Révélations de Sainte Brigitte de Suède 4062

Chapitre 62 Comment Dieu vient aux mauvais prêtres avec sept plaies

4062 Notre-Seigneur reprend quelque prêtre qui ensevelissait quelqu’un qui était mort avec patience en la présence de l’épouse. Comment Dieu vient aux mauvais prêtres avec sept plaies corporelles et avec sept plaies spirituelles. En quelle manière tout cela, étant souffert patiemment, leur obtient la gloire.

  Quand quelque prêtre ensevelissait quelque mort qui avait demeuré trois ans et demi gisant au lit, lors l’épouse ouït l’Esprit qui parlait en ces termes : Mon ami, que faites-vous ? Pourquoi présumez-vous de toucher le mort, vu que vos mains sont sanglantes ? Pourquoi criez-vous pour lui, puisque votre voix est quasi comme celle des grenouilles ? Pourquoi présumez-vous d’apaiser le Juge pour lui, vu que, par vos gestes, vous ressemblez plutôt à un joueur de farces qu’à un prêtre dévot ? Partant, la vertu de mes paroles, et non vos paroles, profitera au mort ; sa foi constante et sa longue patience l’introduiront à la couronne.

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D’ailleurs, le Saint-Esprit dit à l’épouse : Les mains de ce prêtre sont sanglantes, car toutes ses oeuvres sont charnelles, qui ne peuvent toucher le mort, d’autant qu’elles ne peuvent aider de leurs mérites, mais bien par la dignité du sacrement, car les bons prêtres profitent aux âmes en deux manières, savoir : en vertu du corps de Notre-Seigneur et en vertu de l’amour dont ils brûlent. Sa voix est quasi comme celle des grenouilles, car elle sort des oeuvres souillées ; tout sort de la volupté de la chair ; c’est pourquoi elle ne monte pas à Dieu, qui veut être apaisé par une voix humble, par la confession et la contrition.

Ses oeuvres sont aussi comme celles des cajoleurs, car que font-ils autre chose, sinon se conformer aux moeurs des mains ? Que chantent-ils autres choses, sinon : Mangeons, buvons, et jouissons des délices pendant que nous vivons ? De même en fait celui-ci, car il se conforme à tous en ses vêtements et en ses actions, afin de plaire à tous par son pernicieux exemple et par son excès aux choses superflues. Mangeons, buvons, et jouissons des délices en cette vie, car elles sont les joies du Seigneur. Que notre force nous suffise pour arriver aux portes de la gloire ; que s’il m’en défend l’entrée, je serai content de demeurer en la porte de la gloire. Je ne veux point être parfait.

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Cette voie est trop pénible, et cette vie est trop lourde et trop pesante ; personne n’arrivera à la porte de la gloire, sinon celui qui sera parfait ou qui sera purifié parfaitement ; et pas un ne possédera la gloire, sinon celui qui la désire parfaitement, ou qui travaillera parfaitement à l’acquérir. Néanmoins, moi Seigneur de toutes choses, j’entre dans ce prêtre, mais je n’y suis pas enclos et caché ; j’y entre comme un époux ; j’en sors comme un juge qui doit juger le mépris qu’il me fait en me recevant.

Partant, comme j’ai dit, je viendrai aux prêtres avec sept plaies, car ils seront privés de toutes les choses qu’ils ont aimées ; ils seront jetés loin de la présence de Dieu ; ils seront jugés en son ire ; ils seront donnés au diable ; ils souffriront sans repos ; ils seront méprisés de tous ; ils auront nécessité de toutes choses, et seront assaillis de toute sorte de maux. De même aussi ils seront affligés de sept autres maux corporels ; ils seront flagellés comme Israël.

Partant, vous ne devez pas vous émerveiller si je souffre les mauvais, ou si quelques choses indignes sont manifestées en mon saint sacrement, car je les souffre jusqu’à la fin pour manifester ma patience et pour faire voir leur détestable ingratitude. Vous ne devez pas non plus penser qu’une telle indignité soit en mon corps, comme vous avez ouï du vomissement, mais ces espèces sensibles montrent ce qu’elles sont, savoir, qu’elles peuvent cesser d’être, et néanmoins, paraissant, elles marquent et découvrent au jour l’ingratitude des hommes, et les font voir à tous indignes et coupables d’une sainte participation et réception sacrée.

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Derechef, l’Esprit dit à l’âme du mort : O âme, tressaillez de joie, car votre foi vous a séparée du diable ; votre simplicité vous abrégera le long cours du purgatoire ; votre patience vous a conduite aux portes de la gloire, et ma miséricorde vous y introduira et vous couronnera.


Chapitre 63 le diable apparut à l’épouse, la voulant décevoir au saint sacrement

4063   Il est ici traité de la manière dont le diable apparut à l’épouse, la voulant décevoir au saint sacrement de l’autel par des raisons apparentes. En quelle manière Jésus-Christ fut au secours de l’épouse, contraignant le diable de dire la vérité devant elle, et de la conformation et utile instruction de Jésus-Christ à son épouse, concernant son corps dans le saint et auguste sacrement.

