F. de Sales, Lettres 599

LETTRE CLXXIX, A MADAME DE CHANTAL

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Il l'encourage à supporter les incommodités et les épreuves qui doivent accompagner l'établissement de la congrégation, qui se commençait sans fond». Il l'exhorte à s'anéantir entièrement pour vivre toute à Dieu.

5 juin 1610 (éd d'Annecy: 28 mai 1610).

Ce sera donc demain que vous aurez des pensées et des soucis, car je commence d'en avoir de bien particuliers (1) sur votre future maison pour les choses temporelles ; et quant aux spirituelles, il me semble que notre Seigneur en aura le soin sans souci, et qu'il y répandra mille bénédictions.

Ma fille, il faut que je vous dise que je ne vis jamais si clairement combien vous êtes ma fille que je le vois maintenant ; mais je dis, que je vois dans le coeur de notre Seigneur. C'est pourquoi n'interprétez pas à défiance ces petits mots que je vous écrivis l'autre jour; mais nous en parlerons une autre fois.

O ma fille, que j'ai de désir que nous soyons un jour tout anéantis en nous-mêmes pour vivre tout à Dieu, et que notre vie soit cachée avec Jésus-Christ en Dieu (
Col 3,3). Ol quand vivrons-nous, mais non pas nous- mêmes ; et quand sera-ce que Jésus-Christ vivra tout en nous (Ga 2,20)? Je m'en vais un peu faire d'oraison sur cela, où je prierai le coeur royal du Sauveur pour le nôtre.

Je suis en Jésus-Christ plus vôtre, et admire ces accroissements. Oui, je le dis tout de bon, je ne pensais pas pouvoir ce que je puis en cela, et trouve une source qui me fournit des eaux toujours plus abondantes. Ah ! c'est Dieu sans doute. Il nous faut bien mettre sur la grandeur du courage, pour servir Dieu le plus hautement et vaillamment que nous pourrons ; car pourquoi pensons-nous qu'il ait voulu faire un seul coeur de deux, sinon afin que ce coeur soit extraordinairement hardi, brave, courageux, et amoureux en son constant Créateur, et son Sauveur par lequel et auquel je suis vôtre.

(1) Ces soucis provenaient sans doute de ce qu'une dame qui devait se joindre à madame de Chantal (la baronne de Cusy), et qui avait acheté une maison pour commencer l'établissement de sa congrégation, se dédit de toutes ses propositions, et par là força le saint évêque à prendre le marché du la maison pour son compte, et s'obliger partout où il fallait.




LETTRE CLXXX.

S. FRANÇOIS DE SALES, A MADAME LA PRESIDENTE DE HERCE.

il marque une grande ardeur de servir une dame dans la conduite de son âme. Il la console sur les surprises des passions qu'elle ressentait, et dont elle était alarmée. Il lui apporte l'exemple de S. Paul. L'amour-propre ne meurt qu'avec le corps, il suffit de ne point consentir à ses attaques. La nature n'est point indifférente aux peines dans cette vie mortelle ; notre Seigneur nous en est un exemple dans sa passion. Remède aux saillies de l'amour-propre. Comparaison prise d'un luth qui n'est point d'accord. M. l'évêque de Belley était venu voir le saint prélat, et avait prêché chez lui. Le saint avait été parrain d'un enfant de la dame à qui il écrit, et l'avait nommé François en le baptisant ; il dit des choses charmantes de cet enfant, qui n'avait pourtant guère qu'un an, étant né pendant son dernier voyage en France.



Annecy, le 7 juillet 1610.

Madame, Dieu notre Sauveur sait bien qu'entre les affections qu'il a mises en mon âme, celle de vous chérir infiniment, et vous honorer très-parfaitement est l'une des plus fortes, et tout-à-fait invariable, exempte de vicissitude et d'oubli. Or sus, cette protestation étant faite très-religieusement, je vous dirai ce petit mot de liberté et de franchise, et recommencerai à vous nommer du nom cordial de ma très-chère fille, puisqu'en vérité je sens bien que je suis cordialement votre père d'affection.

Ma très chère fille donc, je ne vous ai point écrit ; mais dites-moi, je vous prie, et vous, m'a-vez-vous écrit depuis mon retour en ce pays? Mais pour cela vous ne m'avez pas oublié ; ô certes ni moi non plus ; car je vous dis en toute fidélité et certitude que ce que Dieu a voulu que je vous fusse, je le suis, et sens bien que je le serai à jamais très-constamment et très-fortement, et ai en cela une très-singulière complaisance accompagnée de beaucoup de consolation, et d'utilité pour mon esprit.

