Discours 1972 37

À L’ASSOCIATION DES JOURNALISTES CATHOLIQUES


DE BELGIQUE


Mercredi 28 juin 1972




Monsieur le Président, chers Fils et chères Filles.

Depuis de nombreuses années, Nous avons eu l’occasion d’apprécier l’attachement filial, le loyalisme, la générosité de l’Association des Journalistes catholiques de Belgique que vous présidez. Nous sommes heureux, en cette veille des saints Apôtres Pierre et Paul, d’en recevoir ici les représentants qualifiés. Soyez les bienvenus!

Pour notre part, Nous nous associons volontiers au soixante-quinzième anniversaire de votre Association, et vous exprimons à cette occasion les voeux cordiaux que Nous formons pour la poursuite de l’oeuvre bénéfique que vous accomplissez, non seulement auprès de vos collègues journalistes, mais près du large public de vos lecteurs.

38 Nous vous félicitons particulièrement de saisir, et de faire saisir à vos compatriotes, le rôle de ce Siège Apostolique, dont toute l’activité demeure au service de l’Eglise universelle, des missions, et des frères les plus démunis. Chaque année, les «Etrennes pontificales» que vous recueillez par souscription en sont l’éloquente manifestation. N’est-ce pas le geste de saint Paul que vous renouvelez ainsi, ravivant parmi ses frères leurs liens de solidarité et de reconnaissance envers l’Eglise-mère de Jérusalem? Aujourd’hui, Nous tenons à vous en exprimer notre profonde gratitude, à vous comme à tous ceux qui s’associent à votre initiative.

Par ailleurs, n’est-ce pas sur le plan même de votre profession que vous voulez participer au témoignage de l’Eglise? En tant que journalistes catholiques, vous êtes soucieux de vous faire l’écho de son message, de ses aspirations, de ses difficultés et de ses espoirs. Vous savez tous les souhaits et la confiance que Nous manifestons souvent aux artisans des communications sociales. Dans cet esprit, Nous prions Dieu de vous donner sa lumière et sa force. Nous implorons sur chacun de vous, sur vos familles, sur vos chers compatriotes la protection des Apôtres Pierre et Paul, et de tout coeur, Nous vous donnons notre paternelle Bénédiction Apostolique.



À L’AMBASSADEUR D’ALGÉRIE


PRÈS LE SAINT-SIÈGE*


Lundi 10 juillet 1972




Monsieur l’Ambassadeur,

Nous remercions Votre Excellence des aimables paroles qu’elle vient de nous adresser: comment ne serions-Nous pas sensible à l’hommage que vous rendez à la collaboration de l’Eglise catholique, comme à votre souhait d’un dialogue toujours plus fructueux, en faveur du bien-être de votre noble pays et de la paix internationale?

Nous agréons également avec plaisir les sentiments cordiaux de Son Excellence Monsieur le Président Houari Boumedienne, et vous confions le soin de lui renouveler l’assurance des voeux que Nous venons de lui exprimer à l’occasion des festivités du dixième Anniversaire de l’Indépendance de l’Algérie.

Oui, c’est une étape nouvelle, et, Nous voulons l’espérer, pleine de promesses, qui est inaugurée aujourd’hui dans les rapports entre le Saint-Siège et la jeune République Démocratique et Populaire d’Algérie. Votre Excellence a l’honneur d’en être le témoin privilégié et le premier coopérateur de choix, en qualité d’Ambassadeur: soyez le bienvenu et demeurez assuré de notre aide bienveillante pour l’accomplissement de votre haute mission.

Dans un langage à la fois dense et ferme, vous vous êtes fait l’écho des efforts et des idéaux, des soucis et des espoirs de vos chers compatriotes, en ce qui concerne la prospérité à tous égards de leur pays, si riche de vitalité, et leur engagement actif dans le concert des nations.

Votre Excellence sait, et elle a eu la bonté de le souligner, que l’Eglise catholique prend très à coeur les droits des personnes et des peuples, et de même les conditions de liberté, de dignité, d’égalité raciale, de justice, de responsabilité, de solidarité, que requiert leur épanouissement plénier. Car ce destin est inscrit par le Créateur, dans la nature humaine, comme une vocation, qu’il revient aux hommes de réaliser ensemble, avec l’aide du Très-Haut. C’est pourquoi, de ce Siège Apostolique, Nous ne voulons perdre aucune occasion de témoigner en faveur des opprimés ou des pauvres de toute sorte, en faisant inlassablement appel à la compréhension, au règlement pacifique, à une garantie internationale des droits, à la concertation des bonnes volontés, à la mobilisation des énergies pour des tâches constructives si urgentes, au-dessus des tensions dangereuses, des violences stériles et des haines meurtrières. Il nous est particulièrement cher de vous entendre évoquer une coopération fructueuse, et respectueuse des droits de chacun, entre ceux qui demeurent solidaires, par tant de liens historiques et culturels, autour de ce bassin méditerranéen.

