Homélies St Jean-Paul II 1097

VOYAGE APOSTOLIQUE


DE SA SAINTETÉ JEAN-PAUL II


EN ESPAGNE


4 mai 2003: Messe et canonisations sur la Plaza de Colón à Madrid

III Dimanche de Pâques, 4 mai 2003



1. "Ainsi était-il écrit que le Christ... ressusciterait d'entre les morts... De cela vous êtes témoins" (cf. Lc 24,46-48), dit Jésus à ses Apôtres dans le passage de l'Evangile qui vient d'être proclamé. Mission difficile et exigeante, confiée à des hommes qui n'osent pas encore se montrer en public par peur d'être reconnus comme des disciples du Nazaréen. Mais malgré tout, la première lecture nous a présenté Pierre qui, une fois qu'il a reçu l'Esprit Saint lors de la Pentecôte, a le courage de proclamer devant le peuple la résurrection de Jésus et d'exhorter au repentir et à la conversion.

Depuis lors l'Eglise, par la force de l'Esprit Saint, continue de proclamer cette annonce extraordinaire à tous les hommes de tous les temps. Et le Successeur de Pierre, pèlerin en terre espagnole, vous le répète: Espagne, fidèle à un passé de courageuse évangélisation, sois encore aujourd'hui le témoin de Jésus-Christ ressuscité!

2. Je salue avec affection tout le Peuple de Dieu venu des différentes régions du pays et réuni ici pour participer à cette célébration solennelle. Je présente mes salutations respectueuses et déférentes à Leurs Majestés le roi et la reine d'Espagne et à la Famille royale. Je remercie cordialement pour ses nobles paroles le Cardinal Antonio María Rouco Varela, Archevêque de Madrid. Je salue les Cardinaux et les évêques espagnols, les prêtres et les personnes consacrées; je salue également avec affection les membres des Instituts liés aux nouveaux saints.

Je remercie de manière particulière de leur présence ici, le Président du gouvernement et les Présidents des Communautés autonomes, ainsi que les autorités civiles, qui ont offert une collaboration efficace à la réalisation des différentes étapes de cette visite.

3. Les nouveaux saints se présentent aujourd'hui devant nous comme de vrais disciples du Seigneur et des témoins de sa Résurrection.

1098 Saint Pedro Poveda, comprenant l'importance de la fonction sociale de l'éducation, mena à bien une grande tâche humanitaire et éducative parmi les laissés-pour-compte et les personnes en difficulté. Il fut un maître de prière, un pédagogue de la vie chrétienne et des relations entre la foi et la science, convaincu que les chrétiens devaient proposer des valeurs et s'engager concrètement à la construction d'un monde plus juste et plus solidaire. Il conclut son existence en la couronnant par le martyre.

Saint José María Rubio vécut son sacerdoce tout d'abord comme prêtre diocésain puis comme jésuite, avec un don total de soi à l'apostolat de la Parole et des Sacrements, consacrant de nombreuses heures au confessionnal et dirigeant un très grand nombre de cours d'exercices spirituels, durant lesquels il forma de nombreux chrétiens qui devaient par la suite mourir en martyrs pendant la persécution religieuse en Espagne. "Faire ce que Dieu veut et vouloir ce que Dieu fait", était sa devise.

4. Sainte Genoveva Torres fut un instrument de la tendresse de Dieu à l'égard des personnes seules et à la recherche d'amour, de réconfort et de soin du corps et de l'esprit. Le trait caractéristique qui donnait son élan à sa spiritualité était l'adoration réparatrice de l'Eucharistie, le fondement à partir duquel elle accomplit un apostolat plein d'humilité et de simplicité, d'abnégation et de charité.

Le même amour et la même sensibilité envers les pauvres amena Sainte Angela de la Cruz à fonder sa "Compagnie de la Croix", avec une dimension caritative et sociale en faveur des plus démunis, et qui eut un très fort impact sur l'Eglise et sur la société sévillane de son époque. Elle se distinguait par son naturel et sa simplicité, en recherchant la sainteté avec un esprit de mortification, au service de Dieu à travers ses frères.

Sainte Maravillas de Jesús vécut animée par une foi héroïque, formée à travers une vocation austère, plaçant Dieu au centre de son existence. Une fois surmontées les tristes circonstances de la guerre civile espagnole, elle fut à l'origine de nouvelles fondations dans l'Ordre du Carmel façonnées par l'esprit caractéristique de la réforme thérésienne. Sa vie contemplative et la clôture du monastère ne l'empêchèrent pas de répondre aux besoins des personnes qu'elle fréquentait et de promouvoir des oeuvres sociales et caritatives autour d'elle.

5. Les nouveaux saints ont des visages très concrets et leur histoire est bien connue. Quel est leur message? Leurs oeuvres, que nous admirons et pour lesquelles nous rendons grâce à Dieu, ne sont pas le produit de leurs forces ou de la sagesse humaine, mais sont dues à l'action mystérieuse de l'Esprit Saint, qui a suscité en eux une adhésion indéfectible au Christ crucifié et ressuscité et la volonté de l'imiter. Chers fidèles catholiques d'Espagne: laissez-vous interpeller par ces merveilleux exemples!

