Scivias FR 2100


VISION SECONDE: Le Dieu trinitaire (9)

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   Sommaire :
Du sens des mystères de Dieu.- Des trois personnes. - Que l'homme n'oublie jamais d'invoquer ardemment un Dieu en trois personnes - Des trois vertus de la pierre.- Jean, sur la charité de Dieu. - Des trois causes du Verbe humain. - Des trois vertus de la flamme. - Paroles de Salomon. - De l'unité de l'essence.



  Ensuite je vis une splendide lumière et, dans elle, une forme humaine, couleur de saphir, qui brûlait d'un feu brillant et suave ; et cette splendide lumière Pénétra tout ce feu brillant, et ce feu brillant s'infusa dans cette splendide lumière ; et cette splendide lumière et ce feu brillant pénétrèrent toute cette forme humaine, ne faisant qu'une seule lumière, Par une même vertu et une même Puissance. Et, de nouveau, j'entendis cette lumière vivante qui me disait : C'est le sens des mystères de Dieu, afin que l'on distingue et que l'on comprenne discrètement quelle est cette plénitude qui n'a pas d'origine, et à laquelle il ne manque rien ; qui, par sa vertu toute puissante, fixe les bornes de toutes les puissances. Car, si le Seigneur était exempt de sa propre vertu, quelle serait alors son oeuvre ? Elle serait certainement vaine, car c'est dans I'oeuvre parfaite que l'on voit quel est l'artisan.

  C'est pourquoi tu vois une splendide lumière qui n'a pas d'origine, et à laquelle il ne peut rien manquer: Elle désigne le Père et, dans elle, une forme humaine, couleur de saphir, sans aucune tache d'imperfection, d'envie et d'iniquité, désigne le Fils, engendré par le Père, avant le temps, selon la divinité ; mais ensuite, incarné dans le temps, selon l'humanité, et venu dans le monde.

  Elle brûle entièrement d'un feu brillant et suave, qui sans aucune atteinte de nulle aride et ténébreuse mortalité, démontre le Saint-Esprit, dont le même Fils unique de Dieu, conçu selon la chair et né d'une vierge dans le temps, répandit dans le monde la lumière de la vraie clarté.

  Mais, que cette splendide lumière pénètre tout ce feu brillant, et que ce feu brillant s'infuse dans toute cette splendide lumière, et que cette splendide lumière et ce feu brillant remplissent toute cette forme humaine, ne faisant qu'une seule lumière dans une même vertu et une même puissance : cela signifie que le Père qui est l'équité souveraine, mais qui n'est pas sans le Fils et le Saint-Esprit; et le Saint-Esprit qui embrase le coeur des fidèles, mais non sans le Père et le Fils ; et le Fils qui est la plénitude de la vertu, mais non sans le Père et le Saint-Esprit : sont inséparables dans la majesté de la divinité, parce que le Père n'est pas sans le Fils, ni le Fils sans le Père, ni le Père et le Fils sans le Saint-Esprit, ni le Saint-Esprit sans eux ; et ces trois personnes ne forment qu'un seul Dieu, dans l'intégrité de la divinité et de la majesté ; l'unité de la divinité restant inséparable dans ces trois personnes, parce que la divinité ne peut être divisée, mais demeure toujours inviolable, sans aucun changement ; et le Père se manifeste par le Fils; le Fils par l'origine des créatures; et le Saint-Esprit par le même Fils incarné. Comment ? C'est le Père qui, avant les siècles, a engendré le Fils ; le Fils par lequel toutes choses ont été faites par le Père, à l'origine des créatures; et le Saint-Esprit qui apparut sous la forme d'une colombe, au baptême du Fils de Dieu, quand le temps fut venu. C'est pourquoi ; que jamais l'homme n'oublie de m'invoquer, moi le seul Dieu dans ces trois personnes, parce que je les ai montrées à l'homme, afin que l'homme brûle d'autant plus d'amour pour moi, que j'ai envoyé, par amour pour lui, mon propre Fils dans le monde ; comme Jean mon bien-aimé en rend témoignage lorsqu' il dit : C'est en cela qu'apparut la charité de Dieu envers nous, que Dieu envoya dans le monde son Fils unique, afin que nous vivions par lui. En cela est la charité, non que nous ayons aimé Dieu ; mais parce que lui le premier nous a aimés, et a envoyé son Fils propitiateur pour nos péchés (1).

(1) In hoc apparuit charitas Dei in nobis, quoniam Filium Suum Unigenitum misit Deus in mundum, ut, vivamus per eum. In hoc est charitas non quasi nos dilexerimus Deum, sed quoniam ipse prior dilexit nos et misit Filium suum propitiationem pro peccatis nostris. (
1Jn 4,9-10)



  Que signifie cela ? Parce que Dieu nous a aimés, un autre salut en est résulté que celui que nous eûmes dans une première naissance, lorsque nous devînmes les héritiers de l'innocence et de la sainteté, parce que le Père d'en-haut montra sa charité dans nos périls, lorsque nous étions dans la peine : envoyant, par la vertu d'en-haut, son Verbe seul parmi les enfants des hommes, dans une parfaite sainteté, au milieu des ténèbres des siècles, ou le même Verbe, ayant accompli tout bien, ramena à la vie par sa mansuétude, ceux qui en étaient rejetés à cause de l'impureté de la prévarication, et ne pouvaient revenir à l'état de sainteté qu'ils avaient perdu.

  Pourquoi cela ? Car la paternelle dilection de l'amour de Dieu vint par la source même de vie, qui nous forma pour la vie, et qui dans nos périls fut notre protectrice, celle qui est la très profonde et très suave charité, qui nous exerce à la pénitence. Comment ? Dieu se souvint miséricordieusement de son grand ouvrage et de sa perle précieuse, c'est de l'homme que je parle, qu'il avait formé du limon de la terre, et auquel il avait inspiré le souffle de vie. Comment ? Lui-même organisa la vie pour la pénitence, dont l'efficacité ne périra jamais - parce que le rusé serpent trompa l'homme par son invasion orgueilleuse ; mais Dieu le rejeta par la pénitence, qui manifesta l'humilité, que le démon ignora et ne pratiqua pas ; parce qu'il ne sut jamais monter vers la voie de justice. Aussi cette rédemption de charité n'est pas venue de nous, parce que nous n'avons pas su, et nous n'avons pas pu aimer Dieu dans (pour) (l'oeuvre) du salut ; mais le Créateur lui-même et le Seigneur de toutes choses a tellement aimé le monde, que pour le sauver il a envoyé son Fils, le prince et le Sauveur des fidèles, lequel a lavé et pansé nos plaies; et c'est de lui que dégoutte le baume médicinal qui procure tous les bienfaits de la rédemption. C'est pourquoi, toi, ô homme, comprends que nulle instabilité de changement ne peut atteindre Dieu.

  Car le Père est le Père, le Fils est le Fils, le Saint-Esprit est le Saint-Esprit, trois personnes dans l'unité de la divinité, indivisiblement dans toute leur puissance. Comment ? Trois vertus sont dans la pierre, trois dans la flamme et trois dans le verbe. Comment ? Dans la pierre est une vertu d'humidité, une vertu de palpabilité et une force ignée ; elle a la vertu d'humidité pour qu'elle ne se dissolve pas et ne se diminue pas ; elle est palpable au toucher, pour qu'elle serve à la défense et à l'habitation ; elle a une force ignée, pour qu'elle s'échauffe et se consolide par sa dureté : Sa force humide indique le Père, qui n'est jamais aride et n'a pas de borne à sa vertu , la vertu de palpabilité désigne le Fils, qui né d'une vierge peut être touché et saisi ; et la vertu du feu brillant démontre le St-Esprit, qui embrase et illumine le coeur des hommes. Comment cela ? De même que l'homme qui attire fréquemment par son corps la vertu humide de la pierre, devient débile et infirme : ainsi l'homme qui par l'instabilité de ses pensées, veut regarder témérairement le Père, périt dans la foi ; et de même que, par la palpabilité saisissable de la pierre, les hommes construisent leur habitation, afin de se défendre contre l'ennemi : ainsi le Fils de Dieu qui est la vraie pierre angulaire, devient la demeure du peuple fidèle, pour le protéger contre les malins esprits. Mais aussi, comme le feu brillant éclaire les ténèbres et brûle ce sur quoi il se repose : ainsi le St-Esprit écarte l'infidélité, enlevant toute rouille d'iniquité. Et de même que ces trois forces sont dans une même pierre, ainsi la vraie trinité est dans une même divinité.