Mais, Nous en avons bien conscience, les sentiments, les paroles et les projets ne sauraient suffire. C’est au coeur des réalités concrètes que les chrétiens sont appelés à mettre en oeuvre leur considération de la dignité d’autrui, leur volonté de paix, l’entraide fraternelle, leur souci des valeurs suprêmes (Populorum Progressio PP 21). Ceux qui travaillent actuellement au sein de l’Algérie nouvelle, prêtres, religieux, religieuses et laïcs, n’ont pas d’autre ambition. Est-il besoin d’évoquer la noble figure de notre cher Frère le Cardinal Duval, dont vos compatriotes connaissent les sentiments de loyauté et de généreux service? Nous savons gré aux Autorités et aux populations de votre pays de l’estime, de la sympathie et de la confiance qu’elles témoignent à la communauté chrétienne dont il a la charge avec les autres Evêques d’Algérie. Assurés de cette bienveillance, les catholiques pourront continuer à vivre leur foi spécifique, dans un dialogue respectueux et fécond avec leurs amis musulmans. Du même élan, ils contribueront, individuellement et grâce au soutien nécessaire de leurs associations, aux grandes réalisations de développement qui sont en cours: l’accès de tous à l’éducation de base, l’épanouissement du patrimoine spirituel et culturel, l’assistance aux malades et handicapés, la mise en oeuvre des richesses nationales au profit de chacun, la formation aux responsabilités, la promotion de la justice sociale, l’accroissement du bien-être des personnes et des familles, la recherche d’une qualité de vie ouverte sur l’absolu.

Cette collaboration fructueuse entre les divers croyants citoyens de l’Algérie trouvera un garant et un stimulant, Nous l’espérons fermement, dans ces relations particulières qui s’établissent aujourd’hui entre le Saint-Siège, centre de l’Eglise catholique, et votre Gouvernement. En redisant à Votre Excellence les voeux confiants que Nous formons pour cet avenir, Nous implorons de grand coeur sur votre personne, Monsieur l’ambassadeur, sur les vôtres et sur l’Algérie tout entière, les Bénédictions du Très-Haut.

39 *AAS 64 (1972), p.507-509;

Insegnamenti di Paolo VI, vol.X, p.733-735;

L’Attività della Santa Sede 1972, p. 251-252;

OR 10-11.7.1972, p.1;

ORf n. 29 p.2;

La Documentation catholique n.1614 p.706.



AU COLLÈGE DE DÉFENSE DE L’OTAN*


Samedi 15 juillet 1972




Dear friends,

We are pleased to welcome you and to extend our greetings of peace in the Lord.

Peace in our time is indeed something weak, something not yet perfected, and something circumscribed by the many limitations of our age. Your mission is to render it strong and stable. We are convinced that you will succeed in this mission if you work to strengthen the bonds of solidarity and union among peoples, the bonds of friendship and the bonds of fraternal collaboration. These-not armaments-are the means adapted to your goal. With these means you are assured of success.

We pray that God will bless your efforts and through his grace armaments will be substituted by the spiritual weapons of justice and love. And thus in God’s strength we hope to find the great blessing of lasting peace.

40 Ed ecco le parole in lingua francese rivolte dal Santo Padre ai visitatori.

Chers Messieurs, Avant de repartir dans vos pays respectifs, vous avez manifesté, comme vos prédécesseurs, le désir de nous rencontrer. Soyez les bienvenus!

Cette session d’instruction, avec son cycle de conférence de choix, d’échanges, de travaux en comités, vous aura permis, pensons-Nous, d’aborder et d’approfondir en commun un bon nombre de questions, qui touchent le bien-être de chacun de vos pays et de leur ensemble. Cette expérience, Nous n’en doutons pas, vous sera désormais d’une aide appréciable, quand il s’agira d’exercer les responsabilités qui vous seront confiées.

