F. de Sales, Lettres 1829

LETTRE CCCCLXXX1X, A MERE DE LA MARTINIERE, SUPÉRIEURE DE VALENCE, QUI TRAVAILLAIT A LA FONDATION D'UN MONASTÈRE.

1829
Il l'exhorte à se bien acquitter de son office, à être humble et courageuse, et à mettre toute sa confiance en Dieu.

4 août 1621.

Je vous connais assez, ma très-chère soeur, ma fille, pour vous chérir de tout mon coeur en la dilection de notre Seigneur, qui, ayant disposé de vous pour la charge en laquelle vous êtes, s'est par conséquent obligé soi-même à soi-même de vous prêter sa très-sainte main en toutes les occasions de votre office, pourvu que vous correspondiez de votre part, par une sainte et très-humble, mais très-courageuse confiance en sa bonté. Dieu appelle à son service les choses qui ne sont point, comme les choses qui sont (
1Co 1,28 Rm 4,17), et se sert du rien comme du beaucoup pour la gloire de son nom.

Demeurez en votre propre abjection comme dans ra chaîne de votre supériorité, et soyez vaillamment humble et humblement vaillante en celui qui fit le grand coup de sa puissance en l'humilité de sa croix.

Une fille ou une femme qui est appelée au gouvernement d'un monastère, est appelée à une grande besogne et de grande importance, surtout quand c'est pour fonder et établir ; mais Dieu étend son bras tout-puissant à mesure de l'oeuvre qu'il donne. Tenez vos yeux en ce grand Sauveur, et il vous délivrera de la pusillanimité et de l'orage (Ps 54).

Les soeurs qui sont avec vous sont bienheureuses de servir là, par leur bon exemple et humble observance, de fondement à cet édifice spirituel. Je suis à jamais votre très-humble, etc.



LETTRE CCCCXC, A MADAME LE LOUP DE MONTAN.

1830
Le Saint la console sur la maladie de sa fille, et blâme l'amour excessif des mères pour leurs enfants.


Annecy, le jour de Saint-Dominique, 4 août 1621.

Madame, je vous honore et madame votre fille très-parfaitement, et voudrais bien contribuer tout ce qui serait en moi pour votre contentement réciproque. A elle, s'il plaît à Dieu, j'en dirai mon avis à part ; mais à vous je le dis maintenant, me promettant que votre bon courage le prendra en bonne part.

Madame, l'amour, quel qu'il soit, si ce n'est celui de Dieu, peut être trop grand, et quand il est trop grand, il est dangereux : fl passionne l'âme, parce qu'étant une passion, et la maîtresse des passions, il agite et trouble l'esprit, parce que c'est une perturbation ; et trouvant dés règles, il dérègle toute l'économie de nos affections.

Or, ne faut-il pas croire, madame, que l'amour des mères envers leurs enfants ne puisse être de même ; ains il l'est d'autant plus librement qu'il semble qu'il le soit loisiblement, avec le passeport, ce semble, de l'inclination naturelle, et l'excuse de la bonté du bon coeur des mères.

Nous parlons assez souvent de vous, le bon père N. et moi, et nous en parlons avec respect et dilection : néanmoins vous me pardonnerez s'il vous plaît ; mais quand il me raconte les élans et pressures de votre coeur sur la maladie de madame de N., je ne me puis tenir de dire qu'il y aurait de l'excès. Or sus, mais si vous trouvez que je dise trop librement ma pensée et que j'ai tort, quel moyen y aurait-il de m'excuser ? et toutefois je ne désire nullement de rien perdre de votre bienveillance ; car je l'estime trop, et prise infiniment le coeur dont elle vient, et l'esprit de son origine.

Et, en somme, je veux dire en un mot que vous avez tant de puissance à mouvoir les coeurs, que le mien ayant su les traits de votre esprit, en étant tout épris, vous n'avez pas besoin d'être aidée pour mouvoir celui de madame de N. à tout ce qui vous plaira, m'assurant qu'après les forces de l'esprit de Dieu, auquel il faut que tout cède, les vôtres seront en toutes occurrences les plus grandes. Vivez à Dieu, madame, et à la très-sainte Trinité, en laquelle je suis votre, etc.




LETTRE CCCCXCI, A MADAME DE CHANTAI,.

1833
Pensées sur la grandeur et la providence de Dieu. Il félicite madame de Chantal de ce qu'elle a pris possession de sa nouvelle maison de la rue Saint-Antoine, à Paris. Il lui conseille de revenir en Savoie, dans le dessein de retourner quand Dieu le voudra, mais de ne se pas presser, afin de visiter tous.les couvents de son ordre sur la route. Il déplore la sortie d'une fille. Il consent qu'au lieu du capitule, des versets, et de l'oraison propre du jour, qu'on disait à l'office de la Vierge, on dise l'office de Notre Dame tout entier, avec la mémoire de l'office de chaque jour à la fin. Les choses qui sont bonnes en elles-mêmes n'ont pas besoin d'être autorisées du saint-siége. Il envoie un plan de monastère, suivant l'idée de S. Charles, pour servir à toutes les fondations, selon la commodité des lieux. Précautions pour les grilles du choeur et des parloirs.



