Homélies St Jean-Paul II 878


À L'OCCASION DU CONGRÈS MONDIAL DU LAÏCAT CATHOLIQUE

Dimanche 26 novembre 2000 Solennité du Christ-Roi



1. "Tu le dis: je suis roi" (Jn 18,37).

C'est ainsi que Jésus répondit à Pilate au cours d'un dialogue dramatique, que l'Evangile nous fait écouter à nouveau en la solennité du Christ-Roi de l'Univers. En cette fête, placée au terme de l'année liturgique, Jésus, Verbe éternel du Père, est présenté comme le principe et la fin de toute la création, comme le Rédempteur de l'homme et le Seigneur de l'histoire. Dans la première Lecture, le prophète Daniel affirme: "Son empire est un empire éternel qui ne passera point, et son royaume ne sera point détruit" (7, 14).

Oui, ô Christ, tu es Roi! Ta royauté se manifeste paradoxalement sur la croix, dans l'obéissance au dessein du Père, qui "nous a en effet arrachés - comme l'écrit l'apôtre Paul - à l'empire des ténèbres et nous a transférés dans le Royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés" (Col 1,13-14). Premier-né de ceux qui ressuscitent des morts, Toi, Jésus, tu es le Roi de la nouvelle humanité, restituée à sa dignité originelle.
Tu es Roi! Ton royaume cependant, n'est pas de ce monde (cf. Jn 18,36); il n'est pas le fruit de conquêtes armées, de dominations politiques, d'empires économiques, d'hégémonies culturelles. Ton royaume est un "royaume de vérité et de vie, de sainteté et de grâce, de justice, d'amour et de paix" (cf. Préface du Christ-Roi), qui se manifestera dans sa plénitude à la fin des temps, lorsque Dieu sera tout en tous (cf. 1Co 15,28). L'Eglise, qui peut déjà goûter sur la terre les prémisses de l'accomplissement futur, ne cesse de répéter: "Que ton Règne vienne" (Mt 6,10).


2. Que ton règne vienne! C'est ainsi que prient, dans chaque partie du monde, les fidèles qui se rassemblent aujourd'hui autour de leurs pasteurs pour le Jubilé de l'Apostolat des Laïcs. Et je m'unis avec joie à ce choeur universel de louange et de prière, en célébrant la Messe avec vous, chers fidèles, auprès de la tombe de l'Apôtre Pierre.

Je remercie le Cardinal James Francis Stafford, Président du Conseil pontifical pour les Laïcs, et vos deux représentants qui, au début de la Messe, se sont faits les interprètes des sentiments communs. Je salue les vénérés frères dans l'épiscopat, ainsi que les prêtres, les religieux et les religieuses présents. J'étends en particulier mon salut à vous, laïcs, activement dévoués à la cause de l'Evangile: en vous regardant, je pense également à tous les membres des communautés, des associations et des mouvements d'action apostolique; je pense aux pères et aux mères qui, avec générosité et esprit de sacrifice, s'occupent de l'éducation de leurs enfants dans la pratique des vertus humaines et chrétiennes; je pense à ceux qui offrent à l'évangélisation la contribution de leurs souffrances, accueillies et vécues en union avec le Christ.


3. Je vous salue de façon particulière, chers participants au Congrès du Laïcat catholique, qui s'insère harmonieusement dans le contexte du Jubilé de l'Apostolat des Laïcs. Votre rencontre a pour thème "Témoins du Christ dans le nouveau millénaire". Elle reprend la tradition des Congrès mondiaux de l'Apostolat des Laïcs, commencée il y a cinquante ans sous l'impulsion féconde d'une plus vive conscience que l'Eglise avait acquise de sa propre nature de mystère de communion, ainsi que de son intrinsèque responsabilité missionnaire dans le monde.

879 Au cours de la maturation de cette conscience, le Concile oecuménique Vatican II a marqué un tournant décisif. Avec le Concile, l'heure du laïcat a vraiment sonné dans l'Eglise et de nombreux fidèles laïcs, hommes et femmes, ont compris avec une plus grande clarté leur propre vocation chrétienne, qui, de par sa nature même, est une vocation à l'apostolat (cf. Apostolicam actuositatem AA 2). Trente-cinq ans après sa conclusion, je dis: il faut revenir au Concile. Il faut reprendre en main les documents de Vatican II pour en redécouvrir la grande richesse d'orientations doctrinales et pastorales.

C'est en particulier vous qui devez reprendre en main ces documents, vous laïcs, auxquels le Concile a ouvert des perspectives extraordinaires de participation et d'engagement dans la mission de l'Eglise. Le Concile ne vous a-t-il pas rappelé votre participation à la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ? C'est à vous que les Pères conciliaires ont confié, de façon particulière, la mission de "chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelles en les ordonnant selon Dieu" (cf. Lumen gentium LG 31).

Dès lors, a fleuri une vive saison de rassemblement, dans laquelle, aux côtés des associations traditionnelles, sont nés de nouveaux mouvements, rassemblements et communautés (cf. Christifideles laici CL 29). Aujourd'hui plus que jamais, très chers frères et soeurs, votre apostolat est indispensable afin que l'Evangile soit lumière, sel et levain d'une nouvelle humanité.


4. Mais que comporte cette mission? Que signifie être chrétien aujourd'hui, ici, en ce moment?
Etre chrétien n'a jamais été facile et ne l'est pas non plus aujourd'hui. Suivre le Christ exige le courage d'effectuer des choix radicaux, souvent à contre-courant. "Nous sommes le Christ!", s'exclamait saint Augustin. Les martyrs et les témoins de la foi d'hier et d'aujourd'hui, parmi lesquels se trouvent tant de fidèles laïcs, démontrent que, si cela est nécessaire, on ne doit pas hésiter à donner même sa propre vie pour Jésus-Christ.

