Discours 1972 22

AUX ÉLÈVES ET PROFESSEURS DES


COLLÈGES CATHOLIQUES DE BELGIQUE


Samedi saint, 1 avril 1972




Nous sommes heureux de vous accueillir en cette vigile pascale, vous qui êtes venus de nombreux collèges de Belgique, avec vos professeurs, pour revivre, au coeur de l’Eglise, le mystère de la mort et de la résurrection du Christ, et pour raviver votre foi auprès des tombeaux des Apôtres Pierre et Paul.

Ensemble, dans la joie, nous allons célébrer la grande nuit de notre salut, le passage du Seigneur. En ressuscitant, le Christ a vaincu la souffrance et la mort, il a vaincu le péché qui empoisonne notre monde, le divise et le ferme à Dieu. En Jésus, nous qui sommes baptisés, nous retrouvons la vie, le chemin vers le Père et le principe de notre unité.

Vous écouterez, cette nuit, l’ange de la résurrection vous dire comme aux saintes femmes: «Allez dire à ses disciples: il est ressuscité d’entre les morts . . .» (Mt 28,7). Oui, allez dire à tous vos frères: Dieu nous a aimés, le Christ est vivant, déjà nous possédons en nous les germes de sa résurrection, et l’amour fraternel est le signe que nous sommes ses disciples. Allez crier au monde cette espérance qui réjouit nos coeurs et cet amour qui les brûle. En témoignant ainsi de votre foi, vous contribuerez à bâtir un monde plus humain, plus juste et plus fraternel.

De tout coeur, Nous implorons sur vous, comme sur vos familles et sur ceux qui vous sont chers, les grâces du Christ Ressuscité, en gage desquelles Nous vous donnons notre paternelle Bénédiction Apostolique.






2 avril



PAIX, JOIE ET COURAGE A TOUTE L’HUMANITE





Frères, vous tous, ici présents, dispersés dans le monde et pourtant près de nous pour l’échange des voeux de Pâques !

Paix à vous! à vous tous, paix !

Par quel autre salut pourrions-nous vous annoncer les bonnes Pâques, si ce n’est par ce même salut, que le Christ ressuscité, se présentant par surprise, le soir du jour bienheureux, à la communauté de ses disciples effrayés et incapables encore de L’imaginer vraiment ressuscité, s’annonça à eux : Paix à vous ! et immédiatement, devant leur stupeur et leur joie, il voulut répéter : Paix à vous ! (Jn 20,19-21).

23 Oui, c’est là notre voeu à Toi, Eglise Romaine, qui viens à nous, grouillante de citoyens et de frères en visite, pour cette rencontre annuelle de joie réciproque; paix à Toi, Eglise des Saints Apôtres Pierre et Paul, témoins très fermes dans la parole et dans le sang, de la résurrection du Christ. Paix à Toi, ô Rome bienheureuse !

Et à Toi, Eglise Catholique, c’est-à-dire universelle, qui, en ce Pays bien-aimé et en de nombreux autres non moins chers, bien plus sur toute la terre libre et ouverte à l’Evangile étends tes tentes fraternelles et bénies ! Paix à toute la Sainte Eglise du Christ, heureuse et fière de se sentir unique et unie dans la foi identique et dans la charité commune, et pour cette raison authentique aussi dans les légitimes expressions originales de chacun de tes sièges et de chacune de tes communautés constituées. Paix à vous, Patriarches, Métropolites, Evêques, Curés, Théologiens, Prêtres, Diacres et Fidèles ! Paix à vous, bien-aimés Frères et Soeurs de nos nombreuses Familles Religieuses, qui, à l’imitation du Christ et pour l’expansion de son Règne, consacrez votre vie avec une plénitude austère et joyeuse ! que soit plus que jamais vôtre la paix radieuse de votre dévouement à l’espérance eschatologique, dont le Christ ressuscité est aujourd’hui le garant !

Et à vous, très chers Laïcs, guidés et soutenus par le ferme propos d’un témoignage religieux et moral plus ouvert, dans l’engagement intérieur et extérieur de fidélité au Christ et à son Eglise ; paix, joie et courage, aujourd’hui fête de la plénitude du mystère pascal !

