Thomas sur Jean 14

14Jn 1,29-34


253. Dans les versets précédents [n° 223], Jean, interrogé [par les Pharisiens], a rendu témoignage au Christ. Maintenant, c’est en sa présence et spontanément qu’il va rendre un nouveau témoignage au Christ. Il donne d’abord son témoignage, puis le confirme [n° 267].


I

LE LENDEMAIN, JEAN VIT JESUS VENIR A LUI, ET IL DIT: "VOICI L’AGNEAU DE DIEU,

VOICI CELUI QUI ENLEVE LES PECHES DU MONDE. C’EST CELUI DONT J’AI DIT: UN HOMME VIENT APRES MOI, QUI EST PASSE DEVANT MOI, CAR AVANT MOI IL ETAIT. ET MOI JE NE LE CONNAISSAIS PAS, MAIS C’EST POUR QU’IL FUT MANIFESTE A ISRAEL QUE JE SUIS VENU BAPTISER DANS L’EAU".

L’Evangéliste commence par décrire les circonstances de ce témoignage; ensuite il expose le témoignage lui-même [n° 256]; enfin il écarte les soupçons que l’on pourrait avoir sur le témoin [n° 263].

[29a1 LE LENDEMAIN, JEAN VIT JESUS VENIR A LUI

254. La description des circonstances du témoignage porte d’abord sur le temps. L’Evangéliste dit: LE LENDEMAIN, pour mettre en valeur la constance de Jean, qui ne rendit pas témoignage au Christ un jour, ni une fois seulement, mais bien des jours et de nombreuses fois — Chaque jour je bénirai ton Nom 1. Cela met aussi en relief sa croissance; en effet, les jours ne doivent pas se succéder pour nous d’une manière uniforme, mais chacun doit être autre que le précédent, c’est-à-dire meilleur, selon le Psaume Ceux dont la force est en toi marchent avec une vigueur croissante 2.

Une autre circonstance concerne le mode de témoignage JEAN VIT JESUS. Par là l’Evangéliste montre sa certitude, car le témoignage portant sur ce qu’on a vu est plus certain.

Enfin, une autre circonstance concerne celui à qui le témoignage est rendu: JEAN VIT JESUS VENIR A LUI, c’est-à-dire de Galilée, selon ce que dit Matthieu 3. Par là il ne faut pas entendre la venue du Christ pour son baptême, dont parlait Matthieu, mais une autre venue auprès de Jean après le baptême, à un moment où [Jésus] demeura près du Jourdain; autrement [Jean- Baptiste] n’aurait pas précisé Celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit: Celui sur qui tu verras l’Es prit descendre et demeurer, c’est Lui qui baptise dans l’Esprit Saint. Et moi j’ai vu et j’ai attesté que c’est Lui le Fils de Dieu 4.II avait donc déjà vu Jésus et l’Es prit descendant sur Lui comme une colombe, ainsi qu’il le dira.

255. Une des causes pour lesquelles le Christ vint à Jean après son baptême, c’est qu’Il voulait confirmer le témoignage du Précurseur. Jean, en effet, avait dit du Christ: Il est Celui qui doit venir après moi 5. Donc, pour qu’on puisse reconnaître sans se tromper Celui qui devait venir au moment où Il serait là, Jésus vint à Jean pour être montré du doigt: VOICI L’AGNEAU DE DIEU.

Une autre raison fut d’empêcher une erreur. En effet, on aurait pu croire que le Christ, quand Il vint trouver Jean la première fois pour son baptême, l’avait fait pour être lavé de ses péchés. Afin d’exclure cette interprétation, le Christ vint de nouveau trouver Jean après son baptême, et c’est pourquoi Jean dit expressément: VOICI CELUI QUI ENLEVE LES PECHES DU MONDE, comme s’il disait: Il ne vient pas pour être purifié de ses péchés, puisqu’Il n’a fait aucun péché, mais Il vient enlever le péché. Il vient aussi pour donner un exemple d’humilité, car il est écrit: Humilie-toi en toutes choses d’autant plus que tu es grand 6.

Remarquons que, de même qu’après la conception du Christ, lorsque la Vierge sa mère monta en hâte dans le haut pays 7 pour visiter Elisabeth, mère de Jean, celui-ci, encore dans le sein de sa mère et incapable de parler, tressaillit pour exprimer au Christ son respect et ses transports de joie, de même maintenant, au Christ qui vient à lui par humilité, Jean rend témoignage et exprime son respect en s’exclamant: VOICI L’AGNEAU DE DIEU.
1. Ps 144, 1.
2. Ps 83, 8.
3. Mt 3, 13.
4. Jean 1, 33.
5. In 1, 27.



 ET IL DIT: "VOICI L’AGNEAU DE DIEU, VOICI CELUI QUI ENLEVE LES PECHES DU MONDE".

