Thomas sur Jean 16


I

LE LENDEMAIN, JESUS, VOULANT PARTIR POUR LA GALILEE, TROUVE PHILIPPE ET LUI DIT: "SUIS-MOI". PHILIPPE ETAIT DE BETHSAIDE, LA VILLE D’ANDRE ET DE PIERRE.

A ce propos, l'Evangéliste considère trois choses.

En premier lieu, il expose l’occasion de l’appel du disciple; ensuite l’appel lui-même [n° 311]; enfin sa condition [n° 3141.

LE LENDEMAIN, JESUS, VOULANT PARTIR POUR LA GALILEE...

310. L’occasion de l’appel fut le départ de Jésus de la Judée. C’est pourquoi l'Evangéliste dit: VOULANT PARTIR de la Judée POUR LA GALILEE.

On peut donner trois raisons à ce départ de Jésus pour la Galilée, dont deux sont littérales.

La première est que, après avoir été baptisé par Jean, Jésus, voulant rendre honneur au Baptiste, partit pour la Galilée, se retirant de Judée pour ne pas le gêner par sa présence ni amoindrir l’autorité de maître de Jean, tant que celui-ci devait l’exercer. Le Seigneur nous enseigne par là à nous prévenir d’honneur les uns les autres, comme saint Paul le recommande 1.

La seconde raison du départ de Jésus est l’absence, en Galilée, de personnalités remarquables — Cherche bien, disent les Pharisiens à Nicodème, et tu verras que de Galilée il ne se lève pas de prophète 2. Jésus voulut donc partir pour ce pays et y choisir les princes de toute la terre 3 qui sont plus grands que les prophètes et, par ce choix, manifester sa puissance — Du désert, il a fait jaillir une source 4.

La troisième raison du départ de Jésus est mystique. Galilée, en effet, signifie "passage". Jésus voulut donc partir de Judée en Galilée pour faire comprendre que le lendemain, c’est-à-dire au jour de la grâce, au jour de l’Evangile, Il partirait de Judée POUR LA GALILEE, c’est-à-dire pour sauver les nations — Ira t-Il vers ceux qui sont dispersés parmi les nations? 5


 IL TROUVE PHILIPPE ET LUI DIT" SUIS-MOI".

311. L’appel de Jésus au disciple est donc un appel à Le suivre; remarquons que tantôt l’homme trouve Dieu, mais comme inconnu — Qui m’aura trouvé trouvera la vie et obtiendra son salut du Seigneur 6; tantôt c’est Dieu qui trouve l’homme, mais pour le mettre en évidence et le rendre grand — J’ai trouvé David mon serviteur 7. C’est ainsi que le Christ TROUVE PHILIPPE pour l’appeler à la foi et à la grâce; et c’est pourquoi Il dit aussi tôt: "SUIS-MOI".
1. Ro 12, 10.
2. Jean 7, 52.
3. Ps 44, 17.
4. Ps 106, 35.
5. Jean 7, 35. Pour l’étymologie de" Galilée", voir n° 338, note 12.
6. Prov 8, 35.


312. On peut se demander pourquoi Jésus n’a pas appelé ses disciples dès le début. A cette question Chrysostome 8 répond: Jésus ne voulut appeler personne avant qu’on ne se joigne à Lui spontanément grâce à la prédication de Jean; les hommes en effet sont plus attirés par l’exemple que par les paroles.

313. On peut se demander aussi pourquoi Philippe suivit le Christ sur une seule parole alors qu’André Le suivit en entendant Jean parler du Christ, et Pierre en entendant André. A cette question on peut donner trois réponses 9.

Voici la première: Philippe suivit Jésus aussitôt parce qu’il avait déjà été instruit par Jean; en effet, selon une explication donnée plus haut, cet autre qui, avec André, avait suivi le Christ, était Philippe.

La seconde raison est que la voix du Christ avait la puissance non seulement d’attirer extérieurement, mais encore de mouvoir intérieurement le coeur — Mes paroles ne sont-elles pas comme un jeu? 10 La voix du Christ, en effet, ne s’adressait pas seulement aux sens, mais enflammait de son amour le coeur des fidèles.