Ici encore, vous avez mieux appris à confronter des points de vue particuliers, à vous écouter, à vous comprendre, à vous estimer, à coopérer: autant d’atouts qui s’avèrent précieux pour continuer à jeter des ponts par-dessus les frontières, selon la noble devise de votre Collège: «Unitatem alentes». Nous souhaitons que ces liens d’amitié se prolongent au-delà de cette Session, et que vous emportiez une moisson de souvenirs culturels et de témoignages spirituels enrichissants. Cet enrichissement de l’esprit et du coeur, Nous vous invitons à le mettre au service de tous ceux avec qui la Providence vous appellera à oeuvrer.

Et Nous implorons de grand coeur sur chacun d’entre vous, sur les responsables de votre Session, sur vos familles et tous ceux qui vous sont chers, les bénédictions du Seigneur.

*Insegnamenti di Paolo VI, vol. X, p.755-756;

ORf n.29 p.3;

La Documentation catholique, n.1615 p.758.



AU NOUVEL AMBASSADEUR DE BELGIQUE


PRÈS LE SAINT-SIÈGE*


Samedi 12 août 1972




Monsieur l’Ambassadeur,

Nous sommes très sensible aux aimables paroles que vous venez de prononcer et Nous vous en remercions vivement. Nous vous confions le soin de transmettre notre salut respectueux et cordial à Sa Majesté le Roi des Belges et à Sa Majesté la Reine, dont vous vous êtes fait l’interprète auprès de Nous.

41 Au moment où vous assumez la charge de représenter ici votre noble pays comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, Nous formons les meilleurs voeux pour l’accomplissement de votre haute mission, afin qu’elle contribue à accroître les liens de mutuelle confiance dont vous avez souligné l’existence entre la Belgique et le Saint-Siège.

Comment les orientations fondamentales que vous avez brièvement rappelées ne justifieraient-elles pas une telle confiance? Rien n’est plus important, en effet, dans le concert actuel des nations, qu’une action loyale et persévérante en faveur du développement et de la paix. Dans ce domaine, l’édification de la Communauté européenne, à laquelle participe votre pays, peut se révéler riche d’espérances à condition, Nous avons eu plusieurs fois l’occasion de le rappeler, que cette Communauté sache mettre ses forces croissantes au service des buts élevés que la Providence et l’histoire lui assignent. OEuvre de longue haleine, une telle entreprise ne manque pas d’exiger, de la part de chaque communauté nationale, une claire vision du bien commun, jointe à l’ouverture au reste du monde. C’est pourquoi l’amour profond de la paix et le sens de la communauté internationale que vous, Monsieur l’Ambassadeur, avez si heureusement soulignés ne peuvent demeurer vivants et efficaces s’ils ne s’alimentent pas constamment aux véritables sources du sens de l’homme et ne sauvegardent pas toutes les dimensions de la personne appelée à accomplir, au sein de la communauté humaine, sa haute destinée spirituelle.

L’Eglise catholique porte la responsabilité du message de salut adressé à tous les hommes. Lui seul assure à l’idéal humain sa pleine portée et sa justification dernière. Nous n’oublions pas que nos fils catholiques, très nombreux dans votre cher pays, ont depuis longtemps fait la preuve de leur grande générosité pour répondre à leur vocation chrétienne et répandre, souvent bien au delà de leurs frontières, avec le souci de la paix, la lumière de l’Evangile. Ils tiennent une place importante dans la vie intellectuelle et dans divers secteurs de la vie sociale. Nous Nous en réjouissons et Nous sommes persuadé qu’ils continueront à apporter, en ces divers domaines, une contribution efficace au bien de leur patrie comme à celui de l’Eglise universelle et de toute la communauté humaine.

C’est vous dire dans quel esprit Nous vous accueillons en ce jour. Nous prions le Seigneur pour la prospérité du cher peuple de Belgique et Nous vous donnons de grand coeur, cher Monsieur l’Ambassadeur, au seuil de votre haute mission auprès du Saint-Siège, notre paternelle Bénédiction Apostolique.

*AAS 44 (1972), p.551-552;

Insegnamenti di Paolo VI, vol. X, p.806-807;

L’Attività della Santa Sede 1972, p.286;

OR 13.8.1972 p.1;

ORf n.34 p.1, 8;

La Documentation catholique n.1615 p.757-758.





