Homélies St Jean-Paul II 21101

21 octobre 2001, Béatification de Luigi Beltrame Quattrocchi et Maria Corsini, Epoux

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Dimanche 21 octobre 2001
Journée Mondiale des Missions


1. "Mais le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre?" (
Lc 18,8).

La question par laquelle Jésus conclut la parabole sur la nécessité de prier "sans cesse et ne pas se décourager" (Lc 18,1), ébranle notre âme. C'est une question qui n'est pas suivie d'une réponse: en effet, elle entend interpeller chaque personne, chaque communauté ecclésiale, chaque génération humaine. La réponse doit être donnée par chacun de nous. Le Christ désire nous rappeler que l'existence de l'homme est orientée vers la rencontre avec Dieu; mais précisément dans cette perspective, il se demande si, à son retour, il trouvera les âmes prêtes à l'attendre, pour entrer avec lui dans la maison du Père. C'est pourquoi il dit à tous: "Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure" (Mt 25,13).

Chers frères et soeurs!
Très chères familles!

Aujourd'hui, nous nous sommes donné rendez-vous pour la béatification de deux époux: Luigi et Maria Beltrame Quattrocchi. A travers cet acte ecclésial solennel, nous entendons mettre en lumière un exemple de réponse affirmative à la question du Christ. La réponse est donnée par deux époux, qui ont vécu à Rome dans la première moitié du vingtième siècle, un siècle au cours duquel la foi dans le Christ a été mise à dure épreuve. Egalement au cours de ces années difficiles, les deux époux Luigi et Maria ont gardé allumée la lampe de la foi - lumen Christi - et l'ont transmise à leurs quatre enfants, dont trois sont aujourd'hui présents dans cette Basilique. Très chers amis, votre Mère écrivait ce qui suit à votre propos: "Nous les avons élevés dans la foi, afin qu'ils connaissent Dieu et qu'ils l'aiment" (La chaîne et la trame, p. 9). Mais vos parents ont également transmis cette flamme vive à leurs amis, à leurs connaissances, à leurs collègues... A présent, du Ciel, ils la donnent à toute l'Eglise.

Je salue les parents et les amis des nouveaux bienheureux, ainsi que les Autorités religieuses qui participent à cette célébration, à commencer par le Cardinal Camillo Ruini et les autres cardinaux, archevêques et évêques présents. Je salue, en outre, les Autorités civiles, parmi lesquelles le Président de la République italienne et la Reine de Belgique.


2. Il ne pouvait pas exister d'occasion plus heureuse et significative que celle d'aujourd'hui, pour célébrer les vingt ans de l'Exhortation apostolique "Familiaris consortio". Ce document, qui est aujourd'hui encore d'une grande actualité, illustre non seulement la valeur du mariage et les devoirs de la famille, mais il invite à un engagement particulier sur le chemin de sainteté auquel les époux sont invités en vertu de la grâce sacramentelle, qui "n'est pas épuisée dans la célébration du sacrement de mariage, mais accompagne les époux tout au long de leur existence" (Familiaris consortio FC 56). La beauté de ce chemin resplendit dans le témoignage des bienheureux Luigi et Maria, expression exemplaire du peuple italien, qui doit tant au mariage et aux familles fondées sur celui-ci.

Ces époux ont vécu, dans la lumière de l'Evangile et avec une grande intensité humaine, l'amour conjugal et le service à la vie. Ils ont assumé de façon pleinement responsable la tâche de collaborer avec Dieu dans la procréation, en se consacrant généreusement à leurs enfants pour les éduquer, les guider, les orienter à la découverte de son dessein d'amour. De ce terrain spirituel si fertile sont nées des vocations au sacerdoce et à la vie consacrée, qui démontrent combien le mariage et la virginité, à partir de leur enracinement commun dans l'amour sponsal du Seigneur, sont intimement liés et s'illuminent réciproquement.

En puisant à la Parole de Dieu et au témoignage des saints, les bienheureux époux ont vécu une vie ordinaire d'une façon extraordinaire. Parmi les joies et les soucis d'une famille normale, ils ont su réaliser une existence extraordinairement riche de spiritualité. Au centre, l'Eucharistie quotidienne, à laquelle s'ajoutait la dévotion filiale à la Vierge Marie, invoquée avec le Rosaire récité chaque soir, et la référence à de sages conseillers spirituels. Ils ont ainsi su accompagner leurs enfants dans le discernement de leur vocation, en les entraînant à évaluer chaque chose "du toit vers le haut", comme ils aimaient souvent à le souligner de façon amicale.


3. La richesse de foi et d'amour des époux Luigi et Maria Beltrame Quattrocchi est une démonstration vivante de ce que le Concile Vatican II a affirmé à propos de l'appel de tous les fidèles à la sainteté, en spécifiant que les époux poursuivent cet objectif "propriam viam sequentes", "en suivant leur propre voie" (Lumen gentium LG 41). Cette indication précise du Concile trouve aujourd'hui sa réalisation effective avec la première béatification d'un couple d'époux: leur fidélité à l'Evangile et l'héroïcité de leurs vertus ont été constatées à partir de leur vie comme époux et comme parents.

Dans leur vie, ainsi que dans celle de tant d'autres couples d'époux qui accomplissent chaque jour avec dévouement leurs tâches de parents, on peut contempler la révélation sacramentelle de l'amour du Christ pour l'Eglise. En effet, les époux, "en accomplissant leur mission conjugale et familiale avec la force de ce sacrement, pénétrés de l'Esprit du Christ qui imprègne toute leur vie de foi, d'espérance et de charité, parviennent de plus en plus à leur perfection personnelle et à leur sanctification mutuelle; c'est ainsi qu'ensemble, ils contribuent à la glorification de Dieu" (Gaudium et spes GS 48).

Chères familles, nous avons aujourd'hui une confirmation singulière du fait que le chemin de sainteté accompli ensemble, comme couple, est possible, beau, extraordinairement fécond et qu'il est fondamental pour le bien de la famille, de l'Eglise et de la société.

Cela nous invite à invoquer le Seigneur, pour que soient toujours plus nombreux les couples d'époux en mesure de faire transparaître, dans la sainteté de leur vie, le "grand mystère" de l'amour conjugal, qui tire son origine de la création et qui s'accomplit dans l'union du Christ avec l'Eglise (cf. Ep 5,22-23).


4. Chers époux, comme tout chemin de sanctification, le vôtre n'est pas facile non plus. Chaque jour, vous affrontez des difficultés et des épreuves pour être fidèles à votre vocation, pour cultiver l'harmonie conjugale et familiale, pour accomplir la mission de parents et pour participer à la vie sociale.

Sachez chercher dans la Parole de Dieu la réponse aux nombreuses interrogations que la vie quotidienne vous pose. Dans la deuxième lecture, saint Paul nous a rappelé que "toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice" (2Tm 3,16). Soutenus par la force de cette parole, vous pourrez insister ensemble avec vos enfants "à temps et à contretemps", en les admonestant et en les exhortant "avec une patience inlassable et le souci d'instruire" (2Tm 4,2).

La vie conjugale et familiale peut également connaître des moments d'égarement. Nous savons que de nombreuses familles cèdent au découragement dans ces cas. Je pense, en particulier, à ceux qui vivent le drame de la séparation; je pense à ceux qui doivent affronter la maladie et à ceux qui souffrent de la disparition prématurée de leur conjoint ou d'un enfant. Dans ces situations, on peut également apporter un grand témoignage de fidélité dans l'amour, rendu encore plus significatif par la purification à travers le passage dans le creuset de la douleur.

5. Je confie toutes les familles éprouvées à la main providentielle de Dieu et aux soins pleins d'amour de Marie, modèle sublime d'épouse et de mère, qui connut bien la souffrance et la fatigue de suivre le Christ jusqu'au pied de la Croix. Très chers époux, ne vous laissez jamais vaincre par le découragement: la grâce du sacrement vous soutient et vous aide à élever sans cesse les bras vers le ciel comme Moïse, dont nous a parlé la première Lecture (cf. Ex 17,11-12). L'Eglise est proche de vous et vous aide par sa prière, en particulier dans les moments difficiles.

Dans le même temps, je demande à toutes les familles de soutenir à leur tour les bras de l'Eglise, afin qu'elle ne vienne jamais à manquer à sa mission d'intercéder, de consoler, de guider et d'encourager. Chères familles, je vous remercie pour le soutien que vous m'apportez, également à moi, dans mon service à l'Eglise et à l'humanité. Chaque jour, je prie le Seigneur afin qu'il aide de nombreuses familles blessées par la misère et par l'injustice et qu'il fasse croître la civilisation de l'amour.


6. Très chers amis, l'Eglise a confiance en vous, pour affronter les défis qui l'attendent en ce nouveau millénaire. Parmi les voies de sa mission, "la famille est la première et la plus importante" (Lettre aux Familles LF 2); l'Eglise compte sur elle, l'appelant à être "un sujet actif d'évangélisation et d'apostolat" (ibid., n. LF 16).

Je suis certain que vous serez à la hauteur de la tâche qui vous attend, en tout lieu et en chaque circonstance. Chers époux, je vous encourage à assumer pleinement votre rôle et vos respon-sabilités. Renouvelez en vous-mêmes l'élan missionnaire, en faisant de vos foyers des lieux privilégiés pour l'annonce et l'accueil de l'Evangile, dans un climat de prière et dans l'exercice concret de la solidarité chrétienne.

Que l'Esprit Saint, qui a comblé le coeur de Marie afin que, dans la plénitude des temps, elle conçoive le Verbe de la vie et qu'elle l'accueille en même temps que son époux Joseph, vous soutienne et vous fortifie. Qu'il comble vos coeurs de joie et de paix, afin que vous sachiez rendre louange chaque jour au Père céleste, dont découle toute grâce et bénédiction.
Amen!



27 octobre 2001, Conclusion de la Xème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Evêques

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Samedi 27 octobre 2001


1. "Nous annoncerons aux peuples le salut du Seigneur" (Psaume responsorial).

Vénérés Frères, ces paroles du Psaume responsorial expriment bien l'attitude intérieure qui nous est commune, au terme de la Xème Assemblée générale ordinaire du Synode des Evêques. Le débat prolongé et approfondi sur le thème de l'épiscopat a renouvelé en chacun de nous la conscience passionnée de la mission qui nous a été confiée par le Seigneur Jésus-Christ. Avec ferveur apostolique, au nom de tout le Collège épiscopal que nous représentons ici, réunis auprès de la tombe de l'Apôtre Pierre, nous voulons réaffirmer notre adhésion unanime au mandat du Ressuscité: "Nous annoncerons aux peuples le salut du Seigneur".

Il s'agit presque d'un nouveau départ, dans le sillage du grand Jubilé de l'An 2000 et au début du troisième millénaire chrétien. La première Lecture nous a ramenés au climat jubilaire, l'oracle messianique d'Isaïe qui tant de fois a résonné au cours de l'Année Sainte. C'est une annonce chargée d'espérance pour tous les pauvres et les affligés. C'est l'inauguration de l'"année de grâce de la part de Yahvé" (
Is 61,2), qui a trouvé dans le Jubilé son expression forte, mais qui transcende tous les temps pour s'étendre partout où arrive la présence salvifique du Christ et de son Esprit.

En écoutant à nouveau aujourd'hui cette annonce, nous nous sentons confirmés dans la conviction exprimée au terme du grand Jubilé: "La porte vivante qu'est le Christ" est laissée plus que jamais grande ouverte pour les générations du nouveau millénaire (cf. Novo millennio ineunte NM 59). C'est le Christ qui est l'espérance du monde. La mission de l'Eglise et, de façon toute particulière, des Apôtres et de leurs successeurs, est de diffuser son Evangile jusqu'aux extrémités de la terre.

2. L'exhortation de l'Apôtre Pierre aux "anciens", que nous avons écoutée dans la deuxième Lecture, ainsi que le passage de l'Evangile, qui vient d'être proclamé, utilisent la symbolique du Pasteur et du troupeau, en présentant le ministère du Christ et des Apôtres dans une lumière "pastorale". "Pais le troupeau de Dieu qui t'est confié" écrit saint Pierre, se souvenant du mandat que lui-même avait reçu du Christ: "Pais mes agneaux... Pais mes brebis" (Jn 21,15-16). Et, encore plus significative, est l'autorévélation du Fils de Dieu: "Je suis le bon pasteur" (Jn 10,11), avec la connotation sacrificielle: "Je donne ma vie pour mes brebis" (cf. Jn 10,15).

C'est pourquoi Pierre se définit comme un "témoin des souffrances du Christ et qui doit participer à la gloire qui va être révélée" (1P 5,1). Le Pasteur est, dans l'Eglise, avant tout porteur de ce témoignage pascal et eschatologique, qui trouve son point culminant dans la célébration de l'Eucharistie, mémoire de la mort du Seigneur et annonce de son retour glorieux. La célébration de l'Eucharistie est, par conséquent, l'action pastorale par excellence: "Faites ceci en mémoire de moi" comporte non seulement la répétition rituelle de la Cène, mais aussi, comme conséquence, la disponibilité à donner sa vie pour le troupeau, à l'exemple de ce qu'Il a fait durant sa vie, et surtout à travers sa mort.


3. L'image du Bon Pasteur a été évoquée à plusieurs reprises au cours de ces semaines dans les interventions en Salle synodale. En effet, elle est l'"icône" qui a inspiré au cours des siècles beaucoup de saints Evêques et qui, plus que toute autre, dépeint les tâches et le style de vie des successeurs des Apôtres. Dans cette perspective, on ne peut pas manquer d'observer que l'Assemblée synodale, que nous concluons aujourd'hui, nous relie idéalement à tout le magistère que l'Eglise nous a laissé au cours de son histoire. Il suffit de penser, par exemple, au Concile de Trente, dont nous séparent près de quatre siècles et demi. Parmi les raisons pour lesquelles ce Concile a eu une immense influence novatrice sur le chemin du Peuple de Dieu, il y a assurément eu l'insistance sur la cura animarum comme première et principale tâche des Evêques, engagés à résider de façon stable avec leur troupeau et à se former des collaborateurs valables dans le ministère pastoral au moyen de l'institution des séminaires.

Quatre cents ans plus tard, le Concile Vatican II a repris et développé la leçon du Concile de Trente, en l'élargissant aux horizons de la nouvelle évangélisation. A l'aube du troisième millénaire, la figure idéale de l'Evêque sur laquelle l'Eglise continue de compter est celle du Pasteur qui, configuré au Christ dans la sainteté de vie, se prodigue généreusement pour l'Eglise qui lui est confiée, en portant en même temps dans son coeur la sollicitude pour toutes les Eglises présentes sur toute la terre (cf. 2Co 11,28).


4. L'Evêque, bon Pasteur, trouve lumière et force pour son ministère dans la Parole de Dieu, interprétée dans la communion de l'Eglise et annoncée avec une fidélité courageuse "à temps et à contretemps" (2Tm 4,2). Maître de la foi, l'Evêque encourage tout ce qu'il y a de bon et de positif dans le troupeau qui lui est confié, soutient et guide ceux qui sont faibles dans la foi (cf. Rm 14,1), intervient pour démasquer les altérations et combattre les abus.

Il est important que l'Evêque ait conscience des défis auxquels doit faire face aujourd'hui la foi dans le Christ, à cause d'une mentalité basée sur des critères humains qui, quelquefois, relativisent la loi et le dessein de Dieu. Surtout, il doit avoir le courage d'annoncer et de défendre la saine doctrine, même quand cela comporte des souffrances. L'Evêque, en communion avec le Collège apostolique et avec le Successeur de Pierre, a le devoir de protéger les fidèles des pièges de tout genre, en indiquant le retour sincère à l'Evangile du Christ comme la vraie solution aux problèmes complexes qui pèsent sur l'humanité. Le service que les Evêques sont appelés à rendre à leur troupeau sera une source d'espérance dans la mesure où il reflétera une ecclésiologie de communion et de mission. Dans les rencontres synodales de ces derniers jours, on a souligné à maintes reprises la nécessité d'une spiritualité de communion. En citant l'Instrumentum laboris, on a répété que "la force de l'Eglise réside dans la communion, sa faiblesse dans la division et l'opposition" (n. 63).

Ce n'est que si l'unité profonde et convaincue des Pasteurs entre eux et avec le Successeur de Pierre, ainsi que des Evêques avec leurs prêtres, est clairement perceptible, qu'une réponse crédible pourra être apportée aux défis provenant de l'actuel contexte social et culturel. A ce propos, chers Frères membres de l'Assemblée synodale, je désire vous exprimer ma reconnaissance et mon appréciation pour le témoignage de joyeuse communion dans la sollicitude pour l'humanité de notre temps que vous avez donné au cours de ces journées.


5. Je voudrais vous prier de transmettre mon salut à vos fidèles et, de manière spéciale, à vos prêtres, auxquels vous ne manquerez pas de réserver une attention spéciale, en établissant avec chacun d'eux un rapport direct, confiant et cordial. Je sais aussi que vous vous efforcez déjà de le faire, convaincus qu'un diocèse ne fonctionne bien que si son clergé est joyeusement uni, dans la charité fraternelle, autour de son Evêque.

Je vous demande aussi de saluer les Evêques émérites, en leur transmettant l'expression de ma reconnaissance pour le travail accompli au service des fidèles. J'ai voulu qu'ils soient représentés à cette Assemblée synodale pour réfléchir également sur cette question, nouvelle dans l'Eglise, dans la mesure où elle est née d'un vote du Concile Vatican II, pour le bien des Eglises particulières. Je suis certain que chaque Conférence épiscopale étudiera comment valoriser les Evêques émérites qui sont encore en bonne santé et riches d'énergie, en leur confiant un service ecclésial et, surtout, l'étude des problèmes pour lesquels ils ont de l'expérience et des compétences, en appelant ceux qui sont disponibles à faire partie de l'une ou l'autre commission épiscopale, aux côtés de leurs confrères plus jeunes, pour qu'ils se sentent toujours des membres vivants du Collège épiscopal.
Je voudrais enfin adresser un salut particulier aux Evêques de la Chine continentale, dont l'absence au Synode ne nous a pas empêchés de nous sentir spirituellement proches dans le souvenir et la prière.

6. "Quand paraîtra le Chef des pasteurs, vous recevrez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas" (1P 5,4). En conclusion de cette première Assemblée synodale du troisième millénaire, il m'est agréable de rappeler les quinze Evêques canonisés au cours du vingtième siècle: Alessandro Maria Sauli, Evêque de Pavie; Roberto Bellarmino, Cardinal, Evêque de Capoue, docteur de l'Eglise; Albert le Grand, Evêque de Ratisbonne, docteur de l'Eglise; John Fisher, Evêque de Rochester, martyr; Antonio Maria Claret, Archevêque de Santiago de Cuba; Vincenzo Maria Strambi, Evêque de Macerata et Tolentino; Antonio Maria Gianelli, Evêque de Bobbio; Gregorio Barbarigo, Evêque de Padoue; Juan de Ribera, Archevêque de Valence; Oliviero Plunkett, Archevêque d'Armagh, martyr; Justin De Jacobis, Evêque de Nilopoli et Vicaire apostolique d'Abyssinie; Jean Nepomucène Neumann, Evêque de Philadelphie; Jérôme Hermosilla, Valentino Berrio-Ochoa et six autres Evêques, martyrs au Viêt-nam; Ezéchiel Moreno y Diaz, Evêque de Pasto (Colombie); Charles Joseph Eugène de Mazenod, Evêque de Marseille. Dans moins d'un mois, en outre, j'aurai la joie de proclamer saint Giuseppe Marello, Evêque d'Acqui.

De ce cercle élu de saints Pasteurs, qui pourrait être élargi au groupe important des Evêques béatifiés, émerge, comme dans une mosaïque, le visage du Christ Bon Pasteur et Missionnaire du Père. Nous tournons notre regard vers cette icône vivante, au début de la nouvelle ère que la Providence ouvre devant nous, pour être, avec un engagement toujours plus profond, des serviteurs de l'Evangile, espérance du monde.

Que la Bienheureuse Vierge Marie, Reine des Apôtres, nous assiste toujours dans notre ministère. En tout temps, Elle resplendit à l'horizon de l'Eglise et du monde, comme signe de consolation et d'espérance sûre.



4 novembre 2001, Béatification de 8 Serviteurs de Dieu

41101 Dimanche 4 novembre 2001




1. "Tout est à toi, Maître, Seigneur de la vie!" (
Sg 11,26). Les paroles du Livre de la Sagesse invitent à réfléchir sur le grand message de sainteté qui nous est proposé par cette solennelle célébration eucharistique, au cours de laquelle ont été proclamés huit nouveaux bienheureux: Pavel Peter Gojdic, Metod Dominik Trcka, Giovanni Antonio Farina, Bartolomeu Fernandes dos Mártires, Luigi Tezza, Paolo Manna, Gaetana Sterni, María Pilar Izquierdo Albero.

A travers leur existence entièrement consacrée à la gloire de Dieu et au bien de leurs frères, ils continuent à être dans l'Eglise et pour le monde un signe éloquent de l'amour de Dieu, source première et fin ultime de tous les vivants.