A ce propos, le Jubilé invite chacun à un sérieux examen de conscience et à un renouveau spirituel durable pour une action missionnaire toujours plus incisive. Je voudrais ici reprendre ce que, il y a vingt-cinq ans, presque en conclusion de l'Année Sainte de 1975, mon vénéré prédécesseur, le Pape Paul VI, écrivait dans l'Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi: "L'homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres [...] ou s'il écoute les maîtres, c'est parce qu'ils sont des témoins" (n. 41).

Il s'agit de paroles encore valables aujourd'hui, face à une humanité riche de potentialités et d'attentes, mais cependant menacée par de multiples risques et dangers. Il suffit de penser, entre autres, aux conquêtes sociales et à la révolution dans le domaine de la génétique; au progrès économique et au sous-développement existant dans de vastes régions de la planète; au drame de la faim dans le monde et aux difficultés existant pour sauvegarder la paix; au réseau ramifié des communications et aux drames de la solitude et de la violence que révèlent les faits divers quotidiens. Très chers fidèles laïcs, en tant que témoins du Christ, c'est vous qui êtes en particulier appelés à apporter la lumière de l'Evangile dans les centres vitaux de la société. Vous êtes appelés à être des prophètes d'espérance chrétienne et des apôtres de celui "qui est, qui était et qui vient, le Tout Puissant" (cf. Ap 1,4).


5. "La sainteté est l'ornement de ta maison" (Ps 93 [92], 5). A travers ces paroles, nous nous sommes adressés à Dieu dans le Psaume respon-sorial. La sainteté continue à être le plus grand défi pour les croyants. Nous devons être reconnaissants au Concile Vatican II, qui nous a rappelés comment tous les chrétiens sont appelés à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection dans la charité.

Chers frères et soeurs, n'ayez pas peur d'accepter ce défi: être des hommes et des femmes saints! N'oubliez pas que les fruits de l'apostolat dépendent de la profondeur de la vie spirituelle, de l'intensité de la prière, d'une formation constante et d'une adhésion sincère aux orientations de l'Eglise. Je vous répète aujourd'hui, comme aux jeunes lors de la Journée mondiale de la Jeunesse, que si vous êtes ce que vous devez être - c'est-à-dire si vous vivez le christianisme sans compromis - vous enflammerez le monde entier.

Des devoirs et des objectifs qui peuvent sembler démesurés pour les forces humaines vous attendent. Ne vous découragez pas! "Celui qui a commencé en vous cette oeuvre excellente en poursuivra l'accomplissement" (Ph 1,6). Gardez toujours votre regard tourné vers Jésus. Faites de Lui le coeur du monde.

Et toi, Marie, Mère du Rédempteur, sa première disciple parfaite, aide-nous à être ses témoins au cours du nouveau millénaire. Fais que ton Fils, Roi de l'Univers et de l'Histoire, règne dans notre vie, dans nos communautés et dans le monde entier!

880 "Louange et honneur à Toi, ô Christ". Avec ta Croix, tu as racheté le monde. Nous Te confions, au début d'un nouveau millénaire, notre engagement au service de ce monde que Tu aimes et que nous aimons nous aussi. Soutiens-nous par la force de ta grâce! Amen.



3 décembre 2000, Jubilé des Porteurs de handicap

Dimanche 3 décembre 2000,
premier dimanche de l'Avent
1. "Redressez-vous et relevez la tête, parce que votre délivrance est proche" (Lc 21,28).


Saint Luc, dans le texte évangélique offert à notre méditation en ce premier dimanche de l'Avent, met en lumière la peur qui fait défaillir les hommes face aux bouleversements ultimes. En contraste, cependant, l'évangéliste présente en la mettant bien plus en relief, la perspective joyeuse de l'attente chrétienne: "Et alors - dit-il - on verra le Fils de l'homme venant dans une nuée avec puissance et grande gloire" (Lc 21,27). Voilà l'annonce qui transmet l'espérance au coeur du croyant: le Seigneur viendra "avec puissance et grande gloire". C'est pourquoi les disciples sont invités à ne pas avoir peur, mais à se redresser et à relever la tête, "parce que votre délivrance est proche" (Lc 21,28).

Chaque année, la liturgie nous fait à nouveau entendre, au début de l'Avent, cette "bonne nouvelle" qui retentit avec une éloquence extraordinaire dans l'Eglise. C'est la nouvelle de notre salut; c'est l'annonce que le Seigneur est proche. Plus encore, qu'Il est déjà avec nous.


2. Très chers frères et soeurs! Aujourd'hui en particulier, je sens retentir dans mon esprit cette invitation à la sérénité et à l'espérance, en célébrant avec vous le Jubilé de "la Communauté avec les porteurs de handicap". Nous le célébrons le jour qui vous est consacré par les Nations unies qui, il y a précisément vingt-cinq ans, publièrent la "Déclaration sur les droits de la personne handicapée".

Je vous salue avec affection, chers amis, qui êtes porteurs d'une ou plusieurs formes de handicap, et qui avez souhaité venir à Rome pour cette rencontre de foi et de fraternité. Je remercie vos représentants et le Directeur de la Caritas italienne pour les paroles qu'ils m'ont adressées au début de la Messe. J'étends mon salut cordial à tous les porteurs de handicap, à leurs proches et aux volontaires qui, en ce même jour, célèbrent avec leurs pasteurs, dans les diverses Eglises locales, leur Jubilé.

