Thomas sur Jean 30

Jean 4, 39-42: LA CONVERSION DES SAMARITAINS

30 Jn 4,39-42

Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Lui à cause de la parole de la femme, qui rendait ce témoignage" Il m’a dit tout ce que j’ai fait." 40 donc les Samaritains vinrent à Lui, ils Le prièrent de demeurer là, et Il y demeura deux jours. 41 Et c’est en bien plus grand nombre qu’ils crurent en Lui à cause de sa parole à Lui; et ils disaient à la femme: "Ce n’est plus à cause de tes dires que nous croyons: nous L’avons entendu nous-mêmes, et nous savons que c’est Lui qui est vraiment le Sauveur du monde."

656. Plus haut 1, le Seigneur a prédit aux Apôtres le fruit que produirait chez les Samaritains la prédica tion de la femme. C’est de ce fruit que parle mainte nant l’Evangéliste, en le montrant d’abord provenant de la prédication de la femme [n° 657], puis accru par le Christ [n° 660].

I

BEAUCOUP DE SAMARITAINS DE CETTE VILLE CRURENT EN LUI A CAUSE DE LA PAROLE DE LA FEMME, QUI RENDAIT CE TEMOIGNAGE: IL M’A DIT TOUT CE QUE J’AI FAIT. " QUAND DONC LES SAMA RITAiNS VINRENT A LUI, ILS LE PRIERENT DE DEMEURER LA, ET IL Y DEMEURA DEUX JOURS.

Le fruit produit chez les Samaritains par la prédication de la femme se manifeste de trois manières.

657. On le voit d’abord dans la foi avec laquelle ils crurent au Christ. C’est pour cela que l’Evangéliste dit: DE CETTE VILLE, où était allée la femme, BEAUCOUP d’hommes SAMARITAINS CRURENT EN LUI, et cela A CAUSE DE LA PAROLE DE LA FEMME, à qui le Christ avait demandé de l’eau et QUI RENDAIT CE TEMOIGNAGE: le Christ lui avait dit tout ce qu’elle avait fait. Ce témoignage était suffisant pour amener à croire au Christ. En effet, les paroles que le Christ lui avait dites ayant abouti à dévoiler ses fautes, elle ne les aurait pas rapportées si elle-même n’avait pas été assez secouée pour croire. Voilà pourquoi, dès qu’ils eurent entendu ses paroles, ils CRURENT; par là est manifesté que la foi vient de ce qu’on entend 2.

658. En second lieu, le fruit de la prédication de la femme se manifeste dans la venue des Samaritains au Christ; car de la foi naît le désir de la réalité à laquelle on croit. C’est pourquoi, après avoir cru, ils viennent au Christ, pour qu’Il les mène à la perfection. C’est ce qui est exprimé ici: QUAND DONC LES SAMARITAINS VINRENT A LUI... — Approchez-vous de Lui et vous serez illuminés 3.— Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je referai vos forces 4.

659. Le fruit de la prédication de la femme se manifeste enfin dans leur désir; car à celui qui croit, il n’est pas nécessaire seulement de venir au Christ, mais encore de L’avoir avec lui; c’est pourquoi l’Evangéliste dit: ILS LE PRIERENT DE DEMEURER LA, ET IL Y DEMEURA DEUX JOURS.

Or c’est par la charité que le Seigneur demeure avec nous: Si quelqu’un m’aime, dit Jésus, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera; et Il ajoute et nous ferons chez lui notre demeure 5. Et s’Il demeure DEUX JOURS [chez les Samaritains], c’est parce que la charité comporte deux préceptes, l’amour de Dieu et celui du prochain, auxquels toute la Loi est suspendue, ainsi que les prophètes 6. Quant au troisième jour, c’est le jour de la gloire: Après deux jours Il nous fera revivre; le troisième jour Il nous relèvera, et nous vivrons en sa présence 7. Et le Christ ne demeura pas un troisième jour chez les Samaritains, parce que ceux-ci n’étaient pas encore capables [de vivre] de la gloire.
2. Ro 10, 17. En commentant ce verset de saint Paul, saint Thomas précise que la foi requiert deux choses: "l'inclination à croire", inclination du coeur qui ne naît pas de ce que l’on entend mais qui est un don de la grâce, et" la détermination de ce qui est à croire", laquelle provient de ce que l’on entend. Et saint Thomas prend l’exemple du centurion Corneille, "dont le coeur était incliné à croire et à qui cependant il fut nécessaire que Pierre soit envoyé pour lui déterminer ce qu’il devait croire" (Super Epistolam ad Romanos lectura, X, leç. 2, n° 844; Ac 10,22).
3. Ps 33, 6.
4. Mt 11, 28.
5. Jean 14, 23.
6. Mt 22, 40.
7 Os 6, 3.



II

ET C’EST EN BIEN PLUS GRAND NOMBRE QU’ILS CRURENT EN LUI A CAUSE DE SA PAROLE A LUI;

ET ILS DISAIENT A LA FEMME: "CE N’EST PLUS A CAUSE DE TES DIRES QUE NOUS CROYONS: NOUS L’AVONS ENTENDU NOUS-MEMES, ET NOUS SAVONS QUE C’EST LUI QUI EST VRAIMENT LE SAUVEUR DU MONDE.

660. L’Evangéliste montre ici que le fruit provenant de la prédication de la femme fut accru par la présence du Christ. On le voit de trois manières au grand nombre de ceux qui crurent [n° 661]; à leur manière de croire [662]; à la vérité de leur foi [n° 663].

661. Que ce fruit ait été accru par la présence du Christ, cela se voit en effet à la multitude des croyants 8; car si, à cause de la femme, BEAUCOUP CRURENT EN LUI, C’EST EN BIEN PLUS GRAND NOMBRE QU’ILS CRURENT EN LUI A CAUSE DE SA PAROLE A LUI, c’est-à-dire à cause de la parole du Christ. Il nous est par là indiqué que si beaucoup ont cru grâce aux prophètes, un bien plus grand nombre s’est converti à la foi lors de la venue du Christ — Lève-toi, Seigneur, mon Dieu, selon le précepte que tu as établi, et l’assemblée des peuples t’environnera 9.
8. Cf. Ac 4, 32.


662. Que le fruit ait été accru par le Christ, cela se voit encore à la manière dont ils croient: CE N’EST PLUS A CAUSE DE TES DIRES QUE NOUS CROYONS.

Notons que trois choses sont nécessaires à la perfection de la foi; elles sont ici données selon un ordre: la foi doit d’abord être droite, ensuite prompte, enfin certaine.

La foi est droite quand on obéit à la vérité 10 non pas à cause d’autre chose, mais pour elle-même. C’est cela qu’indique l’Evangéliste en rapportant que les Samaritains disaient à la femme: Maintenant, nous croyons à la vérité non A CAUSE DE TES DIRES, mais à cause de la vérité elle-même. Et ce qui nous amène à croire au Christ, c’est en premier lieu la raison naturelle — Depuis la création du monde, les [vertus invisibles de Dieu] sont rendues visibles à l’intelligence par ses oeuvres 11 — ; puis le témoignage de la Loi et des prophètes — Maintenant, sans la Loi, a été manifestée la justice de Dieu, à laquelle rendent témoignage la Loi et les prophètes 12; enfin la prédication des Apôtres et des autres — Comment croiront-ils à celui qu’ils n’ont pas entendu? et comment entendront-ils si personne ne prêche? 13 Mais quand l’homme, conduit ainsi comme par la main, croit, il peut alors dire que ce n’est pour aucune de ces raisons qu’il croit: ni à cause de la raison naturelle, ni à cause des témoignages de la Loi, ni à cause de la prédication des autres, mais uniquement à cause de la vérité elle-même — Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice 14.

