Messages 1976

MESSAGE DE NOËL DE PAUL VI





Hommes frères !



« Le Verbe de Dieu s’est fait homme, et il a habité parmi nous ! » (Jn 1,14).

Tel est l’événement que nous rappelons aujourd’hui, car il est vraiment splendidement historique, et que nous célébrons toujours car il atteint profondément le destin de l’humanité entière. Et au milieu de tous, nous voici nous-même, humble et rempli de joie, et aussi tous ceux qui, de la pénombre d’une civilisation inquiète, magnifique et enchanteresse certes, mais trop souvent oublieuse de sa vocation transcendante et irrévocable, lèvent les yeux vers la lueur rayonnante de notre Frère, apparu fort loin dans le temps mais si proche par sa présence permanente (cf. Mt Mt 28,20), qui s’est défini lui-même, et qui est, la lumière du monde (Jn 8,12 Jn 12,46), le Christ Seigneur.

Oui, car c’est cela, Noël. Mais Noël ne nous dévoile pas encore tout son adorable mystère en cette place publique, tumultueuse qu’est le monde et qui essaie, dans son obscurité, de nous révéler à nous-mêmes Noël est la fête de l’humanité justement parce que le Christ Jésus, homme lui-même (1Tm 2,5), est venu parmi nous, lui le rédempteur, le frère, le maître, le pasteur, le juge, celui qui détient les clefs de notre destin suprême (Ap 3,7), il est venu pour nous sauver.

Nous allons à sa rencontre, en chantant sa gloire, nous rappelant que sa gloire, comme le dit une célèbre parole de saint Irénée se rapportant à Dieu « c’est l’homme vivant » (Contra haeres. IV, 7 ; ).

L’humanisme chrétien commence ainsi avec la naissance du Fils de Dieu qui s’est fait Fils de l’homme (cf. st augustin, Serm., 184 ; PL 38, 998). En saluant la naissance du nouveau premier né du genre humain (cf. Col Col 1,15 Rm 8,29 etc. ), acclamons ensemble l’humanité qui dans le Christ trouve son Chef.

Frères, honorons dans la naissance du Christ la vie naissante de l’homme ! C’est une créature de Dieu, faite à son image et à sa ressemblance (Gn 1,26), conçue dans l’amour qui fait de deux êtres, l’homme et la femme, une seule vie (Mc 10,8), engendrée, non sans souffrances maternelle, certes, mais ensuite pour la joie du monde (cf. Jn Jn 16,21).

Honorons l’enfance, créature elle aussi de Dieu, joie de la société, appelée à la mystérieuse renaissance du baptême en gage de la vie qui ne mourra pas.

Honorons la femme, égale à l’homme en dignité, appelée à la splendeur de la virginité consacrée et à l’amour privilégié qu’elle manifeste, ou plus souvent à l’amour, très saint également, de la vie conjugale et au ministère incomparable de la maternité.

Honorons l’enfant, dont le jeune Jésus est frère, lui « qui grandissait en sagesse, en âge et en grâce devant Dieu et devant les hommes » (Lc 2,51).

Honorons l’homme, dans la plénitude de sa maturité, qui trouve en Jésus l’exemple type du travail de vie fraternelle en société, de la sagesse qui sait voir au-delà de l’horizon des sens et des événements.

Honorons-le dans sa faiblesse, qui a suscité chez le Christ l’aide de sa pitié humaine, de sa guérison miraculeuse et qui est devenue, grâce à lui, susceptible de mérite, ce en quoi elle est assimilée au Crucifié et se trouve valorisée.

Honorons l’humanité déchue et pécheresse, pour laquelle le Christ, dans son amour régénérateur, manifesta sa préférence — quasi inconcevable pour nous — et à laquelle il réserva une réhabilitation admirable.

Honorons aussi l’homme, quel qu’il soit, dans lequel se reflète la ressemblance de l’image divine du Christ, là où se fait davantage sentir le besoin de réconfort et d’aide (Mt 25).

Honorons encore l’homme qui progresse dans la conquête de la terre et de l’univers ; à tout cela aussi Dieu l’a destiné (Gn 1,28-29).

Et honorons finalement la vie de ceux qui sont morts dans la justice de Dieu et auxquels le Christ garantit sa paix et sa prodigieuse résurrection.

Voilà notre humanisme, celui de notre vie promise à sa plénitude, à son bonheur final : un jour, elle vaincra la mort, elle est destinée à faire corps mystiquement avec le Christ dans une réalité qui surpasse toute attente (1Co 2,9).

Ce n’est plus l’humanisme merveilleux des siècles passés, idéal de tous ceux qui l’ont rêvé et exprimé en voulant faire revivre un classicisme dépassé.

Ce n’est même pas celui qui s’impose à tant d’esprits modernes, enivrés per l’illusion de pouvoir engendrer un humanisme à partir seulement du progrès scientifique et de l’évolution sociale ; on oublie alors deux choses sur lesquelles pourtant l’expérience nous invite à réfléchir : l’insuffisance innée de l’homme à être par lui-même parfait, et la soif inextinguible qui le destine à trouver en Dieu le complément infini dont il a radicalement besoin (cf. saint augustin, Conf. 1).

Redisons notre bravo et nos voeux à l’humanité, parce qu’aujourd’hui un Sauveur lui est né, qui est le Christ Seigneur (cf. Lc Lc 2,11).

En son nom, nous allons vous donner maintenant, une cordiale Bénédiction, que nous accompagnons de nos voeux.







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