AU PÈLERINAGE DE L’UNION CATHOLIQUE


DES CHEMINOTS FRANÇAIS


Jeudi 7 septembre 1972




42 Chers fils et chères filles,

Nous sommes heureux de rencontrer aujourd’hui de façon particulière le beau pèlerinage de l’Union catholique des Cheminots français. Nous saluons Monseigneur l’Evêque auxiliaire de Rennes, votre Président, votre Aumônier national et les nombreux prêtres qui sont au service de la grande famille des cheminots. A chacun de vous, Nous aimerions dire une parole venue du coeur, si notre charge pastorale ne Nous imposait des impératifs horaires que vous expérimentez vous-mêmes si souvent, dans votre exigeante profession. Du mois, Nous nous tournons avec une particulière affection vers le groupe des malades que l’Hospitalité de Notre-Dame de la Voie, et vous tous, entourez de constantes et délicates prévenances.

Chers fils et chères filles, vous appartenez à un corps qui continue de jouer un rôle très important dans la vie moderne. Quelle que soit votre place dans la société des chemins de fer, vous y êtes au service de l’homme et de la communauté. Votre valeur et votre honneur seront toujours d’accomplir ce double service avec conscience, compétence et humanité.

Fidem servavi: J’ai conservé la foi! Il Nous semble que cette devise, qui est celle de votre Union depuis sa fondation, voici bientôt 75 ans, indique le sens profond de votre pèlerinage au centre de l’Eglise. Oui, vous êtes ici pour professer et revigorer votre foi! Il n’est pas question, certes, de fuir ou de rejeter le monde d’aujourd’hui! Mais, pour l’aimer et le servir en vérité, il faut être fort dans la Foi! Sans une foi vive, approfondie en des temps de retraite silencieuse et priante, Dieu devient lointain, le Christ demeure dans le passé, l’Eglise n’est plus qu’une organisation humaine. On court alors le risque de voir dans l’autorité une domination, dans la mission apostolique une propagande, dans le culte une simple évocation, dans la morale chrétienne une source de contraintes. Au contraire, pour une foi réelle, toujours en éveil, le Christ ressuscité est là, l’Evangile devient puissance de vie, l’Eglise met en communion avec Dieu. Par elle, la mission est l’oeuvre de l’Esprit Saint, la liturgie est présence active du Seigneur, les moindres actions humaines sont chargées de grâce divine.

Il Nous est réconfortant de savoir que votre Union demeure très soucieuse de formation profonde, de telle sorte que les engagements de ses membres soient réalistes et vraiment chrétiens. Nous savons que votre journal «Aiguillages» contribue beaucoup à développer l’esprit de famille qui caractérise votre Union, et ne cesse de vous appeler à déposer le ferment évangélique dans le milieu très spécialisé qui est le vôtre. Vous saurez, Nous en sommes certain, accomplir généreusement cet apostolat.
* * *


Nous tournant maintenant vers les chers pèlerins du diocèse de Tulle, nous leur disons: «Soyez les bienvenus dans la maison du Pape!». Comment ne serions-nous pas sensible à votre démarche filiale et joyeuse, alors que vous venez fêter, à Rome même, votre illustre compatriote le Cardinal Pierre Roger de Beaufort, qui fut aussi notre prédécesseur sous le nom de Grégoire XI (1370-1378)?

Ceux qui ont charge d’animer votre pèlerinage corrézien ont déjà souligné la personnalité et l’oeuvre de ce Pontife, modeste, pieux, prudent, ardent défenseur de la Foi, promoteur réaliste de paix entre les peuples, et restaurateur du Siège de Pierre en son centre historique, après le long exil d’Avignon!

Nous félicitons ceux qui ont eu l’heureuse initiative des fêtes du sixième centenaire du Pontificat de Grégoire XI, en tout premier lieu, votre Evêque que nous saluons avec notre coeur fraternel. Nous vous saluons tous, et nous prions le Seigneur de renouveler en vous le sens de l’Eglise. Le témoignage des catholiques ne doit-il pas être un témoignage d’appartenance consciente, approfondie, aimée, joyeuse, à l’Eglise de Jésus-Christ?

Nous souhaitons ardemment que le diocèse de Tulle, toujours plus uni à son zélé pasteur et à son clergé solide, et encouragé par les exemples du grande Pape corrézien, témoigne courageusement de sa fidélité chrétienne dans toutes les réalités humaines de notre temps.

Au terme de cet entretien paternel, Nous vous donnons de grand coeur, à vous tous ici présents, ainsi qu’à vos familles, à vos amis, aux divers milieux que vous représentez, notre affectueuse Bénédiction Apostolique.



