Sacramentum carit. FR 15


Eucharistie et sacrements

Sacramentalité de l'Église

16 Le Concile Vatican II a rappelé que, « quant aux autres sacrements et à tous les ministères ecclésiaux et aux oeuvres d'apostolat, ils sont étroitement liés à l'Eucharistie et ordonnés à elle. La très sainte Eucharistie contient en effet l'ensemble des biens spirituels de l'Église, à savoir le Christ lui-même, notre Pâque, le pain vivant, qui par sa Chair, vivifiée et vivifiante par l'Esprit Saint, procure la vie aux hommes, et les invite et les conduit à s'offrir eux-mêmes, à offrir leurs travaux et toutes les choses créées, en union avec lui ». (41) Cette relation intime de l'Eucharistie avec les autres sacrements et avec l'existence chrétienne est comprise à sa racine quand on contemple le mystère de l'Église elle-même comme sacrement. (42) À ce sujet, le Concile Vatican II a affirmé que « l'Église est, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c'est-à-dire, le signe et l'instrument de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain ». (43) Comme dit saint Cyprien, en tant que « peuple qui tire son unité de l'unité du Père et du Fils et de l'Esprit Saint », (44) elle est sacrement de la communion trinitaire.

Le fait que l'Église soit « sacrement universel du salut » (45) montre comment l'économie sacramentelle détermine en définitive la manière par laquelle le Christ, unique Sauveur, rejoint par l'Esprit notre existence dans ses spécificités propres. L'Église se reçoit et en même tempss'exprime dans les sept sacrements par lesquels la grâce de Dieu influence concrètement l'existence des fidèles, afin que toute leur vie, rachetée par le Christ, devienne un culte rendu à Dieu. Dans cette perspective, je désire ici souligner quelques éléments, mis en évidence par les Pères synodaux, qui peuvent aider à saisir la relation de tous les sacrements avec le Mystère eucharistique.

(41) Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum Ordinis, n.
PO 5.
(42) Cf. Proposition 14.
(43) Const. dogm. Lumen gentium, n. LG 1.
(44) De Orat. Dom., 23 : PL 4, 553.
(45) Const. dogm. Lumen gentium, n. LG 48; cf. aussi ibidem n. LG 9.

I. Eucharistie et initiation chrétienne

Eucharistie, plénitude de l'initiation chrétienne

17 Si l'Eucharistie est véritablement source et sommet de la vie et de la mission de l'Église, il s'ensuit avant tout que le chemin de l'initiation chrétienne a pour point de référence la possibilité d'accéder à ce sacrement. À ce sujet, comme l'ont dit les Pères synodaux, nous devons nous demander si, dans nos communautés chrétiennes, le lien étroit entre le Baptême, la Confirmation et l'Eucharistie est suffisamment perçu. (46) Il ne faut jamais oublier, en effet, que nous sommes baptisés et confirmés en vue de l'Eucharistie. Une telle donnée implique un engagement dans le but de favoriser, dans la pratique pastorale, une compréhension plus unifiée du parcours de l'initiation chrétienne. Le sacrement du Baptême, par lequel nous avons été conformés au Christ, (47) incorporés à l'Église et établis fils de Dieu, constitue la porte d'entrée à tous les sacrements. Par lui, nous sommes insérés dans l'unique Corps du Christ (cf. 1Co 12,13), peuple sacerdotal. Cependant, c'est la participation au Sacrifice eucharistique qui perfectionne en nous ce qui est donné dans le Baptême. Les dons de l'Esprit sont aussi donnés pour l'édification du Corps du Christ (1Co 12) et pour un plus grand témoignage évangélique dans le monde. (48) Par conséquent, la sainte Eucharistie porte l'initiation chrétienne à sa plénitude et elle se situe comme le centre et la fin de toute la vie sacramentelle. (49)

(46) Cf. Proposition 13.
(47) Cf. Const. dogm. Lumen gentium, n. LG 7.
(48) Cf. ibidem, n. 11; Conc. oecum. Vat. II, Décret sur l'activité missionnaire de l'Église Ad gentes, nn. AGD 9 AGD 13.
(49) Cf. Jean-Paul II, Lettre apostolique Dominicae Cenae (24 février 1980), n.7 : AAS 72 (1980), pp. 124-127; La Documentation catholique 77 (1980), p. 304; cf. aussi Conc. oecum. Vat. II, Décret Presbyterorum ordinis, n. PO 5.

