaque fois que nous nous apprêtons à recevoir le Corps du Christ. Avant la communion, le prêtre s'adresse aux fidèles à travers ces paroles: «Heureux les invités au repas du Seigneur». Oui! Nous sommes véritablement heureux, car nous sommes invités à l'éternel banquet du salut de Dieu préparé pour le monde entier.

2. Très chers frères et soeurs de la paroisse Sainte-Catherine de Sienne! En me rendant aujourd'hui parmi vous, je reprends mes visites pastorales habituelles aux paroisses de Rome. Je remercie le Seigneur qui m'offre l'occasion de m'entretenir avec votre communauté paroissiale dédiée à sainte Catherine de Sienne. Comme vous le savez, à l'occasion de l'ouverture du Synode des Evêques pour l'Europe, il y a quelques jours, j'ai eu la joie de la proclamer, en compagnie de Brigitte de Suède et d'Edith Stein, co-patronne du continent européen. A elle et aux autres saintes d'Europe, je confie à nouveau les travaux de l'Assemblée spéciale du Synode des Evêques ainsi que l'oeuvre de la nouvelle évangélisation sur notre continent.

En vous souhaitant de croître sous la protection constante de sainte Catherine, je vous salue tous avec joie. Je salue le Cardinal-Vicaire, Mgr le vice-gérant; votre cher curé, Mgr Aldo Zega, ainsi que tous les prêtres qui collaborent à la vie de cette paroisse. J'adresse une pensée cordiale aux communautés jumelées avec votre paroisse et en parti- culier à celle de Trieste, ici présente aujourd'hui à travers une délégation importante. Je salue les membres des nombreux groupes paroissiaux et ceux qui apportent leur collaboration aux diverses activités de formation, socio-cul- turelles et caritatives de la paroisse.

3. Je pense également avec reconnaissance aux Pères marianistes, qui nous accueillent pour cette célébration. Depuis longtemps déjà, ils accueillent la maison des oeuvres paroissiales sur des terrains appartenant à leur Congrégation. J'adresse en outre un remerciement particulier aux Soeurs Hospitalières de la Miséricorde qui, depuis la fondation de la paroisse, ont mis avec générosité leur église à disposition, en assurant le service de la sacristie et de nombreuses autres formes de collaboration.

Chers religieux et religieuses, merci de votre disponibilité à l'égard des besoins pastoraux de la paroisse. Je souhaite vivement que cette coopération fructueuse se poursuive et s'approfondisse toujours plus, non seulement ici mais partout. En effet, le défi de la nouvelle évangélisation concerne les diverses composantes du Peuple de Dieu et exige de chacun de mettre à disposition ses ressources pour mieux servir l'Evangile. De cette façon, les prêtres diocésains et religieux, les communautés paroissiales et les familles religieuses masculines ou féminines travaillent ensemble tout en respectant leur autonomie légitime, pour annoncer et témoigner du Christ, unique Rédempteur de l'humanité. C'est sur cette route qu'a marché jusqu'à présent votre paroisse; je vous encourage à la poursuivre avec confiance et générosité.

727 Après les premières années qui ont suivi sa fondation, votre paroisse a, en effet, parcouru un intense chemin communautaire, atteignant un bon niveau de structure et d'organisation pastorale. Même si elle est privée d'un véritable centre pour les oeuvres pastorales, elle a été capable d'offrir aux habitants du quartier un parcours continu de catéchèses et de formation à la vie chrétienne, ainsi qu'un témoignage concret de charité évangélique. Continuez comme cela!

Tandis que je souhaite de tout coeur que vous puissiez obtenir bientôt un terrain pour construire un lieu de culte adapté, je vous invite à préserver l'expérience acquise au cours de ces années. Dans votre action apostolique, ne vous contentez jamais de vous adresser à ceux qui fréquentent déjà et qui ont des contacts, même sporadiques, avec la foi chrétienne. Allez à la recherche de chaque personne et annoncez à tous l'Evangile là où les personnes vivent, travaillent, étudient, souffrent ou occupent leur temps libre.

4. Telle est la mission à laquelle nous sommes appelés en particulier en vue de l'Année jubilaire, qui débutera dans quelques mois avec l'ouverture de la Porte Sainte. Prenez pour exemple votre Patronne céleste, sainte Catherine de Sienne, qui, humble et courageuse tertiaire dominicaine, n'épargna aucune énergie pour servir l'Eglise. Que cette grande sainte soit pour tous, outre une Protectrice particulière, également un modèle à suivre sur la voie de la sainteté.