Et à vous jeunes, d’un coeur tout plein d’affection et de confiance, vont non seulement le voeu, mais l’invitation également de célébrer avec nous l’avènement d’une vie nouvelle et ressuscitée en Jésus-Christ : Paix !

Encore, encore : Nous adressons nos voeux de Paix à tous ceux qui souffrent, aux malades, aux pauvres, aux opprimés, aux prisonniers, aux orphelins, aux veuves... Ces voeux s’expriment sur nos lèvres tremblantes et nous ne voudrions pas qu’ils soient seulement des mots, mais aide effective, service, réconfort libérateur et régénérateur : Nous bénissons ceux qui, au nom du Christ ressuscité, le rendent tel pour vous.

Regardons autour de nous et nous voyons les Frères chrétiens, en tant de groupes divers, auxquels une communion parfaite ne nous unit pas encore. Notre anxiété oecuménique nous remet au coeur le même voeu le plus ardent, que nous voulons prononcer au nom de ce Christ ressuscité de qui nous avons reçu la mission de témoignage et de représentation : Paix, Paix à vous, Frères encore éloignés et pourtant si proches, dans l’affection : Que le Christ ressuscité nous aide à recomposer entre nous l’unité pour laquelle Lui, notre Paix, a “ démoli le mur de la séparation ” (
Ep 2,14).

Et notre salut de Paix, arrivera-t-il à nos Eglises du silence, aujourd’hui, fête du Christ ressuscité ? Car, elles existent encore, ou plutôt elles languissent en de nombreuses régions très étendues de la terre, ces humbles communautés intrépides, ou ces unités de fidèles, auxquelles est refusée une légitime existence, qui n’est pas subversive, dans la libre constitution et expression de leur vie religieuse et ecclésiale. Que ces âmes, considérées isolément, que ces Eglises oppressées et opprimées sachent, au cas où l’écho de cette voix pascale leur arrive, qu’elles ne sont pas oubliées: notre solidarité dans la foi et dans l’amour leur est assurée, avec notre prière et avec l’espérance commune en Jésus-Christ ressuscité : le Christ ne meurt pas ! (cf. Rm Rm 6,9).

Notre Paix va au-delà et veut arriver là où il y a encore des conflits de guerre, haine, sang, ruines et armes toujours plus nombreuses et meurtrières: paix, paix ! Les hommes, qui ont aujourd’hui du talent et des moyens pour donner au monde moderne des spectacles merveilleux de progrès et d’organisation, n’auront-ils pas la sagesse et la force pour défendre et pour recomposer la paix là où elle est blessée, là où l’humanité se trahit elle-même, en même temps que la loi transcendante du Dieu de la paix ? Notre voeu de Paix retentit donc aujourd’hui plus fort et plus affectueux, et sous l’égide du Christ ressuscité et victorieux pour tous, plus confiant.

A tous nos voeux de Pâques, qui sont ceux du Christ ; Paix à vous ! Il semblera à d’aucuns que ces voeux n’ont rien d’original ; ils sont toujours les mêmes !

Oui, ils sont toujours les mêmes, dans l’expression des lèvres et dans le souhait du coeur, car le besoin de la paix est toujours le même en nous et dans le monde. Mais à celui qui en découvre l’inspiration intime et l’aspiration ultime, comme la toujours nouvelle fête de Pâques l’annonce à chaque homme et à toute l’humanité, ces voeux de paix paraîtront ce qu’ils sont réellement ; l’oeuvre vraie et nouvelle à créer et à promouvoir toujours ; le printemps nouveau à toujours cultiver, espérer et saluer ; la grâce la plus élevée et la plus nouvelle à invoquer aujourd’hui du Christ Rédempteur et ressuscité sur le monde.

Avec notre Bénédiction Apostolique.







AU XX PÈLERINAGE MILITAIRE DE BELGIQUE


24
Mercredi 5 avril 1972




Nous sommes heureux d’accueillir ici votre groupe, chers Fils de Belgique. Nous félicitons volontiers les organisateurs de ce pèlerinage militaire, et en particulier Monsieur l’Aumônier général, le Chanoine Platteau, pour cette heureuse initiative qui se renouvelle pour la vingtième fois.

