A la Rote 1939-2009 5901

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La rote, de Jean XXII a Pie XII

Nous sommes heureux, en parcourant l'histoire séculaire de votre tribunal - et le rapport qui Nous a été présenté le souligne bien à propos - de constater que, précisément, le dernier de nos prédécesseurs ayant porté Notre nom, Jean XXII, vous a manifesté les marques de la plus haute confiance. Ce fut lui, en effet, qui s'intéressa particulièrement au collège des Capellani Papae ac Auditores causarum sacri palatii apostolici, dont les nobles fonctions se perpétuent dans vos divers titres et pouvoirs. En 1331, par la publication de la Ratio juris, ce Souverain Pontife reconnut une pleine autonomie à cette compagnie distinguée de prêtres juristes, héritiers de l'antique sagesse romaine et gardiens de la justice chrétienne, autonomie qui cadrait bien avec les tâches délicates qui lui étaient confiées. En vertu de cette distinction, ils jugèrent même en l'absence du Pape, ils eurent des coadjuteurs et des notaires, et reçurent alors une nouvelle et complète organisation, avec un règlement spécial et un siège propre.
Ce détail, dont vous êtes fiers, et que Nous avons tenu à rappeler en raison e l'heureuse coïncidence qu'il évoque, se confond avec tous les témoignages d'affection que les Pontifes romains vous ont donnés au cours des siècles, jusqu'à saint Pie X, qui organisa définitivement la sacrée Rote romaine, en en fixant la procédure, et jusqu'à Pie XII de vénérée mémoire, qui dans neuf discours, prononcés à l'occasion de l'inauguration d'autant d'années judiciaires, éleva un monument de vraie sagesse et de haute doctrine.
Aussi, sommes-Nous heureux de couronner ces preuves d'affection de Nos Prédécesseurs, en vous exprimant Nos paternelles félicitations et Notre admiration pour le travail que vous accomplissez. En songeant aux chers Fils qui, dans l'organisme complexe de la Curie romaine, se consacrent au service du Siège apostolique, un sentiment de satisfaction et, disons-le, également, de calme et de sécurité emplit Notre âme, car Nous savons qu'ils sont les valeureux collaborateurs de Notre tâche quotidienne. Nous sommes heureux de vous faire part de ce sentiment à vous qui constituez l'un des tribunaux jouissant du plus haut prestige, et ayant la plus vaste compétence, auquel a recours le monde catholique. L'importance de la sacrée Rote romaine ressort non seulement de son histoire mais encore de l'immense travail effectué chaque année; des recueils monumentaux de ses décisions, qui sont une source d'étude pour les savants et une sûre règle de sage réflexion et de procédure pour les autres tribunaux; de la floraison actuelle du Studio Rotale, qui forme et prépare un nombre toujours plus grand de jeunes prêtres et diplômés en droit canonique, consolant espoir de demain.

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le dévouement à la cause de la justice.

Ce qui caractérise votre activité, c'est le dévouement à la cause de la justice. Vous avez été appelés par la Providence à travail1er pour elle et à la défendre, à la découvrir et à la faire triompher, sans tenir compte des éléments qui lui sont étrangers, tels que la fortune, l'autorité, la renommée des requérants; imitant en cela la souveraine équité de Dieu juste et miséricordieux, pour qui il n'y a pas d'acception de personne " Rm 2,11.

C'est un grand mérite que de travailler pour le triomphe d'une vertu qui suppose toutes les autres et les complète en vue du bien commun; et c'est ce qu'exprimèrent les penseurs païens eux-mêmes, suivant l'heureuse synthèse de Lactance: " De nombreux philosophes... ont abondamment parlé de la justice, la couvrant de louanges parce qu'elle donne à chacun son dû et qu'elle assure l'équité à tous; et, comme les autres vertus se trouvent en quelque sorte tacitement inclues en elle, elle seule... dépasse tout le reste, elle pousse à faire le bien pour servir le plus grand nombre " (Lact. Epist. 50 (55), 5. s.). Et c'est justement votre devise: Quam plurimis prodesse, servir le plus grand nombre possible, en cherchant à faire le bien et en faisant respecter les droits et les devoirs réciproques.

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Le tribunal de la famille chrétienne.

