Discours 1973 21

À LA GARDE SUISSE PONTIFICALE


Lundi 7 mai 1973




Bienvenue à Vous, chers Gardes Suisses, bienvenue à vous, parents et amis qui les accompagnez en cette demeure du Pape qui va devenir pour quelque temps la maison de vos enfants et qui est confiée en partie à leur vigilance!

Nous avons tenu à conserver une telle cohorte qui s’est illustrée depuis des siècles par un service du Saint-Siège loyal et efficace. Aujourd’hui encore, où nos visiteurs sont de plus en plus nombreux, Nous apprécions le rôle que jouent les Gardes Suisses pour les accueillir avec l’honneur qui convient; Nous estimons le dévouement empressé qu’ils manifestent envers notre personne et nos collaborateurs; Nous savons qu’un tel service a ses exigences de ponctualité, de tenue, d’attention, de dignité morale; mais l’honneur de contribuer pour leur part au bon ordre de cette Cité, la joie d’assister ici à la rencontre quasi quotidienne de nos fils de tout l’univers, seront pour eux, Nous n’en doutons pas, une profonde satisfaction. Dès maintenant, Nous remercions ces jeunes recrues et leur exprimons nos fervents souhaits.

Merci à vous aussi, qui êtes venus de Suisse pour encourager vos enfants, frères ou amis dans leur nouveau service. Nous suivons avec un intérêt affectueux l’évolution de votre cher pays et de vos communautés chrétiennes. Nous savons lire, dans votre démarche de ce matin, le fidèle attachement qui vous lie à celui à qui le Seigneur a donné la lourde charge de confirmer tous ses frères dans la foi et de veiller à l’unité de son Eglise. Notre souhait, en ce temps de Pâques, est celui du Christ: Soyez dans la paix, une paix active, dans la joie de coopérer avec le Christ ressuscité et de collaborer avec tous vos frères, pour bâtir un monde toujours plus digne de Dieu et de l’homme. A chacun d’entre vous, à ceux qui vous sont chers, particulièrement ceux de vos familles qui n’ont pas pu venir ou qui sont dans l’épreuve, Nous donnons notre paternelle Bénédiction Apostolique.

Unserem Grusswort in franzosischer Sprache fügen Wir gern auch ein Wort in deutscher Sprache an.

Den gestern vereidigten neuen Gardisten gelten in dieser Stunde Unsere herzlichen Glückwünsche. Liebe Freunde! Sie haben hier im Vatikan einen ehrenvollen, aber auch verantwortungsvollen Dienst übernommen. Mit grossem Interesse und aufrichtiger Wertschätzung haben Wir stets den Werdegang Unserer Schweizergarde verfolgt. Sie dürfen voll Stolz aufblicken zu jenen, die Ihnen in den vergangenen Jahrhunderten im gleichen Dienst ais leuchtende Vorbilder vorangegangen sind. Eifern Sie diesen nach in der Liebe zur heiligen Kirche und in der Treue zum Nachfolger des heiligen Petrus. Dazu erteilen Wir jedem einzelnen von Ihnen wie Ihren anwesenden Angehörigen ais Zeichen Unseres besonderen Wohlwollens den Apostolischen Segen.



AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE


DES CONSEILS SUPÉRIEURS


DES OEUVRES PONTIFICALES MISSIONNAIRES


Vendredi 11 mai 1973

22
Cher Monsieur le Cardinal,

Vénérés Frères et Fils,

Vous devinez la joie que Nous éprouvons chaque année à vous recevoir à l’occasion de l’Assemblée plénière des Conseils Supérieurs des OEuvres Pontificales Missionnaires. Sachez lire notre intérêt et notre encouragement bien au delà de nos brèves paroles: l’évangélisation des peuples demeure au premier plan de notre mission apostolique. N’est-il pas significatif que ce thème ait été retenu pour le prochain Synode des Evêques? Mais toute l’oeuvre missionnaire serait bien fragile si l’esprit missionnaire s’émoussait, si la générosité s’essoufflait dans le peuple de Dieu, chez les prêtres, religieux, laïcs. Or vous contribuez grandement à soutenir cette vitalité missionnaire de l’Eglise comme Directeurs nationaux ou Conseillers romains de l’OEuvre de la Propagation de la Foi, de l’OEuvre de Saint-Pierre Apôtre, de l’Union Pontificale Missionnaire. De même le bilan des subsides recueillis puis répartis par vos soins en 1972, aux quatre coins du monde, s’avère impressionnant et réconfortant. Nous vous en félicitons. Les commémoraisons missionnaires de l’an dernier Nous ont permis à plusieurs reprises de souligner le mérite et la nécessité de votre travail.

