Discours 1970 26

AUX MEMBRES DE LA COMMISSION SOCIALE ET SANITAIRE DU PARLEMENT EUROPÉEN*


Jeudi 16 avril 1970




Monsieur le Président, Chers Messieurs,

Est-il besoin de vous dire la joie que Nous éprouvons à recevoir les membres de la Commission Sociale et Sanitaire du Parlement Européen, assistés de représentants qualifiés des Parlements des Etats membres du Conseil de l’Europe? Vous savez le prix que Nous attachons à cette construction harmonieuse de notre vieille Europe à laquelle vous travaillez de façon opiniâtre depuis plus de vingt ans. Et le vaste programme de votre Commission Nous est particulièrement cher, puisqu’il touche l’ensemble des problèmes posés par le développement de l’économie, la promotion sociale, le droit au travail, la protection de la santé, bref la recherche de conditions de vie plus humaines pour notre société.

Nous ne l’ignorons pas, la situation présente requiert de vos services une vigilance accrue, à l’heure où la période transitoire d’application du Traité de Rome cède le pas à une phase plus décisive d’échanges et de rapports mutuels. L’élaboration d’une communauté aussi vaste s’inscrit dans un progrès qui suscite beaucoup d’espoirs : Nous voulons les partager avec confiance. Elle entraine aussi des bouleversements économiques et sociaux fort complexes, qu’il importe de maîtriser, afin que, en définitive, cette mutation demeure, comme Nous ne cessons de le redire, «au service de l’homme, de tout homme et de tout l’homme» (Allocution à l’O.I.T. à Genève, LE 10 juin 1969). Certes les responsabilités sont multiples et partagées, depuis la plus modeste entreprise qui aura peut-être à faire avec courage des reconversions difficiles, jusqu’aux grands consortiums privés ou nationaux, en passant par les relais commerciaux et bancaires. Mais qui pourrait veiller mieux que vous à ce que les régions ou les secteurs défavorisés, les catégories de personnes, jeunes ou âgées, déjà en situation difficile, et les travailleurs eux-mêmes, ne soient pas les victimes d’un développement déséquilibré? Il vous revient, Nous semble-t-il, de poursuivre l’étude de ces questions, d’alerter l’opinion et les responsables, mais aussi de prévoir cette protection efficace des droits que vous avez si hautement proclamés dans la Convention européenne des droits de l’homme, et d’inscrire dans les faits de réelles possibilités pour tous d’accéder à des conditions de vie dignes des hommes et de leurs familles.

Avec satisfaction, Nous avons relevé que figurent parmi vos objectifs le plein emploi, la libre circulation de la main-d’oeuvre, l’élévation du niveau de vie. La sécurité de l’emploi et la protection de la santé exigent un effort constant. Il faut aussi vous employer sans relâche à satisfaire ces requêtes primordiales que sont le respect des personnes, leur intégration dans la société, leur participation responsable à la vie des communautés humaines, le soutien apporté aux valeurs morales, l’aide donnée à cette cellule fondamentale de la vie sociale qu’est une famille unie, la protection efficiente aussi contre des fléaux qui se font de nos jours plus menaçants pour les jeunes, - telle la drogue dont il faut, à tout prix et sans retard, juguler la diffusion périlleuse -, la possibilité enfin assurée pour tous les groupes humains de satisfaire leurs exigences spirituelles les plus profondes. Si l’un de ces éléments vient à manquer, c’est l’homme lui-même qui faillit à sa vocation et la civilisation qui peu à peu se désagrège, comme rongée de l’intérieur.

27 Nous voudrions aussi vous dire que Nous portons un souci tout spécial au problème crucial des migrants à la recherche d’un travail, à l’intérieur de la Communauté européenne. Ils sont légion, Nous le savons, et on peut sans nul doute s’attendre à voir le phénomène aller en s’accentuant. Peut-on affirmer que ces migrants trouvent vraiment l’assistance qui leur est nécessaire, et que la communauté à laquelle ils apportent leur travail leur fournit en justice une contrepartie appropriée? Des bruits alarmants Nous parviennent sur ce sujet si douloureux. Nous avons cherché Nous-même à promouvoir une pastorale mieux adaptée à la situation de ces personnes et de leurs familles. La Charte sociale de l’Europe contient du reste, en son article 19, des dispositions que Nous approuvons de tout coeur. Puissent-elles trouver une application effective, grâce à la collaboration de tous, personnes, communautés, gouvernements! Quel dommage ce serait, pour une civilisation qui se targue de progrès, de laisser s’aggraver pareille situation, aussi inique que dangereuse pour la paix sociale! Et quelle tâche pour une société pétrie de christianisme et initiée depuis tant de siècles à la justice et à la charité chrétiennes!