En rendant grâce au Seigneur pour les si nombreux dons qu'il a répandus en Espagne, je vous invite à demander avec moi que, sur cette terre, continuent de fleurir de nouveaux saints. D'autres fruits de sainteté naîtront si les communautés ecclésiales conservent leur fidélité à l'Evangile qui, selon une vénérable tradition, fut prêché dès les premiers temps du christianisme et s'est conservé à travers les siècles.

De nouveaux fruits de sainteté naîtront si la famille sait rester unie, en tant qu'authentique sanctuaire de l'amour et de la vie. "Cette foi chrétienne et catholique... constitue l'identité du peuple espagnol". Connaître et approfondir le passé d'un peuple signifie renforcer et enrichir son identité même. N'abandonnez pas vos racines chrétiennes! Il n'y a qu'ainsi que vous serez capables d'apporter au monde et à l'Europe la richesse culturelle de votre histoire.

6. "Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Ecritures" (
Lc 24,45). Le Christ ressuscité illumine les Apôtres afin que leur annonce puisse être comprise et soit transmise dans son intégralité à toutes les générations; afin que l'homme en entendant, croit, en croyant, espère, et en espérant, aime (cf. saint Augustin, De catechizandis rudibus, 4, 8). En prêchant Jésus-Christ ressuscité, l'Eglise souhaite annoncer à tous les hommes un chemin d'espérance et les accompagner à la rencontre du Christ.

Tout en célébrant cette Eucharistie, j'invoque sur chacun de vous le grand don de la fidélité à vos engagements chrétiens. Que Dieu le Père vous l'accorde par l'intercession de la Très Sainte Vierge, vénérée en Espagne sous de nombreux titres, et par celle des nouveaux saints.



11 mai 2003: Ordinations sacerdotales

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IV Dimanche de Pâques, 11 mai 2003



1. "Je suis le bon pasteur" (
Jn 10,11).

Dans la page évangélique que la liturgie d'aujourd'hui nous propose, Jésus se définit lui-même comme le Bon Pasteur qui offre sa vie pour son troupeau.

Le mercenaire, qui n'a pas le sentiment que les brebis sont les siennes, les abandonne et fuit face aux difficultés et aux dangers. En revanche, le pasteur qui connaît ses brebis une par une, établit avec elles une relation de familiarité si profonde qu'il est disposé à donner sa vie pour elles.

Exemple sublime de dévouement plein d'amour, Jésus invite ses disciples, en particulier les prêtres, à suivre les mêmes traces. Il appelle chaque prêtre à être le bon pasteur du troupeau que la Providence lui confie.

2. Aujourd'hui, très chers prêtres ordinands, vous êtes vous aussi configurés au Bon Pasteur, en devenant les collaborateurs des successeurs des Apôtres.

Je vous salue tous avec affection. Je salue tout d'abord le Cardinal-Vicaire, le Vice-gérant et les Evêques auxiliaires. Je salue les Recteurs et les Supérieurs du grand Séminaire pontifical romain et du Séminaire diocésain Redemptoris Mater, qui ont pris soin de votre formation. Je salue le Cardinal Andrzej Maria Deskur et les éducateurs des "Fils de la Croix", les responsables et les éducateurs de ceux qui, parmi vous, appartiennent à la Société de Notre-Dame de la Très Sainte Trinité et à la Société de l'Apostolat catholique.

Je désire exprimer ma vive reconnaissance à vos communautés paroissiales, aux associations, aux mouvements et aux groupes auxquels vous appartenez. Je remercie également ceux qui vous ont aidés à reconnaître et à accueillir l'appel du Seigneur, et en particulier vos familles, qui vous ont éduqués à la foi et qui se réjouissent aujourd'hui avec vous.

3. Très chers ordinands, ce jour restera inoubliable pour chacun de vous. Aujourd'hui, vous êtes "mis au service du Christ Docteur, Prêtre et Roi", en prenant part à son ministère, "qui, de jour en jour, construit ici-bas l'Eglise pour qu'elle soit Peuple de Dieu, Corps du Christ, Temple du Saint-Esprit" (Presbyterorum Ordinis PO 1).

Je voudrais simplement attirer votre attention sur certaines caractéristiques qui soulignent qui est le prêtre dans le projet salvifique de Dieu, et ce que l'Eglise et le monde attendent de lui. Le prêtre est l'homme de la Parole, à qui revient la tâche d'apporter l'annonce évangélique aux hommes et aux femmes de son temps. Il doit le faire avec un sens aigu de sa responsabilité, en s'engageant à être toujours en plein accord avec le magistère de l'Eglise. Il est également l'homme de l'Eucharistie, à travers laquelle il pénètre dans le coeur du Mystère pascal. En particulier lors de la célébration de la Messe, il ressent l'exigence d'une configuration toujours plus intime à Jésus Bon Pasteur, Prêtre suprême et éternel.

