Discours 1976 46

46 En pratique, comment se rend-il, ce témoignage apostolique et missionnaire ? Essentiellement, il s’exprime par les exemples que vous offrez au niveau individuel et communautaire ; et nous pensons, à ce propos, avec admiration et gratitude, aux Saints religieux qui, par la pratique de l’ascèse, par l’acceptation de la pauvreté, par la rigueur de la pénitence sont devenus des points de repère fixes, tellement lumineux qu’ils s’identifient presque avec les vertus pratiquées. Et sur un plan de contact plus direct avec les âmes nous rappellerons la prédication et la direction spirituelle. Comme ils sont nombreux les religieux qui furent et ceux qui sont des messagers inspirés de la Parole de Dieu, maîtres de spiritualité pleins de sagesse, conseillers vénérés et écoutés !

Et ainsi, de l’engagement personnel à la suite du Christ et du témoignage qui lui est rendu « coram hominibus », jaillit, plus convaincante et plus élevée, cette vertu qu’il a lui-même proposée comme « mandatum nuovum », c’est-à-dire comme commandement spécifique des siens (
Jn 13,35 Jn 15,12) : la charité. C’est vous, les « artisans de la charité » et dans la mesure où vous vous y consacrez avec une énergie accrue et où vous l’exercez, comme le Christ l’a exercée, vous faites de vous mêmes des exemples vivants de son Evangile, des copies exactes d’un style de vie élevé, d’un style de vie qui élève.

Voilà, très-chers Fils et Filles, nous avons esquissé les traits caractéristiques de la figure de ceux qui, avec leur acceptation formelle des conseils évangéliques, se sont engagés, non pas par simple présomption mais par obéissance à la voix du Seigneur, sur la voie étroite de la perfection chrétienne. Comme nous l’avons dit, nous voulions vous rappeler ces éléments naturels de votre vie, non pas pour répondre en bref aux problèmes que vous nous avez soumis, mais plutôt pour les situer dans le cadre des paramètres inéluctables qui, seuls, permettent de les évaluer exactement et de les résoudre comme il convient.

Nous avons confiance que, pour votre ministère à vous qui nous écoutez, nos paroles seront entendues et méditées par tous les membres des Ordres et des Instituts religieux dans la variété multiforme de leurs respectives expressions et qu’elles seront pour eux un motif de s’engager toujours plus étroitement dans la compagnie édifiante et généreuse de Notre Seigneur, au nom de qui, nous vous bénissons tous, vous et tous les religieux.








À LA SESSION PLÉNIÈRE DU SECRÉTARIAT POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS

12 novembre



UNE COMPLÈTE LOYAUTÉ À TOUTES LES EXIGENCES DE LA VÉRITÉ ET ALLER DE L’AVANT !



Le Saint-Père a reçu en audience, le 12 novembre, les participants à l’Assemblée Plénière de l’Union des Chrétiens qui se tenait à Rome sous la présidence du Cardinal J. Willebrands, Archevêque d’Utrecht.

A l’adresse d’hommage que celui-ci lui a adressé, le Pape Paul VI a répondu par l’allocution dite en français que nous publions ci-dessous.



Chers Frères et Fils dans le Seigneur,



Il Nous est particulièrement agréable de vous recevoir aujourd’hui, vous qui avez accepté de venir de toutes les parties du monde pour prendre part à la session plénière de Notre Secrétariat pour l’Unité. Vous avez d’abord réfléchi sur les implications oecuméniques de la catéchèse, mais vous avez aussi à évaluer l’action menée depuis votre dernière réunion plénière et à discerner les initiatives à prendre en vue d’intensifier cette action. Vous êtes en effet, réunis pour promouvoir l’unité des chrétiens. « Promouvoir la restauration de l’unité entre tous les chrétiens » était l’un des buts principaux du II° Concile du Vatican (cf. Décret Unitatis Redintegratio, UR 1). C’est pourquoi dès sa période préparatoire un Secrétariat était fondé dont le nom même indiquait qu’il était destiné à servir à cette tâche primordiale de l’Eglise. Il devait le faire à l’intérieur de l’Eglise catholique en préparant un décret conciliaire et ses directives d’application, en développant des relations de fraternelle collaborations avec les autres Eglises et communautés ecclésiales. Il devait le faire aussi en établissant et en développant des relations avec les autres Eglises et communautés ecclésiales. Par la présence des observateurs durant le Concile, les futurs dialogues ont été ébauchés comme ont été préparées nos rencontres avec les pasteurs de leurs Eglises. Comment ne pas évoquer ici ce que le peuple chrétien a appelé la sainte rencontre, celle avec le vénéré patriarche Athénagoras sur le mont des Oliviers à Jérusalem ? Depuis ces années, par une inlassable activité, notre Secrétariat poursuit ce service de l’Unité.