AUX PARTICIPANTS AU XV CONGRÈS MONDIALE


DE L’«APOSTOLATUS MARIS»


43
Mercredi 13 septembre 1972




C’est avec une joie toute particulière Nous vous accueillons, vous tous, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laïcs, et tout particulièrement les marins ici présents, qui êtes engagés ensemble au service de tous ceux qui naviguent en mer et de leurs familles. Puissiez-vous leur faire entendre la Bonne Nouvelle que l’Eglise a mission de leur communiquer et puissent-ils eux-mêmes y répondre généreusement en y conformant leur vie, en lui rendant témoignage auprès de leurs frères et en travaillant de telle façon que le monde marin tout entier soit pénétré du ferment de l’Evangile. Soyez donc les bienvenus dans cette Maison qui abrite celui qui humblement s’efforce de suivre la trace de Pierre, le pêcheur que le Christ a appelé pour devenir «pêcheur d’hommes» et à qui Il a confié le gouvernail de Son Eglise.

C’est vous dire aussi combien Nous vous sommes unis, quelle place de prédilection les gens de la mer ont dans notre coeur et combien, avec vous, Nous désirons que la communauté chrétienne prenne conscience de sa mission auprès des marins et des pêcheurs, qu’ils soient en mer, dans les ports ou auprès de leurs familles. Ne sont-ils pas ceux qui, dans la société d’aujourd’hui, connaissent souvent les circonstances de vie les plus douloureuses: séparés des leurs, soumis aux incertitudes économiques et sociales, culturellement abandonnes, mal insérés dans la communauté humaine et même parfois dans la communauté chrétienne?

Vous célébrez le cinquantième anniversaire de l’approbation de l’«Apostolatus Maris» par notre prédécesseur Pie XI qui, dans une visée prophétique, lui donnait mission de s’étendre sur «les côtes des deux hémisphères», et ceci en un temps où l’association ne comportait encore que douze centres, répartis dans six pays et encore peu unis entre eux.

Nous rendons grâce au Seigneur qui a permis qu’au cours de ces cinquante années d’efforts apostoliques et caritatifs incessants, l’oeuvre commencée si humblement, comme le grain de sénevé de l’Evangile, ait pu se répandre dans le monde entier et ait pu susciter, tant parmi les marins qu’au sein de toutes les communautés chrétiennes, des concours généreux au service des gens de la mer, au plan apostolique comme au plan humain.

L’histoire de l’«Apostolatus Maris» est un témoignage de l’Esprit de Dieu à l’oeuvre dans Son Eglise.

C’est un petit groupe de chrétiens laïcs qui, réuni à Glasgow en 1920 sous l’inspiration de Peter Ansor récemment converti au catholicisme, posa la première pierre de l’édifice, orienté vers le bien-être spirituel, moral et social des marins. Deux ans plus tard déjà, le Pape Pie XI donnait son approbation officielle. Ne pourrions- nous dire que cette approbation d’une association catholique à dimension internationale, a ouvert la voie au développement dans l’Eglise de nombreuses organisations internationales? Constituées le plus souvent à partir de laïcs en communion étroite avec leurs Pasteurs, elles s’efforcent de répondre aux besoins des hommes de notre temps, de collaborer à la mission apostolique de l’Eglise et de pénétrer du ferment de l’Evangile d’importants secteurs de la vie moderne. Aussi voudrions-Nous féliciter de tout coeur les pionniers, ceux de la première heure et ceux qui ont suivi leurs traces jusqu’à maintenant, pour le zèle apostolique qui les a animés et pour le courant apostolique qu’ils ont déclenché dans toute l’Eglise, suscitant partout un nouvel intérêt pour la situation des navigants et une action pastorale intense faite d’apostolat et de service.

Vous le savez, la conscience croissante du fait que les marins constituent vraiment un monde international particulier, quoique dispersé et mouvant, se présentant comme une «unité apostolique» ayant des caractéristiques propres et irréductibles, a conduit progressivement la Hiérarchie - et le Saint-Siège en particulier - à mettre sur pied et à améliorer constamment des structures pastorales pour la servir dans sa mission pastorale propre.

Nous n’en ferons pas l’historique. Qu’il Nous soit permis simplement de vous rappeler, avec joie et gratitude, l’activité si louable déployée depuis trente ans par la Congrégation Consistoriale, devenue ensuite la Congrégation pour les Evêques, pour développer dans le monde entier une pastorale adaptée au service du monde naviguant et pour animer et inspirer l’«Apostolatus Maris» dont la haute direction lui avait été confiée. Notre reconnaissance se tourne maintenant vers la Commission Pontificale pour la Pastorale des Migrants et du Tourisme, que Nous avons créée il y a seulement deux ans et qui a déjà tant fait pour l’«Aggiornamento», dans l’esprit du Concile OEcuménique Vatican II, de la pastorale de l’Eglise vis-à-vis de tous ceux qui, pour des raisons diverses, sont en déplacement à travers le monde.