L'ordre des sacrements de l'initiation

18 À cet égard, il est nécessaire de porter attention à la question de l'ordre des sacrements de l'initiation. Dans l'Église, il existe des traditions différentes. Une telle diversité se manifeste avec évidence dans les traditions ecclésiales de l'Orient, (50) et dans la pratique occidentale elle- même en ce qui concerne l'initiation des adultes, (51) par rapport à celle des enfants. (52) Néanmoins, de telles différences ne sont pas proprement d'ordre dogmatique, mais de nature pastorale. Concrètement, il est nécessaire de vérifier quelle pratique peut en réalité aider au mieux les fidèles à mettre au centre le sacrement de l'Eucharistie, comme réalité vers laquelle tend toute l'initiation. En étroite collaboration avec les Dicastères compétents de la Curie romaine, les Conférences épiscopales vérifieront l'efficacité des parcours actuels d'initiation, afin que, par l'action éducative de nos communautés, le chrétien soit aidé à mûrir toujours davantage, en parvenant à donner à sa vie une authentique assise eucharistique, de sorte qu'il soit en mesure de rendre raison de son espérance d'une manière adaptée à notre temps (cf. 1P 3,15).

(50) Cf. Code des Canons des Églises orientales, can. CIO 710.
(51) Cf. Rituel de l'Initiation chrétienne des adultes, introduction générale, nn. 34-36.
(52) Cf. Rituel du Baptême des enfants, introduction, nn. 18-19.

Initiation, communauté ecclésiale et famille

19 Il faut toujours se rappeler que toute l'initiation chrétienne est un chemin de conversion à parcourir avec l'aide de Dieu et en relation constante avec la communauté ecclésiale, soit quand un adulte demande à entrer dans l'Église, comme cela arrive dans les milieux de première évangélisation ou dans de nombreux milieux sécularisés, soit quand les parents demandent les sacrements pour leurs enfants. À ce sujet, je désire surtout attirer l'attention sur la relation entre initiation chrétienne et famille. Dans l'action pastorale, on doit toujours associer la famille chrétienne au parcours d'initiation. Recevoir le Baptême, la Confirmation et s'approcher pour la première fois de l'Eucharistie sont des moments décisifs non seulement pour la personne qui les reçoit mais aussi pour toute sa famille, qui doit être soutenue dans sa tâche éducative par la communauté ecclésiale dans ses diverses composantes. (53) Je voudrais ici souligner l'importance de la première communion. Pour de très nombreux fidèles, ce jour reste justement gravé dans la mémoire comme le premier moment où, même si c'est encore de manière élémentaire, ils ont perçu l'importance de la rencontre personnelle avec Jésus. La pastorale paroissiale doit mettre en valeur de manière appropriée une occasion aussi significative.

(53) Cf. Proposition 15.

II. Eucharistie et Sacrement de la Réconciliation

Leur lien intrinsèque

20 Les Pères synodaux ont justement affirmé que l'amour de l'Eucharistie conduit aussi à apprécier toujours plus le sacrement de la Réconciliation. (54) À cause du lien entre ces sacrements, une authentique catéchèse à l'égard du sens de l'Eucharistie ne peut être séparée de la proposition d'un chemin pénitentiel (cf. 1Co 11,27-29). Nous constatons assurément que, à notre époque, les fidèles se trouvent immergés dans une culture qui tend à effacer le sens du péché, (55) favorisant un comportement superficiel qui porte à oublier la nécessité d'être dans la grâce de Dieu pour s'approcher dignement de la communion sacramentelle. (56) En réalité, perdre la conscience du péché entraîne toujours aussi une certaine superficialité dans la compréhension de l'amour de Dieu lui-même. Il est très utile de rappeler aux fidèles ces éléments qui, dans le rite de la Messe, explicitent la conscience de leur péché et, simultanément, de la miséricorde de Dieu. (57) En outre, la relation entre Eucharistie et Réconciliation nous rappelle que le péché n'est jamais une réalité exclusivement individuelle; il comporte toujours également une blessure au sein de la communion ecclésiale, dans laquelle nous sommes insérés par le Baptême. C'est pourquoi la Réconciliation, comme le disaient les Pères de l'Église, estlaboriosus quidam baptismus, (58) soulignant de cette façon que l'issue du chemin de conversion est aussi le rétablissement de la pleine communion ecclésiale, qui se manifeste par le fait de s'approcher à nouveau de l'Eucharistie. (59)