256. L’Evangéliste expose ici le témoignage de Jean, où sont montrées la puissance du Christ et sa dignité [n° 260].

Le Précurseur montre la puissance du Christ à l’ai de d’une figure qu’il explique ensuite: VOICI CELUI QUI ENLEVE LES PECHES DU MONDE [n° 259].
6. Sir 3, 18.
7. Luc 1, 39.


257. Il faut savoir que, dans l’Ancienne Loi, comme le rappelle Origène 8, la coutume était d’offrir au temple cinq espèces d’animaux: trois qui vivent sur la terre, le boeuf, la chèvre et le mouton (c’est-à-dire, sous ce nom, le bélier, la brebis et l’agneau), deux qui vivent dans les airs, la tourterelle et la colombe. Tous étaient la préfiguration de la vraie victime, le Christ, qui s’est offert Lui-même en oblation à Dieu 9.

Pourquoi donc le Baptiste, rendant témoignage au Christ, L’a-t-il désigné spécialement par le nom d’AGNEAU? La raison se trouve dans le Livre des Nombres. On y voit 10 qu’à certains jours on offrait dans le temple certains sacrifices; cependant il y en avait un qui était quotidien: c’était l’offrande perpétuelle 11 matin et soir, d’un agneau. Ce sacrifice ne changeait jamais, on l’accomplissait comme le rite principal, les autres venant s’y joindre. C’est ainsi que l’agneau, qui était le sacrifice principal, représente le Christ, qui est le sacrifice principal. Car, bien que tous les saints qui ont souffert pour la foi au Christ contribuent au salut des fidèles, cependant ils ne le font que dans la mesure où ils sont immolés sur l’oblation de l’Agneau, comme une oblation étroitement liée au sacrifice principal.

L’agneau était offert matin et soir, parce que le Christ nous a ouvert l’accès à la contemplation et à la jouissance de ce que nous pouvons saisir des réalités divines, ce qui appartient à la "connaissance matutinale" 12, et qu’Il nous a instruits de la manière d’user des biens terrestres sans nous souiller par le péché, ce qui appartient à la "connaissance vespertinale". Aussi Jean dit-il VOICI L’AGNEAU DE DIEU, c’est-à-dire Celui dont l’agneau était le signe.

Il dit AGNEAU DE DIEU, car dans le Christ il y a deux natures, l’humaine et la divine; et s’Il a la puissance de satisfaire [les péchés] et de purifier des péchés, c’est en vertu de la divinité — C’était Dieu, en effet, qui dans le Christ se réconciliait le monde 13

VOICI L’AGNEAU DE DIEU signifie encore: voici l’Agneau offert par Dieu, c’est-à-dire par le Christ Lui-même qui est Dieu: ainsi appelle-t-on" offrande de l’homme" celle qu’offre l’homme.

AGNEAU DE DIEU peut vouloir dire aussi "Agneau du Père"; car le Père Lui-même a donné à l’homme de pouvoir offrir pour les péchés un sacrifice suffisant, sacrifice que l’homme lui-même était incapable d’offrir. Voilà pourquoi, lorsqu’Isaac demanda à son père Abraham: "Où est la victime pour l’holocauste?", celui-ci répondit: "Dieu pourvoira Lui-même à la victime pour l’holocauste" 14 Dieu, en effet, n’a pas épargné son propre Fils, mais L’a livré pour nous tous 15.
8. Sur saint Jean, 6, § 264-267, pp. 331-333.
9. Eph 5, 2.
10. Nomb 28, 3-8 et Ex 29, 38-44.
11. Lev 6, 5-6.
12. A la suite de saint Augustin, saint Thomas appelle" connaissance matutinale" (cognitio mat utina) la connaissance des créatures dans le Verbe (in Verbo), par opposition à la "connaissance vespertinale" (cognitio vespertina) qui les atteint en elles-mêmes. Cf. Somme théol., I, q. 58, a. 6 et 7; De ver., q. 8. a. 5, 16 et 17; Comp. Theol., ch. 216; Quodl. IX, 7.


258. Le Christ est aussi appelé AGNEAU à cause de sa pureté — [agneau pascal, figure du Christ] sera sans tache. Ce sera un mâle, il n’aura qu’un an 16 Ce n’est point par des choses corruptibles, or ou argent, que vous avez été rachetés [dit saint Pierre] 17; à cause de sa douceur — Comme un agneau devant le tondeur, il resta muet 18; à cause de ce qu’Il nous apporte, car Il est vêtement — Les agneaux sont pour vous vêtir 19;

Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ 20; et nourriture — Le pain que moi je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde 21. C’est pourquoi Isaïe disait: Seigneur, envoie l’agneau dominateur de la terre 22.
13. 2 Co 5, 19.
14. Gn 22, 7.
15. Ro 8, 32.
16. Ex 12, 5.
17. 1 Pe 1, 18.
18. Isaïe 53, 7.
19. Prov 27, 26.