Oui, il reste encore beaucoup à faire chez nous pour y assurer un développement intégral. Mais comment ne pas le redire inlassablement: «Le développement intégral de l’homme ne peut aller sans le développement solidaire de l’humanité» (Populorum progressio
PP 43). Le tiers-monde a les yeux fixés sur nous. C’est au milieu de difficultés sans nombre qu’il lutte pour assurer ce développement auquel il a droit, lui aussi, à partir des conditions de vie souvent plus que précaires qui sont les siennes. Nous vous confions, Messieurs, ce dernier souci qui Nous angoisse (Cfr. Ibid., 87): saurons-nous éviter le repliement égoïste sur nous-mêmes et, il faut bien le dire, sur des privilèges et des talents que Dieu nous a donnés pour les mettre au service de tous nos frères? La communauté que nous construisons sera-t-elle pour le monde de la faim, et des antagonismes raciaux ou idéologiques, un motif d’espoir, une main tendue fraternellement?
Ces questions sont graves. Mais tant de bonnes volontés sont à l’oeuvre, tant de générosités se manifestent, tant d’appels de l’Esprit Saint se font entendre, que Nous regardons l’avenir avec confiance.
Vous entendez pour votre part participer généreusement à sa construction, et Nous vous y encourageons de grand coeur. C’est à cette intention que Nous appelons sur vos personnes, vos familles et vos pays, comme sur vos travaux, la Bénédiction du Christ ressuscité.

*AAS 62 (1970), p.285-287.

Insegnamenti di Paolo VI, vol. VIII, p.322-325.

L'Osservatore Romano, 17.4.1970 p.1.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française, n.17 p.1, 5.

La Documentation catholique, n.1562 p.414-415.




AUX MEMBRES DE L’ACADÉMIE PONTIFICALE DES SCIENCES

Samedi 18 avril



LA CONTEMPLATION ET LA CONQUETE DU COSMOS RENCONTRE DE L'HOMME AVEC L'OEUVRE DU CREATEUR





Aux membres de l’Académie Pontificale des Sciences



28 Excellences et chers Messieurs,



Nous vous remercions de tout coeur des sentiments si délicats que le Révérend Père O'Connel vient de Nous exprimer au nom de ses illustres collègues. C'est toujours une joie pour Nous, vous le savez, d'accueillir les membres de notre Académie Pontificale des Sciences, en présence du Corps Diplomatique et de personnalités distinguées, et aussi une certaine émotion de voir réunis des représentants aussi qualifiés de tout l'univers, véritable Sénat de savants, à la pointe de la recherche scientifique et de la réflexion qu'elle suscite dans l'esprit humain. Le thème de vos travaux, consacrés aux « noyaux des galaxies », n'en est-il pas le signe éclatant ?

1. Votre Session plénière marque un temps fort dans la vie de l'Académie, et Nous Nous en réjouissons. Car cette institution, qui a pu connaître un certain ralentissement d'activité au cours de ces dernières années, demeure hautement significative : elle peut apporter à notre monde un concours appréciable par la compétence et l'universalité de son témoignage, et fournir aussi à la réflexion des croyants une base solide pour un dialogue fructueux avec la pensée scientifique. Que de chemin parcouru depuis la fondation de l'Académie des « Lincei » en 1603, sa restauration par Pie IX, son élargissement sous Léon XIII, et surtout sa reconstitution par les soins éclairés de notre grand prédécesseur Pie XI, avec le Motu proprio du 28 octobre 1936 In multis solaciis, sous la forme de l'Académie pontificale des sciences, constituée de soixante-dix Académiciens pontificaux, « veluti doctorum hominum Senatus, seu "scientificus Senatus", ... ad scientiarum progressionem fovendam », sous la présidence du regretté Père Agostino Gemelli (cf. AAS, 28 [1936],
PP 423 et 424).

D'illustres savants n'ont cessé d'honorer l'Académie de leur présence et de leurs travaux, et Nous avions Nous-même, hier, la joie d'adjoindre à ce Cénacle choisi douze nouveaux membres, qui permettent de mieux représenter l'ensemble des maîtres qui cultivent les disciplines scientifiques avec succès à travers le monde.

Unité de l'esprit humain





Vos études de sciences mathématiques et expérimentales, menées avec la liberté qui convient à la culture, ont certainement apporté leur contribution au progrès de la science pure et préparé le progrès des sciences appliquées. Mais un tel développement n'appelle-t-il pas aujourd'hui d'autres prolongements ? Tout en continuant les recherches qui sont les vôtres dans une spécialité dont l'importance ne cesse de croître — les expériences des voyages spatiaux, dont nous avons suivi la plus récente ces jours derniers avec angoisse et, à la fin, avec une joie et une admiration émues, le démontrent suffisamment —, ne serait-il pas désirable et opportun de promouvoir, en d'autres Académies, d'autres disciplines, essentielles elles aussi à l'esprit humain, telles que les lettres et les arts, la philosophie, le droit, l'histoire, l'économie, la sociologie et les sciences humaines qui marquent si profondément les hommes de notre temps ? Nous aimons ce matin vous confier cette pensée que Nous méditons depuis longtemps déjà, et qui, dans notre esprit, est plus qu'un rêve : un véritable désir qu'il Nous plairait de réaliser.