Suivez-la, vous, chers jeunes, qui vous préparez à la Journée mondiale de la Jeunesse. A cet égard, je rappelle ce que j'ai écrit dans le Message pour cette Journée: «Ayez la saine ambition d'être saints, comme Lui - le Christ - est saint!». Catherine de Sienne exprime de façon admirable la synthèse entre contemplation et action à laquelle vous devez tendre pour être les apôtres du nouveau millénaire.

Rome se prépare à célébrer le Congrès eucharistique international: puisse l'amour pour l'Eucharistie, qui alimenta sainte Catherine, être une source d'inspiration pour chaque croyant, afin que ne manque jamais l'enthousiasme de l'amour envers Dieu et le prochain, en particulier les personnes les plus indigentes. Tournez-vous en particulier vers sainte Catherine de Sienne, vous, femmes de cette communauté: que le génie typiquement féminin qui la rendit intrépide et courageuse vous pousse à être fortes, constructives et créatives dans l'amour envers Dieu et dans le soin de vos frères.

5. «Je puis tout en Celui qui me rend fort» (
Ph 4,13). Avec ces paroles, saint Paul exprime le sens profond de sa vie missionnaire. C'est là également la synthèse de l'expérience spirituelle de sainte Catherine de Sienne et de chaque fidèle serviteur de l'Evangile. Mon souhait est que votre communauté puisse elle aussi répéter avec l'Apôtre Paul et avec tous les véritables disciples du Christ: «Je puis tout en Celui qui me rend fort!».

Demandons au Seigneur, avec les paroles de la Collecte d'aujourd'hui, de précéder et d'accompagner toujours par sa grâce notre chemin personnel et communautaire afin que, soutenus par son aide paternelle et par l'intercession maternelle de Marie, Mère de l'Eglise, nous ne nous lassions jamais de faire le bien.

Amen!



Début de l'Année Académique des Universités Ecclésiastiques

Vendredi 15 octobre 1999


1. "Abraham crut en Dieu, et ce lui fut compté comme justice" (Rm 4,3).

728 Les paroles de l'Apôtre Paul, qui viennent de retentir dans cette basilique, nous introduisent dans le coeur de la liturgie d'aujourd'hui, à l'occasion de l'inauguration de l'Année académique 1999-2000.
Je salue avec une profonde affection le Cardinal Pio Laghi, Préfet de la Congrégation pour l'Education catholique. Je vous salue, chers Recteurs, professeurs et élèves, qui avez voulu prendre part à cette solennelle célébration eucharistique. Je souhaite à tous une année scolaire fructueuse. Cette année sera une année particulière, car elle coïncide avec le grand Jubilé de l'An 2000. Puisse ce temps de joie être pour vous une occasion propice, non seulement pour approfondir la connaissance théologique, mais surtout pour croître dans la foi en Jésus-Christ.


2. C'est de cette foi que parle l'Apôtre, en présentant l'exemple d'Abraham, père des croyants. Il illustre un point fondamental de sa prédication apostolique: la foi comme fondement de la justification. L'homme est justifié face à Dieu grâce à la foi. La justice qui sauve l'homme ne découle pas des oeuvres de la loi, mais de la foi, c'est-à-dire de l'attitude de totale ouverture et de plein accueil de la grâce de Dieu, qui transforme l'être humain et le rend une créature nouvelle.

L'acte de foi n'est pas une simple adhésion de l'intelligence aux vérité révélées par Dieu, mais il n'est pas non plus seulement une attitude de confiance totale à l'action de Dieu. Il est plutôt la synthèse de ces deux éléments, car il interpelle la sphère intellectuelle tout autant que la sphère affective, se présentant comme un acte global de la personne humaine.

Ces réflexions sur la nature de la foi ont des conséquences immédiates sur la façon d'élaborer, d'enseigner et d'apprendre la théologie. En effet, si l'acte de foi qui conduit à la justification de l'homme touche la personne dans son ensemble, la réflexion théologique sur la Révélation divine et sur la réponse humaine ne peut pas également ne pas tenir compte des multiples aspects - intellectuel, affectif, moral et spirituel - qui interviennent dans la relation de communion entre Dieu et le croyant.