Plusieurs d’entre vous viennent pour la première fois participer aux travaux de cette session plénière. Vous y venez à un moment où, en ce domaine de l’oecuménisme comme en tant d’autres choses il est de mode de parler de crise. En réalité, le Concile et les années qui l’ont suivi ont été marqués de profonds et rapides changements dans les relations de l’Eglise catholique avec les autres Eglises chrétiennes.

La méconnaissance réciproque a rapidement reculé devant la redécouverte des liens de communion qui nous unissaient en dépit de nos divergences (cf Décret Unitatis Redintegratio, UR 3). Nous nous sommes redécouverts comme frères, frères encore désunis il est vrai, mais vraiment frères qui « justifiés par la foi reçue au baptême, incorporés au Christ, portent à juste titre le nom de chrétiens » (ibid. n. 3).

47 La joie de ces retrouvailles a peut-être fait penser à beaucoup que l’on était à la veille d’atteindre le terme de la pleine communion retrouvée. D’où leur désillusion, leur impression de piétinement lorsque le dialogue théologique s’est engagé et s’est développé. Voulant nous guérir du mal de nos divisions, il nous a fallu, dans un commun effort de lucidité fraternelle, en discerner les véritables causes, en découvrir les racines. Il est fatal que les progrès qui s’accomplissent en ce domaine soient moins perceptibles au grand nombre. Il s’agit d’un effort de fidélité renouvelée et approfondie à la Parole de Dieu, comprise et vécue dans la grande tradition multiforme de l’Eglise, Une, Sainte, Catholique et Apostolique.

Des convergences s’affirment; des accords s’esquissent, par exemple sur les réalités fondamentales du baptême, de l’eucharistie, du ministère de l’unité dans l’Eglise. Des études commencent ou se poursuivent sur l’autorité de l’Eglise dans son enseignement. L’Eglise catholique est déterminée à continuer et à intensifier sa contribution à cet effort commun de tous les chrétiens. C’est d’ailleurs « une exigence de l’oeuvre de prédication et du témoignage à rendre à l’Evangile », comme Nous l’affirmions dans notre récente Exhortation sur l’Evangélisation dans le monde moderne (cf n. 77), en reprenant le voeu des Pères de la troisième Assemblée générale du Synode des Evêques. Et Nous devons tous collaborer à promouvoir cette « civilisation de l’amour » qui nous semble de plus en plus être une nécessité de l’action des chrétiens en ce monde.

Le fait que nous ne soyons pas encore au terme, que de sérieux obstacles soient encore à surmonter, ne doit pas nous décourager ni nous arrêter; bien au contraire, il faut intensifier notre effort, pour mettre en oeuvre le décret conciliaire, les directives que Nous avons données depuis lors, et les orientations publiées par ce Secrétariat pour la collaboration oecuménique au plan national et au plan local.

Nous voudrions aussi rappeler avec insistance l’importance fondamentale de l’oecuménisme spirituel. Conversion du coeur, renouvellement de l’esprit, renoncement à soi-même, libre effusion de la charité (cf Unitatis Redintegratio,
UR 7), c’est là l’âme du mouvement oecuménique (Unitatis Redintegratio, UR 8) dont, sous cet aspect, tous et chacun des fidèles sont responsables. La vraie conversion du coeur nous met dans une attitude profonde d’offrande de tout nous-mêmes au Père par le Fils dans l’Esprit Saint, et est la source mystérieuse du désir de l’unité. Elle jaillit non seulement en supplication vers Celui qui seul peut nous mener là où nous tendons, mais aussi en ferventes et fraternelles prières les uns pour les autres.

La recherche de l’unité exige aussi une complète loyauté à toutes les exigences de la vérité. Cette loyauté ne s’oppose pas à ce que, dès maintenant, nous nous efforcions de témoigner ensemble avec nos frères de tout ce que nous professons en commun. Mais ce qu’il faut éviter c’est d’agir maintenant « comme si » nous étions au terme. Ce serait rendre un très mauvais service à notre marche en avant. On la retarderait considérablement en la dirigeant vers des impasses.

Il faut avec prudence, mais sans hésiter, aller de l’avant, mus par un amour assez fort pour témoigner de toute la vérité, tenant ferme l’ancre de notre espérance (cf He 6,18-19) et dociles à l’Esprit Saint qui ne cesse de nous guider vers la vérité tout entière (cf Jn 16,13) vers cette vérité qui est inséparablement voie et vie, vers cette vérité qui est le Christ (cf Jn 14,6).

