Homéliaire patristique 165

6e dimanche de Pâques C

165 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (
Jn 14,23-29)

A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples: "Si quelqu'un m'aime, il restera fidèle à ma parole. Mon Père l'aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui."

Homélie

au choix

Le Christ vient habiter en nous

Homélie de saint Bernard (+ 1153)

Sermon 27, 8-10, éd J leclercq, 1, 188. 189

Le Père et moi, disait le Fils, nous viendrons chez lui, c'est-à-dire chez l'homme qui est saint, nous irons demeurer auprès de lui (Jn 14,23). Et je pense que le prophète n'a pas parlé d'un autre ciel, lorsqu'il a dit: Tu habites chez les saints, toi la gloire d'Israël (cf. ps 21,4)! Et l'Apôtre dit clairement: Par la foi, le Christ habite en nos coeurs (Ep 3,17).

Il n'est donc pas surprenant que le Christ se plaise à habiter ce ciel-là. Alors que pour créer le ciel visible il lui a suffi de parler, il a lutté pour acquérir celui-là, il est mort pour le racheter. C'est pourquoi, après tous ses travaux, ayant réalisé son désir, il dit: Voici le lieu de mon repos à tout jamais, c'est là le séjour que j'avais choisi (Ps 131,14). Et bienheureuse celle à qui il est dit: Viens, mon épouse choisie (Ct 2,10-13), je mettrai mon trône en toi.

Pourquoi, maintenant, te désoler, ô mon âme, et gémir sur moi (Ps 41,6)? Penses-tu trouver en toi aussi une place pour le Seigneur? Et quelle place en nous est digne d'une telle gloire, et suffit-elle à recevoir sa Majesté? Puisse-je seulement l'adorer aux lieux où se sont arrêtés ses pas? Qui m'accordera de pouvoir au moins suivre les traces d'une âme sainte qu'il s'est choisie pour son domaine (Ps 32,12)? Cependant puisse-t-il aussi daigner répandre en mon âme l'onction de sa miséricorde, si bien que je sois capable de dire, moi aussi: Je cours dans la voie de tes volontés, car tu mets mon coeur au large (Ps 118,32). Je pourrai peut-être, moi aussi, montrer en moi, sinon une grande salle toute prête, où il puisse manger avec ses disciples (Mc 14,15), du moins un endroit où il puisse reposer sa tête (Mt 8,20).

Il est nécessaire que l'âme grandisse et s'élargisse pour être capable de Dieu. Or, sa largeur, c'est son amour, comme dit l'Apôtre: Élargissez-vous dans la charité (2Co 6,13). Car, bien que l'âme n'ait aucune quantité corporelle puisqu'elle est esprit, la grâce lui confère ce que sa nature exclut. Oui, elle grandit et elle s'étend, mais de façon spirituelle. Elle grandit et elle progresse vers l'état de l'homme parfait, à la plénitude de la stature du Christ (Ep 4,13). Elle grandit aussi pour devenir un temple saint dans le Seigneur (Ep 2,21). La grandeur de chaque âme est donc à la mesure de sa charité. Si bien que celle qui a beaucoup de charité est grande, celle qui en a peu est petite, celle qui n'a rien est néant. Saint Paul affirme en effet: Si je n'ai pas l'amour, je ne suis rien (1Co 13,12).

ou bien

Le retour du Christ au Père: notre gloire et notre joie

Homélie de saint Léon le Grand (+ 461)

Sermon 77, 5, CCL 138 A, 490-493.

Nous avons entendu dans l'Évangile le Seigneur dire à ses disciples: Si vous m'aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi (Jn 14,28). Mais nous avons aussi entendu souvent ces autres paroles: Le Père et moi, nous sommes UN (Jn 10,30), ou bien encore: Celui qui me voit voit aussi le Père (Jn 14,9). Aussi nous comprendrons le premier passage sans mettre une différence dans la divinité, dans cette essence que nous avons toujours reconnue comme coéternelle et consubstantielle avec le Père.

Donc, ce que le Christ souligne, même pour les Apôtres, c'est l'élévation procurée à l'homme par l'incarnation du Verbe. Alors qu'ils étaient troublés par l'annonce du départ du Seigneur, celui-ci vient les élever jusqu'aux joies éternelles en leur montrant l'accroissement de sa gloire: Si vous m'aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père. C'est-à-dire, vous seriez dans la joie si vous pouviez voir, par une connaissance parfaite, quelle gloire vous apporte le fait que, engendré par le Père, je suis engendré aussi d'une mère appartenant à l'humanité: Oui, moi-même, Seigneur de l'éternité, j'ai voulu être l'un des mortels; invisible par nature, je me suis rendu visible; étant éternellement dans la condition de Dieu, j'ai pris la condition de serviteur (Ph 2,7). Vraiment, en voyant tout cela, vous devriez être dans la joie puisque je pars vers le Père.

