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2. LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES

26 Ce qui est affirmé précédemment vaut également pour ces commissions liturgiques, qui, à la demande du Concile,61 ont été instituées par la Conférence des Évêques. Les membres de ces commissions doivent être des Évêques, qu'il faut nettement distinguer des experts qui leur apportent leur concours. Au cas où le nombre des membres d'une Conférence des Évêques est insuffisant, et rend par conséquent difficile l'élection ou l'institution d'une commission liturgique, il faut nommer un conseil ou un groupe d'experts qui doit toujours être placé sous la présidence d'un Évêque; tout en s'acquittant au mieux de sa charge, ce conseil ou ce groupe doit toutefois éviter de porter le nom de: "commission liturgique".

27 Depuis 1970,62 le Siège Apostolique a fait savoir que toutes les expérimentations liturgiques relatives à la célébration de la sainte Messe, doivent cesser, et il a réitéré cette interdiction en 1988.63 Par conséquent, chaque Évêque en particulier, de même que les Conférences des Évêques, n'ont en aucun cas la faculté de permettre des expérimentations concernant les textes liturgiques et les autres choses, qui sont prescrites dans les livres liturgiques. Pour pouvoir faire des expérimentations de ce genre à l'avenir, il sera nécessaire d'obtenir l'autorisation de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements; celle-ci l'accordera par écrit, à la demande des Conférences des Évêques. Une telle concession ne sera accordée que pour une cause grave. En ce qui concerne les projets d'inculturation dans le domaine de la liturgie, il faut observer strictement et intégralement les normes particulières établies à ce sujet.64

28 Toutes les normes relatives à la liturgie, établies par une Conférence des Évêques, selon les normes du droit, pour son propre territoire, doivent être soumises à la recognitio de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, sans laquelle elles n'ont aucun caractère d'obligation.65

3. LES PRÊTRES

29 Les prêtres, coopérateurs loyaux, avisés et nécessaires de l'ordre épiscopal,66 sont appelés à servir le peuple de Dieu, et constituent avec leur Évêque un seul presbyterium67 aux fonctions diverses. "En chaque lieu où se trouve une communauté de fidèles, ils rendent d'une certaine façon présent l'Évêque auquel ils sont associés d'un coeur confiant et généreux, assumant pour leur part ses charges et sa sollicitude, et les mettant en oeuvre dans leur souci quotidien des fidèles". Et "en raison de cette participation au sacerdoce et à la mission de leur Évêque, les prêtres doivent reconnaître en lui leur père et lui obéir respectueusement".68 De plus, "sans cesse tendus vers ce qui est le bien des fils de Dieu, ils doivent mettre leur zèle à contribuer à l'oeuvre pastorale du diocèse entier, bien mieux, de toute l'Église".69

30 "Dans la célébration eucharistique", la grande responsabilité incombe "surtout aux prêtres, auxquels il revient de la présider in persona Christi, assurant un témoignage et un service de la communion non seulement pour la communauté qui participe directement à la célébration, mais aussi pour l'Église universelle, qui est toujours concernée par l'Eucharistie. Il faut malheureusement déplorer que, surtout à partir des années de la réforme post-conciliaire, en raison d'un sens mal compris de la créativité et de l'adaptation, les abus n'ont pas manqué, et ils ont été des motifs de souffrance pour beaucoup".70

31 En se conformant à l'engagement pris dans le rite de la sainte Ordination, qui est renouvelé chaque année pendant la Messe Chrismale, les prêtres doivent célébrer "pieusement et fidèlement les mystères du Christ, tout spécialement dans le Sacrifice Eucharistique et le sacrement de la réconciliation, selon la tradition de l'Église, pour la louange de Dieu et la sanctification du peuple chrétien".71 Ainsi, ils ne doivent pas évacuer la signification profonde de leur propre ministère, en défigurant d'une manière arbitraire la célébration liturgique par des changements, des omissions ou des ajouts.72 En effet, comme le dit saint Ambroise: "L'Église n'est pas blessée en soi, [ ... ] mais en nous. Ainsi, prenons garde de ne pas infliger des blessures à l'Église par notre faute".73 Il faut donc être attentif à ce que l'Église de Dieu ne soit pas blessée par les prêtres, qui se sont offerts eux-mêmes au ministère d'une manière aussi solennelle. Au contraire, ceux-ci doivent veiller fidèlement, sous l'autorité de l'Évêque, à ce que des actes de ce genre, qui défigurent la liturgie, ne soient pas commis par d'autres.