J'attendais que vous m'écrivissiez, non point pour penser que vous le dussiez, mais ne doutant point que vous ne le feriez, et que par ce moyen je vous écrirais un peu plus amplement. Mais si vous eussiez tardé davantage, croyez-moi, ma très-chère fille, je ne pourrais plus attendre, non plus que jamais je ne pourrai omettre votre chère personne et toute votre aimable maison en l'offrande que je fais journellement à Dieu le père sur l'autel, où vous tenez en la commémoration que j'y fais des vivants un rang tout particulier : aussi m'êtes-vous toute particulièrement chère.

O je vois, ma très-chère fille, dedans votre lettre un grand sujet de bénir Dieu pour une âme en laquelle il tient la sainte indifférence en effet, quoique non pas en sentiments. Ce n'est rien, ma très-chère fille, que tout ce que vous me dites de vos petites saillies. Ces petites surprises des passions sont inévitables en cette vie mortelle; car pour cela le grand apôtre crie au ciel : (Rm 7,21-24) Hélas, pauvre homme que je suis ! je sens deux hommes en moi, le vieil et le nouveau, deux lois, la loi des sens et la loi de l'esprit; deux opérations, de la nature et de la grâce. He! qui me délivrera du corps de celte mort?

Ma fille, l'amour-propre ne meurt jamais qu'avec notre corps; il faut toujours sentir ses attaques sensibles ou ses pratiques secrètes, tandis que nous sommes en cet exil. Il suffit que nous ne consentions pas d'un consentement voulu, délibéré, arrêté et entretenu : et cette vertu de l'indifférence est si excellente, que notre vieil homme, en la portion sensible, et la nature humaine, selon les facultés naturelles, n'en fut pas capable, non pas même en notre Seigneur, qui, comme enfant d'Adam, quoique exempt de tout péché et de toutes les appartenances d'icelui, en sa portion sensible et selon ses facultés humaines, n'était nullement indifférent, ainsi désira ne point mourir en la croix, l'indifférence étant toute réservée, et l'exercice d'icelle à l'esprit, à la portion supérieure, aux facultés embrasées de la grâce, et en somme à lui-même en tant qu'il était le nouvel homme.

Or sus demeurez donc en paix. Quand il nous arrive de violer les lois de l'indifférence es choses indifférentes, ou pour les soudaines saillies de l'amour-propre et de nos passions, prosternons soudainement, sitôt que nous pouvons, notre coeur devant Dieu, et disons en esprit de confiance et d'humilité : Seigneur, miséricorde; car je suis infirme (Ps 6,3). Relevons-nous en paix et tranquillité, et renouons le filet de notre indifférence, puis continuons notre ouvrage. Il ne faut pas ni rompre les cordes ni quitter le luth quand on s'aperçoit du désaccord : il faut prêter l'oreille pour voir d'où vient le détraquement, et doucement tendre la corde, ou la relâcher selon que l'art le requiert.

Demeurez en paix, ma très-chère fille, et écrivez-moi confidemment quand vous estimerez que ce soit votre consolation. Je répondrai toujours fidèlement et avec un plaisir particulier, votre âme m'étant chère comme la mienne propre.

Nous avons eu ces huit jours passés notre bon monseigneur de Belley, qui m'a favorisé de sa visite, et nous a fait des sermons tout-à-fait excellents. Or pensez si nous avons souvent parlé de vous et de votre maison. Mais que de joie quand M. Jantet me disait que mon très-cher petit filleul était si gentil, si doux, si beau, et quasi déjà si dévot ! Je vous assure en vérité, ma très- chère fille, que je ressens cela avec un amour nonpareil, et me ressouviens de la grâce et douce petite mine avec laquelle il reçut, comme avec un respect enfantin, la filiation de notre Seigneur entre mes mains. Si je suis exaucé, il sera saint, ce cher petit François : il sera la consolation de ses père et mère, et aura tant de faveurs sacrées auprès de Dieu, qu’il m'obtiendra le pardon de mes péchés, si je vis jusqu'à ce qu'il me puisse aimer actuellement. Enfin, ma très-chère fille, je suis très-parfaitement, et sans condition ni exception quelconque, votre, etc.

Quand vous craindriez la perte de vos lettres en chemin, bien que presque jamais il ne s'en perd, vous pouvez bien ne point vous signer, car je connaitrai bien toujours votre main.

Oserai-je bien vous supplier de présenter mes très-humbles affections et mon service à madame la marquise de Menelay. Elle est assez humble pour le trouver bon, et le petit François assez sage pour le lui persuader, et madame de Che-noyse.,

Encore faut-il que je salue madame de La Haye.



LETTRE CLXXXr, AU PRÉSIDENT FAVRE.

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(Tirée de la maison royale des dames de S. Cyr.) Lettre relative à différentes affaires particulières.

Annecy, 5 décembre 1610.