Annecy, 24 août 1621.

1. O mon Dieu ! ma très-chère mère, que j'ai été aise ce matin de trouver mon Dieu si grand que je ne pouvais pas seulement assez imaginer sa grandeur ! Mais puisque je ne le puis magnifier, ni agrandir, je veux bien, Dieu aidant, annoncer partout sa grandeur et son immensité. Cependant, cachons doucement notre petitesse en cette, grandeur ; et, comme un petit poussin tout couvert des ailes de sa mère demeure en assurance tout chaudement, reposons nos coeurs sous la douce et amoureuse providence de notre Seigneur, et abritons-nous chaudement sous sa sainte protection. J'ai bien eu d'autres, bonnes pensées, mais plutôt par manière d'écoulement de coeur en l'éternité et en l'Éternel, que par manière de discours.

Dieu soit loué de quoi vous êtes en votre maison. Les difficultés que vous avez eues d'y aller y affermiront votre demeure, selon la méthode qu'il plaît à Dieu d'employer en son service.

2. Je juge qu'il soit à propos que vous reveniez avec une bonne résignation pour retourner là quand le service de Dieu le requerra ; car il faut ainsi vivre une vie exposée au travail, puisque nous sommes enfants du travail et de la mort de notre Sauveur. Mais vous ne vous devez point hâter ; car, comme vous dites, l'hiver ne vous empêchera point votre voyage, étant nécessaire que vous arrêtiez un peu parmi vos filles qui sont en France.

Hélas ! que je déplore affectionnément cette absolue séparation que cette grande fille fait de nous, pour demeurer à la merci du monde ! or néanmoins je n'en puis mais.

3. Quant à l'office, on m'a dit qu'on y trouvait à redire de quoi, es fêtes principales, on mettait les psaumes de Notre-Dame avec le chapitre, les versets et l'oraison du jour. Mon Dieu ! que cette plainte est délicate ! Les pères de l'Oratoire font bien plus ; et en Italie plusieurs évêques ont composé tout entièrement les offices des saints de leurs églises. Mais il n'y a remède, il faut souffrir que chacun parle à son gré ; et pour adoucir tout, tant que nous pourrons, il faudra donc dire tout-à-fait l'office de Notre-Dame, et à la fin ajouter une commémoration du jour; car à cela on n'au-rait rien à dire.

4. On a obtenu à Rome la continuation du petit office encore pour dix ans, après les sept échus que l'on avait déjà. Mon solliciteur dit que l'on a tort de recourir à Rome pour les choses èsquel-les on s'en peut passer; et des cardinaux l'ont dit aussi : car, disent-ils, il y a des choses qui n'ont point besoin d'être autorisées, parce qu'elles sont loisibles, lesquelles quand on veut autoriser, sont examinées diversement ; et le pape est bien aise que la coutume autorise plusieurs choses qu'il ne veut pas autoriser lui-même, à cause des conséquences. Mais de cela nous en parlerons à votre-retour.

5. J'ai fait faire ici un beau plan de monastère que je vous enverrai au premier jour; et celui qui l'a fait est très-bon maitre, et l'a fait sur les descriptions que St Charles a fait faire des monastères, en s'accommodant néanmoins à l'usage de la Visitation ; et je pense qu'il faudra faire au plus près qu'il se pourra, selon la commodité des lieux, tous les monastères ainsi ; et toujours les treilles bien serrées, et les jalousies de bois éloignées des grilles ; car, c'est un grand plaisir de parler en assurances es parloirs. Il faudra aussi mettre un balustre derrière la grille du choeur, en là même façon qu'au parloir.

J'attends M. Crichant, que je caresserai de tout mon coeur. Dieu vous bénisse, ma très-chère mère, et vous sanctifie de plus en plus! Je suis pour jamais, ma très-chère mère, vôtre, comme vous savez.




LETTRE CCCCXCII, A MADAME DE CHANTAL

Le Saint la loue de son désintéressement, et de ce qu'elle ne rebute pas les personnes disgraciées de la nature.


20 septembre 1621.

Que voulons-nous ; ma très-chère mère, sinon ce que Dieu veut! Laissons-le conduire notre âme, qui est sa barque ; il la fera surgir à bon port.

Je suis bien aise, ma très-chère mère, que vous aimiez les boiteuses, les bossues, les borgnesses, et même les aveugles, pourvu qu'elles veuillent être droites d'intention : car elles ne laisseront pas d'être belles et parfaites au ciel; et si l'on persévère à faire la charité à celles qui ont ces imperfections corporelles, Dieu en fera venir, contre la prudence humaine, une quantité de belles et agréables, même selon les yeux du monde.