Nourrissez-vous donc de la Parole de Dieu; entretenez-vous chaque jour avec le Christ réellement présent dans le sacrement de l'Autel. Laissez-vous toucher par l'amour infini de son Coeur, prolongez l'adoration eucharistique dans les moments importants de votre vie, lorsque vous devez prendre des décisions personnelles et pastorales difficiles, au début et au terme de vos journées. Je peux vous assurer que "j'ai fait cette expérience et j'en ai reçu force, consolation et soutien!" (Ecclesia de Eucharistia EE 25).

4. Chers ordinands, configurés au Christ Bon Pasteur vous serez les ministres de la divine miséricorde. Vous administrerez le sacrement de la Réconciliation, en remplissant ainsi le mandat transmis par le Seigneur aux Apôtres après la résurrection: "Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus" (Jn 20,22-23). De combien de miracles et de prodiges opérés par la miséricorde de Dieu dans le confessionnal deviendrez-vous les témoins!

Mais pour pouvoir accomplir dignement la mission qui vous est aujourd'hui confiée, vous devrez rester en union constante avec Dieu dans la prière, et faire vous-mêmes l'expérience de son amour miséricordieux à travers une pratique régulière de la Confession, en vous laissant également guider par des conseillers spirituels experts, en particulier dans les moments les plus délicats de l'existence.

5. Très chers frères et soeurs du diocèse de Rome et vous tous qui entourez ces ordinands! Le prêtre, appelé de façon particulière à tendre vers la sainteté, est pour le peuple chrétien dans son ensemble le témoin de l'amour et de la joie du Christ. A l'exemple du Bon Pasteur, il aide les croyants à suivre le Christ, en lui rendant son amour. Soyez proches de vos prêtres; accompagnez-les par une prière constante et demandez au Seigneur avec insistance que les ouvriers ne manquent jamais à sa moisson.

Et Toi, Marie, "Femme eucharistique", Mère et modèle de chaque prêtre, reste aux côtés de tes fils, aujourd'hui et au cours des années de leur ministère pastoral. Comme l'Apôtre Jean, ils t'accueillent aujourd'hui "dans leur maison". Fais qu'ils rendent leur vie conforme à celle du Divin Maître, qui les a choisis comme ses ministres. Que le: "Me voici", qui vient d'être proclamé par chacun avec un enthousiasme juvénile, s'exprime chaque jour dans la généreuse adhésion aux tâches du ministère et fleurisse dans la joie du "magnificat" pour les "grandes choses" que la miséricorde de Dieu voudra opérer à travers leurs mains. Amen.





18 mai 2003: Messe et canonisation de 4 Bienheureux

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V Dimanche de Pâques, 18 mai 2003
1. "Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit" (Jn 15,5 cf. Chant à l'Evangile ). Les paroles adressées par Jésus aux Apôtres au terme de la dernière Cène, constituent une invitation touchante également pour nous, ses disciples du troisième millénaire. Seul celui qui reste intimement uni à Lui - greffé sur Lui comme le sarment sur la vigne - reçoit la lymphe vitale de sa grâce. Seul celui qui vit en communion avec Dieu produit des fruits abondants de justice et de sainteté.


Les témoins de cette vérité évangélique fondamentale sont les saints, que j'ai la joie de canoniser en ce cinquième dimanche de Pâques. Deux d'entre eux proviennent de Pologne: Józef Sebastian Pelczar, Evêque de Przemysl, fondateur de la Congrégation des Servantes du Sacré-Coeur de Jésus; Urszula Ledóchowska, vierge, fondatrice des Soeurs Ursulines du Sacré-Coeur de Jésus agonisant. Les deux autres saintes sont italiennes: Maria De Mattias, vierge, fondatrice de la Congrégation des Soeurs adoratrices du Sang du Christ; Virginia Centurione Bracelli, laïque, fondatrice des Soeurs de Notre-Dame du Refuge sur le Mont Calvaire et des Soeurs Filles de Notre-Dame au Mont Calvaire.

2. "La perfection est comme cette ville de l'Apocalypse (Ap 21), dont les douze portes s'ouvrent vers toutes les parties du monde, comme signe que les hommes de chaque nation, de chaque état et de chaque âge peuvent les franchir. (...). Aucun état, ni aucun âge ne constituent un obstacle à une vie parfaite. Dieu, en effet, ne considère pas les choses extérieures (...), mais l'âme (...), et il exige seulement ce que nous pouvons donner". C'est à travers ces paroles que notre nouveau saint, Józef Sebastian Pelczar exprimait sa foi dans l'appel universel à la sainteté. Il vécut de cette conviction comme prêtre, comme professeur et comme évêque. Il tendait lui-même à la sainteté et il y conduisait les autres. Il fut zélé en toute chose, mais il le fit de façon à ce que, dans son service, le Christ soit le Maître.