Chers Fils, vous avez tenu à Nous faire connaître, dans un rapport sobre et bien documenté, le nombre et la complexité des causes que vous avez traitées l'an dernier. Or, parmi la multiplicité de vos tâches, il y a, au-dessus de toute autre, l'oeuvre si méritoire que vous accomplissez pour la protection du plus sacré des liens humains: la société conjugale. En une heureuse définition, Notre Prédécesseur Pie XII, dans un des premiers discours qu'il vous adressa, dit que " la Sacrée Rote romaine a la gloire d'être le tribunal de la famille chrétienne, humble ou élevée, riche ou pauvre, dans laquelle pénètre la justice pour faire triompher la loi divine dans l'union conjugale, en qualité de vengeresse du lien indissoluble, de la pleine liberté de l'accord dans l'unité de vie, de la sainteté du sacrement " 1940 (Disc. Et Radiomessage, II, 1940-1941, p. 235).
Il est bien naturel que vous accomplissiez avec diligence et réserve cette délicate fonction de protecteurs de la sainteté et de l'indissolubilité du mariage, en le défendant contre les attaques perfides de l'égoïsme hédoniste et qu'en même temps vous soyez les soutiens des droits sacrés de la personne humaine, quand, après un examen long et approfondi, vous reconnaissez et proclamez l'invalidité du mariage, c'est- à- dire l'inexistence du lien conjugal.
Continuez donc, chers Fils, dans la voie qui vous est tracée, a la lumière d'une histoire glorieuse, rehaussée par les mérites d'un ministère si utile à l'Eglise. Nous vous exprimons le souhait paternel que l'année judiciaire, inaugurée au pied de l'autel, soit pour vous riche de saintes satisfactions et accroisse encore la renommée de la sacrée Rote romaine, au sein de laquelle vous dépensez vos énergies.
Que le Seigneur, dont l'éternelle sagesse " habite avec la prudence, possède la Science des sages résolutions... et aime ceux qui l'aiment " Pr 8,12 Pr 8,17 éclaire vos esprits, protège vos études, féconde vos efforts, afin que de votre travail collectif jaillisse une source permanente de bien et de profit spirituel pour 1'Eglise tout entière.
En gage des dons célestes que Nous implorons, et comme confirmation entière et renouvelée de Notre bienveillance envers vous, Nous sommes heureux de donner à chacun de vous et à tous ceux qui vous sont chers dans le Seigneur la salutaire Bénédiction apostolique.



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1960 La sainteté du mariage chrétien menacée

LA SAINTETE DU MARIAGE CHRETIEN MENACEE

25/10/1960

C'est avec un sentiment d'intime consolation que Nous accueillons, pour la seconde fois, les membres de la Sacrée Rote romaine: Collège des prélats auditeurs, officiaux du tribunal, avocats qui lui prêtent leur concours.
Chers fils, l'inauguration de l'Année judiciaire vous a vus unis par le lien réconfortant de la prière pour implorer de l'Esprit consolateur les dons inestimables de sagesse, de conseil, de force, l'assistance de la lumière divine sur vos esprits, appelés à faire constamment preuve de prudence et de maturité de jugement.
Chers fils! Vous avez tenu, monsieur le Doyen, à soumettre à Notre attention l'énorme travail effectué durant l'année dernière. (1)
(1) - Le numéro de l'Osservatore Romano informe que au cours de l'année judiciaire écoulée, le tribunal de la Rote a traité définitivement de 243 causes.156 sentences ont été prononcées, dont 152 portant sur des demandes d'annulation de mariage. 72 de Ces dernières sentences ont été affirmatives - pour la nullité du lien - et 80 négatives, - déclarant donc la validité du lien. La gratuité ou la réduction des frais a été accordée pour 72 causes terminées par une sentence.

Nous sommes heureux de vous exprimer la satisfaction de Notre âme pour cette preuve nouvelle de compétence et de vive activité de la part de tous les membres de ce tribunal, et Nous désirons voir là une raison de faire ressortir davantage son importance, laquelle ressort d'elle-même quand on considère les causes jugées par vous. La considération que Nous avons pour ce tribunal montre bien les préoccupations de l'Eglise, et Nous souhaitons qu'elle soit partagée par tous ceux qui, dans le monde, ont à coeur avec vous la défense et le prestige du lien sacré du mariage et de l'institution familiale.
Du rapport qui nous a été présenté, il ressort en effet avec la plus grande évidence que les causes matrimoniales constituent presque la plus grande partie du travail de la Sacrée Rote. Et, ainsi qu'il est facile de l'imaginer, il peut arriver que, au-delà de l'appareil juridique - qui vous impose une sérieuse étude et l'exercice d'un ministère très délicat, - les parties intéressées, plus ou moins consciemment, non seulement invoquent les arguments favorables ou défavorables à l'existence du lien, mais aussi, parfois, mettent en cause les aspects les plus sacrés de la vie chrétienne.
Il y a indubitablement aujourd'hui quelque chose qui peu à peu aggrave les dangers menaçant l'institution familiale et accentue les attaques qui l'affaiblissent, et cela sous une forme plus insistante, plus séduisante, plus perfide que dans le passé.
L'Eglise n'a jamais manqué d'élever hautement la voix pour donner l'alarme en face des dangereux fléchissements de la conscience individuelle et collective dans ce domaine si délicat et si plein de conséquences pour la vie sociale: encycliques, documents et discours de Notre Prédécesseur sont là qui témoignent de l'inquiétude maternelle et prévoyante de l'Eglise. Aujourd'hui encore, elle reste fidèle au mandat qu'elle a reçu du Christ lui-même. Avant tout et surtout, elle continue, et elle diffuse mieux et plus complètement son enseignement, toujours approprié autant que sévère.
C'est pourquoi, chers fils, Nous voulons attirer l'attention de tous les hommes de bonne volonté - juristes, sociologues, éducateurs et simples fidèles - sur le très grave problème de la sainteté du mariage, afin que soient conjurés toujours plus efficacement les dangers que Nous venons de signaler. Ce sont de très brèves réflexions que Nous soumettons bien simplement à votre commune méditation. Elles concernent trois points de pastorale pratique et d'authentique apostolat:
1.- Devoir pour tous de l'instruction;
2.- Solidité de la doctrine chez ceux qui doivent éduquer, conseiller, juger;
3.- Référence continuelle à la paternité de Dieu.