Voilà les constitutions. En somme, si ces examinateurs et censeurs sans autorité, qui font tant de questions sur toutes choses; se peuvent donner un peu de patience, ils verront que tout est de Dieu.

Nos soeurs d'ici font toujours bien ; nous avons de braves et douces novices; que j'ai confessées avec les autres, pour l'extraordinaire d'août, et je les trouve à mon gré.

Il semblait bon que l'on mit es constitutions que la supérieure puisse changer les officières à son gré parmi l'année. Faîtes-le, s'il vous plait, à l'endroit le plus convenable. Dieu vous remplisse de plus en plus de son très-saint amour ! Amen:



LETTRE CCCCXCIII, A UNE RELIGIEUSE DE LA VISITATION (A MADAME DE VILLENEUVE).

1841 (Tirée du monastère de la Visitation de la ville de Loudun.)

Tendresse paternelle du Saint envers une religieuse de la Visitation, qui s'était plainte qu'il ne la regardait plus comme sa fille, sans doute parce qu'il avait été longtemps sans lui donner de ses nouvelles.


Annecy, 20 septembre 1621.

Oui, certes, il est vrai, ma très-chère fille, j'ai tort, mais je dis très-grand tort, si je ne vous chéris d'une dilection toute particulière. Votre coeur, qui en a une singulière pour le mien, mérite pour le moins bien ce réciproque: Hélas! avec cela, ma très-chère fille, le maître et le créateur de l'amour a fait celui qu'il m'a donné pour vous, d'une façon que, le recevant, je le dois employer de toutes mes forces. Aussi fais-je, certes, ma très-chère fille ; lui-même l'auteur le sait et le voit bien, et je ne doute point qu'il n'en assure votre esprit. Non, non, ma fille, n'ayez point crainte de me surprendre ; j'entends très-bien votre langage ; vos plaintes ne sont point aigres, ce sont des douceurs d'un enfant envers son père : si elles sont apprêtées au verjus, ce n'est que pour leur donner le haut goût. Faites-en souvent, de ces plaintes, ma très-chère-fille ; je proteste de mon côté que vous l'êtes et le serez à jamais invariablement, car j'ai un extrême plaisir à répéter cette vérité.

O que notre très-chère soeur Angélique est bien heureuse d'être en cette vocation avec le bon plaisir de Dieu, qui lui donne la clarté et la consolation convenable/et propre à graver profondément son très-saint et pur amour en son esprit!

M. Flocard, qui voulait revenir ici-à cause de sa femme, avait raison ; car sa femme est digne d'être aimée, puisqu'elle tâche de tout son coeur de bien aimer Dieu ; et ayant su l'honneur que vous faites à son mari, qui est en Piémont dès il y a cinq mois. Or sus, ma très-chère fille, je suis invariablement et très-singulièrement votre très-humble et très-fidèle serviteur, et vous êtes ma très-chère fille en celui qui est notre tout, qui est béni es siècles des siècles.



LETTRE CCCCXCIV, A UNE DAME.

Le Saint la console dans ses afflictions ; la paix du coeur ne se rencontre que dans la grâce et dans la croix de Jésus-Christ,'


13 octobre 1621.

Il ne faudrait pas vous avoir au milieu de mon coeur, ma très-chère fille, pour ne pas avoir avec vous part aux afflictions ; mais il est tout vrai qu'étant tout ce que je vous suis, et à votre maison, je compatis grandement à toutes vos afflictions, et de madame delà N. votre soeur. Mais, ma très-chère fille, il me semble que vous êtes un peu plus susceptible de ces consolations que cette chère soeur : c'est pourquoi je vous dis que nous avons tort, si nous regardons nos parents, nos amis, nos satisfactions et contentements comme choses sur lesquelles nous puissions établir nos coeurs. Ne sommes-nous-pas, je vous prie, en ce monde avec les conditions des autres hommes, et de la perpétuelle inconstance dans laquelle il est établi ? Il faut s'arrêter, ma très-chère fille, et ne reposer nos attentes qu'en la sainte éternité à laquelle nous aspirons.

O paix du coeur humain ! on ne te trouve qu'en la grâce et en la croix de Jésus-Christ. Ma très-chère fille, vivez ainsi, et réjouissez saintement votre, coeur bien-aimé en la véritable espérance de jouir un jour éternellement de la bienheureuse et invariable éternité. Je suis pressé, ma très-chère fille, et ne me reste de loisir que pour vous dire que je suis à jamais votre, etc.



LETTRE CCCCXCV, A UNE DAME MARIÉE.

1856
Dieu ne veut pas toujours l'accomplissement des bons désirs : en cela il a ses vues. Comment il faut vouloir les choses.

Annecy, 3 novembre 1621.