La devise de sa vie était: "Tout pour le Très Saint Coeur de Jésus à travers les mains immaculées de la Très Sainte Vierge Marie". Ce fut celui-ci qui forma sa figure spirituelle, dont la caractéristique fut de confier au Christ, par l'intermédiaire de Marie, sa personne, sa vie et son ministère.

Il considérait notamment son don au Christ comme une réponse à son amour, contenu et révélé dans le sacrement de l'Eucharistie. Il disait: "Chaque homme doit être saisi par l'émerveillement à la pensée que le Seigneur Jésus, devant aller au Père sur un trône de gloire, resta sur la terre avec les hommes. Son amour a inventé ce miracle des miracles, en instituant le Très Saint Sacrement". Il éveillait sans cesse en lui et chez les autres cet émerveillement de la foi. Ce fut celui-ci qui le conduisit également à Marie. En tant qu'expert en théologie, il ne pouvait manquer de voir en Marie celle qui "dans le mystère de l'Incarnation anticipait également la foi eucharistique de l'Eglise"; celle qui en portant dans son sein le Verbe, qui se fit chair, fut en un certain sens le "tabernacle" - le premier "tabernacle" de l'histoire (cf. Ecclesia de Eucharistia EE 55). Il s'adressait donc à Elle avec une dévotion filiale et avec l'amour qu'il avait reçu de la maison paternelle, et il encourageait les autres à cet amour. Il écrivait à la Congrégation des Servantes du Sacré-Coeur de Jésus, qu'il avait fondée: "Parmi les désirs du Sacré-Coeur de Jésus, l'un des plus ardents est celui que sa Très Sainte Mère soit vénérée et aimée de tous, tout d'abord parce que le Seigneur lui-même l'aime de façon ineffable, et ensuite parce qu'il la fit devenir la mère de tous les hommes, afin que, par sa douceur, elle attire à elle-même ceux qui fuient la Sainte Croix et qu'elle les conduise au Coeur Divin".

1101 En élevant à la gloire des autels Józef Sebastian Pelczar, je demande que par son intercession la splendeur de sa sainteté représente pour les Servantes du Sacré-Coeur de Jésus, pour l'Eglise de Przemysl et pour tous les croyants de Pologne et du monde un encouragement à un tel amour pour le Christ et pour sa Mère.

3. Au cours de toute sa vie, sainte Urszula Ledóchowska garda, avec fidélité et amour, le regard fixé sur le visage du Christ, son Epoux. Elle s'unissait de façon particulière au Christ agonisant sur la Croix. Cette union la comblait d'un zèle extraordinaire dans l'oeuvre d'annoncer, à travers les paroles et les oeuvres, la Bonne Nouvelle de l'amour de Dieu. Elle l'apportait avant tout aux enfants et aux jeunes, mais également à tous ceux qui se trouvaient dans le besoin, aux pauvres, aux laissés-pour-compte, aux personnes seules. Elle s'adressait à tous avec le langage de l'amour concrétisé dans les oeuvres. Portant le message de l'amour de Dieu, elle traversa la Russie, les Pays scandinaves, la France et l'Italie. En son temps, elle fut une apôtre de la nouvelle évangélisation, donnant la preuve à travers sa vie et son activité d'une constante actualité, créativité et efficacité de l'amour évangélique.

Elle aussi puisait à l'amour pour l'Eucharistie l'inspiration et la force pour la grande oeuvre de l'apostolat. Elle écrivait: "Je dois aimer mon prochain comme Jésus m'a aimée. Prenez et mangez... Mangez mes forces, elles sont à votre disposition (...). Prenez et mangez mes capacités, mon talent (...), mon coeur, afin qu'avec son amour, il réchauffe et illumine votre vie (...). Prenez et mangez mon temps, qu'il soit à votre disposition. (...) je suis vôtre comme Jésus-Hostie est à moi". Dans ces paroles, n'entend-on pas retentir l'écho du don avec lequel le Christ, au Cénacle, s'offrit lui-même aux disciples de chaque époque?

En fondant la Congrégation des Soeurs Ursulines du Sacré-Coeur de Jésus agonisant, elle lui transmit cet esprit. "Le Très Saint Sacrement - écrivit-elle - est le soleil de notre vie, notre trésor, notre bonheur, notre tout sur la terre. (...) Aimez Jésus dans le tabernacle! Que votre coeur y demeure pour toujours, même si matériellement vous êtes au travail. C'est là qu'est Jésus, que nous devons aimer ardemment, de tout notre coeur. Et si nous ne savons pas l'aimer, nous désirons au moins l'aimer - l'aimer toujours davantage".

A la lumière de cet amour eucharistique, sainte Urszula savait percevoir en chaque circonstance un signe des temps, pour servir Dieu et ses frères. Elle savait que pour celui qui croit, chaque événement, même le plus petit, devient une occasion pour réaliser les desseins de Dieu. Ce qui était ordinaire, elle le faisait devenir extraordinaire; ce qui était quotidien, elle le transformait pour qu'il devienne éternel; ce qui était banal, elle le rendait saint.

