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pluralisme des options

50 Dans les situations concrètes et compte tenu des solidarités vécues par chacun, il faut reconnaître une légitime variété d’options possibles. Une même foi chrétienne peut conduire à des engagements différents (cf. Gaudium et Spes, GS 43 AAS 58 [1966], p. 1061). L’Eglise invite tous les chrétiens à une double tâche d’animation et d’innovation afin de faire évoluer les structures pour les adapter aux vrais besoins actuels. Aux chrétiens qui paraissent, à première vue, s’opposer à partir d’options différentes, elle demande un effort de compréhension réciproque des positions et des motivations de l’autre ; un examen loyal, de ses comportements et de leur rectitude suggérera à chacun une attitude de charité plus profonde qui, tout en reconnaissant les différences, n’en croit pas moins aux possibilités de convergence et d’unité. « Ce qui unit les fidèles en effet est plus fort que ce qui les sépare» (cf. Gaudium et Spes, GS 93 AAS 58 [1966], p. 1113). Il est vrai que beaucoup, insérés dans les structures et les conditionnements modernes, sont déterminés par leurs habitudes de pensée, leurs fonctions, quand ce n’est pas par la sauvegarde d’intérêts matériels. D’autres ressentent si profondément les solidarités, de classes et de cultures, qu’ils en viennent à partager sans réserve tous les jugements et les options de leur milieu (cf. 1Th 5,21). Chacun aura à coeur de s’éprouver soi-même et de faire surgir cette vraie liberté selon le Christ qui ouvre à l’universel au sein même des conditions plus particulières.

51 C’est là aussi que les organisations chrétiennes, sous leurs formes diverses, ont également une responsabilité d’action collective. Sans se substituer aux institutions de la société civile, ils ont à exprimer, à leur manière et en dépassant leur particularité, les exigences concrètes de la foi chrétienne pour une transformation juste et par conséquent nécessaire de la société (cf. Lumen Gentium, LG 31 AAS 57 [1965], pp. 37-38 ; Apostolicam Actuositatem, AA 5, AAS 58 [1966], p. 842).

Aujourd’hui plus que jamais, la Parole de Dieu, ne pourra être annoncée et entendue que si elle s’accompagne du témoignage de la puissance de l’Esprit-Saint, opérant dans l’action des chrétiens au service de leurs frères, aux points où se jouent leur existence et leur avenir.

52 En vous livrant ces réflexions, Nous avons certes conscience, Monsieur le Cardinal, de n’avoir pas abordé tous les problèmes sociaux qui se posent aujourd’hui à l’homme de foi et aux hommes de bonne volonté. Nos récentes déclarations — auxquelles s’ajoute votre Message à l’occasion du lancement de la deuxième décennie du Développement, concernant notamment les devoirs de l’ensemble des nations dans la grave question du développement intégral et solidaire de l’homme, — demeurent encore dans les esprits. Nous vous adressons celles-ci dans le dessein de fournir au Conseil des Laïcs et à la Commission Pontificale « Justice et Paix » de nouveaux éléments, en même temps qu’un encouragement, pour la poursuite de leur tâche « d’éveiller le Peuple de Dieu à une pleine intelligence de son rôle à l’heure actuelle » et de « promouvoir l’apostolat au plan international » (Catholicam Christi Ecclesiam ; AAS 59 [1967], p. 27 et p. 26).

C’est dans ces sentiments que Nous vous donnons, Monsieur le Cardinal, notre Bénédiction Apostolique.



Du Vatican, le 14 mai 1971.



Paulus PP. VI



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