Discours 1974 43

À L’AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE MALGACHE PRÈS LE SAINT-SIÈGE


Vendredi 4 octobre 1974




Monsieur l’Ambassadeur,

Nous apprécions vivement les paroles délicates et profondes que Votre Excellence vient de prononcer, au moment où Elle inaugure ses fonctions d’Ambassadeur de la République Malgache auprès du Saint-Siège.

En présentant l’hommage du Gouvernement qui vous a désigné pour cette haute charge, vous avez voulu vous faire l’écho de tout le peuple malgache: vous avez souligné sa reconnaissance pour la féconde contribution de l’Eglise à l’épanouissement de ses valeurs ancestrales et à sa promotion sociale. Et vous avez su associer, dans le même mérite, missionnaires et chrétiens malgaches, qui ont maintenant leurs pasteurs autochtones.

Une telle confiance Nous touche profondément, et Nous avons le ferme espoir qu’elle continuera à permettre, non seulement des relations amicales, mais une collaboration fructueuse entre l’Eglise et les responsables civils que vous représentez. Il y va d’abord de la qualité spirituelle des hommes et de leurs relations; vous avez montré à juste titre le prix que vos compatriotes attachent à Dieu et à l’âme: c’est à ce bien que 1’Eglise est principalement ordonnée.

Mais l’amour désintéressé qui anime celle-ci, spécialement au service des plus ‘pauvres, est aussi un gage de la précieuse contribution que les chrétiens peuvent toujours apporter à la construction de la cité, pour qu’y règne le bien-être, la paix, la justice et toutes les conditions d’une vie digne de l’homme. Nous savons avec quel zèle nos Frères et Fils de Madagascar s’y emploient. Nous les encourageons et formons des voeux fervents pour l’ensemble du peuple malgache et ses dirigeants, en priant Dieu de les bénir et de les assister dans la tâche, rude et pleine d’espérance, qu’ils assument aujourd’hui, au niveau de leur pays comme au plan international.

Pour vous, Monsieur l’ambassadeur, tout en représentant ici votre Gouvernement, vous y serez témoin des efforts du Saint-Siège pour la sainteté et l’unité de l’Eglise universelle, et pour la paix de l’humanité. A vous particulièrement, Nous offrons des souhaits cordiaux au seuil de votre mission.



III ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU SYNODE DES ÉVÊQUES


SALUTATION DU PAPE PAUL VI


AU PASTEUR PHILIP POTTER,


SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU CONSEIL OECUMÉNIQUE DES EGLISES


Jeudi 10 octobre 1974




Nous Souhaitons la bienvenue au Pasteur Philip Potter, Secrétaire Général du ConseilOEcuménique des Eglises, venu à Rome pour rencontrer les éveques-membres du Synode et avoir avec eux un échange de vues sur l’évangélisation dans le monde d’aujourd’hui.

Le mouvement oecuménique cherche dans la fidélité à la prière du Seigneur à recomposer l’unité ecclésiale de tous ceux qui croient et sont baptisés dans le Christ. Il trouve sur son chemin des difficultés et des obstacles qui dépassent les forces humaines. De tout coeur nous encourageons et bénissons les efforts au service de l’unité, mettant entièrement notre espoir dans la prière du Christ pour l’Eglise, dans l’amour du Père à notre égard et dans la puissance du Saint-Esprit: «L’espérance ne déçoit point car l’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné» (Rm 5,5 Unitatis Redintegratio UR 24).



AU XLVII CONGRÈS NATIONAL DE LA SOCIÉTÉ ITALIENNE D’UROLOGIE ET DE NÉPHROLOGIE


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Jeudi 10 octobre 1974


Mesdames, Messieurs,

Vous avez vous-même proposé cette rencontre avec Nous, à l’issue des travaux de votre quarante-septième Congrès. Aux spécialistes italiens de l’urologie et de la néphrologie, qui représentent ici largement leur branche médicale, se sont associés des collègues de plusieurs autres pays, venus mettre en commun des recherches et des expérimentations souvent très poussées. Soyez tous les bienvenus. La démarche de ce matin Nous réjouit en même temps qu’elle Nous honore: Nous voulons y voir le signe du prix que vous attachez aux valeurs morales et spirituelles, dans l’oeuvre de guérison à laquelle vous consacrez tant de soins.

Oui, Nous exprimons notre vive estime pour la compétence et la ténacité avec lesquelles vous faites progresser la science et l’art médical sur des organes fort délicats, dont la complexité prodigieuse, la contribution harmonieuse à des fonctions essentielles du corps humain, ont comme revers, semble-t-il, une fragilité qui peut être troublée par des anomalies, des accidents, des maladies ou simplement l’usure de la vieillesse. Ce sont ces maux que vous vous ingéniez à diagnostiquer, dans leurs effets et dans leurs causes, de manière à les soulager, et si possible à les guérir. La simple lecture de votre programme est fort éloquente à ce sujet. Cet effort scientifique pour déchiffrer la nature et lui restituer sa vigueur ou y suppléer mérite à coup sûr nos félicitations.