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Instruire de la dignité et des obligations de la vie conjugale

1.-En premier lieu: le devoir de l'instruction sur la dignité et les obligations de la vie conjugale.
Parlant à un groupe de jeunes foyers, le 22 avril 1942, Pie XII leur rappelait que: " Le mariage n'est pas seulement une institution naturelle, mais il est encore pour les âmes chrétiennes un grand sacrement, un grand signe de la grâce et d'une chose sacrée, à savoir les épousailles du Christ avec l'Eglise, devenue sienne et conquise par son sang, pour faire renaître à une nouvelle vie de l'esprit les enfants des hommes, qui croient en son nom... Le sceau et la lumière du sacrement qui, pour ainsi dire, transforment la fonction de la nature, confèrent au mariage une noblesse, une honnêteté sublime embrassant et réunissant en soi non seulement l'indissolubilité, mais encore tout ce qui concerne ce qui est signifié par le sacrement ". (Disc. e Radiomessages, T. IV, p. 45).
Or, cette beauté lumineuse de l'enseignement chrétien sur l'essence du mariage requiert avant tout une continuelle et persuasive catéchèse des fidèles, qui atteigne toutes les couches de la vie sociale. En particulier, il est nécessaire, il est même urgent que cette catéchèse atteigne principalement les jeunes gens qui se préparent au mariage; elle doit éveiller leur conscience et les faire réfléchir sur le très grave devoir de l'instruction religieuse en cette matière si délicate.
Oh! Nous savons bien que dans beaucoup d'endroits, de nombreuses initiatives ont surgi, en utilisant les moyens que la presse et la technique mettent à notre disposition pour rendre plus efficace et même plus attrayante cette tâche de l'instruction: publications scientifiques, consultations, cours, prédications spécialisées. Nous exprimons notre vive satisfaction pour ces expériences qui, tentées sans précipitation, sagement conduites, et dûment approuvées par l'autorité ecclésiastique supérieure, permettent de nourrir le doux espoir d'une récolte toujours plus consolante de bons fruits.
Il faut agir dans ce sens, avec décision et loyauté; les conditions actuelles le réclament impérieusement. La jeunesse - et spécialement le temps des fiançailles - voit parfois la limpide clarté des idéals voilée par le brouillard d'un sentiment ou d'une expression d'amour mal compris ou insuffisamment discipliné. En disant cela, Nous ne Nous écartons pas de la vérité: on en trouve confirmation dans les suggestions de la presse, de la radio, du cinéma avec leurs expressions les plus vides et les plus dénuées de fond moral. On observe encore un ensemble de divertissements qui créent une ambiance artificielle, s'imposent par mille moyens séduisants - qui en réalité violentent la conscience -, détériorent les coutumes traditionnelles et ont comme premier et plus déplorable effet de corrompre la jeunesse.
Devant la gravité du danger, constitué non pas tant par des réalités individuelles et déterminées, que par un relâchement répandu des solides barrières morales, Nous sommes amenés spontanément à inviter, et cette invitation Nous l'adressons avant tout et encore une fois " dans le coeur du Christ Jésus ", aux pasteurs d'âmes, à mettre en oeuvre tous les moyens, les instructions et les catéchismes, la parole et les écrits à large diffusion, pour éclairer les consciences des parents et des jeunes gens sur leur devoir.
Cette invitation, Nous l'adressons aussi à tous ceux qui ont la volonté et les moyens d'influer sur l'opinion publique, afin que leurs interventions soient toujours un élément de clarification et non de confusion des idées, de rectitude et de respect pour le plus grand et le plus précieux des biens de la vie sociale: l'intégrité du mariage.