  Un démon, qui avait le ventre long, apparut à l’épouse sainte Brigitte, et lui dit : Que croyez-vous, ô femme ! Et que considérez-vous de grand ? Car moi aussi, je sais plusieurs choses, et veux prouver avec des raisons évidentes ce que je dis. Je vous conseille de ne croire ce qui est incroyable et de croire à vos sens : ne voyez-vous pas de vos yeux l’hostie ? N’oyez-vous pas de vos oreilles le bruit qu’elle fait quand on la rompt ? Vous l’avez vu vomir, être touchée, être déshonnêtement jetée en terre, et lui être faites plusieurs autres choses indignes que je ne souffrirais aucunement en moi. Que s’il était possible que Dieu fût en la bouche du juste, comment descendrait-il et viendrait-il aux injustes, dont l’avarice est sans fond et sans bornes ?

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Elle répondit à l’humanité de Jésus-Christ, qui apparut soudain après la tentation, disant : O Seigneur Jésus-Christ, je vous rends grâces pour toutes les faveurs dont vous m’avez comblée, mais spécialement pour trois : 1° d’autant que vous revêtez mon âme, lui inspirant la pénitence, et la contrition, par lesquelles tout péché est effacé. 2° Vous nourrissez l’âme, y versant votre charité, et la mémoire de votre passion, par laquelle l’âme se nourrit et se délecte comme en sa viande très bonne. 3°Parce que vous consolez tous ceux qui vous invoquent en tribulation.

Miséricorde donc, ô mon Seigneur et aidez-moi, car bien que je sois digne d’être livrée aux moqueries et aux illusions du diable, je crois néanmoins qu’il ne peut rien sans vous, ni votre permission n’est pas sans consolation.

Lors, Notre-Seigneur dit au diable : Pourquoi parle-tu à mon épouse nouvelle ?

Le diable lui répondit : D’autant qu’elle sera liée à moi, et j’espère l’envelopper dans mes filets.

Or, elle sera lors liée à moi, quand ; consentant à moi, elle me plaira davantage et s’étudiera à suivre plus mes conseils que les vôtre qui êtes son Créateur, car je prends garde à ses voie, et elles ne sont pas encore échappées de ma mémoire.

Notre-Seigneur repartit : Tu es donc un négociateur de la vie des âmes ?

Oui, dit le diable, mais en ténèbres car vous m’avez fait ténébreux.

Comment y vois-tu, dit Notre-Seigneur, et en quelle manière as-tu été fait ténèbres ?

J’ai vu ; dit-il, un démon, quand vous me créâtes fort beau ; mais d’autant que témérairement je me suis jeté en votre beauté, j’ai été aveuglé comme un basilic par l’éclat de votre splendeur.

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Je vous vis (1) quand je désirais votre beauté ; je vous vis en ma conscience, et vous connus quand vous m’avez jeté du ciel. Je vous ai aussi connu quand vous avez eu pris la chair et ai fait ce que vous m’avez promis. J’ai connu quand, en ressuscitant, vous m’avez dépouillé de mes captifs. Je connais tous les jours votre puissance, avec laquelle vous me confondez.

Et Notre-Seigneur lui dit : Si tu connais et sais de moi la vérité, pourquoi mens-tu à mes élus, quand tu sais la vérité être de moi ? N’ai-je pas dit que celui qui mange ma chair vivra éternellement? Et tu dis que c’est mensonge, et que personne ne mange ma chair ! Mon peuple serait donc plus idolâtre que celui qui adore les pierres et le bois ! Néanmoins, d’autant que je sais toutes choses, réponds en sorte que mon épouse l’entende, car elle ne peut entendre les choses spirituelles que par les similitudes. Thomas, qui me toucha après la résurrection, savait-il ce qu’il touchait, s’il était corporel ou spirituel ? Car s’il était corporel, comment pouvait-il entrer en la chambre, les portes étant fermées ? Que s’il était spirituel, comment était-il visible aux yeux corporels ?

Le diable répondit : Il est difficile de répondre là-dessus, où celui qui parle est suspect à tous et contraint de dire la vérité. Néanmoins, puisque j’y suis contraint, je parlerai. En ressuscitant, vous étiez corporel et spirituel. Partant, à cause de la vertu éternelle de votre Divinité, et à raison de la prérogative spirituelle de votre chair glorifiée, vous entriez partout.

  (1) Il faut entendre, non de la vision du matin, mais de celle du soir, par réflexion des créatures de Dieu

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Dieu dit derechef : La verge de Moïse, quand elle était convertie en serpent, était-elle seulement similitude de serpent, ou était-elle serpent dehors et dedans ? Ou les fragments de pain étaient-ils tout pain, ou seulement semblance ?