Et Nous ajoutons: nos encouragements. Vous êtes conscients des progrès qu’il resterait à faire dans la thérapie qui est votre oeuvre. Vous les désirez pour l’honneur de votre profession. Les malades, eux, comptent aussi beaucoup sur les perfectionnements de votre art médical. Certes, la santé n’est pas tout le salut de l’homme, lequel tient en définitive à nos yeux de croyant, à l’épanouissement de la vie surnaturelle que Dieu a voulu déposer en lui; mais tant que nous sommes dans cette demeure terrestre, l’intégrité de la santé est un bien très précieux, pour notre bonheur et pour la tâche que le Seigneur nous confie, Nous le voyons surtout lorsqu’elle vient à marquer. Au nom de l’humanité souffrante, pour laquelle le Christ a eu tant d’égards, Nous faisons nôtres les souhaits et les espoirs que les malades mettent en vous.

Enfin Nous nous permettons d’y adjoindre une parole d’exhortation. Non pas sur quelques problèmes particuliers, comme vous l’aviez demandé à notre prédécesseur Pie XII: ce bref entretien ne le permettrait d’ailleurs pas. Mais Nous pensons aux qualités morales que requiert votre profession. Le Pape Jean XXIII avait évoqué, devant votre trente-quatrième Congrès, les vertus de tact et de délicatesse qu’attend de vous le patient atteint de ces infirmités qui parfois l’humilient ou provoquent sa réserve. Nous insistons aujourd’hui sur cette dignité de nos frères malades. Ce ne sont jamais de purs objets d’expérience: ce sont des personnes, avec leurs problèmes humains, physiologiques, psychologiques, spirituels, avec leur liberté dont l’assentiment est requis pour vos interventions.

Eux-mêmes d’ailleurs ne disposent pas à leur gré des organes qu’ils tiennent du Créateur, à moins qu’il ne s’agisse de sauver la vitalité et le bon fonctionnement de l’ensemble du corps. C’est dire les critères moraux et la prudence selon lesquels vous êtes appelés vous-mêmes à procéder, en un domaine qui a tant de retentissement sur les fonctions de tout l’homme.

Nous prions le Seigneur de soutenir les efforts que vous poursuivez avec lucidité et assiduité. Nous lui demandons aussi de vous bénir - car vous avez vous aussi vos problèmes de vie personnelle et familiale - et de bénir ceux qui ont part à votre affection et à votre dévouement.




20 octobre



VISITE DU SAINT-PÈRE AU COLLÈGE DE PROPAGANDA FIDE





Le dimanche 20 octobre dernier, le Saint-Père a rendu visite au Collège de Propaganda Fide. La rencontre du Saint-Père avec les Pères Synodaux, les Professeurs et élèves du Collège a connu deux moments significatifs : une brève liturgie de la Parole et un repas fraternel. Au cours de la liturgie de la Parole, Paul VI a prononcé un discours dont voici notre traduction :



Pourquoi les membres du Synode Episcopal se sont-ils réunis ici aujourd’hui ? Nous avons accepté pour eux l’invitation que nous a adressée M. le Cardinal Agnelo Rossi, Préfet de la S. Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples, ayant conscience du double motif de notre présence en ce noble et célèbre édifice qui abrite le Collège Pontifical « Urbano » et l’Université Pontificale, deux institutions de grande importance pour l’Église Catholique, destinées l’une et l’autre à la préparation d’élèves et de maîtres pour l’apostolat missionnaire, c’est-à-dire pour l’Évangélisation d’un des secteurs les plus vastes et les plus qualifiés pour recevoir le Message du Christ, évangélisation vers laquelle se tournent l’esprit, l’étude et l’oeuvre de ce Synode. Où trouver un endroit plus indiqué pour célébrer un moment de ses travaux ? Ceci n’est-il pas un édifice érigé il y a une cinquantaine d’années par notre grand prédécesseur Pie XI, d’immortelle mémoire, qui, mû par une intention prophétique, a voulu donner à l’Église Catholique un nouveau centre adapté au temps nouveaux, d’où puissent rayonner une culture, une pédagogie, une ferveur missionnaire correspondant mieux au mandat apostolique que le Christ a confié à l’Église, et mieux proportionné aux besoins de la catholicité et du monde encore ignorant de la vocation évangélique ?

45 Ici, vénérables Frères et vous, Maîtres et hôtes de ce foyer missionnaire béni, nous nous sentons tous missionnaires. Les lieux eux-mêmes sont éloquents. Cette évangélisation, dont notre Synode et avec lui toute la hiérarchie catholique, mieux, toute notre sainte Eglise de Dieu, s’efforcent ces jours-ci de comprendre les devoirs, d’étudier les conditions, de déterminer les moyens, et surtout de vivre en cette heure bienheureuse l’« urgente charité » qui s’affirme et resplendit, qui nous investit de son intérêt suprême, qui nous fait rencontrer le Christ ressuscité, un peu comme s’il nous adressait à nous-mêmes ses galvanisantes et impérieuses paroles : Euntes ergo docete omnes gentes — Allez donc, enseignez toutes les nations (Mt 28,19). Ici, nous ne nous sentons pas seulement stimulés, mais exaltés et, presque oublieux de nos innombrables déficiences, entraînés à oser, sur la parole du Maître et sous l’impact de son Esprit, la noble entreprise d’annoncer, avec un souffle, un langage et un témoignage nouveaux, l’Evangile du salut à l’humanité, au monde. Ici l’Eglise nous a convoqués comme pour faire l’expérience, dans un de ses sanctuaires favoris, de notre vocation spécifique et privilégiée de missionnaires, d’apôtres, de témoins de l’intervention salvifique de Dieu le Père, par l’entremise de Jésus, son Fils et notre frère, dans la communication ineffable de l’Esprit Saint, pour ouvrir au monde un nouveau royaume de justice et de vie (cf. 2Co 13,13).