32 "Le curé veillera à ce que la très sainte Eucharistie soit le centre de l'assemblée paroissiale des fidèles; il s'efforcera à ce que les fidèles soient conduits et nourris par la pieuse célébration des sacrements et en particulier qu'ils s'approchent fréquemment des sacrements de la très sainte Eucharistie et de la pénitence; il s'efforcera aussi de les amener à prier, même en famille, et de les faire participer consciemment et activement à la sainte liturgie que, lui, curé, sous l'autorité de l'Évêque diocésain, doit diriger dans sa paroisse, et dans laquelle il doit veiller à ce que ne se glisse aucun abus".74 Pour préparer d'une manière satisfaisante les célébrations liturgiques, en particulier la sainte Messe, il convient que le curé se fasse aider par différents fidèles; toutefois, il ne doit en aucun cas leur céder ce qui relève en propre de son office en matière liturgique.

33 Enfin, tous "les prêtres doivent veiller à cultiver comme il se doit la science et l'art liturgiques, pour que leur ministère liturgique permette aux communautés chrétiennes qui leur sont confiées de louer toujours plus parfaitement Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit".75 Surtout, ils doivent être pénétrés par ces sentiments d'admiration et d'émerveillement, que le mystère pascal, célébré dans l'Eucharistie, fait naître dans les coeurs des fidèles.76

4. LES DIACRES

34 Les diacres, "auxquels on a imposé les mains non pas en vue du sacerdoce mais du service",77 doivent être des hommes de bonne réputation,78 et ils doivent se conduire de telle manière que, avec l'aide de Dieu, ils soient reconnus comme de vrais disciples de celui,79 "qui n'est pas venu pour être servi, mais pour servir",80 et qui fut au milieu de ses disciples "comme celui qui sert".81 De plus, les diacres sont fortifiés par le don de l'Esprit Saint reçu par l'imposition des mains, pour servir le peuple de Dieu, en communion avec l'Évêque et son presbyterium.82 C'est pourquoi ils doivent considérer l'Évêque comme un père, et doivent lui apporter leur aide, ainsi qu'aux prêtres "dans le ministère de la parole, de l'autel et de la charité".83

35 Ils ne doivent jamais omettre "comme dit l'Apôtre, de garder le mystère de la foi dans une conscience pure,84 et de proclamer cette foi par leurs paroles et par leurs actes, fidèles à l'Évangile et à la tradition de l'Église",85 en servant de tout leur coeur, fidèlement et avec humilité, la sainte Liturgie comme la source et le sommet de la vie de l'Église, "afin que tous, devenus enfants de Dieu par la foi et le baptême, se rassemblent, louent Dieu au milieu de l'Église, participent au Sacrifice et mangent la Cène du Seigneur".86 Tous les diacres ont donc l'obligation, chacun pour leur part, de faire en sorte que la sainte Liturgie soit célébrée en suivant les normes contenues dans les livres liturgiques dûment approuvés.



