Messages 1974



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Messages 1974


3 mars



MESSAGE DU SAINT-PÈRE POUR LE CARÊME 1974





Chers Fils et Filles,



Voilà dix mois environ, nous annoncions l’Année Sainte. « Renouvellement » et « réconciliation » demeurent les mots-clefs de cette célébration ; ils désignent les espoirs que nous mettons en elle. Mais ils n’iront pas, avons-nous dit, sans que s’opère en nous une rupture (cf. Allocution du 9 mai 1973).

Or, voici le temps du Carême, le temps par excellence du renouveau de nous-mêmes dans le Christ, de la réconciliation avec Dieu et avec nos frères. Nous y sommes associés à la mort et à la résurrection du Christ, moyennant une rupture avec les situations de péché, d’injustice, d’égoïsme.

Permettez-nous donc d’insister aujourd’hui sur une rupture exigée par l’esprit du Carême, celle d’un attachement trop exclusif à notre avoir matériel, qu’il soit abondant comme chez le riche Zachée (cf. Lc Lc 19,8) ou maigre comme chez la pauvre mère louée par Jésus (cf. Mt Mt 12,43). Dans le langage imagé de son époque, Saint Basile prêchait déjà à ceux qui sont dans l’aisance : « Le pain qui demeure inutile chez vous, c’est le pain de celui qui a faim ; la tunique suspendue dans votre garde-robe, c’est la tunique de celui qui est nu ; la chaussure qui demeure inutile chez vous est celle du pauvre qui va nu-pieds ; l’argent que vous tenez enfoui, c’est l’argent du pauvre : vous commettez autant d’injustices que vous pourriez répandre de bienfaits » (Hom VI in Lc, XII, 18, PG XXXI, Col 275).

De telles paroles donnent à réfléchir en un temps où haine et conflits sont provoqués par l’injustice de celui qui accapare quand l’autre n’a rien, de celui qui préfère le souci de son propre lendemain à l’aujourd’hui de son prochain, de celui qui, par ignorance ou par égoïsme, refuse de se priver du superflu en faveur de ceux qui manquent du nécessaire (cf. Mater et Magistra ).

Et comment ne pas évoquer ici le renouvellement et la réconciliation exigés et assurés par la plénitude de notre unique repas eucharistique ? Pour communier ensemble au Corps du Seigneur, il faut sincèrement vouloir que nul ne manque du nécessaire, fut-ce au prix de sacrifices personnels. Autrement, nous ferions affront à l’Eglise, Corps Mystique du Christ, dont nous sommes les membres. Saint Paul, admonestant les Corinthiens, nous met tous en garde contre le danger d’un comportement déplorable à cet égard (cf. 1Co 11,17 ss.).

Ce serait pécher contre cette unanimité que de refuser aujourd’hui à des millions de nos frères ce que comportent les exigences de leur promotion humaine. De plus en plus, en ce temps du Carême, l’Eglise et ses institutions caritatives sollicitent les chrétiens pour cette immense entreprise. Prêcher le Jubilé, c’est prêcher le dépouillement à la fois joyeux et profond qui nous restitue à la vérité de nous-mêmes et à la vérité de la famille humaine telle que Dieu la veut. C’est alors que le présent Carême peut apporter dès ici-bas, outre le gage de la récompense céleste, le centuple promis par le Christ à celui qui donne à coeur ouvert.

Sachez tous écouter dans notre appel un double écho : celui de la voix du Seigneur qui vous parle et vous exhorte, et celui du gémissement de l’humanité qui pleure et qui vous prie. Tous, évêques et prêtres, religieuses et religieux, laïcs adultes et enfants, à titre individuel et en communauté, nous sommes appelés à faire oeuvre de partage, dans l’amour, car c’est un commandement du Seigneur.

A chacun de vous, nous donnons notre Bénédiction Apostolique, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.





MESSAGE TÉLÉVISÉ DU PAPE PAUL VI AU CANADA


Dimanche 10 mars 1974




On Nous a parlé de l’«Opération Chantier».