La foi est prompte si elle croit tout de suite. Telle était bien la foi de ces Samaritains, car il leur avait suffi d’entendre le Christ pour se tourner vers Dieu. C’est pourquoi ils disent: NOUS L’AVONS seulement ENTENDU, ET NOUS CROYONS, sans avoir vu ses miracles comme les Juifs les virent. Sans doute est-ce une marque de légèreté que de croire trop vite aux hommes — Qui croit trop vite est un coeur léger 15; mais croire à Dieu tout de suite est très louable — Dès que son oreille m’a entendu, il m’a obéi 16.

La foi doit enfin être certaine, parce que celui qui doute dans la foi est incroyant: Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu (...) mais qu’il demande avec foi, sans hésiter en rien 17. Et c’est parce que leur foi était certaine que les Samaritains di sent: ET NOUS SAVONS. Parfois, en effet, on dit "savoir" pour" croire", comme c’est le cas ici, parce que science et foi ont en commun la certitude. En effet, comme la science est certaine, la foi l’est aussi; elle l’est même bien davantage, car la certitude de la science repose sur la raison humaine, qui peut faillir, tandis que la certitude de la foi repose sur la lumière divine 18 que rien ne peut contredire. Leurs certitudes diffèrent cependant dans le mode: la foi reçoit sa certitude d’une lumière divine infusée gratuitement, la science la reçoit de la lumière naturelle. En effet, de même qu’on possède la certitude de la science grâce aux premiers principes connus naturellement, ainsi on connaît les principes de la foi grâce à la lumière divinement infuse: C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi; et cela ne vient pas de vous, car c’est un don de Dieu 19.
9. Ps 7, 7-8.
10. Ga 3, 1 et 5, 7.
11. Ro 1, 20.
12. Ro 3, 21.
13. Ro 10, 14.
14. Gn 15, 6.
15. Sir 19, 4.
16. Ps 17, 45.
17. Ja 1, 5-6.
18. Littéralement "la raison divine".


663. Que le fruit ait été accru par le Christ, cela se voit enfin à la vérité de la foi des Samaritains. En disant

C’EST LUI QUI EST VRAIMENT LE SAUVEUR DU MONDE, ils confessent que le Christ est l’unique Sauveur, le vrai, celui de tout l’univers.

Unique, certes, puisqu’ils Le distinguent des autres en disant: C’EST LUI, c’est-à-dire Lui seul, qui vient sauver — Vraiment tu es un Dieu caché, Dieu d’Israël Sauveur 20 — Il n’est pas sous le ciel d’autre Nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés 21

Ils Le reconnaissent aussi comme le vrai Sauveur en disant: VRAIMENT. Puisque, selon Denys 22, le salut consiste dans la délivrance des maux et la conservation dans le bien, il y a un double salut: l’un qui est vrai, l’autre qui ne l’est pas. Le salut est vrai lorsque nous sommes délivrés des vrais maux et conservés dans les vrais biens. Or, s’il y eut dans l’Ancien Testament quelques hommes qui furent envoyés comme sauveurs, ils ne sauvaient pourtant pas vraiment; car ils délivraient de maux temporels et conservaient dans des biens temporels, qui ne sont ni de vrais maux, ni de vrais biens, parce qu’ils passent. Le Christ au contraire est VRAI MENT LE SAUVEUR parce qu’Il libère des vrais maux, c’est-à-dire des péchés — C’est Lui qui sauvera son peuple de ses péchés 23 — et qu’Il nous conserve dans les vrais biens, qui sont les biens spirituels.

Enfin les Samaritains Le reconnaissent comme Sauveur de tout l’univers, parce qu’Il ne se limite pas à quelques-uns, mais qu’Il est le Sauveur DU MONDE entier Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par Lui 24.
19. Eph 2, 8.
20. Isaïe 45, 15.
21. Ac 4, 12.
22. Les Noms divins, ch. 8, § 9, PG 3, col. 896 D-897 B: "On célèbre encore la divine Justice comme Salut universel parce que c’est elle qui garde et conserve à chaque être la pureté de son essence et de son rang propres (...). Si on la célèbre comme Salut, c’est en outre parce qu’elle préserve toutes choses des atteintes du mal. (...) On se conformera encore aux desseins de la sainte théologie en célébrant ce Salut en raison de la bonté universelle et salvatrice par laquelle il rachète tous les êtres à qui il advient de déchoir des biens qui leur sont propres. (...) c’est elle qui les établit au coeur du Bien, qui leur rend la plénitude du bien qu’ils ont laissé échapper, qui met bon ordre à leur désordre, qui harmonise leur disharmonie, qui leur rend la plénitude de leur perfection, qui les délivre de toutes leurs fautes" (pp. 152-153 dans les Oeuvres complètes du Pseudo-Denys l’Aréopagite, trad. M. de Gandillac).
23. Mt 1, 21.
24. Jean 3, 17.




Jean 4, 32-36: LA GALILEE, LIEU DU MIRACLE

31 Jn 4,32-36




Après deux jours, Il partit de là et s’en alla en Galilée. Jésus en effet a Lui-même rendu ce témoignage, qu’un prophète n’est pas honoré dans sa propre patrie. Lors donc qu’Il vint en Galilée, les Galiléens L’accueillirent, ayant vu tout ce qu’Il avait fait à Jérusalem pendant la fête; car eux aussi étaient venus à la fête. Il vint donc de nouveau à Cana de Galilée, où Il avait changé l’eau en vin.

664. Après la conversion des nations par la voie de l’enseignement du Christ 1, l’Evangéliste montre ici leur conversion par la voie du miracle, en en rapportant un accompli par le Christ. Pour cela, il indique d’abord le lieu du miracle [n° 665], puis le décrit [n° 675] et enfin en montre l’effet [n° 696].

Le lieu du miracle est désigné d’abord d’une manière générale [n° 665], puis d’une manière précise [n° 673].



I

APRES DEUX JOURS, IL PARTIT DE LA ET S’EN ALLA EN GALILEE.

JESUS EN EFFET A LUI-MEME RENDU CE TEMOIGNAGE, QU’UN PROPHETE N’EST PAS HONORE DANS SA PROPRE PATRIE. LORS DONC QU’IL VINT EN GALILEE, LES GALILEENS L’ACCUEILLIRENT, AYANT VU TOUT CE QU’IL AVAIT FAIT A JERUSALEM PENDANT LA FETE; CAR EUX AUS SI ETAIENT VENUS A LA FETE.

En indiquant d’une manière générale le lieu du miracle [n° 665], l’Evangéliste donne aussi la raison pour laquelle le Christ a choisi ce lieu [n° 666], et il montre comment Il y fut reçu [n° 670].
1. Cf. n° 549.