Vivre les fêtes de Pâques à Rome, c’est une grâce dont Nous espérons pour vous un grand profit. Vous ouvrez vos yeux et vos coeurs aux multiples aspects de cette Ville, si riche d’histoire et si fertile en oeuvres artistiques. Vous fêtez le Christ ressuscité près des tombeaux des Apôtres Pierre et Paul, et de tant de martyrs et de saints qui ont ici planté l’Eglise ou ont contribué à son renouvellement, à son rayonnement. Dans cette cité, et bien au delà, ils ont été les témoins de la joie propre aux croyants, de l’espérance au milieu des pires difficultés, de la pureté de coeur, d’une charité sans limite dont ils ont donné le goût au monde. Comprenez leur appel, entrez dans leur sillage.

Et puis, vous avez pris place, ces jours-ci, au milieu de cette immense assemblée catholique, de tout pays, peuple et langue, unis dans la foi au Christ Sauveur et la prière fraternelle. A travers ce signe, puissiez-vous découvrir la vitalité, la profondeur et la largeur du Corps mystique du Christ! Soyez fiers de votre foi; demeurez-y fidèles, fermement; développez-là; et tournez-vous vers vos frères avec cette lumière reçue du Seigneur et de son Eglise. Votre vocation actuelle est de servir votre pays, et de vous préparer à instaurer un monde plus juste, plus fraternel, où Dieu ait sa place. Priez avec Nous, pour que ce renouveau pascal, avec la paix qui le caractérise, arrive jusqu’aux extrémités de la terre.

De tout coeur, Nous recommandons à Dieu vos familles, vos camarades et tous ceux qui vous sont chers. Et Nous vous donnons notre paternelle Bénédiction Apostolique.

Zeer gaarne heten Wij ook de Vlaanmse deelnemers van de bedevaart welkom en verlenen hun, hun families en a1 hun dierbaren in het mooie Vlaanderen van ganser harte Onze Apostolische Zegen.



AUX MEMBRES DU BUREAU DE


L’«UNION EUROPÉENNE DÉMOCRATE CHRÉTIENNE»


Samedi 8 avril 1972

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,


Au moment où se réunit à Rome le Bureau politique de votre «Union européenne démocrate chrétienne», vous avez manifesté le désir de Nous rencontrer. Sensible à ce geste, Nous vous souhaitons volontiers la bienvenue en cette Maison Apostolique.

Certes, il n’est plus besoin de le souligner, l’Eglise catholique, comme celui qui en a été constitué pasteur universel à la suite de l’apôtre Pierre, ne sont liés à aucun système politique, ni à aucun parti politique. «Sur le terrain qui leur est propre, la communauté politique et l’Eglise sont indépendantes l’une de l’autre et autonomes» (Gaudium et Spes GS 76, p. 3; Cfr. 76, p. 2), sans interférence indue d’un domaine dans l’autre. Mais les deux communautés sont, à des titres divers, au service des mêmes hommes. Et «L’Eglise tient en grande considération et estime, l’activité de ceux qui se consacrent au bien de la chose publique et en assurent les charges pour le service de tous» (Ibid. 75, p. 1). Elle exhorte même les catholiques compétents à prendre consciencieusement leur part dans cette gestion (Apostolicam Actuositatem AA 14); elle reconnaît le concours positif que peuvent apporter les partis et aussi le rôle que tous les chrétiens sont appelés à jouer dans le domaine politique.

L’activité que vous déployez, à l’intérieur de formations politiques se situant dans une perspective «humaniste et chrétienne», comme l’affirment vos Statuts (Art. 2, 1c.), doit trouver sa source d’inspiration et son guide dans votre compétence en matière politique, économique, administrative, sociale, et, inséparablement, dans le jugement moral de votre conscience. L’Eglise, pour sa part, si elle n’a pas a cautionner tel programme ou l’adoption de tel moyen technique, met au service des citoyens et des hommes politiques, devant leur conscience, un certain nombre de critères qu’elle juge indispensables pour la réalisation d’une politique juste, féconde et durable, favorisant le plein épanouissement des personnes et des communautés.

25 Ces principes, correspondant à la conception chrétienne de la vie morale et à l’éthique de l’activité politique, vous les connaissez. Le concile de Vatican II (Apostolicam Actuositatem AA 73-75) en a fait une synthèse et Nous-même Nous avons souvent eu l’occasion de les rappeler.