Dieu sait pourquoi il permet que tant de bons désirs ne réussissent pas qu'avec tant de temps et de peine, et même que quelquefois ils ne réussissent point tout-à-fait. Quand il n'y aurait aucun autre profit que celui de la mortification des âmes qui l'aiment, ce serait beaucoup. En somme, il faut ne vouloir point les choses mauvaises, vouloir peu les bonnes, et vouloir sans mesure le seul bien divin, qui est Dieu même.

Je sais, véritablement, ma très-chère fille, que mes lettres vous sont agréables ; car notre Seigneur, qui a voulu que mon âme fût toute vôtre, me donne connaissance de ce qui se passe en votre coeur, par ce que je sens dans le mien. Il est vrai, ma très-chère, fille, Grenoble est toujours en mon coeur ; et vous, ma très-chère fille, au milieu de ce même Grenoble. Je suis donc bien consolé quand je sais des nouvelles de cette ville-là, en ce temps auquel on en dit tant et de si diverses.

Béni soit Dieu qui conserve la personne du roi, si chère à tout ce royaume et à toute l'Église. Nous faisons ici les prières, et pour les affaires, militaires et pour les nôtres

Je suis bien aise de la possession en laquelle, nos soeurs sont de leur monastère, et vous aussi avec elles, puisque, par votre assistance et de ces bonnes dames, les ayant colloquées, vous y êtes en leurs, personnes, et elles y sont pour vous, qui, servant le même Seigneur en votre pieuse vocation, êtes un même esprit avec elles. Et vous avez aussi, été une petite infirmière, puisque vous avez eu tant de malades ces mois passés, et vous avez été infirme de leur infirmité ; car puisque c'étaient même des personnes si chères, comme monsieur votre mari et votre fils bien-aimé, vous avez bien pu dire : Qui est infirme que je ne sois infirme avec lui (
2Co 11,29) ? Dieu, soit loué, qui par les alternatives nous conduit, à la ferme.et invariable, tranquillité de l'éternel séjour? Vivez tout en Dieu, ma très-chère fille, et aimez en lui votre très-humble, etc.




LETTRE CCCCXCVI.

LA MÈRE ANGÉLIQUE ARNAULD, A MADAME DE CHANTAL.

(Tirée des lettres de la mère Ang. Arnauld, de Port-Royal.)

Elle lui rend compte de son intérieur, du dessein qu'elle avait de passer de son ordre dans celui de la Visitation, de ses dispositions à l'égard de certaines personnes qu'elle voyait.



Maubuisson (1), avant le 12 septembre 1621.

Ma très-chère mère, ma misère est si extrême, et mon embarras si grand, qu'il m'est impossible de trouver une semaine pour faire une pauvre retraite. Celle-ci, que j'y avais destinée, doit être employée à entendre les comptes de cette maison avec des commissaires de l'ordre (de Cîteaux) ; ce qui me sera si déplaisant que rien plus : et avec cela, combien de hasards, de péchés eh tant de discours, et peut-être de murmures avec ces personnes !

Voyant tout cela, j'ai essayé de faire une petite revue en la manière que Philotée (2) l'enseigne, et je me suis confessée ce matin à M. Manceau (3), pendant que de bonne fortune ma guetté continuelle s'était allée promener à Port-Royal. Je me suis confessée seulement depuis l'Assomption, de sorte que je n'ai rien trouvé que je ne vous aie déjà demandé, excepté que tous les acquiescements, que je fais à la divine volonté pour mon dessein ne sont point véritables, ce me semble, y ayant une certaine propriété dont je ne me défais jamais, et qui fait que dès qu'on me contredit je ressens une douleur extrême, dont j'ai été malade quelquefois, et encore hier.

Je pense souvent que si ce que je souhaite (4) n'arrive pas, il est impossible que je n'en meure, ne me pouvant aucunement résoudre de vivre dans ma condition. Quoique je dise assez que je le veux si Dieu le veut, ce n'est point de bon coeur ; et je le dis plutôt de peur que si l'on reconnaissait autre chose, on ne dise que c'est une tentation, ce que je ne veux nullement croire. Il me semble que quand même monseigneur l'évêque de Genève me le dirait, je ne le croirais pas ; et même, quand je pourrais sans lui exécuter mon dessein, je ne voudrais pas pourtant le faire, car j'aimerais mieux mourir que de lui désobéir ; mais cependant je ne pourrai, ce me semble, jamais arracher ce désir de mon coeur.

J'ai omis de vous dire dernièrement que tous les jours je ne manque point à regarder ce qui se passe dans le coeur des séculiers, quand on ouvre la grille pour voir notre Seigneur, et durant le sermon j'y suis si attentive que j'en perds l'attention au sermon. Je fais souvent une mine bien chagrine ; et depuis que je vous ai écrit, je me suis souvent impatientée contre mes soeurs, et je lés ai reprises aigrement. J'ai deux ou trois fois fait des actions d'hypocrisie, refusant quelque chose que l'on me donnait, sous prétexte d'abstinence, quoique ce ne fût que parce qu'il me déplaisait; et si c'eût été quelque chose qui m'eût plu, je l'eusse bien pris.