Très chers frères et soeurs, dans votre corps et dans votre vie, vous êtes les porteurs d'une profonde espérance de libération. N'y a-t-il pas en cela une attente implicite de la "libération" que le Christ a obtenue pour nous à travers sa mort et sa résurrection? En effet, chaque personne marquée par une difficulté physique ou psychique vit une sorte d'"avent" existentiel, l'attente d'une "libération" qui se manifestera pleinement, pour cette dernière comme pour tous, uniquement à la fin des temps. Sans la foi, cette attente peut prendre l'aspect de la déception et du découragement; si elle est soutenue par la parole du Christ, elle se transforme en espérance vivante et active.


3. "Veillez donc et priez en tout temps, afin d'avoir la force d'échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l'homme" (Lc 21,36). La liturgie d'aujourd'hui nous parle de la "seconde venue" du Seigneur; c'est-à-dire qu'elle nous parle du retour glorieux du Christ qui coïncidera avec ce que, en termes simples, on appelle "la fin du monde". Il s'agit d'un événement mystérieux qui, dans le langage apocalyptique, présente avant tout l'aspect d'un immense cataclysme. De même que la fin de l'individu, c'est-à-dire la mort, la fin de l'univers suscite l'angoisse de l'inconnu, la crainte de la souffrance, ainsi que des interrogations pleine d'inquiétude à propos de l'"au-delà".

881 Le temps de l'Avent, qui commence précisément aujourd'hui, nous incite à nous préparer à accueillir le Seigneur qui viendra. Mais comment nous préparer? La célébration significative que nous sommes en train d'accomplir fait apparaître qu'une façon concrète pour nous préparer à cette rencontre est la proximité et le partage avec celui qui, quel qu'en soit le motif, se trouve en difficulté. En reconnaissant le Christ dans notre frère, nous nous préparons à ce qu'Il nous reconnaisse lors de son retour définitif. C'est ainsi que la communauté chrétienne se prépare à la seconde venue du Seigneur: en plaçant au centre les personnes que Jésus lui-même a privilégiées, des personnes que souvent la société met en marge et ne prend pas en considération.


4. C'est ce que nous avons fait aujourd'hui, en nous rassemblant dans cette basilique pour vivre la grâce et la joie du Jubilé avec vous, qui êtes porteurs d'un handicap, et avec vos familles. A travers ce geste, nous entendons faire nôtres vos angoisses et vos attentes, vos dons et vos problèmes.

Au nom du Christ, l'Eglise s'engage à devenir toujours davantage pour vous une "maison accueillante". Nous savons que le porteur de handicap - personne unique et irremplaçable, possédant une égale dignité inviolable - demande non seulement des soins, mais tout d'abord de l'amour qui devient reconnaissance, respect et intégration: de la naissance à l'adolescence, jusqu'à l'âge adulte et au moment délicat, vécu avec inquiétude par de nombreux parents, de la séparation de leurs enfants, le moment de l'"après nous". Très chers amis, nous voulons prendre part à votre travail et aux inévitables moments de découragement, afin de les illuminer par la lumière de la foi et par l'espérance de la solidarité et de l'amour.


5. Très chers frères et soeurs, à travers votre présence, vous réaffirmez que le handicap n'est pas seulement une situation de besoin, mais qu'il est également et surtout un encouragement et une interpellation. Certes, il est une demande d'aide, mais il est avant tout une provocation face aux égoïsmes individuels et collectifs; il est une invitation à des formes toujours nouvelles de fraternité. Votre réalité remet en question les conceptions de la vie liées uniquement à la satisfaction personnelle, à l'apparence, à la hâte, à l'efficacité.

La communauté ecclésiale se met elle aussi à l'écoute de façon respectueuse; elle ressent le besoin de se laisser interroger par la difficulté d'un grand nombre de vos existences, marquées de façon mystérieuse par la souffrance et le poids d'événements blessants, congénitaux ou acquis. Elle veut être plus proche de vous et de vos familles, consciente que le manque d'attention accroît la souffrance et la solitude, alors que la foi témoignée dans l'amour et de façon gratuite donne de la force et son sens à la vie.

A ceux qui assument des responsabilités politiques à tous les niveaux, je voudrais demander, en cette circonstance solennelle, d'oeuvrer afin que soit assurées des conditions de vie et des opportunités telles que votre dignité, chers frères et soeurs porteurs de handicap, soit effectivement reconnue et protégée. Dans une société riche de connaissances scientifiques et techniques, il est possible, et de notre devoir, de faire davantage, selon les divers modes requis par la coexistence civile: de la recherche bio-médicale pour prévenir le handicap, aux soins, à l'assistance, à la réhabilitation, à la nouvelle intégration sociale.

Si vos droits civils, sociaux et spirituels doivent être protégés, il est cependant encore plus important de sauvegarder les relations humaines: des relations d'aide, d'amitié, de partage. Voilà pourquoi doivent être encouragées les formes de soins et de réhabilitation qui tiennent compte de la vision intégrale de la personne humaine.


6. "Et vous, que le Seigneur vous fasse croître et abonder dans l'amour que vous avez les uns envers les autres et envers tous" (
1Th 3,12).

Saint Paul nous indique aujourd'hui la voie de la charité comme la voie royale pour aller à la rencontre du Seigneur qui viendra. Il souligne que ce n'est qu'en aimant de façon sincère et désintéressée que nous pourrons être prêts "lors de l'avènement de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints" (1Th 3,13). L'amour est, une fois de plus, le critère décisif, aujourd'hui et toujours.