La troisième raison est que peut-être Philippe avait déjà été instruit au sujet du Christ par André et Pierre, car tous trois étaient de la même ville; l’Evangéliste semble l’indiquer par les paroles qu’il ajoute: PHILIPPE ETAIT DE BETHSAIDE.
7. Ps 88, 21.
8. In Ioannem hom., 20, ch. 1, PG 59, col. 123.
9. Saint Thomas ajoute, comme s’il s’agissait d’une citation de l'Ecriture cortina cortinam trahit. Cette formule, qui ne se trouve pas littéralement dans l’Ecriture, est citée plusieurs autres fois par saint Thomas (voir notamment Somme théol., II-II, q. 189, a. 9, sed contra; Commentaire de la Deuxième Epître aux Corinthiens, 10, leç. 3, n° 369; voir aussi le Commentaire sur l’Evangile de saint Matthieu, 9, n 758). On la trouve également chez saint Bonaventure (Comm. in Ioannem, 1, 44, n° 91, Opera omnia, éd. Quaracchi, 6, p. 266). Tous ces lieux renvoient à Ex 26, ou plus précisément 26, 3: "Cinq tentures seront jointes ensemble, l’une à l’autre (quinque cortinae sibi jungentur mutuo), et les cinq autres seront assemblées de la même manière." Il semble que saint Thomas s’inspire ici de l’interprétation spirituelle que donne Bède de ce passage dans son De tabernaculo et vestibus sacris, 2, ch. 2-4, PL 91, col. 425-436 (en particulier 427-429). Voir aussi la Glossa ordinaria attribuée à Walafrid Strabon, Ex 26, PL 113, col. 271-272.



£[44] PHILIPPE ETAIT DE BETHSAIDE, LA VILLE D’ANDRE ET DE PIERRE.

314. Par ces mots Jean exprime la condition du disciple appelé. Cela s’accorde avec le mystère de sa vocation, car Bethsaïde signifie "demeure des chasseurs", ce qui montre de quel esprit étaient animés Philippe, Pierre et André; il convenait en effet que, de la demeure des chasseurs, le Christ appelât des chasseurs pour prendre les âmes et les conduire à la vie — J’enverrai mes chasseurs... 11.

II

PHILIPPE TROUVA NATHANAEL ET LUI DIT: "CELUI DONT IL EST PARLE DANS LA LOI DE MOISE ET DANS LES PROPHETES, NOUS L’AVONS TROU VE;

C’EST JESUS, LE FILS DE JOSEPH, DE NAZARETH". NATHANAEL LUI DIT: "DE NAZARETH? PEUT-IL SORTIR QUELQUE CHOSE DE BON?" — " VIENS ET VOIS" LUI DIT PHILIPPE. JESUS VIT NATHANAEL QUI VENAIT A LUI ET IL DIT A SON SUJET: "VOICI UN VERITABLE ISRAELITE, UN HOMME SANS ARTIFICE. " — " D’OU ME CONNAIS-TU?" LUI DIT NATHANAËL. " AVANT QUE PHILIPPE T’APPELAT, REPONDIT JESUS, QUAND TU ETAIS SOUS LE FIGUIER, JE T’AI VU. " NATHANAEL LUI REPONDIT: "RABBI, TU ES LE FILS DE DIEU, TU ES LE ROI D’ISRAEL. " JESUS REPRIT: "PARCE QUE JE T’AI DIT: JE T’AI VU SOUS LE FIGUIER, TU CROIS; TU VERRAS MIEUX ENCORE. " ET IL AJOUTA: "EN VERITE, EN VERITE JE VOUS LE DIS, VOUS VERREZ LE CIEL OUVERT ET LES ANGES MONTER ET DES CENDRE AU-DESSUS DU FILS DE L’HOMME. "

315. L’Evangéliste expose maintenant le fruit pro duit par le disciple converti au Christ; il en montre d’abord les débuts, puis l’achèvement par le Christ [n° 320].

Le premier sujet est traité en trois points: la nouvelle qu’annonce Philippe à Nathanaël, la réponse de celui-ci [n° 318], enfin l’invitation que lui adresse Phi lippe [n° 319].


PHILIPPE TROUVA NATHANAEL ET LUI DIT: " CELUI DONT IL EST PARLE DANS LA LO1 DE MOISE ET DANS LES PROPHETES, NOUS L’AVONS TROUVE; C’EST JESUS, LE FILS DE JOSEPH, DE NAZARETH. "

316. Au sujet de la nouvelle annoncée à Nathanaël, remarquons que, de même qu’André parfaitement converti s’efforça d’amener son frère au Christ, de même Philippe Lui conduisit son frère Nathanaël. C’est pour quoi Jean dit: PHILIPPE TROUVA NATHANAEL, qu’il cherchait peut-être. Nathanaël signifie" don de Dieu"; or la conversion de quelqu’un au Christ est un don de Dieu.

Philippe annonce à Nathanaël: CELUI DONT IL EST PARLE DANS LA LOI ET LES PROPHETES, NOUS L’AVONS TROUVE; C’EST JESUS. Ces paroles montrent que Nathanaël connaissait parfaitement la Loi et que Philippe, qui le savait et qui lui-même était déjà instruit au sujet du Christ, voulut conduire Nathanaël au Christ à partir de ce que Nathanaël connaissait, c’est-à-dire la Loi et les prophètes; aussi lui dit-il: CELUI DONT MOISE... En effet Moïse a écrit au sujet du Christ [comme Lui-même le dira]: Si vous croyiez en Moïse, vous croiriez aussi en moi, car il a écrit de moi 12 De même les prophètes ont écrit au sujet du Christ — Tous les prophètes (...) Lui rendent témoignage 13.