(54) Cf. Proposition 7; Jean-Paul II, Encycl. Ecclesia de Eucharistia (17 avril 2003), n. EE 36: AAS95 (2003), pp. 457-458; La Documentation catholique 100 (2003), p. 381.
(55) Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Reconciliatio et paenitentia (2 décembre 1984), n. RP 18 : AAS 77 (1985), pp. 224- 228; La Documentation catholique 82 (1985), pp.12-13.
(56) Cf. Catéchisme de l'Église catholique, n. CEC 1385.
(57) Cf. On pense ici au Confiteor ou au dialogue entre le prêtre et l'assemblée avant de s'approcher de la Communion: « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir; mais dis seulement une parole et je serai guéri ». Il n'est pas sans signification que la liturgie prévoie aussi pour le prêtre quelques très belles prières, recueillies par la tradition, qui rappellent le besoin d'être pardonné, comme par exemple celle qui est prononcée à mi-voix, avant d'inviter les fidèles à la communion sacramentelle: « Que ton corps et ton sang me délivrent de mes péchés et de tout mal; fais que je demeure fidèle à tes commandements et que jamais je ne sois séparé de toi ».
(58) Cf. S. Jean Damascène, De fide orthodoxa, IV, 9 : PG 94, 1124C; S. Grégoire de Nazianze, Discours 39, 17: PG 36, 356A; SCh 358 (1990), p. 189; Conc. oecum. de Trente,Doctrina de sacramento paenitentiae, cap. 2 : DS 1672.
(59) Cf. Conc. oecum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. LG 11; Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Reconciliatio et paenitentia (2 décembre 1984), n. RP 30 : AAS 77 (1985), pp. 256-257; La Documentation catholique 82 (1985), p. 22.


Quelques points d'attention pastorale

21 Le Synode a rappelé qu'il est du devoir pastoral de l'Évêque de promouvoir dans son diocèse la détermination de revenir à une pédagogie de la conversion qui naît de l'Eucharistie et d'encourager les fidèles à la confession fréquente. Tous les prêtres se consacreront avec générosité, application et compétence à l'administration du sacrement de la Réconciliation. (60) À ce sujet, on doit prêter attention à ce que les confessionnaux, dans nos églises, soient bien visibles et expressifs du sens de ce Sacrement. Je demande aux Pasteurs de veiller attentivement à la célébration du sacrement de la Réconciliation, en réservant la pratique de l'absolution générale exclusivement aux cas prévus, (61) la forme personnelle étant la seule forme ordinaire. (62) Face à la nécessité de redécouvrir le pardon sacramentel, qu'il y ait toujours dans tous les diocèses un Pénitencier. (63) Enfin, dans la nouvelle prise de conscience de la relation entre Eucharistie et Réconciliation, une pratique sage et équilibrée de l'indulgence, gagnée pour soi-même ou pour les défunts, peut être d'une aide utile. Par elle, on obtient « la rémission devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés dont la faute est déjà effacée ». (64) L'usage des indulgences nous aide à comprendre que, par nos seules forces, nous serions incapables de réparer le mal commis et que les péchés de chacun portent tort à toute la communauté; par ailleurs, la pratique de l'indulgence, impliquant non seulement la doctrine des mérites infinis du Christ, mais aussi celle de la communion des saints, nous dit « combien intime est le lien qui nous unit entre nous dans le Christ, et combien la vie surnaturelle de chacun peut servir aux autres ». (65) Puisque sa forme elle-même prévoit, parmi les conditions, le recours à la confession et à la communion sacramentelle, sa pratique peut soutenir efficacement les fidèles sur le chemin de la conversion et dans la découverte du caractère central de l'Eucharistie dans la vie chrétienne.

(60) Cf. Proposition 7.
(61) Cf. Jean-Paul II, Motu Proprio Misericordia Dei (7 avril 2002) : AAS 94 (2002), pp. 452-459; La Documentation catholique 99 (2002), pp. 451-455.
(62) Avec les Pères synodaux, je rappelle que les célébrations pénitentielles non sacramentelles, mentionnées dans le rituel du sacrement de la Réconciliation, peuvent être utiles pour renforcer l'esprit de conversion et de communion dans les communautés chrétiennes, en préparant ainsi les coeurs à la célébration du sacrement: cf. Proposition 7.
(63) Cf. Code de Droit canonique, can.
CIC 508.
(64) Paul VI, Const. apost. Indulgentiarum doctrina (1(er )janvier 1967), Normae, n. 1: AAS 59 (1967), p. 21; La Documentation catholique 64 (1967), col. 214.
(65) Ibidem, n. 9: AAS 59 (1967), pp. 18-19; La Documentation catholique 64 (1967), col. 212.


