Thomas sur Jean 70

70 Jn 10,31-42

1452. La doctrine du Christ ayant été exposée, l’Evangéliste montre l’effet de son enseignement sur les Juifs. D’abord le Seigneur blâme leur fureur; ensuite il refuse le blasphème qu’on lui attribue [n° 1455]; enfin il esquive leur obstination [n° 1467].

I

LES JUIFS APPORTÈRENT DONC DE NOUVEAU DES PIERRES POUR LE LAPIDER.

JÉSUS LEUR RÉPONDIT: "JE VOUS AI MONTRÉ BEAUCOUP DE BONNES OEUVRES, VENANT DE MON PÈRE; POUR LAQUELLE DE CES OEUVRES ME LAPIDEZ-VOUS?"

1453. Au sujet du premier point il fait deux choses. D’abord il expose la fureur des Juifs, fureur dont ils s’enflammaient pour lapider le Christ; c’est pourquoi il dit: LES JUIFS APPORTÈRENT DONC DE NOUVEAU DES PIERRES POUR LE LAPIDER.

En effet, parce qu’ils étaient durs et ne pouvaient comprendre les profondes paroles du Seigneur, semblables à des pierres ils courent vers les pierres 1. — Pendant que je leur parlais, ils me combattaient sans raison Ps 119,7.

1. Cf. SAINT AUGUSTIN, Tract, in la., XLVIII, 8, BA 73 p. 184-185.

1454. Puis, en ajoutant: JE VOUS AI MONTRÉ BEAUCOUP DE BONNES OEUVRES, le Seigneur blâme leur fureur; et d’abord il rappelle les bienfaits qu’il leur a témoignés. Ensuite il blâme leur fureur.

Il rappelle les bienfaits qu’il leur a témoigné dans les guérisons des infirmes, en leur prodiguant un enseignement et des miracles. C’est pourquoi JÉSUS LEUR RÉPONDIT: "JE VOUS AI MONTRÉ BEAUCOUP DE BONNES OEUVRES en guérissant, en prêchant, en accomplissant des miracles — Il a bien fait toutes choses Mc 7,37 — VENANT DE MON PÈRE ", dont j’ai cherché la gloire à travers tout. Plus haut il est dit: Je ne cherche pas ma gloire, mais celle de celui qui m’a envoyé Jn 8,50 Jn 7,18.

Il blâme leur fureur en disant: POUR LAQUELLE DE CES OEUVRES ME LAPIDEZ-VOUS? comme s’il disait: il fallait honorer le bienfaiteur, non le lapider. De même il est dit: Rend-on le mal pour le bien?



II

1455. Le Seigneur se soustrait maintenant à l’accusation du blasphème; on souligne d’abord le blasphème qui lui est imputé par les Juifs, puis sa réfutation par le Christ [n° 1457].



LES JUIFS LUI RÉPONDIRENT: "CE N’EST PAS POUR UNE BONNE OEUVRE QUE NOUS TE LAPIDONS, MAIS POUR UN BLASPHÈME, ET PARCE QUE TOI, ALORS QUE TU ES UN HOMME, TU TE FAIS TOI-MÊME DIEU. "

1456. Là se présentent cinq choses à considérer. La première semble se rapporter au motif de la lapidation, qui est le blasphème. Il est prescrit en effet que ceux qui blasphèment seront lapidés — Fais sortir le blasphémateur hors du camp, tous ceux qui ont entendu poseront leurs mains sur sa tête, et le peuple tout entier le lapidera Et quant à cela, ils disent: CE N’EST PAS POUR UNE BONNE OEUVRE QUE NOUS TE LAPIDONS, MAIS POUR UN BLASPHÈME.
5. Jr 18, 20.
6. Lv 24, 14.


La seconde est qu’ils spécifient le blasphème lui-même. Car blasphémer, ce n’est pas seulement attribuer à Dieu ce qui ne lui convient pas, mais attribuer à quelqu’un d’autre ce qui appartient à Dieu seul. Ainsi, blasphémer, c’est non seulement dire que Dieu est un corps, mais aussi dire qu’une créature peut créer. C’est pourquoi ils disaient: Celui-ci blasphème. Qui peut remettre les péchés, si ce n'est Dieu seul Mc 2,7? Donc les Juifs disaient que le Seigneur était un blasphémateur, non de la première manière, mais en usurpant pour lui-même ce qui était le propre de la divinité. C’est pourquoi ils disaient: PARCE QUE TOI, ALORS QUE TU ES UN HOMME, TU TE FAIS TOI-MÊME DIEU.