APRES DEUX JOURS, IL PARTIT DE LA ET S’EN ALLA EN GALILEE.

665. L’Evangéliste dit donc que Jésus demeura deux jours chez les Samaritains, et qu’après deux jours IL PARTIT DE LA, c’est-à-dire quitta la Samarie après avoir confirmé les Samaritains dans leur foi, ET S’EN ALLA EN GALILEE, où Il avait été élevé 2.Par là il est signifié qu’à la fin du monde, une fois les nations confirmées dans la foi et la vérité, Il reviendra pour convertir les Juifs — Une partie d’Isra est tombée dans l’aveugle nent jus qu’à ce que soit entrée la plénitude des nations; et ainsi tout Israël sera sauvé 3.


JESUS EN EFFET A LUI-MEME RENDU CE TEMOIGNAGE, QU’UN PROPHETE N’EST PAS HONORE DANS SA PROPRE PATRIE.

666. Voilà la raison pour laquelle le Christ a choisi ce lieu; mais ces paroles suscitent une double perplexité: l’une concernant le sens littéral, l’autre l’enchaîne ment du texte [n° 668].

On peut en effet hésiter sur le sens littéral, car ce que le Christ dit ici, à savoir qu’UN PROPHETE N’EST PAS HONORE DANS SA PROPRE PATRIE, ne semble pas vrai, puisqu’on lit que certains prophètes furent honorés dans leur patrie.

Selon Chrysostome 4, il faut répondre à cela que le Seigneur parle ici de ce qui arrive dans la plupart des cas. Par conséquent, bien que les paroles du Seigneur ne se vérifient pas dans tel ou tel cas particulier, on ne doit pas pour autant les considérer comme fausses; car, dans le domaine des réalités naturelles et morales, une règle qui s’applique à la majorité des cas est vraie; et s’il en va autrement dans un cas particulier, on n’estime pas pour autant que la règle est fausse. Or ce que dit le Seigneur est vrai pour la plupart des prophètes, car, dans l’Ancien Testament, c’est à peine si l’on en trouve un qui n’ait pas souffert la persécution de la part de ses compatriotes — Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils pas persécuté? 5.Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés... 6. Cette parole du Seigneur n’est pas seulement vraie des prophètes chez les Juifs, mais aussi, comme le notre Origène 7, de la plupart des prophètes chez les Gentils, qui furent méprisés par leurs concitoyens et conduits à la mort. En effet, le commerce habituel avec les hommes et une familiarité excessive diminuent le respect de l’amour et engendrent le mépris; si bien que, générale ment, ceux que nous traitons plus familièrement, nous les respectons moins, et nous avons plus de considération pour ceux avec qui l’intimité n’est pas possible. Mais quand il s’agit de Dieu, c’est le contraire qui arrive. Plus on entre dans son intimité par l’amour et la contemplation, plus, reconnaissant son excellence, on Le respecte avec amour et plus on s’estime petit — Je t’avais entendu de mon oreille mais maintenant mon oeil te voit; c’est pourquoi je m’accuse moi-même, et je fais pénitence dans la poussière et la cendre 8. La raison en est que, la nature de l’homme étant faible et fragile, quand on fréquente longtemps quelqu’un on trouve en lui des faibles ses, et le respect affectueux qu’on a pour lui en est diminué. Au contraire, la perfection de Dieu étant sans mesure, plus l’homme progresse dans la connaissance de Dieu, plus il admire l’excellence de sa perfection et plus augmente le respect aimant qu’il a pour Lui.
2. Cf. SAINT AUGUSTIN, Tract, in b. XVI, I et 3, SA 71, pp. 815 et 823.
3. Ro 11, 25.
4. Voir In loannem honi., 35, ch. 2, PG 59, col. 200.
5. Ac 7, 52.
6. Mt 23, 37.
7. Sur saint Jean, XIII, § 376-377, SC 222, p. 241.
8. Jb 42, 5-6.


667. Mais le Christ a-t-Il été prophète? Il semble que non, puisque la prophétie comporte une connaissance énigmatique — Si quelqu’un parmi vous est prophète du Seigneur, je lui apparaîtrai dans une vision ou je lui parlerai en songe 9 — et que le Christ, Lui, n’eut pas de connaissance énigmatique.

Cependant, que le Christ ait été prophète, ce passage de l’Ecriture qui s’applique à Lui le montre manifeste ment: Le Seigneur ton Dieu te suscitera, de ta nation et d’entre tes frères, un prophète comme moi: c’est lui que tu écouteras 10.

A l’objection je réponds que le prophète exerce une double fonction il voit — Celui qu’on appelle mainte nant prophète, on l’appelait autrefois voyant 11 — et il annonce. A cet égard le Christ fut prophète, parce qu’Il annonça la vérité sur Dieu — Moi, ce pour quoi je suis né et ce pour quoi je suis venu dans le monde, c’est pour rendre témoignage à la Vérité 12. En ce qui concerne l’office de voyant, il faut savoir que le Christ à la fois était pèlerin sur la terre et possédait la vision béatifique; il était pèlerin selon la passibilité de sa nature humaine et tout ce qui en relève, mais Il possédait la vision béatifique dans son union à la divinité 13, par laquelle Il jouis sait de Dieu de la manière la plus parfaite.

Mais la vision de la prophétie comporte deux choses la lumière intellectuelle de l’esprit et l’image. En ce qui concerne la première, le Christ n’eut pas la prophétie, parce qu’Il n’eut pas de lumière imparfaite, mais la lumière de celui qui voit Dieu. En ce qui concerne la vision imaginaire, Il eut une ressemblance avec les prophètes, du fait que, pèlerin sur la terre, Il pouvait former dans son imagination des images diverses.
9. Nomb 12, 6.
10. Deut 18, 15.
11. 1 Sam 9, 9.
12. Jean 18, 37.
13. Rappelons ce que saint Thomas précise dans la Somme rappeler ce que saint Thomas précise dans la Somme théologique (III, q. 9, a. 2): le Christ possède la vision béatifique en tant qu’homme secundum quod homo). Dans son âme humaine surélevée par la plénitude de grâce (effet propre de la grâce de l’union hypostatique) le Christ voit Dieu.




668. On peut hésiter aussi sur l’enchaînement du texte. En effet, les paroles de l’Evangéliste APRES DEUX JOURS, IL PARTIT DE LA ET S’EN ALLA EN GALILEE, et les suivantes JESUS A LUI-MEME REN DU CE TEMOIGNAGE, QU’UN PROPHETE N’EST PAS HONORE DANS SA PROPRE PATRIE, ne semblent pas s’enchaîner de manière cohérente. Il semble que l’Evangéliste aurait dû plutôt dire que Jésus ne s’en alla pas en Galilée, puisqu’il A LUI-MEME RENDU CE TEMOI GNAGE, QU’UN PROPHETE N’EST PAS HONORE DANS SA PROPRE PATRIE. Car s’Il n’y était pas honoré, c’était une raison, semble-t-il, pour ne pas y aller.

