Discours 1975 8

À LA SESSION D’ÉTUDES DU COLLEGE DE L’OTAN*


8
Vendredi 31 janvier 1975


Chers Messieurs,

Au terme de cette session d’étude et avant de rejoindre vos pays, vous avez tenu à Nous rencontrer, avec les responsables du cours et avec vos familles que Nous saluons avec plaisir.

Les travaux de votre session, tout en développant les connaissances techniques et l’expérience élargie qu’appelle votre devoir professionnel, ont pu approfondir, Nous l’espérons, les liens entre vous tous: liens de solidarité positive entre missions convergentes, liens culturels, liens d’amitié. Ainsi vous pourrez contribuer à faire progresser la concorde, la collaboration, qui permettent de dépasser les difficultés psychologiques, économiques et sociales.

Vous savez que l’Eglise catholique accorde une grande importance aux relations humaines qui se tissent entre les personnes et entre les peuples. Elle en a même fait l’un des thèmes de cette Année Sainte, invitant tous les hommes à un effort de rapprochement, de réconciliation, de paix, au-delà des tensions que notre monde ne cesse de faire surgir ou d’entretenir.

Sur vous tous, sur vos familles, sur vos compatriotes, Nous implorons les bénédictions du Seigneur: joie de le connaître toujours davantage dans le renouveau du coeur, joie de voir l’épanouissement de tous les vôtres - Nous pensons spécialement à l’avenir des jeunes générations -, grâce de servir dans la paix. Tels sont les voeux fervents que Nous formons pour vous tous, dans la prière, en pensant qu’ils apporteront une note de réconfort et d’espérance aux nombreux souvenirs que vous emporterez de votre séjour.
* * *


Your presence here this morning is a motive of sincere satisfaction for us. We hope that the Lord will bless your efforts to promote human dignity and brotherhood. As you yourselves experience the solidarity of the human family, we hope that you will be agents and promoters of renewal and reconciliation.

*Insegnamenti di Paolo VI, vol. XIII, p.104-105.





AU NOUVEL AMBASSADEUR DU JAPON


PRÈS LE SAINT-SIÈGE*


Lundi 3 février 1975




Monsieur l’Ambassadeur,

9 Avec une noblesse de sentiments et une courtoisie auxquelles Nous avons été très sensible, vous venez, en remettant vos Lettres de créance, de définir le but que vous vous proposez de poursuivre dans l’exercice de vos nouvelles fonctions d’Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire du Japon: favoriser une entente toujours plus étroite et amicale entre le Saint-Siège et votre pays, au moment même où l’Eglise Catholique insiste, avec une vigueur accrue, sur la nécessité de la réconciliation et de la fraternité entre les hommes.

Nous nous réjouissons d’entendre ce programme. Il manifeste la haute conception que vous avez de votre charge et laisse bien augurer de la mission diplomatique de Votre Excellence. Dans un monde où le premier et seul souci semble être trop souvent celui de la croissance économique et du progrès matériel, il importe en effet que les efforts des responsables s’unissent pour ordonner cette recherche, légitime en un certain sens, au bonheur véritable des personnes et des collectivités, c’est-à-dire à l’épanouissement en elles des valeurs humaines et spirituelles les plus profondes. Car notre société a besoin aujourd’hui non seulement de produire des moyens de vivre, mais de retrouver des raisons de vivre.

Pendant tout votre séjour romain, Nous sommes sûr que vous vous sentirez encouragé dans cette voie. Recevez donc nos voeux fervents et l’assurance de nos prières pour vos responsabilités. Veuillez aussi transmettre à Sa Majesté l’Empereur Hiro Hito l’expression de notre gratitude pour Ses souhaits tant appréciés, et Lui dire l’estime et la sympathie que Nous portons au Peuple Japonais sur lequel nous invoquons l’assistance du Dieu Tout-Puissant.

*AAS 67 (1975), p.187.

Insegnamenti di Paolo VI, vol. XIII, p.113-114.

L’Attività della Santa Sede 1975, p.47-48.

L'Osservatore Romano, 3-4.2.1975, p.1, 2.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française, n. 6 p.2.

La Documentation catholique n.1671 p.204.





