Discours 1975 47

47 Nous tenons à adresser un Salut particulier aux laïcs réunis à Rome pour la consultation mondiale organisée par le Conseil des Laïcs. Chers Fils et chères Filles, en vous recevant, nous pensons à ces millions de baptisés et de confirmés, à ces multiples associations catholiques que vous représentez et dont l’apostolat assure une présence, un témoignage qualifié et efficace de l’Eglise au sein du monde contemporain.

Votre rôle dans l’Eglise et dans la société a été heureusement mis davantage en lumière ces dernières années. Vous devez toujours relire et méditer le décret conciliaire Apostolicam Actuositatem, promulgué voilà tout juste dix ans. Dans le prolongement de la constitutionLumen Gentium, il trace clairement les principes et le sens théologique de votre action. Nous avons nous-même repris ces thèmes dans notre allocution au troisième Congrès mondial de l’apostolat des laïcs, le 15 octobre 1967. Le champ est immense: c’est tout l’ordre temporel qu’il faut contribuer à renouveler dans le sens voulu par le Créateur et le Sauveur; la constitutionGaudium et Spes en développe quelques applications, Les attentes du monde sont multiples: vous essayez de les inventorier ces jours-ci. Nous serons heureux de connaître les résultats de cette vaste consultation, avec vos réflexions sur tous ces besoins humains et spirituels d’aujourd’hui, les difficultés et les espoirs que vous constatez. Oui, chaque laïc chrétien a un rôle difficile, mais magnifique à accomplir; et il importe grandement que cet apostolat soit aussi celui de groupes et de mouvements organisés.

«L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins». Vous vous êtes plus à relever dans votre Congrès cette phrase de notre allocution du 2 octobre 1974. Oui, c’est votre honneur d’être les témoins du Christ, au coeur des activités séculières.

Mais dans un monde souvent éloigné de la foi, ce témoignage de toute la vie est exigeant. Il suppose que vous alimentiez sans cesse votre conviction et votre zèle, non pas à des doctrines ou à des méthodes étrangères, mais aux sources vives de la foi et de la grâce: à l’écoute de la Parole de Dieu, dans la prière et avec les sacrements, dans une constante révision de vie. De votre fidélité entière dépend la qualité du levain que vous êtes appelés à insérer dans la pâte du monde.

Enfin, votre témoignage prend place dans la communion de l’Eglise. Vous vous rappelez comment nous avons insisté sur le dialogue, dès le début de notre pontificat, et, le 8 décembre dernier, sur la réconciliation à l’intérieur de l’Eglise. Dialogue franc, adhésion confiante, collaboration vraie avec vos évêques et vos prêtres.

Il y a diversité de ministères, mais unité de mission autour des Pasteurs que l’Esprit Saint a donnés à l’Eglise. Dialogue avec les religieux et religieuses, dont le témoignage spécifique complète le vôtre, en faisant directement appel aux béatitudes évangéliques. Dialogue avec les autres laïcs, car il y a diversité de dons et de besoins, diversité de méthodes et de secteurs à évangéliser. Mais c’est le même Esprit qui agit en tous, pour la gloire de Dieu et la sanctification des hommes. Coopérez généreusement avec Lui, avec notre Bénédiction Apostolique.





AUX MEMBRES DE LA SECTION SOCIALE

DU COMITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES*


Vendredi 17 octobre 1975




Nous sommes heureux de recevoir ce matin les membres de la Section sociale du Comité économique et social des Communautés européennes et nous vous souhaitons, Mesdames et Messieurs, une cordiale bienvenue.

Nous avons pris connaissance avec intérêt du thème de votre réunion actuelle. Comment ne pas se réjouir, tout d’abord, de voir une section de votre Comité se consacrer entièrement à l’étude des problèmes sociaux de la Communauté? Votre rôle, de grande importance, n’est-il pas de favoriser peu à peu l’intégration de perspectives pleinement humaines dans des problèmes qui risqueraient d’être traités d’un point de vue purement économique? On ne saurait en effet, dans l’organisation de la société, se contenter de pallier, après coup, aux difficultés dérivant d’une manière trop étroite d’aborder et de traiter les problèmes des Communautés européennes. Une préoccupation directement sociale permettra seule de réaliser peu à peu l’idéal qui est inscrit dans le mot même de Communauté.