Pour Nous, c’est une formule nouvelle. Aussi avons-Nous demandé: de quoi s’agit-il? Il s’agit, a-t-on répondu, d’une campagne d’éducation de la foi des adultes, organisée au Québec et encouragée par l’ensemble de l’Episcopat canadien, qui se déroule principalement pendant la période du Carême au moyen d’émissions télévisées. Chaque année, cette campagne se propose un thème de réflexion religieux et moral qui intéresse la vie moderne.

Nous avons tout de suite entrevu le caractère nouveau et génial d’une telle initiative. Invité à y prendre part et à apporter notre encouragement, Nous avons demandé quel était le thème choisi pour cette année 1974. Tous le savent maintenant: l’attention se porte cette année sur un problème d’une grande importance et d’une grande actualité: comment vivre la foi dans la société de consommation?

Eh bien, dès le début de cette campagne, Nous nous sentons le devoir d’exprimer notre satisfaction, et donc nos félicitations et nos encouragements pour un tel programme d’activité. Et cela, avant tout, en raison du but qu’il se propose: l’éducation de la foi des adultes. Voilà un but qui répond à une nécessité constante de la vie chrétienne, nécessité qui est particulièrement d’actualité à notre époque. Non seulement, en effet, la foi doit être défendue dans ses expressions fondamentales et originelles, mais elle a besoin par ailleurs d’être confrontée avec les idéologies nombreuses, diverses, agressives et séduisantes qui forment et envahissent l’atmosphère culturelle contemporaine respirée par les adultes. Ces derniers se doivent de surmonter, sur le plan spéculatif et pratique, les difficulté qui se présentent, et la pensée chrétienne doit être en mesure de discerner ce qu’il y a de vrai et d’erroné dans la mentalité ambiante, non seulement pour conserver l’intégrité et la force de la foi authentique, mais aussi pour découvrir en elle les énergies qui la rendent apostolique, c’est-à-dire capable de se répandre et d’apporter le salut à la société humaine. Nous trouvons une deuxième raison d’approuver la présente initiative dans la méthode choisie pour lui assurer un plus large succès, en mettant à son service le prodigieux instrument de la radio-télévision. Et vraiment le thème retenu pour le «Chantier 1974» mérite une telle publicité; c’est là d’ailleurs un troisième motif - et décisif - qui Nous pousse à apporter à cette initiative notre adhésion, modeste mais sincère.

On veut en effet inviter les adultes croyants à une réflexion, sous tous les aspects, fort importante: quel doit être le comportement d’un chrétien dans une société dite «de consommation», comme l’est justement - ou comme, de toutes ses forces, cherche à l’être - la société dans laquelle nous vivons? On pourrait se demander si cela constitue vraiment un problème moral ou spirituel, alors qu’en soi on ne peut contester le bien-fondé de l’effort que fait la société moderne pour dominer les choses créées et les rendre utiles à l’homme, pour développer les moyens scientifiques et techniques nécessaires à la conquête de la nature et de ses richesses inexploitées, pour organiser le travail selon des formes collectives et structurées qui lui confèrent un rendement immense, et pour faciliter ensuite la consommation des biens produits, afin de conserver la pression nécessaire à tout le système productif ou de permettre à l’homme de jouir toujours plus abondamment et plus facilement des fruits de l’organisation magnifique et gigantesque, créée justement en vue d’une telle jouissance. N’est-ce pas un bien, ce programme de l’activité humaine? N’est-ce pas une victoire de l’homme moderne? Pourquoi le chrétien devrait-il soulever des problèmes et des objections à ce plan général de la civilisation en voie de développement toujours croissant?