Que le Seigneur vous donne abondamment sa lumière dans vos travaux afin que soit hâté le jour où l’unité de tous pourra se célébrer et se sceller dans la concélébration de l’Eucharistie.

Avec vous, Nous le demandons de tout notre coeur, en vous donnant la Bénédiction Apostolique.








6 décembre



PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES FEMMES AUX DIFFÉRENTS NIVEAUX DE LA VIE SOCIALE



Paul VI aux déléguées au Congrès du Centre Italien Féminin

Le 6 décembre le Saint-Père a reçu quelque 200 déléguées participant au Congrès National du Centre féminin Italien (C.I.F.) qui s’est déroulé à Rome pour examiner le thème « la femme dans la société nouvelle ». Paul VI leur a adressé un discours dont voici la traduction :



48 Chères Filles en Jésus-Christ,



Vous êtes venues nombreuses à Rome pour assister, en votre qualité de responsables régionales et provinciales au Congrès National du Centre Féminin Italien et élire le nouveau bureau pour la prochaine période triennale.

Le sujet de vos études « la condition féminine », est certes des plus polymorphes, mais il est sans aucun doute très important et de grande actualité. En tant que représentants d’un organisme de premier ordre, vous vous insérez ainsi, avec autorité, dans le plus ample débat sur la condition et la promotion de la femme qui, sous des formes variées et souvent de manière très vive, donne un caractère tout particulier à la société de notre époque.

L’Eglise tout entière suit avec un vif intérêt et parfois quelque frémissement, les différents mouvements de revendications féminines qui se proposent d’atteindre « l’égalité avec les hommes, non seulement en droit mais aussi en fait » (Gaudium et Spes,
GS 9). Le christianisme reconnaît à la femme, dès ses. origines et plus que dans n’importe quelle autre religion, un caractère de dignité toute spéciale, dont le Nouveau Testament présente des aspects aussi nombreux qu’importants. De la fonction unique et sacrée de la bienheureuse Marie, Mère du Christ (Ac 2,14) aux femmes qui suivaient et assistaient le Seigneur dans sa vie ministérielle publique (Lc 8,2-3) et bénéficièrent des premières apparitions du Christ ressuscité (cf. Mt Mt 28,1-10 Mc 16,1-8 Lc 24, 1-11, Lc 22-23 Jn 20, 1-2, Jn 11-18) jusqu’à celles qui étaient présentes au Cénacle avec les Apôtres, le jour de la Pentecôte (Ac 2,14) et à toutes celles dont Paul cite le nom dans ses épîtres, rappelant leurs multiples fonctions au sein des premières Eglises (Rm 16,1-2 Ph Ph 4,2-3 Col 4,15 cf. 1Co 11,5 1Tm 5,16), il ressort à l’évidence que la femme a sa place dans la structure vivante et active du christianisme, et de manière tellement importante qu’on en a pu encore dégager toute la potentialité ! Puis, si à ces précieuses informations nous joignons tous ces textes qui recommandent le respect à l’égard de toute femme et l’amour tout particulier de l’homme pour son épouse, nous avons une confirmation supplémentaire de ce que, même sur ce point, l’Eglise a présenté, dès ses premières manifestations dans le monde, des traits originaux et novateurs.

Comme celle des origines, l’Eglise d’aujourd’hui ne saurait manquer de se trouver du côté de la femme, surtout là où, de sujet actif et responsable elle est abaissée au rôle d’objet passif et insignifiant : par exemple dans certains milieux du travail ou dans les récits objectifs d’une certaine presse ou d’autres moyens de communication sociale ou dans les rapports sociaux et même dans la famille. On dirait qu’aujourd’hui la femme représente l’instrument le plus facile pour assouvir les penchants à la violence ou à l’injustice. Ce qui explique et même fait comprendre en partie l’attitude virulente de rétorsion que l’on constate dans certains mouvements féminins.

Nous sommes absolument persuadés que la participation des femmes aux différents niveaux de la vie sociale doit non seulement être reconnue mais aussi encouragée et, surtout, appréciée ; pour y arriver il y a encore beaucoup de chemin à parcourir.