Le diable répond : Tout ce qui était en la verge était le serpent ; tout ce qui était un fragment du pain était pain, et tout a été fait votre corps par votre vertu et par votre puissance.

Notre-Seigneur repartit : M’est-il maintenant plus difficile de faire un semblable miracle, ou un plus admirable, s’il me plaît ? Que si alors la chair glorifiée a pu entrer, les portes étant closes où les apôtres étaient, pourquoi maintenant ne pourra-t-il être dans les mains des prêtres ? Peut-être ma divinité aurait-elle quelque peine de joindre les choses basses aux hautes, et les terrestre aux célestes ; point, mais véritablement, ô père du mensonge, comme ta malice est très grande, de même mon amour est et le sera sur tous,car bien que ce sacrement auguste et sacré fût vu brûlé par l’un et foulé aux pieds par l’autre, je sais néanmoins la foi de tous, et dispose toutes choses en mesure et patience, moi qui fais de rien quelque chose, et d’une chose visible une invisible, et qui manifeste en signes et formes quelque chose visible, bien que néanmoins sous le signe soit vraiment une autre chose invisible, et qu’on voie une autre chose visible.

Le diable repartit : J’expérimente tous les jours la vérité de ceci, quand les hommes qui étaient mes amis s’éloignent de moi, s’approchent de vous et sont fais vos amis. Mais que dirai-je davantage ? Le serf affranchi montre assez en ses volontés ce qu’il ferait actuellement, si on le lui permettait.

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Lors, Notre-Seigneur parla derechef, disant : Croyez-le, ma fille ! je suis le restaurateur de la vie, et non le traître ; la vérité et la source de la vérité, et non le mensonge ; la puissance éternelle, sans laquelle il n’y aurait rien eu et il n’y aurait rien ; car si vous avez la foi et croyez que je suis dans les mains du prêtre, bien que le prêtre en doutât, néanmoins, à raison de la foi de ceux qui croient et assistent ici, je vous ai instruite trois fois, et vous ai dit Que vraiment j’étais en leurs mains par la vertu des parole sacramentelles, que j’ai personnellement prononcées,et tous ceux qui me reçoivent, reçoivent la Déité, l’humanité et la forme du pain. Car qu’est-ce Dieu, si ce n’est vie et douceur, lumière illuminante, bonté délectable, justice qui juge et miséricorde qui sauve ? Et mon humanité est une chair angélique, conjointe avec Dieu et l’homme, et le chef de tous les chrétiens. Donc, tous ceux qui croient en Dieu et reçoivent mon corps, reçoivent l’humanité, par laquelle Dieu et l’homme sont conjoints ; il reçoit et la forme du pain, attendu que, sous cette forme, est pris celui qui est caché sous icelle pour l’augmentation de la foi. Semblablement, le mauvais homme prend la même Déité comme juge, et non comme douceur et attrait ; il prend aussi l’humanité, mais non pas pour lui être placable. Il prend aussi la forme du pain, attendu que, sous cette forme visible, il reçoit la vérité cachée, mais non pas la suavité douce et attrayante, car quand il aura joint sa bouche à ma bouche, et m’aura reçu, le sacrement étant accompli, je m’en retirerai avec ma déité et humanité, ne lui restant que la seule forme du pain, non pas que vraiment je ne sois aussi bien avec les bons qu’avec les mauvais, à raison de l’institution du saint sacrement, mais parce que les bons et les mauvais n’en ont pas un même effet.

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Enfin en ce sacrement, la vie de l’homme est offerte, savoir, Dieu, et la vie de Dieu entre dans l’homme, mais elle ne demeure pas avec les méchants, car ils ne laissent pas le mal ; et partant, la seul forme de pain demeure à leurs sens, non pas toutefois que ces espèces de pain leur servent pour quelque effet, d’autant qu’ils ne pensent et de considèrent cette réception autrement que s’ils voyaient et sentaient la forme du pain et de vin, comme si Notre-Seigneur tout-puissant entrait dans la maison de quelqu’un, où on se souvint des espèces du pain, et qu’on y oubliât, voire négligeât la présence de sa bonté


Chapitre 64 les tribulations et persécutions affligent les bons et les mauvais

4064   La Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu, parla à sa fille de la manière dont son Fils est comparé à un pauvre rustique, et comment les tribulations et persécutions affligent les bons et les mauvais, les bons pour les purifier et les couronner.

  La Mère de Dieu parle et dit : Mon Fils est comme un pauvre rustique qui n’a ni boeuf ni ânes ; il porte lui-même le bois de la forêt et autres instruments pour parfaire ses oeuvres nécessaires ; et entre autres instruments, il portait des verges nécessaires à deux choses : pour châtier le fils désobéissant, et pour échauffer ceux qui ont froid.