Chers auditeurs, Nous faisons appel à votre intelligence et à votre foi! Nous ne donnerons pas une réponse adéquate à cette question, car elle n’est pas simple. Elle soulève une quantité de problèmes qu’une réflexion attentive et honnête ne tarde pas à découvrir. La réponse vous sera donnée, Nous en sommes sûr, par des maîtres en la matière: ils vous parleront par ce même moyen de conversation multilatérale. Nous vous exhortons à les écouter et à analyser, au plus profond de vous-mêmes, les considérations qui se réfèrent au rapport entre foi et richesse, entre vie chrétienne et vie de jouissance dans la surabondance des nourritures terrestres, entre activité égoïste et activité tournée vers le bien commun, entre justice légale et profane et justice sociale et chrétienne, et ainsi de suite.

Vous comprendrez facilement qu’une conception de la civilisation fondée sur le triomphe de la vie économique ne peut être ni exclusive ni prédominante, justement parce que, sous l’aspect éblouissant de l’abondance et du bien-être, elle cache une carence intolérable des biens nécessaires et supérieurs. Rappelons-nous toujours la parole de Jésus-Christ à ce sujet: «L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu» (Mt 4,4). Le Seigneur ne nie pas la nécessité du pain matériel, c’est-à-dire l’utilité, indispensable, des biens terrestres et économiques; il en conteste la suffisance et la priorité de valeur, et il affirme que seul le message spirituel, que la Parole de Dieu, autrement dit l’ordre surnaturel provenant de la foi, peut vraiment rassasier la faim de vérité et de vie qui est propre à l’homme.

C’est là une illusion facile. Oui, c’est une illusion assez répandue que la possession des biens économiques et la jouissance du plaisir qu’ils procurent, puissent correspondre aux aspirations humaines à la mesure d’un bonheur raisonnable. Ce qui était le moyen est devenu la fin; et comme la fin de la vie transcende le niveau des biens temporels, celui qui met en eux toute l’espérance suprême de notre existence échoue dans ses calculs, trahit l’homme et perd la conquête du sommet, à savoir le Dieu vivant.

Veillons donc à façonner correctement notre mentalité par rapport à la société d’abondance économique et de jouissance, dans laquelle le monde moderne cherche à s’exprimer. Nous devons recomposer dans notre esprit l’échelle des valeurs. Sur ce point aussi, l’enseignement du Christ doit ‘être une lumière pour nous.

Il affirme: «Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît» (Mt 6,33). Et encore: «La vie d’un homme n’est pas assurée par les biens qu’il possède» (Lc 12,15).

Nous en concluons deux choses: ce n’est pas tant la possession des biens temporels qu’il faut rechercher de préférence, que le bon usage que nous en faisons. Et par conséquent, nous devons restaurer en nous un certain esprit ascétique à l’égard de tels biens, autrement dit les dominer, les administrer en fonction du bien de la vie dans son ensemble; la vie chrétienne, qui nous éduque à cette maîtrise de soi, à cette liberté envers l’aisance temporelle, nous introduit aussi dans les secrets moraux et spirituels de la modération, du renoncement, et même de la pauvreté. Il ne faut pas oublier l’apologie de la «pauvreté d’esprit» si nous voulons être disciples de l’Evangile.

Et cela Nous suggère une deuxième exhortation: faisons en sorte que notre style de vie puisse mériter le titre de chrétien. Voici notre prière biblique à ce sujet: Ne me donne, en partage, Seigneur, ni misère, ni opulence, mais accorde-moi ce qui est convenable pour vivre (Cfr. Prov Pr 30,8). La sobriété, la simplicité, la modestie dans le style de vie devraient être les caractéristiques d’un mode de vie chrétien.

Il s’ensuit une autre conclusion: pensons aux autres. Un bien-être réservé à soi-même ne peut rendre heureux. La pensée de celui qui n’a pas, qui souffre, qui est condamné à une infériorité sociale et économique sans remède, ne saurait nous laisser jouir de notre bien-être dans la paresse et la satisfaction, spécialement si, en ce domaine, nous disposons de ressources superflues. Le sens de la solidarité chrétienne doit être actif en nous. L’intelligence des besoins d’autrui ne saurait jamais coexister en nous avec un égoïsme insouciant. Les initiatives de la charité individuelle et sociale, envers les voisins comme envers ceux qui sont au loin, doivent stimuler en nous l’obligation, bien plus, la joie de donner.