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Une doctrine solide chez les juristes, les éducateurs, les médecins

II.- Un tel devoir exige une doctrine solide de la part de ceux qui - en vertu de leur vocation ou de leur profession - doivent souvent s'intéresser à ces problèmes.
Et cela, avant tout, de votre part à vous juristes: solidité alimentée aux sources du droit naturel et positif, qui ne cède à aucun mensonge ni à aucune faiblesse et s'allie en même temps à un parfait équilibre de jugement, basé sur la connaissance des conditions des temps où nous vivons.
Solidité aussi chez les éducateurs et les médecins. On ne déplorera jamais assez les maux causés dans ce domaine par la conception naturaliste et matérialiste de la vie, particulièrement en ce qui concerne le mariage et la famille. En cherchant à soustraire leur domaine et leur défense à la vigilance maternelle de l'Eglise, en réduisant leur valeur à celle d'institutions purement humaines, on en est arrivé peu à peu à affaiblir toujours davantage leur structure et leur cohésion.
Par contre, on ne soulignera jamais assez que la pureté des moeurs, la saine éducation des sentiments, l'estime des valeurs humaines envisagées en harmonie avec le surnaturel, tout cela prévient et résout dès le début des situations qui, confiées à un règlement légal, n'en laisseraient pas moins pour toujours dans les âmes des blessures inguérissables. Egalement ici, il ne faut pas perdre de vue l'actuel état de choses provoqué par le péché originel, qui postule nécessairement le recours à la grâce; celle-ci seule peut rétablir l'équilibre chez l'homme blessé; et si l'on fait abstraction d'elle, en l'ignorant volontairement, on prive la vie conjugale de son soutien le plus puissant.
Les éducateurs et les médecins chrétiens ont aussi le devoir de considérer leur profession non unilatéralement, mais dans la plénitude de la situation réelle de l'homme à la guérison duquel concourent, en une féconde harmonie, le naturel et le surnaturel.
La légèreté avec laquelle on aborde si souvent le problème matrimonial, et l'inquiétant affaiblissement des digues morales sont causés, non seulement par une insuffisance de l'instruction religieuse - ainsi que Nous l'avons dit -, mais aussi par l'absence d'idées claires et précises chez ceux qui, en vertu de leur profession, doivent éclairer et guider les jeunes générations. Le flottement de leurs convictions, leur esprit superficiel, également les erreurs de leur formation philosophique et religieuse, parfois - Nous sommes peinés de le dire - la volonté perverse de faire obstacle à l'action de l'Eglise, ont fini par porter le premier coup à la fermeté de tant de consciences, pour lesquelles la rencontre avec des éducateurs et des médecins antichrétiens a été parfois l'occasion et la cause de douloureuses abdications.
Solidité, donc, de convictions, de doctrine, de volonté, puisée dans l'étude continuelle, dans l'attitude humble et sincère de l'âme, qui sait que la science vraie et profonde ne va jamais, ne peut jamais aller contre la Révélation et l'enseignement de l'Eglise.

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Une référence continuelle a la paternité de Dieu

III. Un troisième moyen, qui se rattache à ce que Nous avons dit jusqu'ici Nous paraît très opportun pour établir fermement la sécurité de la famille: une référence continuelle à la paternité de Dieu, " de qui toute paternité, au ciel et sur la terre, tire son nom " Ep 3,15.
L'intime et éternelle fécondité qui est au sein de Dieu, se reflète en une certaine manière, agissante et bienfaisante, dans les enfants des hommes, élevés à la très haute dignité et au devoir de procréateurs.
Dans la famille se réalise la plus admirable et la plus étroite coopération de l'homme avec Dieu: deux personnes humaines créées à l'image et à la ressemblance divine, sont appelées non seulement à la grande tâche de continuer et de prolonger l'oeuvre créatrice, en donnant la vie physique à de nouveaux êtres en qui l'Esprit vivificateur infuse le puissant principe de la vie immortelle, mais encore à la tâche plus noble, et qui perfectionne la première, de l'éducation civile et chrétienne des enfants.
Cette ferme conviction, basée sur une si haute vérité, suffit à assurer la solidité du lien de toute union matrimoniale et à faire prendre conscience aux parents de la responsabilité qu'ils assument devant Dieu et devant les hommes.
Les éducateurs et les pasteurs d'âmes savent par expérience quel élan de saint enthousiasme, et de vive reconnaissance envers Dieu ces considérations suscitent chez les jeunes qui se préparent au mariage, et quel émouvant sérieux elles inspirent à leur âme généreuse concernant leur consentement et leurs résolutions.
Il faut donc faire prendre conscience par tous les moyens de diffusion dont nous disposons, de cette auguste noblesse de l'homme, du père et de la mère de famille, en tant que premiers collaborateurs de Dieu dans la continuation de son oeuvre dans le monde en donnant de nouveaux membres au Corps mystique du Christ, en peuplant le ciel d'élus qui chanteront à jamais la gloire du Seigneur.
Chers fils, le 19 octobre de l'année dernière, lors de Notre première rencontre avec la Sacrée Rote romaine, Nous nous sommes arrêtés à considérer l'esprit qui anime ce tribunal et les tâches qui lui ont été confiées par le Souverain Pontife, à commencer par Jean XXII, jusqu'à saint Pie X qui, en 1908, en réorganisa l'activité précieuse et si méritante (3). Quant à vous, montrez-vous largement et aimablement compréhensifs à l'égard du motif qui a inspiré Nos paroles de ce jour. En fait, les causes soumises à la Rote sont parfois pour Notre coeur et pour le vôtre un sujet de profonde tristesse; elles sont comme une chose qui, attaquée, demande protection, impose du courage dans la recherche et dans la décision, de la fermeté d'idéals et d'activité apostolique.
C'est pourquoi, Nous avons tenu à vous soumettre en toute confiance quelques considérations de nature pastorale, certains de les voir non seulement pleinement approuvées par vous, mais encore propres à vous encourager dans votre tâche quotidienne. Nous voulons croire aussi que Nos paroles susciteront de sérieuses réflexions dans des couches toujours plus vastes de fidèles, ouverts et sensibles à la parole du Pape.
En terminant la présente audience, Nous Prions le Seigneur de vous assister tout particulièrement afin que vous vous acquittiez parfaitement des graves responsabilités de votre tâche et Nous vous invitons à le prier avec ferveur, en empruntant les profondes paroles de l'Ecriture, si bien adaptées à votre activité: " Donnez-moi la Sagesse, qui est assise auprès de votre trône... Envoyez-la de votre sainte demeure du ciel; envoyez-la du trône de votre gloire, afin qu'elle soit avec moi dans mes labeurs et que je connaisse ce qui vous est agréable... et elle me conduira avec prudence dans mes oeuvres et me gardera par sa lumière " Sg 9,4 Sg 9,10-11