Pavel Gojdic et Metod Dominik Trcka

2. "Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu" (Lc 19,10): la mission salvifique, proclamée par le Christ dans le passage de l'Evangile de Luc d'aujourd'hui, a été profondément partagée par l'Evêque Pavel Gojdic et par le rédemptoriste Metod Dominik Trcka, aujourd'hui proclamés bienheureux. Unis dans le service généreux et courageux de l'Eglise grecque-catholique en Slovaquie, ils ont subi les mêmes souffrances en raison de leur fidélité à l'Evangile et au Successeur de Pierre et ils partagent à présent la même couronne de gloire.

Fortifié par l'expérience ascétique de l'Ordre de Saint Basile le Grand, Pavel Peter Gojdic, tout d'abord en tant qu'Evêque dans l'éparchie de Presov, puis comme Administrateur apostolique de Mukacev, chercha constamment à réaliser le programme pastoral qu'il s'était proposé: "Avec l'aide de Dieu je veux devenir un père pour les orphelins, protecteur des pauvres et consolateur des affligés". Connu des gens comme "l'homme au coeur d'or", il était devenu pour les représentants du gouvernement de son époque une véritable "épine dans le flanc". Après que le régime communiste eut mis hors-la-loi l'Eglise grecque-catholique, il fut arrêté et interné. C'est ainsi que commença pour lui un long calvaire de souffrance, de mauvais traitements et d'humiliations, qui le conduisit à la mort en raison de sa fidélité au Christ et de son amour envers l'Eglise et le Pape.

Metod Dominik Trcka plaça lui aussi toute son existence au service de la cause de l'Evangile et du salut de ses frères, arrivant jusqu'au sacrifice suprême de sa vie. En tant que Supérieur de la Communauté rédemptoriste de Stropkov, en Slovaquie orientale, il accomplit une activité missionnaire fervente dans les trois éparchies de Presov, Uzhorod et Krizevci. Lors de l'avènement du régime communiste, il fut déporté, comme les autres rédemp-toristes, dans un camp de concentration. Là, toujours soutenu par la prière, il affronta avec force et détermination les peines et les humiliations qui lui étaient imposées à cause de l'Evangile. Son calvaire prit fin dans la prison de Leopoldov, où, en raison des privations et des maladies, il s'éteignit après avoir pardonné à ses bourreaux.


983 Giovanni Antonio Farina

3. La lumineuse image de Pasteur du Peuple de Dieu, modelée sur l'exemple du Christ, nous est également proposée aujourd'hui par l'Evêque Giovanni Antonio Farina, dont le long ministère pastoral, tout d'abord dans la communauté chrétienne de Trévise, puis dans celle de Vicence, fut caractérisé par une vaste activité apostolique, constamment orientée vers la formation doctrinale et spirituelle du clergé et des fidèles. En regardant son oeuvre, consacrée à la recherche de la gloire de Dieu, à la formation de la jeunesse, au témoignage de charité envers les plus démunis et les laissés-pour-compte, les paroles de l'Apôtre Paul, entendues dans la deuxième lecture, reviennent à l'esprit: tout doit être accompli afin que "le nom de notre Seigneur Jésus-Christ soit glorifié" (
2Th 1,12). Le témoignage du nouveau bienheureux continue encore aujourd'hui à produire des fruits abondants, en particulier à travers la Famille religieuse qu'il a fondée, les Soeurs Maîtresses de Sainte Dorothée Filles des Sacrés-Coeurs, parmi lesquelles brille la sainteté de Maria Bertilla Boscardin, canonisée par mon vénéré Prédécesseur le Pape Jean XXIII.


Paolo Manna

Chez le Père Paolo Manna, nous aperçevons également un reflet particulier de la gloire de Dieu. Il consacra toute son existence à la cause missionnaire. Dans toutes les pages de ses écrits apparaît la personne vivante de Jésus, centre de la vie et raison d'être de la mission. Dans l'une de ses lettres aux missionnaires, il affirme: "En fait, le missionnaire n'est rien s'il n'est pas semblable à Jésus-Christ... Seul le missionnaire qui imite fidèlement Jésus-Christ en lui-même [...] peut en reproduire l'image dans les âmes des autres" (Lettre, n. 6). En réalité, il n'y pas de mission sans sainteté, comme je l'ai répété dans l'Encyclique Redemptoris missio: "La spiritualité missionnaire de l'Eglise est un chemin vers la sainteté. Il faut susciter un nouvel "élan de sainteté" chez les missionnaires et dans toute la communauté chrétienne" (n. 90).


4. "Que notre Dieu vous rende digne de son appel, qu'il mène à bonne fin par sa puissance toute intention de faire le bien et toute activité de votre foi" (2Th 1,11).

Luigi Tezza

Cette réflexion de l'Apôtre Paul sur la foi, qui demande à être traduite en intentions et en oeuvres de bien, nous aide à mieux comprendre le portrait spirituel du bienheureux Luigi Tezza, lumineux exemple d'une existence entièrement consacrée à l'exercice de la charité et de la miséricorde à l'égard de ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur esprit. C'est pour eux qu'il fonda les Filles de Saint-Camille, auxquelles il enseigna à pratiquer une confiance absolue dans le Seigneur. "La volonté de Dieu! Voilà mon seul guide, s'exclamait-il, l'unique but de mes aspirations, pour lesquelles je veux tout sacrifier". Dans cet abandon confiant à la volonté de Dieu, il prit pour modèle la Vierge Marie, tendrement aimée et contemplée, en particulier au moment du "fiat" et lors de sa présence silencieuse au pied de la Croix.

Gaetana Sterni

La bienheureuse Gaetana Sterni, ayant compris que la volonté de Dieu est toujours l'amour, se consacra elle aussi avec une charité inlassable aux exclus et aux personnes qui souffrent. Elle traita toujours ces frères avec la douceur et l'amour de celui qui, dans les pauvres, sert le Seigneur lui-même. Elle exhortait au même idéal ses Filles spirituelles, les Soeurs de la Volonté Divine, en les invitant, comme elle l'écrivait dans les Règles, à "être disposées et heureuses d'endurer des privations, des difficultés, et n'importe quel sacrifice du moment que cela était bénéfique au prochain qui en avait besoin, répondant en tout à ce que le Seigneur pouvait vouloir d'elles". Le témoignage de charité évangélique offert par la bienheureuse Sterni invite chaque croyant à rechercher la volonté de Dieu, en s'abandonnant en Lui avec confiance et en accomplissant un service généreux envers nos frères.

Bartolomeu Fernandes dos Mártires

5. Le bienheureux Bartolomeu dos Mártires, Archevêque de Braga, se consacra, avec une grande vigilance et un grand zèle apostolique, à la sauvegarde et au renouvellement de l'Eglise dans ses pierres vivantes, sans ignorer les structures provisoires qui sont les pierres mortes. Parmi ces pierres vivantes, il privilégia celles qui n'avaient presque rien, ou rien, pour vivre. Il se priva pour donner aux pauvres. Critiqué pour son apparence misérable, due au peu qui lui restait, il répondit: "Vous ne me verrez jamais perdre la raison au point de dépenser, avec les oisifs, ce avec quoi je peux faire vivre de nombreux pauvres". L'ignorance religieuse étant la plus grande des pauvretés, il fit tout son possible pour y porter remède, en commençant par la réforme morale et l'élévation culturelle du clergé, "car il est évident - écrivait-il - que si votre zèle correspondait à votre charge, le troupeau du Christ ne dévierait pas autant du chemin du Ciel". Grâce à son savoir, son exemple et son audace apostolique, il émut et enflamma les âmes des Pères du Concile de Trente, afin que l'on procède à la réforme nécessaire de l'Eglise, qu'il s'engagea ensuite à réaliser avec un courage persévérant et invincible.

984 Maria Pilar Izquierdo Albero

6. "Je t'exalte, ô Roi mon Dieu" (
Ps 144,1). Cette exclamation du Psaume responsorial reflète toute l'existence de Mère María Pilar Izquierdo, fondatrice de l'Oeuvre missionnaire de Jésus et Marie: Louer Dieu et accomplir en tout sa volonté. Sa courte vie, qui ne dura que 39 ans, peut être résumée en affirmant qu'elle voulut louer Dieu, en lui offrant son amour et son sacrifice. Sa vie fut marquée par une souffrance permanente, pas seulement physique, et elle accomplit tout par amour de Celui qui nous aima le premier et qui souffrit pour le salut de tous. L'amour envers Dieu, la croix de Jésus et le prochain qui a besoin d'aide matérielle, fut la grande préoccupation de la nouvelle bienheureuse. Elle fut consciente de la nécessité d'enseigner l'Evangile dans les faubourgs et de donner à manger aux affamés, pour imiter le Christ à travers les oeuvres de miséricorde. Aujourd'hui encore, sa principale inspiration continue à vivre, là où est présente l'Oeuvre missionnaire de Jésus et Marie, qui accomplit son travail conformément à son esprit. Que l'exemple de sa vie, pleine d'abnégation et de générosité, aide chacun à s'engager toujours davantage au service des indigents, afin que le monde actuel soit le témoin de la force rénovatrice de l'Evangile du Christ.


7. Au début de cette Eucharistie, nous avons à nouveau écouté, tiré du Livre de la Sagesse, le grand message de l'amour de Dieu éternel et inconditionné envers chaque créature: "Tu aimes en effet tout ce qui existe, et tu n'as de dégoût pour rien de ce que tu as fait" (Sg 11,24). Les nouveaux bienheureux sont le signe éloquent de cet amour fondamental de Dieu. En effet, à travers leur exemple et leur puissante intercession, ils proclament l'annonce du salut offert par Dieu à tous les hommes dans le Christ. Recueillons-en le témoignage, en servant à notre tour Dieu "de façon louable et digne", de façon à marcher sans obstacles vers les biens promis (cf. Collecte). Amen!



6 novembre 2001, Chapelle Papale à l'intention des Cardinaux et des Evêques défunts au cours de l'année

Mardi 6 novembre 2001


1. Dieu le Père "nous a engendrés de nouveau par la Résurrection de Jésus-Christ d'entre les morts, pour une vivante espérance" (1P 1,3). Soutenus par ces paroles de l'Apôtre Pierre, nous nous souvenons avec un esprit comblé d'espérance de nos vénérés frères cardinaux, archevêques et évêques qui nous ont quittés au cours de ces derniers mois. Ils ont vécu leur journée terrestre en travaillant et en se prodiguant dans la vigne du Seigneur; ils dorment maintenant du sommeil de la paix, dans l'attente de la résurrection finale.

Sur le mur d'ombre de la mort, la foi projette la lumière fulgurante du Ressuscité, prémices de ceux qui sont passés à travers la fragilité de la condition humaine et participent désormais en Dieu au don de la vie sans fin. Le Christ, à travers la Croix, a donné un nouveau sens à la mort elle-même. En Lui, en effet, elle est devenue un sublime geste d'amour obéissant envers le Père et le témoignage suprême d'amour solidaire envers les hommes. C'est pourquoi, considérée à la lumière du mystère pascal, l'issue même de l'existence humaine ne semble plus être une condamnation sans appel, mais le passage à la plénitude définitive de la vie, qui coïncide avec la parfaite communion avec Dieu.
La Parole de Dieu, qui a résonné au cours de cette humble célébration, ouvre notre coeur à la perspective d'une "vive espérance": face à la disparition de la scène de ce monde, elle offre la promesse d'un "héritage qui ne se corrompt, ni ne s'altère".


2. Avec ces sentiments, rassemblés autour de l'autel, nous tournons nos pensées vers nos frères qui sont récemment retournés à la maison du Père. Appelés à la grâce de la foi par le Baptême, ils ont été choisis comme Successeurs des Apôtres pour être des guides du Peuple de Dieu et, comme nous l'a rappelé récemment le Synode, des serviteurs "de l'Evangile de Jésus-Christ pour l'espérance du monde".

Dans la communion, réelle et mystérieuse, entre l'Eglise en pèlerinage sur la terre et l'Eglise triomphante, nous sommes proches d'eux par l'affection, dans la certitude qu'ils continueront à accompagner spirituellement le chemin de la Communauté chrétienne.

Nous rappelons en particulier les Cardinaux défunts Myroslav Ivan Lubachivsky, Giuseppe Casoria, José Alí Lebrún Moratinos, Pierre Eyt, Thomas Joseph Winning, Silvio Oddi, Giuseppe Maria Sensi, ainsi que le Patriarche Maximos V Hakim. Avec eux, en cette célébration, nous voulons faire mémoire également de tous les archevêques et évêques qui nous ont quittés au cours des derniers mois. Ces chers et vénérés frères dans l'épiscopat sont désormais auprès de Dieu, après avoir consacré leur existence au service de la cause de l'Evangile et du bien de leurs frères.

985 3. "Venez à moi... Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école... vous trouverez soulagement pour vos âmes" (Mt 11,28-29). Les paroles adressées par Jésus à ses disciples nous aident et nous réconfortent, au début de ce mois de novembre, alors que nous commémorons nos chers défunts. Si l'âme s'attriste de leur disparition, la promesse du Christ nous console. Il nous accompagne et nous guide vers la pleine connaissance du Père: "Nul ne connaît le Père si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut bien le révéler" (Mt 11,27). Une telle connaissance, qui progresse continuellement au cours de l'itinéraire de la vie terrestre, trouvera son plein accomplissement quand nous pourrons finalement contempler face à face le visage de Dieu. Le Catéchisme de l'Eglise catholique nous rappelle que, grâce à l'obéissance du Christ, la mort chrétienne prend une nouvelle signification positive, en tant que passage de ce monde au Père: "Par le Baptême, le chrétien est déjà sacramentellement "mort avec le Christ", pour vivre d'une vie nouvelle; et si nous mourons dans la grâce du Christ, la mort physique consomme ce "mourir avec le Christ" et achève ainsi notre incorporation à Lui dans son acte rédempteur" (n. 1010).


4. Alors que nous faisons mémoire avec une particulière affection des regrettés frères qui, incorporés au Christ par le Baptême, ont été rendus conformes à Lui par la plénitude du Sacerdoce, nous élevons pour eux de ferventes prières au Seigneur. Que le Père de la miséricorde les libère définitivement de ce qui reste de la fragilité humaine, pour leur faire goûter éternellement aux joies du ciel, promis aux bons et fidèles ouvriers de l'Evangile.

Nous voulons confier leurs âmes élues à l'intercession maternelle de la Madone, qu'ils ont tendrement invoquée et aimée quand ils étaient sur cette terre, afin qu'elle leur ouvre les portes du Paradis. Marie, Mère de l'Espérance, pose tes yeux pleins de miséricorde sur ces frères et montre-leur, après cet exil, Jésus, le fruit béni de ton sein.

Ô clémente, ô miséricordieuse, ô douce Vierge Marie. Amen!



11 novembre 2001, Visite pastorale à la Paroisse "Santa Maria Mater Dei"

Dimanche 11 novembre 2001



1. "Or il n'est pas un Dieu de morts, mais de vivants; tous en effet vivent pour lui" (Lc 20,38).

Le 2 novembre, nous avons célébré la commémoration de tous les fidèles défunts. La liturgie de ce 32ème dimanche du temps ordinaire revient à nouveau sur ce mystère, et nous invite à réfléchir sur la réalité réconfortante de la résurrection des morts. La tradition biblique et chrétienne, en se fondant sur la Parole de Dieu, affirme avec certitude que, après cette existence terrestre, un avenir d'immortalité s'ouvre pour l'homme. Il ne s'agit pas d'une affirmation générique, qui cherche à venir à la rencontre de l'aspiration de l'être humain à une vie sans fin. La foi dans la résurrection des morts se fonde, comme le rappelle la page de l'Evangile d'aujourd'hui, sur la fidélité même de Dieu, qui n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants, et qui communique à ceux qui ont confiance en Lui la même vie qu'il possède en plénitude.


2. "Nous nous rassasierons, Seigneur, en contemplant ton visage!" (Psaume resp.). Le refrain du Psaume responsorial nous projette vers cette vie au-delà de la mort, qui est l'objectif et le plein accomplissement de notre pèlerinage ici, sur la terre. Dans le Premier Testament, l'on assiste au passage de l'antique conception d'une obscure survie des âmes dans le sheol, à la doctrine bien plus explicite de la résurrection des morts. C'est ce qu'atteste le Livre de Daniel (cf. Dn Da 12,2-3) et, de manière exemplaire, le Deuxième Livre des Maccabées, dont est tirée la lecture qui vient d'être proclamée. A une époque où le peuple élu était férocement persécuté, sept frères n'hésitèrent pas à affronter, avec leur mère, les souffrances et le martyre pour ne pas manquer à leur fidélité au Dieu de l'Alliance. Ils sortirent vainqueurs de cette terrible épreuve, car ils étaient soutenus par l'attente d'"être ressuscités par Lui" (2 Mc 7, 14).

En admirant l'exemple des sept frères rapporté dans le Livre des Maccabées, nous répétons avec fermeté notre foi dans la résurrection des morts face à des positions critiques, qui existent également dans la pensée contemporaine. Il s'agit de l'un des points fondamentaux de la doctrine chrétienne, qui illumine d'une lumière réconfortante toute l'existence terrestre.


3. Très chers frères et soeurs de la paroisse Santa Maria Mater Dei! C'est avec une grande joie que je rencontre aujourd'hui votre accueillante communauté chrétienne, abritée par ce Centre "Dom Orione" de Monte Mario, que j'ai eu la joie de visiter il y a quinze ans. Très chers amis, je reviens avec plaisir parmi vous, et j'adresse un salut affectueux à tous.

986 Je salue tout d'abord le Cardinal-Vicaire et l'Evêque auxiliaire du Secteur. Je salue le Directeur général des Fils de la Divine Providence et le Directeur provincial. Je salue votre Pasteur zélé, Dom Savino Lombardi, les Vicaires paroissiaux, la communauté de l'Institut théologique et tous les religieux de Dom Orione, qui travaillent dans ce vaste ensemble au service des plus pauvres. J'étends ma pensée aux collaborateurs, aux volontaires et aux laïcs engagés dans les multiples activités pastorales et sociales. Je salue les religieux des cinq Instituts qui vivent dans le quartier. Une aussi grande richesse de charismes et de personnes consacrées constitue un grand don pour la paroisse tout entière.

Chers jeunes hôtes de l'Institut "Dom Orione", je vous embrasse de façon affectueuse et chaleureuse, vous en particulier qui êtes le coeur de cette OEuvre dans laquelle se réflète bien l'esprit de son Fondateur. J'étends ensuite ma pensée aux malades, aux personnes seules et âgées et à tous les habitants de ce quartier.


4. Très chers frères et soeurs! Je sais que vous vous êtes préparés à la rencontre d'aujourd'hui, en méditant ensemble sur la Lettre apostolique Novo millennio ineunte. Laissez-moi vous répéter, également à vous, l'invitation du Christ à Pierre: "Duc in altum - Avance en eaux profondes!" (
Lc 5,4). Prends le large et ne crains rien, Communauté paroissiale de la paroisse Mater Dei, animée du désir de servir le Christ et de témoigner de son Evangile de salut! Que participent dans la concorde à ce vaste effort apostolique ceux qui travaillent dans les divers domaines pastoraux, de la catéchèse à la liturgie, de la culture à la charité.

Votre quartier est habité par de nombreux professionnels, journalistes et professeurs universitaires. Cela offre l'opportunité de développer une expérience pastorale utile, en appelant ces experts et ces agents du langage et de la communication à participer à des itinéraires de réflexion et d'approfondissement sur des thèmes fondamentaux de la doctrine chrétienne. Le rapport entre foi et vie constitue aujourd'hui l'un des défis les plus exigeants de la nouvelle évangélisation.

En outre, dans ce Centre, qui est le coeur de la paroisse, il existe un lien profond avec le bienheureux Dom Orione, apôtre inlassable de la charité et de la fidélité à l'Eglise. Très chers amis, suivez-en les traces en l'imitant dans l'obéissance filiale à l'Eglise, dans la recherche inlassable du bien des âmes, dans l'attention aux pauvres et aux indigents. Devant vous se trouvent les "anciennes" et les "nouvelles" pauvretés, qui attendent votre disponibilité généreuse.


5. Chers jeunes, je vous adresse une pensée spéciale. Je sais à quel point vous vous êtes engagés dans la préparation et dans la célébration de la Journée mondiale de la Jeunesse, au mois d'août de l'année dernière. A l'issue de l'inoubliable Veillée de Tor Vergata, j'ai invité les jeunes du monde entier à être "les sentinelles du matin, en cette aube du troisième millénaire". Je vous renouvelle à présent cette exhortation, afin que vous soyez des "sentinelles" attentives et vigilantes, qui restent éveillées dans l'attente du Christ. Soyez les missionnaires des jeunes de votre âge, sans vous décourager face aux difficultés et en cherchant des formes d'évangélisation adaptées au monde des jeunes.

A ce propos, je pense au bien qu'accomplit depuis de nombreuses années le "Centre sportif Dom Orione", à présent parfaitement intégré dans la communauté paroissiale, ainsi qu'aux opportunités apostoliques qu'offrent les Centres de formation professionnelle. Chers jeunes de la paroisse, je vous félicite en outre d'avoir donné vie à une initiative significative, intitulée "Un jour de l'An différent", qui interpelle à présent beaucoup d'autres jeunes de votre âge. Chaque année cette initiative réunit ici à Rome, au cours des derniers jours de décembre, des jeunes garçons et filles de diverses régions italiennes et elle s'étend progressivement à d'autres pays et continents.