Car, pour nous chrétiens, comme le dit saint Paul citant une parole de Jésus, «il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir» (Ac 20,35). Ces suggestions chrétiennes vous sont certainement très familières.

Mais n’acquièrent-elles pas un sens plus pénétrant et plus convaincant, lorsqu’elles sont ainsi répétées par Nous au début de cette période bénie de conversion, de pénitence humaine et de richesse spirituelle qu’est le carême? Voici «le temps favorable»!

Et ne sont-elles pas à méditer, vu que nous sommes entrés dans ce chantier de renouveau spirituel et chrétien que constitue l’Année Sainte?

Qu’il en soit ainsi pour vous, chers frères qui avez notre estime, et vous, fils et amis qui Nous écoutez, avec notre cordiale Bénédiction Apostolique.




9 avril



POUR UN NOUVEAU STYLE DE RELATIONS ENTRE PAYS DÉVELOPPÉS ET PAYS SOUS-DÉVELOPPÉS





Le 9 avril dernier a été inaugurée à New York la Session Extraordinaire de l’Assemblée Générale des Nations-Unies convoquée pour examiner les problèmes relatifs aux matières premières et au développement.

La Délégation d’Observateurs qui en suit les travaux est présidée par Mgr Jean Chelli, Observateur Permanent du Saint-Siège près les Nations-Unies et comprend le Prof. Philip H. Des Marais, M. l’abbé Joseph Ohieku, et le R. P. Nieckarz, M.M.

Au moment de l’ouverture de la première séance, Mgr Chelli a remis au Secrétaire Général, M. Kurt Waldheim, un message du Saint-Père dont voici la traduction :



A son Excellence le Docteur Kurt Waldheim,

Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies.



Nous saisissons avec joie l’occasion de cette Session spéciale pour envoyer un message de soutien à l’Assemblée Générale au moment où elle aborde l’étude des problèmes concernant les matières premières et le développement. Notre profond intérêt pour ces réalités importantes de la vie humaine dérive de notre mission spirituelle au service de tout l’homme et de tous les hommes.

Nous savons toute l’importance et toute l’urgence des problèmes que cette Assemblée Générale s’efforce de résoudre par le réexamen des relations prédominantes existant entre les pays développés et les pays en voie de développement, ainsi ,que par l’effort pour jeter les bases de nouvelles relations qui élimineraient les inégalités existant entre les nations riches et puissantes, et celles dont le véritable développement est empêché par nombre d’obstacles. Il est de toute première nécessité pour la communauté mondiale de combler cet écart toujours croissant et de modifier les situations dans lesquelles les matières premières n’apportent pas aux peuples qui les produisent une juste et équitable mesure de bien-être humain.

Il est évident qu’aucun de ces problèmes ne peut être résolu par des politiques qui servent uniquement l’intérêt national particulier. Souvent, les nations sont aveuglées par l’égoïsme et empêchées de voir comment leurs propres intérêts authentiques sont compatibles avec les intérêts des autres États, et coïncident avec le bien général de la famille humaine tout entière. Il est donc impérieux que les difficultés existantes puissent être résolues grâce à un dialogue entrepris dans un forum international où tous peuvent collaborer ensemble. Nous sommes convaincu que c’est seulement de cette manière qu’il sera possible de promouvoir les intérêts de la communauté humaine tout entière et de chacun de ses membres; que c’est seulement de cette manière aussi qu’il sera possible, pour le véritable bien de tous, d’aller au-delà des intérêts acquis de nations ou de groupes de nations.

L’Eglise a toujours affirmé fermement sa conviction que toute solution acceptable doit être fondée sur la justice sociale internationale et la solidarité humaine, et doit être la mise en application de ces principes.