Il nous plaît en particulier de voir les autorités que vous représentez rechercher les meilleures manières d’améliorer le sort des travailleurs émigrés et de leurs familles. Nous-mêmes, vous ne l’ignorez pas, sommes revenus à plusieurs reprises sur ces graves problèmes, engendrés par le développement des uns à la recherche de main d’oeuvre, et le sous-développement industriel des autres qui n’ont pas suffisamment de travail à offrir. Nous vous félicitons de la contribution que vous y apportez.

Le point le plus important de votre programme nous semble celui qui a trait à la famille. Si cette dernière n’entre pas directement dans les prévisions purement économiques, sinon comme une charge improductive, vous êtes pourtant persuadés de son urgence, au plan personnel comme au plan collectif. Assurer, d’une manière adaptée, la possibilité pour les migrants d’avoir une vie familiale, leur permettre, à eux et à leurs enfants, comme nous l’avons rappelé dans notre message pour la journée de l’alphabétisation, de s’insérer dans le monde culturel du pays qui les accueille tout en leur permettant, de la manière qui convient, de conserver leur propre identité culturelle, surtout s’ils sont destinés à retourner dans leur pays d’origine, voilà une tâche importante. Beaucoup d’organismes s’en soucient heureusement aujourd’hui, nous pensons aux oeuvres catholiques pour l’émigration. Vous, vous y avez une responsabilité particulière, dans le cadre plus général des Communautés européennes. Nous vous encourageons de grand coeur et demandons au Seigneur de bénir ce que vous faites pour ceux qui viennent travailler dans vos pays respectifs: qu’ils y rencontrent un accueil digne de la communauté des hommes. Nous implorons aussi sa bénédiction sur toutes vos familles.

48 *Insegnamenti di Paolo VI, vol. XIII p.1127-1128.

L'Osservatore Romano, 18.10.1975, p.1.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française, n.43, p.9.

La Documentation catholique, n.1685 p.910.




AUX PARTICIPANTS AU SYMPOSIUM DES EVÊQUES D’EUROPE

Samedi 18 octobre



SEULE LA CIVILISATION CHRETIENNE PEUT SAUVER L’EUROPE DU VIDE QU’ELLE EPROUVE





Frères bien-aimés,



Le symposium des Evêques d’Europe, que vous clôturez par cette célébration Jubilaire, Nous tient très à coeur. Par un examen sérieux des questions qui se posent aux Pasteurs pour un meilleur service de la foi, dans un climat d’amitié fraternelle et de prière favorisé par la discrétion du cadre choisi, vous avez pu nouer des liens à un niveau plus profond, élargissant ainsi votre communion indispensable dans l’épiscopat, et progressant dans votre sens des responsabilités communes au service des populations européennes.

Vos soucis, vos espoirs, vos résolutions, Nous les partageons, vous le savez, à un titre particulier : notre propre foi n’a cessé d’être pétrie de la civilisation chrétienne de ce continent, de ses maîtres spirituels, et Nous continuons d’être solidaire de ces efforts pastoraux, tout en ayant le souci de toutes les Eglises. Réciproquement, vous l’exprimez bien ce matin, votre ministère apostolique n’atteint sa pleine dimension qu’autour de l’humble Successeur de Pierre. Au milieu de toutes les manifestations de l’Année Sainte, Celle-ci Nous est particulièrement chère.

Au delà de vos personnes, Nous pensons à vos communautés catholiques éparses en Europe, à l’Europe elle-même. Aussi, sans perdre de vue la pertinence des multiples questions pastorales que vous avez abordées ces jours-ci et dont Nous avons pris connaissance avec intérêt, permettez-Nous de prendre un peu de recul, ou, si vous le voulez, de hauteur, au regard de cette Europe. Il s’en dégage une idée et une mission.