Grâce à cette aide lumineuse, votre ouvre continuera d'être d'une grande utilité pour l'Eglise et sera un insigne honneur pour chacun de vous. En gage de ce voeu très cordial, et en témoignage de Notre satisfaction, Nous sommes heureux de vous donner une spéciale et bienfaisante Bénédiction apostolique, à vous tous ici présents, à vos familles et à tous ceux qui vous sont chers.


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1961 la loi divine de l'indissolubilité du mariage

13/12/1961

CHERS FILS,
La messe dans la chapelle Pauline et la rencontre avec le Pape inaugurent traditionnellement l'activité judiciaire de la Sacrée Rote romaine.

Vous avez voulu, monsieur le Doyen faire allusion à Notre visite de janvier dernier au siège de votre tribunal. Et maintenant se renouvelle la joie de ce jour. Nous ne pouvons, en effet, que Nous réjouir à la pensée d'accueillir en vous les successeurs de ces auditores causarum curiae domini Papae, de ces doctores juris famosi, dont parlent avec un accent de profond respect les documents de votre antique histoire. Maîtres renommés du droit, mais plus encore ecclésiastiques distingués pour leur prudence et la rectitude de leur vie, tel est le titre particulier d'honneur du Collège des prélats auditeurs, qui rejaillit sur le savoir et la vertu éminente des officiers et des avocats de votre tribunal.
La masse de travaux accomplis que vous avez voulu, comme chaque année, porter à Notre connaissance, mérite considération et paternel encouragement. Beaucoup d'entre vous apportent la contribution de leur compétence et de leur savoir soit à la Commission centrale, soit aux Commissions préparatoires du Concile oecuménique. Le travail grandissant est le gage de grâces plus abondantes du divin Paraclet et il donne à nos coeurs la joyeuse conscience d'un bon service rendu à l'Eglise.
Votre présence Nous offre l'occasion de faire quelques considérations dans l'ordre des idées qui se sont fait jour dans l'année écoulée. De paternelles sollicitudes pressent Notre coeur de Pasteur universel. Nous vous les confions avec simplicité et immédiatement.

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La loi divine de l'indissolubilité du mariage.

1. Et d'abord, devant les incertitudes doctrinales, diversement exprimées çà et là, qui menacent de désorienter l'opinion publique, un rappel est nécessaire, solennel et grave, des principes dont s'inspire l'action de l'Eglise dans la défense du mariage. En sauvegardant avec un soin jaloux l'indissolubilité du lien (matrimonial) et la sainteté de ce grand sacrement, l'Eglise défend non seulement un droit ecclésiastique et civil, mais surtout le droit naturel et le droit positif divin. Ces deux biens nécessaires et grands, que le voile des passions et des préjugés obscurcit parfois jusqu'à les faire oublier, sont voulus, avant de l'être par la loi positive, l'un par la loi naturelle gravée en caractères indélébiles dans la conscience humaine, et l'autre par la loi divine de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il ne s'agit donc pas de prescriptions ou de règles imposées par les circonstances et que le cours des générations peut modifier, mais de la volonté divine, de l'ordre intangible établi par Dieu lui-même pour sauvegarder le premier noyau fondamental de la société civile. Il s'agit de la loi divine primordiale que, lorsque fut venue la plénitude des temps, la parole du Christ " A l'origine, il n'en fut pas ainsi " Mt 19,8 a ramenée à son intégrité véritable.
L'Eglise ne défend pas des intérêts de castes ou des coutumes dépassées. Son chant glorieux, son titre d'honneur résonne dans le Pater noster: Fiat volontas tua sicut in caelo et in terra. Voilà ce qu'elle propose et défend dans le monde: la volonté de Dieu, dans laquelle est la paix, la sérénité et la prospérité, même matérielle, pour tous ses fils.