En effet, cette ascension vous est avantageuse, et c'est votre bassesse qui, en ma personne, doit être établie au-dessus de tous les cieux, à la droite du Père. Quant à moi, qui suis avec le Père ce que le Père est lui-même, je demeure inséparable de celui qui m'engendre. Et ainsi, en venant vers vous, je ne m'éloigne pas de lui, de même qu'en venant vers lui je ne vous abandonne pas.

Soyez donc dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai unis à moi, en effet, et je suis devenu fils d'homme pour que vous puissiez être fils de Dieu. Aussi, bien que je sois le même dans l'un et l'autre de ces états, du fait que je me rends semblable à vous, je suis inférieur au Père. Mais du fait que je ne me sépare pas de lui, je suis encore supérieur à moi-même.

Que la nature qui est inférieure au Père aille donc vers le Père, afin que la chair soit toujours là où est le Verbe. Et que l'unique foi de l'Église catholique, sans refuser qu'il soit inférieur au Père par son humanité, croie fermement qu'il lui est égal par sa divinité.

Prière

Dieu tout-puissant, accorde-nous, en ces jours de fête, de célébrer avec ferveur le Christ ressuscité: que le mystère de Pâques dont nous faisons mémoire reste présent dans notre vie et la transforme. Par Jésus Christ.


Ascension du Seigneur C

166 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (
Lc 24,46-53)

Jésus ressuscité, apparaissant à ses disciples, leur disait: "Il fallait que s'accomplisse ce qui était annoncé par l'Écriture: les souffrances du Messie, sa résurrection d'entre les morts le troisième jour, et la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés à toutes les nations, en commençant par Jérusalem."

Homélie

Il est allé nous préparer une place

Homélie de saint Cyrille d'Alexandrie (+ 444)

Commentaire sur l'évangile de Jean, 9, sur Jn 14,2-3; PG 74, 182-183.

Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure; sinon, est-ce que je vous aurais dit: Je pars vous préparer une place? (Jn 14,2) <> Si les demeures auprès du Père n'avaient pas été nombreuses, le Seigneur aurait dit qu'il partait en avant-coureur, manifestement afin de préparer les demeures des saints. Mais il savait que beaucoup étaient déjà prêtes et attendaient l'arrivée des amis de Dieu. Il donne donc un autre motif à son départ: préparer la route à notre ascension vers ces places du ciel en frayant un passage, alors qu'auparavant cette route était impraticable pour nous. Car le ciel était absolument fermé aux hommes, et jamais aucun être de chair n'avait pénétré dans ce très saint et très pur domaine des anges.

C'est le Christ qui inaugura pour nous ce chemin vers les hauteurs. En s'offrant lui-même à Dieu le Père comme les prémices de ceux qui dorment dans les tombeaux de la terre, il permit à la chair de monter au ciel, et il fut lui-même le premier homme apparu à ses habitants. Les anges ne connaissaient pas le mystère auguste et grandiose d'une intronisation céleste de la chair. Ils voyaient avec étonnement et admiration cette ascension du Christ. Presque troublés à ce spectacle inconnu, ils s'écriaient: Quel est celui-là qui arrive d'Édom (Is 63,1), c'est-à-dire de la terre? Mais l'Esprit ne permit pas que la milice céleste demeurât dans l'ignorance de cette disposition admirable de la sagesse de Dieu le Père. Il ordonna qu'on ouvrît les portes devant le Roi et Seigneur de l'univers: Princes, ouvrez vos portes, portes éternelles: qu'il entre, le roi de gloire (Ps 23,7 LXX)!

Donc, notre Seigneur Jésus Christ inaugura pour nous cette voie nouvelle et vivante: comme dit saint Paul, il n'est pas entré dans un sanctuaire construit par les hommes, mais dans le ciel lui-même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu (He 9,24).