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De même mon Fils, Seigneur et Créateur de toutes choses, a été très pauvre, afin de nous enrichir, non des richesses passagères et périssables, mais des richesses permanentes et éternelles. Il a porté sur son dos un poids lourd et pesant, sa croix, effaçant et purifiant par son sang les péchés de tous. Il a aussi, entre autres instruments de ses oeuvres, choisi les hommes de vertu, par lesquels l’Esprit de Dieu opérant en eux, il a enflammé les coeurs de plusieurs à l’amour, et leur a manifesté les voies de vérité. Il a aussi élu les verges, qui sont les amateurs du monde, par lesquelles les enfants et les amis de Dieu sont affligés pour leur instruction, purification, et pour leur plus grande sagesse et récompense. Ces verges aussi échauffent les froids, et Dieu s’échauffe aussi de leur feu, mais comment ?

En vérité, quand les mondains affligent les amis de Dieu, et ceux-là qui aiment seulement Dieu pour la crainte de la peine, qui, troublés, se convertissent à Dieu avec plus de ferveur, ayant considéré la folle vanité du monde, Dieu, compatissant à leur tribulation, verse en eux des torrents de consolation et d’amour.

Mais que fera-t-on de ces verges ? Certainement, elles seront jetées au feu pour être brûlées, car Dieu ne méprise point son peuple, quand il l’abandonne aux mains des impies, mais comme le père enseigne le fils, de même Dieu se sert de la malice des impies pour couronner les élus.


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Chapitre 65 les amis de Dieu ne doivent se fâcher ni cesser le labeur de la prédication

4065   Il est ici traité d’un avertissement donné a sainte Brigitte, prouvant par exemple que les amis de Dieu ne doivent se fâcher ni cesser le labeur de la prédication. De leur grande récompense.

  La Mère de Dieu parle : Vous devez être comme un vase vide, ample et disposé pour être rempli, non pas aussi si large que ce qu’on y verse se répande, ni si profond qu’il n’ait pas de fond. Or, ce vase est votre corps, qui est vide, quand l’appétit de volupté en est banni, et qui est large avec modération, quand la chair en est mortifiée avec discrétion, en sorte que l’âme soit disposée pour l’intelligence des choses spirituelles, et que le corps soit robuste pour le travail. Or, lors le vase est sans fond, quand la chair n’est retenue par le frein d’aucune abstinence, mais qu’on donne au corps tout ce que l’appétit désire. Mais oyez ce que je vous dis. Mon serviteur a dit une parole inconsidérée, disant : Qu’avais-je affaire de parler de ce qui ne touche point a ma condition et à mon état ? Une telle parole n’est point décente dans la bouche d’un serviteur de Dieu, car celui qui entend et sais la vérité et la passe sous silence, en est coupable, si ce n’est qu’on la méprisât tout à fait ; car il y avait un seigneur qui avait un château fort, où il y avait quatre biens : une viande incorruptible, chassant toute faim ; une eau salutaire, éteignant toute sorte de soif ; une odeur odoriférante, repoussant tout venin, et toutes sortes d’armes nécessaires qui débilitaient et affaiblissaient l’ennemi.


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Enfin le seigneur, entendant que le château était assiégé par d’autres, dit au héraut, son serviteur : Allez, et criez à haute voix à mes soldats en ces termes : Moi, seigneur, je délivrerai mon château. Celui qui me suivra de bonne volonté, me sera semblable en honneur et gloire, et celui qui mourra au combat, je le ressusciterai à la vie immortelle, qui n’est sujette aux défauts ni anxiétés ; je lui donnerai un honneur permanent et des richesses éternelles. Le serviteur donc, ayant pris le commandement, mais moins soigneux de crier en telle sorte que sa voix parvînt jusqu’au soldat très noble et généreux, fut destitué et frustré du labeur. Qu’est-ce que fera le seigneur à ce soldat qui voulait franchement combattre, mais qui n’a pas ouï la voix du héraut ? Certainement, il sera récompensé selon sa volonté, mais le lâche ne sera pas sans correction.

Or, ce château est la sainte Eglise, fondée par le sang de mon Fils, en laquelle est son corps qui ôte toute faim, l’eau de sagesse évangélique, l’odeur de ses saints exemples et les armes de sa passion. Or, ce château est maintenant assiégé par les ennemis, d’autant qu’en l’Eglise sainte se trouvent plusieurs qui prêchent mon Fils de voix, mais le contredisent par leurs moeurs ; voire même ce qu’ils disent de voix, ils le contredisent par leurs volontés, ne se souciant pas de la patrie céleste, pourvu qu’ils puissent accomplir et assouvir leurs sales voluptés. Donc, afin de diminuer les ennemis de Dieu, les amis de Dieu ne doivent se relâcher de la prédication, car leur récompense ne sera pas temporelle, mais éternelle et sans fin


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Chapitre 66 les biens temporels possédés avec discrétion, ne nuisent point

4066   La Sainte Vierge parle à sa fille, disant que les biens temporels possédés avec discrétion, ne nuisent point, pourvu que l’affection de les posséder ne soit déréglée.