Monsieur mon frère, avec mille actions de grâces des deux dernières lettres que vous avez pris l'incommodité de m'écrire emmi ce grand tracas qui vous accable, je vous supplie de ne jamais faire aucune sorte d'effort pour me donner ce contentement ; car encore que je confesse qu'il soit grand, si est-ce que celui de votre conservation et repos m'est incomparablement plus grand. Je me réjouis de la bonne volonté du sieur chevalier Buccio ; je doute pourtant que son altesse n'apporte quelque excuse à la nomination, à cause de la prétention (1) que messieurs de Saint-Lazare (2) ont employé le nom de la Sainte-Maison (3) pour accroître la leur de ce bénéfice Mais les essais ne peuvent point nuire, et peuvent réussir. O Dieu! j'ai le coeur à demi-gâté des alarmes qu'on me donne d'une rude guerre pour M. le prince, bien que j'espère en cette souveraine Providence qu'elle réduira le tout à notre profit.

Les bons pères feuillants écrivent aux leurs de Turin pour l'affaire de Talloyres, et moi encore avec eux. Je vous supplie de recommander à Dupont de les remettre au premier qui passera en Piémont. Ces pères sont revenus très-pleins de respect et d'amour cordial pour vous et toute votre maison. La fille (4) se porte bien, et est toujours bonne fille, je veux dire toujours meilleure. Madame du Fond, ma tante, et comme je crois, votre hôtesse de Thonon, me prie, par une lettre, que je vous recommande l'affaire qu'elle a au sénat ; je ne sais quelle elle est ; mais elle, elle est certes digne de faveur pour mille raisons, entré lesquelles celle-ci me presse, qu'elle a été notre Rahab (5
Jos 2) en Chablais; hormis que toute sa vie elle a été de bonne réputation, la comparaison en est bonne. Je prie notre Seigneur qu'il vous renforce de plus en plus pour porter-le faix qu'il a imposé sur vos épaules, et que ce soit par après très-longuement, car ce sera très-heureusement ensemble. Je suis, monsieur mon frère, votre très-humble frère et serviteur.

(1) C'est-à-dire, parce qu'il prétend que messieurs de Saint-Lazare ont employé, etc.
(2) Les chevaliers de Saint-Lazare.
(3) C'est la Sainte-Maison de Thonon dont il s'agit.
(4) La mère Favre.
(5) Rahab est appelée dans la Vulgate meretrix, c'est-à-dire courtisane ; mais dans le texte hébreu le mot correspondant signifie aussi aubergiste. Ainsi le passage de cette lettre doit s'entendre ainsi : « Elle a été notre Rahab en Chablais, elle nous a reçus et cachés chez elle comme Rahab avait caché les espions de Josué ; et elle ressemble en tout a Rahab, excepté qu'elle a été toute sa vie en bonne réputation. »



LETTRE CLXXXII, A M. DE SAlNTE CATHERINE, CHANOINE DE SAINT-PIERRE DE GENÈVE (ou A PHILIPPE DE QUOEX).

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(Communiquée par M. l'abbé Bonvallet, confesseur des dames de la Visilation, rue Saint-Antoine.)

Il lui promet d'obliger, autant qu'il le pourra, deux personnes qu'il lui avait recommandées.

Annecy, 17 décembre 1610.

Monsieur, voilà votre prêtre, que nous vous renvoyons dépêché. Je servirai M. d'Avully en tout ce qu'il me sera possible, notamment en l'un et en l'autre des articles que vous me marquez:

Et, quant au premier, bien que je n'aie pas accoutumé d'être pour personne es appointements, attendu que ma qualité m'invite toujours à la neutralité, pour penser à la paix (cf.
Jr 29,11); si est-ce que, si elle le veut ainsi, je me dispenserai de lettre pour ce coup, et M. de La Roche, qui est dehors, étant venu, je lui parlerai à même effet.

Quant au second, je pense qu'il faudra attendre qu'elle vienne ici pour voir le train de cette congrégation, afin que, selon le jour qu'elle prendra, on regarde de lui donner satisfaction, s'il se peut.

Néanmoins je veux bien dire que malaisément pourrait-on lui permettre d'avoir une fille de chambre qui ne fût pas de la maison, mais oui bien qu'elle fût spécialement servie par une de celles qui seront en la maison. C'est afin que tout là-dedans aille d'un train.

Certes, pour moi, je souhaiterais fort de lavoir bien consolée en cette vocation là.

Ne faites point d'excuses à m'écrire bien ou mal ; car ne me faut nulle sorte d'autre cérémonie que de m'aimer en notre Seigneur, selon lequel je suis votre, etc.



LETTRE CLXXXJII, A M. DESHAYES.

(Tirée du monastère de la Visitation de la ville de Rouen.)

Le Saint est demandé par M. de Pcrrochcl, curé de Saint-Gcrvais, pour prêcher le carême suivant en sa paroisse; il marque qu'il n'y a point d'apparence qu'il le puisse, à cause des différends des princes ; il en témoigne cependant une grande envie. Éloi-gnement de M. de Charmoisy pour l'esprit de la cour, dont il se retire avec madame son épouse, et où il avait des ennemis. S. François promet d'aller k la Sainte-Baume, si M. Deshayes y va. Seconde édition de son Introduction à la vie dévote. Il fait présent à deux dames d'un exemplaire.