Si sainte Urszula devient aujourd'hui un exemple de sainteté pour tous les croyants, c'est afin que son charisme puisse être accueilli par celui qui, au nom de l'amour du Christ et de l'Eglise, désire témoigner de façon efficace de l'Evangile dans le monde d'aujourd'hui. Nous pouvons tous apprendre d'elle comment édifier, avec le Christ, un monde plus humain - un monde dans lequel seront réalisées toujours plus pleinement les valeurs comme la justice, la liberté, la solidarité et la paix. Elle peut nous apprendre comment mettre en pratique chaque jour le commandement "nouveau" de l'amour.

4. "Or voici son commandement: croire... et nous aimer les uns les autres" (
1Jn 3,23). L'Apôtre Jean nous exhorte à accueillir l'amour sans limites de Dieu, qui a donné son Fils unique pour le salut du monde (cf. Jn 3,16). Cet amour s'est exprimé de façon sublime lorsque le Christ a versé son Sang comme "prix infini du rachat" pour l'humanité tout entière. Maria De Mattias fut intérieurement conquise par le mystère de la Croix, qui plaça l'Institut des Soeurs adoratrices du Sang du Christ "sous l'étendard du Divin Sang". L'amour pour Jésus crucifié se traduisit chez elle en passion pour les âmes et en un humble dévouement pour ses frères, le "cher prochain", comme elle aimait répéter. "Encourageons-nous - exhortait-elle - à souffrir volontiers par amour pour Jésus, qui avec tant d'amour a donné son sang pour nous. Prodiguons-nous pour gagner des âmes au ciel".

Tel est le message que sainte Maria De Mattias confie à ses fils et à ses filles spirituelles aujourd'hui, en nous exhortant tous à suivre jusqu'au sacrifice de la vie l'Agneau immolé pour nous.

5. C'est le même amour qui soutint Virginia Centurione Bracelli. Suivant l'exhortation de l'Apôtre Jean, elle voulut aimer non seulement "avec les mots", ou "avec la bouche", mais "en actes et en vérité" (cf. 1Jn 3,18). Mettant de côté ses nobles origines, elle se consacra à l'assistance des derniers avec un zèle apostolique extraordinaire. L'efficacité de son apostolat naissait d'une adhésion inconditionnée à la volonté divine, qui se nourrissait de contemplation incessante et d'écoute obéissante de la parole du Seigneur.

Aimant le Christ, et prête pour Lui à se donner à ses frères, sainte Virginia Centurione Bracelli laisse à l'Eglise le témoignage d'une sainteté simple et féconde. Son exemple de fidélité évangélique courageuse continue à exercer une profonde fascination également sur les personnes de notre époque. Elle avait l'habitude de dire: lorsqu'on a Dieu seul pour objectif, "toutes les oppositions s'applanissent, toutes les difficultés se surmontent" (Positio, n. 86).

6. "Demeurez en moi!". Au Cénacle, Jésus a répété plusieurs fois cette invitation, que saint Józef Sebastian Pelczar, sainte Urszula Ledóchowska, sainte Maria De Mattias et sainte Virginia Centurione Bracelli ont accueillie avec une confiance et une disponibilité totales. C'est une invitation pressante et pleine d'amour adressée à tous les croyants. "Si vous demeurez en moi - assure le Seigneur - et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et vous l'aurez" (Jn 15,7).

Puisse chacun de nous faire l'expérience dans sa propre existence de l'efficacité de cette promesse de Jésus.

Que nous assiste Marie, Reine des saints et modèle de parfaite communion avec son divin Fils. Qu'elle nous enseigne à rester "greffés" sur Jésus, comme des sarments à la vigne, et à ne jamais nous séparer de son amour. En effet, nous ne pouvons rien sans Lui, car notre vie est le Christ vivant et présent dans l'Eglise et dans le monde. Aujourd'hui et à jamais.

Amen. Loué soit Jésus-Christ!



VOYAGE APOSTOLIQUE EN CROATIE


6 juin 2003: Messe avec béatification de Mère Marija Petkovic sur la place du port à Dubrovnik

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Place du Port de plaisance de Dubrovnik
Vendredi 6 juin 2003



1. "Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle?" (
Mc 10,17), demanda le jeune homme qui se présenta ce jour-là devant Jésus, en s'agenouillant.

Très chers frères et soeurs, nous aussi, en cette assemblée liturgique qui nous voit réunis en tant que disciples du "Bon maître", nous lui adressons aujourd'hui la même question pour savoir quelle est la route qui nous conduit à la vie qui ne connaît pas la mort.

La réponse est simple et immédiate: "Observe les commandements!". Et elle vient de celui qui est la véritable source de la vérité et de la vie. Rassemblée pour cette joyeuse célébration, la population de Dubrovnik, au côté des pèlerins venus du reste de la Croatie, de la Bosnie et Herzégovine, du Monténegro et des autres pays, accueille avec impatience l'invitation du "Bon maître", et implore son aide et sa grâce pour pouvoir y répondre avec générosité et application.

