Discours 1977 70


À LA DÉLÉGATION DU PATRIARCAT OECUMÉNIQUE

Lundi 27 juin 1977




Chers Frères dans le Christ,

71 Soyez les bienvenus chez nous en ces jours où l’Eglise de Rome célèbre les apôtres qui l’ont fondée. Votre visite nous honore et témoigne de la réalité de notre active recherche de la pleine unité, en même temps qu’elle nous permet de constater les progrès que le Seigneur nous donne de réaliser. Nous vous remercions de tout coeur, chers frères, d’avoir voulu participer ces jours-ci à notre prière.

Il y a treize ans, Nous avions la grâce de nous rendre en pèlerin aux Lieux Saints où se sont réunis les premiers conciles oecuméniques; puis voici dix ans, Nous rendions visite à votre sainte Eglise et Nous rencontrions pour la seconde fois notre vénérable Frère, le Patriarche Athénagoras. Quels souvenirs!

Durant ces dernières années, les rapports entre nos Eglises se sont approfondis et multipliés, de sorte que nous avons maintenant, deux fois par an, un échange de délégations qui permet une féconde information réciproque, indispensable à l’harmonisation de nos efforts dans la marche vers la pleine communion retrouvée. Nous rendons grâce au Seigneur qui dirige son Eglise dans cette voie.

Nous sommes heureux de savoir que la Commission inter-orthodoxe chargée de préparer le dialogue théologique avec l’Eglise catholique a tenu sa première réunion de travail. Que le Seigneur nous donne force et lumière et fasse de nous des artisans de paix et d’unité, afin qu’ensemble nous puissions mieux proclamer son Evangile de réconciliation et de salut, dont le monde d’aujourd’hui a tant besoin au milieu de ses tensions et de ses inquiétudes!

Nous vous remercions, chers Frères, de votre présence, signe de communion et d’espérance. Nous vous prions de porter notre message de charité fraternelle au vénérable Patriarche Dimitrios et à son Eglise.


2 juillet



VIGILANCE ET COURAGE DANS LA MISSION ÉPISCOPALE



Le 2 juillet, le Saint-Père a reçu en audience les Archevêques et Evêques de la Conférence Episcopale de la Région ecclésiastique d’Emilie-Romagne venus au Vatican pour la visite « ad limina » canonique.

Etaient présents, sous la conduite de Son Eminence le Cardinal Antonio Poma, Archevêque de Bologne et Président de la Conférence Episcopale Italienne, les Archevêques de Modène, de Ferrare et de Ravenne ; les Evêques de Cesena, de Reggio Emilia et Guastalla, de Modigliano et Faenza, d’Imola, de Plaisance, de Parme, de Carpi, de Forli et Bertinoro et de Fidenza, plusieurs Auxiliaires ainsi que l’ancien Evêque de Cesena.

A l’adresse d’hommage de Son Eminence le Cardinal Poma le Saint-Père a répondu par un discours dont voici notre traduction :



Notre affectueux et cordial salut à vous, Monsieur le Cardinal, et à vous tous, Archevêques et Evêques de l’Emilie-Romagne. Nous désirons vous exprimer en toute sincérité nos sentiments de compréhension, de satisfaction et de participation, c’est-à-dire notre communion intense avec vos sollicitudes et anxiétés pastorales; vous dire également notre joie pour cette visite « ad limina » par laquelle vous avez voulu rencontrer le Successeur de Pierre pour être confirmés (cf. Lc Lc 22,32) dans cette foi qui opère par la chanté (cf. Ga Ga 5,6).

Nous avons lu avec attention et intérêt le rapport que vous nous avez fait parvenir en préparation à cet entretien fraternel : nous désirons vous dire que, malgré les difficultés objectives au milieu desquelles l’Eglise doit agir dans vos régions, la vue d’ensemble est très consolante ; l’analyse que vous avez faite des conditions religieuses, historiques, socio-culturelles nous semble vraiment complète et exhaustive. Nous voulons vous encourager et vous louer pour cette capacité éclairée et sensible de lire dans les signes des temps si complexes, afin d’adapter aux situations particulières les différentes méthodes d’évangélisation et de témoignage chrétien.