Vers le mois de décembre 1610.

Monsieur, puisque je sais que vous croyez la vérité que je vous ai si souvent jurée d'être très-absolument et invariablement vôtre par inclination, par élection et par un extrême amour, je ne vous ferai point d'excuse du longtemps que j'ai mis à vous écrire ; car je suis assuré que vous ne l'interpréterez nullement en mauvaise part. Laissant donc en arrière toute sorte de préfaces, je vous remercie humblement du soin que vous avez d'acheminer le dessein de me faire jouir encore une bonne fois de votre présence en votre Paris. Je dis de votre présence, qui m'est désirable sans fin, et en votre Paris, où elle me serait concédée plus à souhait qu'ailleurs. Mais, monsieur, dites-moi la vérité, je vous supplie ; ces obédiences et mortifications de n'oser pas être libre, quand on n'est pas serf, ne sont-elles pas comparables à celles de ceux qui ne sont pas libres, parce qu'ils sont serfs? Il faut néanmoins s'y accommoder, et tout doucement, qui est l'importance. Que j'élois aise en cette petite ombre d'espérance que j'avais conçue de me trouver à Paris auprès de vous, comme je faisois souvent par l'imagination, avec laquelle je prévenais le temps de cette jouissance désirée ! Et puisque je snissur ce sujet, je dirai encore qu.'il y a trois jours que je reçus une lettre de M. de Santeuil, qui, de la part de M- Perrochel, me semond à la chaire de Saint-Gervais pour l'an 1611, et me dit que l'on en a parlé avec M. Deshayes, mon arch'intime. Voyez-vous, monsieur, ce mot d'arch'intime ne m'avait point encore été devant les yeux : mais sur une si grande vérité, il a été reçu de mou coeur très-intimement, et le bon M. de Santeuil ne me dit jamais un mot plus à mon gré. Or je reviens à ce que je disois : c'est que je n'ose encore dire que non, tandis que j'espère que l'accommodement des princes accommodera peut-être ces affaires ; ni aussi je ne veux dire qu'oui, ne pouvant avoir nulle assurance. M. de Santeuil dit que, si je veux, le roi en écrira à son altesse; mais, comme savez, ce serait un petit trop chaud et pesant pour moi : c'est pourquoi j'attendrai encore un peu avant que d'en donner la dernière résolution audit sieur de Santeuil, et cependant lui dirai chose pour laquelle il devra conseiller à ce seigneur de ne point s'attendre à moi ; comme aussi bien en tout événement, si j'avais ma liberté pour ce temps-là, il ne man-querait pas de chaire en une ville où il y en a tant.

Au demeurant, voyant que Dieu le vent, je m'arrête de très-bon coeur ici, et prends, en échange de la satisfaction que j'aurai de vous voir, l'aise que j'ai à penser à vous, à parler de vous avec ceux qui vous honorent, et surtout à vous chérir d'un amour tendre et respectueux autant qu'homme du monde. J

Encore faut-il que je vous dise que nous avons depuis peu notre M. de Charmoisy, avec lequel je me suis entretenu ce malin trois grosses heures sur son départ de la maison de Monsieur, et ai trouvé que certes il a eu plusieurs bonnes raisons de le faire, qui seraient trop longues à déduire ; néanmoins il m'a dit que toujours il's'accommoderait à ce que ses amis, et surtout vous et moi lui conseillerions. Certes, Monsieur a perdu un très-bon, très-utile et très digne serviteur; et Mademoiselle sa maîtresse eût eu en madame de Charmoisy une fort vertueuse servante.

Je vais pensant comme je pourrois faire pour servir d'instrument a la réparation de tout cela, mais je vois la chose malaisée ; car les oreilles de Monsieur se remplissent tous les jours de plus en plus de persuasions contraires, que ceux qui n'aiment pas M. de Charmoisy ont tout loisir et avantage de faire ; et après une séparation si entière, il sera malaisé d'ôter un peu d'aversion des coeurs de l'un à l'autre : et celui de Monsieur, comme vous savez, aime d'avoir ses coudées franches, et celui de M. de Charmoisy est courageux, qui ne peut souffrir le dédain au passage de Monsieur.

Je me fourrerai le plus avant que je pourrai en cette entreprise, et aurai bien loisir d'y penser, puisqu'on ne l'attend que sur la tin du mois auquel nous sommes. Je ne crains sinon d'offenser ma conscience en cela : car je n'ai pas si bonne opinion de la cour, que je ne pense que Dien soit mieux servi hors d'icelle qu'en icelle ; et S. Augustin avait cette solennelle résolution de ne jamais conseiller à personne la suite des cours. Toutefois la vertu de M. de Charmoisy est déjà ferme pour n'être pas ébranlée à ce vent-là.