317. Remarquons encore que Philippe dit du Christ trois choses qui sont bien conformes à la Loi et aux prophètes.

Tout d’abord son nom: NOUS AVONS TROUVE JESUS. Ce nom [qui signifie Sauveur 14] est en accord avec les dires des prophètes; Isaïe disait en effet: Je leur enverrai un sauveur 15, et Habacuc: J’exulterai de joie en Dieu mon sauveur [mon Jésus] 16

Philippe nomme ensuite la famille d’où le Christ a tiré son origine humaine, en disant: LE FILS DE JOSEPH. En effet il est dit: On le croyait fils de Joseph Il n’est pas étonnant que Philippe nomme le Christ FILS DE JOSEPH; car sa mère elle-même, consciente de l’Incarnation divine de son fils, l’appelait aussi fils de Joseph: Ton père et moi, tout angoissés, nous te cherchions 18. Certes, si celui qui est élevé par un autre peut s’appeler son fils, à plus forte raison Joseph pouvait-il être dit le père de Jésus bien qu’il ne fût pas son père selon la chair, car il avait élevé Jésus et, de plus, il était l’époux de la Vierge Mère. D’ailleurs, si Philippe parle ainsi, ce n’est pas qu’il veuille dire que le Christ était né de l’union de Joseph et de la Vierge, mais parce qu’il savait que le Christ devait naître de la race de David, de la maison et de la famille de qui était Joseph, dont Marie était l’épouse: Je susciterai à David un héritier juste 19.

Enfin Philippe fait mention de la patrie [de Jésus] DE NAZARETH, non parce qu’Il y était né, car ce fut à Bethléem, mais parce qu’Il y avait été élevé. Le lieu de naissance de Jésus était en effet ignoré de beaucoup; au contraire le lieu où Il avait été élevé était connu de beaucoup. A cause de cela Philippe passe Bethléem sous silence, et nomme Nazareth. Cette précision est en harmonie avec les oracles des prophètes: Un rejeton sort de la souche de Jessé, et une fleur (ou, selon une autre leçon: un Nazaréen) pousse de ses racines 20.
12. Jean 5, 46.
13. Ac 10, 43.
14. Mt 1, 21.
15. Isaïe 19, 20.
16. Hab 3, 18; cf. Luc 1, 47.
17. Luc 3, 23.
18. Luc 2, 48.
19. Jr 23,5.



NATHANAEL LUI DIT: "DE NAZARETH PEUT-IL SORTIR QUELQUE CHOSE DE BON?"

318. On peut lire cette réponse soit comme une affirmation, soit comme une interrogation; dans les deux cas cette réponse s’accorde bien avec les paroles de Philippe. En effet, si nous la lisons comme une affirmation, selon l’interprétation d’Augustin 21, le sens est alors: de Nazareth, il peut sortir quelque chose de bon; c’est-à-dire, de la cité qui porte un tel nom, il peut se faire que surgisse pour nous la plus grande grâce, ou un docteur éminent pour nous enseigner la fleur des vertus et la pureté de la sainteté. Nazareth en effet signifie" fleur". Par là il nous est donné à entendre que Nathanaël très savant dans la Loi, avait scruté les Ecritures et savait d’avance qu’il fallait attendre le Sauveur de Nazareth, ce que les autres Scribes et les Pharisiens ne reconnaissent pas facilement; aussi, lorsque Philippe eut dit: NOUS AVONS TROUVE JESUS DE NAZARETH, [transporté d’espérance, répondit assurément, de Nazareth il peut sortir quelque chose de bon.

Mais si on lit la réponse de Nathanaël selon Chrysostome 22, comme une interrogation, le sens est alors: DE NAZARETH PEUT-IL SORTIR QUELQUE CHOSE DE BON? Comme s’il disait: "tout le reste de tes paroles me paraît digne de foi: son nom et sa famille en effet s’accordent avec les oracles des prophètes; mais qu’Il soit de Nazareth, comme tu l’affirmes, ne semble pas possible". Nathanaël en effet avait appris par les Ecritures que le Christ devait venir de Bethléem — Et toi Bethléem, terre de Juda, tu n’es pas la moindre parmi les principales villes de Juda; car c’est de toi que sortira le chef qui fera paître mon peuple Israël 23. Aussi Nathanaël, trouvant que l’affirmation de Philippe ne correspond pas à l’enseignement des prophètes, l’interroge avec prudence et douceur sur la vérité de son dire: DE NAZARETH PEUT-IL SORTIR QUELQUE CHOSE DE BON?
20. Isaïe 11, 1.
21. Tract, in Ioann., 7, 16, p. 443; voir aussi Enarr. in Ps. 65, 4, PL 36, coI. 788-789.



"VIENS ET VOIS", LUI DIT PHILIPPE.