Chapitre II

LA PARTICIPATION DES FIDÈLES LAÏCS

À LA CÉLÉBRATION DE L'EUCHARISTIE


1. UNE PARTICIPATION ACTIVE ET CONSCIENTE

36 La célébration de la Messe, en tant qu'action du Christ et de l'Église, est le centre de toute la vie chrétienne pour l'Église aussi bien universelle que particulière, et pour chacun des fidèles,87 "qu'elle atteint de façon diverse, selon la diversité des ordres, des fonctions et de leur participation effective.88 De cette manière, le peuple chrétien, "race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple racheté"89 manifeste sa cohésion et son organisation hiérarchique".90 "Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, bien qu'il y ait entre eux une différence essentielle et non seulement de degré, sont cependant ordonnés l'un à l'autre; l'un et l'autre, en effet, chacun selon son mode propre, participent de l'unique sacerdoce du Christ".91

37 Par le baptême, tous les fidèles du Christ sont libérés de leurs péchés et incorporés dans l'Église; ils sont donc députés, par le caractère imprimé en eux par le baptême, au culte de la religion chrétienne,92 pour que en vertu de leur sacerdoce royal,93 en persévérant dans la prière et en louant Dieu,94 ils offrent leurs personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu, confirmant une telle offrande par toutes leurs oeuvres.95 Ils rendent témoignage au Christ partout dans le monde, et, devant tous ceux qui le leur demandent, ils n'hésitent pas à rendre compte de l'espérance de la vie éternelle qui est en eux.96 Par conséquent, même la participation des fidèles laïcs à la célébration de l'Eucharistie et des autres rites de l'Église ne peut pas équivaloir à une simple présence, qui plus est passive, mais elle doit être considérée comme un véritable exercice de la foi et de la dignité baptismale.

38 La doctrine constante de l'Église sur la nature, non seulement conviviale, mais aussi et avant tout sacrificielle de l'Eucharistie doit être à juste titre considérée comme l'une des principales clefs de la pleine participation de tous les fidèles à un si grand Sacrement.97 "Privé de sa valeur sacrificielle, le Mystère eucharistique est considéré comme s'il n'allait pas au-delà du sens et de la valeur d'une rencontre conviviale et fraternelle".98

39 Pour promouvoir et manifester la participation active des fidèles, le renouveau récent des livres liturgiques a favorisé, selon les intentions du Concile, les acclamations du peuple, les réponses, la psalmodie, les antiennes, les chants, de même que les actions ou les gestes, et les attitudes corporelles, et il a pris soin de faire observer en temps voulu le silence sacré, en prévoyant aussi, dans les rubriques, les parties qui reviennent aux fidèles.99 De plus, un large espace est laissé à une liberté d'adaptation opportune, qui est fondée sur le principe que chaque célébration doit être adaptée aux besoins des participants, ainsi qu'à leur capacité, leur préparation intérieure et leur génie propre, selon les facultés établies par les normes liturgiques. Dans chaque célébration, il existe d'amples possibilités d'introduire une certaine variété dans le choix des chants, des mélodies, des oraisons et des lectures bibliques, ainsi que dans le cadre de l'homélie, dans la préparation de la prière des fidèles, dans les monitions qui sont parfois prononcées, et dans l'ornementation de l'église en fonction des temps liturgiques. Ces éléments doivent contribuer à mettre en évidence plus clairement les richesses de la tradition liturgique, et, tout en tenant compte des nécessités pastorales, à conférer avec soin une connotation particulière à la célébration, dans le but de favoriser la participation intérieure. Cependant, il faut se souvenir que l'efficacité des actions liturgiques ne réside pas dans les changements fréquents des rites, mais en vérité dans l'approfondissement de la parole de Dieu et du mystère célébré.100

40 Cependant, bien qu'il soit incontestable que la célébration de la liturgie se caractérise par la participation active de tous les fidèles, il ne s'ensuit pas pour autant qu'il soit nécessaire que tous doivent, au sens matériel, faire autre chose que les gestes et les attitudes corporelles, qui sont prévus, comme si chacun devait nécessairement assumer une fonction spécifique dans le domaine liturgique. Il faut plutôt faire en sorte que la formation catéchétique veille attentivement à corriger les notions et les pratiques superficielles qui se sont diffusées à ce propos dans certains lieux, au cours des dernières années, et qu'elle prenne soin de raviver sans cesse chez les fidèles un sens rénové de profonde admiration envers le caractère sublime de ce mystère de foi, qu'est l'Eucharistie. De fait, en célébrant l'Eucharistie, l'Église passe sans cesse "de ce qui est ancien vers ce qui est nouveau".101 En effet, dans la célébration de l'Eucharistie, de même que dans toute la vie chrétienne, qui y puise sa force et qui tend vers elle, l'Église, comme l'Apôtre saint Thomas, se prosterne, adorant le Seigneur crucifié, mort, enseveli et ressuscité "dans la plénitude de sa splendeur divine, et elle s'exclame en permanence: "mon Seigneur et mon Dieu!"".102