L’Europe ! Il y a bien des façons de la considérer. A-t-on jamais pu parler de son unité ? Elle semble avoir été jusqu’à hier un champ de batailles continuelles. Et pourtant les tentatives d’unification politique y ont connu leur temps de gloire, si l’on songe à l’Empire romain, puis aux Empires carolingien et germanique qui en ont pris le relais. Plus profondément, c’est la civilisation gréco-romaine qui les a tous marqués, et plus encore, une même culture chrétienne. Oui, quelque chose de commun animait ce grand ensemble : c’était la foi. Ne peut-on pas dire que c’est la foi la foi chrétienne, la foi catholique, qui a fait l’Europe, au point d’en être comme l’âme ? La Réforme, c’est un fait d’histoire, a contribué à une dispersion. L’avènement de la science, de la technique, celui de la richesse productive ont donné lustre et puissance à l’Europe, ils ne lui ont pas redonné une âme. L’époque des révolutions a vu s’accentuer le morcellement, l’indépendance. Les nations se sont affermies dans leur diversité, en s’opposant bien souvent. Les guerres ont devenues de plus en plus graves. Le processus des regroupements nationaux sur leur propre territoire n’est pas tout à fait terminé, mais il devrait se résoudre par des voie pacifiques. Bref, Nous assistons toujours à des divisions très marquées entre les nations et à l’intérieur des nations.

Peut-on dès lors envisager une unité, une conscience commune de l’Europe ? Qu’il nous soit permis d’évoquer aujourd’hui un épisode significatif. Lorsque Nous exercions notre ministère pastoral à Milan, l’honneur Nous fut donné d’être invité, avec d’autres personnalités, à la rencontre des Autorités italiennes avec le Général de Gaulle qui, comme Chef de l’Etat français, venait en Italie célébrer le centenaire de l’indépendance du pays. Celle-ci fut inaugurée par la campagne militaire qui trouva son épilogue sanglant et victorieux dans les batailles de Solferino et de San Martine au mois de juin mil huit cent cinquante neuf. La commémoration eut lieu à Magenta, là où se déroula le premier affrontement mémorable des deux armées, autrichienne et franco-piémontaise, avec une multitude de morts de part et d’autre, et là où s’élève maintenant un ossuaire monumental à la mémoire des combattants.

49 Devant cet ossuaire, nous avons célébré la Sainte Messe. Le Général de Gaulle et le Président Gronchi y assistaient dans des tribunes, entourés du déploiement des forces militaires, des autorités et de la population. Il nous souvient qu’à la fin de la cérémonie religieuse, nous avons adressé notre salut respectueux aux deux Chefs d’Etat présents et exprimé ce voeu : de même que le dix-neuvième siècle a été caractérisé par les luttes pour l’indépendance et la formation des différents Etats qui composent aujourd’hui l’Europe, qu’ainsi le vingtième siècle, le nôtre, puisse être, au moins en Europe, caractérisé à son tour non plus par les guerres et l’opposition entre les peuples, mais par l’unité. Aux nations désormais politiquement distinctes et organisées en Etats libres et souverains, il reste à découvrir une expression communautaire et continentale de la fraternité des peuples, associés pour promouvoir une civilisation solidaire, animée naturellement d’un même esprit. Et nous nous souvenons alors qu’à la fin de ce bref discours le Général de Gaulle, descendant seul de l’estrade qui lui était réservée, venait vers nous à la surprise et à l’étonnement de toute cette solennelle assistance ; arrivé devant l’autel, il nous tendait la main et, étreignant la nôtre, il nous disait avec gravité ces paroles : « Ce que vous avez dit, sera fait ».