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Faire mieux connaître la doctrine de l'Eglise sur le mariage.

2. Il est donc nécessaire que la doctrine de 1'Eglise sur le mariage soit mieux connue et répandue de toutes les façons. C'est le voeu que Nous vous avons confié avec une paternelle espérance dans Notre allocution de l'an dernier.
" Devant la gravité du danger - disions-Nous... Nous sommes amené spontanément à inviter, et cette invitation Nous l'adressons avant tout et encore une fois " dans le Coeur du Christ Jésus", les pasteurs d'âmes, à mettre en oeuvre tous les moyens, les instructions et les catéchismes, la parole et les écrits à large diffusion, pour éclairer les consciences... Cette invitation, Nous l'adressons aussi à tous ceux qui ont la volonté et les moyens d'influer sur l'opinion publique, afin que leurs interventions soient toujours un élément de clarification et non de confusion des idées, de rectitude et de respect pour le plus grand et le plus précieux des biens de la vie sociale l'intégrité du mariage ".1960
Cette invitation, Nous la renouvelons aujourd'hui d'une façon plus pressante, parce que persiste ce sentiment diffus du danger qui vient en premier lieu du manque de solide doctrine et d'honnêteté dans l'information. On écrit et on parle pour le moins avec légèreté sur des sujets qui réclament de la préparation, de la maturité de jugement et de la sincérité de conscience; il faut donc que les fidèles comme la société tout entière soient éclairés, prémunis et bien orientés.
Une vaste oeuvre de catéchèse et d'explication de la vérité est par conséquent nécessaire et irremplaçable, par les moyens traditionnels que l'Eglise a à sa disposition, comme par ceux qu'offrent la presse et les nouvelles techniques audiovisuelles. Il faut imaginer de nouvelles formes pour faire parvenir cet enseignement à tous ceux qui se préparent au mariage, en particulier aux jeunes et aux fiancés.
Voyez donc les amples horizons de pastorale qui s'ouvrent à votre activité. Vous pouvez collaborer à cette tâche d'enseignement que cela présuppose des différentes façons que la mission sacerdotale ne manque pas de vous offrir.

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L'Eglise ne veut que le salut des âmes.

3. Tout ce que Nous avons dit s'inspire d'un seul motif, qui est le motif de toute l'action spirituelle de l'Eglise dans le temps: le salut des âmes, salus animarum. Son coeur de mère la pousse à agir et à décider pour le bien de tous ses fils. C'est là l'esprit qui inspire l'action des tribunaux de l'Eglise, et, par conséquent, du juge ecclésiastique, du défenseur du lien, comme du promoteur de justice et des avocats. C'est un ministerium veritatis, parce qu'il tend en premier lieu au salut de l'âme de celui qui recourt à ces tribunaux.
(NdR on pourrait regarder CIC 1752)
Oui, l'Eglise a toujours en vue le salut éternel de chacun même quand elle limite le droit d'accusation et quand elle rend une sentence de culpabilité; même au conjoint coupable, on n'enlève jamais les moyens d'échapper au péril de damnation éternelle.
C'est dans cette perspective, dont la signification dépasse le temps et les contingences, que prennent leur vraie valeur toutes les attentions et les mesures providentielles que, dans le domaine très délicat où s'accomplit votre travail, l'Eglise met en oeuvre pour le bien de ses fils: la prudence vigilante avec laquelle on examine chacun des cas; et le grand nombre de causes traitées avec l'assistance judiciaire gratuite, qui, dans l'année écoulée, ont été de peu inférieures à la moyenne des autres années.
Par là votre travail contribue donc également à l'affirmation des suprêmes finalités de l'Eglise et avec l'évidence inattaquable de la vérité et de la justice, il en appelle à la volonté salvatrice du Père céleste et au désir incessant du Coeur du Christ: " Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. " Jn 3,17
Chers Fils, Dans le sacrifice eucharistique qui vient d'être offert pour vous, a été immolé le Sang très précieux qui procure le baptême de purification et de salut pour toute l'humanité. Ce Sang, qui est un fleuve de miséricorde, répand sa vertu rédemptrice également sur votre travail et le rend fécond pour le bien des âmes.
Nous en invoquons le don tout-puissant sur chacun de vous, sur votre travail, sur vos études et votre ministère. Et tout en renouvelant Nos voeux paternels pour l'heureux développement de la nouvelle année judiciaire, Nous sommes heureux de vous confirmer Notre estime et Notre bienveillance avec une particulière Bénédiction apostolique, que Nous étendons d'ailleurs aux chers étudiants du Studio Rotale et à tous ceux qui vous sont unis par des liens de famille ou de travail.