  La Mère de Dieu parle : Que nuit-il, si quelqu’un est piqué d’une aiguille en son manteau, pourvu que la chair ne soit pas blessée ? De même les bien temporels, possédés avec discrétion, ne nuisent point, si ce n’est que l’amour de les posséder soit déréglé. Partant, examiner bien votre coeur, afin que votre intention soit bonne et droite, car par vous, les paroles de Dieu doivent être semées dans les autres ; car comme l’écluse d’un moulin retient l’eau et la laisse couler quand il est temps, de même vous devez soigneusement prendre garde lorsqu’un monde de pensées diverses et différentes, et de tentations importunes vous assaillent, afin que celles qui sont vaines et mondaines soit rejetées, et que celles qui sont divines soient incessamment considérées ; comme il est écrit que les eaux d’en bas coulent continuellement, et celles d’en haut demeurent arrêtées comme un mur. Les eaux d’en bas sont les pensées de la chair, et les cupidités inutiles qui doivent passer, sans nous y arrêter ; celles d’en haut sont les influences de Dieu et les paroles des saints, qui sont fermes et stables en nos coeurs comme une muraille, afin qu’elles n’en soient arrachées par aucune tentation.

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Chapitre 67

4067   Jésus-Christ parle à son épouse, lui montrant sa magnificence. Comment toutes choses persévèrent selon son décret et ordonnance, excepté l’âme misérable du pécheur. Tout ceci est prouvé par exemple. En quelle manière il faut garder la volonté entière en agissant.

  Le Fils de Dieu parle à son épouse sainte Brigitte, lui disant : Je suis un Dieu avec le père et le Saint-Esprit. En la providence de ma divinité, toutes choses ont été prévues et établies dès le commencement et avant les siècles, et toutes les choses, tant corporelles que spirituelles, ont une certaine disposition et ordre, et elles demeurent et courent selon qu’il a été ordonné et prévu en ma prescience, comme, par exemple, vous le pouvez entendre de trois choses :

1° de celles qui ont vie : comme est ce que la femme enfante, et non l’homme ;

2° ceci se voit dans les arbres, car les doux portent un fruit doux, et les amers un fruit amer ;

3° il est clair dans les astres, car le soleil, la lune et toutes les voûtes célestes, accomplissent leur course selon qu’il a été arrêté en ma Déité : de même les âmes raisonnables sont prévues en ma Déité, quelles elles seront à l’avenir, lesquelles néanmoins ma prescience n’empêche ni ne leur nuit en rien, attendu que je leur ai donné le libre arbitre et la puissance d’élire ce qui leur plaît.

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1° Comme la femme engendre, et non l’homme, de même l’âme, bonne épouse de Dieu, doit enfanter par le secours divin des saintes actions, car elle a été créée pour cette fin, afin qu’elle avance en la vertu, et étant rendue féconde par la semence des vertus, elle croisse en telle sorte qu’elle arrive entre les bras et les embrasements du divin amour. Mais l’âme qui dégénère de sa naissance et de son Créateur, ne lui étant fructueuse, agit contre la disposition de Dieu, et partant est indigne de sa douceur.


2° L’ordre et la disposition de Dieu dans les arbres apparaissent immuables, car ceux qui sont doux apportent du fruit doux, et ceux qui sont amers, des fruits amers ; car la palme porte des fruits, auxquels il y a du dur comme une pierre et du doux : de même, de toute éternité, il a été prévu que là où le Saint-Esprit habite, là toute mondaine délectation est vile, la tout honneur mondain est complètement à charge. Ce coeur-la a tant de force et de vertu, qu’il n’est vaincu par l’impatience, abattu par l’adversité, ni élevé par la prospérité : de même aussi il a été prévu de toute éternité que là ou est l’épine du diable, là est le fruit, rouge au dehors, mais au dedans plein d’immondicités et d’épines : de même la délectation du diable est momentanée,voire n’a que l’apparence de douceur, car elle est toute pleine d’épines et de tribulations ; car qui est plus enveloppé dans les intrigues du monde, est d’autant, plus chargé de rendre un compte plus fâcheux. Partant, comme tout arbre apporte tel fruit que sont sa racine et le tronc, de même tout homme est jugé selon que son intention est.

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3° Tous éléments demeurent arrêtés en leur ordre, et ont leur mouvement selon la volonté de leur Créateur, et selon qu’il a été prévu de toute éternité : de même toute créature raisonnable doit être disposée à se mouvoir selon l’institution de son Créateur, car quand elle fait le contraire, il est clair qu’elle abuse du libre arbitre, et où les choses irraisonnables gardent leur fin, là l’homme raisonnable dégénère et aggrave son jugement, d’autant qu’il n’use point de raison : c’est pourquoi il faut que la volonté de l’homme soit droite et bonne, car il ne fait pas plus grande injure au diable en vivant bien qu’à mes anges en vivant mal ; car comme Dieu exige de sa chaste épouse une douceur indicible, de même le diable demande de son épouse les épines et les pointes. Le diable pourtant ne pourra pas prévaloir en rien, si ce n’est que la volonté soit vicieuse.