On ressent en effet à nouveau aujourd’hui le besoin de l’union, mais d’abord au niveau d’une concertation indispensable sur des problèmes techniques, économiques, commerciaux, culturels, politiques. Efforts laborieux et méritoires, que nous encourageons, tout en étant conscient des obstacles multiples qu’ils rencontrent. Plus profondément, on rêve à nouveau d’une unité spirituelle, qui donne sens et dynamisme à tous ces efforts, qui restitue aux hommes la signification de leur existence personnelle et collective. Les pouvoirs politiques et techniques sont impuissants à produire cet effet, et ne pourraient l’imposer que par l’esclavage. Nous pensons nous que seule la civilisation chrétienne, dont est née l’Europe, peut sauver ce continent du vide qu’il éprouve, lui permettant de maîtriser humainement le « progrès » technique dont elle a donné le goût au monde, de retrouver son identité spirituelle et de prendre ses responsabilités morales envers les autres partenaires du globe. C’est bien là l’originalité, la chance, la vocation de l’Europe, moyennant la foi. Et c’est là que notre mission d’Evêques en Europe prend un relief saisissant. Aucune autre instance humaine en Europe ne peut rendre le service qui nous est confié, à nous, promoteurs de la foi : réveiller l’âme chrétienne de l’Europe où s’enracine son unité.

Nous entendons bien que les conditions sont nouvelles par rapport à l’état de chrétienté qu’a connu l’histoire. Il y a une maturité civique au niveau des pays, au niveau du continent. De toute façon, nous ne sommes pas, nous Evêques, les artisans de l’unité au plan temporel, au plan politique. La foi, dont nous sommes les serviteurs, n’est pas un élément politique. Elle se reçoit librement de Dieu, par le Christ, dans l’Esprit Saint. Et que fait-elle ? Elle donne un sens à la vie des hommes, révélant leur destinée éternelle de fils de Dieu : n’est-ce pas appréciable en cette ère de désarroi ? Elle nourrit leur coeur d’une espérance non fallacieuse. Elle leur inspire une vraie charité, génératrice de justice et de paix, qui les pousse au respect de l’autre dans la complémentarité, au partage, à la collaboration, au souci des plus défavorisés. Elle affine les consciences. Dans un monde souvent clos sur sa richesse ou sur son pouvoir, rongé par les conflits, ivre de violence ou de défoulement sexuel, la foi procure une libération, une remise en ordre des facultés merveilleuses de l’homme.

L’unité qu’elle cherche n’est pas l’unification réalisée par la force, c’est le concert où les bonnes volontés harmonisent leurs efforts dans le respect des conceptions politiques diverses. C’est celle d’une Eglise travaillée tout entière par un sain oecuménisme. C’est celle d’une Pentecôte où la diversité des langues laisse parler le même Esprit Saint. Voilà ce qu’on pourrait appeler l’âme de cette civilisation, et Nous savons combien vous travaillez chaque jour à l’épanouir.

Utopie ? Non. Certes, le processus de sécularisation, qui touche profondément l’Europe chrétienne, semblerait passer de plus en plus sous silence le rôle vital de la foi. Et pourtant, si les valeurs évangéliques sont trop souvent comme désarticulées, axées sur des objectifs purement terrestres, elles demeurent enracinées dans l’âme de la plupart de ces peuples européens ; elles continuent de les marquer ; elles peuvent être purifiées, ramenées à leur Source, c’est le rôle de l’évangélisation. Les autres continents, d’ailleurs, continuent à regarder l’Europe comme le foyer du christianisme. Notre responsabilité est grande. Ne soyons pas pusillanimes, défaitistes, complexés. Ayons l’audace apostolique des saints que Nous béatifierons demain. Plus que jamais, l’Esprit Saint nous intime la mission de prêcher entièrement la foi de l’Eglise, à temps et à contre temps, de réveiller et de fortifier les consciences à sa lumière, de faire converger leur flamme par dessus toutes les barrières, comme cela se passe ici, en cette Année Sainte, de susciter leur témoignage actif, évangélique, sur tous les chantiers où se construit l’unité humaine de l’Europe.