3. "J'ai dit: J'irai à Yahvé confesser mon péché" (
Ps 31,5). Le Psaume responsorial que nous avons répété ensemble souligne la conscience de l'impossibilité d'atteindre Dieu par nos seules forces ainsi que de notre condition de pécheurs. C'est à partir de la prise de conscience de son éloignement de Dieu que la personne humaine se met à la recherche de la rencontre avec Lui et s'ouvre à l'action de la grâce.

A travers la foi, l'homme accueille le salut que le Père lui offre en Jésus-Christ. L'homme auquel le Seigneur donne le salut est vraiment bienheureux (cf. Refrain du Psaume responsorial); le coeur de celui qui est en paix avec Dieu déborde de joie: "Réjouissez-vous en Yahvé, exultez, les justes, jubilez, tous les coeurs droits" (Ps 31,11).

La première partie du passage évangélique d'aujourd'hui, fait référence à cette confession sincère des propres péchés et à la nécessité de s'ouvrir à l'action de Dieu. La dureté, en ne reconnaissant pas ses propres fautes et l'incapacité d'accueillir le don de Dieu sont définis par Jésus comme le "levain des Pharisiens": "Méfiez-vous du levain - c'est-à-dire de l'hypocrisie - des Pharisiens" (Lc 12,1). Avec ces paroles, Jésus condamne non seulement l'attitude hypocrite et la recherche des apparences, mais également la prétention d'être juste en soi-même, qui exclut toute possibilité de conversion authentique et de foi en Dieu.

L'acte de foi considéré dans son intégralité doit nécessairement se traduire par des attitudes et des décisions concrètes. De cette façon, il devient possible de surmonter l'opposition apparente entre la foi et les oeuvres. Une foi entendue au sens plein ne reste pas un élément abstrait, détaché de la vie quotidienne, mais elle concerne toutes les dimensions de la personne, y compris les domaines existentiels et les aspects touchant les expériences de son existence.

Un exemple éloquent de cette synthèse entre foi et oeuvres, contemplation et action, est la sainte carmélite Thérèse d'Avila, Docteur de l'Eglise, dont nous célébrons précisément aujourd'hui la fête. Elle a atteint les sommets de l'intimité avec Dieu et, dans le même temps, elle a toujours été très active du point de vue apostolique et concrète dans son oeuvre. Son expérience mystique, comme du reste celle de tous les saints, révèle clairement comment, en celui qui cherche Dieu, tout converge vers un unique centre: la réponse intégrale à Dieu qui se communique. La théologie elle aussi, fidèle à sa propre nature de sage réflexion sur la foi, débouche de par sa nature sur les domaines de la morale et de la spiritualité.


4. Dans le texte de Luc, qui vient d'être proclamé, nous lisons: "Rien, en effet, n'est voilé qui ne sera révélé" (Lc 12,2). Cette expression n'indique pas simplement le fait que Dieu scrute le coeur de chaque homme. Ce qui est caché et qui doit être révélé revêt une signification beaucoup plus vaste et possède une portée universelle: il s'agit de l'annonce évangélique semée au coeur des consciences, qui demande à être proclamée jusqu'aux extrémités de la terre.

729 Ces paroles de Jésus ajoutent un élément à la réflexion sur l'acte de foi: c'est-à-dire le passage de la sphère personnelle et, pour ainsi dire, du coeur de l'homme, à la sphère communautaire et missionnaire. La foi, pour être pleine et mûre, contient en elle l'élan à être communiquée, prolongeant dans un certain sens le mouvement qui part de l'amour trinitaire et tend à embrasser l'humanité et toute la création.


5. L'annonce évangélique n'est pas sans risques. L'histoire de l'Eglise est constellée d'exemples de fidélité héroïque à l'Evangile. A notre époque également, de nos jours aussi, un grand nombre de nos frères et soeurs dans la foi ont scellé par le sacrifice suprême de la vie leur pleine adhésion au Christ et leur service au Royaume de Dieu.