Je parle tous les jours presque tout du long de la réfection, bien souvent de nouvelles et de sottises ; et je reprends la lectrice, ou avec moquerie, ou avec impatience. Je ne parle point du tout à mes soeurs, ne trouvant point de temps, parce que j'en perds. J'ai quitté une fois l'oraison à demi-faite par légèreté et indévotion ; et une fois pour le dernier sujet j'omis d'aller à l'office.

La grande circonstance de toutes mes fautes, c'est que pour l'ordinaire, les faisant, je vois actuellement le mal que je fais, et comme je devrais faire pour me bien conduire ; et quoique j'essaie de disputer contre la lumière, je ne puis la chasser. Cela m'arrive particulièrement quand mes fautes sont contre la charité ; et si, je ne saurais vaincre ma mauvaise humeur. Je cours toujours, et c'est avec affection, parce qu'il m'a semblé que ma promptitude en cela ne vous déplaisait pas trop. Enfin, ma très-chère mère, je suis toute imperfection; et ma douleur, c'est que je ne vois point du tout le moyen de me corriger où je suis; car tout m'est occasion de faute. Je ne dis pas ceci pour vous importuner, ma très-chère mère ; c'est qu'il m'échappe : pardonnez-le moi.

Il y a ici un gardien des capucins à notre porte, qui est fort habile et homme de bien, mais d'une humeur je ne sais quelle : il veut que je le caresse, que je lui dise mes affaires, et que j'aie une fort grande confiance ; et moi, je ne le puis, dont il est si mal édifié, qu'il s'en plaint fort, comme si je lui faisais des mépris insupportables, de quoi je suis bien loin extérieurement ; mais en vérité intérieurement j'ai assez de peine à estimer des humeurs badines, et à croire que les âmes qui se repaissent de ces niaiseries aient un grand esprit d'oraison, ainsi qu'on dit de celui-ci. Il a dit qu'il ne viendrait plus dans cette maison si je ne faisais autrement. D'ailleurs, il prêche très-bien, et nos anciennes dames l'entendent volontiers, quoique sans fruit.

Ma chère mère, j'ai du respect humain ; je suis embarrassée dans une fâcheuse affaire, et j'ai tout plein d'ennemis'. Il ne faut qu'un homme comme cela pour me décrier dans son ordre ;, car ils s'entre-supportent en ces vaines recherches d'honneur. Or, pour lui dire mon secret, il est impossible, et je ne dois pas aussi assurément le faire : mais je le trompe à cette heure, que je veux le tirer de son aliénation d'amuserie ; j'y perds bien du temps, et cela avec évagation d'esprit ; car ce sont des discours en l'air que je lui fais, et encore avec des équivoques et semblables tricheries, pour m'en défaire.

Il faut que je fasse ainsi avec presque tous les religieux. Leur conversation m'est mille fois plus périlleuse que celle des séculiers ; parce qu'à ceux-ci, quand je pense un peu à moi, je leur dis de bonnes-choses, mais par rapport aux autres ce serait faire la suffisante et la prêcheuse ; et quand je les écoute, ils ne me disent que des niaiseries; et si je ne réponds pas de même qu'eux, on dit que je fais la refroidie, qu'on ne me connait plus, que je ne fais plus cas que des évêques, etc. Je paie à présent les intérêts du temps passé, où j'entretenais tout le monde. Ainsi j'ai fait mille connaissances dont je ne me puis défaire. L'autre jour je fis paraître à une de ces personnes que j'en méprisais d'autres, que je savais qu'il n'estimait pas ; et cela par flatterie.

Si Dieu ne m'assiste, ainsi que je l'espère de sa bonté, par votre moyen, ma très-chère mère, non, je ne me pourrai plus supporter dans ces enlacements, et en mille autres embarras pour les choses temporelles de céans (1) qui vont avec une confusion extrême, et apportent des désordres et d'extrêmes incommodités à mes pauvres soeurs, et point de moyen pour les régler. Dieu amènera monseigneur : je le crois parce que vous me le dites, et il aura pitié de moi.

Le bon M. de Belley (1), qui m'a écrit, est venu : je l'aime bien, parce qu'il est bon : mais il me brouille encore l'esprit avec ses très-vaines et extravagantes louanges ; car mon méchant esprit s'y plaît, et j'ai peine à déchirer ses lettres, qui sont de si beaux panégyriques. Je ne saurais m'empêcher de lui répondre et de l'entretenir, et cependant j'en ai presque du scrupule, m'imaginant que ce n'est pas tant le respect pour son mérite que l'estime que je sais qu'il fait de moi, qui m'en plaît. Je ne sais si je le dois prier de venir, ou non. Ses sermons émeuvent fort nos anciennes ; pour moi, ils contentent plus la vanité de mon esprit qu'ils ne touchent ma volonté.