Mais cela ne pourra se réaliser que dans l’authenticité et l’unité de la foi. Et aujourd’hui, Nous devons veiller à ne pas nous laisser éblouir par ce que le « pluralisme » renferme d’ambiguïté et d’équivoque, dans la mesure où il signifierait un pluralisme subjectif et indifférent à l’interprétation delà doctrine de la foi. Ce serait glisser vers le libre examen qui, Nous le savons trop bien, compromet et souvent annule l’unité objective et univoque de la doctrine de la foi. Oui, à l’« una fides » serait> substitué ce libre examen qui corrompt la Parole de la foi, sûre et source d’unité, et qui, au lieu de favoriser une vraie convergence oecuménique, en annule les motifs, les efforts méritoires, l’espérance. Pluralisme, pour nous, doit signifier la fécondité inépuisable des richesses contenues dans le « dépôt » de la même foi, c’est-à-dire dans la variété extraordinaire, mais toujours cohérente et fidèle, des expressions que peut utiliser le langage de la foi et de la spiritualité, en accord avec le message du Magistère. Le dépôt est toujours ouvert à l’exploration des profondeurs de la vérité théologique, que la doctrine authentique non seulement permet, mais offre à l’étude de la contemplation, à l’école de l’Eglise qui est enseignante par charisme et par mandat divin.

Voilà ce qui doit avant tout nous préoccuper, nous Evêques : l’épanouissement du levain évangélique dans l’unité de la foi, dans tous ces pays d’Europe confiés à notre charge. Voilà ce qui doit faire converger nos efforts. Car notre unité à nous chrétiens, à nous Pasteurs, elle existe déjà. Votre Symposium d’Evêques la manifeste pour une part. Nous devons lui donner une expression, la célébrer, l’épanouir en charité, dans cette charité qui vient de la foi. C’est par ce chemin spirituel que l’Europe doit retrouver le secret de son identité, de son dynamisme, du service providentiel auquel Dieu l’appelle toujours, du témoignage qu’elle doit rendre à la face du monde. Paraphrasant la fameuse Epître à Diognète, Nous pourrions dire : ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde, dans ce monde de l’Europe. Oh ! certes, comme au temps de Diognète, ils doivent donner leur témoignage dans des conditions de pauvreté, dans l’incompréhension, dans la contradiction, voire dans la persécution. Mais si leur levain a l’humilité de l’Evangile, il en a aussi la vigueur, il est porteur de salut pour l’ensemble. Telle est notre foi. En servant cette foi, comme Evêques, en la gardant et en la promouvant, et cela de concert, vous aidez l’Europe à retrouver son âme. Et votre ministère, Nous l’affermissons d’une particulière Bénédiction Apostolique.





AUX PÈLERINS DE L’ORDRE SOUVERAIN MILITAIRE DE MALTE

Mercredi 22 octobre 1975




Nous tenons à adresser un salut particulier aux pèlerins de l’ordre Souverain Militaire de Malte, guidés par leur Grand Maître. D’abord, Nous devons une gratitude spéciale à cet Ordre pour les services de secours - le prompt secours - qu’il organise efficacement tout au long de cette Année Sainte, ici même, place Saint-Pierre: un grand merci au nom de tous les pèlerins «défaillants» qui en ont bénéficié! Mais votre action, chers Fils et chères Filles, s’étend à de nombreux pays, où vous avez fondé, où vous entretenez avec soin des institutions d’assistance, où vous participez à des oeuvres de secours, pour répondre aux besoins de populations en détresse physique ou morale. Voilà un engagement humanitaire qui illustre bien, pour les temps actuels, la longue tradition de service auquel le vénérable Ordre de Malte a l’honneur d’être attaché, et qui est une façon de vivre la charité évangélique. Nous savons aussi comment votre Institution vise à relier toute cette action à la foi, par ses exigences de vie spirituelle. Que le Seigneur inspire et fortifie votre témoignage, qu’il le renouvelle en cette Année Sainte par une concordance toujours plus transparente avec l’Evangile, et Nous bénissons de grand coeur tous les membres de l’ordre.