La troisième chose est que les Juifs comprirent mieux que les ariens la parole que le Christ avait dite: MOI ET LE PÈRE NOUS SOMMES UN. Ainsi, ils sont en colère parce qu’ils comprirent qu’on ne peut dire: MOI ET LE PÈRE NOUS SOMMES UN que là où existe une égalité entre le Père et le Fils 2, Et c’est ce qu’ils disent: TOI, TU TE FAIS TOI-MÊME DIEU. Ils ne lui disent pas: "tu te dis Dieu", parce que, ce que le Christ dit, ils ne le reconnaissent pas.

La quatrième chose est celle-ci: si grande est la distance entre Dieu et l’homme qu’il leur était incroyable que le même, qui est un homme, soit aussi Dieu. C’est pourquoi ils disent clairement PARCE QUE TOI, ALORS QUE TU ES UN HOMME, TU TE FAIS TOI-MÊME DIEU. Et cependant ils auraient pu être écartés de cette incrédulité par ce qui est dit dans le psaume: Qu’est-ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui, le fils de l’homme pour que tu le visites Ha 1,5? — Moi je vais faire en vos jours une oeuvre que personne ne croirait si on la racontait c’est-à-dire l’oeuvre de l’Incarnation, excédant toute pensée.

La cinquième chose est qu’ils se contre disent eux-mêmes dans leurs propres paroles. Car d’une part ils confessent que le Christ fait de bonnes oeuvres, en disant: CE N’EST PAS POUR UNE BONNE OEUVRE QUE NOUS TE LAPIDONS; et de l’autre ils lui attribuent un blasphème, à savoir qu’il usurpe pour lui faussement l’honneur de Dieu. Et certes ces choses sont contraires il ne pourrait faire des miracles provenant de Dieu s’il blasphémait Dieu, parce que comme il est dit: Un bon arbre ne peut produire des mauvais fruits, ce qui a lieu au plus haut point dans le Christ.

2. Cf. SAINT AUGUSTIN, Tract, in Ioann., XLVIII, 8, BA 73 p. 184-185.
3. Ps 8, 5. Saint Thomas commente: "Le psalmiste rappelle ici deux bienfaits accordés divinement aux hommes f... ]. D’abord il montre la clémence de Dieu pour les hommes, par comparaison avec ce qui est au-dessus des hommes, puis avec le premier homme, et enfin avec ce qui est inférieur à l’homme. Or au-dessus de l’homme il y a deux natures, la nature divine et la nature angélique. Il situe donc d’abord ces bienfaits par rapport à Dieu, puis par
rapport aux anges — Tu l’as fait un peu moindre que les anges. Et ceci d’abord quant aux bienfaits naturels, puis quant aux bienfaits gratuits. f... ] D’abord il expose le soin spécial que Dieu a de l’homme, puis l’intimité [familiaritatem] spéciale qu’il a avec lui, quand il dit: le fils de l’homme. Il est admirable que quelqu’un de grand s’unisse à quelqu’un de petit dans une intimité toute spéciale. C’est pourquoi le psalmiste rappelle d’abord la petitesse de l’homme, quant à sa condition Qu’est-ce que l’homme, une si petite chose? L’homme, né de la femme (Jb 14,1) — L’homme cette pourriture, et le fils de l’homme, un ver Gb 25, 6). Puis quant à son origine, parce qu’elle est vile — Qui peut rendre pur ce qui est conçu d’une semence impure? (Jb 14,4) — Ne m’as-tu pas coulé comme le lait? (J1 10, 10). Et c’est pourquoi il dit ou le fils de l’homme. Mais il dit que pour cet homme si petit, si vil, Dieu fait deux choses: il se souvient de lui et il le visite s (Exp. in Psalmos, 8, n’ 4).
5. Mt 7, 18.





JÉSUS LEUR RÉPONDIT: "N’EST-IL PAS ÉCRIT DANS VOTRE LOI: "MOI J’AI DIT, VOUS ÊTES DES DIEUX"?