Les nations en voie de développement doivent persévérer dans leurs efforts pour promouvoir la véritable prospérité de leurs peuples, en utilisant toutes leurs énergies propres, et en instituant une coopération et un partage entre elles. Mais la justice internationale demande également que les nations riches et privilégiées fournissent un effort équivalent, en éliminant tous les obstacles dus à la domination économique avec les nations plus faibles, en rendant possible aux nations en voie de développement la mise en oeuvre de leur propre développement et l’exercice de leur rôle authentique dans les décisions qui touchent la vie même de leurs peuples. C’est seulement quand les nations en voie de développement auront les moyens de prendre en main leurs propres destinées qu’elles pourront à leur tour prendre pleinement leurs responsabilités à l’égard de la communauté fraternelle des nations.

Convaincu comme nous le sommes qu’un nouvel ordre dans le développement assurera la promotion de la paix et servira les intérêts authentiques de tous, nous faisons appel aux pays développés afin qu’ils fassent de plus grands efforts pour renoncer à leurs propres profits immédiats et pour adopter un nouveau style de vie qui exclura à la fois une consommation excessive et ces besoins superflus qui sont souvent créés artificiellement par une petite portion de la société en quête de richesses, qui utilise à cette fin les mass média. De même, il ne faut pas oublier qu’un style de vie fondé sur une consommation toujours plus grande a des effets nocifs sur la nature et l’environnement, et finalement sur la trempe morale de l’homme lui-même, et spécialement de la jeunesse.

Tous doivent faire en sorte que les richesses de ce monde servent au vrai profit de tous — selon la destination que leur a donnée le Créateur qui, dans sa généreuse providence, les a mis à la disposition de l’humanité entière (cf. jean XXIII, Mater et Magistra, AAS 53, 1961 p. 430).

En demandant la réalisation de la justice pour chacun, nous estimons que c’est un devoir de lancer un appel spécial en faveur des nations les plus dépourvues de ressources naturelles ou des fruits de l’industrie. Méritant à bien des titres importants une priorité spéciale, ces peuples doivent recevoir les moyens qui les rendront capables d’accomplir leur destinée humaine.

Tous les pays doivent être conscients de leurs obligations dans ce domaine et des conséquences qu’entraîneront le succès ou l’échec de leurs efforts. Des rapports justes et équitables entre toutes les nations ne peuvent être promus que si toutes acceptent, dans un contexte international, de prendre les mesures nécessaires pour réviser certaines politiques suivies jusqu’à présent. Faute de quoi, il s’ensuivra, de la part des pauvres et des faibles, un désespoir qui les poussera à une recherche agressive de méthodes — autres que la coopération internationale — pour conquérir ce qu’ils considèrent comme leurs droits économiques.

A cet égard, nous nous sentons contraint d’affirmer une fois de plus que donner de l’aide — quelque louable et nécessaire que ce soit — n’est pas suffisant pour promouvoir la pleine mesure de la dignité humaine requise par la solidarité de tous les hommes, fils de Dieu. Les nations doivent réussir à créer des structures internationales nouvelles, plus justes et donc plus efficaces dans des domaines comme l’économie, le commerce, le développement industriel, les finances et le transfert des connaissances technologiques. Nous renouvelons le défi que nous avons lancé il y a trois ans quand nous avons affirmé que « il faut avoir le courage d’entreprendre une révision des rapports entre les nations,... de mettre en question les modèles de croissance des nations riches, de transformer les mentalités... » (Octogesima Adveniens, 43, AAS 63, 1971 p. 432).

Quels que soient les efforts inclus dans les exigences d’un tel programme, nous avons confiance dans la bonne volonté de tous. Bien plus, nous sommes convaincu que tous ceux qui croient en Dieu réaliseront de plus en plus que les exigences de leur foi incluent la justice et l’amour fraternel envers tous les hommes. Au premier siècle du christianisme, un illustre représentant de la fraternité de tous les hommes, fils de Dieu, a exprimé le défi universel de la solidarité humaine en disant : « Si quelqu’un possède les biens de ce monde et que, voyant son frère dans le besoin, il lui ferme son coeur, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui ? » (1Jn 1,17).