12 février
Rencontre internationale des responsables de la Pastorale des Nomades


Chers Frères dans l’Episcopat


et chers Fils consacrés à l’Evangélisation des Nomades,



10 d’un mot jailli du plus profond de notre coeur de Pasteur, Nous encourageons les travaux prometteurs de votre présent Congrès International. Persévérez dans l’aménagement de structures pastorales souples et réalistes. Elles vous permettront de rejoindre plus efficacement le monde si divers et si attachant des Nomades. Entraidez- vous pardessus-tout à vivre le mystère du Verbe Incarné. Lui aussi, selon les paroles de Saint-Jean, a planté sa tente parmi les hommes. Il a accueilli les pauvres avec tendresse et respect. Il a partagé avec eux sa vie et sa lumière divines. Sans jamais perdre votre identité sacerdotale ou religieuse ni le sens exact de votre mission d’Eglise, travaillez dans la joie et l’espérance, à la manière de l’Apôtre Paul.

Votre labeur est très important. En ce temps où l’Eglise ré-évalue sa présence au monde des pauvres, en ce temps où nos frères nomades sont souvent l’objet de discrimination et de propagande néfaste, aidez-les à mieux vivre leurs richesses humaines et spirituelles: leurs joies et leurs souffrances particulières . . . Déjà le Seigneur vous permet de cueillir le fruit de vos efforts: des hommes et des femmes s’éveillent aux responsabilités de leur milieu, et même des vocations se manifestent! Courage et confiance! Avec notre Bénédiction Apostolique.



AU NOUVEL AMBASSADEUR


DE LA RÉPUBLIQUE ARABE D’EGYPTE


PRÈS LE SAINT-SIÈGE*


Jeudi 13 février 1975




Monsieur l’Ambassadeur,

Nous remercions Votre Excellence des paroles confiantes qu’Elie vient de Nous exprimer, en Nous remettant ses Lettres de créance. Nous ne doutons pas en effet que votre mission d’Ambassadeur ne contribue activement à resserrer les liens entre le Saint-Siège et votre pays, et Nous vous souhaitons de tout coeur la bienvenue. Notre pensée se tourne vers le Président Mohamed Anwar El Sadat, auquel vous voudrez bien exprimer nos voeux déférents.

En vous accueillant ici, Monsieur l’Ambassadeur, c’est aussi tout le peuple de la République Arabe d’Egypte que Nous regardons avec sympathie et dont Nous écoutons les aspirations à une paix juste set durable. Nous avons souffert, Nous souffrons des difficultés qui se sont accumulées dans le Moyen-Orient depuis tant d’années, avec leur cortège de peines et de violences. Peut-être la voie est-elle ouverte aujourd’hui à un dépassement raisonnable des conflits? Avec vous, Nous guettons sans cesse l’aurore de la paix, qui apporterait à ces régions le bonheur et la prospérité.

Nous souhaitons aussi au peuple égyptien d’épanouir les valeurs culturelles et spirituelles qui font la gloire de sa très longue histoire. Votre Excellence sait à quel point nos Fils catholiques sont prêts à poursuivre leur collaboration en ce domaine, avec les moyens dont ils disposent, heureux d’apporter leur contribution spécifique au bien de tout le pays.

Et de même que le Saint-Siège souhaite que l’Egypte puisse résoudre heureusement ses problèmes, de même il demeure soucieux de voir s’instaurer entre toutes les nations un climat de détente, de dialogue et, disons-le, de coopération, dans la recherche du vrai progrès de l’humanité, qui a tant de questions capitales à régler pour son développement. Tant que la paix demeurera précaire dans ce bassin méditerranéen qui a été depuis si longtemps un creuset de civilisation et de vitalité religieuse, elle demeurera précaire pour le monde entier. Mais si elle parvient à s’établir, ce sera une change pour tous. Qui ne le désirerait? Pour notre part, Nous ne négligerons aucun effort pour y contribuer.

Nous prions le Dieu Tout-Puissant d’exaucer notre prière et nos voeux, et de répandre sur votre pays et ses dirigeants ses fécondes bénédictions.

*AAS 67 (1975), p.194.

Insegnamenti di Paolo VI, vol. XIII, p.161-162.

11 L’Attività della Santa Sede 1975, p.62-63.

L'Osservatore Romano, 14.2.1975, p.1.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française, n. 8 p.3.

La Documentation catholique n.1673 p.308.




2 mars



PAUL VI ACCUEILLE LES JEUNES DU MOUVEMENTS « GÉNÉRATION NOUVELLE » (GEN)





Plus de 20.000 jeunes gens et jeunes filles rassemblés dans la Basilique Saint-Pierre ont témoigné de la facilité de la rencontre et du dialogue des jeunes générations avec l’Evangile, révolutionnaire, sous de multiples aspects, pour le monde d’aujourd’hui. A ces jeunes du mouvement GEN, venus de toutes les parties du monde, le Saint-Père a adressé le discours que voici :



Jeunes amis de GEN, nous vous saluons. Nous vous accueillons, le coeur largement ouvert et avec une grande joie. Soyez les bienvenus, au nom du Christ, comme des fils, comme des frères, comme des amis. Nous nous trouvons actuellement sur la tombe de l’apôtre Pierre, l’apôtre choisi par le Seigneur Jésus, comme le fondement sur lequel il voulait construire son Eglise, assemblée unique et universelle de l’humanité nouvelle. Pour le GEN, c’est à la fois un point d’arrivée et un point de départ. Ecoutez notre voix amicale durant ces brefs instants.