Mais, si vous continuez de vouloir faire le voyage à la Sainte-Baume, ne doutez pas que vous ne m'ayez pour associé à votre pèlerinage ; car ce n'est pas sortir de Savoie, d'aller à Marseille, pourvu que ce soit sous le Rhône, auquel nous contribuons tant d'eaux et tant de sables; et notre cher petit évêque (1), mais grand prélat, sera bien aise de nous faire l'hospitalité en passant, moyennant un sermon que je ferai à son peuple, qui, oyant parler de Genève, y viendra tout entier, huguenots et catholiques pêle-mêle. Je m'en donne déjà au coeur joie.

Madame votre chère partie me fait trop d'honneur de me vouloir du bien et se ressouvenir de moi; mais eu particulier étant avec madame la marquise de Ménelay, une des dames du monde de laquelle j'honore le plus la vertu et constance en la piété.

Et puisqu'elles favorisent ce chétif livret de L’Introduction à la vie dévoie, je vous supplierai dans trois semaines de leur faire à chacune un présent de ceux que je vous enverrai de la seconde édition, autant que ma commodité me permettra, à laquelle j'ai ajouté beaucoup de petites chosettes, selon les désirs que plusieurs dignes juges m'ont témoigné d'en avoir, et toujours regardant les gens qui vivent en la presse du monde.

J'écris cette lettre sans loisir et sans esprit, mais non pas sans coeur : car mon coeur est toujours où il peut regarder. Notre Seigneur vous conserve, prospère et bénisse, monsieur : c'est le souhait.de votre, etc.,

(I) M. l’évêque de Montpellier.



LETTRE CLXXXIV, A MADAME DE CHANTAL

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Il lui apprend la conversion de madame de Saint-Cergue, à laquelle elle s'intéressait beaucoup; il l'exhorte ensuite à se fortifier pour le service de Dieu.


Annecy, 12-20 janvier 1611.

1. Or sus, ma très-chère fille, la plus grande gloire de Dieu, qui est la souveraine maîtresse de nos affections, m'a retenu auprès de cette bonne dame de Saint-Cergue, pour la réduction de laquelle vous avez prié ; car l'ayant vue disposée à prendre les finales résolutions de son bonheur, je ne l'ai point voulu abandonner qu'elle ne les eut faites, dont je loue notre Seigneur de tout mon coeur; et vous, louez-le aussi de tout votre coeur, et nous le louerons tous deux de tous nos coeurs.

J'ai opinion que sa majesté divine sera honorée en cette conversion.

Je suis bien aise qu'elle se soit un peu récréée auprès de vous ; car, voyez-vous, elle sentira toujours quelque petite tranchée de l'enfantement qu'elle va faire. Nous avons pris jour pour nous voir demain, et commencer, à mon avis, sa confession et préparation à la sainte communion, laquelle nous ferons dimanche en votre oratoire aussi : car, ma très-chère fille, puisque j'espère que les anges, et surtout la reine des anges, regarderont le spectacle de la dernière action de la réduction de cette âme, je désire qu'elle se fasse autour de votre chère petite troupe ; afin que nous soyons tous regardés avec une joie extraordinaire, et qu'avec les esprits célestes nous fassions le festin (1) d'allégresse sur cet enfant revenu (cf.
Lc 15,10 Lc 15,23-24).

2. Je prie notre doux Sauveur qu'il répande sa douce et agréable suavité sur vous, afin que vous reposiez saintement, sainement, tranquillement en lui, et qu'il veille paternellement sur vous, puisqu'il est le très-souverain amour de notre inséparable coeur. 0 Dieu ! ma chère fille, je le vous recommande, notre pauvre coeur; soulagez-le, confortez-le, récréez-le le plus et le mieux que vous pourrez, afin qu'il serve Dieu ; car c'est pour cette considération qu'il le nous faut traiter : c'est l'agneau d'holocauste qu'il nous faut offrir àDieu, il le faut donc tenir en bon point et grasselet s'il est possible; c'est le lit de l'époux, pour cela le faut-il parsemer de fleurs. Consolez-le donc, ma chère fille, ce pauvre coeur, et le lui donnez le plus de joie et de paix que vous pourrez. Hélas, qu'avons-nous autre chose aussi à souhaiter que cela?

Vive Dieu, ma fille ; ou rien ou Dieu : car tout ce qui n'est pas Dieu, ou n'est rien, ou est pis que rien. Demeurez bien toute en lui, ma chère fille, et le priez que j'y demeure bien tout aussi, et là-dedans aimons-nous puissamment, ma fille; car nous ne le saurions jamais trop ni assez. Quel plaisir d'aimer sans craindre d'excès ! Or, il n'y en a jamais point où on aime Dieu. Je vous envoie ce Miroir d'amour à M. C. de tiennes, et après vous je le verrai ; car j'en ai envie, estimant que cette traduction, faite par les chartreux, sera parfaite.