Mais, à propos de volonté, ma chère mère, je ne sais si ce n'est pas erreur, mais il me semble que rien ne la peut toucher, et que je ne saurais vouloir plus que je veux. Je vous supplie, ma très-chère mère, mandez-moi ce que je ferai par rapport à M. de Belley.

Ma pauvre soeur Le Maître m'écrivait l'autre jour qu'elle était bien fâchée, appréhendant que vous ne crussiez qu'elle ne se souciait plus de vous aller voir, quoiqu'elle n'eût plus peur de son mari. La raison qu'elle a eue pour s'en dis penser, je vous supplie très-humblement d'avoir un peu pitié de cette pauvre soeur ; elle est un peu tendre, mais elle est bonne, et fera beaucoup; mais il la faut presser. S'il vous plaisait de prendre un peu d'autorité sur elle, et de lui faire rendre compte de ses dispositions intérieures, vous l'obligeriez infiniment ; car elle le fera volontiers étant excitée, mais elle n'osera jamais autrement.

J'ai peur qu'elle ne s'engage à M. de Belley; je n'aimerais pas cela : car, voyez-vous, ma chère mère, il me semble que ces admirateurs des personnes ne leur font pas faire grand chemin La mode est à cette heure qu'on se contente de peu; et il me semble qu'on fait grand tort par ce moyen à plusieurs âmes.

Je suis bien aise que vous avez une maison, mais, c'est-à dire que vous vous en irez bientôt. Oh bien, que la sainte volonté de Dieu soit faite sans réserve en tout. Je vous supplie de prier Dieu pour moi, ma chère mère, et que je sois toujours votre enfant, etc.

Ma chère mère, tout en vous écrivant, je viens de me mettre en colère, et de parler avec bien du mépris de quelqu'un, et j'ai dit quelque chose afin qu'on fit ma volonté.


(1) La mère Angélique était depuis 1618 à Maubuisson, où elle avait été envoyée pour y établir la réforme.
(2) La mère Angélique veut ici parler de L’introduction à la vie dévote, du Saint. (3) Confesseur de la mère Angélique et de Port-Royal, où il mourut le 30 mars 1639, âgé de quatre-vingts ans.
(4) La mère Angélique veut ici parler du désir qu'elle avait de se défaire de sa charge d'abbesse de Port-Royal. S. François de Sales s'y opposa. Parmi les lettres du saint prélat, on en trouve plusieurs à la mère Angélique ; elle le prit pour son directeur lorsqu'il vint à Paris en 1619, et depuis ce temps-là elle ne fit rien sans son avis, et elle lui écrivait souvent.
(1) Ce sont les affaires de l'abbaye de Maubuisson, dont l'abbesse, madame d'Estrée, avait été chassée à cause de ses désordres, et faisait tous ses efforts pour y rentrer, ayant obtenu un bref à cet effet. (1) M. Pierre Camus, grand ami du Saint.




LETTRE CCCGXCVII.

LA MÈRE ANGÉLIQUE ARNAULD, A MADAME DE CHANTAL.

(Tirée des lettres de la mère Ang. Arnauld, de Port-Royal.)

Elle lui rend compte de son intérieur, et touche quelques mots de sa résolution de passer dans l'ordre de Sainte-Marie.

De Maubuisson, 12 septembre 1621.



Ma très-chère mère, hélas ! me voilà toute rétablie dans mon tracas, où je veux être, puisque Dieu le veut ; mais je ne puis m'empêcher de jeter les yeux sur le doux repos que j'aurais aux pieds de ma très-chère mère, s'il plaisait au Seigneur que j'y pusse vivre et mourir. Je suis en de perpétuelles contestations avec ceux avec qui je vis (1). Ils veulent une chose, et moi d'autres, qui ne sont pas, à mon avis, mauvaises; mais je me défends avec mon indiscrétion et mon arrogance ordinaire.

Ma soeur Marie-Angélique (2) continue comme de coutume, mais je ne fais pas semblant de la voir. Il faut, ma chère mère, que je vous dise ma méchanceté. Il arriva qu'en revenant elle dit quelque chose de vous, ma très chère mère, comme si elle vous eût beaucoup aimée, et eût été bien heureuse avec vous. J'eus si grand dépit, comme je crois, par orgueil, m'imaginant qu'elle me méprisait, que je lui dis : C'est que c'est chose nouvelle. Voyez, ma très-chère, la force de mon orgueil, qui me fait ainsi trahir mon coeur.

J'ai parlé trois fois des affairés d'État, et dit une opinion qu'on m'avait apprise au préjudice de quelqu'un. J'ai montré par vanité une lettre que j'ai écrite, parce qu'elle me semblait bien. J'en ai bien fait d'autres, dont je ne me souviens pas, ma très-chère mère. Je né crois pas que je vous ennuie en vous disant ces petites particularités, afin qu'au moins, en la manière que je puis, je sois votre petite novice.