SI ELLE APPELLE "DIEUX" CEUX À QUI LA PAROLE DE DIEU A ÉTÉ ADRESSÉE, — ET L’ÉCRITURE NE PEUT ÊTRE ABOLIE -À CELUI QUE LE PÈRE A SANCTIFIÉ ET A ENVOYE DANS LE MONDE VOUS DITES: "TU BLASPHÈMES", PARCE QUE J’AI DIT: "JE SUIS LE FILS DE DIEU" ! "

1457. Ici il récuse le blasphème dont on l’a accusé. D’abord il présente sa défense, puis il montre la vérité de ce qu’il a dit [n° 1464].

Il se disculpe par l’autorité de l’Ecriture. C’est pourquoi d’abord il se fonde sur l’autorité de l’Écriture; ensuite il ouvre leur intelligence [n° 1460]; enfin, à partir de cela, il conclut [n° 1461].

1458. Il dit donc JÉSUS LEUR RÉ PONDIT: "N’EST-IL PAS ÉCRIT DANS VOTRE LOI, à savoir dans le Ps 81,6: "MOI J’AI DIT, VOUS ÊTES DES DIEUX"?

Là il faut savoir que, dans l’Ecriture, le mot "Loi" s’entend de trois manières. Parfois, certes, d’une manière universelle pour l’Ancien Testament tout entier, selon qu’il contient les cinq livres de Moïse, les Prophètes et les hagiographes 2. Et c’est en ce sens-là qu’est pris ici DANS VOTRE LOI, c’est-à-dire dans l’Ancien Testament, parce que cela est écrit dans les Psaumes: c’est pourquoi il est dit "Loi", parce que l’Ancien Testament tout entier se rapporte à l’autorité de la Loi.

Parfois, la "Loi" est prise en tant qu’elle se distingue des Prophètes, des Psaumes et des hagiographes, selon ce qui est dit dans saint Luc: Il faut que s’accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la Loi, les Prophètes et les Psaumes Lc 24,44.

Parfois, la "Loi" est prise en tant que séparée seulement des Prophètes. Et ainsi les Psaumes et les autres livres de l’Ancien Testament, excepté le Pentateuque, sont inclus dans les Prophètes, du fait que c’est par un esprit prophétique que l’Ecriture de l’Ancien Testament est venue au jour. Et c’est de cette manière qu’elle est prise en saint Matthieu: A ces deux commandements est suspendue toute la Loi, ainsi que les Prophètes 4.

Ainsi donc il est écrit MOI J’AI DIT, VOUS ÊTES DES DIEUX.

1459. Là, il faut savoir que le nom "Dieu" est pris de trois manières. Parfois, en effet, il signifie la nature divine elle-même, et c’est seulement ainsi qu’il est dit au singulier — Ecoute, Israël, le Seigneur ton Dieu est l’unique 5.

Parfois "Dieu" est dit d’une manière purement nominale, et c’est de cette manière que les idoles sont dites des dieux Démons tous les dieux des nations 6.

Mais parfois quelqu’un est dit "Dieu" par une certaine participation de la divinité, ou d’une puissance très excellente qui lui est donnée divinement. Et de cette manière même les juges sont dits "dieux" dans l’Ecriture — Tu les dirigeras vers les dieux, c’est-à-dire vers les juges 7. — Tu ne décrieras pas les dieux, c’est-à-dire les prélats 8. Et c’est de cette manière qu’est pris ici le nom "Dieu" quand il dit: Moi j’ai dit, vous êtes des dieux, c’est-à-dire participants de la vertu divine [au-delà de] la nature humaine.

2. Cette division est la division de la Bible hébraïque. Celle-ci se divise en trois parties — la Loi (Torah), contenant les cinq livres dits " de Moïse " ou Pentateuque — les Nebiim, c’est-à-dire les Prophètes les Ketoubim, écrits appelés aussi hagiographes (Saintes Ecritures), qui contiennent les Psaumes, le livre de Job, les Proverbes, etc. Voir E. OSTY et J. TRINQUET, Introduction à la Bible, Paris, Ed. du Seuil, 1973, p. 14-15.
4. Mt 22, 40.
5. Dt 6, 4.
6. Ps 95, 5.
7. Ex 22, 8.
8. Ex 22, 28.         -



SI ELLE APPELLE "DIEUX" CEUX A QUI LA PAROLE DE DIEU A ETE ADRESSEE, -ET L’ÉCRITURE NE PEUT ÊTRE ABOLIE.