2. Je vous salue avec affection, très chers frères et soeurs, en même temps que vos évêques, les prêtres, les religieux et les religieuses qui vous accompagnent sur votre chemin de témoignage chrétien. Ma pensée cordiale s'adresse en particulier à l'Evêque de ce diocèse, Mgr Zelimir Puljic, que je remercie des paroles aimables qu'il m'a adressées, aux Cardinaux Joachim Meisner et Vinko Puljic et de façon particulière au Soeurs Filles de la Miséricorde, fondées par la nouvelle bienheureuse. Je salue également avec respect les Autorités civiles et militaires et je les remercie, ainsi que tous ceux qui ont oeuvré pour rendre ma visite possible.

Me rappelant mon prédécesseur Pie IV, qui fut Archevêque ici, je suis venu avec joie dans cette antique et glorieuse ville de Dubrovnik, fière de son histoire et de ses traditions de liberté, de justice et de promotion du bien commun, témoignées par les paroles de style lapidaire gravées dans la pierre de la forteresse Saint-Laurent: Non bene pro toto libertas venditur auro ("La liberté ne se vend pas pour tout l'or du monde") et sur la porte de la salle du Conseil du Palais du Gouverneur: Obliti privatorum, publica curate ("Oubliant les intérêts privés, souciez-vous de l'intérêt public").

1103 Je souhaite que le patrimoine de valeurs humaines et chrétiennes, accumulé au cours des siècles, continue à constituer, avec l'aide de Dieu et de votre protecteur saint Blaise, le trésor le plus précieux du peuple de ce pays.

3. "Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle?" (
Mc 10,17). Telle est la question que Soeur Marija de Jésus Crucifié posa également au Seigneur dès le moment où, dans sa jeunesse, à Blato, dans l'Ile de Korcula, elle travailla en paroisse et se prodigua au service de son prochain, dans les Associations du Bon Pasteur et des Mères catholiques, ainsi que dans les Soupes populaires.

La réponse retentit de façon distincte dans son coeur: "Viens et suis-moi!" Conquise par l'amour de Dieu, elle choisit ainsi de se consacrer pour toujours à Lui, réalisant l'aspiration de se donner totalement au bien spirituel et matériel des plus pauvres. Elle fonda ensuite la Congrégation des Filles de la Miséricorde du Tiers Ordre régulier de Saint-François, ayant pour tâche précise de "diffuser et communiquer, à travers les oeuvres de miséricorde spirituelles et corporelles, la connaissance de l'amour divin". Les difficultés ne manquèrent pas, mais soeur Marija alla de l'avant avec un courage indomptable offrant ses souffrances comme autant d'actes de foi et soutenant ses consoeurs par la parole et par l'exemple. Pendant quarante ans, elle gouverna avec une sagesse maternelle son Institut, l'ouvrant à l'engagement missionnaire dans divers pays de l'Amérique latine.

4. La figure de la bienheureuse Marija de Jésus Crucifié me conduit à penser à toutes les femmes de Croatie, à celles qui sont des épouses et des mères comblées, tout comme à celles qui ont été marquées pour toujours par la douleur de la perte d'un parent, au cours de la guerre cruelle des années 90, ou par les autres malheurs qu'elles ont subis.

Je pense à toi, femme, car avec ta sensibilité, ta générosité et ta force "tu enrichis la compréhension du monde et contribues à la pleine vérité des rapports humains" (Lettre aux femmes, n. 2). C'est à toi que Dieu a confié les hommes de façon spécifique; ainsi, tu es appelée à devenir un soutien important dans l'existence de chaque personne, en particulier dans le domaine de la famille.

Le déroulement frénétique de la vie moderne peut conduire à l'obscurcissement, voire à la perte de ce qui est humain. Peut-être plus qu'à d'autres moments de l'histoire, notre époque a besoin "du "génie" de la femme pour affermir l'attention à l'homme en toute circonstance" (Mulieris dignitatem MD 30).

Femmes croates, conscientes de votre très haute vocation d'"épouses" et de "mères", continuez à considérer chaque personne avec les yeux du coeur, à aller à la rencontre de tous et à rester à leurs côtés avec la sensibilité propre à l'instinct maternel. Votre présence est indispensable dans la famille, dans la société, dans la communauté ecclésiale.

5. Je pense en particulier à vous, femmes consacrées comme Marija Petkovic, qui avez accueilli l'invitation à suivre d'un coeur indivis le Christ, chaste, pauvre et obéissant.

Ne vous lassez pas de répondre fidèlement à l'unique Amour de votre existence. La vie consacrée, en effet, n'est pas seulement l'engagement généreux d'un être humain; elle est tout d'abord une réponse à un don qui vient d'En-haut et elle demande à être accueillie avec une totale disponibilité. Que l'expérience quotidienne de l'amour gratuit de Dieu à votre égard, vous pousse à donner sans réserve votre vie au service de l'Eglise et de vos frères, en remettant toute chose, présent et avenir, entre ses mains.