259. Jean explique ensuite la figure dont il s’est servi: CELUI QUI ENLEVE LES PECHES DU MONDE. Ni la Loi, ni l’agneau, ni les autres sacrifices ne pouvaient enlever les péchés, parce qu’il est impossible que le sang des boucs et des taureaux enlève les péchés 23

L’Agneau, Lui, ENLEVE, c’est-à-dire efface, LES PECHES DU MONDE — efface toute iniquité 24 ou bien Il ENLEVE, c’est-à-dire prend sur Lui, LES PECHES DU MONDE entier, car Il a porté nos péchés sur son corps 25. Lui-même, Il a porté nos douleurs et Il s’est chargé de nos langueurs 26.

Selon la Glose, Jean dit: "Il a enlevé le péché", et non LES PECHES, afin de montrer, en se servant d’un terme universel, que le genre tout entier du péché est enlevé — Il est lui-même victime de propitiation pour nos péchés 27. Ou bien encore, Jean dit: "Il a enlevé LE PECHE", pour souligner que le Christ est mort pour un seul péché, le péché originel — Par un homme le péché est entré dans le monde 28.
20. Ro 13, 14.
21. Jean 6, 51.
22. Isaïe 16, 1.
23. He 10, 4.
24. Os 14, 3.
25. 1 Pe 2, 24.
26. Isaïe 53, 4.
27. 1 Jean 2, 2.
28. Ro 5, 12.



C’EST CELUI DONT J’AI DIT: UN HOMME VIENT £[30] APRES MOI, QUI EST PASSE DEVANT MOI, CAR AVANT MOI IL ETAIT.

260. Ce n’est plus maintenant en montrant sa puissance que le Baptiste rend témoignage au Christ, mais en montrant sa dignité, ce qu’il fait en se comparant à Lui d’une triple manière.

D’abord dans l’ordre de la prédication; c’est pour quoi il dit, en Le montrant du doigt: CELUI-CI, c’est-à-dire l’Agneau, EST CELUI DONT J’AI DIT en son absence: UN HOMME VIENT APRES MOI, pour prêcher et baptiser, qui vient APRES MOI par la naissance. Il appelle le Christ UN HOMME en raison de son âge parfait car, quand Il commença à enseigner après son baptême, Il était déjà dans l’âge parfait, puisqu’Il avait environ trente ans 29; et également en raison de la perfection de toutes les vertus qui étaient en Lui. [L’Ecriture dit en effet]: Sept femmes, c’est-à-dire les sept vertus, saisiront un homme, c’est-à-dire le Christ par fait 30; et: Voici un homme dont le nom est orient 31, car Il est, pour Lui-même et pour les autres, origine de toutes les vertus. De même [il appelle le Christ HOMME] en raison du fait qu’Il s’engage comme époux, car le Christ Lui-même est l’époux de l’Eglise — En ce jour-là, dit le Seigneur, tu m’appelleras: "Mon époux" 32 l’Apôtre disait en effet: Je vous ai fiancés à un époux unique 33.

261. Jean se compare ensuite au Christ dans l’ordre de la dignité en disant: IL EST PASSE DEVANT MOI, comme s’il disait: bien qu’Il soit venu après moi pour prêcher, cependant AVANT MOI IL ETAIT, c’est-à-dire Il a été placé devant moi en dignité — Le voici, Il vient, bondissant sur les montagnes, sautant sur les collines 34.

Jean-Baptiste fut une colline que le Christ dépassa; [n° 30] Jean dit en effet, plus loin: Il faut que Lui croisse et que moi je diminue 35.
29. Luc 3, 23.
30. Isaïe 4, 1.
31. Zach 6, 12.
32. Os 2, 18.
33. 2 Co 11, 2.
34. Cant 2, 8.


262. Enfin, Jean se compare au Christ dans l’ordre de la durée en disant AVANT MOI IL ETAIT, comme s’il disait: il n’est pas étonnant qu’Il me dépasse en dignité car, bien qu’Il soit venu après moi dans le temps, Il est avant moi par l’éternité, car AVANT MOI IL ETAIT.

Par ces paroles, Jean écarte deux erreurs. D’abord celle d’Arius 36. De fait le Baptiste ne dit pas: "Avant moi Il a été fait", comme s’Il était une créature, mais AVANT MOI IL ETAIT, dès l’éternité, avant toute créature — Avant toutes les collines, c’est-à-dire avant tous les saints et avant toute créature, le Seigneur m’a engendré 37. Il écarte aussi l’erreur de Paul de Samosate 38, car il dit AVANT MOI IL ETAIT afin de montrer que le Christ ne tire pas son origine de Marie; en effet, s’Il avait pris de la Vierge le principe de son être, Il n’aurait certes pas existé avant le Précurseur qui, selon la génération humaine, précédait le Christ de six mois.


ET MOI JE NE LE CONNAISSAIS PAS, MAIS C’EST POUR QU’IL FUT MANIFESTE A ISRAEL QUE JE SUIS VENU BAPTISER DANS L’EAU.