Vous donc, chers amis, vous qui êtes membres et représentants d’une génération nouvelle, vous qui êtes orientés vers une forme nouvelle d’interprétation de la vie : que signifie votre attitude, votre mouvement ? Oh! Vous le savez bien !

Mais faisons ensemble un nouvel effort pour le comprendre et disons : vous vous êtes mis en marche pour une recherche. Chercher est le propre de la jeunesse. Car à peine le regard de la conscience s’ouvre-t-il sur le monde environnant, aussitôt une inquiétude apparaît dans l’âme des jeunes : ils veulent connaître, ils veulent surtout expérimenter, ils veulent essayer.

Chercher, mais quoi ? Chercher, chercher !

Telle est bien en effet la question de fond : chercher, mais chercher quoi ? C’est un choix capital, qui peut décider de votre destin.

12 Chercher quoi ? Vous, les jeunes d’aujourd’hui, vous avez déjà sur les lèvres une réponse négative, votre coeur se rebelle : nous refusons, dites-vous, le monde tel qu’il se présente à nous. Phénomène étrange : un monde qui vous offre les fruits agréables les plus beau, les plus perfectionnés, les plus agréables de la civilisation contemporaine, ce monde ne vous satisfait pas, ne vous plaît pas, alors même qu’avec une désinvolture emplie d’indifférence vous profitez des conquêtes, des commodités, des merveilles que le progrès moderne met à votre disposition ! Car un sentiment de critique, de contestation et finalement de dégoût stoppe votre recherche dans cette direction. C’est une direction qui vous porte hors de vous-mêmes, une aliénation, parce qu’elle est au fond matérialiste, hédoniste, égoïste. Elle ne satisfait pas vraiment l’esprit, elle ne résout pas vraiment les problèmes essentiels et personnels de la vie. Sur cette conception de notre existence —conception souvent dominante aujourd’hui, philosophie de l’opinion publique — pèse en effet, telle une épée de Damoclès, cette question terrible : « Que servirait-il à l’homme de gagner le monde entier, s’il venait à perdre son âme ? » (Mt 16,26). C’est le Christ qui pose cette question : il ne fait pas l’apologie des biens de cette terre si belle, si riche et si féconde, mais il les situe à leur juste valeur, valeur inférieure à celle de la vraie vie, vers laquelle se tourne votre choix. Quel choix et vers quoi ?

Vous avez fait un autre choix, et c’est pourquoi vous vous appelez GEN, Génération nouvelle. Un choix avant tout libérateur. Il libère du conformisme passif, qui entraîne une grande partie de la jeunesse actuelle, face à la domination de la pensée d’autrui, aux courants de mode de la culture et des moeurs, au mimétisme de masse. Combien de jeunes se croient libres parce qu’ils se sont affranchis des habitudes et de l’autorité de le vie familiale, sans se rendre compte qu’ils tombaient dans les liens de l’assujettissement à l’arbitraire d’un groupe, d’un courant social, d’une rébellion collective !

Au fond de vous-mêmes, il y a un acte personnel et souverain de libre détermination. Et c’est là la première raison de votre nouveauté, de votre force, de votre joie.

Quelle détermination ? Le choix du Christ.

Et comment avez-vous pu choisir le Christ comme celui qui inspire votre existence ? Cela, c’est votre secret, c’est votre histoire personnelle, et c’est le résultat, certainement, d’une rencontre dans laquelle votre volonté, votre instinct vital a trouvé Quelqu’un, non seulement quelqu’un de plus fort que vous, mais quelqu’un en qui s’est révélé immédiatement un charme mystérieux fait de beauté, de bonté, d’intimité, de confidence, et auquel il était suprêmement raisonnable de se rendre, comme à un enchantement d’irrésistible vérité et d’incomparable bonheur.