2. La nature même de votre travail Nous amène à souligner deux principes dont vous êtes déjà bien convaincus, que votre propre expérience, Nous pourrions dire : votre personnalité, atteste tous les jours.

C'est que le savoir humain, si développé qu'il soit, n'est pas, et ne saurait être en opposition avec celui de la foi : « Scientia, quae vera rerum cognitio sit, numquam christianae fidei veritatibus répugnat » (Motu proprio, In multis solaciis, ibid., p. 421).

Bien plus, l'un et l'autre peuvent être intégrés dans l'unité de l'esprit humain, tout en gardant leur autonomie propre, comme l'enseigne le premier Concile du Vatican : « Fides et ratio... opem quoque sibi mutuam ferunt » (H. denzinger-a. schônmetzer, Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum ; 34e éd., Fribourg en Brisgau, 1967, n. 3019 [1799]).

L'Eglise encourage la découverte de l'univers





Qu'on Nous entende bien en effet. Selon la Constitution pastorale Gaudium et spes, qui « reprend à son compte l'enseignement du premier Concile du Vatican », l'Eglise « affirme l'autonomie légitime de la culture et particulièrement celle des sciences » avec «leurs principes et leur méthode propre en leurs domaines respectifs» (VATICAN II, Gaudium et spes, GS 59 § 3). Mais ces disciplines, qui peuvent si bien « contribuer à ouvrir la famille humaine aux plus nobles valeurs du vrai, du bien et du beau, et à une vue des choses ayant valeur universelle » (ibid., 57, § 3), peuvent aussi préparer l'homme à reconnaître et accueillir la vérité en sa plénitude, pourvu qu'elles ne considèrent pas « à tort les méthodes de recherche qui leur sont propres comme règle suprême pour la découverte de toute vérité » (ibid., § 5). C'est le même Dieu qui a créé le monde avec ses lois que vous scrutez — « toutes choses dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles » (Col 1,16) — et qui se révèle aux hommes et leur apporte le salut en Jésus-Christ. C'est le même esprit humain qui est apte à scruter les secrets de la création et à « dominer la terre » (cf. Gn Gn 1,28), et en même temps à reconnaître et à accueillir, « sous l'impulsion de la grâce », le don que Dieu lui fait de Lui-même : « le Verbe de Dieu qui, avant de se faire chair pour tout sauver et récapituler en lui, était déjà dans le monde » comme la « vraie lumière qui éclaire tout homme » (Jn 1,9-10 Jn 1, Gaudium et spes, GS 57 § GS 4). Comment l'Eglise n'encouragerait-elle pas l'investigation, la découverte et la conquête de cet univers qui, dans sa merveilleuse et admirable richesse, nous conduit, de l'infiniment petit à l'infiniment grand, vers l'invisible qui est la source du visible ? (cf. Rm Rm 1,20).

29 3. Mais le thème que vous venez d'aborder — « Les noyaux des galaxies » — mérite une attention particulière. Notre imagination se trouve confondue et nous laisse remplis de stupeur, comme débordés, écrasés presque par l'immensité des perspectives entrevues, « ce silence des espaces infinis » cher à Pascal. Nous suivons avec un profond respect et un grand intérêt votre patient travail d'observation, de coordination d'expériences, de formulation d'hypothèses scientifiques sur la genèse ou l'évolution des mondes astraux.

Est-ce à dire que la pensée humaine épuise toutes ses possibilités au niveau de ces investigations ?

« Les noyaux des galaxies »





Derrière elles, il y a le problème de l'être même de ce cosmos, de cet univers : la question de son existence. Vous demeurez, en effet, dans l'observation expérimentale scientifique, d'ordre mathématique et cosmologique. Mais qu'est-ce qui empêche de reconnaître à l'esprit, sur le terrain philosophique, la possibilité de remonter au principe transcendant, au Créateur, « causa subsistendi et ratio intelligendi et ordo vivendi ? » (S. augustin, De Civ. Dei, 1. VIII, c. IV). Trop souvent aujourd'hui, on doute de ce pouvoir. « Plus la science, perfectionnant ses méthodes, assujettit le monde à l'homme, plus, en revanche, l'être, qui ne se laisse pas assujettir, se dérobe... vient alors la tentation de l'agnosticisme » (R. P. henri de lubac, Sur les chemins de Dieu. Paris, Aubier 1956, p. 84). Mais on ne saurait s'en tenir à pareille attitude. « L'intelligence ne peut absolument pas abdiquer; elle ne peut renoncer à sa loi formelle, qui est de juger, c'est-à-dire toujours d'affirmer » (ibid.). C'est pour l'esprit humain comme un « besoin irrépressible de posséder en chaque moment de son aventure temporelle et en chaque état de ses connaissances une idée explicative de l'ensemble des choses » (pierre-henri simon, Questions aux savants. Paris, Seuil 1969, p. 41).