A cause de la profonde conviction que nous avons exprimée personnellement devant l’Assemblée générale des Nations Unies, à savoir que « cette organisation représente le chemin obligé de la civilisation moderne et de la Paix mondiale » (Allocution du 4 octobre 1965, AAS 57, 1965 p. 878), nous n’hésitons pas à répéter l’invitation que nous avons par la suite lancée dans notre Encyclique sur le Développement des Peuples : « Délégués aux organisations internationales, il dépend de vous que les dangereux et stériles affrontements de forces fassent place à la collaboration amicale, pacifique et désintéressée pour un développement solidaire de Inhumanité dans laquelle tous les hommes puissent s’épanouir » (Populorum Progressa, 84 ; AAS 59, 1967 p. 298).

Tous ceux qui poursuivent de tels buts, tous ceux qui s’efforcent sérieusement de trouver de justes solutions aux problèmes urgents que rencontre la société d’aujourd’hui, nous les assurons de notre prière et de notre constant soutien.



Du Vatican, le 4 avril 1974.




PAULUS PP. VI






14 avril



PÂQUES EST AUSSI LA FÊTE DE NOTRE FUTURE RÉSURRECTION





Malgré le temps incertain, Paul VI a tenu à célébrer la Messe de Pâques à l’autel dressé sur le Parvis de la Basilique Vaticane, devant une foule de fidèles venus de tous les horizons du monde. Après la Cérémonie le Saint-Père est monté à la Loggia de la Basilique pour lancer le message de Pâques 1974 que nous publions ci-après en traduction.

Avant de donner sa Bénédiction Urbi et Orbi, Paul VI a formulé ses souhaits en diverses langues. Voici le texte du Message Pascal :



Aujourd’hui, notre message est celui de la joie. A vous, croyants, joie et paix ! Sachez goûter dans la vérité ce jour de bonheur.

A vous, amis, qui, sur le seuil de l’Eglise emplie de chants et de joie, observez notre fête avec étonnement et une certaine méfiance, à vous cette invitation chaleureuse et profonde : « Venez et voyez » (cf. Mt Mt 28,6) ; l’expérience de notre vie religieuse pourra peut-être vous apporter aujourd’hui quelque lumière.

A vous qui souffrez et expérimentez le poids de l’existence, Nous reprenons pour vous, avec les paroles du Christ ressuscité, la même invitation : mais elle se fait pour vous plus particulière, plus pénétrante : « Venez, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et vous trouverez la consolation » (cf. Mt Mt 11,28).

Au monde entier, qu’il soit attentif ou qu’il fasse la sourde oreille, dans l’espoir que la Parole du salut (cf. Ac Ac 13,27) devienne un jour semence de vie Nous crions aujourd’hui notre joie très grande et paradoxale, mais véritable : Jésus-Christ est ressuscité ; oui, il est vivant ; il est vivant aussi pour nous. La pierre de son sépulcre est renversée ; celle du nôtre le sera un jour aussi, et nos cendres reprendront forme et vigueur par une métamorphose qui ira au-delà de notre nature présente. Miracle, oui ; mais c’est vers le miracle de la résurrection de la chair que notre foi nous fait tendre : « Je crois à la résurrection de la chair et à la vie éternelle ».

Voilà notre joie. C’est notre victoire (1Jn 5,4 cf. 1Co 15,55). C’est notre salut, et maintenant l’objet de notre espérance (Rm 8,24). Elle est fondée sur la réalité de la résurrection du Christ et garantie par la vérité de la Parole de Dieu.

Victoire sur la mort ? Est-elle jamais possible ?

Oui : en ceci consiste notre annonce pascale. C’est le motif de notre joie, joie sans limites et à laquelle rien ne peut être comparé !