Il s’agit notamment de faire leur juste place à la liberté, à I’initiative personnelle, aux droits des personnes, des familles, des corps intermédiaires, sans jamais cesser de les harmoniser avec leurs devoirs, avec les exigences du bien commun, de l’ordre et de la solidarité nécessaires, bref de former au sens de la responsabilité à tous les échelons: difficile démocratie! Les partis eux-mêmes n’oublieront jamais qu’ils doivent chercher continuellement à établir une justice sociale effective pour toutes les catégories. Que le pouvoir public soit doté d’une autorité suffisamment efficace et digne de mériter le respect de tous, et que ses détenteurs se considèrent comme les serviteurs de leurs compatriotes, avec le désintéressement et l’intégrité qui conviennent à leur haute fonction. L’amour de la patrie doit pouvoir aussi se concilier avec une recherche de rapports communautaires plus étroits entre les peuples qui sont appelés à intensifier leurs liens économiques et culturels, et ceci vaut particulièrement pour ceux de l’Europe, en raison de leur voisinage, et du patrimoine spirituel et moral commun. La solidarité européenne doit elle-même demeurer ouverte à la grande solidarité de tous les peuples de la terre, dans la poursuite du développement.

Bref la valeur d’une politique se mesure à son projet social et aux services qu’elle peut mettre en oeuvre; mais il s’agit toujours de savoir quel sens de l’homme on a en vue, quelle place on donne au respect de ses droits, de sa dignité, de sa vie, à sa responsabilité, à ses exigences morales et spirituelles, à la fraternité, en définitive à l’amour mutuel.

En vous encourageant à travailler sans relâche suivant cet idéal, Nous implorons sur vous, sur vos familles et tous ceux qui vous sont chers, les grâces abondantes du Seigneur dont la résurrection nous invite à instaurer en lui toutes choses nouvelles.



AUX PARTICIPANTS AU II CONGRÈS INTERNATIONAL


DE LA «FRATERNITÉ CATHOLIQUE DES MALADES ET HANDICAPÉS»


Samedi 8 avril 1972




Chers Fils et chères Filles,

Nous remercions vivement Monseigneur Boillon d’avoir si aimablement interprété vos sentiments. Soyez les bienvenus en cette maison ouverte à tous, mais plus spécialement aux malades, aux handicapés, à leurs amis, que le Seigneur Jésus rencontrait avec prédilection.

Vous avez tenu à choisir Rome comme lieu de votre second Congrès international. Nous vous félicitons de cet attachement filial que vous nous manifestez ainsi. Nous devinons votre bonheur de pouvoir prier au coeur de l’Eglise, près des tombeaux des apôtres Pierre et Paul: ils nous ont transmis la foi au Christ ressuscité qu’ils ont vu de leurs yeux. Nous vous souhaitons cette joie pascale et Nous espérons que vous tirerez grand profit de cette rencontre où vous êtes venus de tous les horizons, et de la réflexion qu’elle vous a permise.

Pour notre part, Nous voudrions simplement vous assurer de notre profonde affection, de notre paternel encouragement, de notre Bénédiction Apostolique. Le Seigneur a demandé à ses apôtres d’apporter d’abord aux malades le réconfort de leur ministère (Cfr. Matth Mt 10,7-8), en gage du Royaume de Dieu tout proche. Mais à vrai dire, n’est-ce-pas Nous-mêmes qui trouvons près de vous un réconfort, quand Nous voyons votre amitié, votre soutien fraternel, votre courage, votre volonté de vivre, votre espérance, votre foi? A nos yeux, vous revêtez l’aspect du Christ souffrant, tandis que dans vos coeurs brille déjà la lumière du Christ ressuscité. Oui, dans l’Eglise, vous êtes les pauvres de santé qui avez besoin de l’aide de vos frères bien-portants; mais vous enrichissez ces frères parce que vous leur rappelez l’essentiel: l’espérance et l’amour.