263. Jean prévient ici une fausse interprétation de son témoignage. On pourrait dire en effet qu’il rendait témoignage au Christ à cause de l’affection, de l’inti mité unique qu’il avait avec le Christ; c’est pourquoi, écartant cette supposition, Jean dit: ET MOI JE NE LE CONNAISSAIS PAS. Depuis son enfance, en effet, il avait vécu dans le désert. Les nombreux miracles qui avaient eu lieu à la naissance du Christ, par exemple ceux concernant les mages, l’étoile et d’autres sembla bles, n’étaient pas connus de Jean, parce qu’il était alors trop petit, et qu’ensuite, s’étant retiré au désert, il n’avait pas vécu dans l’intimité du Christ.

D’autre part, dans l’intervalle de temps allant de sa nativité à son baptême, Jésus n’opéra aucun miracle; mais sa vie était comparable à celle des autres hommes et sa puissance demeurait inconnue de tous.
35. Jean 3, 30.
36. Voir ci-dessus n° 61, note 62.
37. Prov 8, 25.
38. Voir ci-dessus n° 64, note 68. (1, 30]


264. Que le Christ, dans cet intervalle, n’ait pas fait de miracles jusqu’à l’âge de trente ans, est certain; car [L'évangéliste, parlant du miracle de Cana, dira]: Ce fut le premier des signes de Jésus 39. D’où apparaît la fausseté du livre L’enfance du Sauveur. Jésus ne fit pas de miracle durant cette période; si, enfant, Il ne s’était pas comporté comme les autres, on aurait pu penser que le mystère de l’Incarnation n’était qu’apparence. C’est pourquoi Il remit la manifestation de sa science et de sa puissance au temps où d’ordinaire les autres hommes jouissent de science et de puissance. Luc dit en effet: L’enfant croissait en sagesse, en taille et en grâce 40, non qu’Il reçut alors un accroissement de puissance et de sagesse qu’Il n’aurait pas possédées auparavant, puisqu’Il fut parfait en puissance et en sagesse dès le premier instant de sa conception, mais sa puissance et sa sagesse se dévoilaient davantage aux hommes — Vraiment, tu es un Dieu caché 41.

265. Jean ne connaissait donc pas le Christ parce qu’il ne L’avait pas encore vu accomplir de signes, et Jésus ne s’était pas fait connaître à d’autres par des signes. Aussi le Précurseur ajoute: MAIS C’EST POUR QU’IL FUT MANIFESTE A ISRAEL QUE JE SUIS VENU BAPTISER DANS L’EAU, comme s’il disait: tout mon ministère est pour Le manifester — [n’était pas la lumière, mais il devait rendre témoignage à la lumière 42.
39. Jean 2, 11.
40. Luc 2, 52.
41. Isaïe 45, 15.


266. Jean dit: Je suis venu BAPTISER DANS L’EAU, pour montrer la différence de son baptême et de celui du Christ; parce que le Christ n’a pas baptisé seulement dans l’eau, mais dans l’Esprit, en donnant la grâce. Le baptême de Jean fut donc seulement un signe, il n’avait pas la capacité de réaliser ce qu’il signifiait.

Le baptême de Jean servit à manifester le Christ de trois manières.

D’abord par la prédication de Jean. En effet, bien que le Précurseur eût pu, même sans son baptême, simplement en prêchant, préparer la voie au Seigneur et conduire les foules au Christ, cependant, en raison de la nouveauté de son ministère on accourait vers lui en plus grand nombre que s’il avait prêché sans baptiser.

Ensuite, le baptême de Jean servit à manifester l’humilité du Christ qui voulut être baptisé par lui; Matthieu dit en effet: Le Christ vint à Jean pour être baptisé par lui 43. En cela précisément Il offrit un exemple d’humilité pour que nul, si grand soit-il, ne dédaigne de recevoir les sacrements de n’importe quel ministre ordonné en vue de cela.

Enfin, au baptême conféré au Christ par Jean sont présents la puissance du Père dans la voix, et l’Esprit Saint dans la colombe, par où furent pleinement manifestées la puissance et la dignité du Christ — Et la voix du Père retentit: Voici mon Fils bien-aimé 44.
42. Jean 1, 8.
43. Mt 3, 13.
44. Luc 3, 22.



II

£[32] ET JEAN RENDIT TEMOIGNAGE: "J’AI VU L’ESPRIT DESCENDRE DU CIEL COMME UNE COLOMBE ET IL EST DEMEURE SUR LUI.

ET MOI JE NE LE CONNAISSAIS PAS; MAIS CELUI QUI M’A ENVOYE BAPTISER DANS L’EAU M’A DIT: CELUI SUR QUI TU VERRAS L’ESPRIT DESCENDRE ET DEMEURER, C’EST LUI QUI BAPTISE DANS L’ESPRIT SAINT. ET MOI J’AI VU, ET J’AI ATTESTE QUE C’EST LUI LE FILS DE DIEU".

267. Les grandes choses dont Jean a témoigné au sujet du Christ, à savoir que seul Jésus enlève les péchés de tout l’univers, il les confirme par l’autorité de Dieu en exposant sa vision, en en expliquant le sens [n° 274] et en montrant ce qu’il a saisi de cette vision [n° 278].