Toutefois, nous pensons, conformément aux prescriptions de Vatican II, que les femmes « doivent jouer leur rôle selon leurs aptitudes propres » (Gaudium et Spes, GS 60). C’est à ces « aptitudes propres, » que la femme ne peut pas renoncer. En effet, l’« image et ressemblance » de Dieu qui la met sur le même plan que l’homme et la fait pleinement égale à lui (cf. Gn Gn 1,26 Gn Gn 1,27) se réalise en elle d’une manière particulière qui la fait différente de l’homme, du reste, dans la même mesure que l’homme diffère de la femme : non pas comme dignité de nature, mais comme diversité de fonctions. Il faut donc se garder de juger sournoisement la condition féminine comme on risque de le faire si l’on veut méconnaître ces caractères divergents inscrits dans la nature même de l’homme et de la femme. Il appartient par contre à l’ordre de la création que la femme se réalise authentiquement comme femme, non pas dans un esprit de rivalité à l’égard de l’homme mais bien dans une harmonieuse et féconde entente, basée sur la reconnaissance des rôles dévolus à l’un et à l’autre. Il est donc vivement souhaitable que dans les divers domaines de la vie sociale où elle s’insère, la femme apporte cette note incomparablement humaine de sensibilité et de sollicitude qui lui est propre.

C’est à vous toutes qui constituez le Centre Féminin Italien que nous adressons particulièrement nos plus vifs encouragements pour que vous poursuiviez avec enthousiasme, fidélité et joie, votre engagement de témoignage civique et chrétien dans la société italienne actuelle. Nous nous permettons également de vous inviter à étendre l’activité de votre Organisation d’une manière qui corresponde toujours mieux aux exigences toujours nouvelles des temps, non seulement en l’orientant vers des services sociaux déterminés ayant pour objectif la promotion humaine en général, mais aussi en vous appliquant inlassablement et avec sollicitude au discours spécifique du monde féminin. Donner la vie à un mouvement féminin de masse pourrait avantageusement mobiliser et engager vos forces généreuses et intelligentes en vue d’une présence et d’une influence mieux marquées tant dans le monde précis de la femme que dans la société en général de manière à sensibiliser correctement celle-ci à l’égard des problèmes féminins et à la manière la plus appropriée et honnête de les affronter et de les résoudre. Il s’agit donc d’étudier une sage stratégie globale et les formes les plus aptes à sa mise en oeuvre : non pas dans un esprit partisan de polémique, mais en se dédiant avec ténacité et sereinement à un idéal qui, enraciné dans la vérité, est destiné à s’affirmer dans son éclatante et bénéfique évidence.

De votre tout spécial charisme, individuel et de groupe, la collectivité tout entière attend un témoignage limpide et vivant de la présence féminine chrétienne, celui que vous êtes seules à pouvoir et certainement à savoir donner. C’est donc à vous, Membres du Centre Féminin Italien, que nous confions cette mission, au nom du Seigneur. Vous qui représentez en Italie un mouvement féminin catholique, déjà bien organisé et riche d’expérience, vous êtes appelées à assumer une responsabilité parfaitement digne de vos énergies les meilleures : occuper un espace d’engagement qui est uniquement vôtre, et dans lequel peuvent resplendir vos traits les plus authentiques.

En gage de ces voeux, nous vous donnons notre plus paternelle Bénédiction Apostolique afin que le Seigneur vous accompagne toujours, vous soutienne et vous encourage de sa stimulante inspiration.





À L’AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE TUNISIENNE PRÈS LE SAINT-SIÈGE*

Lundi 13 décembre 1976




49 Monsieur l’Ambassadeur,

Nous nous réjouissons de recevoir aujourd’hui Votre Excellence, en cette circonstance solennelle où Elle Nous présente les Lettres qui L’accréditent comme Ambassadeur de la République Tunisienne près le Saint-Siège. Nous vous souhaitons cordialement la bienvenue, et Nous vous remercions des aimables paroles que vous avez prononcées à notre égard.

La célébration prochaine, au seuil d’une nouvelle année, de la Journée au cours de laquelle les pensées et les désirs se tourneront avec ardeur vers la paix, devra aussi rappeler à tous, et particulièrement aux hommes chargés de responsabilités, la nécessité d’agir en faveur de cette même paix.

Aussi est-ce avec satisfaction que Nous saisissons l’occasion présente pour confirmer le ferme propos du Saint-Siège de contribuer sans cesse, et dans toute la mesure de ses possibilités, à l’établissement d’une paix juste et sincère dans toutes les parties du monde, et notamment, comme vous l’avez expressément souligné, au Moyen-Orient. L’on sait combien le Saint-Siège désire qu’une solution durable de cette crise accueille équitablement les instances légitimes de tous les peuples interessés, et comporte également une définition pacifique de la question de Jérusalem, de façon que la Cité sainte devienne un lieu de compréhension et de fraternité pour les fidèles des trois grandes religions monothéistes.