C’est d’abord une question d’esprit. Dimanche prochain, le Christ nous sera présenté dans la liturgie comme le Bon Pasteur, soucieux, avec un amour extrême, de chacune des brebis qui le suivent, soucieux aussi de celles qui ne sont pas de ce bercail, donnant sa vie pour rassembler autour du Père les enfants de Dieu dispersés et leur procurer en abondance une Vie qu’ils ne peuvent tirer d’eux-mêmes. Voilà où il faut puiser notre conviction et notre méthode. Autrement l’esprit missionnaire ne résiste pas aux remises en question ni aux graves difficultés que notre temps ne lui ménage pas. Pire encore, il se déforme au gré de perspectives purement humanitaires.

Mais cette foi nous fait un devoir d’être réaliste et de prendre des mesures pratiques, de se donner des instruments adéquats, pour faire face à l’immensité du champ missionnaire et à ses multiples aspects: théologie de la mission, animation pastorale, formation des prêtres, des séminaristes, des religieux, des religieuses, des novices, des catéchistes . . . Pour mieux cerner ce travail, les différentes OEuvres que vous représentez, nées d’initiatives diverses, constituent autant de secteurs dont les axes de préoccupation, de réflexion et d’activité sont à la fois nécessaires et complémentaires. Nous saluons avec une chaleur toute particulière autour de notre proche collaborateur le cher Cardinal Rossi, Monseigneur Gantin et Monseigneur Lourdusamy, chargés l’un et l’autre de suivre ces différents secteurs et d’assurer leur coordination au niveau du Conseil Suprême.

Toute cette activité diversifiée, que vous promouvez au sein de vos pays respectifs et selon la ligne de l’OEuvre pontificale pour laquelle vous travaillez, a besoin de trouver aussi son juste agencement avec notre Congrégation pour l’évangélisation des peuples, comme avec les diocèses. C’est avec joie que Nous voyons en effet les Eglises locales décidées à prendre la part active qui leur revient dans l’oeuvre universelle d’évangélisation. Et la Congrégation elle-même, dans la conclusion de son Assemblée plénière d’avril 1971, précisait justement que c’était une tâche primordiale pour elle de continuer à stimuler, soutenir et encourager la vie et le fonctionnement des Conférences épiscopales, et d’institutionnaliser ses rapports avec leur Commission pour les missions. C’est dans ce contexte que se situe aujourd’hui le service éminent que les OEuvres pontificales sont appelées à rendre, avec leur dynamisme propre, en union étroite avec la Congrégation chargée d’harmoniser la pastorale d’ensemble. De cette conjugaison d’efforts, Nous attendons les meilleurs fruits. Et Nous souhaitons qu’elle trouve une assise juridique dans les nouveaux statuts qui s’élaborent.

A cette croissance cohérente de l’Eglise, nous avons tous l’honneur de participer, chacun à notre place. Ainsi, comme le disait l’apôtre Paul: «Par la pratique d’une charité sincère, nous grandirons de toute manière en nous élevant vers Celui qui est la tête, le Christ, dont le corps tout entier, grâce à tous les ligaments qui le desservent, tire cohésion et unité, et par l’activité assignée à chacun de ses organes, opère sa croissance propre pour s’édifier lui-même dans la charité» (
Ep 4,15-16).

Que le Christ ressuscité vous donne à chacun, comme à toutes les âmes généreuses que vous représentez, sa lumière et sa force. Et que notre Bénédiction Apostolique vous accompagne.



À UNE DÉLÉGATION DU LIBAN


Vendredi 11 mai 1973




Mesdames, Messieurs,

Avec anxiété, Nous avons suivi les graves difficultés qui ont assombri ces jours-ci votre cher pays. Tandis que notre prière s’élève vers le Tout-Puissant, Nous avons une pensée particulière pour vos familles et tous vos proches. Puisse le Seigneur éclairer les esprits, rapprocher les coeurs, orienter les volontés afin qu’une solution équitable soit trouvée, assurant pour tous paix et sécurité. Vos activités et vos responsabilités personnelles se situent dans le domaine économique. Dans la mesure où elles veulent assurer la prospérité et le bien-être de vos concitoyens, elles peuvent avoir une grande importance pour établir un climat de compréhension et de justice. De grand coeur, Nous encourageons à travailler toujours davantage dans cet esprit de service et Nous invoquons sur vous et ceux qui vous sont chers les divines bénédictions.



AUX PARTICIPANTS AU COLLOQUE SUR


MONSEIGNEUR LOUIS DUCHESNE ET SON TEMPS


23
Jeudi 24 mai 1973




C'est avec le plus grand plaisir, Messieurs, que Nous accueillons aujourd’hui les personnalités qui participent au «Colloque», organisé par l’Ecole Française de Rome, sur «Monseigneur Duchesne et son temps». Le cinquantième anniversaire de la mort du célèbre historien, qui fut si longtemps le Directeur de l’Ecole, méritait certes d’être célébré, et la qualité de ceux qui participent activement à ce colloque prouve qu’il l’est dignement. Nous sommes heureux de les saluer, et de décerner un éloge particulier au distingué successeur de Monseigneur Duchesne, Monsieur Georges Vallet, à qui revient le principal mérite de cette belle initiative.