£[32] ET JEAN RENDIT TEMOIGNAGE: "J’AI VU L’ESPRIT DESCENDRE DU CIEL COMME UNE COLOMBE ET IL EST DEMEURE SUR LUI".

268. Le Baptiste expose ici sa vision. Jean l’Evangéliste ne précise pas quand cela se passa, mais Matthieu et Luc disent que ce fut lorsque le Christ fut baptisé par Jean. Certes, pour Celui qui était baptisé, comme pour le baptême, il convenait que l’Esprit Saint fût pré sent. Cela convenait pour Celui qui était baptisé car, de même que le Fils, existant par le Père, Le manifeste — Père, j’ai manifesté ton nom 45, de même l’Esprit Saint, existant par le Fils, manifeste ce dernier — Lui me glorifiera car Il prendra de moi 46. Cela convenait aussi pour le baptême, parce que le baptême reçu par le Christ est l’ébauche et la consécration de notre baptême. Notre baptême, en effet, est consacré par l’invocation de la Sainte Trinité — De toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit 47. Donc ceux que nous invoquons à notre baptême furent présents au baptême du Christ: le Père dans la voix, l’Esprit Saint dans la colombe et le Fils dans la nature humaine.

269. Jean dit: J’AI VU L’ESPRIT DESCENDRE, parce que le mouvement de descente a deux termes: un commencement, en haut, et un aboutissement, en bas, et que de ces deux points de vue l’expression convient au baptême.

Il y a en effet deux esprits, l’un qui est du monde et l’autre qui est de Dieu. L’esprit du monde, c’est l’amour du monde; il ne vient pas d’en haut, mais monte d’en bas vers l’homme et le fait descendre; mais l’Esprit de Dieu, c’est l’amour de Dieu: il descend d’en haut vers l’homme et le fait monter — Or nous avons reçu non l’esprit du monde, mais l’Esprit de Dieu 48. Parce que cet Esprit vient d’en haut, Jean dit: J’AI VU L’ESPRIT DESCENDRE.

De la même façon, comme il est impossible à une créature de recevoir la bonté de Dieu dans toute la plénitude qui convient à Dieu, ainsi la dérivation de sa bonté en nous est comme une descente — Tout don excellent, toute grâce parfaite vient d’en haut et descend du Père des lumières 49.
46. Jean 16, 14.
47. Mt 28, 19.
48. 1 Corinthiens 2, 12.
49. Ja 1, 17.
45. Jean 17, 6.


270. Mais parce que l’Esprit Saint ne peut être vu dans sa nature même — comme il est dit plus loin: Le vent souffle où il veut, tu entends sa voix, mais tu ne sais d’où Il vient ni où Il va 50 — et que, de plus, le propre de l’Esprit n’est pas de descendre mais de monter — L’Esprit me souleva 51—, voilà pourquoi l’Evangéliste expose le mode de sa vision et de la descente de l’Esprit Saint en disant que l’Esprit Saint ne fut pas ici selon sa nature, mais sous la forme d’une colombe, forme sous laquelle Il apparut; et c’est pour quoi il dit COMME UNE COLOMBE. Il convenait certes que le Fils de Dieu, rendu visible par la chair, fût manifesté par l’Esprit Saint sous la forme visible d’une colombe. Cependant l’Esprit Saint n’assuma pas cette colombe dans l’unité de sa personne, comme le Fils de Dieu assuma la nature humaine. C’est que le Fils n’apparut pas seulement pour manifester, mais pour sauver. Aussi fallait-il, dit saint Léon 52, qu’Il fût Dieu et homme: Dieu pour apporter la guérison, homme pour donner l’exemple. Mais l’Esprit Saint apparut seulement pour manifester: or, pour manifester, il suffisait qu’Il assume une forme corporelle destinée seulement à être un symbole.

271. La colombe était-elle un véritable animal? Existait-elle avant l’apparition? A vrai dire, il est plus conforme à la raison d’affirmer que ce fut une vraie colombe. Car l’Esprit Saint vint pour manifester le Christ qui, étant la vérité, ne devait être manifesté que par la vérité.

A la seconde question — existait-elle avant l’apparition? — il faut répondre: non, elle fut formée alors par la puissance divine sans l’accouplement d’un mâle et d’une femelle, comme le corps du Christ fut conçu par la puissance de l’Esprit, et non à partir de la semence de l’homme. Cependant, ce fut une vraie colombe car, dit Augustin 53, "Au Dieu tout-puissant qui a fait de rien toutes les créatures, il n’était pas difficile de former un vrai corps de colombe sans le concours d’autres colombes, comme il ne Lui fut pas difficile de façonner un vrai corps dans le sein de la bien heureuse Vierge sans une semence naturelle". Et saint Cyprien écrit 54: "L’Esprit Saint vint sous la forme d’une colombe parce que cet oiseau est simple et pur, sans colères amères, sans morsures cruelles, qu’il ne fait de mal ni du bec ni de l’ongle; il aime la demeure des hommes et se plaît à demeurer dans une seule mai son. Quand ils engendrent des petits, ils les élèvent de compagnie; rassemblés, ils volent en bande; ils passent leur vie en commerce familier; les baisers de leurs becs montrent leur paix harmonieuse et ils observent en tout point la loi de la concorde".
50. Jean 3, 8.
51. Ez 8, 3.
52. Sermones, 21, ch. 2, PL 54, col. 192 B.