À L’AMBASSADEUR DES PAYS-BAS


PRÈS LE SAINT-SIÈGE*


Jeudi 23 octobre 1975




Monsieur l’Ambassadeur,

50 Nous vous remercions vivement pour les aimables paroles que vous venez de prononcer à notre endroit. Nous désirons aussi vous exprimer combien nous sommes sensible aux sentiments que vous nous avez transmis au nom de Sa Majesté la Reine Juliana, et nous vous prions de bien vouloir être auprès de votre Souveraine l’interprète des souhaits déférents et chaleureux que nous formons pour son auguste personne et le Royaume des Pays-Bas.

En ce jour où vous assumez la charge de représenter votre noble pays auprès du Saint-Siège en qualité d’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, nous formons les meilleurs voeux pour l’accomplissement de votre haute mission aux côtés des représentants distingués de nombreux peuples de tous les continents. Cette heureuse circonstance nous permet d’exprimer encore une fois les sentiments d’affection que nous éprouvons pour la chère nation hollandaise, si riche de vitalité, toujours prompte aux généreuses initiatives dont un grand nombre lui sont inspirées par ses traditions chrétiennes et, parmi elles, nous rappellerons notamment la méritante contribution donnée par tant de ses fils à l’oeuvre de l’évangélisation et à la promotion humaine dans le monde.

Vous avez brièvement évoqué, Excellence, les orientations principales énoncées tout récemment dans le Discours du Trône prononcé par Sa Majesté la Reine; elles inspirent déjà les engagements internationaux de votre pays. Nous sommes persuadé, comme nous avons eu l’occasion de le rappeler à de multiples reprises, que le service actif et dévoué de la paix est non seulement le meilleur service qu’un pays puisse rendre à l’humanité, mais qu’il est aussi la meilleure manière d’assurer humainement son propre avenir.

Nous nous réjouissons donc de voir les Pays-Bas prendre au sérieux les devoirs qui sont ceux de tous les pays développés vis-à-vis de ceux qui sont moins favorisés. Nous souhaitons que, dans tous les domaines où une perception exacte de toutes les dimensions éthiques de l’homme, au plan familial comme au niveau social, conditionne l’efficacité des mesures proprement économiques, cette juste conception inspire et soutienne une action qui se veut généreuse et désintéressée. L’Eglise catholique, dont le rôle propre est de porter aux hommes le message de salut contenu dans l’Evangile, ne peut que se réjouir lorsqu’elle voit des orientations d’un pays qui lui est cher à tant de titres s’inspirer d’un idéal vraiment humain, et elle invite de grand coeur tous ses fils à collaborer à un tel effort.

C’est vous dire dans quel esprit nous vous recevons aujourd’hui, Monsieur l’Ambassadeur. En vous renouvelant nos voeux pour le fructueux accomplissement de votre mission, nous demandons au Seigneur de vous accorder, ainsi qu’aux populations des Pays-Bas et à leurs gouvernants, l’abondance de ses bénédictions.

*AAS 67 (1975), p.654-655.

Insegnamenti di Paolo VI, vol. XIII, p.1168-1169.

L’Attività della Santa Sede 1975, p. 343-344.

L'Osservatore Romano, 24.10.1975, p.1.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française, n.44 p.3.



AUX PARTICIPANTS AU COLLOQUE INTERNATIONAL


DE LA BIBLIOTHÈQUE VATICANE


Jeudi 23 octobre 1975




51 Monsieur le Cardinal,
Révérends Confrères,
Mesdames, Messieurs,

Nous accueillons aujourd’hui et Nous Saluons avec joie votre assemblée d’érudits et de spécialistes, venus participer au Colloque organisé par la Bibliothèque Vaticane à l’occasion du cinquième centenaire de sa fondation.

Votre présence constitue un hommage rendu à notre Bibliothèque, et il est significatif que vos réunions se tiennent là où notre prédécesseur Sixte IV avait fait aménager son premier siège. Ce cadre sévère et solennel de la première Renaissance permet de mieux comprendre à quelle inspiration obéissaient les Papes humanistes Nicolas V et Sixte IV dans cette fondation. En recueillant avec amour les livres anciens et en les faisant rechercher jusque dans des pays lointains, en assurant leur conservation, en leur permettant d’être accessibles à tous les érudits et en assurant leur diffusion grâce aux scriptores de la Bibliothèque et aux traductions du grec au latin, ils n’avaient pas d’autre but que de sauvegarder et de transmettre aux générations futures les oeuvres qui représentent les témoignages les plus élevés de la pensée et de la civilisation.