41 Pour susciter, promouvoir et faire grandir ce sens intérieur de la participation liturgique, la célébration assidue et prolongée de la Liturgie des Heures s'avère très utile, de même que l'usage des sacramentaux et les exercices de la piété populaire chrétienne. Ces pratiques de piété, "qui, bien que ne relevant pas en droit strict de la sainte Liturgie, revêtent une particulière dignité et importance", sont à conserver du fait de leur lien avec l'organisation liturgique, surtout lorsqu'elles jouissent des approbations et des louanges du Magistère lui-même;103 cela vaut en particulier pour la prière mariale du Rosaire.104 De plus, puisque ces pratiques de piété conduisent le peuple chrétien à la fréquentation des sacrements, en particulier de l'Eucharistie, "comme à la méditation des mystères de notre Rédemption ou à l'imitation des grands exemples des saints, ils contribuent par cela même, non sans fruits salutaires, à nous rendre participants du culte liturgique".105

42 Il est nécessaire de reconnaître que l'Église ne se forme pas par une décision humaine, mais qu'elle est convoquée par Dieu dans l'Esprit Saint et qu'elle répond par la foi à son appel gratuit: en effet, le mot ekklesia est en rapport avec klesis , qui signifie "appel".106 On ne peut donc pas considérer le Sacrifice eucharistique dans le sens univoque de "concélébration" du prêtre avec le peuple qui est présent.107 Au contraire, l'Eucharistie célébrée par les prêtres est un don "qui dépasse radicalement le pouvoir de l'assemblée [ ... ]. Pour être véritablement une assemblée eucharistique, la communauté qui se réunit pour la célébration de l'Eucharistie a absolument besoin d'un prêtre ordonné qui la préside. D'autre part, la communauté n'est pas en mesure de se donner à elle-même son ministre ordonné".108 Il est nécessaire et urgent de tout mettre en oeuvre pour écarter toute ambiguïté dans ce domaine, et apporter un remède aux difficultés qui ont surgi ces dernières années. Ainsi, il ne faut employer qu'avec prudence des expressions telles que "communauté célébrante" ou "assemblée célébrante", qui sont traduites dans d'autres langues modernes par "celebrating assembly", "asamblea celebrante", "assemblea celebrante", et d'autres de ce genre.

2. LES FONCTIONS DES FIDÈLES LAÏCS DANS LA CÉLÉBRATION DE LA SAINTE MESSE

43 Pour le bien de la communauté et de toute l'Église de Dieu, il est juste et louable que, parmi les fidèles laïcs, quelques-uns exercent, selon la tradition, certaines fonctions dans le cadre de la célébration de la sainte Liturgie.109 Il convient que plusieurs personnes se répartissent entre elles les diverses fonctions à accomplir, ou les différentes parties d'une même fonction.110

44 En plus des ministères institués de l'acolytat et du lectorat,111 parmi les fonctions particulières, mentionnées ci-dessus, les plus importantes sont celles de l'acolyte112 et du lecteur113 , députés à titre temporaire, auxquelles s'ajoutent les autres fonctions qui sont décrites dans le Missel Romain114 , et aussi les fonctions de préparer les hosties, de laver les linges liturgiques, et d'autres semblables. Pour que la liturgie de l'Église se déroule d'une manière digne et convenable, tous, "ministres ordonnés ou fidèles laïcs, en accomplissant leur ministère ou leur fonction, doivent faire tout ce qui leur revient, et cela seulement",115 autant dans la célébration liturgique elle-même que dans sa préparation.