Nous apprécions, quant à Nous, les efforts réalisés en faveur de la paix par votre Gouvernement, et Nous vous prions de bien vouloir transmettre à Son Excellence le Président Habib Bourguiba les voeux fervents que Nous formons tout spécialement à son intention. Ces voeux s’étendent à l’ensemble du peuple tunisien, pour que le Dieu Tout-Puissant le soutienne dans sa marche vers le progrès et dans la recherche des biens spirituels. Et Nous avons aussi, en ce moment, une pensée très chaleureuse pour la communauté catholique locale, heureux de ce qu’elle a déjà fait pour le pays, et de ce qu’elle fera encore - est-il besoin de le dire? - pour collaborer loyalement à sa vie et à son essor.

En vous réitérant, Monsieur l’Ambassadeur, nos souhaits de bienvenue, Nous vous assurons de l’aide de nos collaborateurs dans l’exercice de vos hautes fonctions, et vous promettons personnellement notre appui pour l’heureux et fécond accomplissement de votre mission.

*AAS 68 (1976), p.734-735.

Insegnamenti di Paolo VI, vol. XIV, p.1060-1061.

L’Attività della Santa Sede 1976, p.351-352.

L'Osservatore Romano13-14.12.1976, p.1.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.52 p.9.





AU CARDINAL JOSEPH SLIPYJ ET AUX EVÊQUES UKRAINIENNES


50
Lundi 13 décembre 1976




Chers Frères dans le Christ,

En vous accueillant, Monsieur le Cardinal, et en accueillant avec vous des Evêques, responsables de communautés ukrainiennes, Nous éprouvons une joie toute particulière. Oui, l’humble Successeur de Pierre est ému de recevoir un témoignage d’attachement qui dépasse singulièrement sa personne et va à ce Siège Apostolique de Rome, auquel les catholiques ukrainiens ont donné des preuves de fidélité, si nombreuses et souvent héroïques. Les restes mortels de Saint Josaphat, vénérés en la Basilique Saint-Pièrre du Vatican, n’en sont-ils pas le très précieux symbole?

Merci pour votre visite fraternelle! Laissez-nous aussi vous exprimer notre profonde et constante affection. Elle s’étend à toutes les communautés dispersées de l’Eglise ukrainienne. Leur histoire si mouvementée et leurs souffrances si généreuses ont toujours une place dans notre mémoire et notre prière. Nous vous demandons de répercuter ces profonds sentiments de notre coeur parmi vos diocésains, ainsi que nos meilleurs encouragements à rendre témoignage au Christ, sur les pas de leurs ancêtres dans la foi.

Permettez-nous également d’évoquer devant vous, avec tout le respect dû aux personnes, le malaise diffus de certaines communautés ukrainiennes et de leurs pasteurs. Nous voulons parler de l’attente d’un titre patriarcal que, dans la conjoncture présente, le Siège de Rome ne voit pas la possibilité d’accorder. Nous avions déjà eu l’occasion de faire connaître notre pensée à ce sujet. Mais il arrive encore que cette position soit interprétée, en certains milieux au moins, comme une incompréhension du Saint-Siège à l’égard des aspirations des Ukrainiens catholiques si éprouvés par ailleurs. Vous, chers Frères dans l’Episcopat, vous savez qu’il existe des normes au sujet du titre patriarcal. Vous savez également que des circonstances, indépendantes de ce Siège Apostolique, empêchent vraiment d’accéder à une requête maintes fois présentée. C’est pourquoi, le Saint-Siège s’en tient à une ligne très sage de conduite, et cela, croyez le bien, dans le plus grand intérêt de l’Eglise catholique ukrainienne elle-même. Aussi, avec toute la confiance que Nous avons en votre esprit de foi et votre amour du Siège de Pierre, Nous vous exhortons vivement, ainsi que vos chers fidèles, à la généreuse observance du droit en vigueur. Cette docilité exemplaire, non seulement ne nuira en rien à la cause de votre Eglise, mais elle garantira, aujourd’hui et demain, la précieuse unité du peuple confié à votre vigilance pastorale, et elle vous permettra de consacrer toutes vos forces apostoliques à l’enracinement et au progrès de la foi, dans le contexte si exigeant de notre époque.

D’ailleurs les marques de vénération que le Saint-Siège a données et donne toujours au Cardinal Slipyj montrent clairement les liens de prédilection spirituelle et de solidarité qui unissent étroitement l’Eglise de Rome et ce Siège Apostolique à 1’Eglise catholique ukrainienne: la part personnelle prise par notre inoubliable Prédécesseur le Pape Jean XXIII à la libération du Métropolite Slipyj, l’accueil réservé à celui-ci en notre Cité du Vatican, son élévation au Cardinalat et l’intérêt assidu que Nous portons à un membre aussi éminent du Sacré Collège, tout cela dit bien la place tout à fait particulière attribuée, en la vénérée Personne du Cardinal, à l’Eglise catholique ukrainienne.