Chapitre 68 le diable est comparé au renard

4068   La Sainte Vierge parle du renard à sa fille, en quelle manière le diable est comparé au renard, comment il déçoit les hommes par ses ruses et tromperies diverses et différentes, et tâche surtout de surprendre ceux qu’il voit avancer en la vie pieuse et dévote.

Pour le jour des cendres.

  Il y a un petit animal, dit la Mère de Dieu, qu’on appelle renard, soigneux et cauteleux pour rechercher toutes ses nécessités. Il feint quelquefois de dormir et fait semblant d’être mort, afin de prendre et de dévorer les oiseaux qui s’envolent sur lui. Il considère aussi le vol des oiseaux ; et ceux qu’il voit las de voler se reposer en terre ou sous quelque arbre, il les prend et les dévore ; mais ceux qui volent avec deux ailes le frustrent de son labeur et le confondent.

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Ce renard est le diable, qui poursuit toujours les amis de Dieu, particulièrement ceux qui n’ont point le fiel de malice ni le venin de son iniquité. Il feint de dormir ou d’être mort, quand il laisse l’homme libre et affranchi de toute sorte de tentations, afin que, ne s’avisant pas, il l’attrape et le plonge dans les petites tentations. Quelquefois aussi, il fait ressembler le vice à la vertu, donne à la vertu la couleur du vice, afin que l’homme, enveloppé en ces apparences, marche en vain, et s’il ne s’en avise, qu’il périsse, comme vous le pourrez entendre par un exemple ; car la miséricorde quelquefois est vice, savoir, lorsqu’on l’exerce pour plaire aux hommes, et la rigueur de la justice est injustice, quand on la rend pour la cupidité ou pour l’impatience ; l’humilité est superbe, quand on s’abaisse par ostentation et pour être vu des homme ; la vertu de la patience est lors feinte, quand on se vengerait de l’injure, si on pouvait ; mais toutefois on attend, parce qu’on ne trouve pas le temps propre pour se venger. Quelquefois aussi le diable donne des tribulations et des tentations, afin que l’homme se plonge en de grandes tristesses ; d’autre fois il donne des anxiétés et des soins trop fâcheux, afin que l’homme s’attiédisse et se relâche au service de Dieu ; afin qu’étant imprudent dans les choses petites, il soit précipité dans les choses plus grandes. De même celui (1) dont je parle fut supplanté par ce renard, car quand il fut arrivé à sa vieillesse, et qu’il avait toutes choses à souhait, de sorte qu’il se disait être heureux et désirait de vivre longuement, il a été enlevé sans sacrements et sans penser à ses oeuvres ni à ses richesses.

  (1) c’est un évêque.

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En effet, comme une fourmi, il amassait jour et nuit, mais non pas dans les greniers de Dieu, et étant arrivé à la porte du tombeau, où il introduisait le grain, il est mort et a laissé aux autres le fruit de ses labeurs, car celui qui n’amasse fructueusement au temps de la moisson, ne se réjouira point de sa semence. Partant, heureux sont les oiseaux de Dieu, qui ne s’endorment sous les arbres des délices du monde, mais sous les arbres des désirs célestes, car si la tentation du diable, ce renard fallacieux et méchant, les veut assaillir, soudain ils s’envoleront par les deux ailes de l’humilité de confession et de l’espérance d’un secours céleste !

  DECLARATION.

  Jésus-Christ, Fils de Dieu, parle ici : Ce supérieur est un évêque qui, voulant monter à l’arbre des doux fruits et les prendre, devait être affranchi de sa charge pesante, ceint fortement pour les cueillir, et devait avoir un vase pur pour les mettre : de même, que celui-ci s’efforce maintenant d’enrichir son corps de vertus, lui donnant le nécessaire, et non les superfluités, fuyant les occasions d’incontinence et de cupidité, se montrant une glace pure et un exemple parfait aux hommes imparfaits ; autrement un cas horrible lui adviendra, une fin soudaine, et les plaies de mes mains. Tout ceci arrive de la sorte.

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Chapitre 69 les bonnes moeurs et les bonnes oeuvres des prêtres sont désignées par les eaux claires

4069   Jésus-Christ dit à son épouse comment les bonnes moeurs et les bonnes oeuvres des prêtres sont désignées par les eaux claires, et les mauvaises moeurs et méchantes oeuvres par les eaux sales et troubles.

  Le Fils de Dieu parle et dit qu’on peut connaître la bonté de l’eau d’une fontaine par trois choses : la première à la couleur ; la deuxième, si elle boueuse ; la troisième, si elle est sans mouvement, recevant et ne rejetant pas les saletés qui arrivent. Par ces eaux j’entends les moeurs et les coeurs des prêtres, qui doivent être doux en la suavité des moeurs, comme de douces fontaines à boire, clos et fermés contre la bourbe des vices.