72 Et maintenant, nous aimerions soumettre à votre attention quelques observations, plus psychologiques que pratiques, celles qu’il nous est possible de présenter au cours de ce bref échange d’idées.

La Région pastorale « Aemiliana-Framinia » a eu, ces dernières années, l’édifiante joie de voir ses pasteurs fraternellement unis : il faut donc poursuivre sur cette voie et valoriser, souligner, accroître cette union entre vous, les Evêques: union dans la charité (cf. Ac
Ac 4,32), dans la prière (cf. Ac Ac 1,14), dans les rencontres fréquentes, dans les initiatives qui peuvent venir non seulement d’une communauté diocésaine seule, mais également de toutes les Eglises locales soeurs. Comme le dit le Concile Vatican II « Successeurs légitimes des Apôtres, et membres du Collège Episcopal, les Evêques doivent se savoir toujours unis entre eux et se montrer soucieux de toutes les Eglises ; en vertu de l’institution divine et des devoirs de sa charge, chacun d’eux en effet est responsable de l’Eglise avec les autres Evêques » (Christus Dominus, CD 6).

De quel esprit devez-vous être animés ? De celui qu’exigent les situations difficiles, intoxiquées, où l’adversaire est nombreux, puissant, actif. Mais « nolite temere » (cf. Lc Lc 12,32) ; il s’agit d’un terrain disputé pouce par pouce ; c’est une lutte avec ses hauts et ses bas, et ses difficultés incessantes. Il importe de se rappeler l’avertissement pressant et réitéré de Jésus : « Veillez ! » (cf. Mt Mt 24,42 Mt 25,13 Mt 26,38 Mc 14,34 Mc 14,38 Lc 21,36). Que chacun de vous accueille, comme adressées à lui-même, les paternelles recommandations de Saint Paul à son cher disciple Timothée : « Pour toi, sois prudent en tout, supporte l’épreuve, fais oeuvre de prédicateur de l’Evangile, acquitte-toi à la perfection de ton ministère » (2Tm 4,5), avec une force d’âme sans limite et une confiance intense dans l’oeuvre secrète et puissante de l’Esprit-Saint, c’est-à-dire avec le sens psychologique qui caractérise l’évangélisateur conscient de ce qu’il faut souvent recommencer da capo et maintenir des rapports loyaux, amicaux, spécialement avec les petits, les familles et avec ceux qui souffrent...

Après avoir mis l’accent sur l’esprit qui doit animer votre activité de Pasteurs, nous voudrions aussi vous dire quelques mots au sujet de la méthode, des méthodes. Lesquelles ? pourriez-vous demander. Nous avons traité explicitement et abondamment cette délicate et complexe question dans notre Exhortation Apostolique Evangelii Nuntiandi du 8 décembre 1975 (cf. les nn. 40 à 48). Il y a des méthodes traditionnelles, expérimentées parfois pendant des siècles et qui continuent à prouver aujourd’hui encore leur actualité et leur valeur ; il y a aussi, et il peut y avoir des méthodes nouvelles, adaptées aux conditions culturelles transformées : les méthodes les plus valides et efficaces, à côté de celles prescrites, peuvent être celles inspirées par l’imagination, parfois par le calcul des risques ; il y a tout spécialement celles de la charité inventive ; celle de la Liturgie, réalisée parfaitement selon l’esprit et selon la lettre des sages lois de l’Eglise, une Liturgie qui a donné, ces dernières années, tant de fruits consolants, également dans vos diocèses, après la réforme voulue et établie par le Concile Vatican II ; celles des soins pastoraux et des contacts personnels avec les âmes dans le dialogue, dans la direction spirituelle, dans le Sacrement de la Réconciliation.

Nous ne voudrions pas conclure cette rencontre avec vous sans offrir encore à votre réflexion attentive quelques considérations intéressant les problèmes vitaux actuellement les plus importants de la vie ecclésiale dans vos Régions.