Sur la croix, en s'offrant lui-même pour nous racheter, Jésus a accompli le jugement du salut, en révélant le dessein mystérieux du Père. Ce jugement, Il l'anticipe dans le présent: en s'identifiant avec "le plus petit de nos frères", Jésus nous demande de l'accueillir et de le servir avec amour. Au jour dernier, il nous dira: "J'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger... (cf. Mt Mt 25,35), et il nous demandera si nous avons annoncé, vécu et témoigné de l'Evangile de la charité et de la vie.


7. Seigneur de la vie et de l'espérance, comme tes paroles sont éloquentes pour nous aujourd'hui! En Toi, chaque limite humaine est rachetée et délivrée. Grâce à Toi, le handicap n'est pas le dernier mot de l'existence. C'est l'amour qui est le dernier mot, c'est ton amour qui donne un sens à la vie.
882 Aide-nous à orienter notre coeur vers Toi; aide-nous à reconnaître ton visage qui resplendit en chaque créature humaine lorsqu'elle est éprouvée par les épreuves, par les difficultés et par la souffrance.

Fais-nous comprendre que "la gloire de Dieu est l'homme vivant" (Irénée de Lyon, Adv. haer., 4, 20, 7), et fais qu'un jour, nous puissions goûter, dans la vision divine, avec Marie Mère de l'humanité, la plénitude de la vie que Tu as rachetée. Amen!



8 décembre 2000, Célébration de l'Hymne Akathistos dans la Basilique Sainte Marie Majeure

Vendredi 8 décembre 2000



1. Marie "est l'icône de l'Eglise, symbole et anticipation de l'humanité transfigurée par la grâce, modèle et espérance certaine pour toux ceux qui portent leurs pas vers la Jérusalem céleste" (Lett. apost. Orientale lumen, n. 6).

Très chers frères et soeurs! Nous voici rassemblés dans la basilique que le peuple romain, au lendemain du Concile d'Ephèse, a consacrée avec une fervente piété à la Très Sainte Vierge Marie. Ce soir, la tradition liturgique byzantine célèbre les premiers Vêpres de la Conception de sainte Anne, alors que la liturgie latine rend grâce à l'Immaculée Conception de la Mère de Dieu.

J'exprime ma vive satisfaction pour la participation d'un groupe de frères et soeurs qui se trouvent ici ce soir avec nous, et qui représentent les Eglises orientales catholiques. J'adresse un salut cordial à tous les évêques de rite byzantin présents dans cette basilique avec leurs fidèles.

2. Ce soir, nous sommes tous envahis d'une joie intime: la joie de rendre grâce à Marie à travers l'hymne Akathistos, si cher à la tradition orientale. Il s'agit d'un cantique entièrement centré sur le Christ, contemplé à la lumière de la Vierge, sa Mère. Celui-ci nous invite 144 fois à renouveler à Marie le salut de l'Archange Gabriel: Ave Maria! Nous avons reparcouru les étapes de son existence et rendu grâce pour les prodiges accomplis en Elle par le Tout-Puissant: de sa conception virginale, début et principe de la nouvelle création, à sa maternité divine, au partage de la mission de son Fils, en particulier lors des moments de sa mort et de sa résurrection. Mère du Seigneur ressuscité et Mère de l'Eglise, Marie nous précède et nous conduit à la connaissance authentique de Dieu et à la rencontre avec le Rédempteur. Elle nous indique la voie et nous montre son Fils. En la célébrant avec joie et avec gratitude, nous honorons la sainteté de Dieu, dont la miséricorde a fait des merveilles dans son humble servante. Nous la saluons sous le titre de "Pleine de grâce" et nous implorons son intercession pour tous les fils de l'Eglise qui, à travers cet Hymne Akathistos, célèbrent sa gloire. Puisse-t-elle nous guider pour contempler, lors du prochain Noël, le mystère de Dieu fait homme pour notre salut!



10 décembre 2000, Jubilé des Catéchistes

Dimanche 10 décembre 2000



1. "Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers!" (
Lc 3,4). Jean-Baptiste s'adresse aujourd'hui à nous à travers ces paroles. Sa figure ascétique incarne, dans un certain sens, la signification de ce temps d'attente et de préparation de la venue du Seigneur. Dans le désert de Judée, il proclame qu'est désormais arrivé le moment de l'accomplissement des promesses et que le Royaume de Dieu est proche: c'est pourquoi il faut de façon pressante abandonner les voies du péché et croire à l'Evangile (cf. Mc Mc 1,15).

883 Quelle figure pouvait être plus adaptée que celle de Jean-Baptiste pour votre Jubilé, très chers catéchistes et enseignants de religion catholique? J'adresse mon salut affectueux à vous tous, venus ici de divers pays en tant que représentants de nombreuses Eglises particulières. Je remercie le Cardinal Darío Castrillón Hoyos, Préfet de la Congrégation pour le Clergé, ainsi que vos deux représentants, pour les paroles courtoises qu'il m'ont adressées, en votre nom à tous, au début de cette célébration.

2. Dans la personne du Baptiste, vous retrouvez aujourd'hui les traits fondamentaux de votre service ecclésial. En vous confrontant à lui, vous êtes encouragés à effectuer un contrôle de la mission que l'Eglise vous confie. Qui est Jean-Baptiste? Il est tout d'abord un croyant engagé en première personne sur un chemin spirituel exigeant, fait d'une écoute attentive et constante de la Parole de salut. En outre, il témoigne d'un style de vie détaché et pauvre; il démontre un grand courage en proclamant à tous la volonté de Dieu, jusqu'aux conséquences les plus extrêmes. Il ne cède pas à la tentation facile de jouer un rôle de premier plan, mais avec humilité, il s'abaisse pour exalter Jésus.