272. Pourquoi l’Esprit Saint apparut-Il sous la forme d’une colombe, plutôt que sous une autre forme? A cela on peut assigner de multiples raisons.

Premièrement, à cause de la simplicité de la colombe, car la colombe est simple — Soyez prudents comme des serpents et simples comme des colombes 55. Or l’Esprit Saint, parce qu’Il fait regarder l’Un, c’est-à-dire Dieu, rend simple; c’est pourquoi Il apparut sous la forme d’une colombe. Selon Augustin 56, Il apparut encore sous forme de feu au-dessus des disciples réunis parce que certains sont simples mais tièdes, et d’autres fervents mais fourbes. Aussi, pour que ceux que sanctifie l’Esprit Saint fuient toute duplicité, Celui-ci se montre sous la forme d’une colombe; et, afin que la simplicité n’engendre pas la froideur, Il se montre sous la forme du feu.

Deuxièmement 57, à cause de l’unité de la charité, car la colombe brûle d’un grand amour — Unique est ma colombe 58. Afin donc de montrer l’unité de l’Eglise, l’Esprit Saint apparaît sous la forme d’une colombe. Aussi, ne te trouble pas de ce qu’à la descente du Saint Esprit sur chacun des disciples soient apparues des langues de feu qui se partagèrent 59 entre eux, parce que l’Esprit se montre partagé selon les divers ministères, et cependant Il unit par la charité; et c’est pourquoi Il apparaît d’une part sous forme de langues divisées — Il y a certes répartition des dons —, et d’autre part sous la forme d’une colombe — mais c’est le même Esprit 60.

Troisièmement, à cause du gémissement. En effet la colombe a pour chant un gémissement. Ainsi l’Esprit Saint, comme le dit saint Paul, intercède pour nous en des gémissements ineffables 61; et, comme le dit le prophète: Ses servantes gémissent, telle la voix de la colombe 62.

Quatrièmement, à cause de la fécondité. La colombe en effet est un animal très fécond; c’est pourquoi l’Esprit Saint apparut sous la forme d’une colombe, pour désigner la fécondité de la grâce spirituelle dans l’Eglise. Voilà pourquoi, dans l’Ancien Testament, le Seigneur commanda qu’on Lui offrît les petits des colombes 63.

Cinquièmement, à cause du caractère avisé de la colombe: car elle siège aux bords des eaux, elle y regarde, aperçoit le vol du faucon et se met à l’abri — Ses yeux sont des colombes au bord des ruisseaux 64 puisque, dans le baptême, l’Esprit Saint est notre garde et notre défense, il convient qu’Il apparaisse sous la forme d’une colombe.

[Que l’Esprit Saint soit descendu du ciel comme une colombe] cela répond enfin à une figure de l’Ancien Testament 65. En effet, de même que la colombe, en rapportant un rameau d’olivier, donna un signe de la clémence de Dieu à ceux qui avaient été préservés des eaux du déluge, de même l’Esprit Saint, venant sous la forme d’une colombe lors du baptême du Christ, donne un signe de la clémence divine qui remet les péchés et confère la grâce aux baptisés.
53. De agone christiano, ch. 22, 24, PL 40, col. 303.
54. De unitate Ecclesiae, 9, PL 4, col. 506 B.
55. Mt 10, 16.
56. Tract. in J 6, 3, BA 71, p. 349.
57. Ibid., 11, p. 367.
58. Cant 6, 9.
59. Ac 2, 3.
60. 1 Corinthiens 12, 4.
61. Ro 8, 26.
62. Nah 2, 8.
63. Lev 5, 7.


273. Jean ajoute que l’Esprit Saint EST DEMEURE SUR LUI, parce que le fait de demeurer implique le repos. Que l’Esprit Saint ne demeure pas en quelqu’un, cela peut avoir lieu pour deux raisons. L’une provient du péché. Tous les hommes, excepté le Christ, sont déchirés par les blessures du péché mortel qui fait fuir l’Esprit Saint, ou sont ternis par la tache du péché véniel qui empêche certaines opérations du Saint-Esprit. Or, dans le Christ, il n’y eut de péché ni mortel, ni véniel, ni originel; c’est pourquoi en Lui le repos de l’Esprit Saint ne fut pas troublé, mais IL EST DEMEURE SUR LUI, c’est-à-dire: Il s’est reposé sur Lui.