45 Il faut éviter le danger d'obscurcir la complémentarité entre l'action des clercs et celle des laïcs, afin que le rôle des laïcs ne subisse pas, comme on dit, une sorte de "cléricalisation", et que, de leur côté, les ministres sacrés n'assument pas indûment ce qui relève en propre de la vie et de l'action des fidèles laïcs.116

46 Le fidèle laïc, appelé à prêter son concours dans les célébrations liturgiques, doit être dûment préparé, et se recommander par sa vie chrétienne, sa foi, sa conduite morale et sa fidélité envers le Magistère de l'Église. Il convient qu'il ait reçu une formation liturgique adaptée à son âge, sa condition, son genre de vie et son degré de culture religieuse.117 On ne choisira personne dont la désignation puisse provoquer l'étonnement des fidèles.118

47 Il est tout à fait louable que se maintienne la coutume insigne que soient présents des enfants ou des jeunes - dénommés habituellement "servants d'autel" ou "enfants de choeur" - qui servent à l'autel comme acolytes, et reçoivent, selon leurs capacités, une catéchèse utile, adaptée à leur service.119 On ne doit pas oublier que, du nombre de ces enfants, qui servent à l'autel, a surgi, au long des siècles, une multitude de ministres sacrés.120 Afin de pourvoir plus efficacement aux besoins pastoraux de ces servants d'autel, il est nécessaire d'instituer et de promouvoir pour eux des associations, en faisant même appel à la participation et à l'aide de leurs parents. Quand des associations de ce genre acquièrent une dimension internationale, il revient à la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements de les ériger, ou d'approuver et de reconnaître leurs statuts.121 Les filles ou les femmes peuvent être admises à ce service de l'autel, au jugement de l'Évêque diocésain; dans ce cas, il faut suivre les normes établies à ce sujet.122



Chapitre III

LA CÉLÉBRATION CORRECTE DE LA SAINTE MESSE


1. LA MATIÈRE DE LA TRÈS SAINTE EUCHARISTIE

48 Le saint Sacrifice eucharistique doit être célébré avec du pain azyme, de pur froment et confectionné récemment en sorte qu'il n'y ait aucun risque de corruption.123 Par conséquent, le pain fabriqué avec une autre matière, même s'il s'agit d'une céréale, ou le pain, auquel on a ajouté une autre matière que le froment, dans une quantité tellement importante que, selon l'opinion commune, on ne peut pas le considérer comme du pain de froment, ne constitue pas la matière valide de la célébration du Sacrifice et du Sacrement de l'Eucharistie.124 Le fait d'introduire d'autres substances dans la fabrication du pain destiné à l'Eucharistie, telles que des fruits, du sucre ou du miel, constitue un grave abus. Il est évident que les hosties doivent être fabriquées par des personnes qui, non seulement se distinguent par leur intégrité, mais encore sont compétentes dans ce domaine, et emploient les instruments appropriés.125

49 En raison du signe qui est exprimé, il convient que certaines parties du pain eucharistique, obtenues au moment de sa fraction, soient distribuées au moins à quelques fidèles au moment de la Communion. "Cependant, on n'exclut aucunement les petites hosties quand le nombre des communiants et d'autres motifs pastoraux exigent leur emploi",126 et bien plus, il est d'usage d'avoir recours pour une grande part à des petites hosties, qui ne requièrent pas de fraction ultérieure.

50 Le saint Sacrifice eucharistique doit être célébré avec du vin naturel de raisins, pur et non corrompu, sans mélange de substances étrangères.127 Durant la célébration de la Messe elle-même, on doit ajouter un peu d'eau au vin. Il faut prendre soin de conserver en parfait état le vin destiné à l'Eucharistie, et de veiller à ce qu'il ne s'aigrisse pas.128 Il est absolument interdit d'utiliser du vin dont l'authenticité et la provenance seraient douteuses: en effet, l'Église exige la certitude au sujet des conditions nécessaires pour la validité des sacrements. Aucun prétexte ne peut justifier le recours à d'autres boissons, quelles qu'elles soient, qui ne constituent pas une matière valide.