Avant tout, le Clergé. Inlassablement, nous avons répété aux Evêques qui sont venus nous voir en cette période à l’occasion de leur visite « ad limina » : « Aimez vos prêtres ! Soyez pour eux un père, un frère, un ami ! ». « Les Evêques, recommande encore le Concile, entoureront les prêtres d’une charité particulière, puisqu’ils assument pour une part leurs charges et leurs soucis et qu’ils s’y consacrent chaque jour avec tant de zèle ; il leur faut les traiter comme des fils et des amis, être prêts à les écouter, entretenir avec eux des relations confiantes et promouvoir ainsi la pastorale d’ensemble du diocèse tout entier » (Décret Christus Dominus, CD 16).

En outre, cultivez avec un souci constant les vocations et consacrez vos soins les plus dévoués aux Séminaires ; sachez insérer et impliquer dans la pastorale globale, tout en respectant leurs fins spécifiques les Religieux, riches d’une expérience séculaire, et les Religieuses, toujours si délicatement et généreusement disponibles là où se font pressants les besoins de l’Eglise locale ; aidez-les, afin qu’eux également participent à « la lutte pour l’Evangile » (Ph 4,3).

Et que ne feriez-vous pas, dans votre sollicitude pastorale, en faveur des familles pour qu’en elles se maintiennent le sens religieux, l’amour authentique, l’esprit de solidarité à l’égard d’autrui, spécialement pour ceux qui souffrent, et pour que la famille devienne un centre de rayonnement évangélisateur et de formation chrétienne ?

Aux jeunes, travailleurs et étudiants, à la recherche aujourd’hui non seulement d’une situation, mais de certitudes qui puissent donner à la vie une orientation offrant toute sécurité, présentez le message chrétien dans son exaltante et exigeante réalité. La générosité innée des jeunes qui ne supportent pas les demi-mesures ne pourra que leur faire ressentir la valeur transcendante de la personne de Jésus qu’il faut annoncer toujours et par tous les moyens.

À cet effet, une importance capitale doit être accordée à une opportune utilisation des moyens de communication sociale ; ils sont capables d’orienter les masses et parfois même de les conditionner.

Mais par-dessus tout, c’est la charité qui doit triompher (cf. Col Col 3,14). C’est avec la plus vive satisfaction que nous avons appris comment, dans vos diocèses, la « Caritas » est devenue un véritable centre de promotion de nouvelles initiatives en faveur des pauvres, et combien se multiplient les « Case della Carità ».

73 Vos Eglises particulières envoient des missionnaires, prêtres et laïcs, en Afrique et en Amérique latine. Nous ne pouvons qu’encourager ce geste d’amour généreux envers l’Eglise universelle.

A chacun de vous en particulier nous désirons, avant de conclure, exprimer notre estime et nos encouragements afin que vous puissiez, jour après jour, supporter sereinement le poids du ministère épiscopal, et être comblé de joie, comme le dit Saint Pierre, « bien qu’il faille encore quelque temps être affligés par diverses épreuves, afin que la valeur de votre foi, bien plus précieuse que l’or... devienne un sujet de louange, de gloire et d’honneur, lors de la Révélation de Jésus Christ » (
1P 6 et ss.).

Avec notre Bénédiction Apostolique.


À L’AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE FÉDÉRATIVE DU BRÉSIL PRÈS LE SAINT-SIÈGE*

Lundi 4 juillet 1977

Monsieur l’Ambassadeur,


Nous sommes heureux d’accueillir ici Votre Excellence comme nouvel Ambassadeur de la République Fédérative du Brésil: vous représentez auprès du Saint-Siège une grande Nation, capable d’un essor prodigieux; vous appartenez à un peuple aux qualités humaines très attachantes, familier de la foi catholique; et vous-même venez d’évoquer des idéaux humains qui suscitent notre sympathie.

Nous vous remercions des nobles paroles avec lesquelles vous inaugurez votre mission, et des sentiments dont vous vous êtes fait l’interprète de la part de Son Excellence le Président Ernesto Geisel. Nous vous confions le soin de lui exprimer les voeux fervents que Nous formons pour la Nation brésilienne, dont il conduit le destin.