Comment cela s’est-il passé ? Oui, comment ? Oh ! que chacun garde son secret et que chacun le médite, comme un appel tout personnel. Quant à nous, nous voulons, ici, seulement esquisser quelques formes typiques de cette révélation intérieure du Christ, qui nous a vaincus tout en nous faisant vaincre. Il y a, croyons-nous, celui qui a repensé au Jésus de son enfance, abandonné par la suite, comme tout ce que l’on a aimé dans les premières années de sa vie ; on le croyait oublié, dépassé, bien loin ; et puis tout à coup, on sent sa présence, toute proche et parlante, comme celle d’un compagnon de voyage. « Qui me suit ne marche pas dans les ténèbres » (Jn 8,12), disait-il, alors justement que les ténèbres envahissaient le chemin de la vie. Il y a celui qui a gardé dans un coin de sa mémoire, ou plutôt comme un élément de sa culture, un pâle souvenir du Christ, celui d’un homme célèbre parmi tous ceux de l’Antiquité et de l’histoire. Il pensait à lui comme en pense à une statue, immobile et pétrifiée dans le passé; et puis, que s’est-il passé ? Portant son attention sur cette statue, ce fantôme, voici qu’il a vu, non sans stupeur ni sans crainte, qu’il était vivant, agissant, qu’il venait à sa rencontre et lui murmurait à l’oreille ces simples mots : « C’est moi, n’ayez pas peur ! » (Mc 6,50). Un autre, attiré par la douleur et les besoins des hommes, s’est penché vers son frère pauvre et souffrant ou vers le peuple opprimé et humilié. Ecoutant son gémissement, il a compris qu’il montait de ces profondeurs humaines dans lesquelles le Christ a voulu s’ensevelir, et que c’était sa voix qui l’interpellait douloureusement : « Donne-moi à boire » (Jn 4,7 Jn 19,28). Là encore, n’est-il pas vrai que l’appel surhumain à être une génération nouvelle s’est fait entendre aussi dans ce sens de la fraternité humaine ? Et il y en a combien d’autres parmi vous qui, à travers l’exemple, la découverte de l’harmonie cachée entre les paroles et la vie, à travers une joie nouvelle, celle de la charité, la joie qui se réjouit de la charité (1Co 13,6), ont compris l’invitation, ont accompli leur choix, ont compris grâce au témoignage de l’Esprit, la certitude intérieure qui découle de leur vie nouvelle, surnaturelle (Rm 8,16).

C’est ainsi qu’a eu lieu la rencontre : Jésus-Christ a croisé votre chemin, et c’est à cause de cela que vous vous trouvez ici aujourd’hui.

Oui, vous l’avez rencontré, lui, le Christ Jésus.

Mais qui est le Christ Jésus ?

Quelle immense question !

Nous pourrions penser que vous lui avez déjà donné une réponse. Oui, sans aucun doute. Si vous êtes disciples, et même fils de l’Eglise, vous savez qui est le Seigneur, Jésus-Christ. Mais que savez-vous de lui ? Comment le savez-vous ?

13 Ecoutez donc nos paroles qui reprennent celles de Saint Paul : « A moi, le plus petit de tous les Saints a été accordée cette grâce d’annoncer à toutes les nations la bonne nouvelle de l’insondable richesse du Christ... » (Ep 3,8).

Et voici: tout d’abord, en lui-même, le Christ est le Verbe de Dieu fait homme ; le Christ, pour nous, est le Sauveur de l’humanité. Deux océans : la divinité de Jésus-Christ, et la mission de Jésus-Christ dans le monde. Cherchez à exprimer de manière adéquate ce premier aspect essentiel de sa personne divine vivant dans la nature infinie et transcendante du Verbe éternel de Dieu et vivant dans l’homme Jésus, né de la Vierge Marie par l’action du Saint-Esprit. Cherchez ensuite à exprimer ce second aspect, son insertion dans notre cosmos, dans notre histoire, dans notre destin, dans notre vie, dans l’intime de notre pensée (cf. Ba Ba 3,38)... Vous sentirez alors votre faculté de comprendre éclater en une extase de sagesse, de vérité et de mystère, qui pourra s’étendre sans jamais être rassasiée dans toutes les directions possible, pour se perdre enfin en cet amour qui surpasse toute connaissance (cf. Ep Ep 3,18-19). Il nous semble que vous, les Focolarini, vous avez affronté ce double problème : Qui est le Christ ? Et qui est-il pour nous ? Et voici que le feu de la lumière, de l’enthousiasme, de l’action, de l’amour, du don de soi, et de la joie s’est allumé en vous et vous avez tout compris avec une plénitude intérieure nouvelle : Dieu, vous-mêmes, votre vie, les hommes, notre temps, la direction fondamentale à imprimer à toute votre existence.