Que le Seigneur augmente en vous cette espérance. Le Dieu Créateur vous appelle vous aussi à participer, en responsables, à son oeuvre merveilleuse, à la développer, à la parfaire. Avec les talents qu’il vous a confiés, et qu’il vous revient de découvrir et de faire fructifier, vous pouvez contribuer à construire un avenir plus beau, un monde plus riche de vitalité, une société plus fraternelle. Mais ce projet dépasse les forces de l’homme livré à lui-même. Le Christ a racheté ce monde de l’orgueil, de l’égoïsme, de la mort, au prix de son labeur humain, de ses souffrances, de sa passion ou plus exactement au prix de l’amour avec lequel il les a assumés. Avec lui, vous êtes étroitement associés à cette oeuvre de relèvement, de salut, d’enfantement laborieux d’un monde nouveau. Le Seigneur ressuscité vous apporte l’assurance qu’une telle existence, unie à la sienne et vécue dans la communion des saints, avec toute votre dignité d’homme et de fils de Dieu, conduit à la Vie. Nous prions Dieu de fortifier en vous cette espérance, même au plus creux de vos épreuves.

Enfin, sortant de l’isolement où risquerait de vous enfermer votre situation, vous vous efforcez d’instaurer entre vous une vaste fraternité, de multiplier vos échanges, d’approfondir vos liens, de résoudre ensemble vos problèmes. Oubliant vos propres misères, vous vous ouvrez à celles des autres, mieux encore, vous marchez ensemble vers votre relèvement. N’en doutez pas, par ce don réciproque, vous vivez l’essentiel de l’Evangile. Vous pouvez dire avec saint Jean: «Nous savons que Nous sommes passés de la mort à la vie parce que nous aimons nos frères» (1Jn 3,14). Et cet amour vient de Dieu: en vous engageant sur ce chemin, puissiez-vous prendre conscience de l’amour gratuit que Dieu nous a témoigné le premier et qu’il ne cesse de nous prodiguer dans le Christ. A ceux qui le cherchent encore, Nous disons avec le Seigneur: «Celui qui fait la vérité vient à la lumière» (Jn 3,21). Que la grâce de Dieu dilate votre amour selon la largeur, la hauteur, la profondeur de celui du Christ Jésus (Cfr. Eph Ep 3,17-20). Ne serait-ce pas le secret du salut pour le monde entier?

26 Dans cette oeuvre d’espérance et de charité, qui seront les apôtres des malades et des handicapés, sinon d’abord les malades et les handicapés eux-mêmes? Nous nous réjouissons de l’aide qu’ils trouvent chez leurs frères bien-portants, au sein notamment de cette «Fraternité catholique des malades et handicapés», dont Nous saluons avec plaisir les Responsables.

Nous vous invitons tous à prier pour Nous et pour tous les besoins de l’Eglise que le Seigneur a confiée à notre sollicitude apostolique. Et de notre côté, Nous implorons sur chacun d’entre vous, sur vos amis qui n’ont pas pu venir, sur vos familles, sur vos aumôniers, les grâces de lumière et de force de l’Esprit Saint, en gage desquelles Nous vous donnons, avec nos chers Frères dans l’épiscopat, Nosseigneurs Boillon et Bullet, notre affectueuse Bénédiction, au nom du Seigneur.

Salutiamo anche tutti i malati di lingua italiana; e ricordiamo loro l’esortazione dell’Apostolo Pietro: rallegratevi di essere anche voi partecipi dei patimenti di Cristo. Vi conforti tutti la nostra benedizione.

We wish to give expression, also in English, to our great affection for the sick present here with us this morning. Be assured that we are one with you in your sufferings and that our prayers and love accompany you always. Most cordially we impart to each of you our Apostolic Blessing.

Auch allen Kranken aus den Ländern deutscher Sprache entbieten Wir Unseren väterlichen Segensgruss! Wir rufen euch, liebe Kranke, die Aufforderung des Apostels Petrus in Erinnerung: «Freuet euch, dass such ihr teilhaftig seid der Leiden Christi!». Unser Apostolischer Segen möge euch allen geistige Stärkung bedeuten!

Dirigimos también nuestro afectuoso saludo a los enfermos de lengua española. Con fe y con amor unid vuestros sufrimientos a los de la Pasión, para haceros participes de la misión salvadora de Cristo: cuando El viene a vosotros, vuestro dolor se convierte en gozo. En prenda de su gracia, os bendecimos de corazón.