Qui ne souscrirait de grand coeur au souci de construire dans votre pays, comme vous le dites, une société juste, libre et prospère, dans un climat de paix et de respect? C’est là une tâche exaltante, qui requiert la participation et la confiance de toutes les catégories du peuple, au bien duquel elle est ordonnée, non seulement à l’avenir, mais dans le présent. C’est une tâche immense, car elle doit tenir compte en priorité de tous ceux dont les conditions de vie sont les plus précaires, pour qui le pain quotidien, l’emploi, la dignité, la responsabilité sont les éléments indispensables du développement que Nous appelions de nos voeux voici juste dix ans, dans notre encyclique «Populorum Progressio». C’est une tâche, en un sens, redoutable, car elle doit éviter que la recherche de l’efficacité ou la préoccupation d’assurer l’ordre public nécessaire, ne dévient dans des situations d’arbitraire ou de violation des droits imprescriptibles de la personne humaine. Pour une telle oeuvre, Nous prions le Seigneur d’assister et de guider la conscience de tous ceux qui assument de lourdes charges au service de leurs compatriotes.

L’Eglise, pour sa part, encourage tous ses fils à contribuer solidairement à ce progrès matériel, social, moral et spirituel, persuadée que les valeurs évangéliques dont elle se fait le témoin actif constituent les conditions les plus profondes d’un développement harmonieux et intégral. A l’instar du Christ, elle ne peut s’empêcher d’avoir un souci privilégié du pauvre et du faible; elle sait aussi la valeur du pardon, de la réconciliation, de la paix. Elle croit possible une civilisation de l’amour, et elle voit l’enjeu que représente, pour l’Amérique latine et pour le monde, la réalisation de cette civilisation originale que permettent les traditions chrétiennes de votre pays et qui sera à l’honneur du Brésil. Dans cette oeuvre de promotion humaine et d’évangélisation, l’Eglise ne peut manquer d’attribuer une importance particulière à la sauvegarde de l’institution familiale, en conformité avec les principes chrétiens. Le Saint-Siège est aux côtés des Evêques brésiliens dans leur souci et leur devoir de servir, de façon généreuse et efficace, l’Eglise et leur pays.

C’est dans ces sentiments chaleureux que Nous implorons les Bénédictions de Dieu sur vos chers compatriotes, en vous souhaitant à vous-même, Monsieur l’Ambassadeur, une heureuse et féconde mission auprès du Saint-Siège.

*AAS 69 (1977), p.542-543;

74 Insegnamenti di Paolo VI, vol. XV p.688-689;

OR 5.7.1977, p.1;

L’Attività della Santa Sede 1977, p.211-212;

ORf n.28 p.4,

La Documentation catholique n.1725 p.703-704.


5 septembre



PROMOUVOIR UNE FOI PLUS PURE, PLUS PROFONDE, PLUS INTENSE



Eveques de l’Ombrie, des Abruzzes et Molise

Le Saint-Père, a reçu le 5 Septembre à Castel Gandolfo, sa Résidence d’été, les Archevêques et Evêques des Conférences Episcopales de l’Ombrie et des Abruzzes et Molise, accomplissant leur visite « ad limina ». Etaient présents, autour des Présidents des deux Conférences Episcopales, Mgr Cesare Paganini, Eve que de Città de Castello et de Gubbio et Mgr Vincenzo Fagiolo, Archevêque de Chieti et Vasto, les Archevêques de Spolète, de Pérouse, de Boiano et Campo Basso, de L’Aquila, de Lanciano ainsi que les Evêques de Foligno, d’Orvieto, de Terni, d’Assise, de Vola, de Teramo, de Penne-Pescara, d’Isernia, de Termoli et des Marsi.

A l’adresse d’hommage de Mgr Fagiolo, le Saint-Père a répondu par un discours dont voici la traduction :



Vénérables Confrères de l’Ombrie des Abruzzes et Molise,



C’est avec une joie très vive que nous vous accueillons aujourd’hui pour votre visite « ad limina » qui nous permet de nous entretenir familièrement ensemble afin de mieux nous connaître, de nous encourager mutuellement, de réaliser avec un nouvel élan le charisme de gouverner l’Eglise de Dieu que nous a confié l’Esprit Saint (cf. Ac Ac 20,28).