En effet, le Christ n'est pas monté pour se faire voir de Dieu son Père, car il était, il est et il sera toujours dans le Père, sous le regard de celui qui l'engendre, et c'est en lui qu'il se réjouit éternellement. Il monte maintenant, d'une façon étrange et insolite pour un homme, lui, le Verbe qui, à l'origine, n'avait pas revêtu l'humanité. S'il l'a fait, c'est pour nous et en notre faveur, afin que, reconnu comme un homme (Ph 2,7), mais avec la puissance du Fils, et entendant avec sa chair ce décret: Siège à ma droite (Ps 109,1), il puisse, établi lui-même comme Fils, transmettre la gloire de la filiation à tout le genre humain.

Car, puisqu'il est devenu homme, c'est comme l'un de nous qu'il siège à la droite du Père, bien qu'il soit supérieur à toute la création et consubstantiel au Père - il est en effet vraiment venu de lui, puisqu'il est Dieu venu de Dieu et lumière venue de la lumière.

Comme homme, il s'est présenté devant le Père en notre faveur, pour nous rendre capables de nous tenir debout devant la face du Père, alors que l'antique péché nous en avait chassés. Comme Fils, il s'est assis pour que nous-mêmes, à cause de lui, nous puissions être appelés fils de Dieu.

Aussi Paul, persuadé de parler au nom du Christ (cf. 2Co 13,3), enseigne-t-il que tout ce qui a été accordé au Christ est communiqué à l'humanité, puisque Dieu nous a ressuscités avec Jésus Christ et nous a fait asseoir dans les cieux avec lui (Ep 2,6). L'honneur et la gloire de siéger au ciel est propre au Christ, qui est Fils par nature. C'est à lui seul que cela revient et que nous le reconnaissons au sens strict. Il a beau avoir pris notre ressemblance en apparaissant comme un homme: la divinité lui appartient parce qu'il est Dieu, mais il nous transmet mystérieusement le don d'une telle dignité.

Prière

Dieu qui élèves le Christ au-dessus de tout, ouvre-nous à la joie et à l'action de grâce, car l'Ascension de ton Fils est déjà notre victoire: nous sommes les membres de son corps, il nous a précédés dans la gloire auprès de toi, et c'est là que nous vivons en espérance. Par Jésus Christ.


7e dimanche de Pâques C

167 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (
Jn 17,20-26)

A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, les yeux levés au ciel, il priait ainsi: "Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi."

Homélie

Unis au Christ par l'Esprit

Homélie de saint Cyrille d'Alexandrie (+ 444)

Commentaire sur l'évangile de Jean, 11, 11; PG 74, 553.557-560

Notre Seigneur Jésus Christ ne prie pas seulement pour les douze disciples. Il prie pour tous ceux qui, à toutes les époques, croiront à leur prédication et voudront bien se sanctifier par la foi et se purifier en communiant à l'Esprit Saint. <>

Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi, pour qu'eux-mêmes soient un en nous (Jn 17,21). <> Le Fils unique est le rayonnement de la substance même de Dieu le Père, et il contient le Père tout entier dans sa propre nature. Il s'est fait chair (Jn 1,14) selon les Écritures, se mêlant en quelque manière à notre nature, par une union et conjonction indicible avec ce corps terrestre. Ainsi sont unies en lui des réalités qui, par nature, sont éloignées au maximum, et il accorde à l'homme de communier et de participer à la nature divine (2P 1,4). En effet, la communication et l'habitation du Saint-Esprit se sont propagées jusqu'à nous, et elles subsistent en nous, alors qu'elles ont commencé par le Christ.

Devenu semblable à nous en devenant homme (cf. Ph 2,7), on comprend qu'il a été consacré et sanctifié, bien qu'il soit Dieu par nature, en tant qu'il est apparu comme issu du Père. Et lui-même, par son Esprit, sanctifie son temple et toute la création dont il est l'artisan, sur laquelle rejaillit la sanctification.

C'est pourquoi le mystère du Christ est comme le principe et le chemin par lequel nous obtiendrons d'être participants de l'Esprit (He 6,4) et unis à Dieu. Nous sommes tous sanctifiés en lui, de la manière que nous venons de dire. Par sa propre sagesse et par la décision du Père, le Fils a inventé une certaine manière de nous faire progresser dans l'union avec Dieu et entre nous, malgré les différences corporelles et spirituelles qui nous caractérisent.