C’est pourquoi, chers Frères dans le Christ, Nous sommes heureux de vous donner aujourd’hui un nouveau témoignage de notre confiance et de notre affection, en implorant de tout coeur sur chacun de vous, sur vos Frères dans l’Episcopat et sur toutes les communautés catholiques ukrainiennes, les plus abondantes Bénédictions du Seigneur.



À L’AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DU ZAÏRE PRÈS LE SAINT-SIÈGE*


Jeudi 16 décembre 1976




Monsieur l’Ambassadeur,

Sensible aux aimables paroles que vous venez de prononcer, Nous voulons à notre tour vous adresser nos souhaits de bienvenue, en ce jour où vous inaugurez votre mission d’Ambassadeur de la République du Zaïre près le Saint-Siège.

Vous avez relevé avec justesse la nature spécifique de cette fonction que vous a confiée le Chef de l’Etat zaïrois. Le Saint-Siège, en effet, ne peut ni ne doit être comparé à une puissance politique. Notre charge Nous vient du Christ. Elle s’exerce pour l’Eglise et au service des hommes de tout pays. Elle conduit donc, notamment, à rechercher le dialogue avec les responsables, à promouvoir les relations génératrices de compréhension mutuelle et d’amitié, en un mot à favoriser l’unité et la concorde entre tous les habitants du monde.

51 Nous sommes heureux, en vous accueillant aujourd’hui, de sentir le désir des Autorités zaïroises, et en premier lieu de Son Excellence le Président de la République, de poursuivre et d’intensifier les contacts déjà noués, en vue d’une collaboration plus étroite et plus fructueuse. Tel est bien, aussi, notre voeu personnel, si grande est l’affection que Nous éprouvons pour vos compatriotes, et notamment pour nos Fils dans la Foi catholique. Nous savons que, en bons citoyens, ils aspirent à prendre une part toujours plus active à l’essor de la nation, ils s’efforcent de coopérer en toute loyauté au bien de la communauté zaïroise, apportant une contribution désintéressée - mais combien généreuse et dynamique! - dans tous les domaines, social et culturel entre autres. Attentive au génie propre qui caractérise ses membres, soucieuse du développement du pays, et en même temps d’une fidélité sans faille à l’Evangile que nous avons tous reçu du Christ, dont nous allons célébrer la naissance dans la prochaine fête de Noël, l’Eglise au Zaïre donne ainsi un exemple qui appelle l’admiration.

Monsieur l’Ambassadeur, en exprimant au Premier Magistrat de la République nos salutations déférentes et nos remerciements pour vous avoir désigné, Nous vous demandons de Lui porter également le témoignage de notre estime pour la noble nation zaïroise. Nul doute qu’elle possède en elle toutes les capacités pour devenir, à l’intérieur du continent africain, un lieu où s’harmonisent avec bonheur le progrès, la liberté des individus et des communautés, et la fraternité. Que le Dieu Tout-Puissant lui prodigue encore ses bienfaits, et qu’il vous aide dans votre tâche!

*AAS 68 (1976), p.735-736.

Insegnamenti di Paolo VI, vol. XIV p.1071-1072.

L’Attività della Santa Sede 1976, p.358-359.

L'Osservatore Romano 17.12.1976, p.1.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.53 p.2.


20 décembre



L’ÉGLISE PRÉSENTE AU MONDE DE MANIÈRE EFFICACE ET VIVANTE



Paul VI au Consistoire du 20 décembre Réponse du Pape aux voeux du Sacré Collège

Le 20 décembre Paul VI a tenu, au Palais Apostolique du Vatican, le Consistoire pour la nomination des nombreux évêques à la tête des diocèses vacants, pour la présentation des causes de canonisation du bienheureux Jean Népomucène Neumann, Evêque de Philadelphie (USA) et de la Bienheureuse Raphaele Marie du Sacré Coeur de Jésus, fondatrice de la Congrégation des Servantes du Sacré Coeur de Jésus, et pour la postulation des Palliums sacrés.

A la fin du Consistoire, le Cardinal Carlo Confalonieri, Vice-Doyen du Sacré Collège présenta à Sa Sainteté les voeux de Noël au nom du Collège des Cardinaux et de la Curie Romaine.