La propre couleur donc d’un prêtre est la vraie humilité, et il doit d’autant plus s’humilier en sa connaissance et en ses oeuvres, qu’il se voit obligé de travailler pour Dieu ; car là où la superbe règne, la couleur du diable se trouve, laquelle, puisant de l’eau de la fontaine avec une main lépreuse, rend quasi aux regardants les eaux abominables. Ainsi la superbe fait voir les oeuvres des prêtres toutes souillées. Or, l’eau est lors bourbeuse, quand le prêtre se laisse emporter à ses cupidités, et ne se contente des choses nécessaires, qui, comme il est fâcheux à soi-même et inutile, de même nuit aux autres par l’exemple de son ambition et de sa cupidité. Troisièmement, l’eau est immonde, quand elle reçoit les ordures et ne les jette pas ; et cela provient de ce que le canal est fermé et n’a pas son mouvement libre : de même le prêtre est immonde, qui aime dans son coeur et dans son corps les voluptés de la chair, et ne pousse pas dehors par une vraie condition tout ce qui se présente à lui d’immonde ; car comme les taches qui sont au corps rendent le corps difforme, mais surtout quand elles sont à la face, de même l’impureté et l’immondicité doivent être odieuses à tous, mais principalement à ceux qui sont appelés à une vie plus excellente.

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Donc, il faut choisir ces prêtres pour mes oeuvres, qui ne sont pas abondants à une pompe de paroles, mais en l’humilité et pureté, avec lesquelles ils vivent en eux-mêmes, et enseignent les autres par paroles et par exemple ; car bien que la main soit lépreuse, elle est pourtant utile pour l’exécution de mes oeuvres, pourvu que l’esprit soit bon et que cette main soit spirituelle.


Chapitre 70 Pour le jour de la passion

4070   La Sainte Vierge, Mère de Dieu, parle à sa fille de la passion de son Fils béni, la narrant par ordre, et de sa forme et beauté corporelle.

Pour le jour de la passion.

  La Mère de Dieu parle, disant que Jésus-Christ, son Fils, pleurait et suait en son corps, la passion s’approchant, pour la crainte et appréhension d’icelle ; et soudain il a été arraché de ma présence, et je ne l’ai vu davantage jusqu’à ce qu’on le conduisait pour être fouetté. Or, lors il fut tellement traîné et jeté par terre avec tant de cruauté, que sa tête ayant heurté, que ses dents tremblaient, et il fut si fortement frappé au col et à la joue, que le son et le contrecoup en parvinrent jusqu’à mes oreilles et à mon coeur. Après, par le commandement du bourreau, il se dépouilla lui-même de ses vêtements, embrassant franchement la colonne.

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Il y fut lié, et son corps fut déchiré et sillonné de coups souvent réitérés de fouet, de rosettes et de pointes. Au premier coup, je fus frappée dans le coeur par le contrecoup, et quasi tirée hors des sens (1) ; et puis après, revenant à moi, je vis son corps tout déchiré, car il était tout nu quand il fut fouetté. Lors un des bourreaux ennemis qui assistaient là, disait : Eh quoi ! Le voulez-vous faire mourir sans jugement, et faire la cause de votre mort par sa mort ? Et disant cela, il coupa la corde. Et mon Fils étant délié de la colonne, la première chose qu’il fit, ce fut de prendre ses vêtements ; et néanmoins, on ne lui en donna pas le temps de s’habiller ; mais pendant qu’on l’entraînait, il mit ses bras en ses manches. Les vestiges qui étaient à l’entour de la colonne étaient tellement plein de sang, que je pouvais les connaître tous, et je connaissais le lieu où il était passé par les signes du sang. Lors il frotta avec sa tunique son visage, qui était tout ruisselant de sang. Après, étant jugé et portant sa croix, il est emmené au mont de Calvaire ; mais par le chemin, on lui donna un autre homme pour aider à porter la croix.

Etant donc arrivé au lieu où on le devait crucifier, voici tout à l’instant un marteau et quatre clous bien aigus ; et on lui commande tout à l’instant de se dépouiller de ses vêtements, à quoi il obéit ; et il attacha un petit linge à ses parties honteuses, dont il fut en quelque sorte consolé, et il s’en alla pour ce faire crucifier. Or, la croix était fichée en terre, et les bras étaient élevés en haut, de sorte que le noeud de la croix était entré en ses épaules ; sa tête était appuyée sur la croix, et la table où était écrit le titre était attachée plus haut sur la tête et sur les bras. Ses bras étaient attachés plus haut que la tête.

(1) il ne faut pas ici conclure que la Sainte Vierge se soit pâmée, car on dit quasi, et non pas tout à fait.

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Soudain donc qu’on lui eut commandé de se mettre sur la croix, il s’y mit, lui tournant le dos. On lui demanda la main : il étendit la droite la première ; et la main gauche ne pouvant arriver jusques au trou, on la tira pour l’y faire atteindre ; et les pieds semblablement ne pouvant arriver aux trous, on les tire et on les croise un peu plus bas que les cuisses ; étant distingués, on les cloue à la croix avec deux clous qu’on fiche sur l’os solide, comme on l’avait fait aux mains.