On parle souvent de la « mort de Dieu » ; mais ne serait-ce pas plutôt la mort de l'homme et de sa pensée en sa forme supérieure ? Sans ce recours à Dieu, source de l'Etre, en effet, elle semble s'engloutir dans l'opacité et l'incompréhensibilité des choses, l'ignorance d'une unité qui y préside, et d'une finalité d'un ordre mystérieux qui en sont inséparables, l'amenant à trouver une absurdité qui n'est que dans sa propre démarche. Peut-être êtes-vous mieux préservés que d'autres contre ce qu'il faut bien appeler une véritable maladie de l'esprit, vous qui scrutez objectivement les sciences de la nature, de l'astrophysique, de la physique ? (cf. C. tresmontant, Comment se pose aujourd'hui le problème de l’existence de Dieu. Paris, Seuil 1966, p. 349). Car l'intelligence, par son mouvement même, si elle n'en reste à l'écorce de la réalité, s'élève au niveau de sa cause transcendante, l'Absolu véritable, qui donne consistance à toute la création et d'abord à l'esprit humain, sans se confondre jamais avec eux. Comme on l'a dit si heureusement, l'intelligence est « nécessairement, en même temps qu'un pouvoir d'assimilation, un pouvoir de remontée... Elle saisit en toutes réalités ce par quoi elles sont, c'est-à-dire sont ouvertes vers l'illumination de l'acte. Et ainsi, à juste titre, on peut dire qu'elle est le sens du divin, la faculté avide et habile à reconnaître les traces de Dieu » (cf. ch. de MORÉ-PONTGIBAUD, Du fini à l'infini. Introduction à l'étude de la connaissance de Dieu. Paris, Aubier 1957, p. 65).

La vraie science prépare à la rencontre avec Dieu





Il y a là, il faut le redire, un développement naturel de la pensée, dans sa logique fondamentale, et non pas un saut indu comme le prétend une mentalité antimétaphysique abusivement qualifiée de scientifique. La vraie science, bien loin d'arrêter l'élan de la pensée, constitue un tremplin qui lui permet de s'élever, dans cet élan même, vers Celui qui lui fournit généreusement son aliment. Car « l'esprit lui-même est un chemin qui marche... On ne peut faire l'économie de Dieu » (R. P. henri de lubac, op. cit., p. 78).

Beauté mystérieuse de la création





Nous demeurons comme stupéfaits, disions-Nous, devant vos études sur les noyaux des galaxies. Le système solaire paraissait déjà si vaste et si mystérieux à nos devanciers ! Mais nous ne sommes pas déconcertés pour autant, sachant que « Dieu préfère plutôt créer les êtres dans leurs germes pour les conduire ultérieurement à leur éclosion » (Gard. ch. journet, L'Eglise du Verbe incarné, t. 3, Essai de théologie de l'histoire du salut. Paris, Desclée de Brouwer 1969, p. 114). Le temps et l'espace, la matière et la forme peuvent se développer de façon démesurée, quasi indéfinie.

Tout en écoutant votre enseignement, nous trouvons certitude dans notre foi. Et à notre esprit, à nous qui sommes à l'école de la foi, reviennent les paroles de la sainte Ecriture : « Dieu créa le ciel et la terre... Et Dieu vit que cela était bon... Dieu vit tout ce qu'il avait fait, et tout cela était très bon » (
Gn 1, 1, 21-31). Cette joie que Dieu a éprouvée devant ses créatures, comment ne l'aurions-nous pas, nous, pour notre Créateur ?

A notre tour nous contemplons cette beauté et cette bonté mystérieuses de la création : tous ces êtres nous crient, comme à saint Augustin : nous ne sommes pas Dieu, mais c'est lui qui nous a faits. « Ecce caelum et terra clamant quod facta sint » (Confessions, 1. XI, c. 4, n. 6 ; PL 32, 811. Cf. In Ioannem tract. 106, c. 17, n. 4 ; PL 35, 1910. Cf. Sagesse, Sg 13,1 et 9). Et Lui, nous l'adorons ! La rencontre avec Dieu s'opère devant la grandeur quasi illimitée de ses oeuvres — n'est-ce pas une grâce d'y être initié ? —, dans la joie, dans l'admiration, dans la prière, dans l'adoration de Celui qui « en répandant mille grâces... est passé à la hâte par ces forêts, et en les regardant... les a laissées revêtues de sa beauté » (saint la croix, Cantique Spirituel, strophe 5).