Face à la perspective du renoncement et du sacrifice, qui dans certains cas peut conduire jusqu'au martyre, la parole réconfortante de Jésus vient à notre rencontre: "Ne craignez rien de ceux qui tuent le corps et après cela ne peuvent rien faire de plus" (
Lc 12,4). Les forces du mal tentent de s'opposer au chemin de l'Evangile, en cherchant à annuler l'oeuvre du salut et à tuer les témoins du Christ, mais précisément le sacrifice de ces courageux ouvriers de la vigne du Seigneur constitue la preuve éloquente de la puissance de Dieu! Combien de moments d'épreuve l'Eglise a-t-elle surmonté grâce avec la force de l'Esprit Saint! Combien de martyrs de notre siècle ont-ils offert leur existence pour la cause du Christ! De leur sacrifice sont nés des fruits abondants pour l'Eglise et pour le Royaume de Dieu.

La parole de Jésus nous réconforte et nous encourage donc au début de cette nouvelle Année académique: "Soyez sans crainte" (Lc 12,7). Très chers amis, n'ayons pas peur d'ouvrir les portes de notre coeur à la foi, d'en faire une expérience vivante de notre existence et de l'annoncer inlassablement à nos frères.

Que la Sainte Vierge, modèle de foi et siège de la Sagesse divine, fasse de nous de fidèles disciples de son Fils Jésus et de généreux annonciateurs de sa parole. Amen!



Visite à la Paroisse romaine Saint François d'Assise à Monte Mario
17 octobre 1999


1. "Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu" (Mt 22,21).
Dans la page de l'Evangile d'aujourd'hui se détache la réponse donnée par Jésus à certains Juifs qui cherchaient, comme en d'autres circonstances, à le mettre à l'épreuve. Jésus évite le piège, se révélant comme un Maître de grande sagesse, qui enseigne fidèlement la voie de Dieu sans céder à des compromis.
Rendez à Dieu ce qui est à Dieu!
Il apparaît clairement que ce qui compte le plus est le Royaume de Dieu. Les paroles du Christ illuminent la ligne de conduite du chrétien dans le monde. La foi ne lui demande pas de se mettre en marge des réalités temporelles, elle devient même pour lui un encouragement majeur pour s'engager avec une plus grande générosité à les transformer de l'intérieur, contribuant ainsi à l'avènement du Royaume des cieux.
730 La première Lecture, tirée du livre du prophète Isaïe, souligne également bien cette vérité. Pour les croyants, il existe un seul Dieu, qui grâce à sa Providence, guide le chemin de l'humanité à travers l'histoire (cf. Is Is 45,5-6). C'est précisément pour cela qu'ils s'engagent dans la consruction de la cité terrestre, dans le but de la rendre plus juste et plus humaine. Ils sont soutenus dans cet effort par l'espérance de participer un jour à la communion de la cité céleste, où Dieu sera tout en tous.

2. Très chers frères et soeurs de la paroisse Saint-François d'Assise à Monte Mario! Je suis heureux de rendre aujourd'hui visite à votre communauté et de célébrer l'Eucharistie avec vous. En cette période de préparation immédiate au Jubilé, l'invitation à contempler le mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu est permanente, pour nous préparer ainsi à franchir avec la juste disposition intérieure le seuil du troisième millénaire.
Je vous salue tous avec une grande affection. Je salue le Cardinal Vicaire, l'Evêque auxiliaire du Secteur, Mgr Vincenzo Apicella, votre curé zélé, le Père Maurizio Fagnani, le Préposé général des Scolopes et tous les Pères scolopes de la Province de Rome, qui collaborent avec lui dans la direction pastorale de la communauté.
Une pensée reconnaissante s'adresse également aux nombreux membres des Instituts religieux présents sur le territoire paroissial, ainsi qu'aux nombreux groupes laïcs qui, à travers diverses initiatives de catéchèse, de charité et d'animation des loisirs, enrichissent la vie de la paroisse, et aux membres du Conseil pastoral et du Conseil pour les Affaires économiques. J'adresse un salut cordial au groupe Agesci 27, aux jeunes et aux animateurs du "Patronage Calasanz", récemment créé avec l'objectif de réaliser un centre de rassemblement pour les jeunes et les enfants du quartier.
Je me réjouis avec vous de ces activités en faveur des jeunes générations et, surtout, je suis heureux que les adultes partagent les engagements et les responsabilités de la pastorale des jeunes, en ne les laissant pas seuls sur leur chemin de croissance et d'éducation à la foi. Pour les jeunes, avoir à leurs côtés des adultes mûrs, qui sachent leur proposer des objectifs élevés, qui soient capables de les écouter et d'offrir des réponses valables aux questions existentielles de fond, est une garantie pour leur avenir et pour l'enrichissement de l'Eglise et de la société. Je vous exhorte donc à poursuivre cette route, en vous inspirant de l'exemple de saint Joseph Calasanz, Fondateur des Ecoles Pies et patron des écoles populaires chrétiennes, qui a tant fait pour le bien et pour la formation chrétienne et culturelle de la jeunesse.