  Aussi, comme la flamme dans un même foyer a trois vertus, ainsi un Dieu en trois personnes. Comment ? La flamme, en effet, consiste dans la splendeur de la clarté, et dans sa force inhérente, et dans son ardeur ignée mais elle a la clarté splendide, pour briller et sa vigueur inhérente pour montrer sa force ; et son ardeur ignée afin de brûler. Aussi, dans la splendeur de clarté, considère le Père, qui par bonté paternelle, répandit sa clarté sur ses fidèles ; et dans la vigueur inhérente, par laquelle cette flamme montre sa vertu de flamme splendide, reconnais le Fils, qui prit son corps dans le sein d'une vierge, et dans lequel la divinité manifesta ses merveilles ; et dans l'ardeur ignée, considère le St-Esprit, qui consume d'une manière suave l'esprit des croyants. Mais ou ne se trouve ni la splendide clarté, ni la force inhérente, ni l'ardeur ignée, il n'y a pas la flamme ; ainsi, ou le Père ni le Fils, ni le St-Esprit n'est honoré, la divinité n'est pas adorée dignement. Donc, de même que, dans une même flamme, on distingue ces trois vertus, ainsi, dans l'unité de la divinité, on comprend trois personnes. De même aussi que trois vertus sont indiquées dans le Verbe, ainsi la Trinité doit être considérée dans l'unité de la divinité. Comment ? Dans le Verbe est le son (la parole), la vertu et le souffle. Mais le son est pour qu'on l'entende, la vertu pour qu'on la comprenne, le souffle pour qu'il s'accomplisse. Le son indique le Père, qui fait toutes choses par sa puissance incompréhensible. La vertu désigne le Fils, qui est engendré merveilleusement du Père. Le souffle dénote le Saint-Esprit, qui souffle ou il veut, et consume toutes choses. Mais ou le son n'est pas entendu, la vertu ne saurait agir et le souffle s'élever ; et là, le Verbe n'est pas compris. Ainsi le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont pas séparés l'un de l'autre ; mais ils accomplissent leur oeuvre dans un parfait accord.

C'est pourquoi comme ces trois choses sont dans un seul verbe, ainsi également la suprême Trinité est dans la suprême unité. Et, de même que dans la pierre, la vertu humide n'est, ni n'agit, sans la palpabilité saisissable et sans la vertu ignée ; ni la vertu palpable sans la vertu humide et la vigueur ignée du feu brillant ; ni la force du feu brillant sans la force humide et la force palpable ; et de même que, dans la flamme, la splendide clarté n'est, ni n'agit, sans la vigueur inhérente et l'ardeur ignée, ni l'ardeur ignée sans la splendide clarté et la vigueur inhérente ; et, de même que dans le verbe le son n'est ni n'agit sans la vertu et le souffle, ni la vertu sans le son et le souffle, ni le souffle sans le son et la vertu, mais ils sont indivisiblement unis dans leur oeuvre : ainsi également, les trois personnes de la suprême Trinité résident sans être divisées, inséparablement, dans la majesté de la divinité.

  Ainsi, ô homme, comprends un Dieu en trois personnes. Mais toi, dans l'aveuglement de ton esprit, tu penses que Dieu est si impuissant, qu'il lui est impossible de subsister vraiment en trois personnes, mais qu'il peut subsister seulement en une ; lorsque tu ne peux voir la voix exister sans ses trois vertus. Pourquoi cela ? Certes, Dieu est en trois personnes, vrai et unique Dieu, le premier et le dernier.

  Mais le Père n'est pas sans le Fils, ni le Fils sans le Père, ni le Père ni le Fils sans le St-Esprit, ni le St-Esprit sans eux, parce que ces trois personnes sont inséparables dans l'unité de la divinité : Comme le verbe résonne de la bouche de l'homme, mais non la bouche sans la parole, ni la parole sans la vie. Et ou demeure le Verbe ? Dans l'homme. D'où sort-il ? De l'homme. Comment ? Pendant la vie de l'homme.

  Ainsi est le Fils dans le Père, que le Père a envoyé sur la terre, pour le salut des hommes qui sont plongés dans les ténèbres ; et ce fils a été conçu dans une Vierge, par le St-Esprit. Ce Fils, de même qu'il est fils unique dans la divinité, ainsi il est fils unique dans la virginité ; et de même qu'il est fils unique du Père, ainsi il est fils unique de la mère ; parce que comme le Père l'a engendré, seul avant les temps, ainsi la vierge mère l'a engendré, seul, dans le temps, parce qu'elle est restée vierge après l'enfantement. C'est pourquoi, ô homme, comprends, dans ces trois personnes, ton Dieu qui t'a créé dans la force de sa divinité, et qui t'a racheté de la perdition. N'oublie donc pas ton Créateur, comme t'y exhorte Salomon lorsqu'il dit : Souviens-toi de ton Créateur dans les jours de ta jeunesse, avant que vienne le temps de ton affliction et qu'approchent de toi les années desquelles tu dises : Elles ne me plaisent pas. (1)

(1) Memento Creatoris tui in diebus juventutis tuae, antequam veniat tempus afflictionis tuae, et appropinquent anni de quibus dicas : Non mihi placent. (Qo 12,1)



  Que signifie cela ? Rappelle à ton esprit celui qui t'a créé, lorsque dans les jours de ta téméraire audace, tu penses qu'il t'est possible de t'élever, selon ton désir, vers les sommets, en te précipitant dans les abîmes; et lorsque, affermi dans la prospérité, tu tombes dans les pires adversités. Car, la vie qui est en toi évolue toujours vers la perfection, jusqu'au temps ou elle apparaîtra parfaite. Comment ? L'Enfant, dès sa naissance, s'achemine vers l'état parfait, et ensuite il reste dans cet état, délaissant la pétulance des moeurs de la folle adolescence, et n'ayant de souci que pour les affaires sérieuses, pour mener à bonne fin son oeuvre ; ce qu'il n'a jamais fait lorsqu'il était dans la fougue de la jeunesse inconstante.

  Ainsi doit faire l'homme fidèle : Qu'il délaisse l'enfance des moeurs et qu'il gravisse le sommet des vertus en persévérant dans leur force ; méprisant l'orgueil de sa cupidité, qui est féconde dans les égarements des vices; et que, dans la retraite, il médite sur ce qui est digne de sa sollicitude, après avoir traversé l'enfance des moeurs puériles. C'est pourquoi, ô homme, attache toi à ton Dieu, dans la force de ta virilité, avant que vienne l'homme qui devra être ton juge, lorsque toutes choses seront manifestées, et qu'il ne restera rien de caché; avant que viennent les temps qui ne verront jamais de fin ; de peur que, murmurant de ces choses dans ton sentiment humain, tu ne dises : Elles ne me plaisent pas, et je ne comprends pas si elles sont pour mon avantage ou mon détriment, parce que l'esprit humain est en cela toujours dans le doute ; car, même lorsqu'il fait le bien, il est .dans l'anxiété de savoir s'il plaît à Dieu ou non. Et tandis qu'il fait le mal, il tremble pour son salut. Mais que celui qui regarde avec des yeux vigilants, et qui entend avec des oreilles attentives, embrasse du fond du coeur ces paroles mystiques, qui émanent de Moi qui suis la Vie.