6. "Alors Jésus fixa sur lui son regard et l'aima" (Mc 10,21). Dieu adresse un regard plein de tendresse à qui désire accomplir sa volonté et marcher dans ses traces (cf. Ps Ps 1,1-3). Chacun, en effet, selon la vocation qui lui est propre, est appelé à réaliser en lui et autour de lui le projet de Dieu. Dans ce but, l'Esprit du Seigneur revêt l'homme fidèle à Dieu "de sentiments de tendre compassion, de bienveillance, d'humilité, de douceur, de patience" (Col 3,12). Ce n'est qu'ainsi, en effet, que l'on peut édifier la cité terrestre à l'image de la cité céleste.

Que dans le pardon réciproque, dans la charité et dans la paix s'accroisse et se fortifie votre communauté chrétienne: telle est aujourd'hui la prière que le Pape élève au Seigneur pour chacun de vous.

1104 "Et quoi que vous puissiez dire ou faire, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, rendant par lui grâces au Dieu père" (Col 3,17).

A Lui, gloire pour les siècles des siècles!

Au terme de la célébration, le Pape a adressé aux fidèles présents les paroles suivantes:

J'ai toujours souhaité visiter Dubrovnik. Cela s'est réalisé aujourd'hui. Je rends grâce à Dieu! Et je vous remercie pour ce merveilleux accueil, pour cette liturgie, pour cette beauté naturelle. Je vous bénis tous, je bénis vos familles. Je bénis les jeunes en leur disant: "Courage!". Je bénis les enfants et les personnes malades. Que Dieu bénisse le pays natal de la nouvelle bienheureuse, la ville de Dubrovnik et toute la Croatie!



7 juin 2003: Messe à l'aéroport sportif de Osijek/Cepin

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Aéroclub d'Osijek/Cepin
Samedi 7 juin 2003



1. "Je vous exhorte donc à mener une vie digne de l'appel que vous avez reçu" (
Ep 4,1), écrivait saint Paul aux chrétiens d'Ephèse. Très chers frères et soeurs, son invitation retentit aujourd'hui avec une actualité particulière au sein de notre assemblée.

Mais quelle est la vocation du chrétien? La réponse est exigeante, mais claire: la vocation du chrétien est la sainteté. C'est une vocation qui plonge ses racines dans le baptême et qui est reproposée par les autres sacrements, principalement par l'Eucharistie.

Très chers frères et soeurs du diocèse de Djakovo et Srijem, l'Evêque de Rome vient aujourd'hui à vous pour vous rappeler, au nom du Seigneur, que vous êtes appelés à la sainteté à chaque saison de la vie: au printemps de la jeunesse, dans le plein été de l'âge mûr, puis également à l'automne et à l'hiver de la vieillesse, et, enfin, à l'heure de la mort et même au-delà de la mort, lors de la dernière purification préparée par l'amour miséricordieux de Dieu.

2. J'ai plaisir à rappeler cette vérité fondamentale, alors que je célèbre aujourd'hui avec vous la conclusion solennelle du deuxième Synode de votre Eglise locale qui, pendant presque cinq ans, vous a vus engagés dans la prière et dans la réflexion sur le thème: "Tu es le Christ, pour nous et pour tous les hommes". Puisse cet événement produire des fruits abondants d'engagement chrétien renouvelé, dans cette terre qui possède des liens solides avec le Siège de Pierre. Aujourd'hui, 7 juin, est précisément l'anniversaire des lettres que le Pape Jean VIII envoya, en 879, au Prince Branimir et à l'Evêque Théodose, marquant avec celles-ci une date importante de votre histoire.

Je salue cordialement votre Evêque, Mgr Marin Srakic, et je le remercie des paroles de bienvenue qu'il m'a adressées au début de la célébration liturgique. Je salue également les Evêques auxiliaires et l'Evêque émérite, Mgr Ciril Kos. J'embrasse avec affection les évêques et les fidèles des diocèses de la province ecclésiastique de Zagreb, qui fête les 150 ans de sa constitution. Ma pensée s'étend également aux pèlerins venus avec leurs pasteurs de Bosnie et Herzégovine, de Hongrie, de Serbie et du Monténégro. Je salue en particulier les Cardinaux Sodano et Puljic.

Dans cette ville d'Osijek, je désire rappeler avec reconnaissance le Cardinal Franjo Seper, originaire de ce lieu. Serviteur fidèle de l'Eglise, il fut mon collaborateur efficace en tant que Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi aux débuts de mon pontificat.

Je salue les frères qui partagent avec nous la foi en Jésus, Fils de Dieu, unique Sauveur du monde. Je salue en particulier le Métropolite Jovan et les autres évêques de l'Eglise orthodoxe serbe. Je leur demande de transmettre à Sa Béatitude le Patriarche Pavle mon salut fraternel dans la charité du Christ. Ma pensée s'adresse également aux frères des Communautés nées de la Réforme.