Cette préoccupation première a donc un rapport profond avec celles de votre Colloque. N’a-t-il pas pour but de préciser les moyens les plus appropriés que la technique moderne peut offrir pour assurer la conservation et la diffusion des livres anciens? D’une part, il vous faut en effet conserver le dépôt fragile et précieux confié à vos soins; de l’autre, vous cherchez aussi à lui assurer la plus grande diffusion possible pour le mettre au service de tous. Soyez assurés de notre estime et de nos encouragements, dans la certitude que votre oeuvre austère est indispensable encore de nos jours pour permettre l’accès aux sources de la tradition chrétienne et de l’humanisme.

Ce qui Nous semble surtout caractériser l’idéal de la première Renaissance inspirait en effet les Papes humanistes: idéal d’harmonie entre culture sacrée et culture profane, entre théologie et philosophie, entre tradition classique et tradition chrétienne, patristique et médiévale. La décoration donnée au premier siège de la Bibliothèque en témoigne: les portraits des philosophes, Pères et théologiens qui ornent les parois de la Bibliothèque de Sixte IV symbolisent cette heureuse harmonie des différentes formes et différents degrés du savoir. Exemple toujours valable, nécessaire pour notre temps, et qu’il nous appartient de suivre et de continuer.

Puisse-t-il vous guider et vous stimuler dans vos travaux, afin que les Bibliothèques, miroirs d’une culture et d’un temps, continuent d’être avec bonheur le point de rencontre du passé et du présent!



À L’AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE UNIE DU CAMEROUN


PRÈS LE SAINT-SIÈGE*


Vendredi 24 octobre 1975




Monsieur l’Ambassadeur,

En vous remerciant des aimables vous dont vous accompagnez la remise de ces Lettres de créance, nous pensons que cette cérémonie marque un jour mémorable dans l’histoire de votre pays, en même temps qu’elle nous procure une grande joie: c’est la première fois qu’un Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire est envoyé par la République Unie du Cameroun, pour assumer une mission permanente auprès du Saint-Siège.

52 C’est vous dire l’accueil cordial que nous réservons à Votre Excellence et à son message. Par delà votre digne personne, nous sommes heureux de saluer Son Excellence El Harj Ahmadou Ahidjo, Président de la République, dont nous avons apprécié les souhaits, et aussi tout le peuple de votre jeune nation dont nous suivons avec intérêt les efforts et les espoirs.

Les relations diplomatiques qui ont été nouées depuis un certain temps entre le Saint-Siège et le Cameroun et qui entrent maintenant dans une phase plus active font pour but de donner une base plus stable et plus favorable aux rapports d’amitié existant déjà entre eux. De telles relations ne peuvent que faciliter, au sein même de votre pays, l’estime réciproque et la collaboration loyale, fructueuse, entre l’Eglise catholique et ceux qui doivent assurer le bien commun temporel de tous les citoyens et conduire la destinée politique de la nation.

Déjà, avant l’accession du pays à l’indépendance, les évêques avaient encouragé l’évolution vers une prise en charge progressive des affaires publiques par les Camerounais eux-mêmes, dans un climat de liberté et de prosperité, en désirant que soient toujours respectées les grandes lois de l’Evangile. Dans la même ligne, ils manifestent aujourd’hui le souci de voir leurs fidèles intégrer pleinement, dans leur foi originale et dans ses expressions, les valeurs de l’âme africaine. Aussi sommes-nous certain que ces catholiques, unis à leurs frères chrétiens, apporteront toujours davantage un service de choix à leur propre patrie, en travaillant à ce que tous et chacun de leurs compatriotes bénéficient du progrès et de dignes conditions de vie, dans un climat de liberté, de justice et de fraternité. Nous avons apprécié que Votre Excellence rappelle la volonté de tolérance et de générosité de son Gouvernement, dont nous avons par ailleurs reçu récemment un témoignage, que nous sommes loin d’oublier .