Augustin résout cette difficulté en disant que l’Evangéliste répond ici à une question que l’on pourrait poser: "Pourquoi allait-Il là puisqu’Il avait demeuré longtemps en Galilée et que les Galiléens ne s’étaient pas convertis, alors que les Samaritains se convertirent en deux jours?" Ce qui revient à dire bien qu’ils ne se fussent pas convertis, néanmoins Il y alla 14. Il avait LUI-MEME RENDU CE TEMOIGNAGE QU’UN PROPHETE N’EST PAS HONORE DANS SA PROPRE PATRIE.

Chrysostome résout la difficulté autrement, en comprenant le texte de la manière suivante 15 APRES DEUX JOURS IL PARTIT DE LA, mais pas pour Capharnaüm qui était sa patrie en ce sens qu’Il y fit des séjours prolongés, ni pour Bethléem qui était sa patrie puisque c’était le lieu de sa naissance, ni pour Nazareth qui était encore sa patrie car c’était la ville où Il avait été élevé. Il n’alla donc pas à Capharnaüm, à qui II adresse ce reproche: Et toi, Capharnaüm, t’élèveras-tu jusqu’au ciel? (...) Jusqu’aux enfers tu descendras 16, mais A CA NA DE GALILEE. Et l’Evangéliste en donne ici la rai son c’est qu’ils étaient mal disposés envers Lui 17, ce qu’il exprime ainsi: JESUS EN EFFET A LUI-MEME RENDU CE TEMOIGNAGE, QU’UN PROPHETE N’EST PAS HONORE DANS SA PROPRE PATRIE.

669. Mais alors, le Christ recherchait-Il la gloire qui vient des hommes 18? Il semble que non, puisque plus tard II dira Pour moi, je ne cherche pas ma gloire 19.

A cela je réponds que Dieu seul peut, sans péché, chercher sa propre gloire; tandis que l’homme ne doit pas chercher auprès des hommes sa propre gloire, mais doit chercher la gloire de Dieu 20. Quant au Christ, en tant que Dieu il convenait qu’Il cherchât sa gloire, et, en tant qu’homme, qu’Il cherchât la gloire de Dieu en Lui-même.
14. En fait, saint Thomas ne rend absolument pas compte de la longue explication que donne saint Augustin (voir Tract. in b. XVI, 3-7, pp. 817-833 et en particulier pp. 823, 825, 827 et 831 si l’on considère que la patrie de Jésus [en tant que prophète] est la Judée et non la Galilée, on comprend alors l’enchaînement du texte), et lui-même ne donne ici aucune explication il affirme simplement le fait, en soulignant que Jésus savait bien que la Galilée était un lieu particulière ment difficile. La véritable raison est donnée au n° 669, où saint Thomas montre que le Christ ne cherche que la gloire du Père. Ioannem hom., 35, ch. 1-2, col. 200. 16. Mt 11, 23.
17. Saint Jean Chrysostome précise que Jésus" ne demeure pas chez les siens (...) parce qu’ils ne L’écoutaient pas et pour qu’ils ne subissent pas un Jugement plus sévère" (In loannem hom., 35, ch. 1, col. 200).
18. Jean 12, 43; 1 Th 2, 6.
19. Jean 8, 50.
20. Cf. Jean 5, 44 et 12, 43





£[45] LORS DONC QU’IL VINT EN GALILEE, LES GALI LEENS L’ACCUEILLIRENT, AYANT VU TOUT CE QU’IL AVAIT FAIT A JERUSALEM PENDANT LA FE TE; CAR EUX AUSSI ETAIENT VENUS A LA FETE.

670. L’Evangéliste montre ici que le Christ fut reçu par les Galiléens avec plus d’honneur que précédemment LES GALILEENS, dit-il, L’ACCUEILLIRENT AVEC HONNEUR. La raison en est qu’ils avaient vu TOUT CE QU’IL AVAIT FAIT A JERUSALEM PENDANT LA FETE; CAR EUX AUSSI ETAlENT VENUS A LA FETE, conformément à ce qui était prescrit par la Loi. Pourtant, nous n’avons pas lu plus haut que le Christ ait fait un miracle à Jérusalem. A cela je réponds, avec Origène 21 que les Juifs considérèrent comme un très grand miracle que le Christ ait avec une si grande autorité chassé du Temple acheteurs et vendeurs. On peut également dire que peut-être Il fit à Jérusalem plusieurs miracles qui ne furent pas écrits, selon ce qui est dit plus loin: Jésus a fait encore en présence de ses disciples beaucoup d’autres signes qui n’ont pas été écrits dans ce livre 22.

671. Mystiquement, il nous est donné par là un exemple à suivre: si nous voulons recevoir en nous le Christ Jésus, il nous faut monter A JERUSALEM PEN DANT LA FETE, c’est-à-dire chercher le repos de l’esprit et voir une par une les choses que Jésus y accomplit — Regarde Sion, la cité de nos fêtes 23. J’ai médité sur toutes tes oeuvres 24.
21Sur saint Jean, XIII, § 381-388, pp. 245-249.
22. Jean 20, 30.
23. Isaïe 33, 20.
24. Ps 142, 5.


672. Remarquons encore ceci: autant les hommes étaient inférieurs aux autres dans l’ordre de la dignité, autant ils étaient meilleurs qu’eux au regard de Dieu. Or les Juifs l’emportaient en dignité sur les Galiléens — Scrute les Ecritures, et tu verras que de Galilée il ne se lève pas de prophète 25 — et les Galiléens l’emportaient en dignité sur les Samaritains — Les Juifs n’ont pas de relations avec les Samaritains 26 — ; mais, inversement, les Samaritains étaient meilleurs que les Galiléens, puis qu’en deux jours et sans avoir vu de miracle ils crurent dans le Christ en plus grand nombre que les Galiléens ne le firent en bien des jours, et encore, avec le miracle du vin; en effet ceux-ci ne crurent pas en Lui, à l’exception de ses disciples 27. Quant aux Juifs, ils étaient pires que les Galiléens eux-mêmes, puisqu’aucun d’eux n’avait cru, si ce n’est peut-être Nicodème.


II

IL VINT DONC DE NOUVEAU A CANA DE GALILEE, OU IL AVAIT CHANGE L’EAU EN VIN.

673. Selon Chrysostome, ces paroles de l’Evangéliste se présentent comme une conclusion de ce qu’il vient de dire 28. Autrement dit parce qu’Il n’était pas honoré à Capharnaüm, le Christ n’alla pas là où on Le déshonorait; mais Il devait aller A CANA DE GALILEE, où Il avait une première fois été invité à des noces, et où cette fois Il revint sans avoir été invité. Ainsi, c’est pour montrer leur dureté que l’Evangéliste fait mention de la double venue à Cana; puisque lors du premier miracle, celui du vin, seuls ses disciples crurent en Lui, et qu’au second ne crurent en Lui que l’officier royal et toute sa maison 30, alors que les Samaritains crurent sur sa seule parole.
25. Jean 7, 52.
26. Jean 4, 9.
27. Cf. Jean 2, 11 et le commentaire qu’en donne saint Thomas, n° 364, vol. 1 [éd. ] pp. 343-344).
28. In loannem hom., 35, ch. 2, col. 200.


