SMGDM, Secret de Marie - Effets de cette dévotion

Cette dévotion, fidèlement pratiquée, produit une infinité d'effets dans l'âme. Mais le principal don que les âmes possèdent, c'est d'établir ici-bas la vie de Marie dans une âme, en sorte que ce n'est plus l'âme qui vit, mais Marie en elle, où l'âme de Marie devient son âme, pour ainsi dire. Or, quand par une grâce ineffable, mais véritable, la divine Marie est Reine dans une âme, quelles merveilles n'y fait-elle point? Comme elle est l'ouvrière des grandes merveilles, particulièrement à l'intérieur, elle y travaille en secret, à l'insu même de l'âme qui, par sa connaissance détruirait la beauté de ses ouvrages... Is 55,8-9

Comme elle est partout Vierge féconde, elle porte dans tout l'intérieur où elle est la pureté de coeur et de corps, la pureté en ses intentions et ses desseins, la fécondité en bonnes oeuvres. Ne croyez pas, chère âme, que Marie, la plus féconde de toutes les créatures, et qui est allé jusqu'au point de produire un Dieu, demeure oiseuse en une âme fidèle. Elle la fera vivre sans cesse à Jésus-Christ, et Jésus-Christ en elle. Filioli mei, quos iterum parturio donec formetur Christus in vobis: mes petits enfants, pour qui j'endure de nouveau les douleurs de l'enfantement, jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous. Ga 4,19 Et si Jésus-Christ est aussi bien le fruit de Marie en châque âme en particulier que par tout le monde en général, c'est particulièrement dans l'âme où elle est que Jésus-Christ est son fruit et son chef d'oeuvre.

Enfin, Marie devient toute chose à cette âme auprès de Jésus-Christ: elle éclaire son esprit par sa pure foi. Elle approfondit son coeur par son humilité, elle l'élargit et l'embrase par sa charité, elle le purifie par sa pureté, elle n'anoblit et l'agrandit par sa maternité. Mais à quoi est-ce que je m'arrête? Il n'y a que l'expérience qui apprend ces merveilles de Marie, qui sont incroyables aux gents savants et orgueilleux, et même au commun des dévots et dévotes...

Comme c'est par Marie que Dieu est venu au monde pour la première fois, dans l'humiliation et l'anéantissement, ne pourrait-on pas dire aussi que c'est par Marie que Dieu viendra une seconde fois, comme toute l'Eglise l'attend, pour régner partout et pour juger les vivants et le morts? Savoir comment cela se fera, et quand cela se fera, qui est-ce qui le sait? Mais je sais bien que Dieu, dont les pensées sont plus éloignées des nôtres que le ciel ne l'est de la terre, viendra dans un temps et de la manière la moins attendue des hommes, même les plus savants et les plus intelligents dans l'Ecriture sainte, qui est fort obscure à ce sujet.

L'on doit croire encore que sur la fin des temps, et peut-être plus tôt qu'on ne pense, Dieu suscitera de grands hommes remplis du Saint Esprit et de celui de Marie, pour lesquels cette divine Souveraine fera de grandes merveilles dans le monde, pour détruire le péché et établir le règne de Jésus-Christ, son Fils, sur celui du monde corrompu; et c'est par le moyen de cette dévotion à la très Sainte Vierge, que je ne fais que tracer et amoindrir par ma faiblesse, que ces saints personnages viendront à bout de tout...

Outre la pratique intérieure de cette dévotion, dont nous venons de parler, il y en a d'extérieures qu'il ne faut pas omettre ni négliger.
La première, c'est de se donner à Jésus-Christ, en quelque jour remarquable, par les mains de Marie, de laquelle on se fait esclave, et de communier à cet effet ce jour-là, et le passer en prières: laquelle consécration on renouvellera au moins tous les ans, au même jour.
La seconde pratique, c'est de donner tous les ans, au même jour, un petit tribut à la Sainte Vierge, pour lui marquer sa servitude et sa dépendance: ç'a toujours été l'hommage des esclaves envers leurs maîtres. Or, ce tribut est ou quelque mortification, ou quelque aumône ou quelque pèlerinage, ou quelques prières. Le bienheureux Marin, au rapport de son frère, saint Pierre Damien, prenait la discipline publiquement tous les ans, au même jour, devant un autel de la Sainte Vierge. On ne demande ni conseille cette ferveur; mais, si l'on ne donne pas beaucoup à Marie, l'on doit au moins offrir ce qu'on lui présente avec un coeur humble et bien reconnaissant...
La troisième est de célébrer tous les ans, avec une dévotion particulière, la fête de l'Annonciation, qui est la fête principale de cette dévotion, qui a été établie pour honorer et imiter la dépendance où le Verbe éternel se mit en ce jour, pour notre amour...
La quatrième pratique extérieure est de dire tous les jours, sans obligation à aucun péché, si l'on y manque, la Petite Couronne de la très Sainte vierge, composée de trois Pater et de douze Ave, et de réciter souvent le Magnificat, qui est l'unique cantique que nous ayons de Marie, pour remercier Dieu de ses bienfaits et pour en attirer de nouveaux; surtout, il ne faut pas manquer de le réciter après la sainte communion, pour action de grâces, comme le savant Gerson tient que la Sainte Vierge même faisait après la communion...
Le cinquième, c'est de porter une petite chaîne bénite au cou, ou au bras, ou au pied, ou au travers du corps. Cette pratique peut absolument s'omettre, sans intéresser le fond de cette dévotion; mais cependant, il serair pernicieux de la mépriser et de la condamner, et dangereux de la négliger.
Voiçi les raisons qu'on a de porter cette marque extérieure: 1) pour se garantir des funestes chaînes du péché originel et actuel, dont nous avons été liés; 2) pour honorer les cordes et les liens amoureux dont Notre-Seigneur a bien voulu être garotté, pour nous rendre vraiment libre; 3) comme ces liens sont des liens de charité, traham eos in vinculis caritatis Os 11,4, c'est pour nous faire souvenir que nous ne devons agit que par le mouvement de cette vertu; 4) enfin, c'est pour nous faire ressouvenir de notre dépendance de Jésus et de Marie, en qualité d'esclave, qu'on a coutume de porter semblables chaînes.
Plusieurs grands personnages, qui s'étaient faits esclaves de Jésus et de Marie, estimaient tant ces chaînettes qu'ils se plaignaient de ce qu'il ne leur était pas permis de les traîner publiquement à leur pied comme les esclaves des Turcs.
O chaînes plus précieuses et plus glorieuses que les colliers d'or et de pierres précieuses de tous les empereurs, puisqu'elles nous lient à Jésus-Christ et à sa sainte Mère, et en sont les illustres marques et livrées!
Il faut remarquer qu'il est à propos que les chaînes, si elles ne sont pas d'argent, soient au moins de fer, à cause de la commodité...
Il ne les faut jamais quitter pendant la vie, afin qu'elles nous puissent accompagner jusqu'au jour du jugement. Quelle joie, quelle gloire, quel triomphe pour un fidèle esclave, au jour du jugement, que ses os, au son de la trompette se lèvent de terre encore liés par la chaîne de l'esclavage, qui apparemment ne sera point pourrie! Cette seule pensée doit animer fortement un dévot esclave à ne la jamais quitter, quelque incommode qu'elle puisse être à la nature.






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