(1) C'est-à-dire la sainte communion.



LETTRE CLXXXV, A UNE DEMOISELLE.

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(Communiq. à l'anc. éditeur, par M. de Beaume, docteur de Sorbonne.)

Il la console sur ses peines intérieures, et lui donne des nouvelles de sa soeur, qui était avec la mère de Chantal.

Annecy, 4 janvier 1611.

J'ai de la consolation de voir en-votre lettre, ma chère fille, que, nonobstant tous vos dégoûts et toute votre tristesse, vous avez persévéré à faire vos exercices sans vous en être oubliée que fort peu ; car, pourvu qu'on fasse en considération de l'amour de Dieu ce qu'on fait, bien que ce soit sans sentiment et sans goût, l'âme ne laisse pas de prendre force et vigueur en l'intérieur, et en la portion supérieure spirituelle.

Cheminez donc avec courage et parfaite confiance en notre Seigneur, car il vous tiendra de sa main; et, par la variété des sentiments à laquelle nous sommes sujets en ce misérable monde, il vous conduira au ciel, où nous n'aurons qu'un seul et invariable sentiment de joie amoureuse de sa divine bonté, à laquelle je vous conjure de me recommander perpétuellement.

La bonne soeur que vous avez ici est vraiment une bonne fille ; et pourvu qu'il plaise à la sainte providence de notre Seigneur de nous laisser quelque temps madame de Chantal, ainsi que nous l'espérons, j'ai confiance en ce même Sauveur que cette chère soeur sera bien consolée en ce genre de vie qu'elle a embrassé. Je vous prie d'avoir souvenance de tout cela en vos oraisons.



LETTRE CLXXXVI, A MADAME BOURGEOIS ABBESSE DU PUITS-D'ORBE.

655
(Tirée du monastère de la Visitation, rue S.-Antoine, à Paris.)

Témoignages d'amitié.

Annecy, 4 janvier 1611.

Si votre lettre m'a comblé de joie, je le demande à mon coeur, qui a été tout absorbé de consolation, voyant et la souvenance que vous avez de moi, et l'honneur que vous continuez de me faire en m'aiinant, mais tendrement et chèrement, comme vous me le témoignez. Mais que puis-je faire ni dire, ma très-chère soeur, qui puisse dignement vous satisfaire sur ce sujet? Je confesse j ingénument que je suis vaincu, et que, comme vous me devancez infiniment de toutes parts, vous le faites très-particulièrement en celle-ci de me rendre les devoirs et les témoignages d'amitié pour celle-là avec laquelle je vous aime.

Je la sens si grande, si forte et si fidèle, qu'il ne me semble pas qu'aucun autre me puisse devancer de ce côté. Mais je ne sais comme mon malheur a voulu que je vous en aie rendu si peu de preuves cette année passée. Il faut, ma chère soeur, l'attribuer aux occasions qui ne s'en sont point présentées, et non jamais à nulle sorte de méconnaissance des obligations que je vous ai, qui sont indicibles, puisqu'elles ne sont pas compréhensibles. Croyez, ma très-chère soeur, que mon coeur est fraternellement amoureux du vôtre; et que, si j'avais la commodité d'assouvir ces désirs, je seroisbientôt en votre solitude, laquelle, vous dites, je redoute par son âpreté, mais laquelle j'aime précisément pour mille sujets, mais principalement pour l'amour de vous, qui, par votre présence, me l'avez rendue ci-devant plus douce et plus agréable que ne furent jamais les plus délicieuses conversations des villes.

Il ne faut pas oublier de dire quatre mots, avant de finir, de la chère soeur qui a manqué de nous être ravie ces jours passés par un brave et galant gentilhomme qui la rechcrchait en mariage. Je serai toujours extrêmement aise de son contentement ; mais, quand il sera de n'être point mariée, cette joie redoublera en moi.

Mon Dieu ! ne nous verrons-nous jamais tre-tous ensemble? J'en fus un peu,.à dire vrai, impatient ; mais je ne crois plus qu'elle m'aime, puisque, nonobstant que je lui écrivisse dernièrement, je n'ai point de ses nouvelles que par votre entremise. Or sus, si ne laissërai-je pas de lui écrire.

Vous connaitrez bien, ma très-chère soeur, par la longueur de cette lettre, le plaisir que j'ai de la faire et de m'entretenir avec vous. Mais il n'y a remède; votre charité me pardonnera; je n'ai pas tous les jours le bien de vous pouvoir entretenir; quand j'en ai la commodité, il s'en faut prévaloir. Je ne vous parle point de M. ni de madame de Chantal, ils vous écrivent tretous.