1460. Ici, il ouvre l’esprit à cette autorité dont il a parlé 10, comme s’il disait: il les a appelés dieux en tant qu’ils participent quelque chose de la divinité selon la participation à la parole de Dieu qui leur a été annoncée. Car par la parole de Dieu l’homme obtient une participation de la puissance et de la pureté divines 11. Plus bas il est dit: Déjà vous êtes purs à cause de la parole que je vous ai dite Jn 15,3. Et dans le livre de l’Exode il est dit que le visage de Moïse a été rendu resplendissant d’avoir été uni à la parole de Dieu Ex 34,29.

9. Aperit sensum cf. Lc 24, 45 Tunc aperuit illis sensum, ut intellegerent scripturas.
10. Cf. n° 1457.
11. Voir Préface, p. 9, note 6.


À partir de ce qui a été dit auparavant, on pourrait argumenter ainsi. Il est manifeste que quelqu’un, par participation du Verbe de Dieu, est fait Dieu d’une manière participée. Mais une réalité n’en devient une autre d’une manière participée que par participation de ce qui est tel par son essence. Par exemple, elle ne devient feu d’une manière participée que par participation du feu par essence. Donc, quelque chose ne devient Dieu d’une manière participée que par participation de celui qui est Dieu par essence: donc le Verbe de Dieu, c’est-à-dire le Fils lui-même, par participation de qui quelqu’un est fait Dieu, est Dieu par essence. Mais le Seigneur voulut argumenter contre les Juifs humainement plutôt que d’une manière aussi profonde. Et il dit: ET L’ÉCRITURE NE PEUT ÊTRE ABOLIE, pour montrer la vérité irréfutable de l’Ecriture: A jamais, Seigneur, ta parole demeure Ps 118,89.




À CELUI QUE LE PÈRE A SANCTIFIÉ ET A ENVOYÉ DANS LE MONDE VOUS DITES: "TU BLASPHÈMES", PARCE QUE J’AI DIT: "JE SUIS LE FILS DE DIEU"!

1461. Ensuite il conclut. Et si, d’après Hilaire 4, nous rapportons cela au Christ en tant qu’il est homme, alors en voici le sens: certains hommes sont dits des dieux par la seule participation à la parole de Dieu; comment donc dites-vous: TU BLASPHÈMES, c’est-à-dire comment considérez-vous comme un blasphème que cet homme soit dit Dieu, lui qui est uni dans la personne [in persona] au Verbe de Dieu? Et c’est pourquoi il dit: CELUI QUE LE PÈRE A SANCTIFIÉ.

Bien que Dieu sanctifie tous ceux qui sont sanctifiés — Sanctifie-les dans la vérité Jn 17,17 —, il a cependant sanctifié le Christ d’une manière spéciale. Car il sanctifie les autres pour qu’ils soient fils adoptifs: Vous avez reçu l’esprit de fils d’adoption (Rm 8,15) 6, mais il a sanctifié le Christ pour qu’il soit Fils de Dieu par nature, uni dans la personne [in persona] au Verbe de Dieu, ce que ces paroles montrent de deux manières.

D’abord par le fait qu’il dise: CELUI QUE LE PÈRE A SANCTIFIÉ. Si en effet il sanctifie comme Père, il est manifeste qu’il sanctifie dans le Fils — Celui qui a été prédestiné Fils de Dieu dans la puissance de Dieu selon l’esprit de sanctification (Rm 1,4) 7.