Une circonstance particulière développe en nous, aujourd’hui, la conscience de ce dessein divin: la célébration, que l’Eglise a fixée précisément en cette journée dominicale, la célébration de la « Journée Missionnaire ». Une admirable syntonie de pensées, de projets, de prières, qui fait aujourd’hui de l’Eglise Catholique, répandue sur la terre, « un seul coeur et une seule âme » (Ac 4,32) nous entoure et nous assaille : Pouvons-nous, alors que le Synode a fait de nous des hommes d’étude penchés sur ce difficile et prodigieux phénomène de l’évangélisation actuelle du monde, demeurer étrangers, demeurer indifférents à cette coïncidence inspiratrice ? pouvons-nous ne pas unir, en humbles frères, nos âmes à celles des fidèles du monde entier pour célébrer avec eux, mieux, pour eux, la « Journée Missionnaire » ?

Oh oui ! nous pensons que pour comprendre la grande question de l’évangélisation sous son jour le plus vrai, notre actuelle présence physique et notre union spirituelle en ce lieu sont vraiment providentielles : ceci est une perspective dont nous pouvons considérer avec une confiance émerveillée la ligne dynamique et résolutive des principales questions que le thème de l’évangélisation soumet à notre laborieuse réflexion. Citons en une : comment concilier la catholicité de l’Evangile et son unité ? Ici, dans ce centre d’étude et de préparation missionnaires, ne trouvons-nous pas la preuve que la propagation de l’Evangile y est placée en tête de ses statuts ? n’en découle-t-il pas qu’il faut légitimement reconnaître toute civilisation de niveau authentiqueraient humain, toute langue digne d’élever vers Dieu la voix d’un peuple, toute structure historique et civile capable, de guider le développement d’une nation dans sa personnalité spécifique et dans la fraternité d’une juste et libre coexistence avec les autres peuples ? Nous avons remarqué, dans les débats de notre Synode, une volonté ferme et précise de diffusion ethnico-géographique, que nous n’appellerons pas centrifuge, mais expansion vive, conforme à la nature et avide de libre universalité, de pluralisme sans équivoque, de promotion pente-costale... Eh bien : ce droit de cité, dans la vocation évangélique, de toute expression humaine n’est-il pas ici sanctifié dès le départ ? Et si l’on respecte comme il se doit la maturité des nombreuses nations nouvelles, faut-il avoir des craintes pour l’unité du monde qui se révèle de plus en plus chaque jour, non seulement comme l’objectif du progrès civil, mais comme la volonté suprême de l’amour, le testament du Christ venu du fond du coeur : unum sint — que tous soient uns ? — (cf. Jn Jn 17,11 et 19, 21-23). Non, l’unité n’en souffrira pas, parce que la convergence vers l’unité sera d’autant plus vigoureuse et nécessaire, que le sera la diffusion vers la catholicité ; un double mouvement — si on peut se permettre la comparaison — de diastole et de systole caractérisera toujours plus la circulation de la vie en ce mystique Corps du Christ qu’est l’Eglise, universelle et unique. D’une part, nous sommes envoyé par le Seigneur non seulement pour succéder aux Apôtres Pierre et Paul, en cette ville éternelle qui en garde les reliques, mais pour sauvegarder leur mission centrale et universelle; aussi nous ne craignons pas, mais au contraire nous tentons, avec l’autorité que le Christ nous a conférée, de faire tout ce qui peut favoriser le rayonnement de l’Église sur la face de la terre et dans le drame de l’histoire universelle ; nous sommes assuré d’autre part que ne suscitera ni méfiance ni résistance cette même autorité qui appelle et accueille dans le même bercail du Christ ces peuples et ces âmes qui ont la chance d’être des siens. Nous sommes Pasteur, nous sommes frère; nous ne sommes ni patron ni seigneur; même dans l’exercice de notre pouvoir — certainement pas inutile — des clés du Royaume, remises entre nos mains par le Christ, notre rôle n’est rien d’autre que celui de réaliser au mieux, malgré notre évidente faiblesse, les paroles de Jésus, notre Seigneur : sint consummati in unum, et cognoscat mundus quia Tu (Pater) me misisti et dilexisti eos (Jn 17,23).

Voilà ce que nous voulons dire : que la lumière rayonne de ce foyer sur les réalités de notre vie religieuse et temporelle, des réalités qui deviennent souvent des problèmes enchevêtrés et sans réponse plausible si nous les considérons hors du cadre où les situent l’effort de fidélité au Christ et de sagesse humaine, comme ils le sont ici, pour ainsi dire, dans leur expression emblématique et dans une expérience toujours potentielle de progrès croissants. Viennent à l’esprit, par exemple, certaines questions caractéristiques du thème soumis à l’étude du Synode, comme celle de l’identité indiscutable de la foi, laquelle, selon le langage apostolique et missionnaire, diffuse et invente une flexibilité de formes incarnées dans la phénoménologie ethnique et historique la plus variée. Il en résulte naturellement qu’autour d’un centre comme celui-ci, un centre de foi unique, s’ouvre comme un grand éventail couvrant le monde, une scène aux multiples nuances d’une humanité régénérée par le Christianisme.