III. Eucharistie et Onction des malades

22 Jésus n'a pas seulement envoyé ses disciples pour guérir les malades (cf. Mt 10,8 Lc 9,2 Lc 10,9), mais il a aussi institué pour eux un Sacrement spécifique: l'Onction des malades. (66) LaLettre de Jacques atteste déjà la présence de ce geste sacramentel dans la première communauté chrétienne (cf. Jc 5,14-16). Si l'Eucharistie montre que les souffrances et la mort du Christ ont été transformées en amour, l'Onction des malades, de son côté, associe la personne qui souffre à l'offrande que le Christ a faite de lui-même pour le salut de tous, de sorte qu'elle aussi puisse, dans le mystère de la communion des saints, participer à la rédemption du monde. La relation entre ces sacrements se manifeste également face à l'aggravation de la maladie: « À ceux qui vont quitter cette vie, l'Église offre, en plus de l'Onction des malades, l'Eucharistie comme viatique ». (67) Dans le passage vers le Père, la communion au Corps et au Sang du Christ se manifeste comme semence de vie éternelle et puissance de résurrection: « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6,54). Puisque le Saint Viatique ouvre au malade la plénitude du mystère pascal, il est nécessaire d'en assurer la pratique. (68) L'attention et le soin pastoral envers ceux qui sont malades rejaillissent sûrement en bénéfice spirituel pour toute la communauté, sachant que ce que nous aurons fait au plus petit, nous l'aurons fait à Jésus lui-même (cf. Mt 25,40).

(66) Cf. Catéchisme de l'Église catholique, nn. CEC 1499-1531.
(67) Ibidem, n. CEC 1524.
(68) Cf. Proposition 44.


IV. Eucharistie et Sacrement de l'Ordre

In persona Christi capitis

23 Le lien intrinsèque entre Eucharistie et Sacrement de l'Ordre découle des paroles mêmes de Jésus au Cénacle: « Faites ceci en mémoire de moi » (Lc 22,19). En effet, Jésus, à la veille de sa mort, a institué l'Eucharistie et fondé en même temps le sacerdoce de la Nouvelle Alliance. Il est prêtre, victime et autel: médiateur entre Dieu le Père et le peuple (cf. He 5,5-10), victime d'expiation (cf. 1Jn 2,2 1Jn 4,10) qui s'offre elle-même sur l'autel de la croix. Personne ne peut dire « ceci est mon corps » et « ceci est la coupe de mon sang » si ce n'est au nom et en la personne du Christ, unique souverain prêtre de la nouvelle et éternelle Alliance (cf. He 8-9). Au cours d'autres assemblées, le Synode des Évêques avait déjà abordé le sujet du ministère ordonné, soit pour ce qui regarde l'identité du ministère, (69) soit pour la formation des candidats. (70) En cette circonstance, à la lumière du dialogue intervenu au sein de l'assemblée synodale, je tiens à rappeler quelques points relatifs au rapport entre Sacrement de l'Eucharistie et Sacrement de l'Ordre. Il est avant tout nécessaire de rappeler que le lien entre l'Ordre sacré et l'Eucharistie est visible précisément dans la Messe présidée par l'Évêque ou par le prêtre au nom du Christ-Tête.

La doctrine de l'Église fait de l'ordination sacerdotale la condition indispensable pour la célébration valide de l'Eucharistie. (71) En effet, « dans le service ecclésial du ministre ordonné, c'est le Christ lui-même qui est présent à son Église en tant que Tête de son Corps, Pasteur de son troupeau, grand prêtre du sacrifice rédempteur ». (72) De façon certaine, le ministre ordonné « agit aussi au nom de toute l'Église lorsqu'il présente à Dieu la prière de l'Église et surtout lorsqu'il offre le sacrifice eucharistique ». (73) Il est donc nécessaire que les prêtres aient conscience que, dans tout leur ministère, ils ne doivent jamais se mettre au premier plan, eux-mêmes ou leurs opinions, mais Jésus Christ. Toute tentative de se poser soi-même comme protagoniste de l'action liturgique contredit l'identité sacerdotale. Le prêtre est plus que jamais serviteur et il doit s'engager continuellement à être le signe qui, en tant qu'instrument docile entre les mains du Christ, renvoie à Lui. Cela se traduit particulièrement dans l'humilité avec laquelle le prêtre guide l'action liturgique, dans l'obéissance au rite, en y adhérant de coeur et d'esprit, en évitant tout ce qui pourrait donner l'impression d'une initiative propre inopportune. Je recommande donc au clergé d'approfondir toujours la conscience de son ministère eucharistique comme humble service rendu au Christ et à son Église. Le sacerdoce, comme le disait saint Augustin, est amoris officium, (74) est l'office du bon pasteur, qui offre sa vie pour ses brebis (cf. Jn 10,14-15).