319. Jean rapporte ici l’invitation de Philippe à Nathanaël Cette invitation convient aux deux interprétations possibles de la réponse de Nathanaël. Si celle-ci est affirmative, en voici alors le sens: Tu affirmes que de Nazareth il peut sortir quelque chose de bon; mais moi je dis que le bien que je t’annonce est tel, et si grand, que je suis incapable de l’exprimer; aussi, VIENS ET VOIS. Si la réponse de Nathanaël est interrogative, le sens en est alors: Tu demandes: DE NAZARETH PEUT-IL SORTIR QUELQUE CHOSE DE BON? VIENS ET VOIS, et tu sauras que ce que je dis est vrai.

Philippe entraîne Nathanaël vers le Christ sans être découragé par ses questions, car il sait que Nathanaël ne le contredira plus lorsqu’il aura goûté aux paroles et à l’enseignement du Christ: en cela Philippe suit l’exemple du Christ qui, à ceux qui L’interrogeaient tout à l’heure sur sa demeure, avait répondu: Venez et voyez 24. Allez à lui, dit le Psaume, et vous serez illuminés 25.

JESUS VIT NATHANAEL QUI VENAIT A LUI ET IL DIT A SON SUJET: "VOICI UN VERITABLE ISRAE LITE, UN HOMME SANS ARTIFICE".

— " D’OU ME CONNAIS-TU" LUI DIT NATHANAEL. " AVANT QUE PHILIPPE T’APPELAT, REPONDIT JESUS, QUAND TU ETAIS SOUS LE FIGUIER, JE T’AI VU". NATHA NAEL LUI REPONDIT: "RABBI, TU ES LE FILS DE DIEU, TU ES LE ROI D’ISRAEL. " JESUS REPRIT: " PARCE QUE JE T’AI DIT: JE T’AI VU SOUS LE FIGUIER, TU CROIS: TU VERRAS MIEUX ENCORE. " ET IL AJOUTA: "EN VERITE, EN VERITE JE VOUS LE DIS, VOUS VERREZ LE CIEL OUVERT ET LES ANGES MONTER ET DESCENDRE AU-DESSUS DU FILS DE L’HOMME. "

320. L’Evangéliste montre ici l’achèvement du fruit porté par la prédication de Philippe.

A ce propos il faut savoir que l’on peut se convertir au Christ de deux manières: certains sont convertis grâce à des miracles, d’autres par le moyen de la prophétie ou de la prescience d’événements futurs encore cachés.

Mais pour se convertir, les prophéties ou la prescience des choses futures sont une voie plus efficace que les miracles. En effet les démons eux-mêmes et des hommes aidés par eux peuvent faire miroiter des prodiges, mais prédire les événements futurs est le fait de la seule puissance divine — Annoncez ce qui arrivera et nous dirons que vous êtes des dieux 26. Les prophéties ne sont pas pour les infidèles, mais pour les fidèles 27, Voilà pourquoi le Seigneur attire Nathanaël à la foi non par des miracles, mais en lui annonçant à l’avance des choses cachées; aussi dit-Il de lui: VOICI UN VERI TABLE ISRAELITE, UN HOMME SANS ARTIFICE.
22. In Ioannem hom., 20, ch. 1, PG 59, col. 125.
23. Mic 5, 1; cf. Mt 2, 6; Jean 7, 42.
24. Jean 1, 39.
25. Ps 33, 6.


321. Le Seigneur révèle ici intérieurement à Nathanaël trois vérités qui lui sont cachées: celles du présent qui sont dans son coeur, puis des faits passés, enfin des réalités célestes à venir; or connaître ces trois choses cachées est quelque chose de divin.

Assurément le Christ révèle à Nathanaël le présent caché lorsqu’Il déclare: VOICI UN VERITABLE ISRAE LITE, UN HOMME SANS ARTIFICE. A ce sujet, l’Evangéliste expose en premier lieu l’annonce du Christ; ensuite la question de Nathanaël [n° 324]: D’OU ME CONNAIS-TU?

322. L’Evangéliste dit en effet: JESUS VIT NATHA NAEL QUI VENAIT A LUI, comme pour dire: avant que Nathanaël ne fût arrivé jusqu’à Lui, Jésus avait dit à son sujet: VOICI UN VERITABLE ISRAELITE, UN HOMME SANS ARTIFICE. Jésus a dit cela de Nathanaël avant que celui-ci ne soit auprès de Lui, car s’Il avait dit ces paroles après son arrivée, Nathanaël aurait pu croire que Jésus avait appris cela de Philippe.