Ce Congrès jubilaire de l’Apostolat de la Mer, convoqué et préparé à Rome par la Commission Pontificale pour la Pastorale des Migrants et du Tourisme est, Nous pouvons bien le dire, le fruit conjoint de l’action pastorale de la Hiérarchie, tant du Saint-Siège à travers sa Commission Pontificale que des Conférences Episcopales, et de l’action apostolique et caritative déployée à tous les niveaux par l’«Apostolatus Maris», soit au sein de Mouvements apostoliques, de services caritatifs ou culturels, de clubs de marins, ou autres activités.

Nous sommes heureux de cette fructueuse collaboration et Nous désirons vivement qu’elle puisse se poursuivre et se développer. Qu’elle reste toujours marquée par la conscience que chaque membre et chaque communauté prend de sa responsabilité propre au sein du peuple de Dieu ainsi que par la charité chrétienne qui inspire et domine tout!

44 Nous accueillons avec intérêt la recherche de votre Congrès pour saisir le «nouvel âge» dans lequel entre le monde maritime, à la suite des bouleversements techniques qu’il connaît et qui font surgir un nouveau «type de marin». Avec vous, Nous sommes soucieux de voir sauvegarder, à travers les transformations sociales et économiques en cours, le primat absolu de la dignité de la personne humaine du marin - qu’il soit pêcheur ou engagé dans la marine marchande -. A cet égard Nous faisons appel à tous ceux qui portent des responsabilités à ce niveau afin qu’ils ne se lassent pas de chercher des solutions qui ne sacrifient jamais la personne à la technique ou à l’intérêt matériel. Dans ce domaine, Nous comptons particulièrement sur l’organisation de l’«Apostolatus Maris» afin que, en collaboration avec les autres organisations de marins, elle fasse entendre, opportunément mais vaillamment, par sa présence active dans la vie internationale, la voix de la conscience chrétienne vis-à-vis des grands problèmes de l’heure qui touchent le monde maritime. C’est ainsi que Nous Nous sommes réjoui de vous voir réfléchir, au cours de votre Congrès, sur la façon dont les grands principes de l’enseignement social de l’Eglise doivent s’appliquer concrètement au monde particulier de la navigation. Comment ne pas Nous féliciter, par exemple, de votre préoccupation de voir les pays récemment parvenus à l’indépendance politique acquérir également une plus grande indépendance au niveau de l’exploitation de leurs richesses naturelles, aussi bien en disposant d’une marine de transport propre qu’en ayant une plus grande possibilité de s’assurer, par la pêche, une alimentation encore si souvent déficiente pour leurs populations?

Votre Congrès, cependant, est particulièrement orienté vers la mise en valeur du rôle du laïcat. Cette préoccupation de développer un laïcat vraiment apostolique au sein du monde maritime mérite sans aucun doute notre encouragement le plus chaleureux. Comme tous les chrétiens, en effet, les gens de la mer sont, eux aussi, appelés à l’apostolat. Ils doivent être témoins de l’Eglise dans des circonstances qui sont, la plupart du temps, inaccessibles aux prêtres et à bien d’autres laïcs. Ils le seront, certes, par l’exemple de leur vie, mais aussi par l’annonce de la Parole de Dieu, dans leurs conversations, leur vie sociale, leur prière et leur travail. Là où manque le prêtre, ils peuvent inviter leurs camarades à prier, se souvenant de la Parole du Seigneur: «Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux» (
Mt 18,20). Oui, les laïcs sont appelés. Les marins ne sont pas uniquement les bénéficiaires d’un apostolat de l’Eglise; il leur est donné, à eux aussi, d’y être engagés activement. Il appartient donc à votre assemblée de préciser, s’il en est besoin, comment peut se réaliser concrètement cet apostolat, tellement nécessaire auprès d’hommes coupés de leur communauté durant une grande partie de leur existence.

Mais ce laïcat a besoin de prêtres, de communautés chrétiennes - qu’elles soient de bord ou à terre - de mouvements apostoliques pour soutenir son effort. Comme le disait déjà, en 1961, notre prédécesseur, le Pape Jean XXIII, à l’occasion de la Vème Conférence du Secrétariat International de l’Apostolat de la Mer:

«C’est le rôle irremplaçable de l’action catholique spécialisée de former des militants, de les épauler et de tenir en éveil leur conscience chrétienne pour que leur foi sache surmonter toutes les difficultés et se faire également conquérante dans ce milieu à gagner au Christ Jésus».