Comme Jean-Baptiste, le catéchiste est lui aussi appelé à indiquer en Jésus le Messie attendu, le Christ. Sa tâche est d'inviter à tourner le regard vers Jésus et à Le suivre, car Lui seul est le Maître, le Seigneur, le Sauveur. Comme le Précurseur, le catéchiste ne doit pas mettre sa personne en évidence, mais le Christ. Tout doit être orienté vers Lui: vers sa venue, sa présence, son mystère.

Le catéchiste doit être une voix qui renvoie à la Parole, un ami qui conduit à l'Epoux. Toutefois, comme Jean, il est lui aussi, dans un certain sens, indispen-sable, car l'expérience de la foi a toujours besoin d'un médiateur, qui soit dans le même temps un témoin. Lequel d'entre nous ne remercie pas le Seigneur pour un catéchiste valable - prêtre, religieux, religieuse, laïc - envers lequel il se sent débiteur d'une première présentation organique et captivante du mystère chrétien?

3. Votre oeuvre, chers catéchistes et enseignants de religion, est plus que jamais nécessaire et demande de votre part une fidélité constante au Christ et à l'Eglise. En effet, tous les fidèles ont le droit de recevoir de ceux qui, en raison de leur charge ou de leur mandat, sont responsables de la catéchèse et de la prédication, des réponses non subjectives, mais correspondant au Magistère constant de l'Eglise, à la foi enseignée depuis toujours de façon autorisée par ceux qui sont des maîtres et vécue de façon exemplaire par des saints.

A ce propos, je voudrais ici rappeler l'importante Exhortation apostolique Quinque iam anni, que le Serviteur de Dieu le Pape Paul VI adressa à l'épiscopat catholique cinq ans après le Concile Vatican II, c'est-à-dire il y a trente ans, précisément le 8 décembre 1970. Le Pape dénonçait la tendance dangereuse de reconstruire, sur des bases psychologiques et sociologiques, un christianisme s'écartant de la Tradition ininterrompue qui se rattache à la foi des Apôtres (cf. Insegnamenti di Paolo VI, VIII [1970], 1420). Très chers amis, c'est à vous également qu'il revient de collaborer avec les évêques, afin que l'effort nécessaire pour faire comprendre le message aux hommes et aux femmes de notre temps ne trahisse jamais la vérité et la continuité de la doctrine de la foi (cf. ibid., n. 1422).

Mais la connaissance intellectuelle du Christ et de son Evangile ne suffit pas. En effet, croire en Lui signifie Le suivre. C'est pourquoi nous devons aller à l'école des apôtres, des confesseurs de la foi, des saints et des saintes de chaque époque, qui ont contribué à diffuser et à faire aimer le nom du Christ, à travers le témoignage d'une vie vécue généreusement et joyeusement pour Lui et nos frères.

4. A ce propos, la page évangélique d'aujourd'hui nous invite à un examen de conscience approfondi. Saint Luc nous parle de "sentiers à rendre droits", de "ravins à combler" de "montagnes" et de "collines à abaisser", pour que chaque homme puisse voir le salut de Dieu (cf.
Lc 3,4-6).

Ces "ravins" font penser à l'écart, que l'on constate chez certains, entre la foi qu'ils professent et la vie quotidienne qu'ils mènent: le Concile a situé cet écart "parmi les plus graves fautes de notre temps" (Gaudium et spes GS 43).

Les "sentiers à rendre droits" rappellent, en outre, la condition de certains croyants qui, du patrimoine intégral et immuable de la foi, détachent des éléments choisis de façon subjective, peut-être à la lumière de la mentalité dominante, et qui s'éloignent de la juste route de la spiritualité évangélique, pour faire référence à de vagues valeurs s'inspirant d'un moralisme conventionnel et iréniste. En réalité, tout en vivant dans une société multi-ethnique et multi-religieuse, le chrétien ne peut pas ne pas ressentir l'urgence du mandat missionnaire qui poussait saint Paul à s'exclamer "Malheur à moi si je n'annonçais pas l'Evangile!" (1Co 9,16). En chaque circonstance, en chaque milieu, qu'il soit favorable ou pas, on doit proposer avec courage l'Evangile du Christ, annonce de bonheur pour chaque personne de tout âge, catégorie, culture et pays.

5. Consciente de cela, l'Eglise s'est engagée, au cours des dernières décennies, d'une façon encore plus approfondie dans le renouveau de la catéchèse, selon les enseignements et l'esprit du Concile Vatican II. Il suffit ici de mentionner diverses initiatives ecclésiales importantes, dont l'Assemblée du Synode des Evêques, en particulier celle de 1974 consacrée à l'évangélisation; ainsi que divers documents du Saint-Siège et des épiscopats, édités au cours des dernières décennies. Une place particulière est naturellement occupée par le Catéchisme de l'Eglise catholique, publié en 1992, qui a été suivi, il y a trois ans, par une nouvelle rédaction du Directoire général pour la Catéchèse. Cette abondance d'événements et de documents témoigne de la sollicitude de l'Eglise qui, franchissant le seuil du troisième millénaire, se sent incitée par le Seigneur à s'engager avec un élan renouvelé dans l'annonce du message évangélique

884 6. La mission catéchétique de l'Eglise a des objectifs importants à réaliser. Les épiscopats préparent les catéchismes nationaux qui, à la lumière du Catéchisme de l'Eglise catholique, présenteront la synthèse organique de la foi de façon adaptée aux "différences de culture, d'âges, de maturité spirituelle, de situations sociales et ecclésiales de ceux à qui s'adresse la catéchèse" (CEC 24). Un voeu s'élève de mon coeur et devient prière: puisse le message chrétien, intégral et universel, imprégner tous les milieux et tous les niveaux de culture et de responsabilité sociale! Puisse-t-il, en particulier, selon une glorieuse tradition, être traduit dans le langage de l'art et de la communication sociale, de façon à atteindre les milieux humains les plus divers!