(69) Cf. Synode des Évêques, Deuxième Assemblée générale, Document sur le sacerdoce ministériel Ultimis temporibus (30 novembre 1971): AAS 63 (1971), pp. 898-942; La Documentation catholique 69 (1972), pp. 2-11.
(70) Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Pastores dabo vobis (25 mars 1992), nn. PDV 42-69: AAS 84 (1992), pp. 729-778; La Documentation catholique 89 (1992), pp. 476-492.
(71) Cf. Conc. oecum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. LG 10; Congrégation pour la doctrine de la foi, Lettre sur quelques questions concernant le ministre de l'EucharistieSacerdotium ministeriale (6 août 1983) : AAS 75 (1983), pp. 1001-1009; La Documentation catholique 80 (1983), pp. 885-887.
(72) Catéchisme de l'Église catholique, n. CEC 1548.
(73) Ibidem, n. CEC 1552.
(74) Cf. In Iohannis Evangelium Tractacus 123, 5: PL 35, 1967.

Eucharistie et célibat sacerdotal

24 Les Pères synodaux ont voulu souligner que le sacerdoce ministériel requiert, à travers l'ordination, l'entière configuration au Christ. Tout en respectant les pratiques différentes et la tradition orientale, il convient de rappeler le sens profond du célibat sacerdotal, justement considéré comme une richesse inestimable et confirmé aussi dans la pratique orientale pour les candidats à l'épiscopat. Dans un tel choix, en effet, le dévouement qui conforme le prêtre au Christ et l'offrande exclusive de lui-même pour le Règne de Dieu trouvent une expression particulière. (75) Le fait que le Christ lui-même, prêtre pour l'éternité, ait vécu sa mission jusqu'au Sacrifice de la croix dans l'état de virginité constitue le point de référence sûr pour recueillir le sens de la tradition de l'Église latine sur cette question. Il n'est donc pas suffisant de comprendre le célibat sacerdotal en termes purement fonctionnels. En réalité, il est une conformation particulière au style de vie du Christ lui-même. Ce choix est avant tout sponsal; il est identification au coeur du Christ Époux, qui donne sa vie pour son Épouse. Unie à la grande tradition ecclésiale, au Concile Vatican II (76) et aux Souverains Pontifes mes prédécesseurs, (77) je redis la beauté et l'importance d'une vie sacerdotale vécue dans le célibat comme signe exprimant le don de soi total et exclusif au Christ, à l'Église et au Règne de Dieu, et j'en confirme donc le caractère obligatoire pour la tradition latine. Le célibat sacerdotal vécu avec maturité, joie et dévouement est une très grande bénédiction pour l'Église et pour la société elle-même.

(75) Cf. Proposition 11.
(76) Cf. Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum Ordinis, n.
PO 16.
(77) Cf. Jean XXIII, Encycl. Sacerdotii nostri primordia (1(er) août 1959): AAS 51 (1959), pp. 545-579; La Documentation catholique 56 (1959), col. 1025-1045; Paul VI, Encycl.Sacerdotalis caelibatus (24 juin 1967): AAS 59 (1967), pp. 657-697; La Documentation catholique 64 (1967), col. 1249-1280; Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Pastores dabo vobis (25 mars 1992), n. PDV 29: AAS 84 (1992), pp. 703-705; La Documentation catholique 89 (1992), pp. 467- 468; Benoît XVI, Discours aux Cardinaux et à la Curie romaine pour la présentation des voeux de Noël (22 décembre 2006): L'Osservatore romano (23 décembre 2006), p. 6; La Documentation catholique 104 (2007), pp. 106-107.

Manque de prêtres et pastorale des vocations

25 À propos du lien entre Sacrement de l'Ordre et Eucharistie, le Synode s'est arrêté sur la situation difficile qui apparaît dans divers diocèses lorsqu'on doit faire face à la pénurie de prêtres. Cela se produit non seulement dans certaines zones de première évangélisation, mais également dans de nombreux pays de longue tradition chrétienne. Une plus juste répartition des prêtres contribuera certainement à la solution du problème. Un travail de large sensibilisation est donc nécessaire. Les Évêques impliqueront dans les nécessités pastorales les Instituts de Vie consacrée et les nouvelles réalités ecclésiales, dans le respect de leur charisme propre, et ils solliciteront tous les membres du clergé à une plus grande disponibilité pour servir l'Église là où il en est besoin, même au prix de sacrifices. (78) En outre, au cours du Synode, on a aussi discuté des attentions pastorales à mettre en oeuvre pour favoriser, surtout chez les jeunes, l'ouverture intérieure à la vocation sacerdotale. Une telle situation ne peut trouver de solution par de simples moyens pragmatiques. Il faut éviter que les Évêques, poussés par des préoccupations fonctionnelles bien compréhensibles à cause du manque de prêtres, n'effectuent pas le discernement vocationnel qui convient et qu'ils admettent à la formation spécifique et à l'ordination des candidats qui ne possèdent pas les caractéristiques nécessaires pour le service sacerdotal. (79) Un clerc qui n'est pas suffisamment formé, admis à l'ordination sans le discernement requis, pourra difficilement offrir un témoignage capable de susciter chez les autres le désir de répondre avec générosité à l'appel du Christ. En réalité, la pastorale vocationnelle doit impliquer toute la communauté chrétienne dans toutes ses composantes. (80) Évidemment, ce large travail pastoral comprend également la sensibilisation des familles, souvent indifférentes si ce n'est ouvertement opposées à l'hypothèse de la vocation sacerdotale. Qu'elles s'ouvrent avec générosité au don de la vie et qu'elles éduquent leurs enfants à être disponibles à la volonté de Dieu. En résumé, il faut surtout avoir le courage de proposer aux jeunes la radicalité de la vie à la suite du Christ, en en montrant l'attrait.