75 Approfondissant le lien de communion qui unit chacun de vous au Successeur de Pierre « principe visible et fondement de l’unité soit des Evêques, soit de la multitude des fidèles » (Lumen Gentium, LG 23), que cette rencontre soit vraiment pour nous tous ici présents un moment de grâce unifiante et fortifiante !

Nous avons examiné avec grand intérêt et attention les rapports que vous nous avez transmis afin de préparer le fraternel colloque de ce jour. Le tableau que vous nous avez présenté des conditions religieuses, sociales et culturelles de vos régions nous semble complet et exhaustif. C’est avec plaisir que nous vous manifestons notre plus sincère satisfaction au sujet de votre capacité de lire les signes des temps si complexes, et plus encore pour l’effort que, louablement, vous exercez pour répondre par de sages initiatives aux problèmes urgents du moment.

Si l’évident phénomène de l’évolution sociale qui, ces derniers temps, a marqué et continue à marquer profondément les moeurs et la mentalité de vos populations, ne peut manquer de nous rendre soucieux, il est toutefois indéniable que votre action pastorale peut compter sur un très riche patrimoine de traditions religieuses et civiles qui restent bien enracinées dans l’âme populaire.

Il est superflu de vous répéter qu’il est absolument nécessaire de protéger cet héritage spirituel et de réagir de manière décidée contre certaine mentalité laïcisante et désacralisante qui risque d’appauvrir et de dissiper ces valeurs. Il est facile de supprimer, et très difficile de substituer, si l’on veut vraiment, non pas une substitution quelconque, mais une substitution qui ait une authentique valeur.

Naturellement la fidélité à ses propres traditions, et leur respect, ne signifie nullement immobilisme. Etant une réalité vivante, cette valeur doit être utilisée et considérée comme une puissante force inspiratrice et comme un important et responsable engagement en vue d’ultérieurs accroissements et d’un progrès continu.

Du reste, l’Evangile est nouveauté de vie (Rm 7,6), il est ferment qui vivifie (cf. Mt Mt 13,33), comme nous le savons tous parfaitement. Aussi, vous comprendrez combien nous apprécions les efforts que vous faites en vue d’un salutaire aggiornamento sur le plan de l’action pastorale afin de promouvoir dans vos diocèses une foi plus profonde, plus pure, plus intense dans toutes ses dimensions, individuelles et sociales.

Et nous louons et encourageons d’autant plus volontiers ces efforts que les conditions spirituelles et sociales de vos régions ne sont pas exemptes de dangers. Comme vous nous en avez fait part vous-mêmes, des besoins nouveaux et quasi imprévus se manifestent dans les secteurs de la vie et réclament d’urgence des satisfactions appropriées. Tout autant que vous, nous nous réjouissons du bien que vous accomplissez, nous suivons vos peines d’une âme trépidante, nous souffrons avec vous, nous espérons et prions avec vous.

Il est certain que nous ne pouvons, en ce moment, passer en revue tous les aspects de la situation actuelle que vous nous avez signalés ; mais comment pourrions-nous négliger de nous pencher, pour notre réconfort commun et notre mutuelle exhortation, au moins sur quelques-uns des points les plus importants ?

Et en premier lieu sur vos relations avec votre clergé. Si, conformément à l’heureuse expression de Saint Ambroise, l’Evêque est le Vicarius amoris Cbristi, il faut qu’il le soit surtout avec ses prêtres. « Que l’Evêque — avertit le Concile Vatican II — considère ses prêtres comme ses fils et ses amis, comme le Christ qui n’appelle plus ses disciples ses serviteurs, mais ses amis » (Lumen Gentium, LG 28). Il semble aujourd’hui plus nécessaire que jamais que le Pasteur se tienne spirituellement et matériellement très proche de ses prêtres, spécialement des plus jeunes, qu’il s’intéresse à eux, les connaisse, les aime et les assiste dans leurs difficultés. Un des dangers les plus graves est, en effet, leur isolement, la solitude, la perte de contact avec leurs propres supérieurs. Tâchez donc d’établir et de développer une communion de plus en plus étroite avec votre clergé et de veiller à ne pas la maintenir sur le seul plan des rapports juridiques et disciplinaires ; si cette communion comporte également une union filiale d’esprit et de coeur, vous pouvez être assuré d’une collaboration également plus étroite sur le plan apostolique diocésain et à de plus abondants résultats consolants pour tous.