3. En parlant des jeunes, la pensée se tourne naturellement vers la prochaine Journée mondiale de la Jeunesse qui, comme on le sait, sera célébrée à Rome du 15 au 20 août de l'An 2000. Même s'il s'agit d'une initiative qui s'adresse avant tout aux jeunes, elle requiert également la participation de toute la communauté chrétienne de Rome, dans toutes ses composantes et organisations. Il faut se préparer à offrir un accueil chaleureux aux jeunes garçons et filles qui viendront à Rome en cette circonstance. Confions au Seigneur, à travers l'intercession de Marie, l'heureuse issue et les fruits spirituels que ce grand événement ne manquera pas de produire.
A côté de votre engagement louable pour la formation des jeunes, je ne veux pas oublier les nombreuses autres initiatives de charité et d'évangélisation présentes dans votre paroisse, en particulier celles qui sont le fruit de la Mission dans la ville qui vient de se terminer, mais dont l'esprit et le style pastoral doivent continuer à imprégner chaque activité apostolique. Je fais en particulier référence à la réalisation d'un point d'accueil et d'assistance pour les pauvres, ainsi qu'aux centres d'écoute de l'Evangile, que vous avez ouverts dans de nombreux lieux du quartier. Nous ne devons jamais nous lasser d'être des missionnaires et de diffuser l'Evangile de la charité.

4. Très chers paroissiens de saint François d'Assise à Monte Mario! En venant ce matin parmi vous, j'ai remarqué que votre communauté dispose d'une église petite qui, bien qu'elle s'enorgueillisse de plus de trois siècles d'histoire, se révèle cependant insuffisante pour vos exigences liturgiques et pastorales. Alors que je souhaite que vous puissiez bientôt en posséder une autre plus grande, je vous exhorte à tirer des dimensions réduites de cet édifice un encouragement supplémentaire pour être une communauté vivante, engagée à diffuser partout l'Evangile. Soyez une paroisse missionnaire, composée de croyants passionnés du Christ et capables de témoigner de la foi à travers leur vie.
Que la Vierge Marie vous protège et que les saints Joseph Calasanz et François d'Assise obtiennent de Dieu, pour chacun de vous, le don de la persévérance dans les intentions de bien, dans l'esprit et dans les engagements pour la nouvelle évangélisation.
Amen!



Conclusion de la Seconde Assemblée Spéciale pour l'Europe du synode des Evêques.
23 octobre 1999


731 Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Très chers frères et soeurs!

1. Avec cette Célébration eucharistique solennelle, se conclut la Deuxième Assemblée spéciale pour l'Europe du Synode des Evêques. A toi, Père tout puissant, Fils Rédempteur, en Toi, Esprit Saint, aujourd'hui nous rendons grâce. Nous exprimons aussi notre reconnaissance pour la série d'Assemblées synodales continentales à travers lesquelles l'Eglise a accompli, au cours des dernières années, une vaste réflexion à la veille du grand Jubilé bimillénaire de la venue du Christ dans le monde.
L'occasion même qui nous a été offerte de nous rencontrer, de nous écouter et d'échanger nos opinions est un motif de gratitude renouvelée envers la Providence divine: nous avons ainsi approfondi notre connaissance réciproque et nous nous sommes mutuellement édifiés, notamment grâce aux témoignages de tous ceux qui, sous les régimes totalitaires passés, ont supporté au nom de la foi de dures et longues persécutions.
C'est avec gratitude à l'égard de chacun de vous, vénérés frères dans l'épiscopat, que j'ai rencontrés presque chaque jour au cours de ces semaines de travail intense, que je reprends les paroles du Psalmiste: "Les saints qui sont dans le pays, les hommes pieux sont l'objet de toute mon affection" (
Ps 16,3). Merci de tout coeur pour le temps et les énergies que vous avez généreusement consacrés pour le bien de l'Eglise en pèlerinage en Europe.
Je voudrais exprimer en particulier ma gratitude à tous ceux qui ont collaboré au déroulement de ce Synode, en prêtant leur aide aux Pères synodaux: ma pensée s'adresse, en particulier, au Secrétaire général et à ses collaborateurs, aux Présidents délégués et au Rapporteur général. L'expression de ma vive reconnaissance va vers tous ceux qui ont participé au succès de cet important événement ecclésial.