2. LA PRIÈRE EUCHARISTIQUE

51 On doit utiliser seulement les Prières eucharistiques contenues dans le Missel Romain ou légitimement approuvées par le Siège Apostolique, selon les modalités et dans les limites qu'il a fixées. "On ne peut tolérer que certains prêtres s'arrogent le droit de composer des Prières eucharistiques"129 ou qu'ils modifient le texte approuvé par l'Église, ou encore qu'ils adoptent d'autres Prières eucharistiques, dues à la composition privée.130

52 La proclamation de la Prière eucharistique, qui, par nature, est le sommet de toute la célébration, est réservée au prêtre en vertu de son ordination. Ainsi, c'est un abus de faire dire certaines parties de la Prière eucharistique par un diacre, par un ministre laïc, ou bien par un fidèle ou par tous les fidèles ensemble. C'est pourquoi la Prière eucharistique doit être dite entièrement par le prêtre, et par lui seul.131

53 Pendant que le prêtre célébrant prononce la Prière eucharistique, "il n'y aura pas d'autres prières, ni d'autres chants; de même, l'orgue et les autres instruments de musique resteront silencieux",132 à l'exception des acclamations du peuple dûment approuvées, dont il est fait mention ci-après.

54 Cependant, le peuple participe toujours activement, et il n'est donc jamais tout à fait passif: "en effet, le peuple s'associe au prêtre dans la foi et en silence, ainsi que par les interventions établies dans le cours de la Prière eucharistique: les réponses au dialogue de la Préface, le Sanctus, l'acclamation après la consécration et l'acclamation Amen après la doxologie finale, ainsi que les autres acclamations approuvées par la Conférence des Évêques et confirmées par le Saint-Siège".133

55 L'abus suivant se répand dans certains lieux: durant la célébration de la sainte Messe, le prêtre rompt l'hostie au moment de la consécration. Un tel abus est contraire à la tradition de l'Église. Il doit être expressément réprouvé et il est très urgent de le corriger.

56 Dans la Prière eucharistique, il ne faut pas omettre de mentionner les noms du Souverain Pontife et de l'Évêque diocésain, afin de respecter une tradition très ancienne et manifester la communion ecclésiale. En effet, "la communion ecclésiale de l'assemblée eucharistique est aussi communion avec son Évêque et avec le Pontife Romain".134

2. LES AUTRES PARTIES DE LA MESSE

57 La communauté des fidèles a le droit d'obtenir, surtout dans la célébration dominicale, que, habituellement, la musique sacrée soit idoine et véritable, et que l'autel, les ornements et les linges sacrés resplendissent toujours de dignité, de beauté et de propreté, selon les normes.

58 De même, tous les fidèles ont le droit d'obtenir que la célébration de l'Eucharistie soit préparée avec soin dans toutes ses parties, de manière à ce que la parole de Dieu soit proclamée et expliquée avec dignité et d'une manière efficace, la faculté de choisir les textes liturgiques et les rites soit exercée soigneusement, selon les normes, et que, durant la célébration de la Liturgie, les paroles des chants préservent et alimentent, comme il convient, la foi des fidèles.

59 L'usage suivant, qui est expressément réprouvé, doit cesser: ici ou là, il arrive que les prêtres, les diacres ou les fidèles introduisent, de leur propre initiative, des changements ou des variations dans les textes de la sainte Liturgie, qu'ils sont chargés de prononcer. En effet, cette manière d'agir a pour conséquence de rendre instable la célébration de la sainte Liturgie, et il n'est pas rare qu'elle aille jusqu'à altérer le sens authentique de la Liturgie.

60 Dans la célébration de la Messe, la liturgie de la Parole et la liturgie de l'Eucharistie sont étroitement liées entre elles, et elles forment un seul et même acte de culte. Il n'est donc pas licite de les séparer l'une de l'autre, ni de les célébrer en des temps et des lieux différents.135 De même, il n'est pas licite de célébrer les diverses parties de la sainte Messe à des moments différents, y compris durant la même journée.