Oui, voici la solution, voici la clé, voici la formule ancienne et éternelle, et pourtant toujours nouvelle pour qui la découvre. Vous l’avez perçue et vous avez, à bon droit, donné à votre mouvement le nom de « Génération nouvelle ».

Voilà, chers amis, jeunes du GEN.

Rencontrer, connaître, aimer suivre le Christ Jésus !

C’est votre programme. Voilà la synthèse de votre spiritualité : en célébrant le Jubilé de l’Année Sainte, vous voulez en prendre conscience, la réaffirmer et la traduire dans votre vie.

Notre conclusion sera double. D’abord, pour condenser dans une pensée capitale et féconde le secret de votre Mouvement, cherchez à prendre toujours Jésus comme Maître, «Vous n’avez, a dit Jésus à ses disciples en parlant de lui-même, qu’un seul Maître, le Christ » (Mt 23,8). Puissiez-vous avoir le charisme de saisir cette vérité ! C’est la lumière de votre pensée et la lampe qui éclaire votre vie, Jésus, le Maître !

Et la seconde conclusion, nous la recueillons pareillement des lèvres de notre Maître Jésus : « Vous êtes tous frères » (ibid.). Ayez la sagesse et le courage d’arriver à cette conclusion, qui est la racine de la façon chrétienne de vivre en société. Il est souvent déconcertant d’observer qu’un grand nombre, tout en se disant disciples de l’Evangile, sont incapables de déduire de cet Evangile une sociabilité fondée sur l’amour. Peut-être craignent-ils, ayant comme seule arme l’Evangile, d’être faibles, de manquer de moyens concrets, d’être inaptes pour cette grande mission de rendre frères les hommes ; et peut-être pensent-ils trouver des principes et des forces supplémentaires en allant chercher l’efficacité auprès d’écoles matérialistes et athées, qui tirent de la lutte des hommes contre les hommes leur logique et leur énergie. Etant donné cette contradiction, ce ne sont pas là les vrais éducateurs capables de former le monde moderne à une sociabilité juste et fraternelle. Vous, Générations nouvelles, soyez fidèles et cohérents. Si vous avez choisi le Christ comme Maître, faites-lui confiance et faites confiance à Eglise qui vous conduit à lui et vous le présente. Démontrez par les faits la force agissante de la charité, de l’amour social, instauré par le Maître. Ce sera une expérience, oui, qui sera nouvelle et engendrera un monde plus juste et meilleur. Ce sera une expérience forte : elle demandera résistance, sacrifice, héroïsme peut-être ; elle demandera que vous aussi vous soyez les robustes et volontaires Simon de Cyrène, offrant leurs propres épaules pour soutenir la Croix de Jésus. Oui, vous devrez aussi souffrir avec Lui, comme Lui, pour Lui. Mais ne craignez pas, amis du GEN. Soyez remplis d’assurance. Vous aurez obtenu votre salut et celui du monde moderne. Et toujours, comme aujourd’hui, vous serez pleins de bonté et de bonheur.





AUX MEMBRES DU COMITÉ POUR LA FAMILLE


Mercredi 12 mars 1975




Frères bien aimés,
chers Fils et chères Filles
14 du Comité pour la Famille,

Au cours de la troisième Assemblée générale qui vous réunit en ce moment de tous les horizons, vous avez voulu vous joindre au Peuple de Dieu qui participe à cette audience générale. En effet, c’est bien au service de tout ce peuple que vous étudiez le rôle spécifique de la famille chrétienne, les grandeurs et les exigences du mariage chrétien. Précisément, Nous tenons à souligner devant tous les participants l’importance que Nous attachons à vos travaux.

Oui, l’Eglise reconnaît avec joie l’honnêteté, la valeur, disons même la sainteté de cette union conjugale de l’homme et de la femme, de ce don plénier et réciproque de leurs êtres, dans un amour auquel participe toute leur personne et qui exprime un lien fidèle, exclusif, indissoluble. Et même, pour les chrétiens, ce lien matrimonial acquiert un surcroît de valeur, de sens, de caractère sacré: il devient capable d’exprimer l’union du Christ et de l’Eglise, de cet amour sans faille du Seigneur, et d’en assurer le rayonnement, la réalisation, au niveau de la cellule familiale. Le mariage entre baptisés est élevé au rang d’un sacrement! N’hésitons jamais à témoigner de cette noblesse du mariage.