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Extraordinaire entreprise spatiale





Au terme de cette contemplation des suprêmes réalités du cosmos dans leur rencontre avec les suprêmes vérités de l'esprit humain, Nous ne pouvons pas taire notre émotion, notre admiration, notre satisfaction, qui sont celles mêmes du monde entier, pour l'heureuse conclusion — oui, heureuse, très heureuse, même si le but principal n'a pas été atteint — du vol aventureux de l'Apollo 13. Tous certainement vous avez suivi, avec appréhension puis avec joie, le déroulement de cette entreprise extraordinaire. Et vous aurez sans nul doute à coeur de saluer chaleureusement avec Nous les valeureux astronautes qui ont échappé aux périls de ce grand vol, et de rendre hommage à tous ceux qui, par leurs études, leur action, leur autorité, ont une fois de plus manifesté aux yeux du monde la puissance illimitée des sciences et de la technique moderne. Avec Nous aussi, vous ferez monter une hymne ardente de reconnaissance à Dieu, Créateur de l'univers et Père des hommes, qui par ces voies aussi veut être cherché et trouvé par l'homme, adoré et aimé par lui.

Telles sont les pensées que Nous suggère, Excellences et chers Messieurs, cette rencontre qui Nous est très agréable. De tout coeur, Nous vous encourageons à poursuivre vos savants travaux, à les mettre en commun, de façon désintéressée, par delà les frontières, et à aider tous vos frères à répondre aux questions que la science ou plutôt ses applications ne cesseront de poser. Vous le pouvez, et le devez, à la lumière de la foi que vous portez en vous. C'est notre voeu le plus cher. Nous l'accompagnons à votre intention d'une large Bénédiction Apostolique.






24 avril



LE SAINT-PERE EN SARDAIGNE : « NOUS SOMMES VENU POUR TOUS »





Voici l'instant précieux de la double rencontre qui a motivé notre venue de Rome jusqu'à votre sanctuaire de la Madone de Bonaria. Double rencontre : la première est celle de notre humble personne, du Pape, avec le peuple sarde ; la seconde est notre et votre rencontre avec la Mère du Christ, la très sainte Vierge Marie, qui en ce lieu historique et sacré est vénérée, depuis six siècles, comme la Patronne spéciale de la ville de Cagliari et de l'île de Sardaigne.

Voici donc que Nous célébrons la première rencontre, avec vous, chers Sardes. Voici le salut que Nous vous adressons dans le Seigneur. Nous devrions l'adresser en premier lieu à votre Archevêque, le Cardinal Sebastiano Baggio, dont Nous avons reçu l'irrésistible invitation à faire ce pèlerinage; à lui va notre salut cordial et respectueux ; Nous devrions aussi adresser notre salut aux autres Confrères Evêques ici présents, aux Autorités civiles et militaires de tout grade, qui assistent, à notre grand contentement, à cette cérémonie ; et aussi aux autres Personnalités et aux divers groupes qualifiés de la communauté ecclésiale de l'île, au clergé, aux religieux et religieuses, aux séminaristes, au laïcat catholique, aux amis et aux fidèles de l'Eglise de Cagliari et de toute la Sardaigne. Mais toutes ces catégories de personnes voudront bien accepter que Nous leur réservions un autre moment pour un entretien approprié, et que Nous donnions maintenant la préférence au peuple qui est présent et qui, avec tous ses groupes et sa multitude, Nous offre un tableau merveilleux, une vision réelle et représentative de toute la population de la Sardaigne : à vous Sardes, à vous, fils de cette île vers laquelle, du polygone méditerranéen, ont convergé les générations ethniques et historiques les plus anciennes et les plus variées, mais dont vous constituez une synthèse on ne peut plus caractéristique et relativement uniforme ; à vous, chers fils de la Sardaigne s'adresse notre premier et affectueux salut. C'est pour Nous un grand plaisir que de vous rencontrer et de vous imaginer encore sous votre physionomie ancestrale de peuple simple, laborieux, austère, taciturne, farouche et triste, mais aux moeurs humaines et pieuses, un peuple accoutumé aux privations et à la peine, un peuple isolé du monde comme l'est sa terre ; un peuple aux passions fières et tenaces, mais aussi aux sentiments ingénus et délicats, capables de s'exprimer en fantaisies légendaires et en chants graves et calmes, comme des échos enchanteurs qui portent encore la voix de siècles lointains. Peut-être ne vous connaissons-Nous pas suffisamment, mais ce que Nous savons de vous suffit à remplir notre esprit d'affection, de sympathie, d'estime. Nous sommes très heureux d'être parmi vous, chers Sardes, et Nous vous saluons tous de grand coeur. Etes-vous contents, vous aussi, que le Pape soit venu vous trouver ?