Je vous encourage avec une grande affection, en ce moment solennel, vous qui êtes engagés dans les divers itinéraires catéchétiques: de la catéchèse paroissiale, qui, dans un certain sens, est le ferment de toutes les autres, à la catéchèse familiale, à la catéchèse dans les écoles catholiques, dans les associations, dans les mouvements, dans les nouvelles communautés ecclésiales. L'expérience enseigne que la qualité de l'action catéchétique dépend en large mesure de la présence pastorale attentive et affectueuse des prêtres. Chers prêtres, et vous en particulier, chers curés, faites en sorte que dans les itinéraires d'initiation chrétienne et dans la formation des catéchistes, l'intensité de votre zèle ne fasse jamais défaut. Soyez proches d'eux, accompagnez-les. C'est un service important que l'Eglise vous demande.

7. "Je prie toujours avec joie pour vous dans toutes mes prières, car je me rappelle la part que vous avez prise à l'Evangile" (cf. Ph Ph 1,4-5). Très chers frères et soeurs, je fais volontiers miennes les paroles de l'Apôtre Paul, reproposées par la liturgie d'aujourd'hui, et je vous dis: catéchistes de tout âge et condition, vous êtes toujours présents dans mes prières, et penser à vous, qui êtes engagés dans la diffusion de l'Evangile dans toutes les parties du monde et dans chaque situation sociale, constitue pour moi un motif de réconfort et d'espérance. Avec vous, je désire aujourd'hui rendre hommage à vos nombreux collègues qui ont payé par des souffrances en tous genres, et souvent même par leur vie, leur fidélité à l'Evangile et aux communautés dans lesquelles ils étaient envoyés. Que leur exemple représente une incitation et un encouragement pour chacun de vous.

"Et toute chair verra le salut de Dieu" (Lc 3,6), c'est ainsi que s'exprimait Jean-Baptiste dans le désert, préannonçant la plénitude des temps. Faisons nôtre ce cri d'espérance, en célébrant le Jubilé bimillénaire de l'Incarnation. Que chaque homme puisse, dans le Christ, voir le salut de Dieu! C'est pourquoi il doit Le rencontrer, Le connaître, Le suivre. Très chers amis, telle est la mission de l'Eglise; telle est votre mission! Le Pape vous dit: Allez! Comme le Baptiste, préparez la voie au Seigneur qui vient.

Que vous guide et vous assiste la Très Sainte Vierge Marie, la Vierge de l'Avent, l'Etoile de la nouvelle évangélisation. Soyez dociles comme Elle à la Parole divine et que son Magnificat vous incite à la louange et au courage prophétique. Ainsi, également grâce à vous, se réaliseront les paroles de l'Evangile: chaque homme verra le salut de Dieu!

Loué soit Jésus-Christ!



17 décembre 2000, Jubilé du monde du spectacle
Dimanche 17 décembre 2000



1. "Réjouissez-vous [...] Le Seigneur est proche" (Ph 4,4-5).

Le troisième dimanche de l'Avent d'aujourd'hui est caractérisé par la joie: la joie de qui attend Celui qui "est proche", le Dieu-avec-nous, préannoncé par les prophètes. C'est la "grande joie de Noël" que nous goûtons déjà aujourd'hui, une joie qui "sera celle de tout le peuple", car le Sauveur est venu et il viendra à nouveau nous rendre visite d'en-haut, comme un soleil qui se lève (cf. Lc 1,78).

C'est la joie des chrétiens, pèlerins dans le monde, qui attendent avec espérance le retour glorieux de Celui qui, pour venir à notre aide, s'est dépouillé de sa gloire divine. C'est la joie de cette Année Sainte, qui commémore les deux millénaires écoulés depuis que le Fils de Dieu, Lumière né de la Lumière, a illuminé par la splendeur de sa présence l'histoire de l'humanité.

885 C'est pourquoi, dans cette perspective, les paroles du prophète Sophonie que nous avons écoutées lors de la première lecture, deviennent particulièrement éloquentes: "Pousse des cris de joie, fille de Sion! Une clameur d'allégresse, Israël! Réjouis-toi, triomphe de tout ton coeur, fille de Jérusalem! Yahvé a levé la sentence qui pesait sur toi; il a détourné ton ennemi" (So 3,14-15): voilà l'"année de grâce du Seigneur", qui nous rachète du péché et de ses blessures!

2. Cette annonce prophétique réconfortante retentit avec une forte intensité dans notre assemblée: "Yahvé ton Dieu est au milieu de toi, héros sauveur! Il exultera pour toi de joie, il te renouvellera par son amour" (So 3,17).

C'est Lui qui est venu et c'est Lui que nous attendons. L'année jubilaire nous invite à conserver notre regard tourné vers lui, en particulier en cet Avent de l'An 2000. Le "héros sauveur" vous est aujourd'hui également indiqué, très chers frères et soeurs, qui oeuvrez sous diverses formes dans le monde du spectacle. En son nom, je vous accueille et je vous salue cordialement. Je remercie avec affection pour les paroles courtoises qui m'ont été adressées par Mgr John Patrick Foley, Président du Conseil pontifical pour les Communications sociales, et par vos deux représentants. J'étends mon salut à vos collègues et amis qui n'ont pas pu être présents.

3. Dimanche dernier, l'Evangile de Luc nous a présenté Jean-Baptiste, qui, sur les rives du Jourdain, proclamait la venue imminente du Messie. Aujourd'hui, la liturgie nous fait écouter la suite de ce texte évangélique: le Baptiste indique aux foules comment préparer concrètement la voie du Seigneur. Aux diverses catégories de personnes, qui lui demandent: "Que nous faut-il donc faire" (Lc 3,10 Lc 3,12 Lc 3,14), Il indique ce qu'il est nécessaire d'accomplir pour se préparer à accueillir le Messie.