Un autre point important que nous désirons vous recommander est l’assistance pastorale des travailleurs afin de leur donner une formation religieuse, morale et sociale : intéressez-vous à eux-mêmes, à leurs problèmes, à leurs difficultés, à leurs légitimes aspirations. En vue de cette action pastorale dans le monde du travail, efforcez-vous d’obtenir la collaboration de laïcs bien préparés, qui apportent à l’action sociale le témoignage chrétien auquel les habilite et les consacre la grâce du Baptême et de la Confirmation. Des soins assidus et tout particuliers devront ensuite être réservés aux jeunes dès le tout premier moment de leur entrée dans les milieux actifs. Il faut qu’à un moment si délicat, le jeune soit en mesure de prendre conscience de sa responsabilité d’être un témoin de sa propre foi. Vénérés Confrères, il faut agir en pensant au lendemain, et les jeunes formés chrétiennement sont, pour l’avenir, le tissu conjonctif le plus consistant, celui dont dépend la santé et l’ordre, non seulement du monde du travail, mais également de la famille et de la société tout entière.

Nous avons déjà souligné l’importance des traditions dans la vie religieuse de vos populations. Mais cela ne suffit pas. Il faut lui donner un contenu plus solide grâce à une éducation adéquate, et en purifiant et restaurant certaines expressions de culte trop souvent purement et exclusivement extérieures. La réforme liturgique offre une magnifique occasion pour rappeler vos populations à une vie sacramentelle, à une prière plus intense et à une écoute plus profitable de la Parole de Dieu. Sans ce travail d’éducation et de redressement intérieur et extérieur, il n’y a pas d’espoir que la vie religieuse puisse s’épanouir largement au milieu des moeurs modernes transformées. A ce propos, nous nous permettons d’attirer votre attention pastorale sur la nécessité d’apporter les plus grands soins à une digne sanctification des jours de fête, ainsi que sur le phénomène toujours plus étendu du tourisme et de la mobilité des populations ces jours-là; il en découle le devoir d’y pourvoir dans les localités où se constate un plus nombreux concours de fidèles. A cet effet il semble nécessaire que des mesures opportunes soient prises d’un commun accord tant sur le plan diocésain que sur le plan régional.

76 Il y a enfin le problème de la presse catholique, si importante pour la diffusion des principes chrétiens et pour la défense des intérêts catholiques, et si opportune pour la formation d’une opinion publique saine et favorable à toute bonne cause ; mais également nécessiteuse d’unité, de soutien, de vigueur, de diffusion, spécialement lorsqu’il s’agit du quotidien catholique : c’est là, un problème qui nous préoccupe énormément et qui doit trouver en vous, Evêques, un soutien que nous espérons de plus en plus effectif et déterminant ; nous faisons confiance à votre bonne volonté, à votre énergie, à vos capacités d’organisation dans le cadre de vos diocèses.

Vénérables Confrères ! Toutes ces questions auxquelles nous avons cru utile de toucher ensemble, de même que toutes les autres questions importantes qui demeurent ouvertes et vous demandent à tous une vigilance incessante et une concordante unité d’action, nous font ressentir combien est lourde et harassante la charge qui pèse sur vos épaules et sur les nôtres. Mais gardez confiance ! Le Christ est avec nous, Lui qui nous a choisis pour être ses amis et les dépositaires de sa mission de pasteur, de prêtre, de prophète. Il nous aidera à accomplir notre devoir quotidien : « Fax vobis ; Ego sum nolite timere » (
Lc 24,36).