C’est dans cet esprit que l’Eglise souligne également la délicatesse morale de l’état de mariage, la dignité des rapports entre homme et femme et la responsabilité des époux. Toutes les manifestations de tendresse y sont ordonnées au don spirituel de leurs personnes, le corps étant l’expression de l’âme et le temple du Saint-Esprit. Harmonie difficile, qui a besoin d’être guérie et fortifiée. Par ailleurs, l’amour conjugal doit non seulement maîtriser l’instinct, mais il doit surmonter sans cesse l’égoïsme, afin que le conjoint soit aimé pour lui-même, différent et complémentaire, et que le dynamisme commun qui en résulte soit mis au service des autres: de l’enfant à naître, de la famille, de la société, de l’Eglise.

La grâce du mariage est nécessaire à ce dépassement. Avec elle, une telle réussite n’est pas chimérique. Certes, bien des difficultés subsistent. Le coeur humain a toujours été fragile. La société d’aujourd’hui accepte et encourage un relâchement des moeurs; çà et là, les lois civiles en prennent acte et le favorisent, ce qui oblige les chrétiens à une vigueur morale et spirituelle accrue. Enfin les conditions d’habitat, de travail, l’environnement pèsent lourdement sur la vie de la famille, et il faut tout mettre en oeuvre pour les aménager. Mais l’institution familiale elle-même est plus saine et plus solide que certains voudraient le faire croire. Et l’idéal chrétien du mariage demeure possible: il est plus nécessaire que jamais de le proclamer, et de fortifier sur ce point la bonne volonté des fiancés et des foyers.

C’est dire le prix que Nous attachons à vos travaux actuels qui veulent justement mettre en lumière cette doctrine qui fait partie de la Bonne Nouvelle. Faites-le en toute clarté, en conformité avec tout ce que le Magistère a été amené à préciser, avec le réalisme qui ne ferme les yeux sur aucun problème, sur aucune détresse réelle, mais qui les replace dans une vue de foi. Ce mystère est grand. Il est exigeant. Il est aussi plein d’espérance.

Nous saisissions l’occasion, chers amis, pour vous remercier de tout ce que vous faites pour Nous informer des problèmes que vous étudiez, pour donner écho aux directives du Saint-Siège, pour promouvoir une pastorale familiale adéquate, en liaison avec les Commissions épiscopales de vos différents pays et avec les mouvements familiaux chrétiens. Nous nous réjouissons de l’esprit qui préside à vos activités. Au moment de la Conférence mondiale de la Population à Bucarest, Nous avons particulièrement apprécié le soin et le courage avec lesquels vous avez préparé et mené les interventions de la Délégation du Saint-Siège, Vous contribuez, en cet important domaine, à assurer le témoignage de l’Eglise. Avec notre gratitude, avec nos encouragements, Nous vous bénissons de tout coeur.



AUX MEMBRES DU BUREAU


DE LA FÉDÉRATION MONDIALE DES SOURDS


Samedi 15 mars 1975




Nous sommes heureux de saluer aujourd’hui les membres du Bureau et de la Présidence de la section scientifique de la Fédération mondiale des sourds, réunis pour préparer le prochain Congrès de Washington.

Depuis des années, nous avons l’occasion de suivre vos activités qui unissent constamment la recherche médicale de haut niveau au dévouement à l’égard de ceux qui souffrent de n’être pas «comme les autres» et qui sont parfois en effet laissés de côté. C’est donc toujours une joie pour nous de faire savoir à tous les membres de votre Fédération, à travers la personne de ses dirigeants, combien nous apprécions leur activité qui donne au monde un si bel exemple de service et de sens du prochain.

Le drame des sourds, nous l’avons déjà souligné, est surtout de se sentir retranchés de la vie collective, incapables d’en bénéficier suffisamment ou de partager eux mêmes les richesses souvent grandes de leur vie intérieure, comme murés en eux-mêmes à la fois par leur infirmité et par l’attitude de leur entourage. Le but de votre prochain Congrès est précisément d’étudier les moyens de leur assurer une pleine intégration dans la société moderne. Il ne s’agit donc pas seulement d’agir sur la maladie pour la guérir ou l’atténuer - nous nous réjouissons des grands progrès acquis déjà dans ce domaine - il faut élargir l’action au milieu social lui-même, pour transformer son attitude spontanée et l’aider à pratiquer concrètement et de manière collective cet idéal de fraternité humaine dont personne ne doit être exclu. A vous-mêmes, à tous les membres du futur Congrès, nous adressons nos vifs encouragements et nos voeux pour que leur entreprise soit féconde et trouve partout, de la part des pouvoirs publics comme de celle des responsables privés, l’accueil favorable qu’elle mérite.