52 Le Saint-Père répondit en prononçant une allocution dont voici notre traduction :



Après la célébration du Consistoire, se renouvelle pour nous le réconfort de la rencontre annuelle avec les Membres du Sacré Collège et de la Prélature Romaine. Merci, Vénérables Frères et très chers Fils, de votre présence ici, dont la signification et l’intention ont été si parfaitement exprimées par le Cardinal Carlo Confalonieri.


signification des voeux





Ce n’est pas, assurément, une formalité purement extérieure et moins encore une habitude imitant des modes profanes qui nous réunissent ici : c’est la proximité imminente de la fête du Noël de Nôtre-Seigneur Jésus-Christ qui nous appelle ; c’est la célébration de sa venue parmi nous, revêtu de notre pauvre fragilité humaine pour la porter au niveau de sa divinité, pour la doter de sa richesse (cf.
2Co 8,9) ; c’est le souvenir de la Nuit Sainte qui, renouvelant son prodige de lumière et de grâce se représentera dans les divins mystères, de la Liturgie de Noël, et, comme chaque année, tout ceci nous invite à échanger nos voeux et à exprimer, autant que nous le permettent les formes compatibles avec notre humaine faiblesse, cette plénitude de joie et de vie qui nous viennent de la naissance terrestre du Christ, Fils de Dieu et Fils de Marie. Il est l’envoyé du Père, le don par excellence de son amour (cf. Jn Jn 3,16), l’Agneau venu s’immoler pour le péché du monde (Jn 1,29 Jn 36), l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin, le premier et l’ultime (cf. Ap Ap 1,8 Ap 21,6 Ap 22,13), la clé de David (cf. Is Is 22,22 Ap 3,7) qui ouvre et scelle les secrets de l’économie du salut jaillie du sein du Père, le Centre et le Pivot de l’histoire du monde ; si la joie spirituelle nous envahit, si la coutume nous impose d’échanger les voeux qu’une affection réciproque suscite dans nos coeurs, c’est parce qu’il est venu, Lui, afin, de nous sauver, afin de préparer le banquet messianique des biens suprêmes pour la multitude des pauvres de Jahvé — et c’est nous, nous tous, qui l’implorons « dans l’attente de sa venue ». Et ce souhait s’adresse aimablement aussi, pour l’année qui va commencer, à l’arc tout entier, encore inconnu et mystérieux, des événements de la vie civile : à la lumière de l’Evangile, conduits par sa Main puissante qui gouverne tout, le cours de ces événements lui-même ne peut que renfermer un secret de sa Providence qui, avec la collaboration des hommes de bonne volonté, nous guidera vers la réalisation de la paix et du progrès, pour le plus grand bien de la famille humaine. Et pour cela également, les souhaits émergent de notre coeur, éclairés par le Verbe incarné.

Nous avons l’habitude de considérer sous cette lumière l’année qui touche à sa fin et d’en faire en quelque sorte le bilan pour la vie de l’Eglise considérée soit dans ses rapports avec le monde et dans le déroulement de sa vie au milieu des vicissitudes terrestres, soit dans son intime et autonome plénitude. Nous voulons, vénérables Frères et bien-aimés Fils, parcourir rapidement avec vous ce chemin d’examen et de contrôle en commun.

I. L’Eglise et les principaux problèmes sociaux





La préférence que nous voulons donner aux problèmes de la vie interne de l’Eglise ne nous fait certes pas oublier ceux que, en Europe et en Asie ainsi qu’en certains pays d’Amérique et d’Afrique, de vastes secteurs de la communauté ecclésiale continuent — ou commencent — à devoir affronter à cause des limitations, des pressions, parfois des oppressions dont sont victimes l’institution ecclésiale et, individuellement, les fidèles.

Encore une fois, à la veille de l’annuelle commémoration de la venue de Celui qui est la force et l’espérance de tous ceux qui croient en lui, nous voulons dire à ces fils qui sont de ceux que nous aimons le plus que nous pensons sans cesse à eux et les assurer de notre affection toute particulière et de nos prières, les soutenir dans leur fidélité et dans leur confiance ; qu’ils sachent que nous avons la ferme volonté de ne rien négliger de tout ce qui est dans les possibilités de ce siège apostolique pour soutenir leur bon droit et protéger les droits fondamentaux de tout peuple et de chaque personne humaine.


inquiétudes et espérances





Si nous considérons le panorama que le monde nous présente à la fin de cette année-ci, ainsi que les prévisions pour celle qui va naître bientôt, nous ne pouvons cacher nos préoccupations à propos de certaines inquiétudes qui ça-et-là se manifestent et qui pourraient créer un danger pour la tranquillité, sinon générale, du moins dans certains territoires.

De toutes manières, nous voulons avoir confiance dans la bonne volonté et dans la sagesse de ceux qui président aux destins des peuples et principalement de ceux sur qui pèse la plus grande responsabilité pour écarter les conflits et sauver la paix. Quant à nous, nous confirmons notre engagement au service d’une cause aussi noble et si nécessaire, ainsi que notre volonté d’offrir sans discontinuer toute la collaboration possible à ceux qui partagent sincèrement avec nous les idées de paix et souhaitent que règne parmi les peuples une active et bénéfique solidarité.