Votre pays ne se préoccupe pas seulement de paix intérieure; il veut contribuer, à sa manière, a consolider entre les nations de l’Afrique et du monde une paix qui respecte leur destinée et la volonté de leurs populations, et qui favorise l’oeuvre fondamentale à laquelle tous les hommes devraient aujourd’hui travailler: le développement harmonieux de leurs richesses économiques, de leurs possibilités culturelles, de leur organisation sociale. Nous sommes touché de l’estime et de la bienveillance que vous témoignez en ce domaine à l’action du Saint-Siège. Vous en serez ici, nous l’espérons, l’heureux témoin, aux côtés de collègues venus de tous les horizons: le but poursuivi en ce lieu est d’apporter une contribution désintéressée aux relations pacifiques et au progrès spirituel des peuples.

Nos voix cordiaux vous accompagnent, Monsieur l’Ambassadeur, dans cette mission que vous inaugurez aujourd’hui. Et que le Seigneur vous bénisse avec votre famille! Qu’il assiste les Autorités que vous représentez ici et tout le peuple camerounais, auquel nous redisons notre affectueuse estime!

*AAS 67 (1975), p.656-657.

Insegnamenti di Paolo VI, vol. XIII p.1170-1171.

L’Attività della Santa Sede 1975, p.346-347.

L'Osservatore Romano 25.10.1975, p.1.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.45 p.2.



AVEC LES HANDICAPÉS DE L’ASSOCIATION «FOI ET LUMIÈRE»


Dimanche 26 octobre 1975




Chers amis,

53 Dans cette basilique illuminée, c’est le Christ Jésus qui est notre lumière! «Ce Jésus, vous l’aimez sans l’avoir vu, vous croyez en lui sans le voir encore . . . Approchez-vous de lui» (1Petr. 1, 8; 2, 4).

Ces mots sont de l’Apôtre Saint Pierre, qui a donné sa vie pour Jésus, ici même. Et moi, son humble successeur, je vous les redis pour que votre joie soit complète.

En passant au milieu de vous, je voudrais faire comprendre à chacun de vous Tu es aimé de Dieu, tel que tu es. Il habite ton coeur. Remercie-le. Aie confiance en lui. Vois il te donne place parmi tous les autres chrétiens, dans son Eglise. Avec eux, tu es appelé à former une famille où l’on s’aime comme des frères. Et le Seigneur te réserve une place dans son Paradis, où tout sera lumière et paix, avec tous les saints. En son nom, je te bénis. Et je bénis les parents et les amis que Dieu t’a donnés.

Et merci à vous, chers parents et amis, pour la solidarité, pour la foi, dont vous donnez le témoignage. Que cette étape à Saint-Pierre demeure pour vous un souvenir lumineux, qui vous aide à porter les jours plus sombres, plus éprouvants, plus solitaires de votre existence. Et que ma Bénédiction Apostolique vous fortifie!

A voi carissimi , diciamo il nostro affetto profondo: vi siamo vicini con la preghiera e col pensiero costante, affinché sappiate che Gesù stesso è con voi, a confortarvi, a darvi speranza e luce per l’avvenire, a rendervi membra vive della Chiesa, che voi impreziosite con la vostra bontà e con la vostra sofferenza. Grazie, vi diciamo, a nome di Gesù: e nel suo Nome vi benediciamo, augurando a voi, ai vostri genitori e amici, la gioia e la pace di Dio!

It is in the name of Christ, beloved sons and daughters, that we come to you this afternoon: to bring you his blessing, the assurance of his love, and to proclaim your human and Christian dignity. And be convinced always that where there is suffering there is Christ. His love is with you always.

Queridos harmanos: Sea Cristo la luz de vuestro camino y os conforte en la dificultad la esperanza del premio que El promete a sus fieles.




Discours 1975 47