Vision troisième: L'Église, en tant que Mère des croyants - Le Baptême (37)

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   Sommaire :

De la construction de l'Eglise qui engendre toujours ses fils dans la régénération de l'esprit et de l'eau. - Que l'Eglise dans sa naissance a été illustrée par les apôtres et les martyrs. - Que l'Eglise est ornée par l'office sacerdotal et la distribution des aumônes.- De la maternelle bonté de l'Eglise - Que l'Eglise non encore parfaite, par la beauté de sa constitution arrivera à sa perfection environ le temps du fils de perdition. - Comment l'Eglise élève dévotement ses fils dans la pureté. - Que nulle perversité du démon ne peut ternir la beauté de l'Eglise. - Que l'intelligence humaine ne peut saisir complètement les mystères de l'Eglise. - De la virginité de Marie. - De l'étendue des sacrements de la vraie Trinité. - Que le ministère des anges est pour chaque fidèle. - De ceux qui dans foi de la sainte Trinité sont régénérés par l'Eglise mère qui conserve son intégrité. - Comparaison du baume, de l'onyx et de l'escarboucle, - Que la bienheureuse Trinité apparaît. le ciel ouvert. aux baptisés, dans le baptême, et que leur enlevant la tache du péché, elle les revêt de la robe d'innocence.- De la plainte de l'Eglise sur l'erreur de ses fils. - Que deux signes ont été donnés aux hommes pour se défendre. - Comparaison de la jeunesse. - Pourquoi une double loi ne devait pas être donnée à Adam. - Que l'avertissement du Saint-Esprit se manifestant, il menace l'antique serpent dans Noé, la Circoncision le frappe à la mâchoire dans Abraham, l'Eglise le couvre de chaînes. - De trois ailes, ce qu'elles signifient. - Que les mâles qui, au temps de la Circoncision, ne furent pas circoncis, furent transgresseurs de la loi.- Comme dans la création d'Adam, trois causes sont désignées, ainsi pareillement trois causes sont (indiquées) dans l'homme, dans la procréation. - Que la femme, par amour de Dieu, observant la virginité, est parée magnifiquement par Dieu. - Que l'homme refusant le lien du mariage, par amour de Dieu, devient le compagnon du Fils de Dieu. - Les paroles du Prophète Isaïe. - Que la chute d'Adam ferma le ciel à l'homme ; et qu'il resta fermé jusqu'à la venue du Fils de Dieu.- Paroles de l'Evangile. - Exhortation de Dieu. - Que dans la Circoncision d'Abraham, un membre est circoncis ; mais dans le baptême du Christ tous les membres. - Paroles de l'Evangile. - Qu'en tout temps et à tout âge Dieu reçoit avec amour dans le baptême, l'homme et la femme. - Qu'en l'honneur de la sainte Trinité, trois (personnes) doivent être présentes au baptême, à savoir, le prêtre et deux autres qui se portent garants de la foi du baptisé ; mais ils ne doivent pas lui être unis par les liens charnels. - Comparaison de l'Enfant. - Que tous les péchés sont remis dans le baptême. - Que bien que le prêtre soit un pécheur, cependant Dieu accepte de lui l'office du baptême. - Comparaison du riche. - Dans le cas de nécessité, faute de prêtre, tout fidèle peut baptiser, en observant la forme du baptême.



  Après cela, je vis comme une image de femme, de proportions immenses, à l'instar d'une grande cité, elle avait la tête couronnée d'un merveilleux diadème, et ses bras étaient entourés de bracelets, splendeur rayonnant du ciel sur la terre.

  (Son ventre) sa poitrine était comme un filet percé de nombreuses cavités à travers lesquelles une grande multitude d'hommes entraient. Elle n'avait ni jambes ni pieds, mais seulement se tenait sur son ventre, en face l'autel qui est devant le regard de Dieu, en l'embrassant de ses mains étendues. Elle plongeait ses yeux pénétrants dans le ciel immense. Et je ne pouvais distinguer ses vêtements, si ce n'est que toute rayonnante de clarté lumineuse, elle était environnée d'une grande splendeur. Sur sa poitrine était comme une aurore empourprée, d'o j'entendis, dans une merveilleuse harmonie chanter ce cantique, comme sortant du sein de la splendide aurore. Et cette image répandit sa splendeur comme un vêtement, en disant : Il m'importe de concevoir et d'enfanter. Et bientôt accourut à elle, avec la rapidité de l'éclair, une multitude d'anges, dressant en elle des degrés et des sièges pour les hommes, par qui l'image devait être complétée.

  Ensuite je vis des enfants noirs, rampant entre ciel et terre comme les poissons dans l'eau, et pénétrant dans le ventre par les cavités de l'image qui étaient ouvertes à ceux qui voulaient rentrer. Mais elle gémit, attirant plus haut ceux qui sortirent de sa bouche, et elle-même restant dans son intégrité. Et voici que cette lumière sereine, et dans elle la forme humaine complète, brillante d'un feu étincelant, m'apparut de nouveau, comme dans la vision que j'avais eue précédemment; et leur enlevant à chacun d'eux la peau noire, jetant ces dépouilles en dehors de la voie, elle revêtit chacun d'eux d'une tunique resplendissante de blancheur, et découvrit à chacun d'eux la lumière éclatante, en disant : Dépouille-toi de la vieille iniquité, et revêts la jeunesse de la sainteté, car la porte de ton héritage t'est ouverte.

  Considère donc comment tu es instruit, afin de reconnaître le père que tu as confessé. Je t'ai reçu et tu m'as confessé. Maintenant donc regarde ces deux sentiers, l'un vers l'orient, l'autre vers l'aquilon. Si donc tu me regardes diligemment de tes yeux intérieurs, comme tu l'as appris par la foi, je te recevrai dans mon royaume. Et si tu m'aimes parfaitement, je ferai tout ce que tu demanderas. Mais si tu me méprises, en t'éloignant de moi, et me laissant en arrière sans vouloir me connaître ni me comprendre, toi qui es plongé dans le péché, en revenant à moi par une pénitence sincère ; si tu as recours à Satan comme s'il était ton père : alors tu tomberas dans la perdition, parce que tu seras jugé selon tes oeuvres ; car lorsque je t'ai donné le bien, tu n'as pas voulu me connaître.

  Mais les enfants qui étaient rentrés dans le ventre de l'image, se promenaient dans la splendeur qui l'environnait. Et elle, les considérant avec bienveillance, disait d'une voix triste : Ces enfants qui m'appartiennent, retourneront de nouveau en poussière ; cependant j'en conçois et j'en enfante beaucoup qui me fatiguent, moi leur mère, par diverses concussions et m'oppriment en me combattant par des hérésies, des schismes et des querelles inutiles, par les rapines et les homicides, les adultères et les fornications, et par beaucoup d'autres erreurs semblables. Mais un grand nombre d'entre eux ressusciteront dans la vraie pénitence, pour la vie éternelle, et beaucoup d'autres, par un faux entêtement, tomberont dans la seconde mort.

  Et de nouveau, j'entendis une voix du ciel qui me disait : L'édifice complet des âmes vivantes qui est élevé dans le ciel de pierres vivantes, orné des ornements infinis des vertus, dans ses fils qu'il contient à l'instar d'une immense cité : c'est l'énorme foule des peuples, et, comme dans un large filet, une grande multitude de poissons.

  Il resplendit très dignement par les vertus d'en haut, suivant que I'oeuvre des hommes fidèles prospère, au nom du Christ.

  C'est pourquoi, ce que tu vois maintenant qui ressemble à une image de femme, de proportions immenses, comme une grande cité, désigne l'épouse du Fils de Dieu qui engendre toujours des fils par la régénération de l'esprit et de l'eau ; puisque le Tout Puissant guerrier l'a établie sur la grandeur des vertus, pour captiver et façonner la foule immense, et l'élever à la dignité des élus. Et elle ressemble à une grande tour, Parce que nul ennemi ne peut prévaloir contre celle qui chasse loin d'elle l'infidélité par des combats victorieux, et qui se répand par les oeuvres de la foi : ce qui, dans le siècle mortel, est compris en ce sens que chaque fidèle donne l'exemple à son prochain, ce par quoi ils accomplissent de nombreux actes de vertu, en vue des choses célestes. Mais lorsque chacun des justes parviendra jusqu'aux fils de lumière, alors apparaîtra en eux I'oeuvre salutaire qu'ils ont accomplie : ce qui ne peut être connu dans la mortalité de la poudre terrestre, parce qu'il est impossible de le voir dans le trouble et l'inquiétude.