674. Au sens mystique, la double venue à Cana signifie le double effet de la parole de Dieu sur l’esprit. En effet, elle réjouit d’abord — ils reçoivent la parole avec joie 31 —, et c’est ce qui est signifié dans le miracle du vin, qui réjouit le coeur de l’homme 32. Puis elle guérit — Ce n’est ni une herbe, ni un émollient qui les a guéris, mais ta parole, Seigneur, qui guérit tout —, et c’est ce qui est signifié dans la guérison du malade.

Cette double venue signifie encore le double avènement du Fils de Dieu. Le premier fut un avènement de douceur, pour donner la joie — Exulte et loue, demeure de Sion, car Il est grand au milieu de toi, le Saint d’Isaïe 34. C’est pourquoi l’ange dit aux bergers: Voici que je vous annonce une grande joie (...): il vous est né aujourd’hui un Sauveur 35. C’est ce que signifie le miracle du vin. Le second avènement du Fils de Dieu en ce mon de sera un avènement de majesté, quand Il viendra enlever toutes nos infirmités et nos peines, et nous con former à son Corps de gloire 36 ; c’est ce qui est signifié dans la guérison du malade.
Jean 4, 46b-29. Jean 2, 11.
30. Jean 4, 53.
31. Mc 4, 16.
32. Ps 103, 15.
33. Sg 16,12.
34. Isaïe 12, 6.
35. Le 2, 10-11.
36. Phi 3, 21.




Jean 4, 46-54: LA GUERISON DU FILS DU FONCTIONNAIRE ROYAL

32 Jn 4,46-54




Or il y avait un fonctionnaire royal dont le fils était malade à Capharnaüm. Lorsqu’il eut entendu dire que Jésus arrivait de Judée en Galilée, il alla vers Lui, et Le priait pour qu’Il descende et guérisse son fils: celui-ci était en effet sur le point de mourir. Jésus lui dit donc: "Si vous n’avez pas vu des signes et des prodiges, vous ne croyez pas. " Le fonctionnaire royal Lui dit: "Seigneur, descends avant que mon fils ne meure. " 50 lui dit: "Va, ton fils vit." L’homme crut à la parole que lui dit Jésus, et s’en alla. Or, comme déjà il descendait, ses serviteurs vinrent à sa rencontre et lui annoncèrent que son fils vivait. Il leur demanda à quelle heure il s’était trouvé mieux. Ils lui dirent: "C’est hier, à la septième heure, que la fièvre l’a quitté. " Le père reconnut alors que c’était l’heure où Jésus lui avait dit: "Ton fils vit. " Et il crut, lui et toute sa maison. Tel fut le second signe que fit encore Jésus quand Il vint de Judée en Galilée.

675. Après avoir indiqué le lieu du miracle [leçon 6], l’Evangéliste parle maintenant du miracle lui-même.

I

OR IL Y AVAIT UN FONCTIONNAIRE ROYAL DONT LE FILS ETAIT MALADE A CAPHARNAÜM.

LORSQU’IL EUT ENTENDU DIRE QUE JESUS ARRIVAIT DE JUDEE EN GALILEE, IL ALLA VERS LUI, ET LE PRIAIT POUR QU’IL DESCENDE ET GUERISSE SON FILS: CELUI-CI ETAIT EN EFFET SUR LE POINT DE MOURIR. JESUS LUI DIT DONC: "SI VOUS N’AVEZ PAS VU DES SIGNES ET DES PRODIGES, VOUS NE CROYEZ PAS. " LE FONCTIONNAIRE ROYAL LUI DIT: "SEIGNEUR, DESCENDS AVANT QUE MON FILS NE MEURE. " JESUS LUI DIT: "VA, TON FILS VIT. " L’HOMME CRUT A LA PAROLE QUE LU! DIT JESUS, ET S’EN ALLA. OR, COMME DEJA IL DESCENDAIT SES SERVITEURS VINRENT A SA RENCONTRE ET LUI ANNONCERENT QUE SON FILS VIVAIT. IL LEUR DEMANDA A QUELLE HEURE IL S’ETAIT TROUVE MIEUX. ILS LUI DIRENT: "C’EST HIER, A LA SEPTIEME HEURE, QUE LA FIEVRE L’A QUITTE. "

Le récit du miracle fait intervenir trois personnes celle qui est malade [n° 676], celle qui intercède [n° 679] et celle qui guérit [n° 683].

La personne malade est le fils du fonctionnaire royal, celle qui intercède est son père; et celle qui guérit, c’est le Christ.

OR IL Y AVAIT UN FONCTIONNAIRE ROYAL (REGULUS) DONT LE FILS ETAIT MALADE A CAPHARNAÜM.

676. Concernant le malade, l’Evangéliste expose d’abord sa condition: c’est le FILS du FONCTIONNAI RE ROYAL; puis la ville où il habite: CAPHARNAUM; enfin la nature de sa maladie: il est atteint de FIEVRE.

Au sujet de sa condition, il faut savoir que le mot regulus a plusieurs significations. Il désigne d’abord celui qui est à la tête d’un petit royaume; ce n’est pas en ce sens qu’il est pris ici, puisqu’à cette époque il n’y avait pas de roi en Judée — Nous n’avons pas d’autre roi que César 1.Regulus désigne encore, selon Chrysostome 2, quelqu’un d’origine royale; cette acception n’est pas non plus à retenir. Enfin, tout fonctionnaire royal peut être appelé regulus, et c’est en ce sens que le terme est pris ici.

De là vient, selon Chrysostome 3, que certains y voient la même personne que le centurion dont parle Matthieu 4.Mais cela n’est pas vrai, car ils [le fonctionnaire royal et le centurion] diffèrent de quatre manières. D’abord quand au genre de la maladie: en effet, le centurion intercédait pour un paralytique — Mon serviteur gît paralysé dans ma maison 5 —, tandis que le fils du fonctionnaire royal avait de la fièvre, et c’est pourquoi il est dit: HIER, A LA SEPTIEME HEURE, LA FIEVRE L’A QUITTE. Ensuite quant à la personne malade: celui-là était serviteur — mon serviteur, dit le centurion —, tandis que celui-ci était fils — UN FONCTION NAIRE ROYAL DONT LE FILS ETAIT MALADE... Puis quant à la demande: le centurion, en effet, alors que le Christ voulait aller dans sa maison, Le priait de ne pas se déranger en disant: Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit; mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri 6. Le fonctionnaire royal, au contraire, Lui demandait de descendre chez lui: SEIGNEUR, DESCENDS AVANT QUE MON FILS NE MEURE. Enfin quant au lieu: l’une des guérisons eut lieu à Capharnaüm, l’autre à Cana de Galilée. Ce fonctionnaire royal n’est donc pas le même homme que le centurion, mais il appartenait à la maison d’Hérode le tétrarque, soit comme envoyé, soit comme fonctionnaire de l’empereur.
1. Jean 19, 15.
2. In loannem hom., 35, c 2, PG 59, col. 201.
3. Loc. cit.
4. Mt 8, 5. 13.
5. Mt 8, 6.