Cette page évangélique fait penser, dans un certain sens, aux rencontres jubilaires pour les diverses catégories sociales et professionnelles. Elle fait également penser à vous, chers frères et soeurs: à travers votre pèlerinage jubilaire, c'est comme si vous étiez venus vous aussi demander: "Que nous faut-il donc faire?". La première réponse que vous offre la Parole de Dieu est une invitation à retrouver la joie. Le Jubilé - terme qui est relié à la "joie" - n'est-il pas une exhortation à être remplis de joie, car le Seigneur est venu habiter parmi nous et nous a donné son amour?

Cette joie qui naît de la grâce divine n'est cependant pas une joie superficielle et éphémère. Il s'agit d'une joie profonde, enracinée dans le coeur et capable d'envahir toute l'existence du croyant.

Une joie qui peut coexister avec les difficultés, avec les épreuves, et même - pour autant que cela puisse sembler paradoxal - avec la douleur et la mort. C'est la joie de Noël et de Pâques, don du Fils de Dieu incarné, mort et ressuscité; une joie que personne ne peut ôter à ceux qui sont unis à Lui dans la foi et dans les oeuvres (cf. Jn 16,22-23).

Très chers amis, beaucoup d'entre vous travaillent pour divertir le public, dans la création et la réalisation de spectacles, qui entendent offrir l'occasion d'une saine détente et de distraction. Si la joie chrétienne se place, au sens propre, sur un plan plus directement spirituel, elle comprend cependant également le sain divertissement qui est bénéfique au corps et à l'esprit. C'est pourquoi, la société doit être reconnaissante à ceux qui produisent et qui réalisent des émissions et des programmes intelligents et qui permettent de se détendre, qui sont amusants sans être aliénants, drôles sans être vulgaires. Diffuser une joie authentique peut être une forme réelle de charité sociale.

4. De plus, l'Eglise, comme Jean-Baptiste, possède aujourd'hui un message spécifique pour vous, chers agents du monde du spectacle. Un message que l'on pourrait définir en ces termes: dans votre travail, ayez toujours à l'esprit vos destinataires, qui sont des personnes, leurs droits et leurs attentes légitimes, et ce d'autant plus lorsqu'il s'agit de sujets en formation. Ne vous laissez pas conditionner par le pur intérêt économique ou idéologique. Tel est le principe fondamental de l'éthique des communications sociales, que chacun de vous est appelé à appliquer dans son propre domaine d'activité. A ce propos, le Conseil pontifical pour les Communications sociales a publié en juin dernier un document spécifique: L'éthique dans les Communications sociales, sur lequel je vous invite à réfléchir.

Ce sont surtout, parmi vous, ceux qui sont le plus connus du public qui doivent être constamment conscients de leurs responsabilités. Chers amis, le public vous regarde avec sympathie et intérêt. Soyez toujours pour lui des modèles positifs et cohérents, capables de communiquer la confiance, l'optimisme et l'espérance.

Afin de pouvoir réaliser cette mission exigeante, le Seigneur vous vient en aide, Lui à qui vous pouvez avoir recours à travers l'écoute de sa parole et la prière. Oui, très chers amis, vous qui travaillez avec les images, les gestes et les sons: en d'autres termes vous qui travaillez avec l'extériorité. C'est précisément pour cela que vous devez être des hommes et des femmes possédant une forte intériorité, capables de recueillement. Dieu habite en nous, il nous est plus intime que nous-mêmes, comme le remarquait Augustin. Si vous savez dialoguer avec Lui, vous pourrez mieux communiquer avec le prochain. Si vous faites preuve d'une vive sensibilité à l'égard du bien, du vrai et du beau, les produits de votre créativité, même les plus simples, seront de bonne qualité esthétique et morale.

886 5. L'Eglise est proche de vous et compte sur vous! Elle attend qu'au cinéma, à la télévision, à la radio, au théâtre, au cirque et dans toute autre forme de spectacle, vous transmettiez ce "levain" évangélique, grâce auquel toute réalité humaine développe au maximum ses potentialités positives.

On ne peut pas imaginer une nouvelle évangélisation qui n'interpelle pas votre monde, le monde du spectacle, si important pour la formation des mentalités et des coutumes. Je pense ici aux nombreuses initiatives qui reproposent le message biblique et le très riche patrimoine de la tradition chrétienne dans le langage des formes, des sons, des images, à travers le théâtre, le cinéma, la télévision. Je pense également aux oeuvres et aux programmes qui ne sont pas explicitement religieux, mais toutefois capables de parler au coeur des personnes, en suscitant en elles émerveillement, interrogations, réflexions.

6. Très chers frères et soeurs! La Providence a voulu que votre Jubilé soit célébré quelques jours avant Noël, la fête sans aucun doute la plus représentée dans le cadre de votre travail, à tous les niveaux, des mass-media aux crèches vivantes. La rencontre d'aujourd'hui nous aide ainsi à entrer en harmonie avec l'authentique esprit de Noël, bien différent de celui du monde, qui en fait une occasion de commerce.

Laissez-vous guider par Marie, la Mè-re du Verbe incarné, sur l'itinéraire de préparation à cette solennité. Elle attend en silence l'accomplissement des promesses divines et nous enseigne que pour apporter au monde la paix et la joie, il faut d'abord accueillir dans le coeur le Prince de la Paix et la source de la joie, Jésus-Christ. Pour que cela se produise, il est nécessaire de se convertir à son amour, d'être disponibles à accomplir sa volonté.