Comment commémorer une personnalité comme celle de Monseigneur Louis Duchesne? Cela ne peut se faire, nous semble-t-il, qu’en évoquant cette «maîtresse de vie» dont il fut l’insigne disciple: l’histoire. Et Nous entendons par là avant tout l’art de découvrir le cours et l’entrelacement des événements humains et d’en fixer objectivement le souvenir.

Ces événements sont par eux-mêmes pleins de mystères intéressants à sonder; ils sont souvent la résultante de facteurs nombreux et divers, et se présentent à nous parfois comme des hiéroglyphes apparemment indéchiffrables, vu le nombre et la variété des coefficients d’où résulte ce qu’on est convenu d’appeler le cadre historique. Par bonheur l’une des composantes, l’homme qui opère, est assez facilement connaissable, et il constitue l’objet le plus intéressant pour celui qui veut décrire le déroulement des événements eux-mêmes.

Ainsi, identifier avec exactitude l’homme, artisan de l’histoire; mettre en lumière sa caractéristique, qui est celle d’un être libre, et par conséquent plein de surprises et riche des révélations qui peuvent jaillir de l’esprit humain: voilà, pensons-nous, ce qui qualifie la valeur de l’historien véritable. Il mérite louange et admiration si, dans une description littéralement précise, et en même temps claire et élégante, il sait mettre en évidence l’homme, le protagoniste de la scène historique qu’il décrit, et s’il en laisse au moins entrevoir l’élément créateur, la personnalité en action, dans l’exercice de sa liberté responsable.

Il nous semble que c’est là le secret de l’intérêt et du mérite de l’historien: savoir insérer dans la trame des événements morts, qu’il décrit avec toute leur richesse, leur exactitude et leur étrange beauté, ce qu’y a opéré le génie de l’homme. Cet intérêt et ce mérite, nous devons les reconnaître sans hésiter à l’historiographe accompli et à l’artiste de la narration historique que fut Monseigneur Duchesne.

Mais l’homme n’est pas le seul acteur qui domine le cours des vicissitudes humaines. Elles sont dominées aussi par un autre facteur pour nous impondérable, mais certainement supérieur, et déterminant pour le dessein définitif de l’histoire humaine: c’est l’action de Dieu, de la Providence, dont la secrète présence dans le temps et parmi les hommes fait de l’histoire un mystère. Et quand il s’agit de l’histoire de l’Eglise, le mystère devient objet de contemplation, devient une sorte de sacrement, qu’il est extrêmement délicat et difficile d’identifier et de déchiffrer.

Cette attention au coefficient transcendant de l’histoire de l’Eglise sembla, à un moment socioculturel particulier, n’avoir pas été suffisamment exprimé dans une des oeuvres majeures de Monseigneur Duchesne, peut-être pour des raisons de méthode et de style, certainement pas par un dessein de positivisme négatif et par manque de respect pour le caractère sacré de la vie de l’Eglise dans le temps.

Nous pouvons l’attester, ayant gardé le souvenir de l’esprit de foi et de soumission à l’autorité de l’Eglise que Monseigneur Duchesne professa sans se démentir jamais, pas même dans des circonstances pour lui certainement fort pénibles.

Nous n’ignorons certes pas nombre de ses lettres où il manifestait un esprit pour le moins très indépendant dans la critique; mais, même là, il reconnaissait à l’Autorité suprême de l’Eglise la responsabilité et le devoir de préciser le contenu des dogmes et de donner la clef du sens des Ecritures, sans lesquels le catholicisme serait vidé de lui-même.

Et Nous pouvons conserver notre reconnaissance et notre admiration à Mgr Duchesne pour son oeuvre scientifique, qui unit à la richesse des analyses et à la variété des sujets traités le mérite d’une vivante et élégante expression littéraire.

24 Nous ne pouvons manquer, en particulier, de rendre un témoignage élogieux à la célèbre et monumentale édition du Liber Pontificalis, si appréciée de nos vénérés prédécesseurs Pie XI et Pie XII, et si chère aussi à notre humble consultation. «Cette vaste entreprise - nous citons ici le savant Dom Henri Leclercq - à laquelle il consacra les années les plus laborieuses de sa vie, fit d’un recueil, plus célèbre que connu, son domaine particulier et quelque chose comme sa propriété personnelle. Acheminé par un ensemble de circonstances et de préoccupations vers l’étude du passé de l’Eglise et des vicissitudes de la Papauté, Duchesne dirigea son attention et concentra les dons magnifiques de sa lucide intelligence sur la vieille chronique romaine, recueil de biographies des papes. Le véritable érudit qu’il était y trouva le meilleur emploi, et le plus continuel, des rares qualités de vigueur critique, de pénétration et de sincérité, qu’il possédait à un degré éminent» (Dictionnaire d’Archéologie chrétienne et de liturgie, vol. 9, 1P 355).