L’homme nouveau, nous enseigne Saint Paul — qui est ici chez lui, tout comme Saint Pierre — ressemble à l’image de son Créateur, « là où il n’est plus ni Juif, ni Grec, ni circoncis, ni incirconcis, ni Barbare, ni Scythe, ni esclave, ni homme libre, mais où seul le Christ est tout en tous » (Col 3,11 Ga 3,28). La vérité immuable de la foi « opérant par la charité » (cf. Ga Ga 5,6), ouvre à l’apostolat, au missionnaire, la voie vers tous les points cardinaux de la géographie terrestre, non pas pour imposer partout une uniformité contre nature, mais pour qu’il sache tirer de toutes les voix de la civilisation humaine un choeur de louanges à la « grandeur de Dieu » (Ac 2,11).

C’est ce que nous pourrons dire de l’oecuménisme là où la restauration de l’harmonie unitaire se démontre la moins facile : nous pensons que dans ce laboratoire de communion, on peut trouver d’heureuses formules d’union catholique retrouvée grâce à une complémentarité critique et juste de valeurs religieuses et spirituelles toujours authentiques. Puis, un autre résultat d’intégration complémentaire peut avoir ici sa justification et sa discipline : la vraie religion et la vraie libération ; on en parle beaucoup aujourd’hui, mais déjà les formules pratiques de sa réalisation sont appliquées de manières diverses, mais efficaces.

Et alors, voici deux conclusions, vénérables Frères : la première est une bénédiction que nous devons tous donner à cette maison, à ceux qui ont le mérite de sa création, de son développement, de sa fonction. Supérieurs et élèves d’hier et d’aujourd’hui, cette Bénédiction est pour vous. Pour vous, bienfaiteurs et Professeurs ; pour vous, membres des différentes OEuvres Missionnaires rattachées à notre valeureuse Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples ; pour Vous, spécialement pour vous, vénéré M. le Cardinal Agnelo Rossi.

L’autre conclusion est que nous élevions vers le ciel notre humble et fervente prière pour tout notre monde missionnaire catholique. Dans le Christ, ainsi soit-il.





A DE HAUTS DIGNITAIRES DE L’ISLAM


Vendredi 25 octobre 1974




Monsieur le Ministre, Excellences,

Soyez les bienvenus en notre demeure, vous qui venez de cet Orient si cher au coeur de tous ceux qui mettent leur foi dans la grandeur et la miséricorde de Dieu! Nous vous remercions de votre respectueuse et courtoise visite dont la signification spirituelle n’échappera à personne.

46 Nous savons les hautes responsabilités religieuses, juridiques et culturelles que vous assumez dans votre patrie, berceau de l’Islam et dépositaire de tant de valeurs morales. Nous savons aussi que, au cours de votre voyage en Europe, vous souhaitez vivement contribuer au respect et à la promotion des Droits de l’Homme, selon les exigences propres de votre foi, et en accord avec les autres familles religieuses. Malgré les différences qui ‘nous séparent, Nous apprécions vivement cette préoccupation.

Ici Nous avons bon espoir que vos contacts avec notre Secrétariat pour les non-chrétiens, vous aideront, entre autres, à réaliser un tel objectif. Tout ceci Nous porte à souligner l’intérêt de votre séjour romain. Il montre en effet que musulmans et chrétiens arrivent à se mieux comprendre et à se mieux aimer. On ne peut que s’en réjouir. C’est, pour une grande part, un fruit du Concile Vatican II qu’ils Nous est réconfortant de cueillir et de goûter! C’est aussi le résultat d’autres contacts: Nous ‘pensons en particulier à la visite effectuée en votre pays, au mois d’avril dernier, par Monsieur le Cardinal Pignedoli, Président de Notre Secrétariat pour les non-chrétiens. Nous pensons également aux Colloques islamo-chrétiens des récentes années. Tout en évitant un syncrétisme qui ne serait pas de mise, ces visites et ces Colloques font peu à peu converger des forces spirituelles. Et nous sentons tous l’urgence, en notre temps de matérialisme envahissant et oppressant, de témoigner du Dieu très grand et très miséricordieux dont la présence aimante nous entoure sans cesse.

Enfin, Nous nous réjouissons de savoir Votre ferme désir de faire aboutir ces forces spirituelles et ces échanges culturels à des réalisations concrètes en faveur de tous les hommes, croyants ou non. Dans ce sens, Nous relevons avec une particulière satisfaction cette exigence si solennellement et si fréquemment réaffirmée au niveau de vos instances les plus autorisées: que la fidélité à Dieu soit manifestée dans des oeuvres multiples de justice et de miséricorde.

A ce plan de l’engagement au service de l’homme et de ses droits, il n’est pas besoin de répéter ici les appels fervents si souvent adressés au cours de Notre Pontificat, spécialement dans notre Encyclique «Populorum Progressio». Nous ne voudrions pas omettre de rappeler par ailleurs la déclaration finale du sommet islamique de Lahore, en février dernier. Les responsables musulmans ont tenu à préciser que leurs efforts pour la promotion d’une paix mondiale, fondée sur la liberté et la justice sociale, émanaient d’un esprit d’amitié et de coopération avec les autres confessions.