Vos lettres ne sont-elles pas parties, ma chère mère ? Ô mon Dieu ! quand viendront les réponses, et seront-elles favorables ? Si le bon père le veut bien, je me promets, Dieu aidant, de venir à bout de toutes les difficultés. Je ne sais si j'irai au Lys (3). On me fait accroire que j'en ai envie afin de vous voir. Il est bien vrai que j'en ai une envie qui ne sera jamais rassasiée, et je désire que Dieu me fasse là miséricorde de me donner tout-à-fait à lui sous votre conduite. Mais je n'ai garde, pour me contenter, de vouloir entreprendre indiscrètement une si grande affaire, dont je m'excuse autant que je puis, excepté que je dis, comme il me semble que je dois, que si l'on me le commande absolument, j'irai. On ne veut pas cependant que je parle ainsi.

Ma chère mère, pour l'amour de Dieu, aimez-moi toujours, et faites par vos prières et vos soins maternels que je sois toute à lui; car je suis votre vraie enfant, qui me démets toute entière entre vos mains. Que Dieu vous conserve, et soit béni! Je salue, s'il vous plaît, ma chère mère, toutes mes chères soeurs, et particulièrement ma chère maîtresse.


(1) Les pères de l'ordre contredisaient la mère Angélique dans le bien qu'elle voulait établir à Maubuisson.
(2) C'était une religieuse de Maubuisson.
(3) Monastère près de Melun, réformé dans la suite par les soins de la mère Angélique.




LETTRE CCCCXCVIH.

LA MÈRE ANGÉLIQUE ARNAULD, A MADAME DR CHANTAL.

(Tirée des lettres de la mère*Ang. Arnauld, de Port-Royal.)

Sur une feuillantine, et sur les bruits qui couraient contre l'ordre de la Visitation.


De Maubuisson, vers novembre 1621.

Ma très-chère mère, la supérieure des feuillantines m'écrit, et témoigne fort désirer que nous ayons grande amitié ensemble : c'est mon frère qui est cause de cela. J'honore bien fort cette mère, la croyant une grande servante de Dieu ; mais ses lettres me sont si fort à charge, que rien plus ; et je ne sais que lui dire, car mon coeur ne peut s'ouvrir de ce côté-là. Comment faut-il faire? Je vous supplie, ma chère mère, de me le dire. Je vous envoie sa lettre, et ce que je lui réponds. Si vous le trouvez bon, vous le donnerez, s'il vous plaît, à M. Manceau qui vous ira voir cette semaine, et il la portera. Voyez-vous, ma chère mère, mon frère aime passionnément cette bonne fille, et il veut qu'elle m'aime et que je l'aime ; et je pense qu'il voudrait bien que j'allasse avec elle; mais Dieu ne m'y appelle point du tout.

Il faut que je vous dise, ma très-chère mère, que j'y ai pensé profondément, et à la Visitation aussi. Je fais état, tout au pis, que je ne vous y verrai jamais, ni monseigneur; que vous mourrez tous deux bien devant moi (1) ; que notre chère-maitresse, que j'aime très-fort, mourra aussi. Je m'imagine que notre soeur qui s'appelait Petit au monde, ce qui me déplaît très-fort, sera ma supérieure ; et cela, ne me peut dégoûter, puisque cela n'empêcherait pas que je ne gardasse la règle et les constitutions.

Il y a des personnes qui viennent ici, qui me parlent de cet institut nouveau avec des mépris étranges, croyant qu'on ne va chez vous que pour être à son aise : cela ne me fait plus de dépit, comme il faisait devant que je fusse entièrement résolue d'en être. Que Dieu me fasse cette grâce, et déjà je m'en réjouis bien fort, m'étant avis que je dois avoir bien cher de mener une vie inconnue et abjecte au monde.

Encore ce sont des religieux et des personnes d'Église qui me parlent comme je viens de dire. Ils me disent qu'en embrassant cet institut, je perdrai la réputation que j'ai, qui est si vaine, et que j'ai si injustement acquise. Je dis pourtant tout doucement que votre règle a été faite par le plus grand docteur de la sainte Église (1), et vos constitutions par un grand et saint évêque; qu'elles ne peuvent donc qu'être bonnes : puis je les écoute avec humilité. Mais à quelqu'un qui me disait qu'on allait demander tous les matins à chacune ce qui lui plaisait à son dîner, je dis bien rudement que cela était bien éloigné de la vérité.

Adieu, ma chère mère, je suis toute vôtre. Dieu soit béni !


(1) Cela est arrivé : S. François de Sales mourut à la fin de 1622, et madame de Chantal à la fin de 1641.
(1) Les filles de Sainte-Marie ont pour règle celle de S. Augustin.




LETTRE CCCCXCIX. MADAME DE CHANTAL, A S. FRANÇOIS DE SALES.

(Tirée des lettres de madame de Chantal.)