Avec l'enthousiasme qui caractérise votre âge, préparez-vous à la prochaine Journée mondiale de la Jeunesse, qui sera célébrée, s'il plaît à Dieu, à Toronto en juillet 2002, en approfondissant le message qui s'inspire de la phrase évangélique: "Vous êtes le sel de la terre [...] vous êtes la lumière du monde" (Mt 5,13-14).


6. Que Dieu le Père, qui en Jésus-Christ "nous a aimés et nous a donnés, par grâce, consolation éternelle et heureuse espérance, console vos coeurs et les affermisse en toute bonne oeuvre et parole" (2Th 2,16-17).

Chers frères et soeurs, à travers ces paroles de l'Apôtre Paul, qui ont retenti au cours de notre assemblée liturgique, je vous encourage à poursuivre votre engagement chrétien quotidien. En vue d'un apostolat fécond en bien, soyez fidèles à la prière et demeurez solidement ancrés au roc solide qui est le Christ. Que le bienheureux Luigi Orione vous aide dans cet itinéraire spirituel. Que vous assiste la Madone qui, de cette colline, veille sur la ville et que vous, paroissiens, avez comme Patronne sous le beau titre de "Mater Dei". Je vous confie tous à Elle, Mère de Dieu et de l'Eglise. Que ce soit Elle qui vous protège et qui vous accompagne à chaque instant. Amen!



18 novembre 2001, Visite pastorale à la Paroisse "S. Alessio"

987 Dimanche 18 novembre 2001


1. "C'est par votre constance que vous sauverez vos vies" (
Lc 21,19). Ces paroles, qui viennent de retentir dans notre assemblée, mettent en lumière le message spirituel d'aujourd'hui, trente-troisième dimanche du temps ordinaire. Alors que nous approchons de la conclusion de l'année liturgique, la Parole de Dieu nous invite à reconnaître que les réalités ultimes sont gouvernées et dirigées par la Providence divine.

Dans la première lecture, le prophète Malachie décrit le jour du Seigneur (cf. Ml Ml 3,19) comme une intervention décisive de Dieu, visant à vaincre le mal et à rétablir la justice, à punir les méchants et à récompenser les justes. Les paroles de Jésus, rapportées par saint Luc, éliminent encore plus clairement de nos coeurs toute forme de peur et d'angoisse, en nous ouvrant à la certitude réconfortante que la vie et l'histoire des hommes, malgré des bouleversements souvent dramatiques, restent solidement entre les mains de Dieu. Le Seigneur promet le salut à celui qui aura placé sa confiance en Lui: "Pas un cheveu de votre tête ne se perdra" (Lc 21,18).


2. "Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus" (2Th 3,10). Dans la deuxième lecture, saint Paul souligne que pour préparer l'avènement du Royaume de Dieu les croyants doivent s'engager sérieusement et, face à une interprétation erronée du message évangélique, il rappelle cet aspect concret avec vigueur. A travers une expression extrêmement efficace, l'Apôtre condamne le comportement de ceux qui se laissaient aller à des attitudes d'irresponsabilité et de fuite, au lieu de vivre et de témoigner l'Evangile avec zèle, pensant à tort que le "jour du Seigneur" était désormais proche.

Celui qui croit ne doit pas se comporter ainsi! Au contraire, il doit travailler de façon sérieuse et persévérante, en attendant avec impatience la rencontre définitive avec le Seigneur. Tel est le style propre aux disciples de Jésus, qui est souligné par le Chant à l'Evangile: "Veillez donc, parce que vous ne savez pas quel jour va venir votre Maître" (cf. Mt Mt 24,42 Mt Mt 24,44).


3. Très chers paroissiens de "Sant'Alessio alle Case Rosse", je vous remercie de votre accueil chaleureux! Je salue avec affection le Cardinal-Vicaire et l'Evêque auxiliaire du secteur. Je salue votre curé zélé, Dom Giancarlo Casalone, le vicaire paroissial et ceux qui font partie de cette communauté, ainsi que les habitants du quartier.

Je célèbre avec joie la Messe dans vorte nouvelle et belle église paroissiale. Grâce à Dieu et à la généreuse contribution du vicariat, de vos prêtres et de nombreuses personnes de bonne volonté, après environ vingt ans d'attente, votre Communauté peut bénéficier d'une structure paroissiale adaptée. Je suis certain que cela favorisera profondément le rassemblement et la croissance de la Communauté elle-même, ainsi que son insertion apostolique active dans le quartier. Il est important qu'il existe un lieu où pouvoir se rassembler pour prier, recevoir les sacrements et établir des relations d'amitié et de fraternité avec tous. De cette façon, il est plus simple de former les enfants, de rencontrer les jeunes, d'aider les familles et de soutenir les personnes âgées. Ainsi, on nourrit également l'esprit d'accueil et de solidarité dont le monde a tant besoin.


4. Alors que nous rendons grâce au Seigneur pour ce temple et ses locaux annexes, je vous exhorte, chers frères et soeurs, à continuer à édifier ensemble votre Communauté ecclésiale, constituée de pierres vivantes qui reposent sur le Christ, la pierre fondamentale. Nombreux sont les groupes et les associations qui la composent et qui se rassemblent ici pour prier, pour se former à l'école de l'Evangile, pour participer de façon assidue aux Sacrements - en particulier ceux de la Pénitence et de l'Eucharistie -, ainsi que pour croître dans la communion et le service. Je rappelle, entre autres, les Scouts, les différents groupes de jeunes, ceux du Renouveau dans l'Esprit et de la Lectio divina, ainsi que les personnes qui se consacrent au Centre d'écoute Caritas. Très chers amis, marchez de concert et offrez généreusement votre contribution à la Mission diocésaine permanente. Face aux messages négatifs, transmis par certaines modes culturelles de la société contemporaine, soyez partout des constructeurs d'espérance et des missionnaires du Christ.

N'est-ce pas là le programme pastoral de notre diocèse? Mais afin que l'Esprit du Christ pénètre partout, il faut développer une pastorale des vocations ramifiée et organique. Il faut éduquer les familles et les jeunes à la prière, à faire de leur existence un don pour les autres. Vous pourrez êtres aidés, dans cette action pour les vocations, par les contacts avec les séminaires diocésains, par le dialogue avec les Instituts religieux et par le soutien des services offerts par le vicariat pour l'apostolat des jeunes, de l'université et de la famille.


5. Demandez-vous chaque jour: Seigneur, que veux-tu que je fasse? Quelle est ta volonté à notre propos comme famille, comme parents, comme enfants? Qu'attends-tu de moi, comme jeune qui s'ouvre à la vie et qui veut vivre avec toi et pour toi? Ce n'est qu'en répondant à ces questions personnelles et exigeantes, que vous pourrez pleinement réaliser la volonté de Dieu, et être "lumière" et "sel" qui illumine et donne sa saveur à notre ville bien-aimée.

Jésus nous exhorte à "veiller" et à "nous tenir prêts" (cf. Acclamation de l'Evangile). Il nous invite à la conversion et à une vigilance permanente. Que notre vie s'inspire toujours de cette exhortation! Lorsque le chemin devient dur et fatigant, lorsque la peur et l'angoisse semblent prévaloir, c'est précisément alors que la Parole de Dieu doit être notre lumière et notre solide réconfort. De cette façon la foi se consolide, l'espérance reste vivante et l'ardeur de l'amour divin s'intensifie.

988 Que Marie soit votre soutien et votre guide! C'est Elle la Vierge fidèle qui peut nous enseigner à être "toujours heureux dans le service au Seigneur", comme nous avons prié au début de cette Eucharistie, obtenant pour nous la force de "persévérer dans le dévouement à Dieu", source de tout bien. Nous pourrons ainsi atteindre un "bonheur total et durable". Ainsi soit-il!



25 novembre 2001, Canonisation de Giuseppe Marello, Paula Montal Fornés de San José de Calasanz, Léonie Françoise de Sales Aviat et Maria Crescentia Höss

Dimanche 25 novembre 2001



1. "Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui: "Celui-ci est le roi des Juifs"" (
Lc 23,38).

Cette inscription, que Pilate avait faite placer sur la croix (cf. Jn 19,19), contient à la fois le motif de la condamnation et la vérité sur la personne du Christ. Jésus est roi - lui-même l'a affirmé - mais son royaume n'est pas de ce monde (cf. Jn 18,36-37). Devant Lui, l'humanité se divise: ceux qui le méprisent pour son échec apparent, et ceux qui le reconnaissent comme le Christ, "image du Dieu invisible, Premier-Né de toute créature" (Col 1,15), selon l'expression de l'Apôtre Paul dans l'Epître aux Colossiens, que nous avons entendue.

Face à la croix du Christ s'ouvre, d'une certaine façon, la grande scène du monde et s'accomplit le drame de l'histoire collective et de chacun. Sous le regard de Dieu, qui dans son Fils unique immolé pour nous s'est fait la mesure de chaque personne, de chaque institution, de chaque civilisation, chacun est appelé à se décider.


2. Face au divin Roi crucifié se sont également présentés ceux qui viennent d'être proclamés saints: Giuseppe Marello, Paula Montal Fornés de San José de Calasanz, Léonie Françoise de Sales Aviat et Maria Crescentia Höss. Chacun d'eux s'est confié à sa royauté mystérieuse, en proclamant à travers toute leur vie: "Jésus, souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton royaume" (Lc 23,42). Chacun d'eux a reçu, d'une façon totalement personnelle, la réponse du Roi immortel: "En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis" (Lc 23,43).

Aujourd'hui! Cet "aujourd'hui" appartient au temps de Dieu, au dessein de salut, dont parle saint Paul dans l'Epître aux Romains: "Ceux que [Dieu] d'avance a discernés, il les a aussi prédestinés... appelés... justifiés... glorifiés" (Rm 8,29-30). Cet "aujourd'hui" contient également le moment historique de la canonisation de ce jour, au cours duquel ces quatre témoins exemplaires de la vie évangélique sont élevés à la gloire des autels.


Giuseppe Marello

3. "Car Dieu s'est plu à faire habiter en lui [le Christ] toute la Plénitude" (Col 1,19). A cette plénitude participa saint Giuseppe Marello, en tant que prêtre du clergé d'Asti et en tant qu'évêque du diocèse d'Acqui. Plénitude de grâce, fomentée en lui par l'intense dévotion à la Très Sainte Vierge Marie; plénitude du sacerdoce, que Dieu lui conféra comme un don et un engagement; plénitude de la sainteté, qu'il atteint en se conformant au Christ, Bon Pasteur. Mgr Marello se forma au cours de la période glorieuse de la sainteté piémontaise, lorsque face à de multiples formes d'hostilités contre l'Eglise et la foi catholique, fleurirent des héros de l'esprit et de la charité, tels que Cottolengo, Cafasso, Dom Bosco, Murialdo et Allamano. Jeune homme bon et intelligent, passionné par la culture et l'engagement civil, notre saint ne trouva que dans le Christ la synthèse de tous les idéaux et c'est à Lui qu'il se consacra dans le sacerdoce. "Protéger les intérêts de Jésus" fut la devise de sa vie, et c'est pour cela qu'il s'identifia totalement à saint Joseph, l'époux de Marie, le "gardien du Rédempteur". Ce qui l'attira profondément chez saint Joseph, fut le service caché, nourri d'une profonde intériorité. Il sut transmettre ce style aux Oblats de saint Joseph, la Congrégation qu'il fonda. Il aimait à leur répéter: "Soyez extraordinaires dans les choses ordinaires" et il ajoutait: "Soyez des ermites chez vous et des apôtres à l'extérieur". Le Seigneur voulut utiliser sa forte personnalité, en l'appelant à l'épiscopat dans le diocèse d'Acqui, où, en quelques années, il dépensa toutes ses énergies pour le troupeau, laissant une empreinte que le temps n'a pas effacée.


Paula Montal Fornés de San José de Calasanz

989 4. "En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi au paradis" (Lc 23,43). C'est au paradis, dans la plénitude du Royaume de Dieu, que fut accueillie sainte Paula Montal Fornés de San José de Calasanz, fondatrice de l'Institut des Filles de Marie, religieuses scolopes, après une vie de sainteté. Tout d'abord dans sa ville natale, Arenys del Mar, engagée dans diverses activités apostoliques et pénétrant, à travers la prière et la piété sincère, les mystères de Dieu; ensuite, en tant que fondatrice d'une famille religieuse, s'inspirant de la devise de Giuseppe Calasanz "piété et instruction", elle se consacra à la promotion de la femme et de la famille en suivant son idéal de "sauver la famille, en éduquant les petites filles dans la sainte crainte de Dieu"; pour finir, elle fit preuve de l'authenticité, du courage et de la tendresse de son esprit, un esprit modelé par Dieu, au cours des trente années de vie retirée à Olesa de Montserrat.

La nouvelle sainte appartient à ce groupe de fondateurs d'instituts religieux qui, au XIXème siècle, se consacrèrent aux nombreuses nécessités qui se présentaient alors et auxquelles l'Eglise, en suivant l'Evangile et l'inspiration de l'Esprit, devait répondre pour le bien de la société. Le message de sainte Paula continue à être actuel et son charisme éducatif est une source d'inspiration pour la formation des générations du troisième millénaire chrétien.


Léonie Françoise de Sales Aviat

5. Le dessein bienveillant du Père qui "nous fait entrer dans le royaume de son Fils bien-aimé" trouve en sainte Françoise de Sales Aviat une splendide réalisation: elle a vécu jusqu'au bout l'offrande d'elle-même. Au coeur de son engagement et de son apostolat, Soeur Françoise de Sales place l'oraison et l'union à Dieu, où elle trouve lumière et force pour surmonter les épreuves et les difficultés, et jusqu'à la fin de son existence elle persévère dans cette vie de foi, désirant se laisser conduire par le Seigneur: "Ô mon Dieu, que mon bonheur soit de vous sacrifier toutes mes volontés, tous mes désirs!". La résolution qui caractérise si bien Mère Aviat, "M'oublier entièrement", est aussi pour nous un appel à aller à contre-courant de l'égoïsme et des jouissances faciles, et à nous ouvrir aux nécessités sociales et spirituelles de notre temps. Chères Soeurs Oblates de Saint-François-de-Sales, à l'école de votre fondatrice, en communion profonde avec l'Eglise, là où Dieu vous a plantées, soyez bien déterminées à recevoir les grâces présentes et à en profiter, car c'est en Dieu que l'on trouve la lumière et le secours nécessaires en chaque circonstance! Confiantes en l'intercession puissante de la nouvelle Sainte, accueillez dans la joie l'invitation à vivre, dans une fidélité renouvelée, les intuitions qu'elle a si parfaitement vécues.


Maria Crescentia Höss

6. Rendre gloire au Christ, le Roi: ce désir a animé sainte Maria Crescentia Höss dès son enfance! Elle plaça ses qualités à son service. Dieu lui avait doné une belle voix. Jeune fille, elle eut l'occasion de chanter dans une chorale comme soliste, non pour se mettre en valeur, mais pour chanter et jouer de la musique pour le Christ-Roi.

Elle plaça également ses connaissances au service du Seigneur. Cette franciscaine fut une conseillère très sollicitée. Les personnes se pressaient devant la porte du couvent: des hommes et des femmes simples, mais également des princes et des impératrices, des prêtres et des religieux, des abbés et des évêques. Elle devint ainsi une sorte de "sage-femme" qui tentait d'accoucher la vérité dans le coeur de celui qui lui demandait conseil.

Toutefois, la douleur ne lui fut pas non plus épargnée. Les rivalités internes existaient déjà à cette époque. Elle supporta les intrigues au sein de sa communauté sans jamais mettre en doute sa vocation.

Le vaste souffle de la passion fit mûrir en elle la vertu de la patience. Elle réussit à devenir Supérieure: pour elle, diriger spirituellement signifiait servir. Elle avait une attitude généreuse envers les pauvres, maternelle envers ses consoeurs et sensible à l'égard de ceux qui avaient besoin d'une bonne parole. Sainte Crescentia a aimé la signification du Royaume du Christ: "Dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait" (Mt 25,40).


7. "Vous remercierez le Père qui vous a mis en mesure de partager le sort des saints dans la lumière" (Col 1,12). Jamais autant qu'en ce moment, ces paroles de saint Paul résonnent en nous! La communion des saints nous fait véritablement goûter à l'avance le Royaume céleste et, dans le même temps, elle nous pousse, sur leur exemple, à le construire dans le monde et dans l'histoire.
"Oportet illum regnare", "Car il faut qu'il règne" (1Co 15,25), écrivait l'Apôtre en se référant au Christ.

990 "Oportet illum regnare" nous répètent, à travers votre témoignage, saint Giuseppe Marello, sainte Paula Montal Fornés de San José de Calasanz, sainte Léonie Françoise de Sales Aviat et sainte Maria Crescentia Höss! Que votre exemple nous incite à une plus vive contemplation du Christ-Roi, crucifié et ressuscité. Que votre soutien nous aide à marcher fidèlement sur les traces du Rédempteur, afin de partager un jour, avec vous, avec Marie et tous les saints, sa gloire éternelle au paradis. Amen!



11 décembre 2001, Messe pour les Universitaires romains en préparation à Noël

Mardi 11 décembre 2001



"Tel un berger il fait paître son troupeau / de son bras, il rassemble les agneaux" (
Is 40,10 Is 40,11).

La première lecture, qui vient d'être proclamée dans notre assemblée, nous a proposé une nouvelle fois le début de ce qui est généralement appelé le "Livre de la consolation". Le Prophète, connu sous le nom de "Deuxième Isaïe", annonce au peuple élu, contraint de vivre en exil, la fin de ses souffrances et le retour sur sa terre.

Cette parole d'espérance s'ouvre par l'appel: "Consolez, consolez mon peuple" (Is 40,1). Il s'ensuit une proclamation joyeuse de l'intervention décisive de Yahvé qui viendra libérer son peuple: "Voici le Seigneur qui vient avec puissance" (Is 40,10).

"Voici votre Dieu!" Il faut se préparer à le rencontrer. Il est nécessaire de préparer le chemin du Seigneur (cf. Is Is 40,3), parce qu'Il vient prendre soin des siens, opprimés par l'esclavage. Il vient, empressé et plein de sollicitude à la recherche de la brebis perdue.

Les paroles du Prophète trouvent leur accomplissement dans la figure du Christ, le Bon Pasteur, dont la page de l'Evangile de ce jour nous offre une brève description. Dans le Christ, non seulement Dieu va au-devant de l'homme, mais il le cherche avec une intensité d'amour émouvante.


2. "Voici le Seigneur qui vient avec puissance" (Is 40,10).

Dans le climat de l'Avent, dans lequel nous nous trouvons, l'affirmation du Prophète prend une signification encore plus ample et plus significative. L'Avent est le temps de l'attente vigilante du Messie, qui "vient avec puissance" pour libérer son peuple, et que nous accueillerons dans quelques jours dans la pauvreté de Bethléem. Il viendra comme Roi victorieux à la fin des temps, mais il vient d'ores et déjà constamment "pour renouveler le monde". Nous devons apprendre à scruter les "signes" de sa présence dans les événements de l'histoire.

La liturgie de cette période nous invite à le chercher et à découvrir qu'Il est proche de nous-même quand nous nous éloignons de Lui en suivant des sentiers éphémères et illusoires. Si nous le cherchons, c'est parce qu'Il nous a cherchés et trouvés en premier. Voilà pourquoi, face aux situations difficiles, lors des moments obscurs de l'existence, l'espérance et la joie ne manquent jamais dans le coeur des croyants.

991 3. C'est avec de tels sentiments que je vous salue, Madame le Ministre de l'Education, de l'Université et de la Recherche, très chers Recteurs, enseignants et étudiants de diverses Universités romaines, italiennes et européennes, ici présents. Je vous accueille avec affection et je souhaite une cordiale bienvenue à chacun, en remerciant en particulier le Professeur Mario Arcelli, Recteur de la LUISS, ainsi que la jeune étudiante, pour les paroles qu'ils m'ont adressées au début de la célébration et à travers lesquelles ils ont interprété les sentiments des professeurs et des étudiants.
Cette rencontre traditionnelle avec le monde universitaire, qui se déroule aux alentours de Noël, constitue toujours pour moi une occasion agréable et attendue afin de profiter de la richesse de la réflexion et de l'espérance dont les nouvelles générations d'étudiants sont porteuses. Je remercie les Recteurs et les professeurs de la contribution qu'ils apportent à la formation des jeunes. Je vous remercie cordialement, chers jeunes, de votre présence et je vous souhaite de mener à bien les études et les projets que vous portez dans votre coeur.

Permettez que je répète encore une fois, en m'adressant de manière particulière à vous: "N'ayez pas peur!". "Avancez en eau profonde" et allez à la rencontre de Jésus, confiants, parce qu'en Lui vous serez libres et sûrs, même lorsque les chemins de la vie se font accidentés et pleins d'embûches. Ayez confiance en Lui, jeunes étudiants de différentes nations européennes. L'accueillir signifie Lui ouvrir la richesse de chaque culture et nation, en exaltant leur originalité, dans le dynamisme d'un dialogue fécond et dans l'articulation harmonieuse des multiplicités.