Vous ne négligerez pas non plus les multiples services d’ordre caritatif, social ou culturel tels que les clubs ou les centres «Stella Maris» dans les villes portuaires. A travers tous ces moyens, l’Eglise témoigne de la charité omniprésente du Seigneur en essayant de répondre aussi généreusement que possible aux légitimes aspirations et aux multiples nécessités des marins.

A vous de chercher, chers Fils, comment développer ces mouvements et ces services, comment renforcer l’association «Apostolatus Maris» afin qu’elle réponde pleinement aux exigences de notre temps. Aussi sommes-Nous heureux, à ce propos, de savoir que votre Congrès désire que cette organisation, créée par des laïcs il y a cinquante ans, portée au cours de ce demi-siècle par les efforts incessants de tant de fidèles, prêtres et laïcs, soutenue de plus en plus au long des temps par la Hiérarchie, reprenne, en s’inspirant des directives du récent Concile, un nouvel élan au service de la promotion, au sein du monde marin, d’un véritable laïcat chrétien. Puisse cette association réviser opportunément ses multiples services en fonction des exigences actuelles et prendre à coeur son rôle de caractère représentatif comme Organisation Internationale Catholique au sein de la société. Ainsi, grâce aux marins chrétiens eux-mêmes, l’Eglise sera présente au coeur des tâches d’animation du temporel, dont l’urgence est si grande pour le monde maritime. Soyez assurés que le Saint-Siège, par sa Commission Pontificale pour la Pastorale des Migrants et du Tourisme comme par son Conseil des Laïcs, est à votre service pour atteindre un si noble but.

Nous ne voudrions pas conclure ces quelques paroles sans saluer cordialement encore tous les frères des autres Eglises Chrétiennes qui sont parmi vous et qui ont collaboré avec vous au cours de ce Congrès.

Que Notre Bénédiction paternelle, qui s’adresse tout d’abord à vous tous, s’étende à tous les marins du monde entier.




16 septembre



ALLOCUTION DU SOUVERAIN PONTIFE AUX PRÊTRES, RELIGIEUX, RELIGIEUSES, AU CONSEIL PRESBYTERAL, AU CONSEIL PASTORAL ET A L’ACTION CATHOLIQUE





Frères très chers,



Nous tenons à vous exprimer la joie profonde que Nous éprouvons à l’occasion de cette rencontre avec vous, prêtres, religieux, religieuses, laïcs engagés dans l’apostolat. Pèlerin parmi tant de pèlerins de toute l’Italie, Nous avons adoré le Christ dans l’Eucharistie, source et centre de la vie de l’Eglise, et maintenant, en prenant congé à la fin de cette journée bénie, Nous éprouvons le besoin de vous adresser un mot de salutation, d’encouragement, d’espérance et de confiance.

45 Tout Congrès eucharistique se veut une manifestation publique et solennelle de la foi, que l’Eglise entière proclame, en la présence réelle de Jésus dans le sacrement de l’Eucharistie, mais il se veut aussi, et il doit être, dans la méditation de ce “ mystère de la foi ”, une invitation, un stimulant, un engagement à la conversion du coeur et à un renouveau intérieur continuel, incessant, moyennant une constante confrontation avec les exigences du message évangélique, qu’il faut approfondir, vivre et réaliser dans la trame de notre existence quotidienne.

L’Eglise d’Udine, durant la période de fervente préparation à ces journées solennelles, a donné un exemple peu commun de générosité et de sacrifice, afin que le Congrès représente surtout une étape fondamentale de son renouveau intérieur et pastoral, selon les indications et les directives du Deuxième Concile du Vatican. Tous, vous êtes maintenant appelés à donner toujours davantage à l’Italie l’exemple d’une communauté qui, liée à ses pasteurs et par eux rassemblée dans le Saint-Esprit grâce à l’Evangile et à l’Eucharistie, constitue une Eglise particulière en laquelle est vraiment présente et agissante l’Eglise du Christ, une, sainte, catholique et apostolique (cf. Christus Dominus,
CD 11),

Ce renouveau de votre Eglise locale est confié d’une manière toute spéciale à vous prêtres, religieux, religieuses, laïcs des diverses organisations de l’Action Catholique.