(78) Cf. Proposition 11.
(79) Cf. Conc oecum. Vat. II, Décret sur la formation sacerdotale Optatam totius, n.
OT 6; Code de Droit canonique, can. CIC 241, § 1 et can. CIC 1029; Code des Canons des Églises orientales, can. CIO 342, § 1 et can. CIO 758; Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Pastores dabo vobis (25 mars 1992), nn. PDV 11 PDV 34 PDV 50: AAS 84 (1992), pp. 673-675; 712- 714; 746-748; La Documentation catholique 89 (1992), pp. 457; 470- 471; 481-482; Congrégation pour le Clergé, Directoire pour le ministère et la vie des prêtres Dives Ecclesiae (31 mars 1994), n. 58: LEV, 1994, pp. 56-58; La Documentation catholique 91 (1994), pp. 374-375; Congrégation pour l'Éducation catholique, Instruction sur les critères de discernement vocationnel au sujet des personnes présentant des tendances homosexuelles en vue de l'admission au Séminaire et aux Ordres sacrés (4 novembre 2005): AAS 97 (2005), pp. 1007-1013; La Documentation catholique 103 (2006), pp. 24-27.
(80) Cf. Proposition 12; Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Pastores dabo vobis (25 mars 1992) n. PDV 41: AAS 84 (1992), pp. 726-729; La Documentation catholique 89 (1992), pp. 475-476.

Gratitude et espérance

26 Enfin, il est nécessaire d'avoir plus de foi et d'espérance en l'initiative divine. Même si, dans certaines régions, on enregistre une pénurie de prêtres, on ne doit jamais douter du fait que le Christ continue d'appeler des hommes qui, abandonnant toute autre activité, se consacrent totalement à la célébration des saints Mystères, à la prédication de l'Évangile et au ministère pastoral. En cette circonstance, je souhaite me faire l'écho de la gratitude de toute l'Église pour les Évêques et les prêtres, qui remplissent leur mission avec un dévouement et un zèle fidèles. Naturellement, ce remerciement de l'Église s'adresse aussi aux diacres, à qui sont imposées les mains « non pour le sacerdoce mais pour le service ». (81) Comme l'a recommandé l'Assemblée du Synode, j'adresse un remerciement spécial aux prêtres fidei donum, qui, avec compétence et généreux dévouement, construisent la communauté en lui annonçant la Parole de Dieu et en lui partageant le Pain de la vie, sans épargner leurs forces dans le service de la mission de l'Église. (82) Il faut remercier Dieu pour les nombreux prêtres qui ont souffert jusqu'au sacrifice de leur vie pour servir le Christ. En eux, par l'éloquence des faits, se révèle ce que signifie être prêtre jusqu'au bout. Il s'agit de témoignages émouvants qui peuvent inspirer beaucoup de jeunes à suivre le Christ à leur tour et à donner leur vie pour les autres, trouvant ainsi la vie véritable.

(81) Conc. oecum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n.
LG 29.
(82) Cf. Proposition 38.