4. "Une voix dit "Crie"" (
Is 40,6).

Cette exhortation du Prophète résonne avec une vigueur singulière dans notre assemblée liturgique. Elle vous est adressée, à vous qui formez le monde des Universités et de la culture. Vous aussi, vous devez crier, chers amis. En effet, on ne peut taire la vérité sur le Christ. Elle demande à être annoncée sans arrogance, mais avec fermeté et fierté. C'est cette parresía dont parle le Nouveau Testament; c'est ce qui doit caractériser également l'engagement culturel des chrétiens.

Criez, jeunes étudiants, à travers le témoignage de votre foi! Ne vous contentez pas d'une vie médiocre, sans élans vers un idéal, visant seulement à atteindre des bénéfices individuels immédiats. Travaillez pour une Université digne de l'homme, qui sache être, aujourd'hui encore, au service de la société de manière critique.

L'Europe a besoin d'une nouvelle vitalité intellectuelle. Une vitalité qui propose des projets de vie austère, marqués par la nécessité de l'engagement et du sacrifice, simple quant à ses légitimes aspirations, droite dans sa réalisation, transparente dans son comportement. Une nouvelle hardiesse dans la pensée, libre et créatrice, prête à recueillir, dans la perspective de la foi, les questions et les défis proposés par la vie, de façon à y faire apparaître clairement les vérités dernières sur l'homme est nécessaire.

5. Chers frères et soeurs, vous provenez de différentes nations d'Europe, d'Orient et d'Occident. Vous êtes une sorte de symbole de l'Europe que vous devez construire ensemble. Mais, pour mener à bien cette mission difficile, la patience et la ténacité du pasteur qui cherche la brebis perdue, dont parle la page de l'Evangile de Matthieu qui vient d'être proclamée, vous sont nécessaires.

Une recherche inlassable, qui ne se décourage jamais même face à l'absence de résultats, pas plus qu'elle ne se laisse bloquer par les incompréhensions et oppositions, inévitables et parfois croissantes. Une recherche intelligente et passionnée, comme celle de celui qui connaît et qui aime. Pour le pasteur, la brebis perdue n'est pas une brebis anonyme au milieu de cent autres; mais c'est comme si elle était la seule brebis qu'il possède: il l'appelle par son nom et en reconnaît la voix. En un mot, il l'aime. Ainsi en est-il de Dieu à notre égard. L'homme d'aujourd'hui a besoin de reconnaître la voix du Christ, le vrai Pasteur qui donne la vie pour ses brebis. Soyez donc des apôtres capables de rapprocher les âmes du Seigneur, en les aidant à faire l'expérience consolante de sa rédemption.

6. "Toute chair est de l'herbe et toute sa grâce est comme la fleur des champs" (Is 40,6). La liturgie de l'Avent projette notre regard vers les vérités éternelles qui illuminent les événements du quotidien d'un sage réalisme.

Dans cette optique, ces paroles du Prophète résonnent comme un appel à ne pas céder aux illusions d'un progrès non conforme au dessein de Dieu. En effet, aussi stupéfiant que puisse être le progrès scientifique et technologique moderne et aussi prometteur puisse-t-il apparaître pour l'avenir de l'humanité, il porte parfois avec lui des ombres terrifiantes de destruction et de mort, comme cela est arrivé récemment. Il est nécessaire de respecter les limites infranchissables que posent les références morales. Quand l'homme perd le sens de la mesure et s'érige en législateur de l'univers, il oublie qu'il est sur cette terre comme l'herbe et la fleur des champs, dont la durée de vie est brève.

992 Que la lumière divine illumine ceux qui oeuvrent dans l'important secteur de la recherche et du progrès, afin qu'ils s'approchent de l'homme et de la Création avec humilité et sagesse. Puissent les chercheurs et les scientifiques être toujours conscients de la haute mission que la Providence leur confie! Collaborez vous aussi à cette mission exaltante, très chers frères et soeurs. En étudiant les secrets de l'univers et de l'être humain, vous vous approchez toujours davantage de l'insondable mystère de Dieu.

Que la constante intercession de Marie, Sedes Sapientiae et Mère prévenante, vous soutienne. Que ce soit Elle qui vous guide dans la recherche de la vérité et du bien, dans une écoute toujours docile de la vivifiante Parole de Dieu.

Bon Noël!

Amen.



24 décembre 2001, Messe de Minuit



1. « Populus, qui ambulabat in tenebris, vidit lucem magnam - Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière» (
Is 9,1).

Chaque année, nous écoutons à nouveau ces paroles du prophète Isaïe dans le cadre évocateur de la célébration liturgique de la naissance du Christ. Chaque année, elles prennent une saveur nouvelle et nous font revivre le climat de l’attente et de l’espérance, de l’émerveillement et de la joie, caractéristique de Noël.

Au peuple opprimé et souffrant qui marchait dans les ténèbres apparut «une grande lumière». Oui vraiment, une «grande» lumière, parce que la lumière qui rayonne de l’humilité de la crèche est la lumière de la nouvelle création. Si la première création a commencé par la lumière (cf. Gn 1,3), la lumière par laquelle commence la nouvelle création est d’autant plus «grande» et plus resplendissante: c’est Dieu lui-même fait homme !

Noël est un événement de lumière, c’est la fête de la lumière: dans l’enfant de Bethléem, la lumière des origines brille à nouveau dans le ciel de l’humanité et elle déchire les ténèbres du péché. La splendeur du triomphe définitif de Dieu apparaît à l’horizon de l’histoire pour ouvrir aux hommes en marche un nouvel avenir d’espérance.

2. «Sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi» (Is 9,1).

L’annonce joyeuse, proclamée il y a un instant dans notre assemblée, vaut aussi pour nous, hommes et femmes à l’aube du troisième millénaire. La communauté des croyants se rassemble en prière pour l’écouter une nouvelle fois dans toutes les régions du monde. Dans le froid et la neige de l’hiver ou sous la chaleur torride des tropiques, cette nuit est la Nuit Sainte pour tous.

993 Longuement attendue, la splendeur du Jour nouveau surgit finalement. Celui qui est né est le Messie, l’Emmanuel, Dieu-avec-nous! Il est né Celui qu’ont annoncé les prophètes et qu’ont appelé longuement «ceux qui habitaient le pays de l’ombre». Dans le silence et l’obscurité de la nuit, la lumière se fait parole et message d’espérance.

Mais cette certitude de la foi n’est-elle pas en contradiction avec la réalité historique dans laquelle nous vivons? Lorsque nous écoutons les comptes rendus impitoyables de l’actualité, ces paroles de lumière et d’espérance semblent des paroles de rêve. Mais c’est bien là le défi de la foi, qui fait de cette annonce une consolation et en même temps une exigence: nous nous découvrons enveloppés par la tendresse amoureuse de Dieu et en même temps engagés activement à aimer Dieu et nos frères.

3. «La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes» (
Tt 2,11).

En ce Noël, nos coeurs sont préoccupés et troublés par la persistance, dans plusieurs régions du monde, de la guerre, des tensions sociales, des conditions pénibles dans lesquelles vivent tant d’êtres humains. Nous cherchons tous une réponse qui nous rassure.

La page de la lettre à Tite que nous venons d’entendre nous rappelle que la naissance du Fils unique du Père s’est révélée «source du salut» en tout lieu de la planète et à chaque époque de l’histoire. C’est pour tout homme et pour toute femme que naît l’Enfant appelé «Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix» (Is 9,5). Il apporte avec lui la réponse qui peut apaiser nos peurs et rendre vigueur à nos espérances.

Oui, en cette nuit évocatrice de souvenirs sacrés, notre confiance se fait plus solide dans la puissance rédemptrice de la Parole faite chair. Quand les ténèbres et le mal semblent l’emporter, le Christ nous redit : N’ayez pas peur ! Par sa venue dans le monde, il a vaincu la puissance du mal, il nous a libérés de l’esclavage de la mort et il nous a invités de nouveau au banquet de la vie.

Il nous revient de puiser à la force de son amour victorieux, en faisant nôtre sa logique de service et d’humilité. Chacun de nous est appelé à vaincre avec Lui «le mystère d’iniquité», en devenant témoin de la solidarité et artisan de paix. Allons donc à la grotte de Bethléem pour Le rencontrer, mais aussi pour rencontrer, en Lui, tout enfant du monde, tout frère meurtri dans son corps ou opprimé dans son esprit.

4. Les bergers «après l’avoir vu, racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant» (Lc 2,17).

Comme les bergers, nous ne pouvons pas, en cette nuit extraordinaire, ne pas éprouver le désir de communiquer aux autres la joie de la rencontre avec cet «enfant emmailloté» en qui se révèle la puissance salvifique du Tout-Puissant. Nous ne pouvons pas nous contenter de contempler, émerveillés, le Messie qui gît dans la mangeoire, et oublier le devoir de Lui rendre témoignage.

Nous devons reprendre à la hâte notre chemin. Nous devons repartir joyeux de la grotte de Bethléem, pour faire connaître en tout lieu le prodige dont nous avons été les témoins. Nous avons rencontré la lumière et la vie ! En Lui l’amour nous a été donné.

5. «Un Enfant nous est né ...»

994 Nous t’accueillons avec joie, Seigneur tout-puissant du ciel et de la terre, Toi qui par amour t’es fait Enfant «en Judée, dans la ville de David appelée Bethléem» (Lc 2,4).

Nous t’accueillons avec reconnaissance, Lumière nouvelle qui surgit dans la nuit du monde.

Nous t’accueillons comme notre frère, «Prince-de-la-paix» qui « des deux, a fait un seul peuple» (Ep 2,14).

Comble-nous de tes dons, Toi qui n’as pas dédaigné de commencer à vivre comme nous ! Fais-nous devenir fils de Dieu, Toi qui pour nous as voulu devenir fils de l’homme (cf. saint Augustin, Sermons, 184) !

Toi, «Merveilleux-Conseiller», promesse certaine de paix ! Toi, présence efficace du «Dieu-Fort» ! Toi, notre seul Dieu, qui gis pauvre et humble dans l’ombre de la crèche, accueille-nous près de ton berceau !

Venez, peuples de la terre, et ouvrez-lui les portes de votre histoire ! Venez adorer le Fils de la Vierge Marie, descendu parmi nous en cette nuit préparée depuis des siècles !

Nuit de joie et de lumière !

Venite, adoremus !



31 décembre 2001, Vêpres et Te Deum

Lundi 31 décembre 2001


1. "Seigneur, est-ce le moment?": combien de fois l'homme se pose-t-il cette question, en particulier dans les moments dramatiques de l'histoire! Il existe en lui un vif désir de connaître le sens et la dynamique des événements individuels et communautaires dans lesquels il se trouve impliqué. Il voudrait savoir "avant" ce qui se passera "ensuite", de façon à ne pas être pris au dépourvu.

995 Les Apôtres eux aussi ne se sont pas montrés insensibles à ce désir. Cependant Jésus n'a jamais secondé cette curiosité. Lorsque cette question lui a été posée, Il a répondu que seul le Père céleste connaît et rythme les temps et les moments (cf. Ac Ac 1,7). Mais, il a ajouté: "Mais vous allez recevoir une force, celle de l'Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins... jusqu'aux extrémités de la terre" (Ac 1,8). C'est-à-dire qu'il les a invités à prendre une attitude "nouvelle" à l'égard du temps.

Jésus nous exhorte à ne pas enquêter inutilement sur ce qui est réservé à Dieu - qui est précisément le cours des événements -, mais à utiliser le temps dont chacun dispose, - le présent - en agissant avec amour filial pour la diffusion de l'Evangile en chaque lieu de la planète. Cette réflexion est plus que jamais opportune également pour nous, au terme d'une année et à quelques heures du début de l'année nouvelle.


2. "Mais quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d'une femme" (Ga 4,4). Avant la naissance de Jésus l'homme était sujet à la tyrannie du temps, semblable à l'esclave qui ne connaît pas les intentions de son maître. Cependant, lorsque "le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous" (Jn 1,14), cette perspective a été complètement bouleversée.

Au cours de la nuit de Noël, que nous avons célébré il y a une semaine, l'Eternel est entré dans l'histoire, le "pas encore" du temps, rythmé par l'inexorable écoulement des jours, s'est mystérieusement conjugué avec le "déjà" de la manifestation du Fils de Dieu. Dans l'insondable mystère de l'Incarnation, le temps atteint sa plénitude. Dieu embrasse l'histoire des hommes sur la terre pour la conduire à son accomplissement définitif.

Pour nous croyants, le sens et le but de l'histoire et de tout événement humain se trouvent donc dans le Christ. En Lui, Verbe éternel fait chair dans le sein de Marie, l'éternité nous interpelle, car Dieu a voulu devenir visible, révélant l'objectif de l'histoire elle-même et le destin du labeur de chaque personne qui vit sur la terre.

Voilà pourquoi au cours de cette liturgie, alors que nous prenons congé de 2001, nous ressentons le besoin de renouveler, avec une joie intime, notre gratitude envers Dieu qui, dans son Fils, nous a introduits dans son mystère en faisant commencer le temps nouveau et définitif.

3. Te Deum laudamus, / Te Dominum confitemur.

A travers les paroles de l'antique hymne, nous élevons vers Dieu l'expression de notre profonde reconnaissance pour le bien que, au cours des douze mois qui se sont écoulés, Il nous a dispensé.
Alors que défilent devant nos yeux les nombreux événements de l'année 2001, je voudrais saluer avec affection le Cardinal-Vicaire, entouré des Evêques auxiliaires et de nombreux curés, mes précieux collaborateurs dans le service pastoral à l'Eglise de Rome. J'étends mon salut au Maire et aux membres de la Junte et du Conseil municipal, ainsi qu'aux autres Autorités présentes et à ceux qui représentent ici les diverses Institutions de la ville.

Que de cette basilique, si chère aux Romains, mes voeux parviennent à toute la population de l'Urbs et, de façon particulière, à ceux qui passent ces jours de fête dans les privations et les difficultés. J'assure tout le monde de mon souvenir, soutenu par une intense et fervente prière, alors que j'invite chacun à poursuivre avec application son propre chemin en ayant confiance dans la Providence, toujours pleine d'amour dans ses desseins mystérieux.


4. Dans notre ville, nous ressentons encore fortement l'écho du grand Jubilé, qui a profondément marqué la vie de Rome et de ses habitants, en diffusant dans la communauté des croyants de nombreuses richesses de grâce. L'Assemblée diocésaine de juin 2001, préparée de manière ramifiée dans les paroisses et dans les institutions ecclésiales, a reproposé l'engagement de la mission permanente comme objectif vers lequel tendre de façon décidée au cours des années à venir, selon les indications de la Lettre apostolique Novo millennio ineunte et du programme pastoral diocésain, qui s'en inspire.

996 Rome ressent un besoin constant de l'annonce du Christ et de la rencontre avec Lui, dans l'écoute de sa parole, dans l'Eucharistie et dans la charité. Il faut donc que se développe le souffle apostolique dans le coeur des prêtres, des religieux, des religieuses et des nombreux laïcs qui ont compris leur appel à être des témoins du Seigneur auprès des familles et sur les lieux de travail.
Je répète à tous ce que j'ai écrit dans le message envoyé à l'Assemblée diocésaine du mois de juin dernier: "Avancez en eau profonde pour apporter l'annonce de l'Evangile dans les maisons, dans les divers milieux, dans les quartiers et dans la ville tout entière" (n. 4).

Que chaque communauté chrétienne soit une école de prière et un gymnase de sainteté, une famille de familles, où l'accueil du Seigneur et la fraternité vécue autour de l'Eucharistie se traduisent par l'élan à une évangélisation renouvelée.


5. Il existe une autre grand objectif, lié à la mission permanente, défini par le programme pastoral diocésain et qui fera l'objet d'une réflexion particulière lors du Congrès diocésain de juin 2002: la pastorale des vocations.

Chaque paroisse et communauté est appelée à la prière constante, afin que le Seigneur envoie des ouvriers à sa moisson, et à une oeuvre de formation dynamique et consciencieuse auprès des jeunes et des familles, afin que l'appel de Dieu soit compris dans sa force libératrice et soit écouté avec joie et gratitude.

Je m'adresse notamment à vous, chers curés et chers prêtres, afin que la joie d'être ministres du Christ et la générosité du service à l'Eglise transparaissent toujours de façon évidente dans votre vie. Il s'agit d'une condition importante pour l'efficacité de la pastorale des vocations. A la racine de toute vocation sacerdotale et religieuse il y a presque toujours un prêtre qui, par l'exemple et la direction spirituelle, a introduit et accompagné la personne en quête sur la voie du "don" et du "mystère".


6. Te Deum laudamus! Ce chant de louange et d'action de grâce s'élève de notre coeur reconnaissant. Une action de grâce pour les bienfaits reçus, pour les objectifs apostoliques atteints, pour le bien réalisé. Je voudrais rendre grâce, en particulier, pour les trois cents paroisses de notre ville que j'ai pu visiter jusqu'à présent. Je demande à Dieu la force de poursuivre, tant qu'Il lui plaira, le service fidèle à l'Eglise de Rome et au monde entier.

Toutefois, très chers frères et soeurs, au terme d'une année il faut également prendre conscience de façon particulière de sa propre fragilité et des moments où l'on n'a pas été pleinement fidèles à l'amour de Dieu. Nous demandons pardon au Seigneur pour nos manquements et nos omissions: Miserere nostri, Domine, miserere nostri. Nous continuons à nous abandonner avec confiance à la bonté du Seigneur. Il ne manquera pas de nous manifester sa miséricorde, et de nous aider à poursuivre notre engagement apostolique.


7. In Te, Domine, speravi: non confundar in aeternum! Nous nous confions et nous nous abandonnons entre tes mains, Seigneur du temps et de l'éternité. Tu es notre espérance: l'espérance de Rome et du monde; le soutien des faibles et le réconfort des égarés, la joie et la paix de celui qui t'accueille et qui t'aime.

Alors que cette année se termine et que le regard se tourne vers l'année nouvelle, notre coeur s'abandonne avec confiance à tes mystérieux desseins de salut.

Fiat misericordia tua, Domine, super nos, quaemadmodum speravimus in Te.

997 Que ta miséricorde soit toujours avec nous: en Toi nous avons espéré. En Toi seul nous espérons, ô Christ, Fils de la Vierge Marie, ta tendre Mère qui est aussi la nôtre.






2002


1er janvier 2002, Solennité de la Très Sainte Mère de Dieu - XXXVème Journée mondiale de la Paix

Mardi 1er janvier 2002
1. "Ave, Mère sainte: tu as donné le jour au Roi
qui gouverne le ciel et la terre pour les siècles des siècles"
(cf. Antienne d'ouverture).

Avec cet antique salut, l'Eglise s'adresse aujourd'hui, huitième jour après Noël et premier jour de l'année 2002, à la Très Sainte Vierge Marie, en l'invoquant en tant que Mère de Dieu.
Le Fils éternel du Père a pris en Elle notre même chair et, à travers Elle, il et devenu "le fils de David et le fils d'Abraham" (
Mt 1,1). Marie est donc sa Mère véritable: la Theotòkos, la Mère de Dieu!

Si Jésus est la Vie, Marie est la Mère de la Vie.
Si Jésus est l'Espérance, Marie est la Mère de l'Espérance.
998 Si Jésus est la Paix, Marie est la Mère de la Paix, Mère du Prince de la Paix.

En entrant dans la nouvelle année, nous demandons à cette Mère sainte de nous bénir. Demandons-lui de nous donner Jésus, notre pleine Bénédiction, dans lequel le Père a béni l'histoire une fois pour toute, en la faisant devenir une histoire de salut.


2. "Ave, Mère sainte"! C'est sous le regard maternel de Marie que se déroule la Journée mondiale de la Paix d'aujourd'hui. Nous réfléchissons sur la paix dans un climat de préoccupation diffus, en raison des récents événements dramatiques qui ont secoué le monde. Mais même s'il semble humainement difficile d'envisager l'avenir avec optimisme, nous ne devons pas céder à la tentation du découragement. Nous devons, au contraire, oeuvrer pour la paix avec courage, certains que le mal ne prévaudra pas.

La lumière et l'espérance pour cet engagement viennent du Christ. L'Enfant né à Bethléem est la Parole éternelle du Père faite chair pour notre salut, il est "Dieu avec nous", qui apporte avec lui le secret de la paix véritable. Il est le Prince de la Paix.


3. Avec ces sentiments, je salue respectueusement les Ambassadeurs près le Saint-Siège, qui ont voulu prendre part à cette célébration solennelle. Je salue affectueusement le Président du Conseil pontifical "Justice et Paix", M. le Card. François Xavier Nguyên Van Thuân, et tous ses collaborateurs, en les remerciant des efforts qu'ils accomplissent afin de diffuser mon Message annuel pour la Journée mondiale de la Paix, qui cette année a pour thème: "Il n'y a pas de paix sans justice, il n'y a pas de justice sans pardon".

Justice et pardon: voilà les deux "piliers" de la paix, que j'ai voulu mettre en évidence. Il n'y a pas d'opposition entre justice et pardon, mais une complémentarité, car tous deux sont essentiels pour la promotion de la paix. Celle-ci, en effet, bien plus qu'une interruption temporaire des hostilités, est une guérison profonde des blesures qui affaiblissent les âmes (cf. Message, n. 3). Seul le pardon peut assouvir la soif de vengeance et ouvrir le coeur à une réconciliation authentique et durable entre les peuples.