Elle s'intéresse auprès du Saint pour le dessein qu'avait la mère Angélique Arnauld de passer dans l'ordre de Sainte-Marie, et lui envoie des lettres de sa part, etc.



Vers le 11 novembre 1621.

Mon très-cher seigneur et unique père, que faites-vous, et que fait-on dans notre pauvre petit pays ? J'avoue que j'en suis bien en peine, et quelquefois il m'en prend d'étranges émotions. Notre bon Dieu vous conserve, et réduise ses ennemis sous l'obéissance de sa volonté !

Voilà des lettres de cette chère fille de Port-Royal : véritablement elle est digne de compassion; car ses désirs croissent parmi les contradictions, si entièrement qu'il ne se peut dire. Enfin qu'on lui dise ce que l'on voudra, et que l'on fasse tel jugement qu’il plaira, cela ne sera que de l'huile jetée sur le feu de son ardent désir ; et s'il la faut faire départir de cette prétention, il n'y a que vous seul qui le puissiez faire; car, comme elle m'écrit encore, à votre seule parole elle quittera tout avec une entière paix : mais tout le monde ensemble ne saurait faire cela.

Elle me dit encore que, pour je ne sais quoi au-delà de tout ce qu'elle peut penser, elle sent que Dieu l'appelle à la Visitation. J'ai ce même sentiment; mais, pour Dieu, mon vrai père, dites-moi franchement si c'est le vôtre ; car pourvu que vous nous parliez bien clair, comme ayant seul autorité de le-faire, puisque sans réserve elle s'est remise à vous, j'espère qu'on amènera tous les autres là: Dites-moi seulement si vous pensez que ce soit la volonté de Dieu qu'elle sorte de là ; car, pour les difficultés, je n'en fais point d'état. L'on assure, et monseigneur de Nantes me disait encore hier, que ses voeux sont nuls; elle peut donc en sortir en conscience. Il ne reste à savoir sinon s'il sera plus utile à la gloire de Dieu qu'elle demeure là, contre tous ses sentiments et attraits intérieurs, et la croyance ferme qu'elle a de la nécessité du secours de l'obéissance (qui que je trouve de plus important pour elle, et de plus considérable), ou qu'elle vienne ici, où il y a mille apparences de profit particulier pour elle. Je ne me saurais tenir d'ajouter que Dieu lui ayant donné si fort l'esprit de cet institut, je crois que c'est pour en tirer sa gloire au service de tout l'institut : même if a fallu contenter mon coeur à vous dire tout mon sentiment encore cette fois ; et je vous supplie, mon vrai père, que, le plus tôt qu'il vous sera possible, l'on ait de vos nouvelles là -dessus.

Le très-bon monseigneur de Nantes aime cet institut parfaitement ; mais de vous je n'oserais écrire ce qu'il en dit : c'est sa douceur et ses délices que de parler de vous et de vous considérer; mais il le fait avec admiration. Il me témoigna un déplaisir de s'en aller sans vous avoir vu, et de n'avoir profité du temps quand vous étiez ici la dernière fois ; mais en tout cela il n'y a que de sa faute et manquement de se déterminer : c'est une âme sainte et innocente.

Cette ville est toujours grandement affligée par les continuelles pertes qui arrivent tous les jours des meilleurs, des plus braves et des plus gens de bien qu'elle eût, et de toute condition. On ne voit que deuil. Les craintes qu'on ne brûle la ville continuent aussi; mais pour cela messieurs de la ville mettent le meilleur ordre qu'ils peuvent, et l'on fait garde générale et continuelle en tous les quartiers; et pour cela l'on fait force prières partout; et j'espère que Dieu-détournera ce malheur.



Je vous écris si expressément que je n'ai pas le loisir de penser à ce que j'avais à vous dire : il me vient seulement en mémoire de vous demander si vous entendez que l'on se serve de cuillers d'argent à la communauté, ou si c'est seulement pour les malades ; car je le comprends ainsi, que ce n'est que pour l'infirmerie.

Mon unique père, Dieu comble votre chère âme et la mienne de son très-saint amour ! Hé mon Dieu ! qu'il y a longtemps que vous ne m'avez rien dit de cette chère âme ! Je m'en vais la semaine prochaine revoir celle (1) que vous avez ici. Notre Seigneur en ait pitié, et me donne lumière et force pour le servir plus fidèlement et utilement!

: Je salue très-humblement monseigneur de Chalcédoine (2), nos bonnes amies que vous connaissez partout, et nos pauvres soeurs. Mon très-cher seigneur, vous savez que je suis vous-même, par la grâce de Dieu, qui soit éternellement béni. Amen.



(I) Elle parle de sa propre âme et d'une retraite.

(2) Frère de M. l'évêque de Genève, et son coadjuteur.



LETTRE D, AU PÈRE ETIENNE BINET, DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS,

SUPÉRIEUR DE LA MAISON PROFESSE DE SAINT-LOUIS DE PARIS.
1860
F. de Sales, Lettres 1829