Le progrès de la recherche historique pourra, certes, perfectionner encore cette oeuvre immense sur certains points particuliers. Mais il devra en reconnaître en même temps l’incomparable valeur, qui la rend indispensable pour les études relatives au Siège apostolique.

Ce lien, qui rattache le nom vénéré et fameux de Monseigneur Duchesne à l’histoire séculaire du pontificat romain, nous rend particulièrement heureux de la commémoration dont il est aujourd’hui l’objet de votre part. Et il nous inspire le souhait que cette noble figure de prêtre français et romain, de sévère et génial chercheur, puisse être pour notre époque et pour les époques futures, spécialement pour ceux qui s’adonnent à l’étude de l’histoire de l’Eglise, un exemple et un maître.

Il l’est déjà pour vous, membres de l’Ecole française de Rome, auxquels vont en terminant nos voeux les plus fervents. Nous n’avons pas à vous redire en quelle estime notre prédécesseur Pie XII tenait votre Ecole. «Vous travaillez, vous disait-il en 1948, pour la vérité et pour la lumière. Or que peut-il y avoir de plus cher à notre coeur, de plus cher à l’Eglise, que la lumière et la vérité? Car l’Eglise n’a rien à gagner à la propagation de vaines légendes, rien à perdre à la manifestation de la véritable histoire» (L’Osservatore Romano, 1-2 mars 1948).

Nous faisons nôtres ces sentiments. Et il ne reste qu’à y ajouter l’expression de notre reconnaissance la plus vive pour l’hommage que vous voulez bien nous faire de la réimpression du précieux ouvrage de Monseigneur Duchesne sur la «Topographie de la Rome chrétienne pendant le premier millénaire». A ces remerciements et à ces voeux, vous nous permettrez d’ajouter l’assurance des prières que nous élevons vers Dieu pour qu’il continue à répandre sur vos personnes, sur vos familles et sur vos travaux, l’abondance de ses bénédictions.



AU PATRIARCHE SUPRÊME DES BOUDDHISTES


DU GOUVERNEMENT LAOTIEN


Vendredi 8 juin 1973


patriarche suprême des bouddhistes lao

Vénérable Patriarche,

La visite que vous avez bien voulu Nous faire, en compagnie de personnalités distinguées de la Sangha et du gouvernement laotien, et votre agréable présence ici dans notre maison nous remplissent le coeur de joie et de reconnaissance. Aussi soyez remerciés pour la sympathie et l’estime qui vous ont amenés à entreprendre un voyage aussi long pour Nous rendre visite.

Que la paix et l’amour du Christ, dont Nous sommes l’humble représentant sur terre, soient avec vous et vous gardent, ainsi que vos dignes gouvernants et le cher et aimable peuple laotien.

Nous savons que les douloureux événements de ces dernières années vous ont imposé de longues et pénibles souffrances auxquelles notre coeur de Père n’a pas été insensible. Mais Nous sommes resté en même temps dans l’admiration en voyant la dignité et la force d’âme avec lesquelles vous les affrontez.

25 Soyez assurés que votre volonté de paix et de progrès social coïncide avec la nôtre; c’est la raison pour laquelle Nous n’avons jamais rien négligé de ce qui est en notre pouvoir pour que se lève enfin une aurore de paix sur l’Indochine entière, pour que le dialogue et la bonne volonté d’entente se substituent à la violence des armes et des oppositions.

Vous êtes, au sein de votre peuple, le dépositaire du patrimoine religieux et civil du Bouddhisme. Vous rendez un vivant témoignage de son esprit dans votre nation. Or, l’Eglise Catholique considère avec estime et respect ses richesses spirituelles; elle s’en reconnaît solidaire sous bien des aspects et désire collaborer avec vous, en tant qu’hommes religieux, pour la réalisation de la paix véritable et du salut de l’homme.

«Paix» et «salut» sont deux idéaux profondément enracinés dans l'Evangile de Jésus-Christ, que Nous avons mission d’annoncer, comme aussi, à certains égards, dans la tradition bouddhiste que vous suivez; ils nous renvoient l’un et l’autre à l’Eternel, au Supraterrestre (lokúttara), et requièrent de l’homme une attitude de détachement, de libération intérieure, de vérité, de justice et de bienveillance comme condition indispensable pour parvenir à la vraie paix et au salut.