61 En ce qui concerne le choix des lectures bibliques qui doivent être proclamées durant la célébration de la Messe, on doit observer les normes, qui sont contenues dans les livres liturgiques,136 afin que, vraiment, "la table de la parole de Dieu soit présentée aux fidèles avec plus de richesse, et que leur soit ouverts plus largement les trésors bibliques".137

62 Il n'est pas licite d'omettre ou de changer arbitrairement les lectures bibliques qui sont prescrites, ni surtout de remplacer "les lectures et le psaume responsorial, qui contiennent la parole de Dieu, par d'autres textes choisis hors de la Bible".138

63 Dans la célébration de la sainte Liturgie, la lecture de l'Évangile, qui "constitue le sommet de la liturgie de la Parole",139 est réservée, selon la tradition de l'Église, au ministre ordonné.140 Il n'est donc pas licite qu'un laïc, y compris un religieux, proclame l'Évangile durant la célébration de la sainte Messe, ni dans tous les autres cas, où les normes n'accordent pas explicitement une telle autorisation.141

64 L'homélie, qui est prononcée au cours de la célébration de la sainte Messe et fait partie de la liturgie elle-même,142 "est faite habituellement par le prêtre célébrant lui-même ou par un prêtre concélébrant à qui il l'aura demandé, ou parfois, si cela est opportun, aussi par le diacre, mais jamais par un laïc.143 Dans des cas particuliers et pour une juste cause, l'homélie peut être faite aussi par un Évêque ou un prêtre participant à la concélébration, même s'il ne peut pas concélébrer".144

65 Il est rappelé qu'il faut tenir pour abrogée par le can. CIC 767 § 1 toute norme antérieure qui aurait autorisé des fidèles non-ordonnés à prononcer l'homélie durant la célébration de l'Eucharistie.145 En effet, une telle permission doit être expressément réprouvée, et aucune coutume ne peut justifier qu'elle soit accordée.

66 L'interdiction adressée aux laïcs de prêcher durant la célébration de la Messe concerne aussi les séminaristes, les étudiants en théologie, tous ceux qui exercent la fonction d' "assistants pastoraux", et n'importe quel type de groupe, mouvement, communauté ou association de laïcs.146

67 En particulier, il faut veiller attentivement à ce que l'homélie se concentre strictement sur le mystère du salut, en exposant, au long de l'année liturgique, à partir des lectures bibliques et des textes liturgiques, les mystères de la foi et les normes de la vie chrétienne, et en offrant un commentaire des textes de l'Ordinaire ou du Propre de la Messe, ou encore d'un autre rite de l'Église.147 Il est évident que toutes les interprétations de la Sainte Écriture doivent conduire au Christ, en tant que pivot suprême de l'économie du salut; toutefois, cela doit se faire en tenant compte aussi du contexte spécifique de la célébration liturgique. Celui qui prononce l'homélie doit veiller à projeter la lumière du Christ sur les événements de la vie. Il ne doit pas pour autant priver la parole de Dieu de son sens authentique et véritable, par exemple, en se référant uniquement à des considérations d'ordre politique ou à des arguments profanes, ou en s'inspirant de notions empruntées à des mouvements pseudo-religieux répandus à notre époque.148

68 L'Évêque diocésain doit exercer sa vigilance sur l'homélie149 en adressant aussi des normes, des orientations et des aides aux ministres sacrés, ainsi qu'en promouvant des rencontres et d'autres initiatives appropriées, afin de leur donner souvent l'occasion de réfléchir, avec une plus grande attention, sur la nature de l'homélie, et pour les aider dans sa préparation.

69 Durant la sainte Messe, tout comme dans les autres célébrations de la sainte Liturgie, il n'est pas permis d'utiliser un Symbole ou une Profession de foi qui ne se trouve pas dans les livres liturgiques dûment approuvés.