15 Pour nous, nous y sommes d’autant plus sensible que nous trouvons le soulagement des sourds-muets au coeur même de l’Evangile. Les sourds entendent, les muets parlent, la Bonne Nouvelle leur est annoncée, voilà quelques-uns des signes donnés par le Christ Jésus pour le Royaume de Dieu, en attendant que les âmes et les corps soient libérés de toute servitude. C’est pour nous chrétiens une raison supplémentaire de participer activement aux initiatives de votre Fédération.

Nous recommandons de grand coeur vos travaux au Seigneur et lui demandons de bénir vos personnes et, à travers elles, tous ceux auxquels s’adresse votre dévouement.



AUX MEMBRES DU COMITÉ D’ETUDES POUR LA PAIX


Samedi 22 mars 1975




Chers Frères et chers Fils du Comité d’Études pour la Paix,

Nous sommes heureux de dialoguer avec vous tous, durant quelques instants, à l’occasion de la cinquième réunion de votre Comité, pour vous dire le prix que Nous attachons à votre travail, à votre service. Car il s’agit d’un service très apprécié, particulièrement par le Saint-Siège, auquel vous apportez, à l’intérieur de la Commission Justice et Paix, vos informations, vos réflexions et votre concours actif pour l’application de ses directives. Nous suivons également avec plaisir le service que vous voulez contribuer à rendre à l’humanité elle-même, dont vous scrutez avec attention les misères et les espoirs sur le difficile chemin de la vie fraternelle.

Le service de la paix est bien la tâche spécifique, la raison d’être de votre Comité, qui s’inscrit dans la mission d’ensemble et dans la structure de la Commission Pontificale «Iustitia et Pax», dont il est un organe interne et technique de consultation pour ce qui touche à la paix et à la Communauté internationale.

Vous savez combien Nous tient à coeur la cause de la paix, avec quelle sollicitude Nous accueillons tout ce qui peut la favoriser, avec quelle douleur Nous observons les multiples conflits qui se déroulent actuellement dans le monde. Il y a tout d’abord le drame angoissant que vivent ces jours-ci les populations du Viêt-Nam, où la lutte s’est rallumée avec intensité au mépris des accords conclus; il y a la situation au Cambodge, qui n’est pas moins dramatique; il y a aussi la lutte armée qui sévit en Ethiopie, et les tensions qui maintiennent les populations de Chypre dans la division; sans parler du climat d’anxiété qui pèse encore sur l’état de trêve au Moyen-Orient. Et comment ne pas évoquer les craintes suscitées par la situation qui se développe au Portugal? De plus, au moment où la communauté internationale et chaque peuple auraient besoin de renforcer le sentiment de leur unité au service de la paix, Nous voyons naître et se développer des tensions dangereuses en différents pays tandis que la production et le commerce des armements continuent à croître, à alimenter les conflits et à multiplier les risques de guerre.

Pour lutter contre l’idéologie qui inspire ces antagonismes au mépris de la justice et des légitimes aspirations de ceux qui en sont victimes, le service de la paix exige un renouvellement des mentalités et un processus permanent de réconciliation. Cet impératif moral et spirituel, qui caractérise la vie de l’Eglise, spécialement durant cette Année Sainte, appelle à son tour une oeuvre immense d’éveil et d’éducation, pour que le peuple de Dieu donne sa contribution positive et spécifique à l’édification d’un monde plus juste et pacifique.

Dans cette animation, Nous voudrions souligner le concours que votre Comité a apporté à l’approfondissement et à la préparation concrète des thèmes de la Journée Mondiale de la Paix, dont Nous avons voulu faire un «temps fort» privilégié dans la pédagogie continue et dans le programme d’ensemble d’une Pastorale de la Paix.

Il s’agit là d’une oeuvre délicate, qui exige à la fois audace et humilité. D’une part, il faut témoigner hardiment de l’Evangile d’amour, de justice, de paix, de réconciliation, à la façon de Jésus et des prophètes, rejoignant ainsi le meilleur des aspirations humaines et préparant la cité de demain; mais il faut en même temps que ce message rejoigne aujourd’hui ce monde concret, dans toute la complexité des droits en cause et des tensions réelles, sans se substituer à la responsabilité de ceux qui, légitimement, doivent peser sur le terrain tous les éléments de la situation et les conséquences de leurs décisions techniques. Nous retrouvons là, pour les chrétiens et pour vous spécialement, comme pour Nous-mêmes, le rôle de serviteurs, qui, avec la lumière et le levain de l’Evangile, contribuent à éclairer et à soulever la marche des hommes sur les sentiers de la paix.

En vous renouvelant nos encouragements pour se service, Nous prions le Seigneur de faire fructifier votre méritant labeur, avec notre Bénédiction Apostolique.