AU PREMIER AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE TUNISIENNE


PRÈS LA SAINT-SIÈGE*


Samedi 22 avril 1972




Monsieur l’Ambassadeur,

Nous apprécions les nobles sentiments que Votre Excellence vient de nous exprimer, et Nous demeurons conscient en même temps de la portée profonde de cet événement qu’on pourrait dire historique: la remise des Lettres de créance du premier Ambassadeur de la République tunisienne près le Saint-Siège. Elle scelle la volonté réciproque d’établir des relations nouvelles et constantes et elle ouvre une ère que Nous souhaitons, non seulement paisible, mais fructueuse, de part et d’autre.

Nos voeux s’adressent d’abord à vous, Monsieur l’Ambassadeur, pour l’heureux accomplissement de votre mission près de Nous, et par delà votre personne, à Son Excellence Monsieur le Président Habib Bourguiba dont vous avez rappelé la visite à notre vénéré prédécesseur. Ils s’adressent aussi à l’ensemble des populations tunisiennes à qui Nous souhaitons bonheur et prospérité.

Votre pays a connu de glorieuses pages d’histoire qui sont dans toutes les mémoires; et il a donné à l’Eglise catholique elle-même quelques-uns de ses plus grands pasteurs, dont vous avez délicatement évoqué la noble figure. Aujourd’hui, dans le cadre de la pleine indépendance de la République tunisienne, la reconnaissance effective de la personnalité civile et de la liberté de l’Eglise constitue l’un des éléments indispensables pour envisager l’avenir avec la sérénité qui naît d’une compréhension réciproque. Les chrétiens ne demandent en effet rien d’autre, Votre Excellente le sait, que de pouvoir alimenter leur propre foi, l’exprimer dans leur liturgie, la vivre dans la trame de leurs occupations quotidiennes et assurer l’éducation de leurs propres enfants, dans le respect des autres convictions religieuses. Parler de respect serait trop peu dire: une estime sincère, une volonté de dialogue, un enracinement profond dans la culture arabe, sans isoler celle-ci des autres grands courants humanistes et spirituels, voilà ce qui nous semble devoir caractériser les chrétiens. L’Evangile lui-même les invite à cette présence amicale, au service, à l’amour. Ainsi apportent-ils une contribution désintéressée au progrès culturel et spirituel, au bien-être social de tous, que votre Gouvernement poursuit avec ténacité en tant de domaines.

27 Les relations diplomatiques que Votre Excellence inaugure ce matin permettront, Nous n’en doutons pas, d’affermir cette collaboration; elles renforceront aussi les rapports entre la République tunisienne et le Saint-Siège lui-même, dans le but de promouvoir la paix, la coopération et le développement sur la scène internationale. Nous savons l’intérêt que votre Gouvernement manifeste pour ces grands objectifs humanitaires qui préoccupent à juste titre l’Organisation des Nations Unies, soucieux qu’il est de débloquer les situations dangereusement tendues comme de proposer des solutions pacifiques respectueuses du droit des personnes et des minorités. Nous y sommes d’autant plus sensible que Nous ne cessons, de notre côté, d’inviter tous les hommes de bonne volonté à préparer vraiment les chemins de la paix. Il importe au plus haut point d’éviter de nouveaux risques de guerre et, dans les conflits malheureusement engagés, d’arriver à une solution négociée, dans la justice et la dignité; mais plus profondément, il s’agit de satisfaire, au-delà de l’égoïsme ou du nationalisme exacerbé de trop de pays, les aspirations légitimes des races et des peuples, et de créer avant tout les conditions d’un développement intégral et solidaire, autrement dit d’un «plus être» selon la vocation inscrite en eux par le Créateur. Cette espérance doit être ouverte aussi aux plus pauvres.

Vous pourrez être témoin ici, Monsieur l’Ambassadeur, de cette recherche de justice et de paix. Vous apportez vous-même dans ce nouveau poste une large expérience, acquise notamment auprès des Organisations internationales, qui vous aidera certainement dans votre délicate mission, et Nous nous en réjouissons. En vous redisant nos voeux les meilleurs, Nous implorons de grand coeur sur votre personne, sur les vôtres et sur tout le peuple tunisien, les faveurs du Dieu Tout-Puissant.