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1962 Il semble qu'il n'y ait aucune allocution à la Rote pas de trace dans les Documents pontificaux de JEAN XXIII



PAUL VI


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1963 Rôle pastoral des tribunaux: réveiller la conscience


12/12/1963

La noble coutume, qui se répète chaque année au début de l'activité judiciaire du tribunal de la Sacra Romana Rota, vous a conduits chez Nous, après que, rassemblés autour de l'autel du divin sacrifice, vous ayez invoqué les dons du Saint-Esprit et prêté le serment d'usage. Aujourd'hui donc vous Nous offrez l'honneur et la consolation de Nous entretenir avec vous pour la première fois depuis Notre élévation aux responsabilités du pontificat suprême, de recevoir votre famille au complet, si remarquablement représentée par le collège des prélats auditeurs, des officiaux du tribunal et de tous les avocats.

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Imposante masse de travail juridique.

Le premier sentiment que Nous éprouvons, après celui de la profonde gratitude envers Dieu, est celui d'une vive satisfaction pour le travail que vous avez accompli. Nous avons pu parcourir avec grand intérêt le rapport que M. le doyen des prélats auditeurs a eu la bonté de nous soumettre ces jours derniers. Nous en avons retiré, et il ne pouvait en être autrement, une magnifique impression du sérieux et de la complexité du travail réalisé: les causes traitées - dont un tiers l'ont été avec le bénéfice de la défense gratuite ou par d'autres dispositions de bienfaisance - les décisions, à quoi il faut ajouter l'activité relative au Studium Rotale et à la publication des Decisiones seu Sententiae S. R. Rotae.
C'est une masse de travail juridique qui peut échapper à l'oeil profane, mais qui n'en mérite pas moins l'approbation et l'encouragement. Et Nous sommes heureux de vous assurer pleinement de ces sentiments, à l'ouverture solennelle de l'année judiciaire. Nous avons même relevé un surcroît de travail du tribunal, ce qui Nous amène à Nous interroger avec anxiété et à faire certaines considérations que Nous voulons soumettre ce matin a votre attention.

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Réveiller la conscience morale

En raison de la vigilance de Pasteur universel de l'Eglise à laquelle ne doivent pas échapper même les symptômes relatifs à la vie spirituelle des fidèles, Nous Nous sommes demandé si l'augmentation des causes matrimoniales traitées par la Sacra Rota, ces dernières années, n'est pas à mettre en relation avec la diminution, dans certains cas au moins, de la sensibilité de la conscience morale, de la délicatesse qui devrait toujours guider l'homme, et spécialement le chrétien, dans sa vie, et particulièrement lors des décisions les plus graves. Ne serait- ce pas un indice qui, avec beaucoup d'autres, peut expliquer l'attitude parfois superficielle, légère, quand elle n'est pas proprement irrévérencieuse, face à l'institution du mariage, pacte indissoluble, élevé à la dignité de sacrement par Jésus- Christ pour le bien de la famille humaine? Il est vrai que l'excitation stimulante et souvent pervertissante d'une certaine littérature, d'une certaine presse, d'un certain genre de spectacles a contribué, dans des mesures diverses, à la diffusion de dangereuses conceptions et de comportements erronés. Et il est aussi vrai que ces stimulants rencontrent une résistance moindre que jadis dans le sanctuaire même de la famille. Reste le fait que certains affrontent le mariage avec une grande légèreté, sans la préparation psychologique, spirituelle et religieuse voulue; ils en réduisent ainsi la substance sacrée et solennelle à la condition d'expériences avilissantes, d'aventures périlleuses, sinon d'effroyables naufrages. Nous faisons Nôtres les paroles de Jean XXIII, de vénérée mémoire qui, lorsqu'il vous recevait le 25 octobre 1960, s'exprimait ainsi: " Le danger est constitué non pas tant par des épisodes que l'on peut identifier et déterminer, mais plutôt par un large relâchement des solides barrières morales. Et quand on en considère la gravité, spontanément jaillit l'appel que Nous répétons in visceribus Jesu Christi avant tout aux pasteurs d'âmes, afin qu'ils emploient tous les moyens... pour éclairer, sur leur devoir, les consciences des parents et des jeunes gens. " 1960 .
C'est là précisément que se trouve le noeud du problème, dans ce relâchement de la conscience morale, tandis que la collaboration soucieuse et efficace de tous ceux qui peuvent encore intervenir par la parole, l'enseignement, l'exemple contribuera à la revaloriser. De là la nécessité imprescriptible d'un vigoureux appel à la primauté des valeurs morales, spécialement parmi les jeunes générations, qui doivent être préparées à fonder une famille grâce à une solide conscience morale. Elles doivent savoir que la formation de la conscience suppose un équilibre harmonieux de la nature et de la grâce. La conscience exige en effet rectitude et équilibre, jugement sain et problèmes bien posés, force de décision et sincérité absolue; elle commande que, en face des lois de la vie, grandes et sacrées, on se refuse à tout compromis, à toute bassesse, à toute mesquinerie. Ce sont là des dons naturels, que l'homme possède pour aider son effort de perfection même si la blessure du péché originel peut lui rendre difficile la pratique constante du bien.