677. Au sens allégorique, ce FONCTIONNAIRE ROYAL est Abraham ou l’un des pères de l’Ancien Testament, puisqu’il adhérait au grand roi, le Christ, dont il est dit dans le psaume: Pour moi, j’ai été établi roi par Lui sur Sion, sa montagne sainte 7.Or Abraham y adhérait: Abraham, votre père, exulta à la pensée qu’il verrait mon jour 8, et le peuple juif est fils d’Abraham — Nous sommes la descendance d’Abraham, et nous n’avons jamais été esclaves de personne 9.Ce peuple se rendit malade par les jouissances malsaines et les fausses croyances, et cela à Capharnaüm, c’est-à-dire dans l’abondance à cause de laquelle les Juifs s’éloignèrent de Dieu — Le bien-aimé s’est engraissé et s’est révolté (...), il a abandonné Dieu son Créateur, et il s’est éloigné de Dieu son salut 10.
6. Mt 8, 8.
7. Ps 2, 6.
8. Jean 8, 55.
9. Jean 8, 33.
10. Deut 32, 15.


678. Au sens moral, dans le royaume de l’âme, le roi est l’intelligence elle-même, d’après ce passage de l’Ecriture: Le roi qui est assis sur le trône de la justice dissipe tout mal par son regard 11.

Pourquoi est-elle appelée roi? parce que le corps de l’homme tout entier est guidé par elle, que sa capacité d’aimer est orientée et déterminée par elle et que les autres puissances de l’âme lui sont soumises. Mais elle mérite parfois d’être appelée "petit roi" (regulus), quand sa connaissance diminue et que, obscurcie, elle se soumet aux passions désordonnées sans leur résister: "Les nations marchent dans la vanité de leurs pensées, leur intelligence étant obscurcie par des ténèbres... " 12. C’est pourquoi SON FILS, c’est-à-dire la capacité d’ai mer, est malade en ce sens qu’elle se détourne du bien pour aller vers le mal. Si en effet l’intelligence avait été roi, c’est-à-dire forte, son fils n’aurait pas été malade; mais parce qu’elle est un petit roi, son fils est malade. Et cela A CAPHARNAUM, car l’abondance des biens temporels est la cause de l’infirmité spirituelle — Voici quelle a été l’iniquité de Sodome ta soeur l’orgueil, l’excès de nourriture, l’abondance et l’oisiveté où elle vivait avec ses filles 13.
11. Prov 20, 8.
12. Eph 4, 17-18.
13. Ez 16, 49.



£[47] LORSQU’IL EUT ENTENDU DIRE QUE JESUS ARRIVAIT DE JUDEE EN GALILEE, IL ALLA VERS LUI, ET LE PRIAIT POUR QU’IL DESCENDE ET GUERIS SE SON FILS: CELUI-CI ETAIT EN EFFET SUR LE POINT DE MOURIR.

679. L’Evangéliste présente ici la personne qui inter cède: le fonctionnaire royal. Il expose d’abord ce qui l’a incité à faire sa demande [n° 680], puis la demande elle-même [n° 681], enfin la nécessité de cette demande [n° 682].

680. La décision de demander fut suscitée par la venue du Christ; c’est pourquoi il est dit: LORSQU’IL EUT ENTENDU DIRE QUE JESUS ARRIVAIT DE JU DEE EN GALILEE, IL ALLA VERS LUI. Car, aussi long temps que tardait la venue du Christ, l’espérance des hommes concernant la guérison de leurs péchés était bien faible; mais à la nouvelle de l’approche de sa venue, l’espérance de la guérison se fortifie en nous, et alors nous allons à Lui: en effet, c’est pour cela qu’Il est venu dans le monde pour sauver les pécheurs — Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu 14 Mais, comme le dit l’Ecclésiastique, nous devons préparer notre âme avant la prière 15, et cela en allant au-devant de Dieu par le désir. C’est bien ce que fit le fonctionnaire royal IL ALLA VERS LUI — Pré pare-toi, Israël à la rencontre de ton Dieu 16.

681. La demande porte sur la guérison de son fils IL PRIAKÎ Jésus POUR QU’IL DESCENDE par miséricorde — Oh, si tu déchirais les cieux, et si tu descendais 17 — ET QU’IL GUERISSE SON FILS. Ainsi devons-nous prier, nous aussi, pour être guéris de nos péchés — Guéris mon âme, car j’ai péché contre toi 18 Personne, en effet, ne peut revenir à l’état de justice s’il n’est pas guéri par Dieu: Je ne trouve en moi-même aucun secours 19. C’est ainsi que les pères de l’Ancien Testament priaient pour le peuple d’Israël. Aussi est-il dit de l’un d’eux: Voici l’ami de ses frères et du peuple d’Israël celui qui prie pour le peuple et pour toute la cité sainte, Jérémie, le prophète de Dieu 20.
14. Luc 19, 10.
15. Sir 18, 23" Avant la prière, prépare ton âme".
16. Am 4, 12.
l 64, 1.
18. Ps 40, 5.
19. Jb 6, 13.
20. 2 Mac 15, 14.


682. La nécessité de la demande est urgente le fils ETAIT SUR LE POINT DE MOURIR. En effet, quand un homme est tenté, il tombe malade, mais lorsque la tentation l’emporte de telle sorte qu’il est sur le point de consentir, il est proche de la mort; et lorsqu’il y a déjà consenti, il est sur le point de mourir. Donc, en consommant le péché, il meurt, car il est dit: Le péché, lorsqu’il a été consommé, engendre la mort 21 De cette mort des pécheurs le psaume dit qu’elle est affreuse 22, car elle commence ici-bas et, dans le futur, elle est tourment sans fin 23.


JESUS LUI DIT DONC: "SI VOUS N’AVEZ PAS VU DES SIGNES ET DES PRODIGES, VOUS NE CROYEZ PAS.

" LE FONCTIONNAIRE ROYAL LUI DIT: "SEIGNEUR, DESCENDS AVANT QUE MON FILS NE MEURE. " JESUS LUI DIT: "VA, TON FILS VIT. " L’HOMME CRUT A LA PAROLE QUE LUI DIT JESUS, ET S’EN ALLA.

683. L’Evangéliste traite ici de la demande de guérison et de son accomplissement par le Christ. Pour cela il rapporte le reproche du Seigneur [n° 684], puis la demande du fonctionnaire royal [n° 686] qui obtient ce qu’il a demandé [n° 687].

684. Le Seigneur reproche au fonctionnaire royal son manque de foi. C’est pourquoi Il lui dit: SI VOUS N’AVEZ PAS VU DES SIGNES ET DES PRODIGES, VOUS NE CROYEZ PAS. Mais ceci pose quelques questions. D’abord parce qu’il ne semble pas juste de par-1er ainsi à ce fonctionnaire royal. En effet, si celui-ci n’avait pas cru que Jésus était le Sauveur, il ne Lui aurait pas demandé la guérison.

A cela il faut répondre que ce fonctionnaire royal ne croyait pas encore parfaitement: sa foi était déficiente en deux points. D’abord parce que tout en croyant que le Christ était un homme bon, il ne croyait cependant pas en sa puissance divine: autrement il au rait cru que, même absent, Jésus pouvait guérir, puis que Dieu est partout présent Est-ce que je ne remplis pas le ciel et la terre? 24. Et ainsi, il ne Lui aurait pas demandé de descendre dans sa maison, mais seulement de donner un ordre.