Au sujet des paroles de Jésus: VOICI UN VERITABLE ISRAELITE, notons qu’" Israël" peut s’interpréter de deux manières. Il peut signifier" très droit". [nous lisons en effet dans Isaïe]: Ne crains pas, mon serviteur, toi le très droit que j’ai choisi 28; or la Glose dit ici que" très droit" est le sens du [mot hébreu] Israël. D’autre part, "Israël" peut signifier" l’homme qui voit Dieu". Or, selon ces deux acceptions d’"Israël", Nathanaël est UN VERITABLE ISRAELITE; en effet on qualifie d’homme droit celui qui est sans artifice, et c’est pour cela que le Seigneur dit: VOICI UN VERITABLE ISRAELITE, UN HOMME SANS ARTIFICE, comme pour dire: tu représentes véritablement ta race, parce que tu es droit et sans artifice. D’autre part, c’est par la pureté et la simplicité que l’homme voit Dieu; aussi Jésus dit-Il: VOICI UN VERITABLE ISRAELITE, c’est-à-dire: tu es un homme qui voit Dieu véritablement, parce que tu es simple et sans artifice. Jésus dit encore UN HOMME SANS ARTIFICE pour qu’on ne croie pas que Nathanaël ait dit avec une mauvaise intention sur un ton interrogatif: DE NAZARETH PEUT-IL SORTIR QUELQUE CHOSE DE BON?
26. Isaïe 41, 23.
27. 1 Corinthiens 14, 22.


323. Augustin 29 explique autrement les paroles de Jésus. Manifestement, tous naissent dans le péché; et on dit pleins d’artifice ceux qui cachent le péché dans leur coeur et qui extérieurement feignent d’être justes; mais celui qui est pécheur et le confesse est exempt d’artifice. Si donc Jésus a dit: VOICI UN VERITABLE ISRAELITE, UN HOMME SANS ARTIFICE, ce n’est pas que Nathanaël n’eût pas de péché, ni que le médecin ne lui fût nécessaire, car personne en effet n’est né tel qu’il n’ait besoin d’aucun médecin; mais ce que le Christ loua en lui, ce fut l’aveu du péché.
28. Isaïe 44, 2.
29. Tract, in Jo. 7, 18, pp. 447-449.


324. L’Evangéliste rapporte ensuite l’interrogation de Nathanaël: D’OU ME CONNAIS-TU? Nathanaël reconnaît avec étonnement la puissance de Dieu dans la manifestation des choses cachées, car c’est bien le fait de Dieu seul — Pervers est le coeur de l’homme et insondable. Qui peut le pénétrer? Moi, le Seigneur, je scrute le coeur et je sonde les reins 30; L’homme ne voit que l’apparence, mais Dieu pénètre le coeur 31. C’est pourquoi Nathanaël demande: D’OU ME CONNAIS-TU? Ces paroles font valoir son humilité car, malgré la louange du Seigneur, il ne s’est pas enorgueilli; il a plutôt tenu pour suspecte la louange qu’on lui adresse; [C'est dans ce sens que le Seigneur parle par la bouche du prophète]: Mon peuple, ceux qui te disent heureux te séduisent 32.

325. Jean expose maintenant le dévoilement des faits passés en l’absence de Jésus: AVANT QUE PHILIPPE T’APPELÂT, QUAND TU ETAIS SOUS LE FIGUIER, JE T’AI VU; puis la confession de Nathanaël: NATHANAEL LUI REPONDIT: "RABBI, TU ES LE FILS DE DIEU, TU ES LE ROI D’ISRAEL".

326. Concernant le premier point, il faut savoir que Nathanaël pouvait avoir deux soupçons au sujet du Christ: l’un, que le Christ aurait dit ces paroles: VOICI UN VERITABLE ISRAELITE, UN HOMME SANS ARTIFICE, dans l’intention de le flatter; l’autre, que Jésus aurait connu antérieurement par un autre qu’il était un homme sans artifice. Pour écarter tout soupçon et élever son esprit à des réalités plus hautes, Jésus lui manifeste des faits cachés que nul n’aurait pu savoir si ce n’est divinement, c’est-à-dire ce qui venait juste de lui arriver.

Et voici ce qu’Il dit: AVANT QUE PHILIPPE T’APPELAT, QUAND TU ETAIS SOUS LE FIGUIER, JE T’AI VU. En effet, au sens littéral, Nathanaël était sous un figuier quand il fut appelé par Philippe et le Christ l’avait su par sa puissance divine — car Les yeux du Seigneur sont infiniment plus lumineux que le soleil 33.

Au sens mystique, le figuier représente le péché: soit parce que nous voyons en Matthieu que le figuier maudit ne portait que des feuilles et pas de fruits 34, ce qui eut lieu pour figurer le péché; soit encore parce que, lorsqu’Adam et Eve eurent péché, ils se firent des ceintures de feuilles de figuier 35.

Aussi Jésus dit-Il à Nathanaël: QUAND TU ETAIS SOUS LE FIGUIER, c’est-à-dire à l’ombre du péché, avant d’avoir été appelé à la grâce, JE T’AI VU, c’est-à-dire des yeux de la miséricorde; car la prédestination de Dieu à l’égard des hommes demeure même quand ils sont dans le péché — Dieu le Père (...) nous a élus [dans le Christ] avant la fondation du monde, (...) nous ayant prédestinés à être pour Lui des fils adoptifs par Jésus-Christ 36.