*AAS 64 (1972), p.355-356;

Insegnamenti di Paolo VI, vol. X, p.409-411;

L’Attività della Santa Sede 1972, p.145-146;

OR 23.4.1972, p.1, 2;

ORf n.17 p.1, 3;

DC n.1609 p.455-456.





AUX PARTICIPANTS À LA IX ASSEMBLÉE GÉNÉRALE


DE LA «CARITAS INTERNATIONALIS»


Vendredi 12 mai 1972




Chers Frères et chers Fils de la «Caritas Internationalis»,

Nous sommes très heureux de vous accueillir dans cette Maison à l’occasion de votre neuvième Assemblée générale. Nous ne cachons pas l’émotion que Nous éprouvons à vous rencontrer: ne formez-vous pas une délégation impressionnante, représentant vraiment tous les continents, à l’image de l’Eglise elle-même? Et votre Organisation, nous le savons, est dotée d’une remarquable structure qui la rend apte à exercer «la charité à géométrie variable», selon l’expression de votre ancien Président. Ainsi êtes-vous en mesure de rejoindre, d’analyser et de soulager les besoins humains les plus variés: besoins de pain, de vêtement, de toit, de soins, de visite, de compréhension, d’amitié.

28 Vous venez d’ailleurs d’étudier les moyens de permettre à «Caritas» de mieux jouer son rôle pédagogique qui est capital, d’étendre et d’approfondir le champ de ses activités, bref de mieux situer sa mission dans l’Eglise et dans le monde. Puissent vos travaux apporter un surcroît de lumière et d’encouragement à ces amis innombrables qui oeuvrent avec vous, de par l’univers entier, pour bâtir un monde fraternel, où l’oeil reste vigilant, la main secourable, le coeur accueillant pour toutes les détresses physiques et morales.

Vos multiples activités sont tellement connues de tous que Nous n’avons pas besoin de les énumérer dans le cadre de cette brève rencontre. Vous savez à quel point Nous comptons sur votre collaboration confiante. Que de fois Nous avons Nous-mêmes eu l’occasion de solliciter votre intervention pour les graves besoins dont Nous étions le témoin ou qui étaient confiés à notre sollicitude universelle! Et maintenant que notre Conseil «Cor Unum» a reçu la charge de stimuler et de coordonner les grandes entreprises charitables de l’Eglise, Nous sommes sûr que votre Organisation internationale y apportera - elle y apporte déjà - une coopération de premier choix qui produira ses meilleurs fruits. Aussi permettez- Nous, ce matin, de nous limiter à souligner la place éminente de la «charité», de cette «agapè» évangélique qui prend sa source en Dieu.

Votre activité, en effet, ne saurait se confondre avec une entreprise technique et humanitaire. Elle est et doit être tout entière soulevée, animée, enveloppée par une charité puisée dans le coeur de Notre-Seigneur, de façon à aimer le monde comme Il l’a aimé.

Oui, il nous faut d’abord et sans cesse contempler cet amour inouï qui existe en Dieu, bien plus qui définit l’être même de Dieu, selon le mot de saint Jean: «Dieu est Amour» (
Jn 4,8). Cet amour, dont le peuple juif a eu la première révélation, ne connaît pas de frontière de race, de nation: le Christ l’a manifesté au plus haut point, il l’a prodigué, gratuitement, «jusqu’à l’extrême» (Jn 13,1). Et si les malades, les étrangers, les miséreux de toute sorte, les pécheurs en ont fait l’expérience privilégiée, tous les hommes sont appelés à connaître, avec saint Paul, «la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur . . . de l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance» (Ep 18-19). Telle est, pourrait-on dire, l’originalité de notre Dieu.

Telle doit être aussi l’originalité du chrétien. Sa charité est liée à sa foi comme une conséquence logique: comment croire à l’amour de Dieu sans aimer à notre tour? Elle devient possible avec la grâce, car «l’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné» (Rm 5,5). Elle garde le primat absolu dans la vie chrétienne: tous les commandements se ramènent à cette injonction aux deux volets inséparables: Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toutes tes forces et ton prochain comme toi-même (Cfr. Luc Lc 10,27).