Mon souhait est que vous puissiez vous aussi, très chers amis du monde du spectacle, accomplir cette expérience réconfortante. A travers les langages les plus divers, vous serez alors des porteurs de joie, de cette joie que le Christ donne à toute l'humanité à Noël.

24 décembre 2000: Messe de la Nuit

"Aujourd'hui, un Sauveur nous est né" (antienne du psaume responsorial).

En cette nuit, retentit l'annonce, ancienne et toujours nouvelle, de la Nativité du Seigneur. Elle retentit pour ceux qui veillent, comme les pasteurs de Bethléem il y a deux mille ans; elle retentit pour ceux qui ont suivi l'invitation de l'Avent et qui, vigilants dans l'attente, sont prêts à accueillir le joyeux message; dans la liturgie ce message se fait chant : "Aujourd'hui, un Sauveur nous est né".

Le peuple chrétien veille; le monde entier veille, en cette nuit de Noël qui se rattache à la mémorable nuit d'il y a un an, quand fut ouverte la Porte Sainte du grand Jubilé, Porte de la grâce grande ouverte à tous.

. Chaque jour de l'année jubilaire, c'est comme si l'Église ne cessait jamais de répéter : "Aujourd'hui, un Sauveur nous est né". Cette annonce, qui possède une charge inépuisable de renouvellement, résonne en cette nuit sainte avec une force singulière : c'est le Noël du grand Jubilé, mémoire vivante des deux mille ans du Christ, de sa prodigieuse naissance qui a marqué le nouveau commencement de l'histoire. Aujourd'hui, "le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous" (
Jn 1,14).

"Aujourd'hui". En cette nuit, le temps s'ouvre à l'éternel, parce que Toi, ô Christ, tu es né parmi nous, venant d'en haut. Tu es né du sein d'une Femme bénie entre toutes, Toi, le "Fils du Très-Haut". Ta sainteté a sanctifié une fois pour toutes notre temps : les jours, les siècles, les millénaires. Par ta naissance tu as fait du temps un "aujourd'hui" de salut.

887 ."Aujourd'hui, un Sauveur nous est né".

Cette nuit nous célébrons le mystère de Bethléem, le mystère d'une nuit particulière qui est, en un sens, dans le temps et au-delà du temps. Dans le sein de la Vierge est né un Enfant, une mangeoire a servi de berceau pour la Vie immortelle.

Noël est la fête de la vie, car Toi, Jésus, en venant au jour comme chacun de nous, tu as béni l'heure de la naissance : une heure qui symboliquement représente le mystère de l'existence humaine, en unissant les douleurs de l'enfantement à l'espérance, la souffrance à la joie. Tout cela est arrivé à Bethléem : une Mère a enfanté; "un être humain est né dans le monde" (
Jn 16,21), le Fils de l'homme. Mystère de Bethléem !

Avec une émotion intérieure, je repense aux jours de mon pèlerinage en Terre Sainte. Je retourne en esprit à cette grotte où il m'a été accordé la grâce de m'arrêter en prière. J'embrasse en esprit cette terre bénie où a jailli pour le monde la joie impérissable.

Je pense avec inquiétude aux Lieux saints et, de façon spéciale, à la ville de Bethléem où, malheureusement, à cause de la situation politique difficile, les rites suggestifs de Noël ne pourront pas se dérouler avec la solennité habituelle. Je voudrais qu'en cette nuit ces communautés chrétiennes ressentent la pleine solidarité de toute l'Église.

Nous vous sommes proches, chers Frères et Soeurs, par une prière particulièrement intense. Avec vous nous tremblons pour le sort de toute la région du Moyen-Orient. Puisse le Seigneur écouter notre prière ! De cette Place, centre du monde catholique, que retentisse encore une fois avec une force renouvelée l'annonce des anges aux bergers : "Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes, qu'il aime" (Lc 2,14) !

Notre confiance ne peut chanceler, de même que ne peut manquer notre émerveillement pour ce que nous commémorons. Celui qui donne la paix au monde naît aujourd'hui.

"Aujourd'hui, un Sauveur nous est né".

Le Verbe pleure dans une mangeoire. Il s'appelle Jésus, ce qui signifie "Dieu sauve", car "c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés" (Mt 1,21).

Ce n'est pas dans un palais que naît le Rédempteur, destiné à instaurer le Règne éternel et universel. Il naît dans une étable et, en venant parmi nous, il allume dans le monde le feu de l'amour de Dieu (cf. Lc 12,49). Ce feu ne s'éteindra jamais plus.

Puisse ce feu brûler dans les coeurs comme une flamme de charité concrète, qu'il devienne accueil et soutien pour de nombreux frères éprouvés par le besoin et par la souffrance !

888 Seigneur Jésus, Toi que nous contemplons dans la pauvreté de Bethléem, rends-nous témoins de ton amour, de cet amour qui T'a poussé à te dépouiller de la gloire divine pour venir naître parmi les hommes et mourir pour nous.

Alors que le grand Jubilé entre dans sa phase finale, donne-nous ton Esprit, pour que la grâce de l'Incarnation pousse tout croyant à correspondre plus généreusement à la vie nouvelle reçue au Baptême.

Fais que la lumière de cette nuit, plus resplendissante que le jour, se projette sur l'avenir et oriente les pas de l'humanité sur le chemin de la paix.

Toi, le Prince de la paix, Toi le Sauveur né aujourd'hui pour nous, chemine avec ton Église sur la route qui s'ouvre devant elle dans le nouveau millénaire!





2001

1er janvier 2001, Solennité Sainte Mère de Dieu

Homélies St Jean-Paul II 878