Dans un seul corps, qui est évidemment le sien, il bénit tous ceux qui croient en lui. Par l'échange sacramentel, il les rend un même corps avec lui (Ep 3,6) et entre eux. Qui donc pourrait diviser, en brisant leur union naturelle, ceux qui, par ce saint corps, ont été amenés à l'unité avec le Christ? Car, si nous avons tous part à un seul pain, la multitude que nous sommes devient un seul corps (1Co 10,17). Le Christ ne peut être divisé. C'est pourquoi l'Église est appelée le Corps du Christ, et nous, ses membres particuliers, comme le dit saint Paul (Ep 4,30). Car nous sommes tous totalement unis à l'unique Christ par son saint Corps. Lorsque nous prenons dans notre pro pre corps ce Corps unique et indivisible, c'est à lui plutôt qu'à nous que nos membres appartiennent.

Prière

Entends notre prière, Seigneur: nous croyons que le Sauveur des hommes est auprès de toi dans la gloire; fais-nous croire aussi qu'il est encore avec nous jusqu'à la fin des temps. Lui qui règne.


Pentecôte C

168 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (
Jn 14,15-16 Jn 14,23-26)

A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples: "Si vous m'aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous."

Homélie

au choix

L'Esprit de vérité

Homélie de Syméon le Nouveau Théologien (+ 1022)

Discours éthiques, 5, 377-424; SC 129, 106-110.

Quand viendra le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit (Jn 14,26). Et quant à ce que le Christ ne leur a pas dit, c'est l'Esprit Saint qui, en descendant sur les Apôtres, le leur a enseigné. Jésus affirme lui-même: J'aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l'instant vous n'avez pas la force de les porter. Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu'il dira ne viendra pas de lui-même: il redira tout ce qu'il aura entendu; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Il me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître (Jn 16,12-13).

Vous savez maintenant d'où vient l'enseignement de ceux qui ont écrit au sujet de ce Jour du Seigneur, de sa manifestation et de ce qui doit advenir aux pécheurs et aux justes. Et de même, pour tout le reste que nous ne voyons pas, eux, éclairés par l'Esprit Saint, l'ont vu en même temps qu'ils écrivaient.

Mais, dites-moi: Qu'est-ce que le Saint-Esprit? Il est Dieu, vrai Dieu, procédant du vrai Dieu, selon la foi que nous confessons. Donc, comme vous voyez, vous l'appelez Dieu conformément à l'enseignement de l'Église. En disant et en pensant qu'il est vrai Dieu, procédant du vrai Dieu, vous montrez que ceux qui ont le Saint-Esprit ont Dieu qui demeure toujours avec eux, conformément à la profession de foi, comme le Christ l'a dit aux Apôtres: Si vous m'aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous (Jn 14,15-16).

Vous avez donc appris qu'il reste et qu'il demeure pour les siècles sans fin. Les mots: qui sera pour toujours avec vous signifient en effet qu'il sera avec eux éternellement et sans fin, qu'il en sera inséparable dans le siècle futur comme dans le temps présent. Quant au fait que les divins Apôtres et tous ceux qui ont été dignes de recevoir le Saint-Esprit le voyaient, écoutez ce qui suit: L'Esprit de vérité, le monde est incapable de le recevoir, parce qu'il ne le voit pas et ne le connaît pas; mais vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure auprès de vous (Jn 14,17). Et pour que vous sachiez qu'il sera vu aussi par ceux qui aiment le Christ et gardent ses commandements, écoutez le Seigneur lui-même qui dit: Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c'est celui-là qui m'aime; et celui qui m'aime sera aimé de mon Père; moi aussi je l'aimerai, et je me manifesterai à lui (Jn 14,21).

Que tous les chrétiens le sachent donc, car le Christ ne ment pas, il est le Dieu de vérité. A ceux qui lui montrent de l'amour en gardant ses commandements, selon la profession de foi, il se manifeste, comme il l'a dit lui-même. Par sa manifestation il leur donne l'Esprit Saint en personne, et, de plus, par l'Esprit Saint, lui-même et le Père demeurent avec eux inséparablement.

ou bien

L'alliance du cinquantième jour

Sermon de saint Léon le Grand (+ 461)

Sermon 15, 1-3; CCL 138 A, 465-467.

La solennité de ce jour, mes bien-aimés, doit être vénérée parmi les fêtes principales, tous les coeurs catholiques le savent. Nous devons assurément le plus grand respect à ce jour que l'Esprit Saint a consacré par le prodige suprême du don de lui-même.

Ce jour est en effet le dixième après celui où le Seigneur a dépassé toute la hauteur des cieux pour s'asseoir à la droite de Dieu son Père. Il est le cinquantième jour à briller pour nous depuis sa résurrection, en Jésus par qui le jour a commencé. Ce jour contient en lui-même de grands mystères, ceux de l'économie ancienne et ceux de la nouvelle. Il y est en effet clairement montré que la grâce avait été annoncée d'avance par la Loi, et que la Loi a été accomplie par la grâce.