C’est cette invitation à la confiance que nous voudrions vous laisser comme souvenir de cette rencontre et comme gage de l’estime et de l’affection que nous avons pour vous tous. Que la Bénédiction apostolique que nous vous donnons maintenant soit l’écho et le reflet des Bénédictions de Dieu, qu’elle vous accompagne chaque jour, vous et vos troupeaux, vous apportant toute consolation et toute joie.





AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DES NATIONS UNIES*


Samedi 9 juillet 1977




Monsieur le Secrétaire Général,

Vous êtes le bienvenu dans cette Maison, avec tous ceux qui vous accompagnent. Nous sommes toujours heureux de vous y recevoir: Nous désirons écouter la voix du Représentant autorisé de l’Organisation des Nations Unies; Nous aimons être le témoin des efforts de cette Organisation et recueillir le fruit de votre expérience quotidienne, c’est-à-dire l’écho des préoccupations des Gouvernements et des peuples, de leurs espoirs et aussi des obstacles relatifs à la paix. Il Nous semble également important de vous faire part de notre pensée au sujet des problèmes dont les catholiques, et le Saint-Siège en particulier, sont plus vivement conscients, et de vous assurer de nos efforts, pour appuyer l’oeuvre humaine de justice, de paix et de développement qui demeure l’idéal de l’ONU.

Nous n’avons cessé de manifester notre estime et notre confiance pour la voie ouverte par cette Organisation, dans un esprit de libre négociation et collaboration entre tous les peuples. Oh, certes, Nous n’ignorons pas les limites, d’ordre institutionnel ou pratique, qui réduisent ses possibilités d’intervention efficace, dans des situations difficiles. Nous voudrions aussi que les résolutions prises par les délégués des Etats au siège de l’Organisation soient toujours déterminées par le bien objectif de tous, et surtout des populations les plus affectées par la misère, la faim, l’injustice ou les mauvais traitements, et non pas par des perspectives égoïstes ou nationalistes, ou par les seuls intérêts économiques. C’est supposer une volonté politique des Etats, impartiale et clairvoyante, fermement résolue à prévenir les conflits ou à leur trouver des solutions raisonnables, et à mettre en oeuvre, efficacement, ce qui est exigé par les droits de l’homme et la solidarité. N’est-ce pas cette volonté qui devrait-être partagée par tous?

Mais tout ceci ne fait que souligner davantage le rôle bienfaisant et irremplaçable qui revient à l’Organisation des Nations Unies et à ses institutions spécialisées. Il Nous plaît de rendre hommage à la façon dont vous-même vous acquittez de votre tâche, lourde et délicate, de Secrétaire général, pour laquelle la confiance vous a été récemment renouvelée.

Nous savons la patience dont vous faites preuve, la multiplicité et la ténacité de vos efforts de médiation, selon le mandat reçu et dans toute la mesure qui vous est consentie, pour dénouer l’écheveau serré de la violence ou de la méfiance, ou pour faire prévaloir le sens humanitaire, en de nombreux points chauds de notre globe. Nous suivons aussi avec intérêt la préparation de la session extraordinaire de l’Assemblée générale de l’ONU sur le désarmement, pour rendre celui-ci plus effectif, dans le cadre global des efforts déjà entrepris dans le même but. Nous formons des voeux pour que les possibilités d’action de l’Organisation soient encore améliorées, grâce à des mécanismes juridiques plus aptes à réaliser efficacement, dans le respect légitime de la souveraineté des peuples, ce que requiert le bien commun universel. Nous désirons surtout que l’ONU soit par excellence l’expression et le rempart de ces droits humains qu’elle a si solennellement proclamés voici bientôt trente ans.

Il y faudrait un surcroît de conscience pour faire de ces droits le critère d’une civilisation vraiment humaine et pour réaliser vraiment, sans exclusive d’aucune race et d’aucun peuple, la solidarité qui s’impose entre frères, tous créés à l’image de Dieu. Là-dessus vous savez les efforts et les intentions des chrétiens cohérents avec leur foi: L’Eglise veut s’employer sans trêve à affiner les consciences et à ouvrir les coeurs. Et cette oeuvre est inséparable de la prière que Nous faisons monter vers Dieu pour obtenir son Esprit, sans lequel les hommes ne sauraient parvenir à se réconcilier et à vivre ensemble, dans le respect et l’amour.