Cette charité conduit à une justice toujours plus exigeante: «Tout ce que vous voudriez que les hommes fassent pour vous, faites-le pareillement pour eux» (Mt 7,12). Elle s’adresse à chaque personne, comme à un sujet unique, revêtu de la dignité de fils de Dieu et de frère du Christ, digne d’être aimé pour lui-même, capable de recevoir et de donner à son tour. Et pour mieux assurer ce service, elle s’empresse de transformer les mentalités et d’assurer les conditions sociales permettant un développement durable, pour tous, qui ne se confonde pas avec une accumulation de biens, mais réalise un «plus être», intégrant l’épanouissement des valeurs spirituelles.

Qui oserait dire qu’une telle charité a perdu de son actualité, dans un monde dont l’organisation technique et sociale va croissant? Le monde pourrait-il se passer d’aimer? Non, la charité bien comprise, la charité théologale, est depuis toujours l’expression privilégiée de la vie chrétienne, le signe par excellence des disciples du Christ. Et comme il ne s’agit pas d’aimer en paroles mais en actes (Cfr. 1Jn 3,18), cette charité se manifeste dans des oeuvres très concrètes d’assistance, de solidarité, d’échange, qui entraînent elles-mêmes la nécessité d’institutions précises et bien organisées. Saint Paul n’a-t-il pas pris soin, malgré l’intensité de son labeur apostolique consacré à l’évangélisation, d’amener les Eglises qu’il avait fondées à recueillir des fonds pour venir en aide à l’Eglise-mère de Jérusalem?

C’est ainsi que se tisse la solidarité humaine universelle dont vous voulez à bon droit être les hérauts, dans l’Eglise. Aujourd’hui en effet cette solidarité est appelée sans cesse à s’élargir, à s’approfondir. Sur place, il revient aux «Caritas» locales de prendre en charge, autant qu’elles le peuvent, l’organisation et l’entraide; mais elles doivent pouvoir compter sur la bienveillance, la compréhension, le soutien, la collaboration désintéressée de leurs soeurs, comme au sein d’une grande famille; elles auront le souci d’entrer elle-même dans une perspective internationale où chacun donne et reçoit, en biens matériels, ou spirituels.

Telle est, chers amis, la confiance que Nous vous manifestons, avec nos félicitations pour l’oeuvre déjà accomplie. Ces félicitations, Nous voudrions les exprimer à chacun des membres ici présents, comme à tous ceux qui participent, obscurément et patiemment, à cette oeuvre capitale. Mais comment ne pas nommer le cher Monseigneur Jean Rodhain, qui a présidé durant tant d’années à ce réseau de charité, et qui a si puissamment contribué à lui donner le visage dont vous êtes fiers aujourd’hui? Nous nous associons de tout coeur aux remerciements qu’il a si bien mérités. Et Nous exprimons nos voeux les meilleurs à ceux que vos suffrages viennent de porter aux différents postes de responsabilité. A tous, en témoignage de nos plus vifs encouragements et en gage des grâces abondantes de Celui en qui Nous puisons la force d’aimer, Nous donnons notre affectueuse Bénédiction Apostolique.




13 mai



“ L’EGLISE A CONFIANCE EN VOUS ; AYEZ CONFIANCE EN ELLE ”





A l’occasion du IVe centenaire de l’élévation à la Chaire de Saint-Pierre du Pape Grégoire XIII, les professeurs et les étudiants de l’Université Pontificale Grégorienne ont voulu rendre hommage au Vicaire du Christ en participant à une audience solennelle qui s’est déroulée samedi 13 Mai, en fin de matinée, dans la salle des Bénédictions. Etaient également présents les élèves de l’Institut Biblique Pontifical, de l’Institut Pontifical Oriental et de l’Institut Pontifical Regina Mundi. Monsieur le Cardinal Gabriel Marie Garrone, Préfet de la S. Congrégation pour l’Education Catholique, Grand Chancelier de l’Université Grégorienne, assistait à l’audience ainsi que le Père Pierre Arrupe, Vice Grand Chancelier, Préposé Général de la Compagnie de Jésus, à laquelle sont confiés depuis leur fondation l’Université Grégorienne et les Instituts Biblique et Oriental.


Discours 1972 22