Au terme de ce bref et cordial entretien, et après vos échanges avec la Délégation du Saint-Siège, Nous vous souhaitons d’emporter le ,meilleur souvenir de ces journées romaines, et Nous prions le Très-Haut de vous aider à chercher toujours davantage sa Volonté et à l’accomplir dans la paix et la fidélité. Enfin, Nous vous confions le soin de présenter à votre Souverain, le Roi Fayçal, qui a encouragé cette visite, l’expression de notre profond et cordial respect.




26 octobre



UNE IMPULSION NOUVELLE, UNANIME ET GÉNÉREUSE POUR L’ACTION ÉVANGÉLISATRICE DE L’ÉGLISE





Le Synode s’est achevé le samedi 26 octobre par une séance commencée à 9 heures, sous la présidence du cardinal Zoungrana et en présence du Saint-Père.

Après une allocution adressée au Saint-Père et aux Pères du Synode par le cardinal König, doyen des trois cardinaux présidents, le Saint-Père a prononcé un discours de clôture dont nous publions le texte ci-dessous.



Vénérables Frères,



Nous voici parvenus à la fin du Synode des Évêques. Avant de clore cette importante réunion, chacun ressent instinctivement le besoin de porter sur elle un jugement, de faire un bilan. Pendant que nous nous recueillons intérieurement devant le Christ qui scrute les coeurs, pour faire ensemble ce compte-rendu final, nous ne pouvons pas ne pas sentir notre âme envahie par un sentiment de sincère satisfaction, d’optimisme réaliste. En effet, comment ne pas apprécier l’expérience que nous avons faite pour la quatrième fois, poursuivant avec une volonté claire et unanime, le désir du Concile Vatican II que nous avons ratifié en instituant le Synode ? Encore une fois, les Évêques, forts du mandat du Euntes docete omnes gentes (Mt 28,19), et convaincus que ses paroles sont esprit et vie (Jn 6,63), se sont réunis avec nous, in nomine Domini, pour étudier les problèmes les plus urgents de l’Eglise : cette année, ceux de l’évangélisation. Où trouver dans l’Eglise un lieu plus adapté pour un échange fécond entre les responsables des Eglises locales ou leurs délégués, au sujet de questions aussi vitales pour toute l’Eglise catholique, échange qui s’est fait de plus dans une climat aussi fraternel, aussi simple, aussi authentique, comme l’a été celui des jours passés ? Le Synode a démontré que les Évêques désirent approfondir la connaissance des problèmes, en étudiant l’aspect et le contenu des différentes questions, et se sentir ainsi capables de répondre à leur mission avec amour, humilité, avec un sens des limites mais aussi avec une profonde sagesse.

Certes, l’ampleur et la complexité du sujet ne permettait pas de l’épuiser en si peu de temps, ni d’en tirer entièrement les conclusions souhaitables. Mais, dans l’état présent de l’Eglise, ce quatrième Synode a de nouveau permis d’écouter la voix des Eglises locales, de mieux estimer les situations, de repérer les éléments importants pour l’évangélisation, d’étudier les accents qu’elle doit mettre et les modes qu’elle doit revêtir pour s’adresser aux hommes de notre époque. C’est pourquoi nous estimons que le bilan est positif. Le Synode met dans les mains du Successeur de Pierre, ou mieux de toute l’Eglise, un ensemble riche et valable de réflexions, de suggestions, de propositions. Nous confions cette richesse doctrinale et pastorale à la grâce de Dieu : Deus est enim, qui operatur in vobis et velle et perficere pro bona voluntate (Ph 2,13). Et nous ne pouvons pas ne pas louer le Seigneur pour les choses nombreuses et excellentes que ce Synode nous laisse.

47 Nous garderons dans notre coeur le souvenir de tout ce que nous avons pu vivre comme expérience quotidienne et concrète de la réalité de l’Eglise, de ses étonnantes possibilités et aussi de ses redoutables responsabilités. Comme pour la communauté primitive de Jérusalem réunie autour de Pierre et des Apôtres, nous avons été « assidus à la doctrine des Apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (Ac 2,42). Nous avons réfléchi sur la responsabilité que nous portons d’approfondir et de répandre l’enseignement des Apôtres que l’Eglise conserve intact au cours de son développement séculaire, à travers le changement des idéologies et des modes ; nous avons éprouvé le sentiment puissant de la Koinonia, dans la fraternité étonnante des multiples échanges et rencontres, dans le déroulement ordinaire des Sessions, dans la richesse multiforme des présences qui on fait retentir ici les voix des diverses civilisations, fondues dans la réalité de l’unique Eglise catholique ; nous nous sommes rassemblés pour la fractio panis dans la concélébration solennelle d’ouverture; nous avons prié ensemble d’un coeur unanime au début de chaque réunion, et au cours de la grande et émouvante rencontre de Propaganda Fide, éprouvant réellement la vérité de la promesse du Christ : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18,20).