Que l’Esprit ne demeure pas en quelqu’un, cela peut s’entendre aussi des grâces charismatiques. Les saints, en effet, n’en ont pas toujours le pouvoir à leur dis position. Ainsi ils n’ont pas toujours celui de faire des miracles, et l’esprit de prophétie n’assiste pas toujours les prophètes. Le Christ au contraire eut toujours le pouvoir d’opérer tous les miracles et d’exercer tous les charismes; et c’est pour l’exprimer qu’il est dit: IL EST DEMEURE SUR LUI. Voilà pourquoi ce fut là le signe propre permettant de reconnaître le Christ, comme le dit la Glose à propos du texte d’Isaïe: L’Esprit du Seigneur reposera sur Lui 66; ce qu’il faut entendre du Christ selon qu’Il est homme, par où Il est moindre que le Père et l’Esprit Saint.
64. Cant 5, 12.
65. Gn 8, 11.



£[33] ET MOI JE NE LE CONNAISSAIS PAS; MAIS CELUI QUI M’A ENVOYE BAPTISER DANS L’EAU M’A DIT: CELUI SUR QUI TU VERRAS L’ESPRIT DESCENDRE ET DEMEURER, C’EST LUI QUI BAPTISE DANS L’ESPRIT SAINT.

274. Ici, Jean interprète sa vision. Selon certains hérétiques comme les Ebionites 67, le Christ ne fut pas Christ dès sa naissance, ni Fils de Dieu, mais commença de l’être quand, à son baptême, Il fut oint de l’huile de l’Esprit Saint. Cette opinion est erronée, puisqu’à l’heure même de la nativité l’ange dit aux bergers: Aujourd’hui vous est né un sauveur, qui est le Christ Seigneur dans la cité de David 68. Afin donc qu’on ne s’imagine pas que l’Esprit Saint était descendu sur le Christ lors de son baptême parce qu’Il aurait eu un besoin actuel de l’Esprit pour sa sanctification, le Baptiste montre la cause de cette descente en disant qu’elle n’était pas nécessaire au Christ, mais qu’elle était pour nous, afin que sa grâce nous soit manifestée. C’est pourquoi il dit: ET MOI JE NE LE CONNAISSAIS PAS, MAIS C’EST POUR QU’IL FUT MANIFESTE A ISRAEL QUE JE SUIS VENU BAPTISER DANS L’EAU.

275. Mais ici surgit une, question. Jean dit en effet: CELUI QUI M’A ENVOYE BAPTISER DANS L’EAU. Si nous disons que c’est le Père qui L’envoya, cela est vrai; de même, si nous affirmons que c’est le Fils, c’est encore plus manifeste, puisqu’on dit que le Père et le Fils l’envoyèrent; en effet Jean n’est pas de ceux dont il est dit: Je n’ai pas envoyé ces prophètes et ils courent, je ne leur ai pas parlé et ils prophétisent 69. Dès lors, comment Jean peut-il affirmer: MOI JE NE LE CONNAISSAIS PAS, si le Fils l’a envoyé? Si on dit que, bien qu’il Le connût selon la divinité, cependant il ne Le connaissait pas selon l’humanité, et ne Le connut ainsi qu’après avoir vu descendre sur Lui l’Esprit Saint, je réplique que l’Esprit Saint descendit sur le Christ à son baptême et que Jean a connu le Christ avant de Le baptiser; autrement il n’aurait pas dit: C’est moi qui dois être baptisé par toi, et tu viens à moi 70.

Il faut donc dire qu’on peut répondre à la question de trois manières.

Premièrement, selon Chrysostome 71 [ces paroles de Jean] doivent s’entendre d’une connaissance de l’humanité du Christ. Ainsi, lorsque Jean dit: MOI, JE NE LE CONNAISSAIS PAS, il faut entendre: d’une manière intime. Si l’on objecte qu’il a dit au Christ: C’est moi qui dois être baptisé par toi, il faut répondre que ces deux affirmations se réfèrent à deux moments différents: MOI, JE NE LE CONNAISSAIS PAS se rapporte à un moment bien antérieur au baptême, alors qu’il n’avait aucune intimité avec le Christ, et c’est moi qui dois être baptisé par toi se rapporte au moment où le Christ fut baptisé, quand le Christ lui était déjà intime pour l’avoir fréquemment visité.

Selon Jérôme, il faut dire que le Christ était le Fils de Dieu et le Sauveur du monde, mais que Jean ignorait que Jésus serait sauveur du monde par le baptême; voilà pourquoi il a ajouté ce qu’il ignorait, c’est-à-dire que C’EST LUI QUI BAPTISE DANS L’ESPRIT SAINT.

Mais il vaut mieux dire avec Augustin 72 que Jean sut une chose et en ignora une autre, et qu’il ajoute ce qu’il a ignoré, à savoir que Jésus a gardé pour Lui seul le pouvoir de baptiser qu’Il pouvait communiquer à ses fidèles; c’est le sens des paroles de Jean: CELUI QUI M’A ENVOYE BAPTISER DANS L’EAU M’A DIT: CELUI SUR QUI TU VERRAS L’ESPRIT DESCENDRE ET DEMEURER, C’EST LUI particulièrement, et Lui seul, QUI BAPTISE DANS L’ESPRIT SAINT, parce qu’Il a gardé pour Lui seul ce pouvoir.
66. Isaïe 11, 2.
67. Voir ci-dessus n° 10, note 29.
68. Luc 2, 11.
69. Jr 23,21.
70. Mt 3, 14.
71. In Ioannem hom., 17, 2, PG 59, col. 110.


