Révélations de Sainte Brigitte de Suède 9112

Chapitre 112 Combien c’est mal fait d’inquiéter les amis de Dieu.

9112   Lorsque sainte Brigitte était à Rome, son cuisinier lui parla effrontément en cette sorte : Maîtresse, maintenant M. Charles, votre fils, est pendu.

Sainte Brigitte lui répondit : Dieu l’en veuille garder! De qui as-tu appris ces nouvelles?

Des pèlerins, dit-il, me l’ont dit.

Par après, sur la fin de l’année, ce même cuisinier décéda, contrit et s’étant confessé.

Sainte Brigitte, soigneuse du salut de son âme, pria pour lui. Sept jours étant passés, elle eut une vision : elle vit comme une poutre mise à travers sur l’enfer, au lieu de laquelle était assise l’âme du défunt. Pour lors vint la Vierge Marie qui lui dit : Il n’y a personne qui croie avec quelle crainte et frayeur cette âme est ici assise, et elle y est, parce qu’étant dans son corps, elle a inquiété les favoris de Dieu; toutefois sache qu’elle est du nombre de celles qui seront sauvées.
p 330

Chapitre 113

913   Que le chant des Soeurs de Saint-Sauveur, et les heures que maître Pierre, confesseur de sainte Brigitte, a dictées, et les matines avec les règles, procèdent du Saint-Esprit.

  Marie a dit à sainte Brigitte : Envoyez à ce mien ami mes heures, et dites-lui que le même qui les a dictées a dicté aussi la règle ; et le même Esprit qui t’a permis d’écrire les leçons, lui a montré à dicter le chant avec des choses admirables, car l’air s’assembla en telle quantité autour de ses oreilles, que sa tête et sa poitrine en étaient remplies, et son coeur s’échauffait à l’amour de Dieu : et suivant que ce souffle lui a montré, sa langue proférait les paroles et formait le chant : partant, il n’en faut rien ôter, mais dit-lui de les montrer à mon bien-aimé vrai évêque Hemminge, que, s’il veut y ajouter quelque chose ou polir, il le peut.

Quand à ce qui est écrit là de mon enfance, il n’y a rien qui ne soit vrai, et cela ne contredit aucunement l’Eglise. Et bien que le latin ne soit pas du meilleur, néanmoins les paroles proférées par la bouche de ce mien ami me plaisent plutôt que si elles sortaient de la bouche d’un maître mondain. Davantage les heures doivent être gardées avec la règle dans le monastère d’Alvastre, jusqu’à ce que le lieu de mon monastère soit parachevé.


p 331

Chapitre 114 L’Esprit de Dieu illumine doublement l’entendement de l’homme. La lecture et le chant des Soeurs de l’ordre de Saint-Sauveur sont du Saint-Esprit

9114   La Vierge Marie parlait à l’épouse de Jésus-Christ : Il n’est pas plus difficile à Dieu de faire que de dire. Il avait fait des vermisseaux vénéneux, afin qu’ils sachent où ils peuvent paraître, selon qu’il sera besoin et nécessaire, et il s’abaisse d’autant plus librement aux hommes pour éclairer leur conscience, qu’ils se plaisent à l’intelligence de ses paroles. Et il fait cela pour deux manières : 1° comme il te semble que quelqu’un te montre ce que tu as à dire ; 2° comme il semblait à ton maître de qui les oreilles et le coeur se remplissaient d’air, et le coeur à guise d’une vessie s’enflait d’une ardente charité envers Dieu, d’où il apprit ces paroles qu’auparavant il ignorait, à savoir, comment il devait disposer les antiennes, les répons, les hymnes et les versets, et ranger le chant : c’est pourquoi rien n’y doit être augmenté ni diminué. Il est toutefois permis que si d’aventure il y a quelque mot qui semble obscur, on l’éclaircisse.

Chapitre 115 Du même maître Pierre.

9115 p 332

  L’ange parlait à sainte Brigitte, lui disant : Dis à ton maître que lui et moi sommes un membre de Dieu, lui à l’extérieur et moi à l’intérieur. Qu’il écrive donc les paroles que je te dis, et qu’il peut ôter ou ajouter ce qu’il lui plaira, car nous sommes conduits par un même esprit.

Chapitre 116 Quelle douceur et amour a exercés Dieu envers sainte Brigitte, et au contraire.

9116   Sainte Brigitte parlais à la Divinité, disant : O mon Dieu très doux, quand tu daignes visiter mon coeur, je ne puis empêcher mes bras d’embrasser ma poitrine, à cause de la divine douceur de la charité que je sens en mon coeur. Il me semble que tu es tellement imprimé et collé en mon âme, que tu es son coeur, sa moelle et tous ses intestins, en sorte que tu m’es plus cher que n’est mon âme avec mon corps. Je serais heureuse si je faisais quelque chose qui te plût. Donc, mon très cher Seigneur, aide-moi, afin que tout ce que je ferai tourne à ton honneur.

Dieu répondit : Ma fille, comme la cire prend la forme du cachet, ainsi ton âme se transformera au Saint-Esprit, comme plusieurs diront après ta mort : Voici que maintenant nous voyons que le Saint-Esprit était en elle, et ma chaleur doit être conjointe à la tienne, en sorte que tous ceux qui s’en approchent seront de là échauffés et illuminés.


  FIN DU TOME QUATRIEME ET DERNIER.







Révélations de Sainte Brigitte de Suède 9112