  Elle a le front orné d'un merveilleux diadème, parce que, à sa naissance, lorsqu'elle a été suscitée dans le sang de l'Agneau, parée dignement par les apôtres et les martyrs, elle a été unie par de vraies fiançailles à mon Fils ; parce que dans son sang elle s’est édifiée fidèlement pour l'édification des saintes âmes. C'est pourquoi, de ses bras un ruissellement de splendeur, comme de merveilleux bracelets, rayonne du ciel sur la terre : ce qui signifie l'acte de puissance qui s'accomplit par les prêtres, qui, avec la pureté du coeur et des mains, dans le sacrement du corps et du sang du Sauveur offrent, en vertu des bonnes oeuvres, le saint Sacrifice sur le saint Autel. L'oeuvre la plus noble est celle de ceux qui font miséricorde, qui, dans leur générosité, secourent toutes les douleurs, distribuant dans la bonté de leur coeur l'aumône aux pauvres, et se disant dans la perfection de leur âme : Ce bien n'est pas à moi, mais à celui qui m'a créé ; car cette oeuvre inspirée par Dieu, est représentée devant ses yeux, dans le ciel, lorsque par l'enseignement de l'Eglise, elle est accomplie sur la terre par les âmes fidèles. Mais que son ventre soit comme un vaste filet, ayant de nombreuses mailles par lesquelles pénètre la multitude nombreuse des hommes : cela signifie la maternelle bonté de l'Eglise qui se manifeste dans la capture des âmes fidèles, par l'élévation des vertus, au moyen desquelles les peuples croyants s'entretiennent dévotement dans la vraie foi. Mais celui qui jette son filet pour la capture des poissons, est mon Fils, l'époux de l'Eglise bien-aimée qu'il a épousée dans son sang, pour réparer la chute de l'homme perdu.

  Elle n'a ni jambes ni pieds, parce qu'elle n'est pas parvenue à la force de sa constitution, et à la suprême beauté de sa perfection ; parce qu'environ le temps du fils de perdition (l’Antéchrist), qui doit induire le monde en erreur, elle doit souffrir abondamment dans ses membres, les persécutions violentes et sanglantes de sa perversité cruelle; et étant conduite par les calamités de ses blessures sanglantes à l'état parfait, elle courra avec allégresse dans la céleste Jérusalem ; et de même qu'elle est devenue la nouvelle épouse bien-aimée du Fils de Dieu, dans l'effusion de son sang, elle sera introduite avec le même amour dans la plénitude de la vie, au milieu de l'allégresse de ses enfants.

Mais elle se tenait seulement sur son ventre, en face l'autel qui est devant les yeux de Dieu, et l'embrassait de ses mains étendues parce qu'elle est toujours enceinte et dans l'enfantement, par la véritable ablution, et telle offre ses enfants très dévotement à Dieu, par les prières très pures des saints ; et, par la suave odeur du discernement des vertus cachées ou manifestes, qui sont exposées à l'intention des yeux de l'âme ; laissant de côté toute trace de simulation et tout désir d'humaine gloire, comme l'encens est purifié de tout mélange contraire à son parfum ; et cette opération fructueuse est un sacrifice très agréable aux yeux de Dieu ; par lequel la nouvelle épouse accomplit, avec toute l'ardeur de son désir, les oeuvres des vertus fécondes, aspirant vers les choses célestes, et édifiant par le trentième, le soixantième et le centième fruit, la haute tour des murailles éternelles.

  C'est pourquoi elle plonge ses yeux dans l'immensité des cieux, parce que nulle perversité ne peut ternir son intention, qu'elle maintient dévotement dans les choses célestes ; ni aucune persuasion de l'erreur diabolique, ni l'hérésie du peuple prévaricateur, ni les agitations des peuples divers, chez lesquels les hommes insensés se déchirent cruellement dans le déchaînement de leur fureur.

  Mais que tu ne puisses distinguer aucun de ses vêtements, cela signifie, que l'intelligence humaine obscurcie par l'infirmité de sa nature fragile, ne peut comprendre parfaitement ses mystères ; si ce n'est que resplendissante d'une merveilleuse clarté, elle est environnée de lumière, parce que le vrai soleil, par la claire inspiration du St-Esprit et le digne ornement des vertus, la pénètre de toute part.

  Sur sa poitrine est comme une aurore empourprée, parce que dans le coeur des fidèles l'intégrité de la bienheureuse Vierge, engendrant le fils de Dieu, brille de la plus ardente dévotion. Ce qui fait que tu entends un ensemble d'harmonies délicieuses, qui répètent les louanges de la Vierge, au milieu de cette aurore resplendissante : c'est que la voix des croyants, comme il apparaît à ton esprit, s'élève dans un concert unanime, pour exalter avec l'église universelle la Virginité sans tache de Marie.

  Mais, que cette image étende sa splendeur comme un vêtement, en disant qu'il importe qu'elle conçoive et enfante : cela signifie que dans l'église se répand le dogme de la vraie Trinité, parce que son voile s'étend pour la protection des peuples fidèles, à travers lesquels elle s'élève pour l'édification des pierres vivantes, blanchies dans la fontaine du bain très pur, comme il est nécessaire qu'elle le confesse pour le salut, afin qu'elle conçoive des fils par la bonne parole, et qu'elle les enfante dans l'ablution, par la régénération de l'esprit et de l'eau. C'est pourquoi se précipite vers elle, avec la rapidité de l'éclair, la multitude des anges, établissant des sièges et des degrés en elle, pour les hommes par lesquels cette même image doit être achevée, parce que, à tout homme croyant, se manifeste le ministère redoutable.et aimable des esprits bienheureux, qui préparent à ces fidèles l'ascension, par la foi et l'espérance, dans le souverain repos, par lesquelles marques on reconnaît que la bienheureuse mère l'Église doit arriver à sa suprême perfection.

  Mais ensuite, tu vois des enfants noirs se trouvant, près de terre dans l'air, comme les poissons dans l'eau, pénétrant dans le ventre de l'image, à travers les mailles (du filet) par lesquelles elle est ouverte à ceux qui veulent rentrer : ce qui signifie la noirceur des hommes insensés, qui ne sont pas encore lavés dans le bain du salut ; mais qui, aimant les choses terrestres et les recherchant en toutes choses, pour faire leur demeure dans leur instabilité, parviennent enfin à la mère de sainteté ; et, considérant la dignité de ses mystères, reçoivent sa bénédiction (bonne parole), par laquelle ils sont enlevés au démon et rendus à Dieu ; se soumettant à la sacrée constitution de l'Église, par laquelle l'homme fidèle doit être béatifié pour le salut, lorsqu'ils disent en eux-mêmes : Je crois en Dieu, et les autres paroles qui concernent la foi bienheureuse. C'est pourquoi elle gémit, attirant plus haut ceux qui sortent de sa bouche, sans que son intégrité soit lésée, car cette mère bienheureuse soupire dans son coeur, lorsqu'elle consacre par le baptême, avec l'onction du saint chrême, dans la sanctification du saint Esprit, afin que l'homme, dans la vraie circoncision de l'esprit et de l'eau, soit innové, en l'élevant de cette manière à la vraie béatitude, qui est le but de toute chose ; et qu'il devienne ainsi membre du Christ, lorsque par l'invocation de la sainte Trinité, comme par la bouche de la bienheureuse Marie, l'homme est régénéré pour le salut. Cette mère ne souffre aucune lésion, parce qu'elle doit rester pour l'éternité dans l'intégrité de sa virginité, ce qui est de foi catholique, car elle est née dans le sang de l'agneau véritable, son époux qui, sans aucune corruption de son intégrité, est né de la Vierge très pure. Ainsi elle-même restera l'épouse immaculée, que nul schisme ne pourra corrompre.

  Souvent cependant elle est persécutée par la perversité des hommes, mais avec l'aide de son époux elle se garde très puissamment; comme la vierge qui, souvent, dans la concupiscence de la chair, est poursuivie par la malice du démon et par les suggestions de beaucoup d'hommes, mais cependant, par les prières qu'elle adresse au Seigneur, elle se délivre vaillamment de leurs tentations, et conserve sa beauté (virginale). Ainsi pareillement l'Église repousse les corrupteurs pervers qui propagent les hérésies, celles des mauvais chrétiens, aussi bien que des Juifs et des autres infidèles qui l'infectent voulant corrompre sa virginité, qui est la foi catholique, mais elle leur résiste courageusement de peur d'être corrompue, car elle a toujours été vierge, elle l'est et le restera ; sa vraie foi qui est la matière de sa virginité, restant toujours à l'abri de toute erreur ; comme l'honneur d'une vierge chaste persévère, dans la matière de la pudeur de son corps, en se préservant de toute souillure de passion. C'est pourquoi l'Église est la mère vierge de tous les Chrétiens ; parce qu'elle les conçoit et les enfante par le mystère du St-Esprit, en les offrant à Dieu, de telle sorte qu'ils sont appelés les Fils de Dieu. Et de même que le Saint-Esprit a couvert de son ombre la bienheureuse mère, pour qu'elle engendrât et enfant‚t merveilleusement, sans douleur, le Fils de Dieu, et qu'elle restât cependant vierge ; ainsi pareillement l'Église, bienheureuse mère des croyants, est illustrée par le St-Esprit ; et elle conçoit et engendre simplement des fils, sans aucune corruption, en restant vierge.