53 C’est avec un sentiment profond de soulagement et de satisfaction — bien que troublé encore par des craintes insuffisamment apaisées — que nous avons vu le Liban se rapprocher de la cessation des hostilités qui l’ont aussi longuement ensanglanté. Notre pensée se tourne vers tous ceux qui, au milieu de ces combats, en ont été les victimes, à tous ceux qui en éprouvent encore aujourd’hui, dans la chair et dans l’esprit les douloureuses conséquences. Il faut maintenant que les efforts de tous les responsables soient tendus vers la solution des problèmes qui ont engendré le conflit et vers l’oeuvre de la reconstruction : le Saint-Siège qui a déjà fait tout ce qu’il a pu en ce sens, continuera bien volontiers à leur assurer sa collaboration la plus étroite possible.

Nous souhaitons que la reconstruction matérielle et la reprise de la vie normale du Pays se doublent d’une non moins intense reprise dans l’ordre spirituel et moral ; et qu’ainsi l’image du Liban resplendisse à nouveau comme modèle de respectueuse et fructueuse coexistence de communautés différant de confession religieuse, mais unies dans leur amour pour une patrie commune et pour ses nobles traditions.

La crise du Liban a donné plus de relief encore à la nécessité urgente de résoudre, dans son complexe, l’angoissant problème du Moyen Orient, afin que, dans un esprit de justice et d’équité, on mette fin à cet état de dangereuse tension qui persiste dans cette région. Selon des opinions autorisées, le moment présent serait particulièrement propice à la recherche d’un accord négocié. Nous souhaitons que ceci réponde à la réalité et surtout que tous les responsables le veuillent et sachent en profiter. Dans cette perspective nous ne pouvons que rappeler une fois de plus que, par respect dû au droit et en vue de la solidité même de la paix, une adéquate solution doit être apportée au problème des Lieux-Saints chrétiens, autant qu’à ceux des juifs et des musulmans, et en tout premier lieu au problème de Jérusalem.

Nous tenons aussi à dire quelques mots à propos de la Rhodésie. Les récents événements qui ont mis en relief la figure d’un Pasteur. Mgr Donald Raymond Lamont qui est allé jusqu’au sacrifice dans ses revendications en faveur des droits de la population autochtone, nous obligent à en parler. Mais ce qui nous pousse surtout à le faire, c’est l’espoir que la Conférence organisée pour résoudre le problème rhodésien réussira, avec la nécessaire sollicitude, conduire à des résultats positifs de manière à garantir de réelles conditions de justice, de coexistence pacifique et de sincère collaboration entre toutes les populations du pays. C’est le voeu que nous formons avec ferveur, entraîné comme nous le sommes par l’affection que nous portons à l’Afrique.

Ce très rapide regard que nous portons sur le monde qui nous environne serait trop incomplet si nous ne disions quelques mots à propos de l’Italie ; un pays qui, pour de nombreuses raisons, nous est particulièrement cher et proche. Il ne s’agit pas ici de nous occuper des problèmes de sa vie nationale que nous suivons cependant avec un intérêt tout particulier et non sans quelques préoccupations. Nous voulons, par contre, faire allusion au travail, auquel le Saint-Siège s’est volontairement prêté, pour une révision du Concordat du Latran, qui fasse de cet acte historique de conciliation un instrument plus capable de garantir, dans les circonstances actuelles, des relations correctes et amicales entre l’Etat et l’Eglise : ceci est plus nécessaire qu’ailleurs dans un pays dont l’histoire et la réalité présente exige que tous deux sachent non seulement reconnaître loyalement leurs espaces respectifs de compétence, mais maintenir aussi — dans une mutuelle autonomie et indépendance — la voie de l’harmonie et de la bonne coopération, pour la paix religieuse et pour le bénéfice spirituel et moral de la population. Voilà l’esprit et l’intention avec lesquels le Saint-Siège s’est attaché à l’oeuvre de révision du Pacte, donnant ainsi une preuve concrète de sa bonne volonté : il n’entend nullement revendiquer des privilèges, il n’est pas animé d’un désir de domination comme certains l’ont injustement prétendu. Nous faisons des voeux pour que l’initiative, de réelle portée historique, parvienne rapidement à d’heureuses conclusions.

II. L’Eglise en elle-même





Et maintenant, au moment de fixer le regard sur la vie de l’Eglise en elle-même nous ne saurions manquer de rappeler brièvement les événements qui ont caractérise cette année proche de sa conclusion.




Discours 1976 46