4. De Trinitate, VII, 23-25, CCL vol. LXII, p. 287-291.
6. En le distinguant de l’esprit de crainte, saint Thomas montre que cet esprit "est l’esprit de charité, qui est celui des fils d’adoption, c’est-à-dire par lequel nous sommes adoptés comme fils de Dieu — Pour que nous recevions l’adoption des fils (Ga 4,5). Mais l’Apôtre ne dit pas cela comme si c’étaient deux esprits différents; mais c’est le même esprit qui en certains produit la crainte servile comme quelque chose d’imparfait, et en d’autres produit l’amour comme quelque chose de parfait" (Ad Rom. lece., VIII, n° 643).
7. Saint Thomas commente très longuement ce passage de l’épître aux Romains. Citons seulement ce qui se rapporte plus directement au verset de saint Jean commenté ici " Il est manifeste que ce qui est par soi est la mesure et la règle des choses qui sont dites par un autre et par participation. C’est pourquoi la prédestination du Christ, qui est prédestiné à être Fils de Dieu par nature [n° Dei naturalis], est la mesure et la règle de notre vie, et ainsi de notre prédestination, car nous sommes prédestinés à une filiation adoptive qui est une certaine participation et une image de la filiation naturelle Ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à devenir conformes à l’image de son Fils. Donc, comme le Christ-homme n’est pas prédestiné à cause de mérites antérieurs, mais à partir de la grâce seule, de telle sorte qu’il est Fils de Dieu par nature, de même nous aussi, nous sommes prédestinés à partir de la grâce seule et non de nos mérites à être fils adoptifs, selon cette parole: Ne dis pas dans ton coeur, quand le Seigneur ton Dieu les aura détruits en ta présence: C’est à cause de ma justice que Dieu m’a introduit pour que je possède cette terre (Dt 9,4)... s (Ad Rom. lect., I, n° 48).


En second lieu par le fait qu’il dise: ET ENVOYÉ DANS LE MONDE. Etre envoyé dans un lieu, en effet, ne convient à une réalité que si elle a existé avant d’être là. Donc celui que le Père a envoyé dans le monde, c’est-à-dire d’une manière visible, est le Fils de Dieu qui a existé avant d’être vu visiblement 8. Parce que, comme il est dit plus haut: Il était dans le monde, et le monde a été fait par lui Jn 1,10. Et encore: Dieu en effet n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde Jn 3,17. À CELUI DONC QUE LE PÈRE A ENVOYÉ DANS LE MONDE, VOUS DITES "TU BLASPHÈMES", PARCE QUE J’AI DIT: "JE SUIS LE FILS DE DIEU". Autrement dit, moi, qui suis uni au Verbe de Dieu dans la personne [in persona], je peux dire cela beaucoup plus que ceux À QUI LA PAROLE DE DIEU A ÉTÉ ADRESSÉE.

8. Qui praeexistit visibili visioni, littéralement qui préexiste à la vision visible, sensible.

1462. Mais d’où les Juifs ont-ils tenu que le Christ serait le Fils de Dieu? Le Seigneur en effet ne l’a pas dit expressément.
A cela il faut répondre que, bien que le Seigneur ne l’eût pas dit expressément, cependant, à partir des paroles qu’il a dites: MOI ET LE PÈRE NOUS SOMMES UN et: LE PÈRE QUI ME LES A DONNÉES EST PLUS GRAND QUE TOUT, ils comprirent qu’il avait reçu la nature du Père, et qu’il était un dans la nature avec lui. Or cela, à savoir recevoir de quelqu’un la même nature et l’être, a raison de filiation 3.
3. Cf. I 27,2.

1463. Si, en suivant Augustin 4, nous rapportons CELUI QUE LE PÈRE A SANCTIFIÉ au Christ en tant qu’il est Dieu, alors le sens est celui-ci: CELUI QUE LE PÈRE A SANCTIFIÉ, c’est-à-dire a engendré saint depuis l’éternité. Mais ce qui suit doit être exposé de la même manière que ce que Hilaire expose. Cependant, on l’explique mieux si on rapporte tout au Christ en tant qu’il est homme.

4. Saint Thomas indique ici l’interprétation générale de saint Augustin (Tract. in Ioann., XLVIII, 9, BA T3 p. 186-189) dont il s’est inspiré dans les deux paragraphes qui précèdent.





SI JE NE FAIS PAS LES OEUVRES DE MON PÈRE, NE ME CROYEZ PAS.

MAIS SI JE LES FAIS, ET SI VOUS NE VOULEZ PAS CROIRE EN MOI, CROYEZ DANS LES OEUVRES, AFIN DE CONNAÎTRE ET DE CROIRE QUE LE PÈRE EST EN MOI ET MOI DANS LE PÈRE.

1464. Ici, il prouve la vérité de ce qui a été dit, comme s’il avait dit: bien que selon votre opinion je sois homme seulement, cependant je ne blasphème pas en disant que moi je suis vraiment Dieu, parce que je le suis de la manière la plus vraie.