Nous sommes venu pour tous. Mais Nous aimons tourner particulièrement notre pensée vers vous, pasteurs de la Sardaigne. Vous, les pasteurs, vous semblez être encore les représentants typiques de la population rurale de l'île. Nous connaissons, comme tout le monde, la vie dure et rupestre que vous menez, cette vie pauvre, primitive et solitaire, toujours solidaire, comme celle des Patriarches bibliques, du sort de vos troupeaux. On Nous a dit que quelques-uns d'entre vous voulaient venir à cette rencontre avec Nous en amenant ici leurs brebis : vous Nous auriez représenté d'une manière vivante la scène évangélique du bon Pasteur, Nous rappelant ainsi notre premier devoir, le devoir pastoral ! Que cela vous dise, chers pasteurs sardes, la sympathie avec laquelle Nous vous saluons et la compréhension que Nous avons pour la souffrance humble, continuelle et silencieuse qui caractérise votre existence. Nous voudrions consoler et améliorer cette existence. Et c'est pourquoi Nous sommes reconnaissants à tous ceux qui s'occupent de vous et cherchent à soulager vos misérables conditions matérielles, économiques et sociales. Nous sommes réconforté de savoir que la plaie jusqu'ici inguérissable de la malaria a été finalement vaincue, et que, au splendide et sauvage décor de vos monts et de vos plaines a été finalement accordé le don de la salubrité : c'est une première et grande conquête, que d'autres certainement suivront pour améliorer les conditions de votre habitat, de votre instruction, de votre travail. Souhaitons donc que l'élevage demeure une profession honorable, rénovée et prospère de la population sarde, et maintienne celle-ci dans la simplicité et la pureté des moeurs.

Nous voulons ensuite saluer les mineurs de la Sardaigne. Votre travail aussi représente une tradition séculaire du peuple sarde. Le sol de cette île, rude et avare en superficie, cache des trésors dans les profondeurs de ses entrailles. Depuis le début de son histoire, la Sardaigne est connue comme une île minière ; et c'est à cause de cette richesse cachée que le Pape saint Pontien, l'unique Pape qui avant Nous ait mis les pieds sur le sol de Sardaigne, y fut déporté et condamné peut-être lui aussi au travail éreintant qui est le vôtre — et qui était alors plus rude encore — au temps des Empereurs romains Alexandre Sévère et Maximin, il y a plus de dix-sept siècles (235) ; ce qui est certain, c'est qu'ici il mourut martyr « adflictus, maceratus fustibus », accablé, torturé par les coups (Lib. Pont.) jusqu'à en mourir, martyr du Christ et de l'Eglise romaine.

Vous, mineurs, avez ainsi un collègue, le Pape mineur, victime, pour la foi chrétienne, de la dureté de votre peine et de la cruauté de ses persécuteurs. Comment ne vous regarderions-Nous pas avec une compassion et une affection particulières ? Aujourd'hui, c'est certain, le travail dans les mines n'est plus aussi inhumain qu'autrefois ; mais il n'en demeure pas moins un travail très pesant et risqué. Nous vous regardons, chers mineurs, avec admiration et avec le regret intime de vous être si inférieur dans le domaine de la souffrance qui devrait être le nôtre en tant que fidèle et héraut de la Croix. Vous êtes pour Nous un avertissement et un exemple. C'est pourquoi Nous vous accueillons avec un honneur particulier, avec un amour particulier. Et pour vous aussi Nous sommes reconnaissant, au nom du Christ, à ceux qui cherchent à améliorer vos conditions, à ceux qui vous aident, qui vous rappellent que vous aussi êtes fils de Dieu ; et parce que, plus que les autres, vous êtes astreints à une peine aussi rude et socialement indispensable, plus que les autres aussi vous méritez l'estime générale et l'affection chrétienne. A vous donc, mineurs, va notre cordial salut.

Et Nous saluons ensuite les pêcheurs. Voilà encore un autre métier que le Seigneur a voulu indiquer comme un exemple de notre charge apostolique. Les premiers disciples du Seigneur étaient des pêcheurs, pêcheur également Simon, appelé ensuite Pierre par le Christ sans que pour autant fût changé le symbole de l'activité à laquelle devait être dédiée la mission de Pierre, et celle de son frère André, et donc la nôtre aujourd'hui encore : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d'hommes » (Mt 4,19). C'est donc aussi à vous, pêcheurs, que va notre sympathie et que s'adresse aujourd'hui notre invitation à cette rencontre spirituelle. Et Nous voudrions dire la même chose à ceux qui travaillent dans les toutes proches et célèbres exploitations salines de la Sardaigne. Le répertoire des analogies évangéliques contient aussi celle du sel : « Vous êtes, dit le Seigneur à ses apôtres en leur conférant un charisme, une charge, une responsabilité spéciale, vous êtes le sel de la terre » (Mt 5,13). Ce symbole de notre fonction hiérarchique Nous permet de penser aussi à vous comme à des amis.