2. "Jésus-Christ, le Nazôréen... crucifié... Dieu l'a ressuscité des morts!" (Ac 4,10)
A l'aube de l'Eglise, retentit à Jérusalem cette parole ferme de Pierre: c'était le kerygme, l'annonce chrétienne du salut, destiné, par la volonté du Christ lui-même, à chaque homme et à tous les peuples de la terre. Après vingt siècles, l'Eglise se présente au seuil du troisième millénaire avec cette même annonce, qui constitue son unique trésor: Jésus-Christ est le Seigneur; c'est en Lui, et en personne d'autre, que se trouve le salut (cf. Ac Ac 4,12); Il est le même hier et aujourd'hui, il le sera à jamais (cf. He He 13,8).
C'est le cri qui jaillit de la poitrine des disciples d'Emmaüs, qui rentrent à Jérusalem après avoir rencontré le Ressuscité. Ils ont écouté sa parole ardente et ils l'ont reconnu dans la fraction du pain. Cette Assemblée synodale, la deuxième pour l'Europe, placée de façon opportune à la lumière de l'icône biblique des disciples d'Emmaüs, se conclue sous le signe du témoignage joyeux qui jaillit de l'expérience du Christ, vivant dans son Eglise. La source de l'espérance, pour l'Europe et pour le monde entier, est le Christ, le Verbe fait chair, le seul médiateur entre Dieu et l'homme. Et l'Eglise est le canal à travers lequel se déverse et se répand la vague de grâce surgie du Coeur transpercé du Rédempteur.

3. "Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi... Si vous me connaissez vous connaîtrez aussi mon Père; dès à présent vous le connaissez et vous l'avez vu" (Jn 14,1 Jn 14,7). C'est avec ces paroles que le Seigneur encourage notre espérance et nous invite à tourner notre regard vers le Père céleste.
Au cours de cette année, la dernière du siècle et du millénaire, l'Eglise fait sienne l'invocation des disciples: "Seigneur, montre-nous le Père" (Jn 14,8), et reçoit du Christ cette réponse réconfortante: "Qui m'a vu a vu le Père... je suis dans le Père et le Père est en moi" (Jn 14,9-10). Le Christ est la source de la vie et de l'espérance, car en Lui "habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité" (Col 2,9). Dans la vie humaine de Jésus de Nazareth, le Transcendant est entré dans l'histoire, l'Eternel dans le temps, l'Absolu dans la précarité de la condition humaine. C'est pourquoi, avec une ferme conviction, l'Eglise répète aux hommes et aux femmes de l'An 2000, et tout particulièrement à ceux qui vivent au milieu du relativisme et du matérialisme: accueillez le Christ dans votre existence! Celui qui le rencontre, connaît la Vérité, découvre la Vie, trouve la Voie qui y conduit (cf. Jn 14,6 Ps 15,11). Le Christ est l'avenir de l'homme: "Car il n'y pas sous le ciel d'autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés" (Ac 4,12).