4. Nous tournons aujourd'hui notre regard vers l'Enfant, que Marie serre dans ses bras. En Lui nous reconnaissons Celui en qui la miséricorde et la vérité se rencontrent, en qui la justice et la paix s'embrassent (cf. Ps
Ps 84,11). En Lui nous adorons le Messie véritable, en qui Dieu a conjugué, pour notre salut, la vérité et la miséricorde, la justice et le pardon.

Au nom de Dieu, je renouvelle mon appel pressant à tous, croyants et non-croyants, afin que le binôme "justice et pardon" caractérise toujours les relations entre les personnes, entre les groupes sociaux et entre les peuples.

Cet appel s'adresse tout d'abord à ceux qui croient en Dieu, en particulier les trois religions abrahamitiques, judaïsme, christianisme et islam, appelées à toujours exprimer leur refus de la violence de la façon la plus ferme et décidée. Personne, pour aucune raison, ne peut tuer au nom de Dieu, unique et miséricordieux. Dieu est Vie et source de la Vie. Croire en Lui signifie témoigner sa miséricorde et son pardon, en refusant d'utiliser son saint Nom comme un instrument.

De diverses parties du monde s'élève une poignante invocation de paix; elle s'élève en particulier de cette terre que Dieu a bénie à travers son Alliance et son Incarnation, et que nous appelons "Sainte" pour cette raison. "La voix du sang" crie vers Dieu de cette terre (cf. Gn 4,10); le sang de frères versé par des frères, qui se réclament du même Patriarche Abraham; des fils, comme tout homme, du même Père céleste.


5. "Ave, Mère sainte!" Vierge Fille de Sion, comme ton coeur de Mère doit souffrir de ce sang!
999 L'Enfant, que tu serres contre ta poitrine, porte un nom cher aux peuples de religion biblique: "Jésus", qui signifie "Dieu sauve". C'est ainsi que l'appela l'archange avant qu'il ne soit conçu dans ton sein (cf. Lc 2,21). Sur le visage du Messie nouveau-né, nous reconnaissons le visage de chacun de tes enfants outragés et exploités. Nous reconnaissons en particulier le visage des enfants, quelle que soit la race, le pays et la culture à laquelle ils appartiennent.

Pour eux, Ô Marie, pour leur avenir, nous te demandons d'émouvoir les coeurs endurcis par la haine, afin qu'ils s'ouvrent à l'amour et que la vengeance cède finalement la place au pardon.

Ô Mère, obtiens pour nous que la vérité de cette affirmation - Il n'y a pas de paix sans justice, il n'y a pas de justice sans pardon - s'imprime dans le coeur de tous. La famille humaine pourra ainsi retrouver la paix véritable, qui naît de la rencontre entre la justice et la miséricorde.

Mère sainte, Mère du Prince de la Paix, aide-nous!
Mère de l'humanité et Reine de la Paix, prie pour nous!





6 janvier 2002, Solennité de l’Epiphanie du Seigneur et ordination des Evêques

Dimanche 6 janvier 2002


1. "Lumen gentium... Christus", "Le Christ est la lumière des peuples" (Lumen gentium LG 1).
Le thème de la lumière domine les fêtes de Noël et de l'Epiphanie, qui autrefois - aujourd'hui encore en Orient - étaient réunies en une seule grande "fête des lumières". Dans le climat suggestif de la Nuit Sainte, la lumière est apparue; le Christ "lumière des peuples" est né. C'est lui l'"Astre d'en haut" (Lc 1,78). Un soleil venu dans le monde pour dissiper les ténèbres du mal et l'inonder par la splendeur de l'amour divin. L'évangéliste Jean écrit: "Le Verbe était la lumière véritable, qui éclaire tout homme; il venait dans le monde" (1, 9).

"Deus lux est - Dieu est lumière", rappelle toujours saint Jean, en résumant non pas une théorie gnostique, mais "le message que nous avons entendu de lui" (1Jn 1,5) c'est-à-dire Jésus. Dans l'Evangile, il rapporte l'expression recueillie sur les lèvres du Maître: "Je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie" (Jn 8,12)
En s'incarnant, le Fils de Dieu s'est manifesté en tant que lumière. Une lumière présente non seulement à l'extérieur, dans l'histoire du monde, mais également à l'intérieur de l'homme, dans son histoire personnelle. Il est devenu l'un de nous, en donnant un sens et une valeur renouvelée à notre existence terrestre. De cette façon, dans le plein respect de la liberté humaine, le Christ est devenu "lux mundi - la lumière du monde". La lumière qui resplendit dans les ténèbres (cf. Jn 1,5).

1000 2. Aujourd'hui, solennité de l'"Epiphanie", qui signifie "Manifestation", le thème de la lumière revient avec force. Aujourd'hui, le Messie, qui se manifesta à Bethléem à d'humbles pasteurs de la région, continue à se révéler comme la lumière des peuples de chaque époque et de chaque lieu. Pour les Mages, venus d'Orient l'adorer, la lumière du "roi des Juifs qui vient de naître" (Mt 2,2) prend la forme d'un astre céleste, si éclatant qu'il attire leurs regards et les guide jusqu'à Jérusalem. Elle les place ainsi sur les traces des antiques prophéties messianiques: "Un astre issu de Jacob devient chef, un sceptre se lève, issu d'Israël..." (Nb 24,17).

Combien le symbole de l'étoile, qui revient dans toute l'iconographie de Noël et de l'Epiphanie, est suggestif! Aujourd'hui encore, il évoque des sentiments profonds même si, comme tant d'autres signes sacrés, il risque parfois de devenir banal en raison de l'usage lié à la consommation qui en est fait par la société. Toutefois, replacée dans son contexte d'origine, l'étoile que nous contemplons dans la crèche, parle également à l'esprit et au coeur de l'homme du troisième millénaire. Elle parle à l'homme sécularisé, réveillant en lui la nostalgie de sa condition de voyageur à la recherche de la vérité et désireux d'absolu. L'éthymologie même du verbe "désirer" évoque l'expérience des navigateurs, qui s'orientent la nuit en observant les astres, qui en latin s'appellent "sidera".

3. Qui ne ressent pas le besoin d'avoir une "étoile" qui le guide le long de son chemin sur terre? Les individus comme les nations éprouvent cette nécessité. Pour répondre à cette aspiration de salut universel, le Seigneur a choisi un peuple, pour devenir l'étoile qui oriente "tous les clans de la terre" (Gn 12,3). A travers l'Incarnation de son Fils, Dieu a ensuite élargi son élection à tous les autres peuples, sans distinction de race et de culture. C'est ainsi qu'est née l'Eglise, formée d'hommes et de femmes qui sont "rassemblés dans le Christ, conduits par l'Esprit Saint dans leur marche vers le Royaume du Père, et porteurs d'un message de salut qu'il leur faut proposer à tous" (Gaudium et spes GS 1).

L'oracle du prophète Isaïe, que nous avons entendu dans la première Lecture, retentit donc pour toute la communauté ecclésiale: "Debout! Resplendis! car voici ta lumière, / et sur toi se lève la gloire de Yahvé... Les nations marcheront à ta lumière / et les rois à ta clarté naissante" (Is 60,1 Is 60,3).

4. Très chers frères, à travers l'ordination épiscopale d'aujourd'hui, vous êtes constitués pasteurs de ce peuple messianique particulier qui est l'Eglise. Le Christ fait de vous autant de ministres et vous appelle à être missionnaires de son Evangile. Certains d'entre vous exerceront ce "ministère de la grâce de Dieu" (cf. Ep 3,2) en tant que Représentants pontificaux dans différents pays: toi, Mgr Giuseppe Pinto, au Sénégal et en Mauritanie; toi, Mgr Claudio Gugerotti, en Géorgie, en Arménie et en Azerbaïdjan; toi, Mgr Adolfo Tito Yllana, en Papouasie Nouvelle-Guinée; et toi, Mgr Giovanni d'Aniello, en République démocratique du Congo.

D'autres seront les pasteurs d'Eglises locales: toi, Mgr Daniel Mizonzo, tu guideras le diocèse de Nkayi, en République du Congo; toi, Mgr Louis Portella, celui de Kinkala, dans la même République du Congo. A toi, Mgr Marcel Utembi Tapa, j'ai confié le diocèse de Mahagi-Nioka, en République démocratique du Congo; et à toi, Mgr Franco Agostinelli, celui de Grosseto, en Italie. Toi, Mgr Amândio José Tornás, tu aideras, en tant qu'Evêque auxiliaire, l'Archevêque d'Evora, au Portugal.

Toi, enfin, Mgr Vittorio Lanzani, en tant que Délégué de la "Fabbrica di San Pietro", tu poursuivras ton service à l'Eglise ici au Vatican, dans cette basilique patriarcale qui t'est particulièrement chère.

5. Il y a un an, en cette fête de l'Epiphanie, en conclusion de l'Année Sainte, j'ai remis en esprit à la famille des croyants et à toute l'humanité la Lettre apostolique Novo millennio ineunte, qui commence par l'invitation adressée par le Christ à Pierre et aux autres: "Duc in altum! - Avance en eau profonde".

Très chers frères, je reviens à ce moment inoubliable et je remets à nouveau ce texte contenant le programme de la nouvelle évangélisation à chacun de vous. Je vous répète les paroles du Rédempteur: "Duc in altum!". N'ayez pas peur des ténèbres du monde, car celui qui vous envoit est "la lumière du monde" (Jn 8,12), "l'Etoile radieuse du matin" (Ap 22,16). Et Toi, Jésus, qui as dit un jour à tes Apôtres: "Vous êtes la lumière du monde" (Mt 5,14), fais en sorte que le témoignage évangélique de ces frères resplendisse aux yeux des hommes de notre temps. Rends leur mission fructueuse, afin que ceux que tu confies à leurs soins pastoraux rendent toujours gloire au Père qui est dans les cieux (cf. Mt Mt 5,16). Mère du Verbe incarné, Vierge fidèle, garde ces nouveaux évêques sous ta protection constante, afin qu'ils soient des missionnaires courageux de l'Evangile; un fidèle reflet de l'amour du Christ, la lumière des nations et l'espérance du monde.





13 janvier 2002, Messe en la Chapelle sixtine et baptêmes

Dimanche 13 janvier 2002, fête du Baptême du Seigneur



1001 1. "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur" (Mt 3,17).

Il y a quelques instants, nous avons à nouveau écouté dans l'Evangile, les paroles qui retentirent du ciel dès que Jésus eut été baptisé par Jean dans le fleuve Jourdain. C'est une voix venant d'en haut qui les prononça: la voix de Dieu le Père. Elles révèlent le mystère que nous célébrons aujourd'hui, le Baptême du Christ. Cet Homme sur lequel l'Esprit Saint descend, sous la forme d'une colombe, est le Fils de Dieu qui a assumé de la Vierge Marie notre chair pour la racheter du péché et de la mort.

Comme ce mystère de salut est grand! Un mystère dans lequel pénètrent aujourd'hui les enfants que vous présentez, chers parents, parrains et marraines. En recevant dans l'Eglise le sacrement du Baptême, ils deviennent les fils de Dieu, "fils dans le Fils". C'est le mystère de la "seconde naissance".


2. Chers parents, je m'adresse avec affection en particulier à vous, qui avez donné la vie à ces créatures, en collaborant à l'oeuvre de Dieu, auteur de la vie et, de façon singulière, de toute vie humaine. Vous les avez engendrées et aujourd'hui, vous les présentez sur les fonts baptismaux, afin qu'elles soient régénérées par l'eau et l'Esprit Saint. La grâce du Christ transformera leur existence de mortelle en immortelle, en la libérant du péché originel. Rendez grâce au Seigneur pour le don de leur naissance et de leur renaissance spirituelle d'aujourd'hui.

Mais quelle force permet à ces enfants innocents et inconscients d'accomplir un "passage" spirituel aussi profond? C'est la foi, la foi de l'Eglise, professée en particulier par vous, chers parents, parrains et marraines. C'est précisément dans cette foi que vos petits sont baptisés. Le Christ n'accomplit pas le miracle de régénérer l'homme sans la collaboration de l'homme lui-même, et la première coopération de la créature humaine est la foi, avec laquelle celle-ci, intérieurement attirée par Dieu, se remet librement entre ses mains.

Ces enfants reçoivent aujourd'hui le Baptême sur la base de votre foi, que dans un instant, je vous demanderai de professer. Très chers amis, que d'amour, que de responsabilité dans le geste que vous accomplirez au nom de vos enfants!


3. Un jour, lorsqu'ils seront en mesure de comprendre, ils devront eux-mêmes accomplir personnellement et librement un chemin spirituel qui les conduira, avec la grâce de Dieu, à confirmer, dans le sacrement de la Confirmation, le don qu'ils reçoivent aujourd'hui.

Mais pourront-ils s'ouvrir à la foi s'ils ne reçoivent pas un bon témoignage de celle-ci de la part des adultes qui les entourent? Ces enfants ont tout d'abord besoin de vous, chers parents; ils ont ensuite également besoin de vous, chers parrains et marraines, pour apprendre à connaître le Dieu véritable, qui est amour miséricordieux. C'est à vous qu'il revient de les initier à cette connaissance, en premier lieu à travers le témoignage de votre comportement dans vos relations avec eux et avec les autres, des relations empreintes d'attention, d'accueil et de pardon. Ils comprendront que Dieu est fidélité, s'ils ont la possibilité d'en reconnaître le reflet, même limité et imparfait, et avant tout dans votre présence pleine d'amour.

La responsabilité de la coopération des parents à la croissance spirituelle de leurs enfants est grande! Les bienheureux époux Luigi et Maria Beltrame Quattrocchi, que j'ai récemment eu la joie d'élever aux honneurs des autels et que je vous exhorte à mieux connaître et à imiter, en étaient bien conscients. Si la mission d'être des parents "selon la chair" est déjà grande pour vous, celle de collaborer à la paternité divine, en offrant votre contribution pour former dans ces créatures l'image même de Jésus, Homme parfait, l'est plus encore.


4. Ne vous sentez jamais seuls dans une mission aussi exigeante! Que vous réconforte, tout d'abord, la confiance dans l'ange gardien, à qui Dieu a confié son singulier message d'amour pour chacun de vos enfants. Ensuite, toute l'Eglise à laquelle vous avez la grâce d'appartenir est engagée à vous soutenir: les saints veillent au Ciel, en particulier ceux dont les enfants portent les noms et qui seront leurs "patrons". Sur terre, il y a la communauté ecclésiale, dans laquelle il est possible de renforcer sa propre foi et sa propre vie chrétienne, en l'alimentant par la prière et les Sacrements. Vous ne pourrez pas donner à vos enfants ce que vous n'aurez pas reçu et assimilé en premier!

Il existe ensuite pour tous une Mère selon l'Esprit: la Très Sainte Vierge Marie. Je lui confie vos enfants, afin qu'ils deviennent des chrétiens authentiques; je vous confie également à Marie, chers parents, chers parrains et chères marraines, afin que vous sachiez toujours transmettre à ces enfants l'amour dont ils ont besoin pour grandir et pour croire. En effet, la vie et la foi vont de pair! Qu'il en soit ainsi dans l'existence de chaque baptisé avec l'aide de Dieu





1002 2 février 2002, Fête de la Présentation du Seigneur - VIème Journée de la Vie Consacrée

Samedi 2 février 2002


1. "Ils l'emmenèrent à Jérusalempour le présenter au Seigneur, selon qu'il est écrit dans la loi du Seigneur" (
Lc 2,22).

Quarante jours après Noël, l'Eglise revit aujourd'hui le mystère de la présentation de Jésus au temple. Elle le revit avec l'émerveillement de la Sainte Famille de Nazareth, illuminée par la pleine révélation de cet "enfant", qui - comme viennent de nous le rappeler la première et la deuxième Lecture - est le juge eschatologique promis par les prophètes (Ml 3,1-3), le "grand prêtre miséricordieux" venu "expier les péchés du peuple" (He 2,17).

L'enfant, que Marie et Joseph conduisent avec ferveur au Temple, est le Verbe incarné, le Rédempteur de l'homme et de l'histoire!

Aujourd'hui, en commémorant ce qui eut lieu ce jour-là à Jérusalem, nous sommes nous aussi invités à entrer dans le Temple, pour méditer le mystère du Christ, fils unique du Père qui, à travers son Incarnation et sa Pâques, est devenu le premier-né de l'humanité rachetée.
En cette fête se prolonge ainsi le thème du Christ lumière, qui caractérise la solennité de Noël et de l'Epiphanie.


2. "Lumière des nations et gloire d'Israël" (Lc 2,32). Ces paroles prophétiques sont prononcées par le vieillard Syméon, inspiré par Dieu, lorsqu'il prend l'Enfant Jésus dans ses bras. Il préannonce, dans le même temps, que le "Messie du Seigneur" accomplira sa mission comme un "signe en butte à la contradiction" (Lc 2,34). Quant à Marie, sa Mère, elle participera elle aussi personnellement à la passion de son Fils divin (Lc 2,35).

En la fête d'aujourd'hui, nous célébrons donc le mystère de la consécration: consécration du Christ, consécration de Marie, consécration de tous ceux qui se mettent à la suite de Jésus par amour du Royaume.


3. Alors que je salue avec une cordialité fraternelle le Cardinal Eduardo Martínez Somalo, qui préside cette célébration, je suis heureux de pouvoir vous rencontrer, très chers frères et soeurs qui un jour, récent ou lointain, avez fait le don total de vous-mêmes au Seigneur, en effectuant le choix de la vie consacrée. En adressant à chacun de vous mon salut rempli d'affection, je pense aux grandes choses que Dieu a accomplies et accomplit en vous, "en attirant à lui" votre existence tout entière.

Je loue le Seigneur avec vous, car il est Amour d'une façon si grande et si belle, qu'il mérite le don inestimable de la personne tout entière, dans l'insondable profondeur de son coeur et dans le déroulement concret de sa vie quotidienne, au cours des divers âges de la vie.

1003 Votre "Me voici!", inspiré de celui du Christ et de la Vierge Marie, est symbolisé par les cierges qui ont illuminé ce soir la basilique vaticane. La fête d'aujourd'hui vous est consacrée de façon particulière, à vous tous qui, au sein du Peuple de Dieu, représentez avec une singulière éloquence la nouveauté eschatologique de la vie chrétienne. Vous êtes appelés à être lumière de vérité et de justice; des témoins de solidarité et de paix.


4. Le souvenir de la Journée de prière pour la paix, vécue il y a dix jours à Assise, est encore vif. Très chères personnes consacrées, je savais et je sais que je peux compter sur vous de façon particulière pour cette extraordinaire mobilisation en faveur de la paix dans le monde. Je vous exprime ma profonde gratitude, également pour cela.

Je vous remercie tout d'abord de votre prière. Combien de communautés contemplatives, entièrement consacrées à la prière, frappant nuit et jour au coeur du Dieu de la paix, collaborent à la victoire du Christ sur la haine, sur la vengeance et sur les structures du péché!

Très chers frères et soeurs, un grand nombre d'entre vous édifient la paix non seulement par la prière, mais également à travers le témoignage de la fraternité et de la communion, en diffusant dans le monde, comme un levain, l'esprit évangélique, qui fait croître l'humanité vers le Royaume des cieux. Je vous remercie également de cela!

Dans de multiples domaines, on constate que ne manquent pas les religieux et les religieuses qui s'engagent concrètement pour la justice, en oeuvrant parmi les laissés-pour-compte, en intervenant aux racines des conflits, contribuant ainsi à édifier une paix substantielle et durable. Chères personnes consacrées, partout où l'Eglise est engagée dans la défense et la promotion de l'homme et du bien commun, vous êtes présents vous aussi. Vous qui, afin d'appartenir totalement à Dieu, appartenez également totalement à vos frères. Chaque personne de bonne volonté vous est reconnaissante de cela.


5. L'icône de Marie, que nous contemplons alors qu'elle présente Jésus au temple, préfigure celle de la Crucifixion, anticipant également sa clef de lecture, Jésus, Fils de Dieu, signe de contradiction. En effet, sur le Calvaire, parvient à son accomplissement l'oblation du Fils et, en même temps, celle de sa Mère. Une même épée les transperce tous les deux, la Mère et le Fils (cf.
Lc 2,35). La même douleur. Le même amour.

Sur cette voie, la Mater Jesu est devenue Mater Ecclesiae. Son pèlerinage de foi et de consécration constitue l'archétype de celui de chaque baptisé. Il l'est d'une façon particulière pour ceux qui embrassent la vie consacrée.

Comme il est réconfortant de savoir que Marie est à nos côtés, en tant que Mère et Maîtresse, sur notre itinéraire de consécration! Plus encore qu'au niveau simplement affectif, elle l'est plus profondément encore au niveau de l'efficacité surnaturelle, attestée par les Ecritures, par la Tradition et par le témoignage des saints, dont un grand nombre a suivi le Christ sur la voie exigeante des conseils évangéliques.