Mais il y a une autre catégorie de personnes que Nous voulons saluer expressément : ce sont ceux qui ont émigré de la Sardaigne, et qui sont ici représentés aujourd'hui; ce sont aussi et spécialement les immigrants de la Sardaigne, qui est en train de devenir terre ouverte à l'activité de tout genre des travailleurs et ouvriers venant du continent : tous, vous pouvez trouver ici le pays ami auquel vous donnez et duquel vous recevez, en plus des biens temporels, les biens spirituels, du coeur et de la foi.

31 Et, enfin, Nous saluons les gens de la mer ici réunis : d'où venez-vous, marins, ici présents devant ce sanctuaire ? Et pourquoi venez-vous ? Quels horizons illimités n'ouvrez-vous pas à notre pensée ! L'horizon de la mer, l'horizon des ports et des cités maritimes, l'horizon de l'humanité qui confie aux ondes son propre destin, pour naviguer, travailler, commercer, explorer, et pour tisser entre les habitants de la terre des relations de toutes sortes. Vous faites de la mer, qui semble un élément infranchissable et qui sépare les hommes, une voie de communication, et même la voie la plus largement et la plus fébrilement parcourue. Vous avez pour demeure votre navire, pour champ de travail, la mer, pour patrie, le monde. La séparation, intermittente mais continuellement répétée, d'avec vos familles est votre sort ; la solitude du coeur, la fréquentation des étrangers, la nostalgie de la maison, la fréquence du péril, la sévérité de la discipline sont les conditions normales de votre vie. Lorsque vous êtes lancés sur la mer vers des pays lointains et étrangers, qui pense à vous ? qui vous assiste ? qui vous aide à vous reposer, à penser, à prier ? Oh ! il y a, dans l'Eglise, quelqu'un qui vous aime, comme marins, comme hommes, comme chrétiens : l'ensemble des oeuvres de l'« Apostolat de la mer », actuellement répandues dans nombre de ports de la terre, ne vous laissent pas seuls, vous attendent, vous assistent; vous le savez bien. Votre présence ici même l'affirme, car cette cérémonie veut être aussi pour vous ; et Nous sommes heureux de vous rencontrer à cette occasion, pour vous offrir, à vous aussi, marins, le réconfort de vous sentir en communion avec la grande famille des croyants, l'Eglise, et de vous savoir confiés à une sublime et rassurante protection, celle de la Madone.

Et nous voici tous, frères et fils très chers, devant Marie pour la seconde et principale rencontre qui nous a fait venir aujourd'hui vers ce sanctuaire de la Madone de Bonaria. Nous devons non seulement confirmer à nouveau le culte qui, pendant six siècles, a fait de ce sanctuaire un lieu, et même un point de contact spirituel de la population sarde et des hommes de la mer avec la créature bénie entre toutes, la très sainte Vierge Marie, Mère du Christ, selon la chair et notre Mère spirituelle (cf. S. augustin, De S. Virg. ; 2 ; PL 40, 397). Nous devons surtout, Nous semble-t-il, chercher à comprendre les raisons de notre vénération et de notre confiance en la Madone. En avons-nous besoin ? Oui, tous nous en avons besoin. Le besoin et le devoir. Cet instant précieux doit marquer pour tous le point de départ d'une reprise illuminée de notre vénération envers Marie, de cette particulière vénération catholique envers la Mère du Christ, vénération qui lui est due et qui constitue une protection spéciale, un sérieux réconfort, une espérance singulière de notre vie religieuse, morale et chrétienne.

Pourquoi aujourd'hui ? Qu'est-il arrivé ? Il est arrivé, parmi tant de bouleversements spirituels, ceci : la dévotion à la Madone ne trouve plus toujours, comme autrefois, nos esprits aussi bien disposés, aussi enclins, aussi heureux d'en faire profession au fond de nos coeurs. Sommes-nous aujourd'hui aussi dévots à Marie que l'étaient jusqu'à hier le clergé et le bon peuple chrétien ? Ou ne sommes-nous pas aujourd'hui plus tièdes, plus indifférents ? Une mentalité profane, un esprit critique n'ont-ils pas rendu moins spontanée, moins convaincue, notre piété envers la Madone ?

Notre intention n'est pas de rechercher maintenant les motifs de cette éventuelle diminution, de cette dangereuse hésitation. Nous voulons plutôt rappeler les motifs qui nous obligent au culte envers la très sainte Vierge Marie, et qui restent valables aujourd'hui comme hier, et même plus qu'hier. Nous ne parlons pas ici des formes de ce culte, mais plutôt des raisons qui le justifient et qui doivent nous le faire plus que jamais apprécier et mettre en pratique : c'est ce qu'a fait, à ce sujet, en des pages magnifiques, le récent Concile oecuménique. Mais Nous devons ici simplifier cet exposé et le réduire à deux demandes fondamentales.