C’est pourquoi nous pensons pouvoir dire, dans cette affectueuse réunion de congé, que nous avons vécu une expérience nettement positive. Positive, avant tout, parce que les Episcopats se sont montrés conscients de leur devoir d’accomplir le mandat apostolique qui leur a été confié, devoir qui n’admet pas de retard, de prêcher « Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié » (1Co 2,3 cf. 1Co 1,23) ; conscients aussi de l’urgence avec laquelle nous voulons répondre aux besoins du monde.

Le Synode a aussi été positif particulièrement par le consensus manifesté sur un certain nombre de points assez importants : 1) On a clarifié le rapport de distinction, d’intégration et de subordination qui existe entre la promotion humaine et l’annonce du mystère du Christ qui implique la connaissance de la Trinité, la participation de la nature divine, le salut éternel du monde présent et futur ; 2) On a souligné la responsabilité de l’évangélisation, confiée par le Christ aux Apôtres, et maintenant à leurs successeurs, les Evêques, en communion avec le Pontife Romain, lesquels avec le mandat spécial qui leur a été confié, ont reçu une plus grande effusion des dons du Saint-Esprit. Les prêtres leur sont associés, comme collaborateurs directs et subordonnés ; mais on a également bien mis en valeur que les religieux et les laïcs, parmi lesquels les jeunes et de manière plus particulière les parents, sont responsables de l’évangélisation ; 3) On a enseigné le rapport entre l’évangélisation et la formation des sujets, insistant sur la nécessité et l’importance de la préparation spirituelle et doctrinale et d’une vie vraiment chrétienne, cohérente avec le message évangélique, pour le rendre crédible et ne pas mettre d’obstacle à l’adhésion des non-croyants ; 4) On a manifesté un respect unanime pour les valeurs humaines et religieuses qui existent dans les religions non-chrétiennes et dans les confessions non-catholiques, reconnaissant comme il se doit ce qui est valable en elles et comment il est opportun de les intégrer dans l’objet de l’évangélisation ou dans la prière, tout en rappelant en même temps la nécessité de maintenir la pureté et l’unité de la foi catholique et de la doctrine de l’Eglise ; 5) On a vu comment l’Eglise du Christ, qui subsiste dans l’Église catholique, est tout à la fois objet et sujet de l’évangélisation. En dehors d’elle aussi il peut y avoir, s’il plaît à Dieu, une illumination de la part du Verbe de Dieu, mais l’intégrité du message évangélique, avec tous les moyens de salut qu’il comporte — sacrements, liturgie, explicitation pleine et sans erreur de l’Evangile du Christ — ne se trouve que dans l’Eglise catholique hiérarchique, c’est-à-dire en communion avec le Pasteur Suprême Successeur de Pierre, principe perpétuel et visible et fondement de l’unité, aussi bien des Évêques que des fidèles ; cette Église est pleinement « dans le Christ, comme un Sacrement ou un signe et un instrument de l’union intime et de l’unité de tout le genre humain » (Lumen Gentium LG 1 LG 6) On a justement conclu que les Églises locales sont coresponsables de la mission évangélisatrice, en communion avec l’Eglise universelle, parce que toute l’Église est en état de mission, est toute missionnaire ; 7) On a mis en lumière l’action du Saint-Esprit dans l’oeuvre d’évangélisation, parce qu’il est, Lui, « l’âme de l’Église », celui qui répand la grâce et la charité dans le coeur des croyants, spécialement des Apôtres, des Evêques et des prêtres. Ce sont de grands motifs de réflexion, qui rendent très positif ce Synode épiscopal.

Mais il faut dire aussi que le Synode est positif en ce sens que les Évêques, eu égard à l’énormité de ces travaux, ont franchement reconnu la difficulté d’exprimer dans un document immédiat tous les aspects et les obligations de l’évangélisation. Il nous peine de penser que certains aient voulu interpréter cet épisode comme un signe que le Synode ne soit pas réussi, alors que, au contraire, cela n’entame en rien la richesse énorme et la valeur réelle du travail accompli. Le fait a eu par ailleurs l’avantage de mettre en évidence l’opportunité de perfectionner la méthode de travail de ce nouvel organisme post-conciliaire : chose que nous ferons volontiers, après avoir tiré profit de vos réflexions et avec l’aide du nouveau Conseil du Synode, récemment élu.

Et puis le Synode a été positif parce que les Evêques ont cherché à écouter, réunis autour de Pierre, avec Marie, Mère de Jésus (Ac 1,14), comme en un nouveau Cénacle, la voix et la motion de l’Esprit Saint ; et, dans la certitude que, en accomplissant leur tâche d’enseignement, ils sont autorisés à recevoir son assistance, ils se sont mis « sub umbra alarum suarum » (cf. Ps Ps 16,8 cf. Ps 46,2) pour réfléchir et prendre des décisions. On ne peut donner aux autres ce qu’on ne possède pas : « Nulla ars doceri praesumitur, nisi intenta prius meditatione discatur » (St. grég. magn., Regula Past. 1, 2 ; PL 77, 14).

Ce Synode a été positif parce que l’Eglise y a été sensibilisée par tant de courants de pensée, sains, qui intéressent évidemment le munus docendi de l’Episcopat étroitement uni au Magistère suprême de cette Chaire Apostolique.