Puissent un dialogue toujours plus amical et une collaboration toujours plus étroite régner entre les traditions antiques que vous représentez et l’Eglise Catholique. Celle-ci est présente et active aussi dans votre pays; bien que faible encore et d’une présence presque symbolique, elle y partage cependant en tout vos souffrances comme vos espérances, ne visant à rien d’autre qu’à aimer et servir, suivant en cela l’exemple de son Maître et Fondateur, «venu Lui-aussi pour donner sa vie pour les autres» (
Mt 20,28)

En vous remerciant de la courtoisie de votre visite comme aussi des nobles sentiments que vous Nous avez exprimés, je souhaite que votre séjour à Rome et en Italie soit pour vous, Vénérable Patriarche, riche de joies et d’expériences; que votre rencontre avec notre Secrétariat soit l’occasion d’une plus profonde connaissance et collaboration réciproques et que le «mérite» et les fatigues de votre voyage portent des fruits pour un avenir meilleur.

C'est en formant ces voeux que nous invoquons sur votre vénérable personne et sur votre chère nation, les plus abondantes bénédictions d’En-Haut.



AUX DÉLÉGUÉS ET MAGISTRATS DES COURS DES COMPTES


DANS LE PAYS DE LA COMMUNAUTÉ EUROPÉENNE


Samedi 9 juin 1973




Messieurs,

Nous répondons volontiers au désir que vous avez exprimé de Nous rencontrer à l’occasion de votre Congrès. Délégués et Magistrats des Cours des Comptes dans les pays de la Communauté européenne, vous assumez en effet une responsabilité qui contribue hautement au bon exercice de l’administration et qui, à ce titre, a toute notre estime.

Nous avons pris connaissance avec intérêt des nombreux problèmes techniques qui sont à votre programme, et qui touchent le mode, l’étendue et l’indépendance du contrôle qui vous est confié. Vous le comprendrez aisément, Nous nous garderons d’esquisser une réponse précise sur ces points délicats, d’autant plus qu’ils demeurent pour vous-mêmes à l’état d’études et de questions. C’est votre compétence propre. Et les solutions que vous pouvez proposer relèvent aussi d’autres instances: elles sont à resituer dans l’ensemble des institutions de chacun de vos pays et même aujourd’hui dans l’ensemble de celles de la Communauté européenne.

Pour notre part, Nous voulons seulement vous dire à quel point Nous apprécions le service qualifié et capital que vous pouvez apporter à la bonne gestion des affaires publiques, de l’Etat ou des collectivités. Le contrôle indispensable que vous exercez, avec les avis que vous formulez, devrait avoir pour effet, non seulement d’éviter l’illégalité des actes administratifs, mais de contribuer à leur efficacité, à leur accomplissement. La complexité d’une Administration croissante requiert certainement une surveillance adaptée.

26 Tout ceci est une question d’honnêteté humaine, une de ces vertus de base sans laquelle les autres sont illusoires. Mais pour ceux qui partagent la foi chrétienne, le loyal accomplissement de ce service comporte également une dimension spirituelle, évangélique. Qui n’a remarqué que le Seigneur Jésus, dans son enseignement, ses paraboles, pour annoncer les réalités du Royaume de Dieu, se réfère souvent à la bonne gestion du serviteur, capable de rendre compte des biens ou des talents reçus? C’est dans cet esprit que Nous vous exprimons notre estime et notre encouragement à rechercher les meilleures manières de servir la Cité.

En cette veille de Pentecôte, Nous prions l’Esprit Saint de vous éclairer et de vous guider dans votre activité professionnelle, dans votre vie familiale, dans votre engagement chrétien. Sur chacun de vous, chers Messieurs, sur vos épouses ici présentes, comme sur tous ceux qui vous sont chers, Nous implorons de grand coeur les Bénédictions du Seigneur.

We are happy to add a word of greeting and welcome in English to our distinguished visitors present here this morning. We express the hope that your meetings in Rome will indeed be of benefit to your respective countries and further the European solidarity that unites you all. May each of you make his individual contribution which Will redound to the well-being of all peoples in the universal search for justice and peace.

Auch den anwesenden deutschen Teilnehmern dieser Audienz gilt Unser herzlicher Gruß und Dank für ihren Besuch.

Als Mitglieder der Oberrechnungskammer tragen Sie, sehr geehrte Herren, eine besondere Verantwortung in der höhren Verwaltung des wirtschaftlichen Lebens Ihrer Heimat. Mögen Ihnen bei Ihren Beratungen und Entscheidungen in Fragen der Wirtschaft stets die Würde der menschlichen Person, ihre höhere Berufung wie auch das Wohl der gesamten Gesellschaft vor Augen stehen! Dazu erflehen Wir Ihnen allen und Ihren Angehörigen mit besten Pfingstwünschen Gottes bleibenden Schutz und Segen.