C’est pourquoi à ce sujet il fait deux choses. D’abord il met en avant l’argument des oeuvres, ensuite il infère la conclusion qu’il a en vue [n° 1466].



SI JE NE FAIS PAS LES OEUVRES DE MON PÈRE, NE ME CROYEZ PAS. MAIS SI JE LES FAIS, ET SI VOUS NE VOULEZ PAS CROIRE EN MOI, CROYEZ DANS LES OEUVRES.

1465. Au sujet du premier point, il fait deux choses. D’abord il dit que sans les oeuvres ils seraient excusables. Et il dit: SI JE NE FAIS PAS LES OEUVRES DE MON PÈRE, c’est-à-dire les mêmes que lui-même fait, et par la même puissance et le même pouvoir, NE ME CROYEZ PAS — Tout ce que le Père fait, le Fils le fait pareillement Jn 5,19.

En second lieu, il dit que c’est à partir des oeuvres elles-mêmes qu’ils seront convaincus, en disant: SI JE LES FAIS, c’est-à-dire les mêmes oeuvres que le Père fait; et SI VOUS NE VOULEZ PAS CROIRE EN MOI, qui apparais comme un fils d’homme, CROYEZ DANS LES OEUVRES; c’est-à-dire les oeuvres elles-mêmes démontrent que moi je suis Fils de Dieu. Plus bas il est dit: Si je n'avais pas fait parmi eux les oeuvres que nul autre n’a faites, ils n’auraient pas de péché Jn 15,24.


AFIN DE CONNAÎTRE ET DE CROIRE QUE LE PÈRE EST EN MOI ET MOI DANS LE PÈRE.

1466. Ensuite il infère la conclusion qu’il a en vue. En effet, il ne peut y avoir aucun indice plus évident de la nature d’une réalité que ce qu’on saisit à partir de ses oeuvres; d’une manière évidente, on peut donc reconnaître et croire au sujet du Christ qu’il est Dieu, par cela qu’il fait les oeuvres de Dieu. Et c’est pourquoi il dit à partir des oeuvres elles-mêmes je [vous] convaincrai afin que vous connaissiez et croyiez ce que vous ne pouvez voir de vos yeux, c’est-à-dire QUE LE PÈRE EST EN MOI, ET MOI DANS LE PÈRE. Plus bas il est dit: Moi je suis dans le Père et le Père est en moi Et il faut comprendre que c’est par l’unité de l’essence. Et c’est en quelque sorte la même chose [de dire]: Le Père est en moi, et moi dans le Père, et MOI ET LE PÈRE NOUS SOMMES UN.

Hilaire 2 expose bien cela en disant qu’il y a une différence entre Dieu et l’homme car l’homme, puisqu’il est composé, n’est pas sa nature, mais Dieu, puisqu’il est absolument simple, est son être et sa nature. Donc en quiconque est la nature de Dieu, là est Dieu. Donc, comme le Père est Dieu et le Fils est Dieu, partout où est la nature du Père, là est le Père, et partout où est la nature du Fils, là est le Fils. Puisque donc la nature du Père est dans le Fils, et inversement, le Père est donc dans le Fils et inversement. Mais comme le dit Augustin 3, bien que Dieu soit dans l’homme et l’homme en Dieu — Celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu et Dieu en lui 1Jn 4,16—, il ne faut pas le comprendre par l’unité de l’essence. Mais l’homme est en Dieu, c’est-à-dire sous la protection et le secours divin, et Dieu est dans l’homme par la similitude de sa grâce; tandis que le Fils unique est dans le Père, et le Père en lui, en tant qu’égal.

1. Jn 14, 10.
2. De Trinitate, VII, 28-29, p. 295-297.
3. Tract, in Ioann., XLVIII, 10, BA 73’), p. 190-191.

III

ILS CHERCHAIENT DONC À L’APPRÉHENDER ET IL S’ÉCHAPPA DE LEURS MAINS.

ET IL S’EN ALLA DE NOUVEAU DE L’AUTRE CÔTÉ DU JOURDAIN, DANS UN LIEU OÙ JEAN ÉTAIT D’ABORD À BAPTISER, ET IL DEMEURA LÀ; ET BEAUCOUP VINRENT À LUI, ET ILS DISAIENT: "JEAN CERTES N’A FAIT AUCUN SIGNE. MAIS TOUT CE QUE JEAN A DIT DE CELUI-CI ÉTAIT VRAI." ET BEAUCOUP CRURENT EN LUI.