  Comment cela ? Comme le baume dégoutte de l'arbre et comme les remèdes efficaces coulent du vase d'onyx qui les renferme, et comme la splendeur rayonnante jaillit sans entrave de l'escarboucle : ainsi le Fils de Dieu est né d'une vierge, sans aucun obstacle de corruption, et ainsi l'Église son épouse engendre ses fils, sans aucune souillure d'erreur, et restant vierge dans l'intégrité de la foi.

  Mais tu vois comment cette splendide lumière, et, dans elle, la forme de l'homme toute rayonnante d'un feu brillant, t'apparaît de nouveau comme dans une vision précédente : c'est parce que la vraie Trinité, dans la véritable unité, à savoir la splendide lumière du Père, et dans le Père, son Fils très doux, qui est avant le temps dans le Père selon la divinité, mais est conçu du St-Esprit et né de la Vierge, selon la chair et dans le temps, comme il t'a été indiqué dans une vision véritable, t'est montrée maintenant aussi pour la confirmation de la foi ; parce que la même Trinité bienheureuse apparaît, le ciel ouvert, aux baptisés dans le baptême, afin que l'homme fidèle accepte cette foi et qu'il honore un Dieu en trois personnes; et cette (trinité) apparut aussi véritablement dans le premier baptême.

  Et, retirant à tous leur peau noire pour les rejeter loin de la voie, elle revêt chacun d'eux de la robe d'innocence, et leur découvre une splendide lumière, en leur disant les paroles de bon conseil ; parce que la divine puissance qui voit les coeurs des hommes, efface miséricordieusement l'infidélité de leurs crimes dans l'eau du baptême, et rejette loin de la voie, qui est le Christ, ces péchés ; parce que la mort n'est pas dans le Christ mais la vie, par la confession sincère et par l'ablution des péchés ; puisque par lui, chaque fidèle est revêtu de la robe du salut ; et par lui, la porte rayonnante de clarté du bienheureux héritage duquel le premier homme a été chassé, lui est ouverte ; étant averti, par les paroles de la vérité, de déposer sa vieille habitude de l'iniquité pour accepter, en vue du salut, le nouveau don de la grâce.

  Mais que les enfants qui étaient rentrés dans le ventre de l'image, marchent dans la splendeur qui l'environne : cela signifie que ceux dont la sainte Eglise est devenue la mère, dans la fontaine du saint baptême, doivent rester dans la loi divine qui embellit et orne cette mère, et dont elle les a instruits pour qu'ils la conservent toujours, de peur qu'en l'abandonnant, ils ne se souillent de nouveau des péchés dont ils ont été purifiés. Aussi, les regardant avec bonté, elle dit d'une voix triste : que ces fils qui sont siens retourneront en poussière ; parce que la même bienheureuse mère, les aimant d'un amour intérieur et compatissant à leurs maux du fond de ses entrailles, se plaint que ceux qu'elle a engendrés dans le bain de la régénération, et qui ont été purifiés pour les choses célestes, de nouveau attirés par les biens terrestres, se vautrent dans le péché. Comment ? Parce que beaucoup, acceptant extérieurement la foi, la combattent intérieurement par des vices divers, suivant davantage la voie de l'erreur que celle de la vérité ; du nombre desquels cependant plusieurs reviennent de l'erreur, et d'autres persévèrent dans l'iniquité, comme le démontre cette mère par les paroles ci-dessus.

  Car les hommes se reconnaissent à deux signes indiqués par la loi, à savoir : la circoncision pour les anciens pères, et le baptême pour les nouveaux docteurs ; et les hommes leur sont insoumis comme le boeuf à son joug, car, bien qu'il soit contraint par l'aiguillon, il tracerait un sillon de travers, s'il n'était pas assujetti au joug. De la même manière, les hommes ne marcheraient pas dans mes voies, s'ils n'étaient assujettis au joug de mes signes. C'est comme si un jeune homme, marchant par quelque sentier, son père lui disait : Marche par le droit chemin; sans lui donner cependant un glaive ni d'autres armes belliqueuses, pour se défendre en cas de péril. Que ferait-il alors? Il fuirait dénudé, et n'oserait ni ne pourrait se défendre du péril qui le menacerait, pour le détourner de sa route ; mais il se cacherait, parce qu'il ne serait pas défendu par l'armure terrible qui pourrait le préserver.

  Ainsi, mon peuple serait nu s'il n'était pas baptisé ; c'est pourquoi il apparaît terrible à ses ennemis qui le voient marqué de l'onction du baptême, par lequel signe il résiste puissamment à ceux qui veulent le détruire, que ce soit la foule humaine ou la légion diabolique.

  Mais une double loi ne devait pas être donnée à Adam. Comment ? Je lui ai donné une loi, à propos de l'arbre (de la science du bien et du mal), lorsqu'il me regardait dans l'innocence de son coeur ; mais lui-même me méprisa en se soumettant aux perfides suggestions de Satan ; ce qui fut si nuisible, qu'il ne peut plus me voir de ses yeux mortels, tant qu'il reste dans ce siècle qui passe. Mais, parce qu'Adam transgressa mon précepte, il demeura sans loi avec tout le genre humain, jusqu'au temps ou fut prédite la grande naissance du Fils de Dieu. Et l'avertissement du St-Esprit à Noé fut fait lorsque le genre humain se hâtait vers sa perte : alors, sur le déluge, s'érigea l'arche, parce que Dieu prévit, avant les siècles, qu'après cette humanité qui s'était souillée de la plus noire iniquité, une nouvelle race devait surgir. Car, après la mort d'Adam, sa race, ignorant que je suis Dieu, errait en disant : Qui est Dieu ? qui est Dieu? Et alors naissait parmi eux tout mal, de telle sorte que l'antique serpent, ayant brisé ses liens, courut au milieu d'eux pour leur persuader de faire toute sa volonté. Car il était déchaîné alors ; de telle sorte que, sans être menacé avant le déluge, l'avertissement du St-Esprit lui était un obstacle, comme je fus son adversaire en Noé par lequel naquit une nouvelle race ; lorsque j'instruisis tellement mon peuple, qu'il ne pût oublier mes leçons. Car l'avertissement du St-Esprit fut la première menace qui lui fut adressée en Noé ; mais ensuite, la circoncision le frappa à la mâchoire, dans la personne d'Abraham ; et après, l'Église le lia pour une ère nouvelle, jusqu'au temps ou le monde passera, au dernier jour.

  Mais moi, je permis que Satan exerçât sa puissance dans le monde, avant le déluge, à cause de l'antique combat dans lequel il vainquit Adam, jusqu'à ce qu'il eût rempli son ventre du cadavre de toute iniquité ; et cela, je le permis parce que mon jugement est juste. C'est pourquoi aussi je suscitai les eaux du déluge, et je fis mourir les pécheurs, réservant pour mes desseins mystérieux Noé, que le même Satan ne put dépouiller ; parce que, par ma volonté, (il l'emportait) sur le déluge. Et moi, je désignai dans le déluge un germe très pur, à savoir en annonçant au nouveau siècle mon Fils qui, venant silencieusement dans le monde, manifesta que la sainte Trinité devrait être véritablement adorée. Comment? Il montra trois ailes qui signifient la sainte Trinité ; ou toi Synagogue, tu me renieras, là, un autre peuple me reconnaîtra, et toi tu me glorifieras, ô Abraham. Car tu es fortifié par la circoncision, tu es environné de la forteresse de l'Ancien Testament, tu es orné de l'aurore du soleil de l'Église. Car je t'ai donné, à toi et à ta race, la circoncision, jusqu'à la venue de mon Fils, qui remettra ouvertement les péchés des hommes, et qui fera tomber la circoncision charnelle de l'ancien prépuce ; lorsque la fontaine du baptême surgira véritablement, dans la sanctification du bain de mon Fils.