C’est de ce regard que Jésus parle ici: JE T’AI VU, c’est-à-dire en te prédestinant de toute éternité. Ou bien, selon Grégoire 37. QUAND TU E TAIS SOUS LE FIGUIER, c’est-à-dire à l’ombre de la Loi, je t’ai vu, car la Loi n’a que l’ombre des biens à venir 38.
30. Jr 17,9-10.
31. 1 Sam 16, 7.
32. Isaïe 3, 12.


327. Aussitôt converti par les paroles du Christ et reconnaissant en Lui la puissance divine, Nathanaël proclame sa foi et sa louange: RABBI, TU ES LE FILS DE DIEU. Ce faisant, il reconnaît dans le Christ trois choses. D’abord la plénitude de sa science, lorsqu’il l’appelle RABBI (ce qui veut dire Maître), comme pour dire: tu possèdes la perfection de toute science. Déjà Nathanaël pressentait ce que dirait le Seigneur: Vous n’avez qu’un Maître, le Christ 39.

Ensuite l’excellence de la grâce qui est propre au Christ: TU ES LE FILS DE DIEU. Car ce n’est que par grâce qu’un homme est fils adoptif de Dieu; et même, être Fils de Dieu par l’union [hypostatique], ce qui est propre à l’homme-Christ, se réalise encore par la grâce: en effet, ce n’est pas par des mérites antérieurs mais par la grâce de l’union que cet homme est Fils de Dieu.

Enfin l’immensité de la puissance du Christ: TU ES LE ROI D’ISRAEL, c’est-à-dire Celui qu’attendait Israël comme roi et défenseur — Sa puissance, dit Daniel, est une puissance éternelle 40.
33. Sir 23, 28 (LXX 23, 19).
34. Mt 21, 18-19.
35. Cf. Gn 3, 7. Voir SAINT AUGUSTIN, Tract. in J 7, 21, p. 453.
36. Eph 1, 4.
37. Moralium lib., 18, eh. PL 76, col. 70 C-D.
38. He 10, 1.


328. A ce propos, Chrysostome 41 se pose une question: Pierre, qui avait vu beaucoup de miracles, entendu de nombreux enseignements, fit sur le Christ la même confession de foi que fit ici Nathanaël: TU ES LE FILS DE DIEU, et pour cela il mérita d’être proclamé bien heureux par le Seigneur: Bienheureux es-tu, Simon fils de Jonas... 42. Pourquoi alors Nathanaël, qui avait parlé de même sans avoir vu de signes ni reçu d’enseignement, ne fut-il pas proclamé bienheureux?

C’est que, répond Chrysostome, Nathanaël et Pierre avaient bien prononcé les mêmes paroles, mais sans que leur intention fût la même. Pierre confessa que le Christ était le vrai Fils de Dieu par nature, c’est-à-dire qu’Il était homme de telle manière que cependant Il était vrai Dieu; tandis que Nathanaël confessa que Jésus est fils de Dieu par adoption, d’après ce Psaume: J’ai dit: Vous êtes des dieux, et tous des fils du Très-Haut 43. Les paroles que prononce ensuite Nathanaël le montrent clairement. Si en effet il avait compris que Jésus était Fils de Dieu par nature, il n’aurait pas conclu seulement TU ES LE ROI D’ISRAEL, mais: "Tu es le Roi de tout l’univers". Cela apparaît nettement aussi dans le fait que le Christ n’ajouta rien à la foi de Pierre, à cause de sa perfection, mais au contraire dit qu’Il bâtirait son Eglise sur sa confession de foi. Tandis qu’à celle de Nathanaël, il manquait le plus important; aussi Jésus l’élève-t-Il à des vérités plus grandes, c’est-à-dire à la connaissance de sa divinité.
39. Mt 23, 10.
40. Dan 7, 14.
41. In Ioannem hom., 21, ch. 1, PG 59, col. 127-128.
42. Mt 16, 17.


329. Voilà pourquoi Jésus déclare: TU VERRAS MIEUX ENCORE. Jésus révèle ici intérieurement à Nathanaël des réalités futures, comme s’Il disait: parce que je t’ai révélé des événements passés, tu me crois fils de Dieu par adoption et roi d’Israël seulement; mais je te mènerai à une connaissance plus grande, et alors tu croiras que je suis par nature le Fils de Dieu et le Roi de tous les siècles.

Aussi Jésus ajoute-t-Il: EN VERITE, EN VERITE JE VOUS LE DIS, VOUS VERREZ LE CIEL OUVERT ET LES ANGES DE DIEU MONTER ET DESCENDRE AU-DESSUS DU FILS DE L’HOMME. Par ces paroles, le Seigneur, selon Chrysostome 44, veut prouver qu’Il est vrai Fils de Dieu et Dieu Lui-même; c’est en effet le propre des anges de servir le Seigneur et de Lui être soumis — Bénissez le Seigneur, vous tous ses anges, ses ministres, qui accomplissez sa volonté 45. C’est comme si le Seigneur disait: Lors donc que vous verrez les anges me servir, vous serez certains que je suis le vrai Fils de Dieu. [L'épître aux Hébreux dira:] Lorsqu’il introduit le Premier-né dans le monde, Dieu dit: "Que tous les anges de Dieu L’adorent" 46.
43. Ps 81, 6.
44. In Ioannem hom., 21, ch. 1, PG 59, col. 129.
45. Ps 102, 20.