Ensuite, sa foi était imparfaite en ce sens que, selon Chrysostome 25, il doutait que le Christ pût guérir son fils: s’il l’avait tenu pour certain, il n’aurait pas attendu la venue du Christ en son pays, mais serait plutôt allé lui-même en Judée. Mais en étant arrivé à désespérer du salut de son fils, et ne voulant rien négliger de ce qu’il pouvait faire, il alla trouver Jésus, comme ces parents qui, désespérant de sauver leurs enfants, vont consulter même des médecins incompétents.
21. Ja 1, 15.
22. Ps 33, 22.
23. Cf. Ap 14, 10-11; 20, 10.


685. Il semble ensuite qu’on ne pouvait reprocher au fonctionnaire royal de demander DES SIGNES: car la foi est confirmée par les signes. A cela il faut répondre que les incroyants sont amenés à la foi au Christ d’une manière, et les croyants d’une autre. Les in croyants, en effet, ne peuvent pas être attirés et conduits par l’autorité de l’Ecriture sainte, puisqu’ils n’y croient pas, ni par la puissance naturelle de l’intelligence, parce que la foi la dépasse; et c’est pourquoi il faut les conduire pas des miracles — Les signes sont donnés non pour les croyants, mais pour les incroyants 26. Mais les croyants doivent être conduits et amenés à la foi par l’autorité de l’Ecriture à laquelle ils sont tenus d’adhérer.

Sur ce point donc, le fonctionnaire royal est corrigé parce que, alors qu’il avait été élevé au milieu des Juifs et instruit de la Loi, il voulait croire, non par l’autorité de l’Ecriture, mais par des signes. Et c’est pourquoi le Seigneur le reprend en disant: SI VOUS N’AVEZ PAS VU DES SIGNES ET DES PRODIGES, c’est-à-dire des miracles qu’on appelle parfois" signes" en tant qu’ils indiquent la puissance divine, et que parfois on appelle aussi" prodiges", soit parce qu’ils indiquent avec la plus grande certitude, comme si prodigium (prodige) avait le sens de porrodicium 27, soit parce qu’ils annoncent un événement futur, comme si prodigium avait le sens de procul ostendens, c’est-à-dire "manifestant de loin" un effet futur.
24. Jr 23,24.
25. In Ioannem hom., loc. cit.
26. 1 Corinthiens 14, 22. Saint Thomas modifie un peu la citation. Saint Paul dit" les langues sont un signe, non pour les croyants, mais pour les incroyants".


686. L’Evangéliste rapporte ensuite la demande pressante du fonctionnaire royal: en effet, devant le reproche du Seigneur il ne s’est pas découragé, mais il Lui dit de manière pressante: SEIGNEUR, DESCENDS AVANT QUE MON FILS NE MEURE. — Il faut toujours prier et ne jamais se lasser 28.

Ceci montre, d’une certaine manière, le progrès de sa foi, parce qu’il L’appelle SEIGNEUR; mais il n’a pas encore atteint la plénitude de la foi, puisque, croyant encore la présence corporelle du Christ nécessaire au salut son fils, il Le prie de descendre.

687. Cependant, parce que la prière persévérante est exaucée, le Seigneur lui accorde ce qu’il demande; c’est pourquoi Jésus lui dit: "VA, TON FILS VIT. " Ces paroles sont l’annonce, par le Christ, de la guérison qu’Il opéra [n° 687]; les suivantes indiquent les personnes qui en furent les témoins [n° 691]. L’annonce de la guéri son est donnée par le commandement du Christ [n° 688], suivi de l’obéissance du fonctionnaire royal [n° 690].
27. Voir SAINT AUGUSTIN, Tract, in b. XVI, 3 BA 71, p. 823. Pour saint Augustin, porrodicium signifie" qui dit à l’avance, qui indique à l’avance, qui annonce un événement futur".
28. Luc 18, 1.




688. Le Seigneur ordonne d’abord, et ensuite Il an nonce. Il ordonne en effet à l’homme d’aller: VA, c’est-à-dire dispose-toi en t’ouvrant au don de la grâce dans un mouvement du libre arbitre vers Dieu — Convertissez-vous à moi, et vous serez sauvés 29—, et dans un mouvement du libre arbitre contre le péché. La justification de l’impie, spécialement des adultes, exige quatre choses: l’infusion de la grâce et la rémission de la faute, le mouvement du libre arbitre vers Dieu, qui est la foi, et celui contre le péché, qui est la contrition. Ensuite, le Seigneur annonce à l’homme la guérison qu’il avait demandée pour son fils: TON FILS VIT.

689. On peut se demander pourquoi le Christ, sollicité par le fonctionnaire royal de descendre dans sa maison, refuse de se déplacer, alors qu’Il propose de se rendre auprès du serviteur du centurion.

On a donné à cela deux raisons. Pour Grégoire 30, c’est afin de rabaisser notre orgueil, nous qui offrons nos services aux grands de ce monde mais les refusons aux petits, alors que Lui, qui est le Seigneur de toutes choses, offrit d’aller auprès du serviteur du centurion, mais refuse d’aller auprès du fils du fonctionnaire royal — Montre-toi accueillant pour la communauté des pauvres 31.

Pour Chrysostome 32, la raison est que le centurion était déjà confirmé dans la foi au Christ, puisqu’il croyait que même absent, Il pouvait le sauver. Aussi, pour manifester la foi et la piété de cet homme, le Seigneur promit-Il de se déplacer. Le fonctionnaire royal, lui, était encore imparfait: il ne savait pas encore claire ment que, même absent, le Seigneur pouvait guérir; aussi le Christ n’accéda-t-Il pas à sa demande, pour lui faire connaître son imperfection.
29. Isaïe 45, 22.
30. XL hom. in Evang., II, hom. 28, ch. 2, PL 76, col. 1212 C-D.
31. Sir 4, 7.
32. In boannem hom., 35, ch. 3, col. 202.


690. L’Evangéliste montre deux aspects de l’obéissance du fonctionnaire royal. D’abord il crut à Celui qui lui avait annoncé la guérison — L’HOMME CRUT A LA PAROLE QUE LUI DIT JESUS, c’est-à-dire TON FILS VIT. Ensuite il obéit au commandement ET IL S’EN ALLA, progressant dans la foi, bien que ce ne fût pas encore d’une manière parfaite et plénière comme le dit Origène 33. Ceci montre que la justification doit s’opérer par la foi — Etant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu, par notre Seigneur Jésus Christ Il faut que nous allions en progressant, parce que celui qui s’arrête s’expose au danger de ne pouvoir conserver la vie de la grâce. Dans le chemin qui mène à Dieu, ne pas progresser, c’est reculer.


OR, COMME DEJA IL DESCENDAIT, SES SERVITEURS VINRENT A SA RENCONTRE

ET LUI ANNON CERENT QUE SON FILS VIVAIT. IL LEUR DEMANDA A QUELLE HEURE IL S’ETAIT TROUVE MIEUX. ILS LUI DIRENT: "C’EST HIER, A LA SEPTIEME HEU RE, QUE LA FIEVRE L’A QUITTE. "

691. Pour rapporter l’annonce de la guérison par les serviteurs, l’Evangéliste donne d’abord l’annonce elle-même [n° 692], puis l’interrogation du fonctionnaire royal sur l’heure de la guérison [n° 694].
33. Cf Sur saint Jean, XIII, § 409, SC 222, p. 259.
34. Ro 5, 1.