2 avril 1975

16 Après l’audience générale :
Basilica Vaticana


Il Santo Padre rinnova le preghiere per la popolazione vietnamita tormentata dalla guerra

Nous accueillons ce matin avec une grande emotion un groupe de pèlerins venus du Viêt-Nam. Oh, chers amis, comme Nous avons pensé à vous durant tous ces jours de la Semaine Sainte, où vos compatriotes ont vécu une véritable passion; une passion qui continue, avec toute la furie et les horreurs de la guerre, toutes les souffrances nouvelles qui s’ajoutent à des plaies anciennes, avec la précarité des conditions de vie de ceux qui s’engagent dans un nouvel exode ou de ceux qui restent.

Ce matin, Nous invitons tous les pèlerins ici présents à s’associer à notre prière, à votre prière, pour que le Seigneur ressuscité vous garde dans l’espérance, pour que des jours meilleurs puissent se lever, pour que Dieu allège les épreuves présentes, pour qu’il suscite dans votre pays, et dans le monde entier, la compréhension, la compassion et l’entraide. Nous prierons de façon spéciale pour les évêques, les prêtres, les religieux et les religieuses, les catéchistes, les fidèles, les nouveaux baptisés et toute la population des diocèses de Hué, de Ban Me Thuot, de Kontum, de Da Nang, de Qui Nhon, de Dalat, de Nhatrang.

Et vous, chers Fils et Filles de ce peuple bien aimé, puissiez-vous au moins ressentir ici la solidarité de l’Eglise dans votre souffrance, et vous, les catholiques, vous revêtir du courage des premiers apôtres pour témoigner de votre foi et de votre charité dans les conditions difficiles qui sont votre lot. Nous vous bénissons, Nous bénissons vos familles et vos amis, sans oublier vos voisins également angoissés de la République khmère, avec la plus grande affection. A la fin de l’audience nous dirons ensemble le Pater pour le réconfort, la prospérité et la paix de votre Pays et de toute la Région tellement éprouvée.

16 avril 1975

Après l’audience générale :

Durante L'Udienza Generale il Santo Padre incontra i Membri del Consiglio dell'«Union Catholique Internationale de la Presse» (UCIP)

Il y a parmi vous un groupe très représentatif, auquel Nous tenons à dire un mot particulier: c’est le Conseil de l’Union Catholique Internationale de la Presse. Chers amis, qui venez d’être élus à ce Conseil, vous êtes bien conscients de la responsabilité des journalistes catholiques, des journaux et des agences catholiques que vous représentez; tous ceux qui vous entourent ici pourraient vous dire combien ils comptent sur vous et vos collègues pour présenter une information exacte et proportionnée à l’importance des faits, au milieu de la masse des nouvelles qui les assaillent; ils comptent sur vous pour les aider à se faire un jugement objectif, dans la vérité et la charité; ils comptent aussi trouver près de vous un témoignage spécifique de la vie des communautés chrétiennes, de leurs efforts et de leurs problèmes réels, qui ne taise pas la référence à la foi et au dessein véritables de l’Eglise. C’est bien souvent par l’intermédiaire des journaux que l’Eglise est connue, jugée, estimée, surtout de ceux qui sont au loin.

Pour rendre ces services, le monde de la Presse est à juste titre jaloux de sa liberté. Le chrétien est au premier rang de ceux qui la revendiquent, à la fois comme un honneur et une exigence, car elle demande aujourd’hui un grand courage pour servir la vérité et le progrès des consciences. C’est un métier difficile que celui de journaliste; il a besoin d’être encouragé. A vous de promouvoir sa qualité et sa fidélité parmi tous les membres de l’U.C.I.P., et d’organiser une aide efficace à la presse catholique là où sa voix est trop faible ou ses moyens trop réduits. Nous souhaitons que le public chrétien soutienne vos efforts que Nous bénissons de tout coeur.

17 We are happy to greet this morning a group of Catholic journalists who are returning from a visit to the Middle East. We are pleased that you have shown deep interest in the great questions affecting this entire region and all its peoples, and that it is your proposal to make known, for the benefit of all, the needs that you have witnessed and to which you can now so effectively attest. We are likewise pleased to know of your special solicitude for the Holy Land: her Christian communities and her Holy Places.

It is our hope that you will indeed succeed in sharing your personal concern and in alerting public opinion to the gravity of the problems and to their global effects. May you continue steadfast in your praiseworthy efforts as Catholic journalists to render this important service, realizing how much remains to be done and how much you personally can contribute to the cause of peace, justice, brotherhood and Christian love.




Discours 1975 8