J'adresse, en outre, un salut respectueux aux membres de la Communauté juive et aux fidèles de l'islam.Enfin, j'étends ma pensée respectueuse au Président de la République et aux Autorités civiles et militaires, que je remercie vivement de leur engagement dans la préparation de ce voyage apostolique.

3. "C'est moi qui vous ai établis pour que vous alliez et portiez du fruit" (Jn 15,16). Comment ne pas être reconnaissants à Dieu de la plus grande conscience que, dans les années qui suivirent le Concile Vatican II, les fidèles laïcs - hommes et femmes - ont acquise de leur dignité et de leur responsabilité de baptisés? Le disciple du Christ ne cultivera jamais assez la conscience de sa propre identité. Sur celle-ci, en effet, se modèle sa mission.

Des questions essentielles apparaissent alors, auxquelles il faut sans cesse répondre: qu'ai-je fait de mon baptême et de ma confirmation? Le Christ est-il vraiment le centre de ma vie? La prière trouve-t-elle place dans mes journées? Est-ce que je vis ma vie comme une vocation et une mission?

4. Au début du troisième millénaire Dieu appelle les croyants, en particulier les laïcs, à un élan missionnaire renouvelé. La mission n'est pas un "ajout" à la vocation chrétienne. Au contraire, comme l'affirme le Concile, la vocation chrétienne est, de par sa nature, une vocation à l'apostolat (cf. Apostolicam actuositatem AA 2).

Très chers frères et soeurs, l'Eglise qui est en Slavonie et à Srijem a besoin de vous! Après l'époque difficile de la guerre, qui a laissé chez les habitants de cette région des blessures profondes qui ne sont pas encore complètement cicatrisées, l'engagement pour la réconciliation, la solidarité et la justice sociale requiert le courage d'individus animés par la foi, ouverts à l'amour fraternel, sensibles à la défense de la dignité de la personne, faite à l'image de Dieu.

Chers fidèles laïcs, hommes et femmes, vous êtes appelés à assumer de façon généreuse votre part de responsabilité dans la vie des communautés ecclésiales auxquelles vous appartenez. Le visage des paroisses, lieu d'accueil et de mission, dépend également de vous. Participant à la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ (cf. Lumen gentium LG 34-36), et enrichis par les dons de l'Esprit, vous pouvez apporter votre contribution dans le domaine de la liturgie et de la catéchèse, dans la promotion d'initiatives missionnaires et caritatives de divers genres. Aucun baptisé ne peut rester dans l'oisiveté!

Ne vous découragez pas face à la complexité des situations! Recherchez dans la prière la source de toute force apostolique; puisez à l'Evangile la lumière qui oriente vos pas.

5. "Grand est le Seigneur, dans ses oeuvres", proclame le Psaume responsorial. En arrivant en avion à Osijek, j'ai pu admirer les beautés de la plaine de Slavonie - appelée "le grenier de la Croatie" - et ma pensée est allée spontanément aux travailleurs agricoles, nombreux dans cette région. Je m'adresse à eux avec une affection particulière.

Chers frères et soeurs, je sais que votre vie est dure et que l'abondance des fruits de la terre ne correspond parfois pas au dur travail qui vous est demandé. Je sais également que le travail agricole connaît de profondes difficultés: il a perdu une partie de sa valeur et les jeunes avaient déjà choisi la vie urbaine avant même la dernière guerre, à la suite de laquelle de nombreux villages sont restés pratiquement sans habitants.

Je vous invite à ne pas perdre confiance, à considérer qu'à travers votre travail manuel - qui rappelle de façon si éloquente le devoir biblique confié à l'homme de "soumettre" la terre et de "dominer" le monde visible (cf. Gn 1,28) - vous êtes chaque jour les "coopérateurs" de Dieu créateur. Sachez que le Pape et l'Eglise sont proches de vous et, alors qu'ils apprécient profondément l'importance et la dignité de votre labeur quotidien, ils souhaitent que soit reconnue à l'agriculture et aux hommes et aux femmes du monde agricole leur juste importance dans l'ensemble du développement de la communauté sociale (cf. Gaudium et spes GS 67 Laborem exercens LE 21).

6. "Un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tous et en tous" (Ep 4,6), nous a rappelé l'Apôtre Paul. C'est Lui, Dieu le Père, qui appelle chacun à la sainteté et à la mission. En vivant l'expérience de la nouveauté pascale, les chrétiens peuvent transformer le monde et construire la civilisation de la vérité et de l'amour. A Lui, qui règne dans la gloire pour les siècles des siècles, que soient rendus louange, gloire et honneur!

Je vous confie à Marie, Epouse de Joseph et Mère de Jésus, que vous vénérez tant dans les sanctuaires d'Aljmas et de Vocin. Qu'Elle vous enseigne et obtienne pour vous l'esprit de contemplation vécu à Nazareth, la force courageuse manifestée sur le Calvaire et la disponibilité missionnaire à l'Esprit, qu'Elle accueillit avec la Communauté des origines lors de la Pentecôte. Que Marie vous conduise tous à Jésus!




Homélies St Jean-Paul II 1097