En effet, c'est cinquante jours après l'immolation de l'agneau que jadis le peuple hébreu, libéré des Égyptiens, reçut la Loi sur la montagne du Sinaï. De même, le cinquantième jour après la passion du Christ, qui fut l'immolation du véritable agneau de Dieu, cinquante jours après sa résurrection, l'Esprit Saint fondit sur les Apôtres et sur le peuple des croyants. Le chrétien attentif reconnaîtra donc facilement que les débuts de l'Ancien Testament étaient au service des débuts de l'Évangile, et que la seconde alliance fut constituée par le même Esprit qui avait fondé la première.

Car, au témoignage de l'histoire apostolique, quand arriva la Pentecôte, ils se trouvaient tous réunis ensemble. Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d'un violent coup de vent: toute la maison où ils se trouvaient en fut remplie. Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d'eux. Alors ils furent tous remplis de l'Esprit Saint. Ils se mirent à parler en d'autres langues, et chacun s'exprimait selon le don de l'Esprit (Ac 2,1-4).

Comme elle est rapide, cette parole de sagesse, et lorsque Dieu est le maître, comme on apprend vite ce qu'il enseigne! On n'a pas eu besoin de traduction pour comprendre, d'exercice pour pratiquer, ni de temps pour étudier. Mais, l'Esprit de vérité soufflant où il veut (Jn 3,8), les mots qui étaient propres à chacune des nations devinrent communs à tous dans la bouche de l'Église.

A partir de ce jour, la trompette de la prédication évangélique se mit à retentir. Dès ce moment, les ondées de charismes, les flots de bénédictions arrosèrent tout désert et toute terre aride parce que, pour renouveler la face de la terre (Ps 103,30), l'Esprit de Dieu était porté sur les eaux (Gn 1,2). Pour chasser les anciennes ténèbres, une lumière nouvelle jetait des éclairs. De l'éclat des lampes étincelantes naissaient et le Verbe du Seigneur qui illumine, et la parole enflammée qui, pour créer l'intelligence et consumer le péché, a le pouvoir d'illuminer et la force de brûler.

Prière

Aujourd'hui, Seigneur, par le mystère de la Pentecôte, tu sanctifies ton Église chez tous les peuples et dans toutes les nations; répands les dons du Saint-Esprit sur l'immensité du monde, et continue dans les coeurs des croyants l'oeuvre d'amour que tu as entreprise au début de la prédication évangélique. Par Jésus Christ.



Solennités du temps ordinaire C

La Sainte Trinité C

169 Evangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (
Jn 16,12-15)

A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples: "J'aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l'instant vous n'avez pas la force de les porter. Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière."

Homélie

L'Esprit vient du Père par le Fils

Homélie de saint Hilaire (+ 367)

Sur la Trinité, 12, 55-56, PL 10, 469-472

Selon saint Paul, ton Esprit Saint, mon Seigneur et mon Dieu, scrute et connaît tes profondeurs (cf. 1Co 2,10). Quand il intercède pour moi, il te parle à ma place par des cris inexprimables (cf. Rm 8,26). Rien, en dehors de toi, ne scrute ton mystère. Rien qui soit étranger ou extérieur n'est assez puissant pour mesurer la profondeur de ton infinie majesté. Tout ce qui pénètre en toi est de toi; rien de ce qui est étranger à toi n'a le pouvoir de te scruter.

Que ton Esprit Saint vienne de toi par ton Fils unique, je ne le perçois pas sensiblement, mais j'en ai la conviction. Car, dans le domaine spirituel qui est le tien, mon esprit est obtus, comme l'assure ton Fils unique: Ne sois pas étonné si je t'ai dit qu'il vous faut renaître. Car le vent souffle où il veut: tu entends le bruit qu'il fait mais tu ne sais pas d'où il vient ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'eau et de l'Esprit (Jn 3,7-8).

Je crois en ma nouvelle naissance sans la comprendre, et je suis déjà certain de vérités qui m'échappent. Sans que je comprenne comment, je renais, et ma nouvelle naissance s'accomplit réellement. Rien n'empêche l'Esprit de parler quand il veut et là où il veut. Le motif de sa venue et de son départ nous reste inconnu, même si j'ai la conviction de sa présence.