Nous aimons vous redire ainsi, Monsieur le Secrétaire général, notre estime et nos encouragements, nos voeux et nos espoirs. Et Nous prions le Seigneur de vous bénir, vous et ceux qui coopèrent avec vous.

77 *AAS 69 (1977), p.544-546;

Insegnamenti di Paolo VI, vol. XV, p.699-701;

L’Osservatore Romano, 10.7.1977, p.1;

ORf n.28 p.5;

La Documentation catholique, n.1725 p.701.




7 septembre



LA RÉALITÉ D’UNE FOI VIVANTE



Evêques du Pays de Galles

Le mercredi 7 septembre le Saint Père a reçu en audience les Evêques du pays de Galles venus à Castel Gandolfo pour accomplir la visite canonique « ad limina ». Ont participé à la rencontre avec Mgr John Murphy, Archevêque de Cardiff, l’Evêque de Menevia et l’Evêque Auxiliaire de Cardiff.

Paul VI a adressé à ses visiteurs un discours en langue anglaise. En voici la traduction :



Vénérables Frères,



C’est pour nous un réel plaisir de vous recevoir ici aujourd’hui à l’occasion de votre visite ad limina Apostolorumn, Vous qui venez de l’Eglise du pays de Galles. Nous vous saluons comme Pasteurs chargés par l’Esprit-Saint de la tâche de paître le troupeau dans une région qui a connu une grande croissance en vie catholique, bien que la présence catholique soit encore peu nombreuse.

78 Cette région que vous représentez a une longue et vénérable histoire chrétienne : celle-ci remonte au deuxième siècle comme nous l’apprennent Tertullien et Origène. Et combien de noms illustres ornent les pages de l’ancienne histoire ecclésiale des Galles : en plus de la très florissante vie monastique de cette époque nous citons Saint David, Patron des Galles, Saint Asaph, Saint Teilo et nous devons y ajouter toutes ces saintes personnes, hommes et femmes, que nous connaissons maintenant par les noms de lieu commémorant d’anciennes églises qui leur furent dédiées. Et, en Galles, la foi chrétienne a brûlé avec la même ardeur en d’autres époques très troublées. Et la fidélité au Saint Siège trouve un témoignage rendu entre autres, par Saint Richard Gwyn et Saint David Lewis qui firent partie du groupe des 14 Martyrs anglais que nous avons canonisés il y a six ans.

La présence des Galles à Rome n’a rien de transitoire : de nombreux prêtres ont été éduqués en cette ville en vue de leur service dans les Galles ; cette éducation, ils l’ont reçue au Collège Anglais et Gallois, une institution aux relations ininterrompues depuis cinq siècles entre la Principauté des Galles et le Siège Romain.

Nous sommes heureux de savoir combien grande est actuellement la vitalité de l’Eglise dans votre région : les confiantes relations entre le clergé et les fidèles ; les progrès de l’éducation catholique ; le récent accroissement des vocations au sacerdoce, le développement des groupes de prière. Tout ceci démontre à l’évidence la réalité d’une foi vivante.

De plus, il nous est très agréable de savoir que l’un des fruits du Concile Vatican II a été l’introduction dans la liturgie de la très ancienne et noble langue galloise, et nous exprimons l’espoir que cet usage s’étende, avec sagesse, le plus loin possible.

Le pays de Galles est réputé pour le chant. Puissent les coeurs de tous ceux que vous servez se remplir toujours d’hymnes qui soient des prières à Dieu ; puissent les catholiques des Galles donner l’exemple d’une vie droite, d’une foi fervente, d’une espérance ardente. Puissent les vertes vallées de votre beau pays s’illuminer toujours plus de l’éclat de la vie de ses habitants.

De même que nous exprimons à tous nos bien-aimés fils et filles du pays de Galles, l’assurance qu’ils ont une place toute spéciale dans nos prières, nous vous donnons, à eux et à vous, Vénérables Frères, cordialement, notre Bénédiction Apostolique.






13 septembre




Discours 1977 70