330. Mais quand les Apôtres virent-ils cela? Ils le virent dans sa passion, quand un ange du Seigneur fut présent auprès de Lui, qui Le réconfortait 47. De nouveau à la Résurrection, lorsque les Apôtres trouvèrent deux anges qui se tenaient sur le sépulcre 48. Enfin, à l’Ascension, quand les anges dirent aux Apôtres: Hommes de Galilée, que restez-vous là à regarder le ciel? Ce Jésus, qui du milieu de vous a été enlevé au ciel, en reviendra de la même manière que vous L’avez vu monter 49.

331. Et parce qu’au sujet des événements passés Jésus avait déjà dit la vérité, ce qu’Il annonce à Nathanaël de l’avenir en disant VOUS VERREZ LE CIEL OUVERT, lui paraît plus croyable. En effet, si quelqu’un a manifesté des faits cachés du passé, c’est une preuve évidente de la vérité de ce qu’il dit au sujet des événements futurs.

Le Seigneur dit: VOUS VERREZ (...) LES ANGES MONTER ET DESCENDRE AU-DESSUS DU FILS DE L’HOMME. En effet, bien que, selon la chair mortelle, Il soit un peu au-dessous des anges 50 — et c’est pourquoi en tant qu’Il est le FILS DE L’HOMME, les anges MONTENT ET DESCENDENT AU-DESSUS DE LUI —, cependant, en tant qu’Il est le Fils de Dieu, Il est Lui-même au-dessus des anges, comme on l’a déjà dit.

332. Selon Augustin 51, le Christ manifeste sa divinité par les paroles précédentes de façon très heureuse.

On lit en effet dans la Genèse que Jacob vit une échelle (...) et des anges monter et descendre 52. Comprenant ce qu’il avait vu, Jacob se leva, oignit d’huile la pierre sur laquelle reposait sa tête et dit: En vérité le Seigneur est en ce lieu 53. Cette pierre que les bâtisseurs ont rejetée, c’est le Christ 54; elle est ointe de l’huile invisible du Saint-Esprit; mais elle est dressée comme une stèle 55, car elle devait être le fondement de l'Eglise, ainsi que le dit l’Apôtre: Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, à savoir Jésus-Christ 56. Les anges cependant montent et descendent au-dessus de Lui en tant qu’ils Lui sont présents pour faire sa volonté et Le servir. Jésus affirme donc: EN VERITE, EN VERITE JE VOUS LE DIS, VOUS VERREZ LE CIEL OUVERT..., comme pour dire: Nathanaël, parce que tu es un véritable Israélite, sois donc attentif à ce qu’Israël 57 a vu, afin de croire que je suis Celui que pré figure la pierre ointe par Jacob; en effet, toi aussi tu verras au-dessus d’elle monter et descendre les anges.
46. He 1, 6.
47. Luc 22, 43.
48. Cf. Luc 24, 4; Jean 20, 12; Mt 28, 2.
49. Ac 1, 11.
50. He 2, 7 citant Ps 8, 6.
51. Sermo. supposit., 11, ch. 2, PL 39, col. 1761.


333. Selon Augustin 58, les anges sont les prédicateurs prêchant le Christ — Allez, messagers rapides, vers le peuple renversé et déchiré 59.

Or les prédicateurs montent par la contemplation, comme Paul était monté jusqu’au troisième ciel 60, et descendent pour instruire les peuples sur LE FILS DE L’HOMME, c’est-à-dire pour l’honneur du Christ, car, comme le dit l’Apôtre: Ce n’est pas nous-mêmes que nous prêchons, mais le Christ Jésus notre Seigneur 61.

Or, pour permettre [aux anges] de monter et de descendre, le ciel a été ouvert, car il faut que la grâce céleste soit donnée aux prédicateurs pour qu’ils montent et qu’ils descendent — Les cieux se fondirent devant Dieu (...) Tu fis tomber une pluie bienfaisante, ô Dieu ! 62— Je vis (...) le ciel ouvert, dit Jean 63.