V. Eucharistie et Mariage

Eucharistie, sacrement sponsal

27 L'Eucharistie, sacrement de la charité, fait apparaître un rapport particulier avec l'amour entre l'homme et la femme, unis par le mariage. Approfondir ce lien est une nécessité propre à notre temps. (83) Le Pape Jean-Paul II a eu plusieurs fois l'occasion d'affirmer le caractère sponsal de l'Eucharistie et son rapport particulier avec le Sacrement du Mariage: « L'Eucharistie est le sacrement de notre rédemption. C'est le sacrement de l'Époux, de l'Épouse ». (84) Du reste, « toute la vie chrétienne porte le signe de l'amour sponsal du Christ et de l'Église. Déjà le Baptême, qui fait entrer dans le peuple de Dieu, est un mystère nuptial: c'est pour ainsi dire le bain de noces qui précède le banquet des noces, l'Eucharistie ». (85) L'Eucharistie fortifie d'une manière inépuisable l'unité et l'amour indissoluble de tout mariage chrétien. En lui, en vertu du sacrement, le lien conjugal est intrinsèquement relié à l'unité eucharistique entre le Christ époux et l'Église épouse (cf. Ep 5,31-32). Le consentement mutuel que mari et femme échangent dans le Christ, et qui fait d'eux une communauté de vie et d'amour, a lui aussi une dimension eucharistique. En effet, dans la théologie paulinienne, l'amour sponsal est le signe sacramentel de l'amour du Christ pour son Église, un amour qui a son point culminant dans la croix, expression de ses « noces » avec l'humanité et, en même temps, origine et centre de l'Eucharistie. Voilà pourquoi l'Église manifeste une proximité spirituelle particulière à tous ceux qui ont fondé leur famille sur le sacrement de Mariage. (86) La famille – Église domestique (87) – est une cellule primordiale de la vie de l'Église, en particulier pour son rôle décisif concernant l'éducation chrétienne des enfants. (88) Dans ce contexte, le Synode a recommandé aussi de reconnaître la mission particulière de la femme dans la famille et dans la société, une mission qui doit être défendue, sauvegardée et promue. (89) Son identité d'épouse et de mère constitue une réalité imprescriptible qui ne doit jamais être dévaluée.

(83) Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Familiaris consortio (22 novembre 1981), n. FC 57: AAS 74 (1982), pp. 149-150; La Documentation catholique 79 (1982), p. 22.
(84) Lettre apost. Mulieris dignitatem (15 août 1988), n. MD 26: AAS 80 (1988), pp. 1715-1716; La Documentation catholique 85 (1988), pp. 1083-1084.
(85) Catéchisme de l'Église catholique, n. CEC 1617.
(86) Cf. Proposition 8.
(87) Cf. Conc. oecum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. LG 11.
(88) Cf. Proposition 8.
(89) Cf. Jean-Paul II, Lettre apost. Mulieris dignitatem (15 août 1988): AAS 80 (1988), pp. 1653-1729; La Documentation catholique 85 (1988), pp. 1063-1088; Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Lettre aux Évêques de l'Église catholique sur la collaboration de l'homme et de la femme dans l'Église et dans le monde (31 mai 2004): AAS 96 (2004), pp. 671-687; La Documentation catholique 101 (2004), pp. 775-784.

Eucharistie et unicité du mariage

28 C'est précisément à la lumière de cette relation intrinsèque entre mariage, famille et Eucharistie qu'il est possible de considérer certains problèmes pastoraux. Le lien fidèle, indissoluble et exclusif qui unit le Christ et l'Église, et qui trouve son expression sacramentelle dans l'Eucharistie, est en relation avec le donné anthropologique originel par lequel l'homme doit être uni de manière définitive à une seule femme et réciproquement (cf. Gn Gn 2,24 Mt 19,5). Sur cet arrière-fond de pensées, le Synode des Évêques a étudié le thème des pratiques pastorales concernant ceux qui entendent l'annonce de l'Évangile, provenant de cultures où se pratique la polygamie. Ceux qui se trouvent dans une telle situation et qui s'ouvrent à la foi chrétienne doivent être aidés pour intégrer leur projet humain dans la nouveauté radicale du Christ. Au cours du catéchuménat, le Christ les rejoint dans leur condition spécifique et il les appelle à la pleine vérité de l'amour, passant à travers les renoncements nécessaires, en vue de la communion ecclésiale parfaite. L'Église les accompagne par une pastorale pleine de douceur et en même temps de fermeté, (90) en leur montrant surtout la lumière qui, venant des mystères chrétiens, se reflète sur la nature et sur les désirs humains.

(90) Cf. Proposition 9.

Eucharistie et indissolubilité du mariage

29 Si l'Eucharistie exprime le caractère irréversible de l'amour de Dieu pour son Église dans le Christ, on comprend pourquoi elle implique, en relation au sacrement de Mariage, l'indissolubilité à laquelle tout véritable amour ne peut qu'aspirer. (91) L'attention pastorale que le Synode a réservée aux situations douloureuses dans lesquelles se trouvent de nombreux fidèles qui, après avoir célébré le sacrement de Mariage, ont divorcé et contracté une nouvelle union, est donc plus que justifiée. Il s'agit d'un problème pastoral épineux et complexe, une vraie plaie du contexte social actuel, qui touche de manière croissante les milieux catholiques eux-mêmes. Par amour de la vérité, les Pasteurs sont obligés de bien discerner les diverses situations, pour aider spirituellement de la façon la plus appropriée les fidèles concernés. (92) Le Synode des Évêques a confirmé la pratique de l'Église, fondée sur la Sainte Écriture (cf. Mc 10,2-12), de ne pas admettre aux sacrements les divorcés remariés, parce que leur état et leur condition de vie contredisent objectivement l'union d'amour entre le Christ et l'Église, qui est signifiée et mise en oeuvre dans l'Eucharistie. Toutefois, les divorcés remariés, malgré leur situation, continuent d'appartenir à l'Église, qui les suit avec une attention spéciale, désirant qu'ils développent, autant que possible, un style de vie chrétien, par la participation à la Messe, mais sans recevoir la Communion, par l'écoute de la Parole de Dieu, par l'adoration eucharistique et la prière, par la participation à la vie de la communauté, par le dialogue confiant avec un prêtre ou un guide spirituel, par le dévouement à la charité vécue et les oeuvres de pénitence, par l'engagement dans l'éducation de leurs enfants.