Jean, ton Apôtre, nous enseigne que tout a été fait par ton Fils qui était auprès de toi au commencement, qui est Dieu et Verbe de Dieu (cf. Jn 1,1-3). Et saint Paul énumère tout ce qui a été créé en lui, au ciel et sur la terre, êtres visibles et puissances invisibles ; il souligne que tout a été créé dans le Christ et par le Christ (cf. Col 1,16-17). Quant à l'Esprit Saint, il a jugé suffisant d'affirmer qu'il est ton Esprit.

Pour moi, je penserai comme ces deux hommes (Jean et Paul) que tu as choisis, et avec eux, je ne dirai rien sur ton Fils unique qui dépasse les capacités de mon intelligence: je me contenterai de dire qu'il est né. De même, avec eux, je ne dirai rien de ton Esprit Saint qui dépasse les ressources naturelles de l'homme: je déclarerai seulement qu'il est ton Esprit. Je ne veux pas d'une vaine querelle de mots: je m'en tiens à professer fermement une foi inébranlable.

Je t'en prie, mon Dieu, conserve intacte la ferveur de ma foi, et, jusqu'à mon dernier soupir, donne-moi d'exprimer ce qui est ma conviction, de garder toujours ce que j'ai professé dans le Symbole lors de ma nouvelle naissance, quand j'ai été baptisé dans le Père, le Fils et l'Esprit Saint. Accorde-moi de t'adorer, toi notre Père, et ton Fils qui ne fait qu'un avec toi; fais que je reçoive ton Esprit Saint, qui procède de toi par ton Fils unique.

J'ai, en faveur de ma foi, un témoin autorisé, celui qui déclare: Père, tout ce qui est à moi est à toi, et tout ce qui est à toi est à moi (Jn 17,10). Ce témoin, c'est mon Seigneur Jésus Christ, lui qui demeure en toi, lui qui vient et qui est toujours auprès de toi, étant toujours Dieu, pour les siècles des siècles. Amen.

Prière

Dieu notre Père, tu as envoyé dans le monde ta Parole de vérité et ton Esprit de sainteté pour révéler aux hommes ton admirable mystère; donne-nous de professer la vraie foi en reconnaissant la gloire de l'éternelle Trinité, en adorant son Unité toute-puissante. Par Jésus Christ.


Le Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ C

170 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (
Lc 9,11-17)

Jésus parlait du Règne de Dieu à la foule, et il guérissait ceux qui en avaient besoin.

Homélie

S'approcher de l'eucharistie avec respect

Homélie de saint Jean Chrysostome (+ 407)

Homélies sur la Première lettre aux Corinthiens, 24, 4; PO 61, 204-205.

Le Christ, pour nous attirer à l'aimer davantage, nous a donné sa chair en nourriture. Allons donc à lui avec beaucoup d'amour et de ferveur, afin de ne pas nous exposer au châtiment. Dans la mesure où nous avons reçu de plus grands bienfaits, nous serons punis plus durement, parce que nous nous serons montrés indignes de tant de bonté.

Ce corps, les mages l'ont adoré quand il était couché dans une mangeoire. Ces païens, ces étrangers, quittèrent leur patrie et leur maison, entreprirent un long voyage pour l'adorer avec crainte et tremblement. Imitons au moins ces étrangers, nous qui sommes citoyens des cieux. Car ceux-là, voyant l'enfant, le Christ, dans une mangeoire, sous un pauvre toit, ne voyant rien de ce que vous voyez, s'avancèrent avec un très grand respect.

Vous-mêmes, vous ne le voyez plus dans une mangeoire, mais sur l'autel. Vous ne voyez plus une femme qui le tient dans ses bras, mais le prêtre qui l'offre, et l'Esprit de Dieu, avec toute sa générosité, plane au-dessus des offrandes. Non seulement vous voyez le même corps que voyaient les mages, mais en outre vous connaissez sa puissance et sa sagesse, et vous n'ignorez rien de ce qu'il a accompli, après toute l'initiation aux mystères qui vous a été donnée avec exactitude. Réveillons-nous donc, et réveillons en nous la crainte de Dieu. Montrons beaucoup plus de piété que ces étrangers, afin de ne pas avancer n'importe comment vers l'autel et de ne pas attirer le feu sur nos têtes.

Je ne dis pas cela pour vous détourner d'avancer vers l'autel, mais pour vous empêcher de le faire inconsciemment. Car, de même qu'il est dangereux d'avancer n'importe comment, de même ne pas communier au repas sacramentel, c'est se condamner à la famine et à la mort. Cette table fortifie notre âme, rassemble notre pensée, soutient notre assurance; elle est notre espérance, notre salut, notre lumière, notre vie. Si nous quittons la terre après ce sacrifice, nous entrerons avec une parfaite assurance dans les parvis sacrés, comme si nous étions protégés de tous côtés par une armure d'or.