Il Nous faut noter deux choses, malgré la brièveté de ce message pascal.

Ce message, en premier lieu, bouleverse notre conception des valeurs du monde présent. Celles-ci ne peuvent pas s’élever au rang de valeurs absolues pour l’esprit humain ; elles demeurent relatives à la vie présente qui, nous le savons tous, est éphémère et caduque. Fonder la construction de notre existence, de manière fondamentale et exclusive, sur ces valeurs, signifie bâtir sur le sable (cf. Mt Mt 7,26). Cela signifie, particulièrement pour qui fait du plaisir et du bien-être personnel et égoïste le but suprême de son existence, se tromper soi-même. L’hédonisme, qui devient l’évangile erroné de tant d’hommes et de femmes de notre temps, est en définitive la philosophie de l’illusion et de la mort.

En second lieu, ce message est l’évangile de la croix, c’est-à-dire la loi du devoir, du service, de la douleur, de l’amour, du sacrifice, évangile qui nous a préparés à cette célébration du mystère pascal, selon l’exemple et avec la grâce du Christ. Cet évangile est l’interprétation sage et véridique de la vie humaine : si cette dernière s’achève sur la mort temporelle, elle conserve en elle-même la semence immortelle du renouveau, de la résurrection, de la vie éternelle.

C’est pourquoi, à l’école de la foi nous sommes à l’école du vrai bonheur. Et c’est pourquoi aujourd’hui, jour de Pâques, fête de la Résurrection déjà advenue du Christ, c’est aussi la fête de notre future résurrection Oui, c’est ainsi.

Que s’étende aux dimensions du monde ce message pascal de vie et de joie.

Avec notre Bénédiction Apostolique.






16 mai



MESSAGE DU SOUVERAIN PONTIFE POUR LA JOURNÉE MONDIALE DES COMMUNICATIONS SOCIALES





Chers Fils et chers Frères,



Une nouvelle fois ce nous est une joie de nous adresser à vous à l’occasion de la Journée mondiale des communications sociales, instituée par le Concile OEcuménique Vatican II (Inter Mirifica, IM 18).

Nous savons tous l’importance sans cesse croissante que prennent les moyens de communication sociale dans les structures de la société d’aujourd’hui, et combien les rapports humains en dépendent de plus en plus. Nous tenons à redire ici notre ferme conviction à cet égard: tous les hommes sont appelés à coopérer dans ce domaine, et tout membre de la société se doit d’être, selon sa juste fonction, un artisan effectif de la communication humaine. Cette contribution de chacun peut à la vérité revêtir des formes variées : depuis l’intervention directe dans la programmation ou la production, jusqu’à l’engagement de la responsabilité personnelle dans le choix ou l’acceptation des messages transmis par les mass média, ou encore dans la réserve à leur égard.

Nous estimons que ce phénomène caractéristique de notre époque requiert de la part des chrétiens, plus que de tous autres, une attention toujours éveillée, et qu’ils soient en toutes circonstances prêts à exprimer leur jugement critique à son égard, prêts également à apporter leur concours à la mise en oeuvre des orientations positives qu’il appelle. C’est bien, du reste, ce qu’ils entendent faire et développer de manière particulière à travers la réflexion et les manifestations de cette Journée mondiale, qui se célèbre aujourd’hui pour la huitième fois.

Cette année nous vous invitons à porter votre réflexion sur « Les communications sociales et l’évangélisation du monde contemporain », sujet qui rejoint de manière heureuse l’étude menée dans les différents pays en préparation de la prochaine assemblée du Synode des Evêques.

Comme nous le disions dans notre Encyclique Ecclesiam Suam : « Si l’Eglise a vraiment conscience de ce que le Seigneur veut qu’elle soit, elle sent jaillir en elle une plénitude qui demande à se répandre, avec le clair sentiment d’une mission qui la transcende, d’une annonce à communiquer » (AAS, vol. LVI, p. 639).