70 Les offrandes que les fidèles ont l'habitude de présenter pendant la sainte Messe pour la Liturgie eucharistique, ne se réduisent pas nécessairement au pain et au vin, qui sont destinés à la célébration de l'Eucharistie, mais elles peuvent comprendre aussi d'autres dons, qui sont apportés par les fidèles, c'est-à-dire de l'argent ou d'autres biens servant à exercer la charité envers les pauvres. Cependant, les offrandes concrètes doivent toujours être l'expression visible du vrai don, que le Seigneur attend de nous: un coeur contrit, et l'amour de Dieu et du prochain, qui nous rend conformes au sacrifice du Christ, qui s'est livré lui-même pour nous. En effet, c'est dans l'Eucharistie que resplendit au plus haut point ce mystère de la charité, que Jésus-Christ a manifesté durant la Cène, en lavant les pieds de ses disciples. Toutefois, afin de sauvegarder la dignité de la sainte Liturgie, il faut que les offrandes concrètes soient présentées d'une manière convenable. C'est pourquoi l'argent, ainsi que les autres dons destinés aux pauvres, doivent être déposés à un endroit approprié, hors de la table eucharistique.150 Mis à part l'argent et, là où le cas se présente, une petite partie des autres dons comme signe d'autres bienfaits plus importants, il est préférable de présenter ces offrandes en dehors de la célébration de la Messe.

71 Il faut maintenir l'usage du Rite romain de transmettre la paix un peu avant la distribution de la sainte Communion, comme le prévoit le Rite de la Messe. En effet, selon la tradition du Rite romain, cet usage n'a pas une connotation de réconciliation, ni de rémission des péchés, mais il a plutôt pour but de manifester la paix, la communion et la charité, avant de recevoir la très sainte Eucharistie.151 En revanche, l'acte pénitentiel du début de la Messe, particulièrement s'il est accompli selon la première forme, comporte ce caractère d'exprimer la réconciliation entre les frères.

72 Il convient "que chacun souhaite la paix de manière sobre et seulement à ceux qui l'entourent". "Le prêtre peut donner la paix aux ministres, en restant cependant dans le sanctuaire, pour ne pas troubler la célébration. Il fera de même s'il veut, pour une juste cause, donner la paix à quelques fidèles". "En ce qui concerne le signe de la paix à transmettre, son mode est établi par les Conférences des Évêques, selon les mentalités, les us et coutumes des différents peuples", et confirmé par le Siège Apostolique.152

73 Dans la célébration de la sainte Messe, la fraction du pain eucharistique commence après l'échange de la paix, pendant que l'on dit l'Agnus Dei; elle est accomplie seulement par le prêtre célébrant, et, si le cas se présente, avec l'aide d'un diacre ou d'un concélébrant, mais jamais d'un laïc. En effet, le geste de la fraction du pain "accompli par le Christ à la dernière Cène et qui, depuis l'âge apostolique, a donné son nom à toute l'action eucharistique, signifie que les multiples fidèles, dans la Communion à l'unique pain de vie, qui est le Christ, mort et ressuscité pour le salut du monde, deviennent un seul corps (1Co 10,17)".153 C'est pourquoi il faut accomplir ce rite avec le plus grand respect.154 Cependant, sa durée doit être brève. Il est très urgent de corriger l'abus, qui se répand dans certains lieux, de prolonger ce rite sans nécessité, y compris avec l'aide de laïcs, contrairement aux normes, et de lui attribuer une importance exagérée.155

74 S'il apparaît nécessaire qu'un laïc transmette des informations ou présente un témoignage de vie chrétienne aux fidèles réunis dans l'église, il est généralement préférable que cela ait lieu en dehors de la Messe. Cependant, pour des raisons graves, il est licite de présenter ce genre d'informations ou de témoignages lorsque le prêtre a fini de prononcer la prière après la Communion. Toutefois, un tel usage ne doit pas devenir une habitude. De plus, ces informations et ces témoignages ne doivent pas revêtir des caractéristiques qui pourraient les faire confondre avec l'homélie,156 ni être la cause de la suppression totale de l'homélie.


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