  Mais ceux qui de ta race ne furent pas circoncis, au temps qui leur avait été prescrit, qu'ils fussent jeunes ou avancés en âge, transgressèrent le pacte de mon alliance, excepté les femmes auxquelles la circoncision ne fut pas ordonnée ; car la femme ne peut être circoncise, parce que le sein maternel est en elle, et ne peut être touché extérieurement ; et parce qu'elle est sous la puissance du mari, comme le serviteur sous celle de son maître. Car l'homme a trois mobiles de ses actes : la concupiscence, la force et l'amour.

  La concupiscence embrase la force et l'inclination vers l'objet, l'ardeur de la volonté proviennent des deux. Cela est ainsi, de même que dans la création d'Adam trois causes se manifestent, parce que la volonté de Dieu a formé l'homme pour manifester sa puissance, et il a complété son oeuvre, pour prouver son amour infini, lorsqu'il a créé l'homme à son image et à sa ressemblance. D'une part, la volonté de Dieu, de l'autre, la concupiscence de l'homme ; la puissance de Dieu et la force de l'homme; l'amour provenant de la volonté et de la puissance de Dieu, l'inclination de la concupiscence et de la force de l'homme. De cette manière, le genre humain est procréé par l'homme, de la femme, parce que Dieu a fait l'homme du limon de la terre, et la femme est constituée, en vertu de l'honneur, procréatrice, pour l'enfantement, comme la terre, en vertu du germe, pour produire des fruits. Comment cela ? La femme, au temps voulu, sent se révéler en elle cette humeur qui verse en elle la chaleur et la vertu procréatrice ; sans quoi, elle ne recevrait pas volontairement l'homme ; mais le méprisant, elle s'opposerait à sa volonté, et la procréation ne se produirait pas. Car si elle n'avait pas en elle, par la chaleur, la vertu procréatrice, elle resterait stérile, comme la terre aride qui ne peut être fécondée. Mais cette vertu ne produit pas toujours dans la femme, par la chaleur, l'incendie de la concupiscence ardente, avant que, touchée par l'homme, elle ressente l'ardeur de la passion : car, dans elle, la concupiscence n'est pas si forte et si ardente que dans l'homme, qui est puissant comme le lion, pour la concupiscence de I'oeuvre de procréation ; de telle sorte qu'il a la force de la concupiscence et de l'acte ; la femme ne pouvant que se soumettre à l'empire de sa volonté, car elle est occupée à la procréation, jusqu'à ce qu'elle produise ses fils dans le monde.

  Lorsque la femme aime mon Fils, désirant, dans son amour, observer la virginité : elle est toute belle dans son lit nuptial, parce qu'elle méprise l'ardeur qu'elle supporte pour sa charité ; ne voulant pas se laisser consumer par le feu de la passion, persévérant dans sa pudeur, car elle méprise l'homme charnel dans ses épousailles spirituelles, aspirant de tout son désir à la possession de mon Fils et repoussant le souvenir de l'homme charnel. Ô rejetons très chers! ô fleurs plus douces et plus suaves que tous les parfums ! ou la débile et faible nature s'élève comme l'aurore pour les épousailles de mon Fils, l'aimant d'un chaste amour, elle, étant son épouse, et lui étant son époux ; car il aime infiniment cette race de vierges, qui doit être ornée de parures insignes dans le royaume d'en-haut. Mais encore ?

  Lorsque la vertu de l'homme refuse de contracter le lien matrimonial, de telle sorte que l'homme, pour l'amour de mon Fils, se contraigne dans la vigueur de sa nature qui s'épanouit en vue de la procréation, réprimant ses membres pour qu'ils n'exercent pas la concupiscence de la chair: cela m'est très agréable, parce que l'homme, de cette manière, est vainqueur de soi-même. C'est pourquoi je le ferai le compagnon de mon Fils, et je le placerai comme un miroir très pur devant sa face, parce qu'il résiste courageusement au démon, qui avait attiré à lui le genre humain, par l'infidélité de sa faute honteuse. Pour qu'il fût arraché de ses liens, j'ai envoyé mon Fils dans le monde, né d'une Vierge très douce, sans aucune souillure du péché ; faisant couler la fontaine du salut, que lui-même l'agneau innocent consacra, afin que le prépuce (la marque) de l'ancien crime fût aboli par lui. Que signifie cela? Le prépuce très fâcheux, c'est le crime de la transgression d'Adam, que mon fils enleva, lorsque lui-même, entrant dans la fontaine du salut, consacra divinement la cohorte chrétienne, afin que l'antique serpent qui avait trompé l'homme, fût noyé dans ce bain. Comment ? Le Fils répond à la condition de son Père, et garde son héritage. Que signifie cela ? La race d'Adam, par sa transgression, fut chassée du Paradis ; et par le baptême du salut, elle reçut de mon Fils une nouvelle vie. Comment ? Lui-même fit entendre la voix de la bonne parole, aux incrédules qui résistèrent à mes préceptes ; de telle sorte que, dans la crainte, ils demandassent le pardon dans un esprit de contrition, comme Isaïe mon serviteur, selon ce qu'il a reçu de moi, en rend témoignage en disant : Et ils viendront à toi, les fils humiliés de ceux qui t'avaient abaissé ; et ils adoreront les vestiges de tes pas, ceux qui te calomniaient (1)

1) Et venient ad te curvi filii eorum qui humiliaverunt te, et adorabunt vestigia pedum tuorum omnes qui detrahebant tibi. (
Is 60,14).


  Que signifie cela ?

  Ô toi qui es la paix suprême et le soleil très pur, par toi germera la racine vivante, qui est la régénération de l'esprit et de l'eau ; lorsque viendront à te connaître ceux qui, dans l'infamie de leurs crimes, étaient sous le coup de la malédiction ; et ainsi, humiliés, ils se lèveront enfin pour la vérité et pour la justice. Comment ? Ils goûteront eux-mêmes la maternelle douceur de la vraie foi, en la voyant réellement, sans la comprendre ; mais en la saisissant par la fidélité de leur croyance. Et quels sont ceux-là ? Ceux qui, sortis du milieu d'eux par la matérialité du péché, ne te virent jamais avec une charité ardente ; mais en t'opprimant cruellement, t'affligèrent obstinément, comme si tu ne l'emportais pas sur eux; et, revenant à des sentiments meilleurs, t'aimèrent affectueusement. Et c'est pourquoi, lorsqu'ils auront embrassé la vraie foi, ils te regarderont comme leur roi et t'adoreront comme Seigneur, et ils se hâteront de courir, en suivant les sentiers sacrés que tu leur as indiqués ; de telle sorte qu'ils te contempleront toujours, les mains levées vers toi, et ils seront toujours avec toi dans l'accomplissement des bonnes oeuvres, par la foi, c'est-à-dire sans éprouver d'ennui en ta présence ; et ceux-là agiront ainsi, qui, auparavant, te déchirèrent sans crainte et sans respect, et qui, dans la haine et l'envie, se séparèrent de toi, avant que, te voyant dans l'ardeur de leur foi, ils s'unissent à toi amoureusement.

  Que signifie cela ? La chute d'Adam ferma le ciel dans mon indignation, lorsque l'homme me méprisa et qu'il écouta la fourberie du serpent. C'est pourquoi la gloire du paradis lui fut interdite. Et cette déchéance dura jusqu'à la manifestation de mon Fils qui, par ma volonté, entra dans les eaux du Jourdain ; ou ma voix retentit clairement, lorsque je dis qu'Il était mon Fils bien aimé, dans lequel j'ai mis toutes mes complaisances ; parce que je voulus, à la fin des temps (marqués), racheter l'homme par mon Fils, qui m'est uni d'un lien d'amour, aussi indissolublement que le rayon adhère au miel, et qui aussi me désignait, moi fontaine de vie, lorsque lui, fontaine du salut, ressuscitait, les âmes de la mort éternelle, en leur accordant la rémission des péchés, dans l'eau, par le St-Esprit. C'est pourquoi le St-Esprit lui apparut, parce que la rémission des péchés se fait par lui aux fidèles, quand, par un mystère mystique, le St-Esprit, sous la forme d'une colombe douce et naïve, manifesta mon Fils unique ; car le St-Esprit est la justice infinie et le sincère distributeur de tous les dons parfaits.