À L’AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE TUNISIENNE PRÈS LE SAINT-SIÈGE*


Lundi 11 juin 1973




Monsieur l’Ambassadeur,

Nous remercions Votre Excellence des aimables paroles qu’elle vient de Nous adresser et Nous sommes heureux de vous dire combien Nous sommes sensible à l’hommage délicat et aux nobles propos que vous exprimez, au moment où vous inaugurez votre haute fonction d’Ambassadeur de la République tunisienne près le Saint-Siège.

Nous agréons aussi avec une particulière satisfaction les sentiments cordiaux de Son Excellence Monsieur le Président Habib Bourguiba, dont vous vous êtes fait l’interprète, et Nous vous confions le soin de lui renouveler dès maintenant les voeux que Nous formons pour sa personne comme pour le peuple tunisien qui Nous est cher.

Nous savons les efforts que déploient la République de Tunisie et ses dirigeants pour faire prévaloir l’idéal de paix dans la justice que vous avez si justement souligné. A cette oeuvre de concorde, la communauté chrétienne de votre pays se préoccupe de coopérer pleinement. Comme Nous le rappelions en recevant votre prédécesseur, le premier Ambassadeur de Tunisie près le Saint-Siège, l’expression authentique de la foi chrétienne conduit, dans une estime sincère et une volonté de dialogue, à contribuer de manière désintéressée, conformément à l’enseignement de l’Evangile, à la promotion culturelle et spirituelle de tous. Quand il s’agit de bâtir une civilisation, le respect des valeurs morales et de la dignité humaine, auxquelles vous vous êtes référé, ont une place de choix.

La poursuite du progrès social dans la justice et la concorde réclame, à notre époque, un autre souci chez ceux qui assurent la lourde tâche de gouverner leur propre pays. Les rapports de plus en plus étroits entre les peuples imposent l’obligation d’unir les efforts de tous pour assurer la paix et la stabilité de la communauté mondiale. C’est un objectif toujours à reprendre, même s’il semble parfois se heurter à des difficultés insurmontables. Nous pensons qu’avec la grâce de Dieu et la bonne volonté des hommes, la paix est possible. Elle doit être le fruit de négociations qui tiennent compte des droits des personnes, des minorités et des peuples. Et Nous sommes heureux que votre Gouvernement manifeste son intérêt pour cette voie de la sagesse et ne craigne pas de s’en inspirer dans son action diplomatique.

27 Nous espérons que, grâce à la contribution de Votre Excellence, les bons rapports inaugurés entre la République tunisienne et le Saint-Siège se développeront pour le plus grand bien de tous. Nous formons les meilleurs voeux pour l’accomplissement de la mission qui vous est aujourd’hui confiée et Nous implorons de grand coeur sur votre personne, sur les vôtres et sur tout le peuple tunisien, l’assistance du Dieu tout-puissant.

*AAS 65 (1973), p.369-370;

Insegnamenti di Paolo VI, vol. XI, p.588-589;

L’Attività della Santa Sede 1973, p.214;

OR 12.6.1973 p.1;

ORf n.25 p.2.



AU PRÉSIDENT DE HAUTE-VOLTA EN VISITE OFFICIELLE*


Lundi 18 juin 1973




Monsieur le Président,

La rencontre de ce jour, dont le caractère solennel entend traduire le prix qui y est attaché de notre part et de la vôtre, donne aussi l’occasion de dire la joie que Nous éprouvons à recevoir Votre Excellence. Vous montrez, Monsieur le Président, une grande ouverture d’esprit, un souci de respecter les aspirations et les requêtes légitimes d’où qu’elles viennent, une préoccupation constante pour les problèmes vitaux du développement et de la paix.

Qu’il Nous soit encore permis, à travers votre personne, de saluer tous les habitants de votre pays. Nous pensons souvent à eux, à leur courage pour dominer les vicissitudes géographiques, à leur ardeur pour la grande entreprise de l’amélioration des conditions de vie, à leur lutte pour faire accéder votre pays à une plus grande prospérité. Nous pensons également à la diversité des ethnies auxquelles ils appartiennent; elle pourrait devenir, plus qu’un problème parfois délicat à résoudre, une qualité de civilisation incomparable, un des éléments de cette harmonie humaine qui fait la grandeur d’un Etat. Nous pensons enfin à l’esprit vraiment religieux qu’on remarque dans votre peuple et plus spécialement à la jeune communauté catholique, animée par le Cardinal Zoungrana, premier Cardinal de l’Afrique de l’Ouest. Bénéficiant de tolérance et de liberté, le dynamisme de cette communauté peut être donné en exemple à bien des chrétiens.

