Discours 1977 120

120 L’avenir est dans les mains de Dieu ; mais il dépend aussi de la conscience et de l’activité intense des hommes. Nous espérons fermement que la foule immense et silencieuse des hommes droits, sains et consciencieux du monde entier, saura avancer, sans délais et sans peur, dans son oeuvre de construction pacifique de la société humaine.

L’Eglise et le monde





A l’occasion de cette rencontre de Noël, Nous avons l’habitude de tourner nos regards non seulement vers les problèmes de la vie interne de l’Eglise, mais aussi vers ses rapports avec le monde dans lequel sa vie se déroule, et dont l’attitude conditionne si souvent ses possibilités de se manifester à l’extérieur et sa liberté elle-même. Et Nous considérons aussi la situation de la vie internationale dans ses aspects qui touchent de plus près l’ordre moral et qui intéressent la solidarité — en termes chrétiens, la charité — entre les hommes.

Si Nous en avions le temps, Nous aimerions nous arrêter, à cause de son actualité et de son importance, sur un point qui requiert toujours davantage l’attention, on peut bien le dire, du monde entier : celui du respect des droits humains ; respect dont les hommes et les peuples, de tous continents, ressentent toujours davantage l’exigence, pendant qu’ils ressentent encore plus vivement que dans le passé les offenses qui lui sont faites et qui se rencontrent malheureusement de tant de côtés.

Nous réservons de revenir à une prochaine occasion favorable sur une question qui revêt à nos yeux une importance singulière pour notre temps, et qui mérite par là d’être l’objet d’une réflexion spéciale.

Aujourd’hui, dans la lumière de celui qui est venu, par sa naissance, racheter l’humanité de l’esclavage du péché, de l’égoïsme, de la haine, Nous voudrions au moins affirmer que Nous partageons la peine de tous ceux qui souffrent à cause de structures injustes ou à cause de la mauvaise volonté des hommes, et souhaiter que la conscience d’un devoir qui s’identifie avec les intérêts supérieurs d’une vie en commun pacifique prendra le dessus sur l’esprit de violence qui pousse à méconnaître le bon droit des autres, qu’il s’agisse des individus, des groupes sociaux ou de peuples entiers.

L’expression de notre proximité dans la souffrance et nos souhaits vont en particulier à ceux qui subissent des oppressions ou des limitations injustes dans l’exercice de ce droit qui est le premier des droits humains, celui de la conscience religieuse et de la profession publique de la foi, selon les convictions personnelles, les traditions ou le rite propre à chacun: droit fondamentalement reconnu et proclamé tant de fois et par tous, au moins en paroles (il suffirait de rappeler les déclarations et les pactes des nations Unies et, pour l’Europe, les engagements tout récents de l’Acte final de la Conférence d’Helsinki), mais droit foulé aux pieds si souvent et de tant de manières, parfois radicalement (comme c’est encore le cas de nos jours — pour prendre un seul exemple, tout près de nous, — dans la petite mais toujours chère République Albanaise).

A ceux qui en souffrent, Nous voudrions répéter que notre oreille n’est pas sourde ni notre coeur — est-il nécessaire de le dire ? — insensible aux lamentations et aux appels à l’aide qui s’élèvent de chez eux.

C’est notre volonté et notre devoir de continuer à travailler de toutes nos forces pour leur venir en aide, par les voies et les moyens possibles et qui nous semblent les plus opportuns et les plus efficaces. Et Nous voulons espérer que ces efforts, unis à ceux de tous les hommes qui ont à coeur le vrai bien des peuples, ne demeureront pas sans résultats.

Nous devons aussi ajouter une parole au sujet du Moyen-Orient. Nous suivons avec une attention et un intérêt tout particuliers les développements de la situation. Sans vouloir prendre parti entre les avis divers et divergents qui se manifestent à ce sujet, Nous ne pouvons cacher notre espérance ou taire notre souhait que les initiatives en cours, courageuses au point de paraître audacieuses, parviennent à mettre en route un processus à partir duquel, grâce à la participation et à la bonne et sage volonté de tous les responsables, arriveront finalement à prendre forme des solutions répondant non seulement à la sensibilité humaine mais aux critères de justice, d’équité, de clairvoyance politique qui peuvent seuls équilibrer de manière convenable des exigences, des aspirations, des intérêts si complexes et souvent divergents.

Le Saint-Siège n’a pas manqué de manifester sa propre pensée aussi en cette occasion, de manière discrète mais avec confiance, particulièrement sur les points qui touchent de plus près sa mission de charité et ses responsabilités envers les intérêts légitimes de la chrétienté. Nous renouvelons maintenant le souhait que cette vieille et difficile question s’achemine promptement vers une solution juste et que toutes les populations de cette région si riche d’histoire, religieuse et civile, et si tourmentée puissent finalement jouir d’une paix juste et durable.

121 Nous confions les voeux qui ont fait l’objet de cette Allocution à la maternelle intercession de la Sainte Vierge, Mère très pure et Reine de la Paix. Nous nous tournons vers Elle pour obtenir la grâce d’accueillir en nos coeurs le Fils de Dieu qui vient, comme Elle l’a accueilli dans son sein virginal pour le donner au monde, en tant que Mère de l’Eglise ; en ces derniers jours de l’Avent, Elle nous indiquera le chemin le plus sûr pour rencontrer le Christ, et nous guidera vers Lui.

Que les prochaines fêtes de Noël marquent pour nous tous, à l’exemple de Marie et avec sa protection, une décisive rencontre de foi et d’amour avec le Sauveur. C’est le souhait que nous vous renouvelons et que nous accompagnons de notre cordiale Bénédiction.









Discours 1977 120