Là où surgissent des doutes légitimes sur la validité du Mariage sacramentel qui a été contracté, il convient d'entreprendre ce qui est nécessaire pour en vérifier le bien-fondé. Il faut aussi s'assurer, dans le plein respect du droit canonique, (93) de la présence sur le territoire de tribunaux ecclésiastiques, de leur caractère pastoral, de leur fonctionnement correct et rapide. (94) Il importe qu'il y ait, dans chaque diocèse, un nombre suffisant de personnes préparées pour le bon fonctionnement des tribunaux ecclésiastiques. Je rappelle que « c'est une obligation grave que le travail institutionnel de l'Église réalisé dans les tribunaux soit rendu toujours plus proche des fidèles ». (95) Il est cependant nécessaire d'éviter de comprendre la préoccupation pastorale comme si elle était en opposition avec le droit. On doit plutôt partir du présupposé que le point fondamental de rencontre entre le droit et la pastorale est l'amour de la vérité: cette dernière en effet n'est jamais abstraite, mais « elle s'intègre dans l'itinéraire humain et chrétien de tout fidèle ». (96) Enfin, là où la nullité du lien matrimonial n'est pas reconnue et où des conditions objectives rendent de fait la vie commune irréversible, l'Église encourage ces fidèles à s'engager à vivre leur relation selon les exigences de la Loi de Dieu, comme amis, comme frère et soeur; ils pourront ainsi s'approcher de la table eucharistique, avec les attentions prévues par la pratique éprouvée de l'Église. Un tel chemin, pour qu'il soit possible et qu'il porte du fruit, doit être soutenu par l'aide des pasteurs et par des initiatives ecclésiales appropriées, en évitant, dans tous les cas, de bénir ces relations, pour que ne surgissent pas chez les fidèles des confusions autour de la valeur du Mariage. (97)

Vu la complexité du contexte culturel dans lequel vit l'Église dans beaucoup de pays, le Synode a aussi recommandé d'avoir le plus grand soin pastoral pour la formation des fiancés et pour la vérification attentive de leurs convictions concernant les engagements prescrits pour la validité du sacrement de Mariage. Un sérieux discernement à ce sujet pourra éviter que des élans émotifs ou des raisons superficielles conduisent les deux jeunes à assumer des responsabilités qu'ils ne sauront ensuite honorer. (98) Le bien que l'Église et la société tout entière attendent du mariage et de la famille fondée sur lui est trop grand pour qu'on ne s'engage pas totalement dans ce domaine pastoral spécifique. Mariage et famille sont des institutions qui doivent être promues et garanties de toute équivoque possible quant à leur vérité, parce que tout dommage qui leur est causé constitue de fait une blessure pour la convivialité humaine comme telle.

(91) Cf. Catéchisme de l'Église catholique, n. CEC 1640.
(92) Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Familiaris consortio (22 novembre 1981), n. FC 84: AAS 74 (1982), pp. 184-186; La Documentation catholique 79 (1982), pp. 32-33; Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Lettre aux Évêques de l'Église catholique sur l'accès à la communion eucharistique de la part des fidèles divorcés remariés Annus internationalis Familiae (14 septembre 1994): AAS 86 (1994), pp. 974-979; La Documentation catholique 91 (1994), pp. 930-932.
(93) Cf. Conseil pontifical pour les Textes législatifs, Instruction sur les normes à observer dans les tribunaux ecclésiastiques pour les causes matrimoniales Dignitatis connubii (25 janvier 2005), Cité du Vatican 2005.
(94) Cf. Proposition 40.
(95) Benoît XVI, Discours au Tribunal de la Rote romaine à l'occasion de l'inauguration de l'année judiciaire (28 janvier 2006): AAS 98 (2006), p. 138; La Documentation catholique 103 (2006), p. 258.
(96) Cf. Proposition 40.
(97) Cf. ibidem.
(98) Cf. ibidem.


Sacramentum carit. FR 15