  Et cela était convenable, parce que mon Fils est né d'une vierge, sans aucune souillure de crime, afin que l'homme aussi, qui est né avec le péché, de l'homme et de la femme, pût renaître splendidement et glorieusement sans péché, comme mon Fils dit lui-même à Nicodème dans l'Evangile : En vérité, en vérité, je te le dis, si quelqu'un ne renaît pas de l'eau et de l'esprit il ne peut rentrer dans le royaume de Dieu.(1)

(1) Amen, amen dico tibi, nisi quis renatus fuerit ex aqua et spiritu, non potest introire in regnum Dei. (Jn 3,3)



  Que signifie cela ? Je te le dis avec une certitude constante et non avec une ambiguïté instable, à toi qui es né de la corruption : que l'homme qui a été engendré dans la chaleur de la concupiscence et enveloppé d'un vêtement contaminé, s'il ne renaît pas dans la vraie joie du nouvel enfantement, dans l'eau de la sanctification et l'esprit d'illumination, sera confondu dans le temps de sa négligence. Comment ? Parce que l'homme, comme l'eau, inonde avec l'esprit de sa force, car, de même que l'eau purifie les souillures, et que l'esprit vivifie les choses inanimées, (s'il n'est pas purifié dans une génération véritable), il ne pourra, par la porte du salut, devenir l'héritier du royaume de son Créateur, parce qu'il est embarrassé dans les liens du péché du premier père, que Satan a trompé frauduleusement. Comment ? Car, de même que le voleur qui veut prendre le trésor précieux du roi, rentre furtivement: ainsi une conception défectueuse s'insinue par l'orifice creusé par l'artifice de Satan, de telle sorte qu'il enlève méchamment lui-même, en ceux qui sont le tabernacle du St-Esprit, la perle de l'innocence et de la chasteté. C'est pourquoi maintenant ils doivent être purifiés par l'opération sainte de l'ablution. Car l'ardeur mortelle que la passion embrasa dans l'augmentation de la concupiscence, provenant de la prévarication des préceptes du Dieu tout-puissant, devait être éteinte (submergée) par celui qui ne cache jamais envieusement ses merveilles, mais les dévoile miséricordieusement dans son amour incompréhensible. Ecoutez donc le Fils, dans sa constitution, en vue de la régénération qui est la révélation de mon royaume ; et apprenez de lui, à accomplir mes préceptes. Faites ainsi, car cela m'est agréable, et prenez garde que l'antique serpent ne vous séduise ; et vous ne mourrez pas, si vous gardez (l'innocence) de votre baptême, comme il vous est ordonné, au nom de la sainte Trinité. Et toutes les fois que vous tomberez, relevez-vous en vous corrigeant, par la pénitence que vous ferez de vos fautes, selon ma miséricorde. Ô vous, mes fils bien-aimés, reconnaissez la bonté de votre père, qui vous a délivrés en vertu de ses mérites, par la confession sincère et le pardon véritable, de la gueule du démon ; et qui vous a octroyé tous les biens, en vertu desquels vous devez travailler pour posséder la céleste Jérusalem, que vous avez perdue par une fourberie désastreuse ; car nul ne peut récupérer l'héritage perdu, que par la sueur du travail. Mais vous pouvez recevoir la suprême béatitude, c'est-à-dire l'excellence de votre héritage facilement et non en vertu d'une loi difficile. Car le St-Esprit, comme il a été dit, chasse de l'homme la puissance de Satan par le baptême, le sanctifiant comme un homme nouveau, par la régénération ; afin qu'il puisse recouvrer les joies perdues. C'est pourquoi, quiconque veut être sauvé par la purification des péchés, ne refuse pas d'être régénéré.

  Car j'ai ordonné aux mâles de la race d'Abraham la circoncision d'un seul membre ; mais, par mon Fils, j'ai prescrit aux hommes et aux femmes de tous les peuples la circoncision de tous les membres.

  Comment ? La Circoncision du baptême a pris son origine dans le baptême de mon Fils; et elle doit durer jusqu'au dernier jour ; et après ce jour sa sainteté durera pour l'éternité et n'aura pas de fin ; et ainsi, ceux qui seront circoncis dans le bain du baptême se conserveront, s'ils persévèrent dans l'innocence baptismale, par l'accomplissement des bonnes oeuvres ; parce que je recevrai l'homme, jeune ou avancé en âge, s'il est fidèle à l'alliance qu'il a contractée avec moi, en croyant à ma parole, en me confessant dans la Trinité véritable, par lui-même ou par ceux qui répondaient pour lui, soit qu'il fût enfant, ou qu'étant muet et privé de la parole, il dût emprunter le langage d'autrui ; et je ne le perdrai pas pour l'éternité, comme celui qui aurait refusé de recourir à cette fontaine, et d'accomplir les oeuvres de la foi ; ainsi qu'il est écrit dans la doctrine de l'Evangile de mon Fils : Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; mais celui qui ne croira pas sera condamné. (1)

(1) Qui crediderit et baptizatus fuerit, salvus erit qui vero non crediderit condemnabitur. (Mc 16,16)


  Que signifie cela? L'homme qui, par sa science qui est I'oeil intérieur, voit ce qui est caché au regard extérieur, et ne doute pas de ces choses, celui-là croit d'une manière très sûre, et c'est la foi, car, ce que l'homme voit extérieurement, il le connaît aussi extérieurement ; et ce qu'il voit en soi, intérieur, il le considère également en lui-même. C'est pourquoi, lorsque la science de l'homme regarde amoureusement, par le miroir de la vie, l'incompréhensible divinité que I'oeil extérieur ne peut contempler: alors les désirs de la chair sont réprimés et se heurtent contre la pierre. Aussi l'esprit de cet homme aspire vers les vrais sommets, ressentant cette régénération, que le Fils de l'homme, conçu du St-Esprit, apporta, qu'une mère très pure reçut, non de la chair de l'homme qui peine dans la volupté, mais par un mystère du créateur de toutes choses. Ce Fils plein de douceur, venant (en ce monde) montra dans l'eau un très pur et vivant miroir ; de telle sorte que, par lui, l'homme vit dans la régénération. Car, de même que l'homme naît de la chair, par la divine puissance qui le crée sur la forme d'Adam : ainsi le St-Esprit restitue la vie à l'âme, par le baptême de l'eau, lorsqu'elle reçoit en elle l'esprit de l'homme, pour le ressusciter à la vie, comme auparavant il a été suscité dans le sang lorsqu'il s'est manifesté dans le vase corporel. De même en effet que la forme de l'homme prend une manière sensible, lorsqu'elle est appelée homme : ainsi l'esprit de l'homme, devant les yeux de Dieu, est vivifié dans l'eau (baptismale), afin que Dieu le reconnaisse pour l'héritage de vie. De là vient que celui qui (se purifie) à la fontaine du salut, et ne viole pas le pacte de justice, trouve la vie dans le salut, parce qu'il a cru fidèlement. Mais celui qui ne veut pas croire est mort, parce qu'il ne possède pas le souffle de l'esprit, qui peut le faire voler dans les hauteurs du ciel. Or dans son aveuglement il tâtonne, ne vivant pas dans la science ténébreuse de la chair, parce qu'il ignore la discipline de vie, que Dieu a inspirée à l'homme, qui veut monter plus haut contre la volonté de la chair. C'est pourquoi, celui-là sera condamné dans la mort d'infidélité, parce qu'il n'a pas reçu le baptême du salut. Car je n'ai écarté ni les temps ni les races de ce salut, mais j'ai donné miséricordieusement cette vocation à tout peuple, par mon Fils.