1467. Ici le Seigneur désarme l’obstination des Juifs. D’abord il montre leur obstination, ensuite il l’esquive [n° 1469], enfin il en montre l’effet [n° 1470].




ILS CHERCHAIENT DONC À L’APPRÉHENDER.

1468. Il montre leur obstination par le fait qu’après tant d’exemples de vérité, après tant de preuves de miracles et d’oeuvres miraculeuses, ils avaient persévéré encore dans la malice. C’est pourquoi ILS CHERCHAIENT DONC À L’APPRÉHENDER: non pour croire et pour comprendre, mais pour s’acharner avec fureur et pour tuer. Car, parce qu’il avait exprimé d’une manière plus évidente son égalité avec le Père, ils s’excitèrent davantage — Ils se sont emparés du mensonge et n'ont pas voulu se retourner
5. Post tot veritatis documenta.
6. Jr 8, 5.





ET IL S’ÉCHAPPA DE LEURS MAINS. ET IL S’EN ALLA DE NOUVEAU DE L’AUTRE CÔTÉ DU JOURDAIN, DANS UN LIEU OÙ JEAN ÉTAIT D’ABORD À BAPTISER, ET IL DEMEURA LÀ.

1469. Le Seigneur désarme leur fureur en leur échappant; c’est pourquoi il dit: ET IL S’ÉCHAPPA DE LEURS MAINS. Là, on montre en premier lieu comment il les a abandonnés, c’est-à-dire en échappant à leurs mains; et cela pour deux raisons.

D’abord pour montrer qu’on ne pouvait le retenir que quand il le voulait: Jésus, passant au milieu d’eux, allait son chemin Lc 4,30. Plus haut, dans le même chapitre, il est dit: Personne ne m'enlève ma vie, mais moi je la livre de moi-même Jn 10,18. Ensuite pour nous donner l’exemple d’esquiver la fureur des mauvais quand cela peut être fait sans danger pour la foi — Ne te tiens pas devant le visage de celui qui te cherche querelle Si 8,14.

En second lieu on montre où il s’en est allé en leur échappant; c’est pourquoi il dit: ET IL S’EN ALLA DE NOUVEAU DE L’AUTRE CÔTÉ DU JOURDAIN, DANS UN UEU OÙ JEAN ÉTAIT D’ABORD À BAPTISER.

Et certes, la cause mystique de cela est qu’un jour il devrait aller, par ses Apôtres, convertir les nations.

Mais il y a [à cela] deux causes littérales. L’une est que le lieu était proche de Jérusalem et que, déjà, le temps de la Passion était imminent: c’est pourquoi il ne voulait pas s’éloigner. La seconde est celle-ci: c’est pour rappeler à la mémoire le témoignage que Jean a porté là, en cet endroit, en disant: Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève le péché du monde Jn 1,29, et le témoignage du Père et du Fils donné au Christ dans le baptême.




ET BEAUCOUP VINRENT À LUI, ET ILS DISAIENT: "JEAN CERTES N’A FAIT AUCUN SIGNE. MAIS TOUT CE QUE JEAN A DIT DE CELUI-CI ÉTAIT VRAI. " ET BEAUCOUP CRURENT EN LUI.

1470. L’effet fut la conversion des foules à la foi; et cette conversion est décrite sous trois aspects. D’abord quant à la manifestation de l’oeuvre. C’est pourquoi il dit: ET BEAUCOUP VINRENT À LUI, c’est-à-dire par le moyen de l’imitation des oeuvres: Venez vers moi, vous tous qui peinez et ployez sous k fardeau, et moi je vous donnerai le repos Mt 11,28.

En second lieu quant à la confession de la bouche: c’est pourquoi ILS DISAIENT: "JEAN, CERTES, N’A FAIT AUCUN SIGNE. MAIS TOUT CE QUE JEAN A DIT DE CELUI-CI ÉTAIT VRAI. " Là, d’abord, ils confessent l’éminence du Christ par rapport à Jean; c’est pourquoi ils disaient que JEAN […] N’A FAIT AUCUN SIGNE.