Donc, au premier coup de marteau, j’ai été comme ravie en extase, et veillant, je vis mon Fils, et oyais parler de lui diversement les hommes les uns aux autres, disant : Qu’est-ce qu’il a fait ? A-t-il commit larcin, rapine ou mensonge ? Les autres répondaient qu’il était un menteur. Et lors on mit cruellement la couronne d’épines sur sa tête, qui descendait jusqu’à demi front. Plusieurs ruisseaux de sang, excités par les pointes d’icelles, découlaient tout au long de sa face, remplissaient les cheveux, les yeux et la barbe, de sorte que tout me semblait sang ; ni lui ne me put voir assistant à sa croix, à raison que le sang avait coulé et avait rempli ses yeux. M’ayant donc recommandée à son disciple, ayant haussé sa tête et levé ses yeux si plein de larmes vers le ciel, il s’écrie d’une voix tirée du fond du coeur, disant : Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pourquoi m’avez-vous délaissé ? Voix que je ne pus jamais oublier, jusqu’à ce que je fusse arrivée au ciel ; aussi avait-il prononcé ces mots, étant plus ému de ma souffrance que de la sienne.

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Lors la couleur de la mort le couvrit en toutes ses parties, de sorte qu’on pouvait voir à travers du sang ses mâchoires, et ses joues étaient jointes aux dents ; ses côtes étaient tellement énervées qu’on les pouvait nombrer ; son ventre (les humeurs étant consommées), était appliqué à son dos ; son coeur, étant auprès de la plaie, fit trembler tout le corps, et sa barbe tomba sur sa poitrine. Et lors, moi, réduite quasi à rien, je tombai par terre.

  Sa bouche donc étant ouverte, comme il était expiré, on pouvait voir sa langue, ses dents et son sang en la bouche, et ses yeux à demi clos, tournés en bas, et son corps déjà mort pendait tout avalé, ses genoux étant courbés en une part, et ses pieds de l’autre sur les clous qui s’abaissaient en bas comme des gonds.

Cependant, les autres hommes qui étaient là présents, lui disaient comme en se moquant ; O Marie, maintenant ton Fils est mort. O Dame, la peine de votre Fils a été payée pour sa gloire éternelle.

Un peu de temps après, le côté étant ouvert et la lance étant arrachée, apparut en sa pointe comme une couleur brunette, afin que de là on entendît que son coeur était outrepercé ; et ce coup pénétra tellement mon coeur que c’est merveille, s’il ne se creva. Les autres donc se retirant, je ne pouvais me retirer, mais j’ai été un peu consolée, que son corps étant déposé et descendu de la croix, je le pusse toucher, le recevoir en mon sein, sonder ses plaies et en ôter le sang. Après, je portai mes doigts pour clore sa bouche et ses yeux. Or, les bras étant roides, je ne les pus courber pour les croiser sur sa poitrine, mais seulement sur le ventre ; ses genoux aussi ne purent être étendus, mais ils étaient rehaussés comme s’ils étaient roidis en la croix

p 298 Derechef la Sainte Mère de Dieu parle, disant à sainte Brigitte : Vous pourrez voir mon Fils au ciel en ses qualités et excellences ; mais reconnaissez quel il était au monde selon le corps, car il était si beau de face qu’aucun ne le voyait qu’il n’en fût consolé, bien que son coeur fût opprimé de douleur. Et non seulement les justes étaient consolé d’une consolation spirituelle, mais même les mauvais étaient relâchés de la tristesse du siècle, tout autant de temps qu’ils le voyaient, d’où vient que les affligés voulaient dire : Allons voir le Fils de Marie, afin que nous soyons soulagés pour le moins autant de temps que nous le verrons.

Donc, l’an 20 de son âge, il était parfait en grandeur et force d’homme ; il était grand, non pas charnu comme les hommes du temps présent, mais fourni d’os et muni de nerfs. Les cheveux de ses sourcils et sa barbe étaient bruns ; la longueur de sa barbe au travers était d’une paume de la main ; son front n’était pas rehaussé ni enfoncé, mais droit ; son nez était égal, non petit ni trop grand ; ses yeux étaient si purs que ses ennemis mêmes se plaisaient à les voir ; ses lèvres n’étaient pas épaisses, mais d’un rouge éclatant ; son menton n’était pas enflé ni trop long, mais d’une modérée beauté ; ses joues étaient modestement pleines de chair d’une couleur candide parsemée d’un rouge empourpré ; sa stature était droite, et en tout son corps, il n’y avait aucune tache, comme le témoignent ceux-la qui l’ont vu entièrement nu, lorsqu’on le fouettait à la colonne ; jamais vermine n’est arrivée à son corps, ni quelque immondice en ces cheveux.

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Révélations de Sainte Brigitte de Suède 4062