Mais pourquoi parler du futur? Dès ce monde, le sacrement transforme la terre en ciel. Ouvrez donc les portes du ciel, ou plutôt les portes des cieux les plus sublimes, et alors vous verrez ce que je viens de dire. Ce qu'il y a de plus précieux au ciel, je vous le montrerai sur la terre. Ce que je vous montre, ce n'est ni les anges, ni les archanges, ni les cieux des cieux, mais celui qui est leur maître. Vous voyez ainsi d'une certaine façon sur la terre ce qu'il y a de plus précieux. Et non seulement vous le voyez, mais vous le touchez, mais vous le mangez et vous l'emportez chez vous. Purifiez donc votre âme, préparez votre esprit à la réception de ces mystères.

Prière

Seigneur Jésus Christ, dans cet admirable sacrement, tu nous as laissé le mémorial de ta passion; donne-nous de vénérer d'un si grand amour le mystère de ton corps et de ton sang, que nous puissions recueillir sans cesse le fruit de ta rédemption. Toi qui règnes.


Le Sacré-Coeur de Jésus C

171 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (
Lc 15,3-7)

Jésus disait cette parabole: "Si l'un de vous a cent brebis et en perd une, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu'à ce qu'il la retrouve?"

Homélie

au choix

Viens chercher la brebis perdue

Homélie de saint Ambroise (+ 497)

Commentaire du psaume 118, 22, 3.27-30; CSEL 62, 489.502-504.

Le Seigneur Jésus lui-même, dans son Évangile, a déclaré que le berger avait abandonné quatre-vingt-dix-neuf brebis pour chercher la seule qui se soit perdue. La brebis dont on signale le vagabondage est donc la centième. La perfection et la plénitude signifiée par ce chiffre est instructive. Ce n'est pas sans raison que cette brebis est préférée aux autres, parce qu'il est plus difficile de se détourner du vice que de l'avoir presque entièrement ignoré. En effet, quand des âmes sont imprégnées par des vices, leur guérison, leur délivrance de la tyrannie des convoitises, exige non seulement une vertu accomplie, mais encore une grâce céleste. Se corriger dans l'avenir demande une vigilance humaine, mais pardonner les péchés passés est réservé à la puissance divine.

Quand le berger a enfin trouvé sa brebis, il la prend sur ses épaules. Vous reconnaissez là le mystère: comment la brebis épuisée retrouve ses forces. La nature humaine, quand elle est épuisée, ne peut se rétablir que par le sacrement de la passion du Seigneur et du sang de Jésus Christ, car l'insigne du pouvoir est sur ses épaules (Is 9,6). C'est sur la croix, en effet, qu'il a porté nos faiblesses, afin d'y anéantir tous nos péchés. Les anges ont raison de se réjouir, parce que celui qui s'était égaré désormais ne s'égare plus, il a oublié maintenant son égarement. <>

Je m'égare, brebis perdue: viens chercher ton serviteur. Je n'oublie pas tes volontés (Ps 118,176). <> Viens chercher ton serviteur, parce que le berger doit rechercher la brebis égarée pour la préserver de la mort. <> Celui qui s'est égaré peut être ramené sur la route.

Viens donc, Seigneur Jésus, chercher ton serviteur, viens chercher ta brebis épuisée. Viens, berger, à la recherche de tes brebis, comme Joseph. Ta brebis s'est égarée, pendant que tu tardais en demeurant dans la montagne. Laisse là les quatre-vingt-dix-neuf brebis et va chercher la seule qui se soit égarée. <> Viens, non avec le bâton, mais avec charité, et dans un esprit de douceur. <>

Cherche-moi, parce que je te recherche. Cherche-moi, accueille-moi, porte-moi. Tu peux trouver celui que tu recherches; daigne l'accueillir quand tu le trouveras; quand tu l'auras accueilli, mets-le sur tes épaules. Tu ne peux pas trouver fastidieuse cette oeuvre de bonté; tu ne peux pas trouver trop pesant le fardeau de la justice. Viens donc, Seigneur, car, si je me suis égaré, cependant je n'oublie pas tes volontés, je garde l'espérance de guérir. Viens, Seigneur, parce que tu es le seul qui puisse ramener la brebis errante. Et ceux que tu abandonneras ne seront pas attristés, car eux aussi se réjouiront de voir le retour des pécheurs. Viens, pour apporter sur la terre le salut, et dans le ciel la joie.