Vous me dites sur la fin de votre lettre je ne sais quoi de vos belles et bonnes confitures, et desquelles, étant avec vous, j'ai si abondamment usé. Mais, ma chère dame, vous êtes, avec la petite soeur, la souveraine friandise pour m'attirer par devers vous : tout le reste n'est qu'accessoire ; ces deux personnes, que je viens de nommer, sont le principal.

Il faut finir en vous recommandant le soin de votre santé, avec la joie intérieure et la récréation extérieure, qui vous serviront pour un entier rétablissement. Faites-le, ma chère soeur, sinon pour vous, pour le moins en considération de ceux qui la souhaitent entière et parfaite. Je suis de ceux-là, et vous le croyez, n'est-ce pas? Ma chère soeur, il faut bien le faire, et m'aimer absolument presque sans réserve. Je suis en notre Seigneur, que je vous désire propice éternellement, ma très-chère soeur, votre, etc.


LETTRE CLXXXVII, A MADAME DE CHANTAL.

Avantages de sa vie nouvelle ; exhortations à supporter paisiblement la soustraction des suavités divines.

janvier 1611.

Le très-grand et miraculeux S. Paul nous a réveillés de grand matin, ma très-chère fille; si fort il s'est écrié aux oreilles de mon coeur et du vôtre, Seigneur, que voulez-vous que je fasse (Ac 9,10) ?

Ma très-chère mère et toute chère fille, quand sera-ce que, tous morts devant Dieu, nous revivrons à cette nouvelle vie, en laquelle nous ne voudrons plus rien faire, ains laisserons vouloir à Dieu tout ce qu'il nous faudra faire, et laisserons agir sa volonté vivante sur la nôtre tonte morte ?

Or sus, ma chère fille, tenez-vous bien à Dieu, consacrez-lui vos travaux, attendez en patience le retour de votre beau soleil. Ah! Dieu ne nous a pas forclos de la jouissance de sa douceur : il l'a seulement soustraite pour un peu, afin que nous vivions à lui et pour lui, et non pour ses suavités ; afin que nos soeurs travaillées trouvent chez nous un secours compatissant et un support suave et amoureux ; afin que d'un coeur tout écor-ché, mort et maté, il reçoive l'odeur agréable d'un saint holocauste,

O Seigneur Jésus! par votre tristesse incomparable, par la désolation nonpareille qui occupa votre coeur divin au mont Olivet et sur la croix, et par la désolation de votre chère Mère, qu'elle eut tandis qu'elle fut privée de votre présence, soyez la joie ou au moins la force de cette fille, quand votre croix et passion est très-uniquement conjointe à son.âme.

Je vous envoie cet élan de notre coeur, ma très-chère fille, que le grand S. Paul bénisse. Je pense qu'il vous faut caresser la soeur de notre soeur N. ; car enfin la douce charité est la vertu qui répand la bonne odeur édihcative, et les personnes moins élevées la reçoivent avec plus de profit.



LETTRE CLXXXVIII, A UNE DAME MARIÉE.

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Il l'exhorte au mépris du monde.

Annecy, 22 mars 1611.

Hélas! ma très-chère fille, que ce misérable monde est puissant à nous traîner après ses niaiseries et amusements! Or, je suis un peu bien aise que nous nous soyons un peu apprivoisés, M. votre mari et moi, à cette intention. Je lui parlai bien amplement de mes affaires et des occurrences qui me regardaient, et ne savais bonnement comment faire pour lui celer l'extrême mépris que Dieu m'a donné de toutes ces aventures qu'on appelle de fortune et d'établissement; car il ne veut pas que cela soit'méprisé d'un si grand mépris, comme est celui que, grâces à notre Seigneur, j'en ressens en mon âme.

O Dieu ! ma chère fille, que ce monde est étrange en ses fantaisies, et à quelle sorte de prix est-il servi ! Si le Créateur ordonnait des choses si difficiles comme le monde, combien peu trouverait-il de serviteurs. Or sus, demeurez en paix auprès clé la très-sainte croix, élevée en ce temps (i) pour enseigne de salut à nos aines.

(1) Le mardi de la semaine de la Passion.




LETTRE CLXXXIX, A L'ABBÉ D'ABBONDANZA, VESPASIANO AIAZZA.

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Il lui raconte les commencements de l'ordre de la Visitation : il approuve le dessein de son ami pour la réforme de son abbaye.

Annecy, 3 avril 1611.

Monsieur mon très-cher frère,

1. l'incroyable parfum d'une amoureuse suavité, dont votre lettre nonpareille en douceur pour moi est pleine, me force doucement à condescendre à vos fraternels désirs de savoir ce que je fais en ce recoin de nos montagnes, dont vous dites que l'odeur est montée jusqu'à vous. Je le crois facilement, mon très-cher frère ; puisque j'ai mis des holocaustes (2) sur l'autel de Dieu, fallait-il pas qu'elles jetassent une odeur de suavité ? Voici donc, non pas ce que j'ai fait, mais ce que Dieu a fait l'été liasse.