Positif encore parce qu’il a réaffirmé la priorité du devoir de communiquer aux hommes le joyeux message de la Parole de Dieu, l’heureuse annonce de la vie éternelle qui introduit dans le Mystère pascal et dont nous, Pasteur, nous sommes l’humble intermédiaire, inadéquat, mais authentique : « Ce qui était dès le commencement... — nous rendons témoignage et nous vous annonçons la Vie éternelle qui était auprès du Père et qui nous fut manifestée — ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous, et nous sommes, nous, en communion avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ... afin que vous soyez dans la joie et que votre joie soit complète » (1Jn 1, 1, 2-4).

Positif, parce qu’il existe aujourd’hui dans l’Eglise une conscience, un sens aigu et éprouvé du devoir d’employer tous les moyens extérieurs que l’art, la vie et la technique mettent aujourd’hui à notre disposition, pour répandre le joyeux message.

En un mot, il y a eu un appel à une plus grande responsabilité de la part de tous, à plus de prière, à plus de vie intérieure, à un plus grand esprit de pauvreté, d’abnégation, d’amour authentique de l’Eglise et des âmes, à plus de fidélité à la Parole de Dieu. Il y a eu. en choeur une glorification de la Très Sainte Trinité, qui, dans le Christ, appelle tous les hommes à la connaissance et à la participation de sa propre vie intime, comme aussi une exaltation de la personne et du mandat du Sauveur. C’est pourquoi le sentiment prédominant en ce moment est celui d’une profonde joie spirituelle, qui se traduit dans un hymne de reconnaissance à Dieu.

Par ailleurs, nous ne serions pas objectifs si nous ne notions que certains points demandent quelque précision. Dans la multiplicité des sujets traités, nous louons la spontanéité et la sincérité qui se sont manifestées. Mais tous les éléments ne sont pas pour autant à maintenir : certains d’entre eux, soulignés d’ailleurs à juste titre pour tel ou tel aspect, ont besoin d’être relativisés. Certains, surtout parmi ceux qui viennent des Circoli minores, ont besoin d’être mieux délimités, nuancés, complétés, approfondis. Nous en citons quelques-uns sur lesquels nous ne pourrions nous taire.

Et d’abord les rapports entre les Eglises particulières et le Siège Apostolique. Nous nous réjouissons sincèrement de la vitalité croissante des Eglises particulières, et de leur volonté toujours plus manifeste d’assumer toutes les responsabilités qui leur reviennent. En même temps cependant, nous souhaitons que l’on mette autant de soin à éviter que l’approfondissement de cet aspect essentiel de la réalité ecclésiale nuise de quelque façon à la solidité de la « communio » avec les autres Eglises particulières et avec le Successeur de Saint Pierre, auquel le Seigneur a confié la charge grave, toujours durable, pleine d’amour, de « faire paître les agneaux, les brebis » (Jn 21,13-17), de « confirmer ses frères » (Lc 22,32), d’être fondement et signe de l’unité de l’Eglise (cf. Mt Mt 16,18-20). Son intervention ne peut donc être réduite à des circonstances extraordinaires. Non, nous le disons en tremblant à cause de la responsabilité qui nous incombe, il est et demeure le Pasteur ordinaire de l’ensemble, du tout : « En vertu de sa charge de Vicaire du Christ et de Pasteur de toute l’Eglise, il a un pouvoir plénier, suprême et universel qu’il peut toujours exercer librement » (Lumen Gentium, LG 22,2). Ce n’est pas une dialectique de pouvoirs qui est ici enjeu : il s’agit d’un unique désir, celui de correspondre à la volonté du Seigneur, avec un amour parfait, chacun avec la contribution que procure l’accomplissement fidèle de sa propre charge.

48 De même nous voulons ajouter un mot sur la nécessité de trouver une meilleure expression de la foi, en correspondance avec le milieu racial, social, culturel. Il y a là certes une exigence de l’authenticité et de l’efficacité pour l’évangélisation ; il serait cependant périlleux de parler de théologies diversifiées, selon les continents et les cultures. Ou le contenu de la foi est catholique ou il disparaît. D’ailleurs, nous tous, nous avons reçu la foi par une tradition constante : Pierre, Paul ne l’ont pas travestie pour l’adapter au monde judaïque, grec ou romain, mais ils ont veillé sur son authenticité, sur la vérité de l’unique message, présenté dans la diversité des langages (Ac 2,8).

La libération humaine, d’autre part, a été à juste titre mise en relief. Elle fait partie de l’amour que les chrétiens doivent à leurs frères. Mais la totalité du salut ne se confond jamais avec l’une ou l’autre libération, et la Bonne Nouvelle devra conserver toute son originalité : celle d’un Dieu qui nous sauve du péché et de la mort et nous introduit dans la vie divine. On né peut donc donner un accent excessif, sur le plan temporel, à la promotion humaine, au progrès social, etc., au détriment de la signification essentielle que revêt pour l’Église du Christ l’évangélisation, l’annonce de toute la Bonne Nouvelle.

Nous avons encore noté avec satisfaction l’espérance que représentent les petites communautés et leur référence à l’oeuvre de l’Esprit Saint ; mais cette espérance serait vraiment tronquée si leur vie ecclésiale, dans l’ensemble organique de l’unique Corps du Christ, devait venir à manquer, affranchie de la légitime Autorité ecclésiastique et laissée à l’impulsion arbitraire de chacun.