Cette tâche prend les traits caractéristiques de chaque période de l’histoire. En notre époque elle doit s’accomplir également par les moyens modernes de communication sociale. « Nul ne pourra s’estimer fidèle au commandement du Christ s’il néglige ces moyens de transmettre au plus grand nombre possible d’hommes la lumière rayonnante de l’Evangile » (Communio et Progressio, 126).

L’évangélisation fait partie constitutive de la mission de l’Eglise que le Christ a envoyée dans le monde pour annoncer la Bonne Nouvelle à toute créature (Mc 16,15). Cette mission, l’Eglise l’accomplit en premier lieu dans la liturgie, mais elle s’efforce aussi de la réaliser par toutes les voies et tous les moyens que lui offre sa présence parmi les hommes sur chaque continent.

A bien y réfléchir, toute la vie du chrétien, si du moins elle est conforme à l’Evangile, est proclamation de la Bonne Nouvelle au milieu du monde. En vivant dans la société, en participant aux soucis et aux souffrances du monde, en s’employant à promouvoir les réalités temporelles, en contribuant à l’effort de la recherche et à la confrontation des idées, le chrétien témoigne à sa manière de l’Evangile et joue un rôle de levain dans le monde, d’artisan de son orientation. Le domaine des communications sociales, offre à un tel comportement chrétien de vastes possibilités pour une action rayonnant l’Evangile.

Dans ce domaine, plusieurs tâches urgentes sollicitent notre attention. En premier lieu, celle de donner à l’information et à l’audiovisuel de notre temps une ligne de développement qui facilite la diffusion de la Bonne Nouvelle, qui favorise l’approfondissement du sens de la dignité de la personne humaine, de la justice, de la fraternité universelle. Toutes ces valeurs aident l’homme à comprendre sa vraie vocation. Elles lui ouvrent la voie au dialogue constructif avec les autres et à la communion avec Dieu.

Puis il y a le problème d’un renouvellement des méthodes d’apostolat. Il faut ici savoir utiliser les nouvelles possibilités qu’offrent les moyens audiovisuels et la presse pour la catéchèse et les activités éducatives, pour la présentation de la vie de l’Eglise, de sa liturgie, de sa finalité, de ses difficultés, mais surtout pour rendre témoignage de la foi et de la charité qui l’animent et la renouvellent constamment.

Enfin il faut prendre en considération le recours que présentent les moyens de communication sociale pour rejoindre les pays, les milieux et les personnes que l’apostolat de la Parole ne peut atteindre directement pour des raisons particulières, comme le manque de ministres, ou encore l’impossibilité pour l’Eglise d’exercer librement sa mission.

Nous savons que de tels efforts et recherches sont poursuivis aujourd’hui — même si c’est encore dans une mesure insuffisante — par des évêques, des prêtres, des religieux et des laïcs aussi généreux que compétents. C’est également avec attention que nous suivons l’activité de notre Commission pontificale des communications sociales, celle des Commissions épiscopales dans les divers pays du monde, ainsi que celle des Organisations internationales catholiques et des professionnels catholiques. Nous connaissons les difficultés que les uns et les autres rencontrent du fait de la nouveauté de ce domaine des communications sociales, des conditions ambiantes et des ressources encore trop limitées.

Que nos paroles d’encouragement et de réconfort, ainsi que notre Bénédiction Apostolique leur parviennent à tous, de même qu’à tous les hommes de bonne volonté qui se servent des moyens de communication sociale pour promouvoir le progrès de la famille humaine et pour assurer au monde des lendemains meilleurs.



Du Vatican, le 16 mai 1974.




PAULUS PP. VI






7 septembre



LETTRE DU SOUVERAIN PONTIFE AU DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’UNESCO





Pour la VIII° Journée Mondiale de l’Alphabétisation, le Saint-Père a adressé au Directeur Général de l’Unesco, René Maheu, la lettre suivante :



A Monsieur René Maheu

Directeur Général de l’UNESCO




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