Sans aucun doute, par votre visite, c’est bien la Haute-Volta tout entière qui emplit notre coeur. Vers elle se tournent notre affection et notre sollicitude pastorale. Au-delà d’elle, Nous pouvons regarder le vaste continent africain, plein de promesses, chargé d’espérances, que Nous sommes allé une fois bénir et encourager à Kampala.

28 Comment alors ne pas rappeler, face à cet horizon, les lignes de conduite que l’Eglise se propose de suivre pour servir l’homme et tout l’homme? Si sa fonction première est d’ordre spirituel, elle ne saurait se désintéresser de la promotion de la personne ni de la transformation de son cadre de vie. Elle s’efforce donc de contribuer à la construction d’un monde meilleur, dans la certitude que celle-ci fait partie intégrante du plan divin. Elle est ainsi amenée à soutenir parfois tel ou tel projet d’ordre temporel; elle essaye d’oeuvrer toujours en faveur de la justice sociale; elle voit en outre, dans une participation loyale à l’effort de scolarisation ou d’éducation permanente, un objectif éminent pour les capacités dont elle dispose.

Mais la tâche dont le Saint-Siège, au nom de l’Eglise, doit aussi s’acquitter, dans la mesure de ses possibilités, est d’attirer l’attention des pouvoirs publics et de réveiller la conscience des chrétiens de tous les pays, lorsque se pose dans le monde l’un de ces problèmes angoissants et souvent imprévisibles qu’il faut résoudre immédiatement, avec tous les moyens à portée, si l’on veut assurer la survie des populations. A cet égard, la terrible catastrophe de la sécheresse qui sévit en Afrique de l’Ouest et qui Nous émeut si fortement, ne doit laisser personne indifférent. Elle demande que soient trouvées des ressources considérables, que tout soit fait pour permettre la distribution des secours, qu’enfin des études à plus long terme soient réalisées sur la manière de déjouer à l’avenir les conséquences néfastes d’un semblable fléau. Aussitôt informé de l’ampleur des dégâts, Nous avons lancé de vibrants appels pour y faire face. Tout dernièrement encore, Nous avons invité notre Cardinal Secrétaire d’Etat, qui trouve être en même temps le Président du Conseil pontifical «Cor Unum», à coordonner de façon prompte et efficace les initiatives des organisations catholiques d’assistance, afin de rendre plus rapide et pleinement adaptée leur intervention pour adoucir les souffrances de tant de victimes innocentes. Nous souhaitons de tout coeur que ceci contribue, dans le concert de la solidarité mondiale, à répondre au moins aux nécessités les plus urgentes et à ranimer l’espérance.

En terminant cette allocution de bienvenue, Nous disons notre certitude de voir se resserrer encore la compréhension et les liens d’amitié entre la Haute-Volta et le Saint-Siège. S’il fallait en apporter une preuve, l’on pourrait avancer la toute récente décision commune d’établir des relations diplomatiques, instrument de dialogue qui se révélera sûrement d’un grand profit. Dans cette assurance, Nous appelons de grand coeur sur Votre Excellence, sur les hautes personnalités qui L’accompagnent, ainsi que sur la noble nation voltaïque, l’abondance des bénédictions du Dieu Tout-Puissant.



*AAS 65 (1973), p.376-378;

Insegnamenti di Paolo VI, vol. XI, p.607-609;

L’Attività della Santa Sede 1973, p.223-224;

ORf n.26 p.2;

La Documentation catholique, n. 1636 p.662-663.






AUX MEMBRES DU COMITÉ POUR LA FAMILLE

Mercredi 20 juin



LA DIGNITÉ DU SACREMENT DE MARIAGE BASE DE L’INSTITUTION FAMILIALE



Le mercredi 20 juin, Paul VI a reçu les membres du Comité pour la Famille, créé en janvier 1973 avec la charge d’étudier les problèmes spirituels, moraux et sociaux de la Famille. Le groupe était conduit par son Président, S. E. Monsieur le Card. Maurice Roy, Archevêque de Québec. Etaient présents aussi les deux Vice-Présidents : Mgr Gagnon et le professeur Bachelet, ainsi que les membres et les Consulteurs du nouvel organisme.

A l’adresse d’hommage du Card. Maurice Roy, le Souverain Pontife a répondu en ces termes :



29 Cher et vénéré Monsieur le Cardinal,

Vénérables Frères,

Chers Fils et Filles,



C’est pour nous une grande joie de rencontrer, à l’occasion de sa première assemblée plénière, le Comité pour la famille que nous avons institué au début de cette année. Vous êtes venus pour nous confirmer votre adhésion et votre collaboration et Nous tenons à vous en remercier.

Dans le domaine où vous nous apportez votre aide, des problèmes nombreux et urgents se font jour. Aussi nous nous félicitons de voir comment, dès ses premiers échanges, votre Comité a relevé la nécessité d’orienter son travail vers la recherche des réalités permanentes qui sont constitutives de la famille, afin de mettre en valeur ce qui lui est essentiel dans l’ordre de la nature comme dans celui de la grâce.