  En effet, en quelque temps que ce soit, des heures qui passent, de quelque sexe ou de quelque âge que soit l'homme, mâle ou femelle, enfant ou vieillard, lorsqu'il reçoit le baptême dans un sentiment de dévotion, je le reçois avec l'aide de l'amour. Et je ne refuse pas le bain du baptême de l'enfant, comme quelques faux docteurs le disent ; et ils mentent en prétendant que je dédaigne une telle oblation, puisque dans l'Ancien Testament je n'ai pas refusé la circoncision de l'enfant, que lui-même ne pouvait demander de sa voix, ni accepter par sa volonté, mais que les parents accomplissaient pour lui. Ainsi pareillement, dans la nouvelle grâce, je ne dédaigne pas le baptême de l'enfant, quoiqu'il ne le demande ni par sa parole ni par son consentement; mais ces choses se faisant pour lui, par l'intermédiaire des parents. Et cependant, si celui-là (le baptisé) désire mériter le salut, il doit accomplir le plus équitablement la promesse fidèle que les siens ont faite pour lui, en le présentant à la fontaine Sacrée. Ils doivent être trois, en l'honneur de la sainte Trinité, à savoir : le prêtre qui le baptise, et deux autres qui prononcent pour lui les paroles de foi. Mais ceux là sont ainsi unis par le baptême au baptisé ; et ils ne peuvent lui être unis pour la procréation charnelle, à cause du lien spirituel qui les attache à lui car, dans le baptême de mon Fils, moi Père, je me manifestai: ce que montre le prêtre qui bénit dans l'administration du baptême ; et le St-Esprit descendit sous la forme d'une colombe: ce qu'indique, dans la simplicité du coeur, celui qui parle pour l'instruire à celui qui reçoit le baptême ; et mon Fils qui devait être baptisé dans la chair était là : ce qu'indique la femme présente dans sa douceur maternelle, pour la très douce incarnation de ce même Fils. Et maintenant ? De même que l'enfant se nourrit corporellement du lait et des mets à lui préparés par un autre : ainsi pareillement, il doit observer du fond du coeur la doctrine et la foi à lui proposées dans le baptême. Que, s'il ne suce pas le sein maternel et ne prend pas la nourriture qu'on lui prépare, il meurt incontinent : de même, s'il ne reçoit pas la nourriture de sa très pieuse mère l'Église, et ne garde pas les paroles que les fidèles docteurs proposent dans le baptême, il n'évite pas la cruauté de la mort de l'âme, parce qu'il refuse le salut de son âme et les délices de la vie éternelle. Et de même que, pour l'enfant qui ne peut mâcher de ses dents la nourriture corporelle, un autre les prépare pour lui, de peur qu'il ne meure : ainsi pareillement il faut faire, lorsqu'il n'a pas de parole, pour confesser ma foi dans le baptême des tuteurs spirituels doivent lui proposer la nourriture de vie, c'est-à-dire la foi catholique, de peur qu'il ne tombe dans les liens de la mort éternelle.

  Comment ? Le Seigneur propose à son serviteur sa volonté, par la voix de celui qui enseigne, et il l'accomplit par la crainte ; et la mère instruit sa fille dans la charité, et celle-ci observe ses paroles avec fidélité; et de même, les débiteurs de la foi profèrent, d'une manière opportune, les paroles du salut au baptisé, afin que celui-ci les observe avec une fidèle dévotion, pour l'amour des biens célestes.

  Car nul n'est écrasé sous le poids des péchés, si, au nom de la très Sainte Trinité, est envoyé dans le St-Baptême, celui qui efface toute souillure de ses péchés; comme dans l'enfant qui est plongé dans la fontaine de la régénération, j'efface véritablement l'ancienne faute d'Adam. Mais tu n'admires pas, ô homme, que dans la fontaine du baptême, l'homme soit justifié de tous ses péchés, de telle sorte qu'il est débarrassé miséricordieusement en elle, du poids de ses péchés. Car, l'innocent agneau qui, sans aucune souillure du péché, est rentré dans les eaux du baptême, en vertu du grand moyen de sanctification qu'est son incarnation, a ôté miséricordieusement, dans le baptême, les péchés des hommes.

  Mais je scrute toutes choses minutieusement, et dans ce siècle et dans l'éternité, ou la mort des corps n'est pas ; et toutes choses sont (pour moi) sans voiles. Que signifie cela ? La géhenne se prouve par les oeuvres de mort, et la vie éternelle par les oeuvres qui sont un gage de vie. Comment ? La mort se prouve par la mort, parce que lorsque l'homme, par un juste jugement de Dieu, meurt dans le péché sans la pénitence et sans la miséricorde de Dieu (qu'il ne demande pas), sa mort se résoud par la mort de l'enfer. Mais la vie se prouve par la vie, de telle sorte que les bonnes oeuvres resplendissent dans le ciel, lorsqu'elles sont dominées par la vie éternelle. Ainsi donc, ceux qui sont baptisés dans la fontaine de bénédiction, sont éprouvés dans les oeuvres de sainteté de la régénération sainte. Et lorsque, dans ce cas, je suis invoqué par les supplications de la bénédiction du prêtre, mes. oreilles s'ouvrent aux paroles de foi, bien que celui qui m'invoque alors soit dans les entraves du péché. Car, quoique le prêtre soit un pécheur, cependant j'accepte de lui l'office du baptême, s'il l'exerce fidèlement par l'invocation de mon nom. Mais son iniquité sera sa propre condamnation, s'il y persévère sans faire pénitence. Toutefois, je ne refuse pas de recevoir de lui la célébration du baptême, lorsqu'il m'invoque avec les paroles de foi. Que signifie cela ? Si quelque homme riche a un intendant, qui dispense avec justice ses biens à ses soldats, exerçant ainsi fidèlement son emploi, bien que ce même dispensateur se rende coupable, sur un autre point de sa gestion, son maître cependant ne dédaigne pas de recevoir de lui ses bons offices, en lui disant peut-être : Tu es un mauvais serviteur dans l'accomplissement de ton devoir. Ce qui fait qu'il le considère comme indigne dans son esprit, sans toutefois dédaigner de recevoir les oeuvres de sa justice. Ainsi pareillement, moi qui ai nombre de dispensateurs, je ne refuse pas de recevoir mon sacrement des mains du prêtre qui, oint légitimement, demeure fidèlement dans son office, bien qu'il soit répréhensible sur ses autres oeuvres ; et tout en le jugeant contraire à moi, par ses autres actes injustes, je ne refuse pas cependant de recevoir de lui ce qui est mien.

  Que si quelqu'un veut être baptisé, pensant que la séparation de son âme et de son corps est proche, et qu'ayant demandé un prêtre, il ne puisse l'obtenir: alors, si quelqu'un verse sur lui l'eau, en invoquant la Sainte Trinité, il est baptisé. Et par cette ablution, il reçoit la rémission de ses péchés et la grâce de la suprême béatitude, parce qu'il est baptisé dans la foi catholique, et ce baptême ne pourra être changé. Mais cependant, dans cette invocation, aucune de ces trois ineffables personnes ne peut être omise, car, si quelqu'une des trois est omise par infidélité dans l'invocation, alors la vérité n'opère pas le salut, mais plutôt l'erreur cause la déception. Donc, l'invocation de cette ineffable Trinité ne peut faire défaut; car la Trinité se manifesta dans le baptême très pur de mon Fils ; et elle déclara merveilleusement, par elle-même, ses miracles. C'est pourquoi, que les hommes qui veulent être sauvés reçoivent, en vue du salut, la régénération de la vie; et qu'ils ne négligent pas de la recevoir, s'ils ne veulent périr ; car, de même qu'un avorton, qui périt sans chaleur vitale, est rejeté sans qu'il puisse s'attacher aux entrailles maternelles, ni dans sa formation ni dans son accroissement; ainsi pareillement, dans le péril de mort, restent sans la consolation du St-Esprit, ceux qui ne sont purifiés ni dans l'esprit, ni dans l'acte du Sacrement de l'Église, qui est la mère de toute sainteté. Que tous les peuples écoutent et entendent ces paroles, s'ils veulent pénétrer dans le royaume de Dieu, par la régénération de l'esprit et de l'eau, selon ce qui leur a été proposé dans les Saintes Ecritures par le don du St-Esprit.

  Mais celui qui voit de ses yeux ouverts, et écoute de ses oreilles attentives, fait ses délices de ces paroles mystiques, qui émanent de moi qui suis la Vie.



Scivias FR 2100