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Louables initiatives pastorales

Mais lorsque la grâce divine s'insère dans la nature et que la vertu rédemptrice du Christ, à travers les sacrements, vient transformer intimement l'âme humaine, la conscience morale bénéficie alors de nouvelles et solides bases, et, comme Nous le disions Nous-même un jour, " un renouvellement passe en nos mours et se traduit par une possibilité de justice; renouvellement qui, d'une part, n'est pas automatique, mais, d'autre part, est un devoir, et oblige notre liberté vacillante et capricieuse à pratiquer un exercice surprenant, celui de l'honnêteté... celui d'une perfection morale, d'une sainteté qui devrait être le genre de vie de tous, habituel dans ses lignes essentielles, extrêmement variable par contre dans les formes qui s'adaptent au caractère et au jeu de chacun ".
C'est donc avec plaisir que Nous voyons surgir sur le terrain catholique de bonnes initiatives pastorales destinées à donner aux fiancés et aux jeunes époux cette préparation morale et spirituelle, capable de procurer à leur conscience lumière et force pour la sainteté de l'amour et la solidité et la vraie félicité de la vie familiale.
Et puis, cette lumière de l'âme qu'est la conscience morale, de même qu'elle doit animer tous les secteurs de la vie, doit aussi pénétrer l'instrument juridique représenté par un tribunal, et un tribunal, disons-Nous, qui, comme le vôtre, est la plupart du temps occupé à la défense du sacrement de mariage ou de la liberté de la personne humaine; appelé par conséquent, dans un cas comme dans l'autre, à protéger la conscience, à la stimuler et, en cas de besoin, également à en procurer le recouvrement par une vie consciente de ses devoirs et responsabilités.

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Les très hauts devoirs des juges et des avocats.

Votre activité se déploie donc sous le signe de la conscience morale. Chez les juges, avant tout, elle constitue leur très haut titre de noblesse, leur programme. Elle est la certitude que la lettre du droit en interprétera toujours l'esprit. Ce sont eux qui, en liaison avec le promoteur de Justice et le défenseur du Lien, doivent s'efforcer de découvrir la vérité et de rétablir la justice, et qui ont la très lourde charge de protéger la conscience morale dont Nous avons parlé plus haut.
Chez les avocats, en outre, la conscience morale doit constituer l'orientation constante et normative de leur activité, appelée à s'exprimer en un langage plus élevé, et exposée à de plus graves dangers. En effet, leur devoir moral professionnel est de rechercher la vérité, non pas de jouer avec la vérité. Etant tenu d'écouter d'abord les deux parties, l'avocat de la Rote peut avant tout autre ou bien conseiller en toute équité pour que la cause soit acceptée ou pour la déconseiller clairement et sincèrement. Et en produisant les preuves, en déterminant le chef d'accusation et en réfutant les arguments contraires, son unique mobile sera d'établir la vérité des faits et de faire triompher la justice. Il se refusera donc toujours, de façon catégorique, à bâtir un procès artificiellement, à plaider une cause qui n'est pas fondée ou à recourir à des moyens déloyaux et malhonnêtes.
Enfin la conscience morale doit aussi se rencontrer, et être éclairée en cas de besoin, chez les parties en cause, en ce qui concerne leur attitude face au mariage et à ses obligations, leur humilité et leur soumission aux lois de l'Eglise et aux décisions du tribunal. Mais ici le problème prend de très vastes proportions et enfonce des racines bien plus loin, attendu que les contractants doivent considérer le mariage non comme un caprice des sens ou une aventure ou une expérience passagère, ni avec une déplorable superficialité, mais doivent, au contraire, être conscients du pas qu'ils accomplissent, reconnaître en lui le sacramentum magnum, qui les destine à la mission sublime de collaborateurs de Dieu pour infuser la vie en de nouvelles créatures, et en développer l'éducation avec une délicatesse anxieuse et la conscience de leurs propres responsabilités.

Dans le très fidèle amour de l'Eglise et pour le vrai bien des âmes

Chers fils! Notre propos initial en est venu à un vaste examen, bien qu'il reste nécessairement fragmentaire, des rapports entre la conscience morale et l'activité juridique. Nous en confions l'approfondissement ultérieur à votre méditation et a votre expérience. Nous sommes a vos côtés par la prière en invoquant sur vous tous les dons incessants du divin Paraclet que, cor unum et anima una, vous avez instamment implorés sur l'activité que vous allez entreprendre. Et Nous sommes certain que cette activité sera toujours empreinte d'un très fidèle amour de l'Eglise et d'une recherche passionnée du vrai bien des âmes.
Que la réconfortante Bénédiction apostolique vienne attester la profonde estime et la grande bienveillance que Nous nourrissons pour chacun de vous et vous apporter Notre joyeux encouragement pour les graves devoirs qui vous attendent dans l'accomplissement quotidien de votre haute et délicate mission.


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Il semble qu'il n'y ait aucune allocution à la Rote pas de trace dans les Documents pontificaux de Paul VI


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A la Rote 1939-2009 5901