Sur tous ces points, comme sur d’autres moins importants que nous n’avons pas maintenant le temps de rappeler, le Synode a déjà donné avec lucidité des éléments adéquats de réponse. Mais il faut les rassembler, les approfondir. Si nous signalons les plus importants, c’est que notre devoir est celui de la sentinelle, qui veille à l’entrée des chemins où s’engage l’Église à la recherche d’une expression toujours plus incisive de sa propre doctrine. Nous ne pouvons permettre qu’on prenne de fausses directions. Nous manquerions à cette obligation fondamentale de confirmer nos frères.

Un fait domine ces observations particulières. C’est la volonté, unanime de faire pénétrer dans l’Église une impulsion nouvelle, générale, concordante, généreuse, en ce qui concerne l’évangélisation. L’Église, dans une mesure et avec une clarté peut-être jamais atteintes, prend conscience de ce devoir fondamental qui est le sien. Il semble que ce soit vraiment un moment digne du récent Concile, attitude conforme à la vocation essentielle de l’Église, répondant aux besoins du monde, capable de résoudre certains phénomènes négatifs que nous connaissons bien.

Frères vénérés et très aimés !

L’Église se remet en route avec joie et espérance, avec humilité et courage, avec la fermeté de la foi, avec confiance dans l’aide du Christ et dans l’intercession de Marie, avec une immense charité, avec un engagement de conversion et de réconciliation dans l’esprit de l’Année Sainte, du Jubilé universel.

Notre pensée fidèle et reconnaissante va par conséquent à tous les Évêques qui, dans le monde, s’appliquent à cette oeuvre de régénération ; elle va à leurs collaborateurs, prêtres, religieux, religieuses, instruments de valeur pour porter l’évangélisation au monde moderne. Mais elle s’étend aussi aux parents, premiers collaborateurs de l’Église évangélisatrice dans leur « Église domestique » (Lumen Gentium LG 11) ; aux femmes exemplaires, pieuses et fidèles collaboratrices ; aux jeunes et aux enfants, espérance d’un lendemain lumineux ; aux intellectuels, en particulier, que l’Eglise regarde avec grande sympathie, attente et espérance.

Nous saluons avec un paternel encouragement les Églises locales, toutes engagées dans l’évangélisation ; les ministres de l’Évangile, spécialement ceux qui souffrent pour le nom du Christ dans plus d’une région ; « mais la Parole de Dieu n’est pas enchaînée » (2Tm 2,9). Nous adressons notre encouragement aux chers et valeureux catéchistes, et particulièrement aux missionnaires, héros cachés de l’évangélisation : « Réjouissez-vous et exultez, car votre récompense est grande dans les cieux » (Mt 5,12). Nous embrassons tous nos fils, les invitant à être des instruments et des collaborateurs conscients de l’Église missionnaire : que la Parole de Dieu, avec l’aide de tous, « poursuive sa course et soit honorée » (2Th 3,1), « afin que le monde croie » (Jn 17,21) et que « Dieu soit tout en tous » (1Co 15,28).

Au moment de nous quitter, nous voulons faire résonner, pour notre commun réconfort, l’invitation du Christ : « Allez, enseignez toutes les nations » (Mt 28,19) ; « levez les yeux et regardez les campagnes : elles sont déjà blanches, prêtes pour la moisson » (Jn 4,35). Nous devons accomplir la volonté de Dieu qui nous a envoyés. Le monde, si vaste et si étonnant, attend l’annonce de la libération du péché et des maux qu’il comporte, l’annonce du salut dans la Croix du Christ. C’est vrai, « le langage de la croix... est une folie » (1Co 1,18) ; mais « il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication » (ibid. 1, 21) ; voilà pourquoi nous mettons uniquement notre confiance dans l’aide du Seigneur. Les difficultés sont énormes, les attentes sont multiples, les responsabilités formidables, mais « ayez confiance, j’ai vaincu le monde » (Jn 16,33). Le Christ est avec nous, il est en nous ; il parle en nous et par nous, et il ne nous laissera pas sans l’aide nécessaire.

Christ Jésus, Parole du Père, Sauveur crucifié, nous nous adressons à Toi, en cette heure qui clôt le Synode, comme nous T’avons invoqué lorsqu’il a commencé. Nous T’avons eu présent au milieu de nous, et « notre coeur était tout brûlant au-dedans de nous, tandis que Tu nous parlais en chemin et que Tu nous expliquais les Ecritures » (cf. Lc Lc 24,32). Tu garderas nos résolutions, Tu raviveras notre service de l’Eglise, Tu donneras lumière à nos esprits et vigueur à nos paroles, Tu nous soutiendras dans nos fatigues, Tu guideras nos pas dans la recherche des voies les plus aptes à annoncer ton Evangile, et Tu pardonneras nos déficiences. Nous sommes tes pauvres serviteurs, et seule nous soutient la certitude de ta promesse. Soutiens Pierre, soutiens tes Evêques, redonne du courage à leur peuple. Vois, notre pauvreté est grande; mais nous ne mettons pas notre confiance en nous-mêmes, nous la mettons en Toi seul: notre richesse est cette confiance. Donne-nous ton courage, ton assurance, donne-nous ta bénédiction. Toi qui, avec le Père et l’Esprit Saint, vis et règnes en nous et dans ton Église, pour les siècles des siècles. Amen.






Discours 1974 43