732 4. Cette annonce d'espérance, cette Bonne Nouvelle est au coeur de l'évangélisation. Elle est ancienne en ce qui concerne son noyau essentiel, mais nouvelle pour ce qui concerne la méthode et les formes de son expression apostolique et missionnaire. Vous, vénérés frères, au cours des travaux de l'Assemblée qui se conclut aujourd'hui, avez reçu l'appel que l'Esprit adresse aux Eglises en Europe pour les mobiliser face aux nouveaux défis. Vous n'avez pas craint de regarder en face la réalité de ce Continent, en relevant ses traits de lumière, mais également ses zones d'ombre. Face aux problèmes du présent, vous avez même indiqué des orientations utiles afin de rendre toujours plus visible le visage du Christ à travers une annonce plus incisive accompagnée par un témoignage cohérent. La lumière et le réconfort proviennent, en ce sens, des Saints et des Saintes qui jalonnent l'histoire du continent européen. La pensée se dirige, en premier lieu, vers les saintes Edith Stein, Brigitte de Suède et Catherine de Sienne que j'ai proclamées, précisément au début de cette Assemblée synodale, co-patronnes de l'Europe, en les plaçant aux côtés des saints Benoît, Cyrille et Méthode. Mais comment ne pas penser aussi aux innombrables fils de l'Eglise qui ont vécu, au cours de ces deux millénaires, dans l'ombre de la vie familiale, professionnelle et sociale, une sainteté non moins généreuse et authentique? Et comment ne pas rendre hommage à la foule de confesseurs de la foi et aux innombrables martyrs de ce siècle qui s'achève? Tous ensemble, tels des "pierres vivantes" adhérant au Christ, la "pierre angulaire", ils ont construit l'Europe comme édifice spirituel et moral, en laissant à la postérité l'héritage le plus précieux.
Le Seigneur Jésus l'avait promis: "Celui qui croit en moi fera, lui aussi, les oeuvres que je fais, et il en fera même de plus grandes, parce que je vais vers le Père" (
Jn 14,12). Les Saints sont la preuve vivante de l'accomplissement de cette promesse, et encouragent à croire que cela est possible, même dans les heures les plus difficiles de l'histoire.

5. Si nous tournons notre regard vers les siècles passés, nous ne pouvons pas manquer de rendre grâce au Seigneur pour le fait que le christianisme a été pour notre Continent un facteur primordial d'unité entre les peuples et les cultures et de promotion intégrale de l'homme et de ses droits.
S'il y a eu des comportements et des choix qui, hélas, sont parfois allés dans la direction opposée, au moment où nous nous préparons à franchir la Porte Sainte du grand Jubilé (cf. Incarnationis mysterium, 11), nous sentons le besoin de reconnaître humblement nos responsabilités. A tous les chrétiens, il est demandé d'avoir ce discernement nécessaire pour que, toujours plus unis et réconciliés, ils puissent avec l'aide de Dieu accélérer l'avènement de son Royaume. Il s'agit d'une coopération fraternelle encore plus urgente dans la période que nous traversons actuellement, caractérisée par une nouvelle phase du processus d'intégration européenne et par sa forte évolution dans un sens multiethnique et multiculturel. A cet égard, en reprenant les paroles du Message final du Synode, je souhaite avec vous, vénérés frères, que l'Europe sache garantir, dans une attitude de fidélité créative à sa tradition humaniste et chrétienne, le primat des valeurs éthiques et spirituelles. Il s'agit d'un souhait qui "naît de la ferme conviction qu'il ne peut y avoir d'unité véritable et féconde pour l'Europe si elle n'est pas construite sur ses fondements spirituels".

6. Prions pour cela au cours de cette célébration. A l'invitation du Psaume responsorial, nous répétons: "Montres-nous, Seigneur, le chemin de la vie" (Refrain du Psaume responsorial). A chaque moment de la vie, Seigneur, indiques-nous la route à parcourir.
Ces paroles montent aux lèvres du croyant, en particulier à présent que la Deuxième Assemblée spéciale pour l'Europe est sur le point de se conclure: Toi seul, Seigneur, peux nous indiquer le chemin à suivre pour offrir à nos frères et à nos soeurs d'Europe l'espérance qui ne déçoit pas. Et nous, Seigneur, nous te suivrons docilement. La tradition iconographique de l'Orient chrétien vient en aide à notre prière, en nous offrant un modèle de référence éloquent: c'est l'icône de la Vierge Hodighitria, "qui montre le chemin". La Mère indique de sa main, le Fils qu'elle porte dans ses bras et rappelle aux chrétiens, de toute époque et de tout lieu, que le Christ est le chemin à suivre. De son côté, l'Eglise, en se reflétant dans l'icône, se retrouve pour ainsi dire en Marie, ainsi que sa propre mission: indiquer au monde le Christ, unique chemin qui conduit à la Vie.
Marie, Mère attentive de l'Eglise, viens à notre rencontre et montre-nous ton Fils. Nous sentons que la Vierge répond à notre imploration confiante en indiquant Jésus et en nous disant comme aux serviteurs des noces de Cana: "Tout ce qu'Il vous dira, faites-le" (Jn 2,5).
Le regard fixé sur le Christ, rentrez, très chers frères et soeurs, dans vos Communautés, forts de la conscience qu'Il vit dans l'Eglise, source d'espérance pour l'Europe. Amen.



Homélies St Jean-Paul II 721