Ô Marie, Mère du Christ et notre Mère, nous te remercions de l'attention avec laquelle tu nous accompagnes sur le chemin de la vie, et nous te demandons: présente-nous aujourd'hui à nouveau à Dieu, notre unique bien, afin que notre vie, ardente d'Amour, soit pour Lui un sacrifice vivant, saint et agréable.
Ainsi soit-il.



13 février 2002, Mercredi des Cendres

1004 Mercredi 13 février 2002, Basilique Sainte Sabine


1. "Déchirez votre coeur, et non vos vêtements, revenez à Yahvé, votre Dieu, car il est tendresse et pitié" (
Jl 2,13).

Avec ces paroles du prophète Joël, la liturgie d'aujourd'hui nous introduit dans le Carême. Elle nous indique dans la conversion du coeur la dimension fondamentale du temps de grâce particulier que nous nous apprêtons à vivre. Elle suggère également la motivation profonde qui nous rend capables de nous remettre en chemin vers Dieu: c'est la conscience renouvelée que le Seigneur est miséricordieux et que chaque homme est un fils aimé par Lui et appelé à la conversion.

Avec une grande richesse symbolique, le texte prophétique qui vient d'être proclamé rappelle que l'engagement spirituel doit être traduit en choix et en gestes concrets, que l'authentique conversion ne doit pas se réduire à des formes extérieures ou à de vagues propositions, mais qu'elle exige la participation et la transformation de l'existence tout entière.

L'exhortation "revenez à Yahvé votre Dieu" implique le détachement de ce qui nous retient loin de Lui. Ce détachement constitue le point de départ nécessaire pour renouer avec Dieu l'alliance brisée à cause du péché.


2. "Nous vous en supplions au nom du Christ: laissez-vous réconcilier avec Dieu" (2Co 5,20). L'invitation pressante à la réconciliation avec Dieu est présente également dans le passage de la seconde Epître aux Corinthiens que nous venons d'écouter.

La référence au Christ, placé au centre du récit, suggère qu'en Lui, la possibilité est donnée au pécheur d'une authentique réconciliation. En effet, "Celui qui n'avait pas connu le péché, Il l'a fait péché pour nous, afin qu'en lui nous devenions justice de Dieu" (2Co 5,21). Seul le Christ peut transformer la situation de péché en situation de grâce. Lui seul peut transformer en "moment favorable" les temps d'une humanité submergée et bouleversée par le péché, ravagée par les divisions et par la haine. "Car c'est lui qui est notre paix, lui qui des deux peuples n'en a fait qu'un, détruisant la barrière qui les séparait, supprimant en sa chair la haine [...] pour faire la paix et les réconcilier avec Dieu tous deux en un seul Corps, par la Croix" (Ep 2,14 Ep 2,16).

C'est aujourd'hui le moment favorable! Un moment qui nous est offert à nous aussi, qui entreprenons aujourd'hui avec un esprit de pénitence l'austère itinéraire quadragésimal.


3. "Revenez à moi de tout votre coeur, dans le jeûne, les pleurs et les cris de deuil" (Jl 2,12).
La liturgie du Mercredi des Cendres, dans la bouche du prophète Joël, exhorte à la conversion personnes âgées, femmes et hommes adultes, jeunes, enfants. Nous devons tous demander pardon au Seigneur pour nous et pour les autres (cf. Ibid. 2, 16-17).

Très chers frères et soeurs, suivant la tradition des stations du Carême, nous sommes réunis aujourd'hui ici, dans l'antique Basilique Sainte-Sabine, pour répondre à cet appel urgent. Nous aussi, comme les contemporains du prophète, avons devant les yeux et portons gravées dans l'âme les images de souffrances et de tragédies inhumaines, qui sont souvent le fruit d'égoïsmes irresponsables. Nous aussi ressentons le poids de l'égarement de tant d'hommes et de femmes face à la douleur des innocents et aux contradictions de l'humanité d'aujourd'hui. Nous avons besoin de l'aide du Seigneur pour retrouver notre confiance et la joie de vivre. Nous devons retourner à Lui, qui nous ouvre aujourd'hui la porte de son coeur, riche de bonté et de miséricorde.


1005 4. Au centre de l'attention de la célébration liturgique d'aujourd'hui, il y a un geste symbolique, illustré à juste titre par les paroles qui l'accompagnent. Il s'agit de l'imposition des cendres, dont la signification, qui évoque fortement la condition humaine, est soulignée par la première formule prévue par le rite: "Car tu es poussière et tu retourneras à la poussière" (Gn 3,19). Ces paroles, tirées du Livre de la Genèse, rappellent la caducité de l'existence et invitent à considérer la vanité de chaque projet terrestre, lorsque l'homme ne fonde pas son expérience sur le Seigneur. La seconde formule que le rite prévoit: "Convertissez-vous et croyez à l'Evangile" (Mc 1,15), indique la condition indispensable pour se mettre en chemin sur la voie de la vie chrétienne: il faut pour cela un réel changement intérieur et l'adhésion confiante à la parole du Christ.

La liturgie d'aujourd'hui peut donc être considérée dans une certaine mesure comme une "liturgie de mort", qui renvoie au Vendredi Saint, au cours duquel le rite d'aujourd'hui trouve son plein accomplissement. C'est en effet dans Celui qui "s'humilia plus encore obéissant jusqu'à la mort et à la mort sur une croix" (Ph 2,8), que nous aussi, devons nous anéantir nous-mêmes pour renaître à la vie éternelle.

5. Ecoutons l'invitation que le Seigneur nous adresse à travers les gestes et les paroles, intenses et austères, de la liturgie de ce Mercredi des Cendres! Nous l'accueillons avec l'attitude humble et confiante, que nous propose le Psalmiste: "Contre toi, toi seul j'ai péché, ce qui est coupable à tes yeux, je l'ai fait". Et encore: "Dieu, crée pour moi un coeur pur, restaure en ma poitrine un esprit ferme..." (cf. Ps Ps 50).

Que le temps de Carême soit pour tous une expérience renouvelée de conversion et de profonde réconciliation avec Dieu, avec nous-mêmes et avec nos frères. Que nous l'obtienne la Vierge des Douleurs que, le long de l'itinéraire quadragésimal, nous contemplons unie à la souffrance et à la passion rédemptrice du Fils.





17 février 2002, Visite à la paroisse romaine Sant'Enrico

Ier Dimanche de Carême
17 février 2002



1. "Pardonne-nous, Seigneur: nous avons péché". L'invocation du Psaume responsorial, qui vient de retentir dans notre assemblée, exprime de manière significative le sentiment qui nous anime en ce premier dimanche de Carême. Nous nous trouvons au début d'un itinéraire particulier de pénitence et de conversion. Nous nous rendons compte qu'il s'agit d'une occasion favorable pour reconnaître le péché, qui assombrit notre relation avec Dieu et avec nos frères. "Car mon péché, moi, je le connais - proclame le Psalmiste -, ma faute est devant moi sans relâche; / contre toi, toi seul, j'ai péché, / ce qui est coupable à tes yeux, je l'ai fait" (Ps 50,5-6).

La signification du péché et les con-séquences qu'il produit dans la vie de l'homme sont également révélées dans la page du Livre de la Genèse, que nous venons d'entendre (cf. Gn 3,1-7). Nos ancêtres cédèrent aux flatteries du tentateur, interrompant brusquement le dialogue de confiance et d'amour qu'ils avaient avec Dieu. Le mal, la souffrance et la mort entrèrent ainsi dans le monde, et il faudra attendre le Sauveur promis pour rétablir, d'une façon plus admirable encore, le plan originel du Créateur (cf. Ibid., 3, 8-24).


2. Le Messie n'échappe pas à l'action insidieuse du Malin, comme le rapporte saint Matthieu dans la page de l'Evangile d'aujourd'hui: "Alors Jésus fut emmené au désert par l'Esprit, pour être tenté par le diable" (Mt 4,1). Dans le désert, il est soumis à la triple tentation de satan, à laquelle il résiste cependant de façon décidée. Jésus répète avec fermeté qu'il n'est pas licite de mettre Dieu à l'épreuve; il n'est pas permis de rendre un culte à un autre dieu; on ne peut pas décider soi-même de son propre destin. La référence ultime de chaque croyant est la Parole qui sort de la bouche du Seigneur.

Dans ces quelques lignes se dessine le programme de notre chemin quadragésimal. Nous sommes appelés nous aussi à traverser le désert du quotidien, en affrontant la tentation fréquente de nous éloigner de Dieu. Nous sommes invités à imiter l'attitude du Seigneur, qui choisit de façon décidée l'obéissance à la Parole du Père céleste et qui, de cette façon, rétablit la hiérarchie des valeurs selon le projet divin originel.


1006 3. Très chers frères et soeurs de la paroisse "Sant'Enrico"! Votre paroisse est la trois cent-et-unième paroisse romaine que j'ai la joie de visiter, en poursuivant mon pèlerinage pastoral à travers notre diocèse. Comme j'ai déjà eu l'occasion de le souligner, ces rencontres dominicales attendues m'offrent une occasion particulière d'"exercer de manière très concrète ma mission d'Evêque de Rome, Successeur de l'Apôtre Pierre" (Lettre au Cardinal Camillo Ruini, in L'Osservatore Romano, 16 décembre 2001).

Je salue le Cardinal-Vicaire, l'Evêque auxiliaire du Secteur, Mgr Dieci, votre curé zélé, Dom Romano Esposito, et les jeunes Vicaires paroissiaux. J'exprime une pensée reconnaissante à tous ceux qui m'ont souhaité la bienvenue au début de cette célébration et je salue ensuite les membres du Conseil pastoral, du Conseil pour les Affaires économiques et des divers groupes paroissiaux. Je salue avec affection chacun de vous qui êtes ici présents, et j'étends ma pensée à tous les membres de cette communauté chrétienne, jeune et prometteuse, ainsi qu'à tous les habitants du quartier.


4. Votre communauté est une jeune communauté, née en 1998 de la paroisse-mère "Sant'Alessandro". Elle est constituée en grande partie de nouvelles familles, qui se sont installées dans ce quartier au cours de la dernière décennie. Ce n'est que depuis juin 1999 qu'elle est pourvue d'une véritable Eglise paroissiale. Elle est peuplée par de nombreux, de très nombreux enfants et jeunes, qui en font un quartier joyeux et vivant.

Je pense à ceux qui participent aux groupes de la "Jeunesse mariale ardente" (G.A.M), à ceux qui suivent l'itinéraire vers la redécouverte du Baptême, au groupe de la Caritas et au Centre d'écoute pour les personnes âgées et les étrangers, à la "Communauté d'amour", qui désire aider les jeunes époux et les fiancés à vivre le sacrement chrétien du Mariage. Je pense à ceux - lecteurs, servants de messe et membres du choeur - qui contribuent à rendre les célébrations liturgiques vivantes et communicatives.

En outre, je sais que vous travaillez pour aider les familles et que vous vous souciez de l'éducation des enfants, en particulier de ceux qui s'apprêtent à recevoir les Sacrements de l'initiation chrétienne, ainsi que de ceux qui fréquentent le Patronage. Inviter les parents, alors que l'on propose la catéchèse à leurs enfants est, sans aucun doute, une voie excellente pour aider les familles à vivre ensemble les rendez-vous sacramentels.

Je sais que vous vous préparez avec une même générosité à collaborer aux diverses initiatives que le diocèse de Rome a en programme: le Congrès ecclésial sur le thème des vocations, qui se tiendra en juin, ainsi que les autres rencontres prévues, à commencer par celle des jeunes sur la Place Saint-Pierre, le 21 mars prochain. Poursuivez sur cette voie et Dieu rendra fructueux vos efforts pour le bien de tous.


5. "Comme en effet par la désobéissance d'un seul homme la multitude a été constituée pécheresse, ainsi par l'obéissance d'un seul la multitude sera-t-elle constituée juste" (5, 19). Cette parole consolante de l'Apôtre Paul aux Romains nous réconforte sur notre chemin spirituel. Sur le monde, souvent dominé par le mal et par le péché, la lumière du Christ resplendit de façon victorieuse. A travers sa passion et sa résurrection, Il a vaincu le péché et la mort, en ouvrant aux croyants les portes du salut éternel. Tel est le message encourageant qui se dégage de la liturgie d'aujourd'hui.
Pour participer pleinement à la victoire du Christ, il faut cependant s'engager à changer, à la lumière de la Parole de Dieu, sa propre façon de penser et d'agir.

"Dieu, crée pour moi un coeur pur, restaure en ma poitrine un esprit ferme" (
Ps 50,12). Faisons nôtre cette invocation du Psalmiste. Il s'agit d'une prière plus que jamais opportune en ce temps de Carême.

Seigneur, crée en nous un coeur nouveau! Renouvelle-nous dans ton amour! Vierge Marie, obtiens pour nous un coeur nouveau et un esprit ferme. Nous parviendrons ainsi à célébrer la Pâque, renouvelés et réconciliés avec Dieu et avec nos frères.



24 mars 2002, Dimanche des Rameaux
1007 XVIIème Journée Mondiale de la Jeunesse


1. "Pueri Hebraeorum, portantes ramos olivarum...

Les jeunes juifs, portant des rameaux d'olivier, / allèrent à la rencontre du Seigneur".

Voilà ce que chante l'antienne liturgique, qui accompagne la procession solennelle des rameaux d'olivier et de palmier en ce dimanche, précisément appelé des Rameaux et de la Passion du Seigneur. Nous avons revécu les événements de ce jour-là: au milieu d'une foule en liesse rassemblée autour de Jésus, qui entrait à Jérusalem sur un ânon, les jeunes étaient très nombreux. Quelques pharisiens auraient voulu que Jésus les fasse taire, mais Il répondit que, s'ils s'étaient tus, les pierres auraient crié (cf.
Lc 19,39-40).

Aujourd'hui aussi, grâce à Dieu, les jeunes se trouvent en grand nombre ici, sur la Place Saint-Pierre. Les "jeunes juifs" sont devenus des jeunes garçons et des jeunes filles de tout pays, langue et culture. Bienvenus, très chers amis! J'adresse mon salut le plus cordial à chacun de vous. Le rendez-vous d'aujourd'hui nous projette vers la prochaine Journée mondiale de la Jeunesse, qui se déroulera à Toronto, ville canadienne parmi les plus cosmopolites du monde. C'est là que se trouve la Croix des Jeunes qu'il y a un an, à l'occasion du Dimanche des Rameaux, les jeunes italiens remirent à leurs camarades canadiens.

2. La Croix se trouve au centre de la liturgie d'aujourd'hui. Très chers jeunes, par votre participation attentive et enthousiaste à cette célébration solennelle, vous montrez que vous n'avez pas honte de la Croix. Vous ne craignez pas la Croix du Christ. Au contraire, vous l'aimez et vous la vénérez, car elle est le signe du Rédempteur, mort et ressuscité pour nous. Celui qui croit en Jésus crucifié et ressuscité porte la Croix en triomphe, comme preuve indubitable que Dieu est amour. A travers le don total de soi, précisément à travers la Croix, notre Sauveur a définitivement vaincu le péché et la mort. C'est pourquoi nous acclamons le coeur en fête: "Gloire et louange à Toi, ô Christ, qui à travers ta Croix as racheté le monde!".

3. "Pour nous le Christ s'est fait obéissant jusqu'à la mort, / et à la mort sur la croix. / C'est pourquoi Dieu l'a exalté / et lui a donné le nom qui est au-dessus de tous les noms" (Acclamation lors de la lecture de l'Evangile).

Avec ces paroles de l'Apôtre Paul, qui avaient déjà retenti lors de la deuxième lecture, nous venons d'élever notre acclamation avant le début du récit de la Passion. Elles expriment notre foi: la foi de l'Eglise.

La foi dans le Christ n'est cependant jamais quelque chose qui va de soi. La lecture de sa Passion nous met face au Christ, vivant dans l'Eglise. Le mystère pascal, que nous revivrons au cours des journées de la Semaine sainte, est toujours actuel. Nous sommes aujourd'hui les contemporains du Seigneur et, comme les habitants de Jérusalem, comme les disciples et les femmes, nous sommes appelés à décider si nous voulons rester avec Lui ou fuir, ou demeurer de simples spectateurs de sa mort.

Chaque année, lors de la Semaine sainte, s'ouvre à nouveau la grande scène où se joue le drame définitif, non seulement pour une génération, mais pour l'humanité tout entière et pour chaque personne.


4. Le récit de la Passion met en lumière la fidélité du Christ, en contraste avec l'infidélité humaine. A l'heure de l'épreuve, alors que tous, y compris les disciples et même Pierre, abandonnent Jésus (cf. Mt Mt 26,56), Il reste fidèle, prêt à verser son sang pour mener à bien la mission qui lui a été confiée par le Père. A ses côtés, Marie souffre en silence.

1008 Chers jeunes! Tirez une leçon de Jésus et de sa Mère, qui est aussi la nôtre. La véritable force de l'homme se révèle dans la fidélité avec laquelle il est capable de rendre témoignage de la vérité, en résistant aux flatteries et aux menaces, aux incompréhensions et aux chantages, et même à la persécution dure et impitoyable. Voilà la route sur laquelle notre Rédempteur nous appelle à le suivre.

Ce n'est que si vous êtes disposés à faire cela, que vous deviendrez ce que Jésus attend de vous, c'est-à-dire "sel de la terre" et "lumière du monde" (
Mt 5,13-14). Tel est précisément, comme vous le savez, le thème de la prochaine Journée mondiale de la Jeunesse. L'image du sel "nous rappelle que, par le Baptême, tout notre être a été profondément transformé, parce qu'il a été "assaisonné" par la vie nouvelle qui vient du Christ (cf. Rm 6,4)" (Message pour la XVIIème Journée mondiale de la Jeunesse, n. 2).

Chers jeunes, ne perdez pas votre saveur de chrétiens, la saveur de l'Evangile! Gardez-la vivante, en méditant constamment le mystère pascal: que la Croix soit votre école de sagesse. Ne vous vantez de rien d'autre, si ce n'est de cette sublime chaire de vérité et d'amour.


5. La liturgie nous invite à monter vers Jérusalem avec Jésus acclamé par les jeunes juifs. Dans peu de temps, Il "devra souffrir et ressusciter d'entre les morts le troisième jour" (cf. Lc Lc 24,46). Saint Paul nous a rappelé que Jésus "s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave" (Ph 2,7) afin d'obtenir pour nous la grâce de la filiation divine. C'est de là que naît la source véritable de la paix et de la joie pour chacun de nous! C'est là que se trouve le secret de la joie pascale, qui naît du tourment de la Passion.

Chers jeunes amis, je souhaite que chacun de vous prenne part à cette joie. Celui que vous avez choisi comme Maître, n'est pas un marchand d'illusions, il n'est pas un puissant de ce monde, ni un calculateur astucieux et habile. Vous connaissez celui que vous avez choisi de suivre: c'est le Crucifié ressuscité! Le Christ mort pour vous, le Christ ressuscité pour vous.

Et je vous assure que vous ne serez pas déçus. Personne d'autre, en dehors de Lui, ne peut en effet vous donner cet amour, cette paix et cette vie éternelle à laquelle aspire profondément votre coeur. Bienheureux, êtes-vous, vous les jeunes, si vous devenez de fidèles disciples du Christ! Bienheureux êtes-vous si, en toute circonstance, vous êtes disposés à témoigner que cet homme est véritablement le Fils de Dieu (cf. Mt Mt 27,39).

Que vous guide et vous accompagne Marie, Mère du Verbe incarné, prête à intercéder pour chaque homme qui vient sur la face de la terre.



28 mars 2002, Messe Chrismale

Jeudi saint 28 mars 2002


1. "L'esprit du Seigneur Yahvé est sur moi, car Yahvé m'a donné l'onction" (Is 61,1).
Les paroles du prophète Isaïe constituent le motif principal de la Missa Chrismatis qui, en cette matinée du Jeudi saint, voit réuni, dans chaque diocèse, le presbyterium au complet autour de son Pasteur. Au cours de ce rite solennel, qui se déroule avant le début du Triduum pascal, on bénit les Huiles, qui apporteront le baume de la grâce divine au peuple chrétien.

1009 "Yahvé m'a donné l'onction". Ces paroles rappellent tout d'abord la mission messianique de Jésus, consacré en vertu de l'Esprit Saint et devenu le Prêtre suprême et éternel de la Nouvelle Alliance, établie dans son sang. Toutes les préfigurations du sacerdoce présentes dans l'Ancien Testament trouvent leur accomplissement en Lui, le médiateur unique et définitif entre Dieu et les hommes.

2. "Aujourd'hui s'accomplit à vos oreilles ce passage de l'Ecriture" (
Lc 4,21). C'est ainsi que, dans la Synagogue de Nazareth, Jésus commente l'annonce prophétique d'Isaïe. Il affirme qu'Il est l'Oint du Seigneur, Celui que le Père a envoyé pour apporter aux hommes la libération des péchés et annoncer la bonne nouvelle aux pauvres et aux affligés. C'est Lui qui est venu pour proclamer le temps de la grâce et de la miséricorde. Dans la Lettre aux Colossiens, l'Apôtre observe que le Christ, "Premier-né de toute créature", est "le Premier-né d'entre les morts" (1, 15.18). En accueillant l'appel du Père à assumer la condition humaine, il apporte avec lui le souffle de la vie nouvelle et donne le salut à tous ceux qui croient en Lui.