692. L’Evangéliste dit donc: OR, COMME DEJA IL DESCENDAIT de Cana de Galilée vers sa maison, SES SERVITEURS VINRENT A SA RENCONTRE — ce qui montre que ce fonctionnaire royal était riche, puisqu’il avait de nombreux serviteurs —, ET LUI ANNONCE RENT QUE SON FILS VIVAIT, parce qu’ils croyaient que le Christ allait venir en personne, Lui dont la présence semblait inutile maintenant que son fils était guéri.

693. Au sens mystique, les SERVITEURS du fonctionnaire royal, c’est-à-dire de l’intelligence, sont les oeuvres de l’homme; car l’homme est maître de ses actes et de ses passions parce que celles-ci obéissent à l’intelligence qui les commande et les dirige. Et ces serviteurs annoncent que le fils du fonctionnaire royal, c’est-à-dire de l’intelligence, vit, quand brille dans l’homme les oeuvres bonnes et que les forces vitales inférieures obéissent davantage à l’intelligence — Le vêtement du corps, le rire des dents et la démarche d’un homme le font connaître 35.

694. Mais parce qu’il ne croyait pas encore parfaite ment et totalement, le fonctionnaire royal voulait savoir si son fils avait été guéri par hasard ou par le commandement du Christ. Voilà pourquoi il s’enquit de l’heure de la guérison: IL DEMANDA à ses serviteurs A QUEL LE HEURE son fils S’ETAIT TROUVE MIEUX, et il constata qu’il avait été guéri à l’heure même où le Christ lui avait dit VA, TON FILS VIT. Cela n’est pas étonnant puisque le Christ est le Verbe par qui furent créés le ciel et la terre — Lui-même a dit, et les choses ont été faites. Lui-même a commandé, et elles ont été créées 36. Il est facile aux yeux de Dieu d’enrichir tout d’un coup le pauvre 37.

695. Les serviteurs lui dirent donc C’EST HIER, LA SEPTIEME HEURE, QUE LA FIEVRE L’A QUITTE.

Au sens mystique, LA SEPTIEME HEURE, heure à la quelle la fièvre a quitté l’enfant, signifie les sept dons du Saint-Esprit par qui s’accomplit la rémission des péchés — Recevez le Saint-Esprit; les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez 38 — et par qui aussi la vie spirituelle est causée dans l’âme — C’est l’Esprit qui vivifie 39. La septième heure peut encore signifier le temps du repos; en effet, le Seigneur se reposa le septième jour de toute l’oeuvre qu’Il avait faite 40, ce qui donne à entendre que la vie spirituelle de l’homme consiste dans un repos spirituel — Si vous revenez et vous tenez en repos, vous serez sauvés 41. Et des méchants il est dit Les impies sont comme une mer impétueuse qui ne peut s’apaiser 42.
35. Sir 19, 27.
36. Ps 148, 5.
37. Sir 11, 23.
38. Jean 20, 22. 23.
39. Jean 6, 23.
40. Gn 2, 2.
41. Isaïe 30, 15.
42. Isaïe 57, 20.




II

LE PERE RECONNUT ALORS QUE C’ETAIT L’HEURE 5354] OU JESUS LUI AVAIT DIT: "TON FILS VIT.

" ET IL CRUT, LUI ET TOUTE SA MAISON. TEL FUT LE SECOND SIGNE QUE FIT ENCORE JESUS QUAND IL VINT DE JUDEE EN GALILEE.

696. Après avoir fait connaître le lieu du miracle [n° 665], puis le miracle lui-même [n° 675], l’Evangéliste expose maintenant l’effet de ce miracle. Il en donne d’abord le fruit, puis indique sa relation avec un autre.

£[53] LE PERE RECONNUT ALORS QUE C’ETAIT L’HEURE OU JESUS LUI AVAIT DIT: "TON FILS VIT. " ET IL CRUT, LUI ET TOUTE SA MAISON.

697. En comparant l’heure indiquée par ses serviteurs à l’heure où Jésus lui avait annoncé la guérison de son fils, le père reconnut QUE C’ETAIT L’HEURE OU JESUS LUI AVAIT DIT: "TON FILS VIT". De ce fait, il se convertit au Christ, reconnaissant que le miracle était l’oeuvre de sa puissance, ET IL CRUT, LUI ET TOU TE SA MAISON, c’est-à-dire ses serviteurs et même ses esclaves, parce que les esclaves sont conditionnés par la manière d’agir de leur maître, qu’elle soit bonne ou mauvaise — Comme est le juge du peuple, ainsi sont aussi ses serviteurs 43. — Je sais (...) qu’il ordonnera à ses enfants et à toute sa maison... 44. Ainsi il est manifeste que la foi du fonctionnaire royal ne cessa de progresser: au début, lorsqu’il intercéda en faveur de son fils malade, elle était faible. Elle commença à s’affermir quand il appela le Christ SEIGNEUR. Ensuite, lorsque cet homme crut à sa parole et se mit en route, elle était plus parfaite, sans toutefois l’être pleinement parce qu’il doutait encore. Ici, ayant clairement reconnu la puissance de Dieu dans le Christ, il a atteint la perfection de la foi: car le sentier des justes est comme une lumière éclatante qui s’avance et croît jusqu’au jour parfait 45.

TEL FUT LE SECOND SIGNE QUE FIT ENCORE £[54] JESUS QUAND IL VINT DE JUDEE EN GALILEE.

698. Par ces mots, l’Evangéliste rapproche ce miracle d’un miracle précédent. Ce rapprochement peut s’en tendre de deux manières. Ou bien le Seigneur aurait fait lors de cette même venue de Judée en Galilée deux miracles dont l’Evangéliste n’aurait relaté que le second; ou bien Jésus fit deux SIGNES en Galilée à deux moments différents: le premier, celui du vin, et le second, celui qu’il accomplit en faveur du fils du fonctionnaire royal quand, de Judée, Il revint en Galilée. Ce récit montre bien que les Galiléens étaient pires que les Samaritains [n° 672]. Ces derniers, sans attendre aucun signe du Seigneur, crurent en grand nombre à sa seule parole 46. Mais devant ce miracle, il n’y eut à croire au Christ que le fonctionnaire royal et toute sa maison. Car les Juifs, à cause de leur dureté, ne se convertissaient à la foi que peu à peu — Malheur à moi parce que je suis devenu comme celui qui, en automne, grappille après la vendange: il n’y a pas une grappe à manger, pas une de ces figues précoces que mon âme a désirées  47.         
43. Sir 10, 2.
44. Gn 18, 19.
45. Prov 4, 18.
46. Cf. SAINT AUGUSTIN, Tract, in b. XVI, 3, p 821.
47. Mic 7, 1.




CHAPITRE V: Le don de la vie spirituelle

Jn 5


Jean 5, 1-9a: LE MIRACLE DE BETHSAIDE

33
Thomas sur Jean 30