Mon frère de Torons alla quérir en Bourgogne sa petite femme, et amena avec elle une belle-mère, qu'il ne mérita jamais d'avoir ni moi de servir ; vous savez déjà quelque chose comme Dieu donc l'a rendue ma fille. Or sachez que cette fille est venue à son chétif père, afin qu'il la fit mourir au monde, selon le dessein que je vous ai communiqué à notre dernière entrevue. Pressée des désirs de Dieu, elle a tout quitté ; et, avec une prudence et force non commune à son sexe fragile, elle a pourvu à son désengagement; en sorte que les bons trouveront beaucoup de choses à louer en cela, et les enfants malins du siècle ne sauront sur quoi s'attacher pour former leurs médisances.

Nous l'enfermâmes le jour de la très-sainte Trinité, avec deux compagnes et la servante que je vous fis voir, qui est une âme si bonne dans la rusticité de sa naissance, que, dans sa condition, je n'en ai point vu de telle. Depuis il vient des filles de Chambéri, de Grenoble, de Bourgogne, pour s'associer à elles ; et j'espère que cette congrégation sera pour les infirmes un doux et gracieux refuge; car, sans beaucoup d'austérités corporelles, elles pratiquent toutes les vertus essentielles de la dévotion.

2. Elles disent l'office de Notre-Dame, font l'oraison mentale ; elles ont une police de travail, silence, obéissance, humilité, exempte de toute propriété, extrêmement exacte; et, autant qu'en monastère du monde, leur vie est amoureuse,-intérieure, paisible et de grande édification ; après leur profession elles iront servir les malades, Dieu aidant, avec grande humilité. Voilà, mon très-cher frère, un petit sommaire de ce qui s'est fait ici.

3. Quant à la réforme que vous projetez, je la passionne ; et, faut avouer la vérité, votre inclination m'incline et me tire tout à soi, vos raisons sont preignantes, et votre autorité toute-puissante pour moi.

Non, pour Dieu, ne craignez point de m'importuner. J'ai sacrifié ma vie et mon âme à Dieu et à son Église, qu'importe-t-il que je m'incommode, pourvu que j'accommode quelque chose au salut des-âmes? traitez-moi donc fraternellement, puisque vous savez qu'entre nous tout se fait en charité et pour la charité. Or, la charité n'a point de peine qui ne soit bien aimée : Ubi amatur, non laboratur; vel si laboratur, labor amatur.

4. Si ce pauvre garçon ne m'eût rencontré ici pour se confesser à moi, il s'en allait à Rome, ne trouvant personne à son gré à qui ouvrir confidemment son âme, où à la vérité j'ai trouvé moins de mal que je ne pensois, et incomparablement moins qu'il ne croyait. O mon Dieu! mon très-cher frère, si Dieu, qui incline tant de personnes à me remettre la clef de leurs coeurs, voire à en lever la serrure devant moi, afin que je voie mieux tout ce,qui est dedans, pouvait si bien fermer le mien que rien n'y entrât jamais que son divin amour, et que rien ne l'ouvrit que la charité, hé! que vous m'aimeriez suavement! Priez fortement pour cela, et croyez fermement que je suis votre, etc.

 Je vous recommande à vos sacrifices la mère-abeille (1) de notre nouvelle ruche ; elle est grandement travaillée de maladie, et notre bon monsieur N., quoiqu'il soit l'un des doctes médecins que j'aie vus, ne sait qu'ordonner pour ce mal, qu'il dit avoir quelque cause inconnue à Galien, docteur des médecins.

Je ne sais si le diable veut nous épouvanter par là, ou si elle n'est point trop âpre à la cueillette.

Et toutefois je sais bien qu'elle n'a point de remède à son gré que de s'exposer au soleil de justice. Quoi que c'en soit, j'ai tant à coiiir cette entreprise, qui ne vient que d'en haut, que rien ne m'étonne en sa poursuite, et je crois que Dieu rendra tout-à-fait cette mère une sainte Paule, sainte Angèle, sainte Catherine de Gênes, et telles saintes veuves, qui, comme belles et odorantes violettes, ont été si agréables à voir dans le sacré jardin de l'Église. De telle épouse de Jésus-Christ il est dit : Myrrlia, et gutta, et casia à vestimentis tuis, à domibus eburneis (
Ps 44,9) (2).

(2) Ces holocaustes sont les religieuses de la Visitation, qui faisaient leur noviciat alors.
(1) La mère de Chantal, première supérieure de la Visitation de Sainte-Marie.
(2) Ces maisons d'ivoire étaient sans doute des espèces de coffres ou d'armoires en forme de maisons, et dont la matière était d'ivoire. On s'en servait pour serrer les habits et les choses précieuses, et on avait soin de les parfumer de diverses odeurs, aussi bien que les habits.




F. de Sales, Lettres 599