334. La raison pourquoi Nathanaël ne fut pas choisi comme Apôtre après une telle confession de foi, c’est que le Christ ne voulut pas que la conversion du monde à la foi fût attribuée à la sagesse humaine, mais à la seule puissance de Dieu. C’est pour cela qu’Il ne voulut pas choisir comme Apôtre Nathanaël, qui était très versé dans la Loi, mais qu’Il choisit des gens simples et incultes — Il n’y a pas beaucoup de sages (...) mais ce que le monde tient pour insensé, Dieu l’a choisi 64.
52. Gn 28, 12.
53. Gn 28, 18 et 16.
54. Mt 21, 42 et 1 Pe 2, 7 citant Ps 117, 22.
55. Gn 28, 18 et 22.
56. 1 Corinthiens 3, 11.
57. Cf. Gn 32, 29 et 35, 10.
58. Tract, in Ioann., 7, 23, p. 459; cf. Sermo supposit., 11, ch. 5, PL 39, col. 1762.
59. Isaïe 18, 2.
60. Cf. 2 Co 12, 2.
61. 2 Co 4, 5.
62. Ps 67, 9. 10.
63. Ap 19, 11; cf. 4, 1.
64. 1 Corinthiens 1, 25. 26.




CHAPITRE II: Les premiers signes de Jésus

17

Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée, et la Mère de Jésus y était. 2 aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses disciples. 3 vin venant à manquer, la Mère de Jésus Lui dit: "Ils n’ont plus de vin". 4 lui répondit: "Femme, qu’y a-t-il entre toi et moi? Mon heure n’est pas encore venue". 5 Mère dit aux serviteurs: "Faites tout ce qu’Il vous dira". 6 Or il y avait là six urnes de pierre destinées aux purifications des Juifs, et contenant chacune deux ou trois mesures. ' Jésus dit aux serviteurs: "Remplissez d’eau ces urnes". Ils les remplirent jusqu’au bord. 8" Puisez maintenant, leur dit-Il, et portez-en à l’intendant du festin". Ils en portèrent. 9 l’intendant eut goûté l’eau changée en vin (il ne savait pas d’où cela venait, mais les serviteurs le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau), il appelle l’époux'°et lui dit: "Tout le monde sert d’abord le bon vin, et quand les gens sont enivrés, le moins bon. Toi, tu as gardé le bon vin jus qu’à présent". 11 Tel fut le premier des signes de Jésus; Il le fit à Cana de Galilée. Ainsi Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en Lui. 12 Après cela, Il descendit à Capharnaüm avec sa Mère, ses frères et ses disciples, et ils n’y restèrent que peu de jours. Pâque des Juifs était proche, et Jésus monta à Jérusalem. 14 Il trouva dans le Temple des gens qui vendaient des boeufs, des brebis et des colombes, et les changeurs assis. 15 Et se faisant un fouet avec des cordes, Il les chassa du Temple, ainsi que les brebis et les boeufs; Il jeta par terre la monnaie des changeurs et renversa leurs tables. 16 Et Il dit à ceux qui vendaient des colombes: "Enlevez cela d’ici, et ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic". Ses disciples se souvinrent qu’il est écrit: Le zèle de ta maison me dévorera. 18 Les Juifs répliquèrent donc et dirent à Jésus: "Quel signe nous montres-tu pour agir ainsi?" 19 répondit et leur dit: "Détruisez ce Temple et en trois jours je le relèverai'". 20 Les Juifs Lui dirent alors: " On a mis quarante-six ans pour bâtir ce Temple et toi, en trois jours tu le relèverais!" 21 Mais Lui parlait du Temple de son corps. Lors donc qu’Il fut ressuscité d’entre les morts, ses disciples se souvinrent qu’Il avait dit cela, et ils crurent à l’Ecriture et à la parole que Jésus avait dite. Comme Il était à Jérusalem pour la Pâque pendant la fête, beaucoup crurent en son nom, en voyant les signes qu’Il accomplissait. Mais Jésus, Lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’Il les connaissait tous et qu’Il n’avait pas besoin qu’on Lui rendît témoignage au sujet de l’homme: car Il savait, Lui, ce qu’il y a dans l’homme.

335. Plus haut l’Evangéliste a montré de différentes manières la dignité du Verbe incarné et l’évidence de sa manifestation. Ici, il commence à préciser les effets et les oeuvres qui manifestèrent au monde la divinité du Verbe incarné. Il rapporte d’abord ce que le Christ a fait en ce monde, en y vivant, pour manifester sa divinité [ch. 2 au ch. 11]; puis il expose comment Il l’a manifestée en mourant [ch. 12 au ch. 19].

En ce qui concerne les effets et les oeuvres accomplis par le Christ pendant sa vie, Jean montre la divinité du Christ premièrement dans le pouvoir souverain qu’Il a exercé sur la nature [2], et ensuite par les effets de sa grâce [ch. 3 au eh. 11].

En changeant la nature, le Christ nous révéla son pouvoir souverain sur elle, et de ce changement Il fit un signe pour confirmer ses disciples dans la foi [l’objet de la présente leçon] et pour amener les foules à croire [n° 2, 12-25].

Le changement de la nature destiné à affermir la foi de ses disciples fut accompli au cours des noces où Jésus changea l’eau en vin; Jean y parle d’abord des noces [n° 336], puis de ceux qui y étaient présents [n° 339]; enfin il décrit le miracle même que Jésus y accomplit [n° 344].




Thomas sur Jean 16