3. "Tous... tenaient les yeux fixés sur lui" (Lc 4,20).

Nous aussi, comme les personnes présentes dans la Synagogue de Nazareth, nous gardons le regard fixé sur le Rédempteur, qui "a fait de nous une Royauté de prêtres, pour son Dieu et Père" (Ap 1,6). Si chaque baptisé participe à son sacerdoce royal et prophétique "en vue d'offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu" (1P 2,5), les prêtres sont appelés à partager son oblation de manière particulière. Il sont appelés à la vivre dans le service au sacerdoce commun des fidèles. L'Ordre est donc le sacrement grâce auquel la mission confiée par le Maître à ses apôtres continue à être exercée dans l'Eglise jusqu'à la fin des temps: c'est donc le sacrement du ministère apostolique, qui comporte les grades de l'épiscopat, de la prêtrise et du diaconat.

Très chers frères, aujourd'hui nous prenons une conscience particulière de ce ministère spécial qui nous a été conféré. Dans l'Eucharistie, le divin Maître nous a confié la célébration de son propre Sacrifice, en nous appelant à travers cela à le suivre de façon particulière. C'est pourquoi, au cours de la célébration d'aujourd'hui, nous lui répétons ensemble notre fidélité et notre amour, et, confiants dans la puissance de sa grâce, nous renouvelons les promesses faites le jour de notre Ordination.


4. Que ce jour est grand pour nous! Le Jeudi saint, Jésus a fait de nous des ministres de sa présence sacramentelle parmi les hommes. Il a placé son pardon et sa miséricorde entre nos mains et nous a fait don du Sacerdoce pour toujours.

Tu es sacerdos in eternum! Cet appel retentit dans notre âme, il nous fait ressentir à quel point notre vie est liée de façon indissoluble à la sienne. Pour toujours!

Alors que nous rendons grâce pour ce don mystérieux, nous ne pouvons que confesser nos infidélités. Dans la Lettre que, comme chaque année, j'ai voulu envoyer aux prêtre en cette occasion particulière, j'ai rappelé que "nous tous - conscients de la faiblesse humaine, mais confiants dans la puissance restauratrice de la grâce divine - nous sommes appelés à embrasser le "Mysterium Crucis" et à nous engager plus intensément dans la recherche de la sainteté" (n. 11). N'oublions pas, très chers frères, la valeur et l'importance du sacrement de la Pénitence dans notre existence. Celui-ci est intimement lié à l'Eucharistie et fait de nous des dispensateurs de la miséricorde divine. Si nous avons recours à cette source de pardon et de réconciliation, nous pourrons être d'authentiques ministres du Christ et faire rayonner autour de nous sa paix et son amour.


5. "Je chanterai pour toujours l'amour du Seigneur!" (Liturgie de la Messe chrismale).
Rassemblés autour de l'autel, sur la tombe de l'Apôtre Pierre, alors que nous rendons grâce à Dieu pour le don de notre sacerdoce ministériel, nous prions pour tous ceux qui ont été les instruments précieux de l'appel divin à notre égard.

Je pense tout d'abord à nos parents qui, en nous donnant la vie et en demandant pour nous la grâce du Baptême, nous ont introduits dans le Peuple du salut et, avec leur foi, nous ont appris à être attentifs et disponibles à la voix du Seigneur. A leurs côtés nous rappelons ceux qui, à travers leur témoignage et de sages conseils, nous ont guidés dans le discernement de notre vocation. Et que dire, ensuite, des nombreux fidèles laïcs qui nous ont accompagnés vers le Sacerdoce et qui continuent à être proches de nous dans le ministère pastoral? Que le Seigneur les récompense tous.

1010 Nous prions pour tous les prêtres; en particulier pour ceux qui oeuvrent parmi de nombreuses difficultés ou qui souffrent de persécutions, en ayant une pensée spéciale pour ceux qui ont payé au prix de leur sang leur fidélité au Christ.

Nous prions nos frères qui ont manqué aux engagements pris lors de l'ordination sacerdotale ou qui traversent une période de difficulté et de crise. En nous choisissant pour une mission aussi élevée, le Christ ne nous fait jamais manquer sa grâce et la joie de le suivre, sur le Mont Tabor comme sur le chemin de la Croix.

Que nous accompagne et nous soutienne Marie, la Mère du Prêtre suprême et éternel, qui a appelé ses Apôtres "amis" et non "serviteurs". A Jésus, notre Maître et notre Frère, gloire et puissance pour le siècles des siècles (cf.
Ap 1,6). Amen!





28 mars 2002, Messe de la Cène du Seigneur


1. "Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin" (Jn 13,1).

Ces paroles, rapportées dans le passage évangélique qui vient d'être proclamé, soulignent bien le climat du Jeudi saint. Elles nous laissent imaginer les sentiments éprouvés par le Christ "la nuit où il était livré" (1Co 11,23), et nous incitent à participer avec une gratitude intense et profonde au rite solennel que nous accomplissons.

Ce soir nous entrons dans la Pâque du Christ, qui constitue le moment de conclusion dramatique, longuement préparé et attendu, de l'existence terrestre du Verbe de Dieu. Jésus n'est pas venu parmi nous pour être servi, mais pour servir, et il assumé les drames et les espérances des hommes de tous les temps. Au Cénacle, en anticipant de façon mystique le sacrifice de la Croix, il a voulu demeurer parmi nous sous les espèces du pain et du vin et il a confié aux Apôtres et à leurs successeurs la mission et le pouvoir d'en perpétuer la mémoire vivante et efficace dans le rite eucharistique.

C'est pourquoi cette célébration nous interpelle tous de façon mystique et nous fait entrer dans le Triduum sacré, au cours duquel nous apprendrons nous aussi de l'unique "Maître et Seigneur" à "tendre les mains" pour aller là où nous appelle l'accomplissement de la volonté du Père céleste.

2. "Faites ceci en mémoire de moi" (1Co 11,24-25). Avec ce commandement, qui nous engage à répéter son geste, Jésus conclut l'institution du Sacrement de l'Autel. Au terme du lavement des pieds, Il nous invite également à l'imiter: "Car c'est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j'ai fait pour vous" (Jn 13,15). Il établit de cette façon une corrélation intime entre l'Eucharistie, sacrement de son don sacrificiel, et le commandement de l'amour, qui nous engage à accueillir et à servir nos frères.

On ne peut pas séparer la participation à la table du Seigneur du devoir d'aimer son prochain. Chaque fois que nous participons à l'Eucharistie, nous prononçons nous aussi notre "Amen" devant le Corps et le Sang du Seigneur. Nous nous engageons de cette façon à faire ce que le Christ a fait, "laver les pieds" de nos frères, en nous transformant en image concrète et limpide de Celui qui "s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave" (Ph 2,7).

L'amour est l'héritage le plus précieux qu'Il laisse à ceux qu'il appelle à sa suite. C'est son amour, partagé par ses disciples, qui est ce soir offert à l'humanité tout entière.


1011 3. "Ainsi donc, quiconque mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement aura à répondre du corps et du sang du Seigneur" (1Co 11,29). L'Eucharistie est un grand don, mais également une grande responsabilité pour celui qui la reçoit. Jésus, face à Pierre qui est réticent pour se faire laver les pieds, insiste sur la nécessité d'être purs pour prendre part au banquet sacrificiel de l'Eucharistie.

La tradition de l'Eglise a toujours souligné le lien existant entre l'Eucharistie et le sacrement de la Réconciliation. J'ai voulu moi aussi le répéter dans la Lettre aux Prêtres pour le Jeudi saint de cette année, en invitant tout d'abord les prêtres à considérer avec un émerveillement renouvelé la beauté du Sacrement du pardon. Ce n'est qu'ainsi qu'ils pourront le faire redécouvrir aux fidèles qui sont confiés à leurs soins pastoraux.

Le sacrement de la Pénitence restitue aux baptisés la grâce divine perdue par le péché mortel, et les dispose à recevoir dignement l'Eucharistie. En outre, lors du dialogue direct que comporte sa célébration ordinaire, le Sacrement peut aller à la rencontre des exigences de la communication personnelle, rendue aujourd'hui toujours plus difficile par les rythmes frénétiques de la société technologique. Grâce à son oeuvre illuminée et patiente le confesseur peut introduire le pénitent dans cette communion profonde avec le Christ que le Sacrement redonne et que l'Eucharistie porte à son accomplissement.

Puisse la redécouverte du sacrement de la Réconciliation aider tous les croyants à s'approcher avec respect et dévotion de la Table du Corps et du Sang du Seigneur.


4. "Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin" (Jn 13,1).

Revenons en esprit au Cénacle! Nous nous rassemblons avec foi autour de l'Autel du Seigneur, en faisant mémoire de la Dernière Cène. En répétant les gestes du Christ, nous proclamons que sa mort a racheté l'humanité du péché, et qu'elle continue à ouvrir l'espérance d'un avenir de salut pour les hommes de chaque époque.

Il revient aux prêtres de perpétuer le rite qui, sous les espèces du pain et du vin, rend présent le sacrifice du Christ dans le monde véritable, réel et substantiel, jusqu'à la fin des temps. Il revient à tous les chrétiens de devenir les serviteurs humbles et attentifs de leurs frères, afin de collaborer à leur salut. C'est la tâche de chaque croyant de proclamer à travers sa vie que le Fils de Dieu a aimé les siens "jusqu'à la fin". Ce soir, notre foi se nourrit dans un silence chargé de mystère.

Unis à toute l'Eglise, nous annonçons ta mort, ô Seigneur. Remplis de gratitude, nous goûtons la joie de ta résurrection. Remplis de confiance, nous nous engageons à vivre dans l'attente de ton retour glorieux. Aujourd'hui et à jamais, ô Christ, notre Rédempteur. Amen!



30 mars 2002, Veillée Pascale



1. «Dieu dit: ‘Que la lumière soit’. Et la lumière fut» (Gn 1,3).

Une explosion de lumière, que la parole de Dieu tira du néant, déchira la première nuit, la nuit de la création.

1012 L’Apôtre Jean écrira: «Dieu est lumière, il n’y a pas de ténèbres en lui» (1 Jn, 1, 5). Dieu n’a pas créé les ténèbres, mais la lumière. Le livre de la Sagesse, révélant clairement que l’oeuvre de Dieu obéit depuis toujours à une finalité positive, s’exprime ainsi: «Il a créé toutes choses pour qu’elles subsistent; ce qui naît dans le monde est bienfaisant, et l’on n’y trouve pas le poison qui fait mourir. La puissance de la mort ne règne pas sur la terre» (Sg 1,14).

C’est dans cette première nuit, la nuit de la création, que le mystère pascal plonge ses racines et, après le drame du péché, il constitue la restauration et le couronnement de ce premier commencement. La parole divine a appelé toutes choses à l’existence et, en Jésus, elle s’est faite chair pour nous sauver. Et si la destinée d’Adam fut de retourner à la terre dont il avait été tiré (cf. Gn 3,19), le dernier Adam est descendu du ciel pour y remonter vainqueur, prémices de l’humanité nouvelle (cf. Jn 3,13 1Co 15,47).

2. Une autre nuit constitue l’événement fondamental de l’histoire d’Israël: il s’agit du prodigieux exode d’Egypte, dont nous lisons chaque année le récit dans la solennelle Veillée pascale.

«Le Seigneur chassa la mer toute la nuit par un fort vent d’est, et il mit la mer à sec. Les eaux se fendirent, et les fils d’Israël pénétrèrent dans la mer à pied sec, les eaux formant une muraille à leur droite et à leur gauche» (Ex 14,21-22). Le peuple de Dieu est né de ce «baptême» dans la Mer Rouge, lorsqu’il fit l’expérience de la main puissante du Seigneur, qui le tirait de l’esclavage pour le conduire à la terre désirée de la liberté, de la justice et de la paix.

C’est la deuxième nuit, la nuit de l’exode.

La prophétie du Livre de l’Exode s’accomplit aussi aujourd’hui pour nous qui sommes des israélites selon l’Esprit, descendance d’Abraham grâce à la foi (cf. Rm 4,16). Dans sa Pâque, comme nouveau Moïse, le Christ nous a fait passer de l’esclavage du péché à la liberté des fils de Dieu. Morts avec Jésus, avec Lui nous ressuscitons à une vie nouvelle, grâce à la puissance de son Esprit. Son Baptême est devenu le nôtre.

3. Chers Frères et Soeurs catéchumènes, vous aussi, vous allez recevoir ce Baptême, qui engendre en l’homme une vie nouvelle, vous qui venez de différents pays: Albanie, Chine, Japon, Italie, Pologne, République démocratique du Congo. Deux d’entre vous, une mère japonaise et une mère chinoise, ont aussi, chacune avec elle, leur enfant, de sorte que, dans la même célébration, les mères seront baptisées avec leurs enfants.

«Dans cette nuit très sainte» au cours de laquelle le Christ est ressuscité d’entre les morts, s’accomplit pour vous un «exode» spirituel: laissez derrière vous votre vieille existence et entrez dans la «terre des vivants». C’est la troisième nuit, la nuit de la Résurrection.

4. «Ô nuit bienheureuse, toi seule as mérité de connaître le temps et l’heure où le Christ est ressuscité des morts». C’est ce que nous avons chanté dans l’Exsultet pascal, au début de cette Veillée solennelle, mère de toutes les Veillées.

Après la nuit tragique du Vendredi saint, où la «domination des ténèbres» (Lc 22,53) semblait l’emporter sur Celui qui est «la lumière du monde» (Jn 8,12), après le grand silence du Samedi saint, où le Christ, ayant accompli son oeuvre sur la terre, trouva son repos dans le mystère du Père et porta son message de vie dans les profondeurs de la mort, voici finalement la nuit qui précède «le troisième jour», au cours duquel, selon les Ecritures, le Messie serait ressuscité, comme il l’avait à plusieurs reprises annoncé à ses disciples.

«Ô nuit vraiment glorieuse, nuit où le ciel s’unit la terre, où l’homme rencontre son Créateur !» (Exsultet pascal).

1013 5. C’est la nuit par excellence de la foi et de l’espérance. Tandis que tout est plongé dans l’obscurité, Dieu – la lumière – veille. Avec Lui veillent ceux qui se confient et qui espèrent en Lui.

Ô Marie, c’est là par excellence ta nuit ! Tandis que s’éteignent les dernières lumières du samedi et que le fruit de ton sein repose dans la terre, ton coeur veille aussi. Ta foi et ton espérance regardent en avant. Au-delà de la lourde pierre, ils entrevoient déjà le tombeau vide; au-delà du voile épais des ténèbres, ils perçoivent l’aube de la Résurrection.

Fais, Ô Mère, que nous aussi nous veillions dans le silence de la nuit, croyant et espérant en la parole du Seigneur ! Nous rencontrerons ainsi, dans la plénitude de la lumière et de la vie, le Christ, premier des ressuscités, lui qui règne avec le Père et l’Esprit Saint, dans les siècles des siècles. Alléluia !



14 avril 2002, Béatification de 6 Serviteurs de Dieu

Dimanche 14 avril 2002


1. "Jésus en personne s'approcha, et il faisait route avec eux" (
Lc 24,15). Jésus, comme nous venons de l'entendre dans le passage de l'Evangile d'aujourd'hui, prend l'apparence d'un voyageur en s'approchant des deux disciples qui se dirigent vers le village d'Emmaüs. Il leur explique le sens des Ecritures, puis, une fois parvenu à destination, il rompt le pain avec eux, précisément comme il l'avait fait avec les Apôtres, le soir avant sa mort sur la croix. A ce moment, les yeux des disciples s'ouvrent et le reconnaissent (cf. v. 31).

L'expérience pascale d'Emmaüs se renouvelle sans cesse dans l'Eglise. Nous pouvons en admirer un exemple merveilleux également dans l'existence de ceux que j'ai aujourd'hui la joie d'élever à l'honneur des autels: Gaetano Errico, Lodovico Pavoni et Luigi Variara, prêtres; María du Trépas de Jésus Sacrement, vierge; Artemide Zatti, religieux; María Romero Meneses, vierge.

Comme les disciples d'Emmaüs, ces nouveaux bienheureux ont su reconnaître la présence vivante du Seigneur dans l'Eglise et, surmontant les difficultés et les peurs, ils en sont devenus les témoins enthousiastes et courageux face au monde.


2. "Sachez que ce n'est par rien de corruptible [...] que vous avez été affranchis [...] mais par un sang précieux, le Christ" (1P 1,18-19). Ces paroles, tirées de la deuxième Lecture, nous font penser au bienheureux Gaetano Errico, prêtre et fondateur de la Congrégation des Missionnaires des Sacrés-Coeurs de Jésus et Marie.

A une époque marquée par de profonds changements politiques et sociaux, face à la rigueur spirituelle des jansénistes, Gaetano Errico annonce la grandeur de la miséricorde de Dieu, qui appelle toujours à la conversion ceux qui vivent sous l'emprise du mal et du péché. Véritable martyr du confessionnal, le nouveau bienheureux y passait des journées entières en prodiguant ses meilleures énergies dans l'accueil et l'écoute des pénitents. Par son exemple, il nous incite à redécouvrir la valeur et l'importance du sacrement de la pénitence, dans lequel Dieu distribue à pleines mains son pardon et révèle sa tendresse de Père envers ses fils les plus faibles.

"Dieu l'a ressuscité, ce Jésus; nous en sommes tous témoins" (Ac 2,32). Cette intime conviction, devenue une foi enflammée et indomptée, a guidé l'expérience spirituelle et sacerdotale de Lodovico Pavoni, prêtre, Fondateur de la Congrégation des Fils de Marie Immaculée.
1014 Doté d'une âme particulièrement sensible, il s'engagea de tout son être dans l'assistance aux plus pauvres et aux personnes abandonnées, en particulier les sourds-muets. Son activité s'étendait à de nombreux domaines, de l'éducation au secteur de l'édition, faisant preuve d'intuitions apostoliques originales et accomplissant des actions innovatrices courageuses. A la base de tout cela se trouvait une solide spiritualité. Il nous exhorte, à travers son témoignage, à avoir confiance en Jésus et à nous plonger toujours davantage dans le mystère de son amour.


3. "Et, commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Ecritures ce qui le concernait" (
Lc 24,27). Dans ces paroles de l'Evangile d'aujourd'hui, Jésus se manifeste comme un compagnon sur la route de la vie de l'homme et comme un Maître patient, qui sait modeler le coeur et illuminer l'esprit afin qu'il comprenne le dessein de Dieu. Après l'avoir rencontré, les disciples d'Emmaüs, ayant surmonté le découragement et la confusion, retournèrent à pied dans la communauté chrétienne naissante, pour annoncer l'heureuse nouvelle qu'ils avaient vu le Seigneur ressuscité.

Cette spiritualité rassemble trois des nouveaux bienheureux qui recherchèrent la sainteté à l'ombre de dom Bosco et de la tradition salésienne. L'élévation aux honneurs des autels de dom Luigi Variara, de M. Artemide Zatti et de Soeur María Romero constituent une grande joie pour cette famille religieuse.


4. C'est de l'Italie, et précisément du diocèse d'Asti, qu'arriva en Colombie le Père Luigi Variara, salésien, disciple fidèle de Jésus miséricordieux et proche des déshérités. Dès le début de sa vie, il consacra ses jeunes énergies et la richesse de ses dons au service des lépreux. Premier salésien ordonné prêtre en Colombie, il réussit à réunir autour de lui un groupe de jeunes filles consacrées, dont certaines étaient lépreuses ou filles de lépreux et qui, pour cette raison, n'étaient pas acceptées dans les Instituts religieux. Avec le temps, ce groupe devint la Congrégation des Filles des Sacrés-Coeurs de Jésus et Marie, un Institut florissant présent dans divers pays.

Artemide Zatti, Coadjuteur salésien, partit avec sa famille du diocèse de Reggio Emilia à la recherche d'une vie meilleure en Argentine, la terre rêvée par dom Bosco. C'est là qu'il découvrit sa vocation salésienne, qui se concrétisa dans un service passionné, compétent et plein d'amour à l'égard des malades. Ses presque cinquante années de vie à Viedma présentent l'histoire d'un religieux exemplaire, ponctuel dans l'accomplissement de ses devoirs communautaires et entièrement consacré au service des indigents. Que son exemple nous aide à être toujours conscients de la présence du Seigneur et nous incite à l'accueillir chez tous nos frères démunis.
Soeur María Romero Meneses, Fille de Marie Auxiliatrice, sut refléter le visage du Christ qui se laisse reconnaître lors de la fraction du pain. Née au Nicaragua, elle accomplit sa formation à la vie religieuse au Salvador et passa la majeure partie de sa vie au Costa Rica. Ces chers peuples d'Amérique centrale, à présent unis dans la joie de sa béatification, pourront trouver chez la nouvelle bienheureuse, qui les aima tant, de multiples exemples et enseignements pour renouveler et fortifier leur vie chrétienne, si profondément enraciné dans ces pays.

Avec un amour passionné pour Dieu et une confiance illimitée dans l'aide de la Vierge Marie, Soeur María Romero fut une religieuse exemplaire, apôtre et mère des pauvres, qui, sans exclure personne, étaient ses préférés. Que son souvenir soit une bénédiction pour tous et que les oeuvres qu'elle fonda, parmi lesquelles se détache la "Maison de la Vierge" à San José, continuent à être fidèles aux idéaux qui furent à leur origine!