Lorsqu’elle souligne sans se lasser la valeur particulière et éminente de l’institution familiale, l’Eglise prend en fait concrètement la défense de la vie humaine dans toute son ampleur et dans sa conception la plus élevée. En voulant déterminer son sens et ses besoins essentiels, nous nous trouvons dans un de ces domaines où la signification profonde de la nature humaine ne peut se découvrir qu’à la lumière de la révélation. De toutes les institutions humaines, le mariage est peut-être celle qui permet le mieux de saisir la pensée du Dieu créateur et la manière dont il appelle l’homme à coopérer à son oeuvre.

De là découle l’aspect sacral qui appartient au mariage. De là découle aussi sa véritable structure qui comporte l’exclusivité et la pérennité de l’union qui le constitue. Dans cette foi mutuelle qui est celle des époux, dans leur responsabilité commune envers leurs enfants qu’ils ont la charge d’accueillir, d’éduquer et de conduire à l’âge adulte, les foyers chrétiens trouvent une participation mystérieuse mais réelle à l’action par laquelle le Christ s’unit à son Eglise et la fait grandir. C’est dire la dignité du sacrement de mariage qui devient le signe de cette union et la source de toutes les grâces dont les époux ont besoin.

Engendrée par l’amour, la société constituée par la famille se conserve et se renforce grâce à l’amour mutuel de ses membres. Ainsi, qu’il s’agisse de la croissance psychologique et morale de l’enfant, ou de l’épanouissement du couple dans l’amour conjugal et l’exercice de ses responsabilités propres, la cellule familiale est au service d’une vie pleinement humaine ; et elle est au point de départ d’une vie sociale équilibrée dans laquelle le respect de soi est inséparable du respect d’autrui.

Ces quelques paroles suffisent à mettre en lumière le but du Comité que nous avons fondé. Le Concile avait déjà relevé combien les déséquilibres du monde moderne pesaient lourdement sur l’institution familiale (cf. Gaudium et Spes,
GS 8). Les risques qu’elle court, vous ne l’ignorez pas, vont chaque jour s’accentuant, encore augmentés trop souvent par une utilisation des ressources de la science en dehors des exigences morales chrétiennes. Face à ces difficultés et en vue de promouvoir une pastorale familiale adaptée, la tâche confiée au Comité s’avère d’une importance capitale. Il appartient tout d’abord à celui-ci de cerner et d’étudier les problèmes actuels dans toute leur ampleur, en observant attentivement les divers visages que prend l’institution familiale selon les cultures et les civilisations, avec ses valeurs et ses déficiences. Cette analyse objective doit aussi lui permettre d’être un lieu privilégié d’échange et de confrontation, d’où pourront résulter à la fois un approfondissement des questions doctrinales et pastorales qui se posent aujourd’hui, et une concertation visant à favoriser une action pastorale efficace.

Nous savons le travail déjà accompli en ce sens et nous vous en félicitons. L’importance des réalités en cause suffit à stimuler vos efforts. Est-il besoin de vous encourager, devant la gravité de certaines situations, à poursuivre vos recherches à un rythme soutenu, en union avec les autres organismes de la Curie romaine ? La prochaine « Année de la Population », en 1974, vous donnera l’occasion de faire la preuve de votre efficience. Le Comité pourra ainsi offrir une précieuse collaboration aux Pasteurs, et à toutes les Organisations catholiques qui sont particulièrement engagées dans l’étude de ces problèmes.

Les graves sujets que Nous venons d’évoquer nous tiennent à coeur : il y va d’une de ces réalités fondamentales dont dépend, pour une grande part, la conception même de l’existence et de son rapport avec Dieu. C’est pourquoi nous prions l’Esprit Saint de vous accorder en abondance la lumière et la force nécessaires pour accomplir cette oeuvre d’Eglise et de civilisation humaine.

30 Nous tenons à remercier Monsieur le Cardinal Roy qui, malgré les lourdes responsabilités qui sont les siennes par ailleurs, a voulu présider personnellement cette première et importante assemblée. Nous remercions aussi celui qui, en son absence, assume immédiatement la responsabilité du Comité, c’est-à-dire Monseigneur Gagnon, premier Vice-Président, et tous ceux, du laïcat et du clergé, qui collaborent avec lui d’une manière plus directe au sein du « groupe de coordination ». A vous tous, enfin, Membres et Consulteurs du Comité, réunis pour cette première assemblée plénière, nous exprimons notre gratitude pour votre apport si apprécié et nous vous donnons de grand coeur, en gage de l’assistance divine pour vos travaux, notre affectueuse Bénédiction Apostolique.






22 juin




Discours 1973 21