276. Notons cependant que le baptême implique un triple pouvoir. L’un est le pouvoir d’efficience par lequel le Christ purifie intérieurement l’âme de la tache du péché; ce pouvoir, le Christ ne le communique à personne.

L’autre pouvoir est celui du ministère, pouvoir qu’Il a communiqué aux fidèles: Baptisez toutes les nations au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit 73. C’est pourquoi les prêtres, comme ministres, ont le pouvoir de baptiser; quant au Christ en tant qu’homme, Il est bien appelé "ministre" par l’Apôtre 74 mais en réalité Il est le chef de tous les ministres de l'Eglise.

Et, comme chef, le Christ possède dans les sacrements un pouvoir singulier et éminent, dont l’éminence se manifeste de quatre manières. Premièrement dans l’institution des sacrements. En effet, de par leur institution, les sacrements donnent la grâce invisible; or il appartient à Dieu seul de donner la grâce; c’est donc au seul vrai Dieu qu’il appartient d’instituer des sacrements. Deuxièmement dans l’efficacité des mérites du Christ, car c’est des mérites de la passion du Christ que les sacrements tiennent leur puissance — Nous tous qui avons été baptisés dans le Christ Jésus, c’est en sa mort que nous avons été baptisés 75.Troisièmement dans le fait que le Christ peut accorder l’effet du baptême sans le sacrement, ce qui appartient à Lui seul. Quatrième ment, dans le fait que pendant un certain temps on conféra le baptême à la seule invocation du nom du Christ;, mais maintenant il n’en est plus ainsi.

Le Seigneur n’a communiqué à personne ces quatre modalités d’éminence; pourtant Il aurait pu le faire pour certaines d’entre elles: que ce fût par exemple au nom de Pierre ou de quelque autre que fût conféré le baptême ou un des autres sacrements. Mais Il ne le fit pas pour éviter tout schisme dans l’Eglise, et pour éviter que des baptisés mettent leur espoir en ceux au nom desquels ils auraient été baptisés. Voilà pourquoi Jean apprit, par la descente du Saint-Esprit sur le Christ, que Lui seul par sa propre puissance baptise intérieurement 76.
72. Tract. in Ioann., 5, 8, BA 71, p. 307.
73. Mt 28, 19.
74. Ro 15, 8.



ET MOI J’AI VU, ET J’AI ATTESTE QUE C’EST LUI LE FILS DE DIEU.

278. Enfin le Baptiste montre ce qu’il a compris dans cette vision, c’est-à-dire que le Christ est le Fils de Dieu: ET MOI J’AI VU, c’est-à-dire l’Esprit descendant sur Lui, ET J’AI ATTESTE QUE LUI, le Christ, EST LE FILS DE DIEU, le Fils véritable et engendré par nature. En effet les fils adoptifs, eux, sont [à la ressemblance du Fils de Dieu engendré par nature — Car ceux qu’Il a connus d’avance, Dieu les a prédestinés à reproduire l’image de son Fils 77. Celui-là, donc, doit faire des fils de Dieu, qui baptise dans l’Esprit Saint par qui sont adoptés les fils — Car vous n’avez pas reçu un esprit de servitude (...) mais vous avez reçu un esprit d’adoption filiale 78 Et donc, parce que le Christ est Celui qui baptise dans l’Esprit Saint, le Baptiste en conclut à juste titre qu’Il est véritablement et absolu ment le Fils de Dieu — Afin que nous soyons en son vrai Fils Jésus-Christ 79.
75. Ro 6, 3.
76. L’édition critique omet le n° 277" A la question: comment Jean peut-il affirmer: Moi, je ne Le connaissais pas, alors qu’il dit lui-même C’est moi qui doit être baptisé par toi?, on pourrait peut-être répondre d’une quatrième manière, en disant que Jean connut le Christ par une révélation intérieure, mais que, lorsqu’il vit l’Esprit Saint descendre sur Lui, il Le connut par la manifestation du signe extérieur. C’est pourquoi il fait allusion aux deux manières dont il Le connut: la première quand il affirme Celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit, c’est-à-dire m’a révélé intérieure ment; la seconde quand il a ajouté Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est Lui qui baptise dans l’Esprit Saint."
77. Ro 8, 29.
78. Ro 8, 15.
79. 1 Jean 5, 20.


279. Mais si d’autres ont vu l’Esprit Saint descendre sur Lui, pourquoi n’ont-ils pas cru? Je réponds qu’ils n’y étaient pas disposés, ou peut-être que Jean-Baptiste fut le seul à qui cette vision fut accordée.



Jean 1, 35-42: VOCATION DE JEAN, ANDRE ET PIERRE

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Thomas sur Jean 14