5. "Notre coeur n'était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Ecritures?" (Lc 24,32). Cette confession surprenante des disciples qui marchaient vers Emmaüs est également à l'origine de la vocation de Mère María du Trépas de Jésus Sacrement Villegas, fondatrice des Soeurs Tertiaires missionnaires franciscaines et première femme argentine élevée aux honneurs des autels.

L'appel qui brûlait dans son coeur poussa María du Trépas à rechercher l'intimité avec le Christ dans la vie contemplative. Il ne s'éteignit pas lorsqu'en raison de la maladie, elle dut abandonner les Monastères où elle résidait, mais il se poursuivit sous forme de confiance et d'abandon à la volonté de Dieu, qu'elle continua à rechercher sans cesse. L'idéal franciscain se manifesta alors comme le véritable chemin que Dieu désirait pour elle et, avec l'aide de sages directeurs, elle entreprit une vie de pauvreté, d'humilité, de patience et de charité, en donnant vie à une nouvelle Famille religieuse.


6. "Montre-nous, Seigneur, le sentier de la vie" (Refrain du Psaume responsorial). Nous faisons nôtre cette invocation du Psaume responsorial, que nous venons de chanter. Nous avons besoin que le Rédempteur ressuscité nous montre la route, nous accompagne sur le chemin et nous guide jusqu'à la pleine communion avec le Père céleste.

Montre-nous le sentier de la vie! Toi seul, Seigneur, peux nous indiquer le véritable sentier de la vie, l'unique qui nous conduit au but, comme cela s'est produit pour les bienheureux qui resplendissent aujourd'hui dans la gloire du Ciel.



1015 21 avril 2002, Ordinations presbytérales des Diacres du Diocèse de Rome

Dimanche 21 avril 2002


1. "Vis le mystère qui est placé entre tes mains" (Rite de l'Ordination des prêtres).

Très chers diacres, j'adresserai dans quelques instants ces paroles à chacun d'entre vous, en vous remettant la patène et le calice pour le sacrifice eucharistique. L'assemblée, qui se presse autour de vous dans la basilique Saint-Pierre, vous regarde avec affection, vous qui allez recevoir l'Ordination sacerdotale. Tout le diocèse de Rome, ainsi que les communautés auxquelles vous appartenez, prient avec vous et pour vous.

Je vous salue cordialement moi aussi, alors que je rends grâce à Dieu pour le don de votre sacerdoce. Dans le même temps, j'exprime ma vive reconnaissance à ceux qui ont suivi votre formation, ainsi qu'à vos familles et à tous ceux qui vous ont aidés à répondre avec générosité à l'appel du Seigneur. Je suis certain qu'ils continueront à être proches de vous, afin que vous persévériez dans votre ministère sacerdotal et que vous puissiez mener à bien la mission que le Seigneur vous confie aujourd'hui.


2. "Vis le mystère qui est placé entre tes mains". Qu'est ce mystère, si ce n'est la Très Sainte Eucharistie? Celle-ci "contient tout le trésor spirituel de l'Eglise" (Presbyterorum ordinis
PO 5). Ce mystère est le Christ, Pain de la vie, qui s'est donné lui-même "pour la vie du monde" (Jn 6,51). Ce mystère est le Christ, pasteur et porte des brebis, "venu pour que [les hommes] aient la vie et l'aient en abondance" (cf. Jn 10,10).

"Bone Pastor, Panis vere"!, "Bon Pasteur, vrai Pain"! C'est ce que chante le Peuple chrétien face au Sacrement de l'autel, en reconnaissant et en adorant la présence réelle de Jésus, son guide et sa nourriture sur le chemin vers le Royaume des cieux.

Très chers amis! De ce mystère, qui est le Christ, Pain de la vie et Bon Pasteur, vous êtes déjà les ministres ordonnés en tant que diacres de la Sainte Eglise de Dieu. Mais à partir d'aujourd'hui, en vertu de la grâce du Sacrement que vous allez recevoir, vous le serez d'une manière nouvelle et particulière. Le caractère spécifique que l'Esprit Saint vous conférera dans quelques instants, vous configurera au Christ-Prêtre, si bien que, dans les principaux actes de votre ministère, vous agirez au nom et en la personne du Christ-Chef: "in persona Christi Capitis" (Presbyterorum ordinis PO 2). Le don que vous recevez est grand, et le mystère qui est placé entre vos mains est grand lui aussi!


3. Non seulement Jésus vous fait participer aux mystères du Royaume des Cieux, mais il attend de vous une fidélité plus élevée et plus adaptée au ministère apostolique qui vous est confié. Il vous appelle pour que vous restiez avec lui (cf. Mc Mc 3,14) dans une intimité privilégiée. Il exige de vous une pauvreté plus rigoureuse (cf. Mt Mt 19,22-23) et l'humilité du serviteur qui devient le dernier de tous (cf. Mt Mt 20,25-27). Il vous demande d'être parfaits "comme votre Père céleste est parfait" (Mt 5,48). En un mot, le Seigneur veut que vous soyez saints. La sainteté est la perspective dans laquelle doit se situer tout le chemin pastoral de l'Eglise (cf. Novo millennio ineunte NM 30).

"La vocation à la sainteté" est précisément le thème de la Journée de Prière pour les Vocations, que l'on célèbre aujourd'hui dans le monde entier. "Si la vocation dans l'Eglise est au service de la sainteté, - ai-je écrit dans le Message pour la journée d'aujourd'hui - certaines cependant, comme la vocation au ministère ordonné et à la vie consacrée, le sont d'une manière tout à fait particulière" (n. 2; cf. ORLF n. 49 du 4 décembre 2001).


4. "Vis le mystère placé entre tes mains". Très chers amis, un autre aspect essentiel du mystère dont vous allez devenir les ministres, est le sacrement de la Réconciliation, intimement lié à celui de l'Eucharistie. Je me suis arrêté sur ce Sacrement dans la Lettre que j'ai adressée aux Prêtres à l'occasion du Jeudi saint dernier, une lettre que je remets aujourd'hui en esprit à chacun de vous.

1016 Chers candidats au Sacerdoce, soyez des ministres saints de la miséricorde divine. Vivez tout d'abord pour vous-mêmes la merveilleuse grâce de la réconciliation, comme une exigence profonde et un don toujours attendu. Vous redonnerez ainsi vigueur et élan à votre chemin de sainteté et à votre ministère. Dieu compte sur la fidèle disponibilité de chacun de vous pour effectuer des prodiges d'amour extraordinaires dans le coeur des croyants. A la source de la réconciliation, dont vous devez être les dispensateurs généreux et fidèles, les baptisés pourront vivre une expérience vivante et réconfortante du Christ Bon Pasteur, rempli de joie pour chaque brebis perdue et retrouvée.

Préparez-vous avec soin à ce ministère! Il demande une formation spirituelle, théologique, liturgique et pastorale adaptée et permanente. La sagesse et l'exemple des saints pourront également vous aider dans ce but.


5. "Fils, voici ta mère!" (
Jn 19,27). En ce moment décisif de votre vie, je voudrais confier chacun de vous à la Très Sainte Vierge Marie, Mère du Bon Pasteur, Mère des Prêtres. Avant de mourir, le Christ l'a confiée à tous ses disciples, en la personne de l'Apôtre Jean, comme l'héritage le plus précieux. Et l'Apôtre l'emmena dans sa maison.

Très chers candidats au Sacerdoce, accueillez-la vous aussi comme le gage certain et réconfortant de l'amour du Christ. Tournez-vous constamment vers Elle, comme l'image et le modèle de l'Eglise, que vous servirez de toutes vos forces.

Votre sacerdoce, offert quotidiennement à Marie, deviendra un authentique chemin de sainteté. Et votre existence sera tout entière joyeusement consacrée à la gloire de Dieu et au salut des âmes.
Qu'il en soit ainsi pour chacun de vous, avec l'aide de Dieu! Amen!



5 mai 2002, Visite pastorale au diocèse d'Ischia (Italie)

Dimanche 5 mai 2002


1. "Sanctifiez dans vos coeurs le Seigneur-Christ, toujours prêts à la défense contre quiconque vous demande raison de l'espérance qui est en vous" (1P 3,15).

Très chers frères et soeurs d'Ischia, je désire tous vous saluer avec ces paroles de l'Apôtre Pierre. Je vous remercie de votre accueil chaleureux!

Je salue tout d'abord votre Pasteur bien-aimé, Mgr Filippo Strofaldi, et je le remercie des paroles de bienvenue qu'il a voulu m'adresser en votre nom. J'étends mon salut cordial au Cardinal-Archevêque de Naples, aux évêques de Campanie et aux autres prélats présents, aux prêtres, aux religieux et aux religieuses, ainsi qu'aux divers membres de la famille diocésaine.

1017 J'adresse une pensée respectueuse au représentant du Gouvernement italien, ainsi qu'aux représentants de la Commune, de la Province de Naples et de la région de Campanie. Je salue également les autres représentants des autorités politiques et militaires, qui ont voulu honorer notre rencontre de leur présence. Je remercie tous ceux qui ont offert leur généreuse contribution à la préparation de cette visite.

Enfin, je vous embrasse tous dans une grande accolade, chers habitants de l'île, en adressant une parole particulière aux personnes âgées, aux malades, aux enfants et aux familles, sans oublier ceux qui, pour diverses raisons, n'ont pas pu être présents avec nous aujourd'hui.


2. Très chers frères et soeurs, dans le contexte de cette célébration eucharistique solennelle et joyeuse, permettez-moi d'adresser à votre communauté bien-aimée trois paroles importantes, tirées des lectures bibliques qui viennent d'être proclamées.

La première est: "écoute!". Nous la trouvons dans le récit animé du livre des Actes des Apôtres, où l'on rapporte que "les foules unanimes s'attachaient à ses enseignements [de Phillipe], car tous entendaient parler des signes qu'il opérait, ou les voyaient" (
Ac 8,6). L'écoute du témoin de Jésus, qui parle de Lui avec amour et enthousiasme, produit, comme fruit immédiat, la joie. Saint Luc remarque: "Et la joie fut vive en cette ville" (Ac 8,8).

Communauté chrétienne d'Ischia, si tu veux toi aussi faire l'expérience de cette joie, reste à l'écoute de la Parole de Dieu! Tu mèneras ainsi à bien ta mission, en marchant sous l'action de l'Esprit Saint. Tu diffuseras l'Evangile de la joie et de la paix, en restant unie à ton Evêque et aux prêtres, ses premiers collaborateurs.

Comme cela s'est produit pour la Communauté de Samarie, dont parle la première lecture, sur toi aussi descendra l'effusion abondante du Consolateur, qui - comme le rappelle le Concile Vatican II - "touche le coeur et le tourne vers Dieu, ouvre les yeux de l'esprit et donne à tous la douceur de consentir et de croire à la vérité" (Const. Dei Verbum DV 5).


3. Très chers frères et soeurs, il y a une deuxième parole que je souhaiterais vous adresser, c'est: "accueille!". Votre île splendide, destination d'un grand nombre de visiteurs et de touristes, connaît bien la valeur de l'accueil. Ischia peut donc devenir un laboratoire privilégié également de cet accueil typique, que les disciples du Christ sont appelés à offrir à tous, quel que soit le pays dont ils proviennent et quelle que soit la culture à laquelle ils appartiennent. Seul celui qui a ouvert son âme au Christ est en mesure d'offrir un accueil qui n'est jamais formel ni superficiel, mais qui se distingue par la "douceur" et par le "respect" (cf. 1P 3,15).

La foi accompagnée par de bonnes oeuvres est contagieuse et rayonnante, car elle rend visible et communique l'amour de Dieu. Cherchez à faire vôtre ce style de vie, en écoutant les paroles de l'Apôtre Pierre, qui viennent d'être proclamées dans la deuxième lecture (cf. 1P 3,15). Il exhorte les croyants à répondre avec une prompte disponibilité "contre quiconque vous demande raison de l'espérance qui est en vous". Et il ajoute que "mieux vaudrait souffrir en faisant le bien, si telle était la volonté de Dieu, qu'en faisant le mal" (1P 3,17).


4. Que de sagesse humaine et de richesse spirituelle dans ces conseils ascétiques et pastoraux simples, mais fondamentaux! Ils conduisent à la troisième parole que je voudrais vous confier: "aime!". L'écoute et l'accueil ouvrent l'âme à l'amour. Le passage de l'Evangile de Jean, qui vient d'être lu, nous aide à mieux comprendre cette mystérieuse réalité. Il nous révèle que l'amour est le plein accomplissement de la vocation de la personne, selon le dessein de Dieu. Cet amour est le grand don de Jésus, qui nous rend véritablement et pleinement hommes. "Celui qui a mes commandements et qui les garde - dit le Seigneur -, c'est celui-là qui m'aime; or celui qui m'aime sera aimé de mon Père; et je l'aimerai et me manifesterai à lui" (Jn 14,21).

Lorsqu'on se sent aimé, on est plus facilement poussé à aimer. Lorsque l'on fait l'expérience de l'amour de Dieu, on est davantage prêt à suivre Celui qui a aimé ses disciples "jusqu'à la fin" (Jn 13,1), c'est-à-dire jusqu'au don total de soi-même.

C'est de cet amour que l'humanité a besoin, aujourd'hui peut-être plus que jamais, car seul l'amour est crédible! C'est la foi inébranlable en cet amour qui inspire aux disciples de Jésus de toutes les époques des pensées de paix, en ouvrant des horizons de pardon et de concorde. Cela est évidemment impossible selon la logique du monde, mais tout devient possible à celui qui se laisse transformer par la grâce de l'Esprit du Christ, répandue dans nos coeur à travers le Baptême (cf. Rm 5,5).


1018 5. Très chère Eglise qui vis à Ischia: sois docile et obéissante à la Parole de Dieu et tu seras un laboratoire de paix et d'amour authentique. Tu deviendras une Eglise toujours plus accueillante, où tous se sentent chez eux. Ceux qui viennent te rendre visite repartiront renforcés dans leur corps, mais plus encore affermis dans leur esprit.

Sous la direction illuminée et prudente de ton pasteur, sois une communauté qui sait "écouter", une terre prête à "accueillir", une famille qui s'efforce d'"aimer" chacun dans le Christ.

Je te confie à la Vierge Marie, Mère du Bel Amour, afin qu'elle t'aide à faire resplendir ton identité d'Eglise du Christ, d'Eglise de l'Amour.

Que tes saints Patrons soient pour toi un exemple et une aide, eux en qui la charité divine s'est rendue concrète de façon visible et crédible.

Très chère Eglise qui vis à Ischia! Le souffle de l'Esprit du Christ te pousse vers les horizons sans limites de la sainteté. N'aie pas peur, mais prends le large avec confiance! Avance avec confiance. Toujours! Loué soit Jésus-Christ!



19 mai 2002, Canonisation de 5 Bienheureux - Solennité de Pentecôte
Dimanche 19 mai 2002



1. "Nous les entendons publier dans notre langue les merveilles de Dieu" (
Ac 2,11)!

Voilà ce que s'exclame, le jour de la Pentecôte, la foule de pèlerins "de toutes les nations qui sont sous le ciel" (v. 5), en écoutant la prédication des Apôtres.

Le même émerveillement nous envahit nous aussi, alors que nous contemplons les grands prodiges accomplis par Dieu dans la vie des cinq nouveaux saints, élevés à la gloire des autels, précisément le jour de la Pentecôte: Alonso de Orozco, prêtre, de l'Ordre de Saint-Augustin; Ignazio da Santhià, prêtre, de l'Ordre des Frères mineurs capucins; Umile da Bisignano, religieux, de l'Ordre des Frères mineurs; Paolina du Coeur agonisant de Jésus, vierge, fondatrice de la Congrégation des Soeurs de l'Immaculée Conception; Benedetta Cambiagio Frassinello, religieuse, fondatrice de l'Institut des Soeurs bénédictines de la Providence.

Ils ont parcouru les routes du monde en annonçant et en témoignant le Christ à travers leur parole et leur vie. C'est pourquoi ils sont devenus des signes éloquents de la Pentecôte éternelle de l'Eglise.


1019 2. "Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis" (Jn 20,22-23). Avec ces paroles, le Christ Ressuscité transmet aux Apôtres le don de l'Esprit et, avec celui-ci, le pouvoir divin de remettre les péchés. La mission de pardonner les fautes et d'accompagner les hommes sur les voies de la perfection évangélique a été vécue, de façon particulière, par le prêtre capucin Ignazio da Santhià, qui, par amour du Christ et pour progresser plus vite dans la perfection évangélique, suivit les traces du "Poverello" d'Assise.

Ignazio da Santhià a été père, confesseur, conseiller et maître de nombreuses personnes - prêtres, religieux et laïcs - qui, dans le Piémont de son époque, avaient recours à sa direction sage et éclairée. Il continue encore aujourd'hui à rappeler à tous les valeurs de la pauvreté, de la simplicité et de l'authenticité de vie.


3. "Paix à vous" (Jn 20,19 Jn 20,21), dit Jésus en apparaissant aux Apôtres au Cénacle. La paix est le premier don du Christ Ressuscité aux Apôtres. Umile da Bisignano, digne fils de la noble terre de Calabre, s'est fait le porte-parole constant de la paix du Christ, qui est également le principe inspirateur de la paix sociale. Il a partagé avec Ignazio da Santhià le même engagement de sainteté, dans le sillage spirituel de saint François d'Assise, en offrant à son tour un témoignage singulier de charité envers les frères.

Dans notre société, dans laquelle les traces de Dieu semblent trop souvent disparaître, Frère Umile représente une invitation joyeuse et encourageante à la douceur, à la bonté, à la simplicité et à un sain détachement des biens éphémères du monde.


4. "A chacun la manifestation de l'Esprit est donnée en vue du bien commun" (1Co 12,7). C'est ce qui se produisit dans la vie de saint Alonso de Orozco, de l'Ordre de saint Augustin. Né dans la ville d'Oropesa, près de Tolède, ses voeux religieux lui donnèrent l'occasion de visiter de nombreux lieux d'Espagne, terminant ses jours à Madrid. Son dévouement pastoral au service des plus pauvres dans les hôpitaux et dans les prisons fait de lui un modèle pour ceux qui, sous l'impulsion de l'Esprit, fondent toute leur existence sur l'amour de Dieu et du prochain, selon le mandat suprême de Jésus.


5. L'action de l'Esprit se manifeste également de façon particulière dans la vie et dans la mission de Mère Paolina, en l'incitant à constituer, avec un groupe de jeunes amies, une maison d'accueil, baptisée peu après par la population "Petit Hôpital Saint-Virgile" et destinée à l'assistance matérielle et spirituelle des personnes malades et abandonnées. C'est ainsi que naquit, en réponse aux desseins de la Providence, la première Communauté religieuse du sud du Brésil, appelée la Congrégation des Petites soeurs de l'Immaculée Conception. Ce fut dans cet hôpital que le fait d'"être pour les autres" devint le motif principal de la vie de Mère Paolina. Dans le service aux pauvres et aux malades, elle devint la manifestation de l'Esprit Saint, "consolateur parfait; doux hôte de l'âme; très suave rafraîchissement" (Séquence).


6. "Ô lumière bienheureuse, tu envahis dans leur profondeur le coeur de tes fidèles". Les paroles de la Séquence constituent une belle synthèse de l'existence tout entière de Benedetta Cambiagio Frassinello et elles en expliquent l'extraordinaire richesse spirituelle.

Guidée par la grâce divine, la nouvelle sainte eut pour souci d'accomplir avec fidélité et cohérence la volonté de Dieu. Avec une confiance illimitée dans la bonté du Seigneur, elle s'abandonnait à sa "Providence aimante", profondément convaincue, comme elle aimait à le répéter, qu'il faut "tout faire par amour de Dieu et pour lui plaire". Tel est le précieux héritage que sainte Benedetta Cambiagio Frassinello laisse à ses filles spirituelles, et qui est aujourd'hui proposé à toute la Communauté chrétienne.


7. "Viens, Esprit Saint, remplis les coeurs de tes fidèles et allume en eux le feu de ton amour" (Chant à l'Evangile). Nous faisons nôtre cette invocation de la liturgie d'aujourd'hui. L'Esprit Saint a radicalement transformé les Apôtres en ardents hérauts de l'Evangile, qui, par peur, s'étaient tout d'abord enfermés dans le Cénacle. L'Esprit continue à soutenir l'Eglise dans sa mission évangélisatrice au cours des siècles, en suscitant à chaque époque des témoins courageux de la foi.

La Vierge Marie reçut le don de l'Esprit en même temps que les Apôtres (cf. Ac Ac 1,14). Avec Elle et en communion avec les nouveaux saints, nous implorons à notre tour le prodige d'une Pentecôte renouvelée pour l'Eglise. Nous demandons que l'abondance des dons de l'Esprit Saint descende sur l'humanité de notre temps.

Viens, Esprit Saint, enflamme les coeurs de tes fidèles! Aide-nous nous aussi à diffuser dans le monde le feu de ton amour. Amen!





Homélies St Jean-Paul II 21101