Et en tout premier lieu vous, prêtres-séculiers et réguliers, vous êtes, au sein de la communauté chrétienne qui vit de l’Esprit-Saint le gage de la présence du Christ Sauveur, Fils de Dieu et fils de l’homme, qui, à travers l’Eglise, se rend présent dans l’histoire, Vous avez été envoyés parmi les hommes pour annoncer l’Evangile de Dieu (cf. Presbyterorum Ordinis,4), Evangile de salut, d’amour, d’espérance, de paix. Mais pour que votre voix parte des profondeurs de votre coeur, il vous faudra conformer votre vie à celle de Jésus, participer à son intimité, de façon que ce soit son amour qui motive et stimule votre zèle pour les âmes. Cet amour trouve son aliment dans la dévotion envers le mystère de l’Eucharistie puisque la célébration eucharistique demeure le centre de la vie de toute l’Eglise et le coeur de l’existence sacerdotale (cf. Synode des Evêques, Le sacerdoce ministériel, II° partie, 1, 3). Vous répondrez donc généreusement, chaque jour, à l’appel de Jésus, dans un amour inlassable pour les pauvres, pour les malades, pour les humbles; dans le don du célibat, assumé en vue du Royaume des cieux (cf. Mt Mt 19,12) et vécu dans la prière, dans une joie vigilante et sereine. “ Par le célibat — rappelait récemment le Synode des Evêques — le prêtre, suivant son Seigneur, manifeste avec plus de plénitude sa disponibilité, et s’engageant sur le chemin de la croix avec la joie pascale, il désire ardemment être consommé dans une offrande eucharistique ” (Synode des Evêques, Le sacerdoce ministériel, II° partie, I, 4).

Ainsi configurés au Christ vous serez les apôtres de l’authentique renouveau de vos paroisses, de vos communautés, de vos groupes, qui deviendront des centres d’animation et de rayonnement du témoignage chrétien.

Vous aussi, religieux et religieuses, en vivant avec amour et fidélité les conseils évangéliques par les voeux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, unis au Christ par une donation de vous-mêmes qui embrasse toute votre existence, vous contribuerez à rendre plus riche la vitalité de l’Eglise et plus fécond son apostolat (cf. Perfectae caritatis, PC 1). Au sein d’un monde qui, malheureusement, ne vise de plus en plus que le succès facile, l’argent, l’esprit exaspéré d’indépendance, vous devrez être les témoins du Christ pauvre, chaste, obéissant au Père jusqu’à la mort sur la croix (cf. Ph Ph 2,8), et les témoins de la réalité des valeurs et des biens qui ne passent pas.

De vous aussi, membres de l’Action Catholique et des autres organisations consacrées à l’animation chrétienne des réalités temporelles, l’Eglise attend beaucoup. Conscients du noble engagement qui est le vôtre de travailler pour que le message divin du salut sort connu et accepté par tous les hommes, agissez, dans vos paroisses, en union étroite avec vos prêtres; donnez votre contribution à toute initiative apostolique ; cultivez constamment le sens de la communauté ecclésiale, et soyez toujours prompts, à l’invitation de vos pasteurs, à unir vos forces dans les diverses initiatives diocésaines (cf. Apostolicam actuositatem, AA 10).

De cette façon, l’Eglise d’Udine, animée et revivifiée par l’action concordante des prêtres, des religieux, des religieuses, des laïcs, continuera à vivre son Congrès eucharistique. Ayez confiance, fils très chers ; votre Eglise locale connaîtra une nouvelle floraison ; elle est en voie de renouveau, comme nous le dît le zèle de vos pasteurs, qui jusqu’à présent vous ont guidés avec tant de sagesse ; comme nous le confirme votre présence — qui constitue un engagement et une promesse — dans cette cathédrale historique ; comme nous l’assurent aussi l’exemple et la mémoire de ces nombreux hommes doctes et saints que l’Eglise d’Udine a donnés au cours de son histoire, même récente.

A ce sujet, Nous ne pouvons pas ne pas évoquer, en cet instant, les liens de profonde amitié qui, durant notre jeunesse nous lièrent à Mgr Giuseppe Nogara, votre inoubliable Archevêque ; et notre mémoire nous rappelle également, avec des sentiments de vénération, la figure de Mgr Pio Paschini, ce prêtre exemplaire qui a cultivé de façon insigne l’histoire ecclésiastique.

Nous avons voulu fils très chers, vous exprimer en cette rencontre notre affection et nos soucis de Père. En vous saluant, Nous invoquons sur vous tous l’abondance des divines grâces et la protection céleste de la Vierge Marie “ Mater Ecclesiae ”, tandis que Nous vous donnons de grand coeur la Bénédiction Apostolique.








Discours 1972 37