La première est celle-ci : quelle est la question qui, aujourd'hui, absorbe toute la pensée religieuse, toutes les études théologiques, et qui, consciemment ou inconsciemment, tourmente l'homme moderne ? C'est le problème du Christ. Qui est-il, comment est-il venu parmi nous, quelle est sa mission, sa doctrine, son être divin, son être humain, son insertion dans l'humanité, sa relation et son rôle dans les destinées humaines ? Le Christ domine la pensée, domine l'histoire, domine la conception de l'homme, domine la question capitale du salut de l'homme. Et comment le Christ est-il venu parmi nous ? Est-il venu de lui-même ? Est-il venu sans aucune relation, sans aucune coopération de la part de l'humanité ?

Peut-il être connu, compris, considéré en faisant abstraction des rapports réels, historiques, existentiels, que son apparition dans le monde comporte nécessairement ? Il est clair que non. Le mystère du Christ est inséré dans un dessein divin de participation humaine. Il est venu parmi nous en suivant la voie de la génération humaine. Il a voulu avoir une mère ; il a voulu s'incarner moyennant le concours vital d'une femme, de la Femme bénie entre toutes. L'Apôtre qui a décrit la structure théologique fondamentale du Christianisme, dit : « Quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d'une femme... » (
Ga 4,4). Et le Concile nous rappelle que « Marie apporta au salut des hommes non pas simplement la coopération d'un instrument passif aux mains de Dieu, mais la liberté de sa foi et de son obéissance » (Lumen Gentium, LG 56). Il ne s'agit donc pas d'une circonstance occasionnelle, secondaire, négligeable ; elle est au contraire partie essentielle et, pour nous autres hommes, très importante, d'une beauté et d'une douceur remarquables, du mystère du salut : le Christ est venu à nous par Marie ; c'est d'elle que nous l'avons reçu; nous le rencontrons comme la fleur de l'humanité épanouie sur la tige immaculée et virginale qu'est Marie ; « ainsi a germé cette fleur » (cf. dante, Par., 33, 9). Comme sur la statue de la Madone de Bonaria, le Christ nous apparaît dans les bras de Marie ; c'est d'elle que nous le tenons, dans sa toute première relation avec nous ; il est un homme comme nous, il est notre frère grâce à l'oeuvre maternelle de Marie. Si nous voulons être chrétiens, nous devons être mariais, c'est-à-dire que nous devons reconnaître le rapport essentiel, vital, providentiel, qui unit la Madone à Jésus, et qui nous ouvre le chemin qui mène jusqu'à lui.

Ce chemin est double : celui de l'exemple et celui de l'intercession. Voulons-nous être chrétiens, c'est-à-dire imitateurs du Christ ? Regardons Marie; elle est la figure la plus parfaite de la ressemblance au Christ. Elle est le « type ». Elle est l'image qui, mieux que toute autre, reflète le Seigneur ; elle est, comme dit le Concile, « l'exemplaire admirable dans la foi et dans la charité » (Lumen Gentium, LG 53, et 61, 65, etc.). Oh ! qu'il est doux et consolant d'avoir Marie, son image, son souvenir, sa douceur, son humilité et sa pureté, sa grandeur devant nous qui voulons suivre les pas du Seigneur ! Comme il est proche de nous l'Evangile dans les vertus que Marie personnifie et qu'elle irradie d'une splendeur humaine et surhumaine ! Et combien disparaît — s'il en était besoin — la crainte que, en donnant à notre spiritualité cette empreinte de dévotion mariale, notre sens religieux, notre vision de la vie, notre énergie morale ne deviennent amollis, efféminés, presque infantiles, alors qu'en nous approchant d'elle, poétesse et prophétesse de la rédemption, nous entendons de ses lèvres angéliques l'hymne la plus forte et la plus innovatrice qui ait jamais été prononcée, le Magnificat. C'est elle qui révèle le dessein transformateur de l'économie chrétienne, le résultat historique et social qui, encore maintenant, tire du christianisme son origine et sa force : Dieu, chante-t-elle, « disperse les superbes..., il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles » (Lc 1,51-52).

Et ici la Madone nous ouvre la seconde voie pour atteindre notre salut dans le Christ Seigneur : sa protection. Elle est notre alliée, notre avocate. C'est en elle que mettent leur confiance les pauvres, les humbles, ceux qui souffrent. Elle est même « le refuge des pécheurs ». Elle a une mission de pitié, de bonté, d'intercession pour tous. Elle est la consolatrice de toutes nos douleurs. Elle nous apprend à être bons, à être forts, à être compatissants pour tous. Elle est la reine de la paix. Elle est la mère de l'Eglise.

Souvenez-vous de tout cela, fils de Sardaigne et hommes de la mer ; et n'oubliez jamais de tourner vos regards vers la Madone comme vers votre plus puissante protectrice.








Discours 1970 26