Viens donc, et maintenant ne cherche pas ta brebis par de pauvres serviteurs ni par des mercenaires, mais par toi-même. Accueille-moi, dans cette chair qui est tombée en la personne d'Adam. Accueille-moi comme un fils, non de Sara, mais de Marie, la vierge très pure, la vierge préservée par la grâce de toute souillure du péché. Porte-moi sur la croix salutaire aux égarés, seule capable de rendre des forces à ceux qui sont fatigués, et qui seule donne la vie à ceux qui meurent.

ou bien

Le Christ montre combien Dieu nous aime

Homélie de saint Augustin (+ 430)

De catechizandis rudibus, 1,7-8, PL 40, 314-315.

Quel est le motif le plus puissant de la venue du Seigneur? N'est-ce pas afin que Dieu montre son amour pour nous de la façon la plus convaincante? Car le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore ses ennemis (Rm 5,6-9). Et il en est ainsi, parce que la chanté est le but du précepte (1Tm 1,5) et l'accomplissement parfait de la Loi (Rm 13,10). Parce que nous devons nous aimer les uns les autres (1Jn 4,7) et que, comme lui-même a donné sa vie pour nous, nous devons, nous aussi, donner notre vie pour nos frères (1Jn 3,16). Quant à Dieu lui-même, parce qu'il nous a aimés le premier (1Jn 4,10) et qu'il n'a pas refusé son Fils unique, mais qu'il l'a livré pour nous tous (Rm 8,32), si autrefois il nous en coûtait de l'aimer, maintenant du moins devons-nous chercher à lui rendre son amour.

Car rien n'invite davantage à l'amour que d'aimer le premier. Et c'est avoir un coeur trop dur que refuser non seulement de donner l'amour, mais de le rendre. Donc, si le coeur qui sommeillait se réveille lorsqu'il se sent aimé, et si le coeur qui brûlait déjà s'enflamme davantage en découvrant qu'il est aimé de retour, il est évident qu'il n'y a rien de plus puissant pour susciter ou pour accroître l'amour que de se découvrir aimé quand on n'aimait pas encore, ou d'espérer qu'on pourra être aimé en retour, ou de l'éprouver enfin, quand on aimait le premier. <>

Bien que les supérieurs désirent être aimés par leurs inférieurs et prennent plaisir à leurs services empressés, et bien qu'ils les aiment d'autant plus qu'ils constatent ce dévouement, il vaut la peine de remarquer de quel amour s'enflamme un inférieur quand il se sent aimé par son supérieur. En effet, l'amour nous touche bien davantage quand il n'exprime pas le dessèchement de l'indigence, mais le ruissellement d'une bienfaisance généreuse. Dans le premier cas, il naît de la misère; dans le second, de la miséricorde.

En outre, si l'inférieur désespérait jusque-là de pouvoir seulement être aimé par son supérieur, il sera porté à l'aimer au-delà de toute expression si le supérieur, spontanément, a daigné montrer combien il l'aime, alors que cet inférieur n'aurait jamais osé se promettre un tel bonheur.

Qu'y a-t-il de plus élevé que Dieu dans son jugement, et de plus désespéré que l'homme dans son péché? Car cet homme s'était livré aux puissances d'orgueil, qui ne peuvent faire son bonheur, pour qu'elles le protègent et l'asservissent; et cela d'autant plus qu'il avait désespéré davantage de pouvoir intéresser la puissance qui veut s'élever non par le mal, mais par le bien.

Donc le Christ est venu surtout pour que l'homme sache que Dieu l'aime, et pour lui apprendre qu'il doit s'enflammer d'amour pour celui qui l'a aimé le premier. Et aussi pour qu'il aime son prochain comme le lui a ordonné et montré celui qui, en nous aimant, s'est fait notre prochain, alors que nous nous étions égarés au loin.

Prière

Seigneur notre Père, en vénérant le Coeur de ton Fils bien-aimé, nous disons les merveilles de ton amour pour nous; fais que nous recevions de cette source divine une grâce plus abondante. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, dans le Coeur de ton Fils meurtri par nos péchés, tu nous prodigues les trésors infinis de ton amour; permets qu'en lui rendant l'hommage de notre piété, nous lui rendions aussi les devoirs d'une juste réparation. Lui qui règne.



Homéliaire patristique 165