Certes, la raison en fut que Jean a été envoyé comme témoin du Christ; c’est pourquoi il fallait qu’il en soit devenu digne par la foi, et il fallait qu’un témoignage vrai soit donné — ce qui se réalise d’une manière convenable par la sainteté de la vie. Tandis que le Christ vint comme Dieu, et c’est pourquoi il fallait qu’il montre en lui-même les signes de la puissance divine. Ainsi, Jean se signalait par la sainteté de sa vie; mais le Christ, en plus de cela, accomplissait aussi des oeuvres qui manifestaient la puissance divine. On observait aussi cette coutume chez ceux qui exerçaient le pouvoir dans l’Antiquité: en présence d’un pouvoir plus élevé, un pouvoir moindre n’utilisait pas les insignes de sa puissance. C’est pourquoi en présence du dictateur les consuls déposaient leurs insignes. Donc il ne convint pas que Jean, qui était d’une moindre puissance, comme précurseur et témoin, utilisât en présence du Christ les signes de la puissance divine; mais seulement le Christ.

6. Cf. Rm 10, 10.


Ensuite ils confessent la vérité du témoignage de Jean au sujet du Christ; c’est pourquoi ils disaient: TOUT CE QUE JEAN A DIT DE CELUI-CI, c’est-à-dire du Christ, ÉTAIT VRAI, comme s’ils disaient: et si Jean n’a fait aucun signe, cependant au sujet du Christ il a tout dit d’une manière vraie.

Troisièmement ils confessent la foi du coeur: c’est pourquoi l’Évangéliste dit: ET BEAUCOUP CRURENT EN LUI. Comme Augustin le dit 1, ils ont saisi le Christ alors qu’il demeurait là, lui que les Juifs voulaient saisir alors qu’il s’éloignait, parce qu’ils étaient venus au jour par la lampe Jean en effet était la lampe 2 et il rendait témoignage au Jour 3.

1. Tract, in la., XLVIII, 12, BA 73", p. 195. Cf. XXXV, 6, BA 73 p. 161; et 8, p. 167.
2. Cf. Jn 5, 35. Voir n° 811-813.
3. Cf. n° 1491, note 12.




CHAPITRE XI: La puissance vivificatrice du Christ confirmée par un miracle

71 Jn 11

1471. Plus haut, le Seigneur a montré sa puissance vivificatrice par la parole [n° 1364], ici il la confirme par un miracle, en ressuscitant quelqu’un d’entre les morts, Lazare. L’Evangéliste montre d’abord la maladie de Lazare [n° 1472] et son relèvement, [alors qu’il était] déjà mort [n° 1480]; il expose ensuite les effets de la résurrection [n° 1563].



Jean 11, 1-5:LA MALADIE ET LA MORT DE LAZARE

Jn 11,1-5


Il commence par montrer la maladie de Lazare, puis l’annonce de cette maladie [n° 1475], ensuite il donne la raison de ce dont il vient de parler [n° 1476].



A. LA MALADIE DE LAZARE






IL Y AVAIT UN MALADE, LAZARE, DE BÉTHANIE, LE VILLAGE DE MARIE ET DE MARTHE, SES SOEURS.

MARIE ÉTAIT CELLE QUI OIGNIT LE SEIGNEUR DE PARFUM ET LUI ESSUYA LES PIEDS AVEC SES CHEVEUX; ET C’ÉTAIT ELLE DONT LE FRÈRE LAZARE ÉTAIT MALADE.

L’Évangéliste décrit la personne malade, puis le lieu où elle languit, enfin la personne qui lui est intimement unie [n° 1474].



IL Y AVAIT UN MALADE, LAZARE.

1472. La personne malade, c’est Lazare. Il représente ici celui qui a la foi, qui espère en Dieu, et cependant souffre la maladie du péché, celle dont il est dit: Aie pitié de moi, Seigneur, car je suis malade. En effet, Lazare a le sens de "secouru par le Seigneur", c’est pourquoi il signifie celui qui espère dans le secours divin — Mon secours vient du Seigneur

1. Ps 6, 3. En commentant ce verset, saint Thomas dit s Le péché est une maladie spirituelle; car la maladie corporelle survient par suite de la corruption de la juste proportion [ex solutione debitae proportionis] des humeurs. Ainsi, quand les affections de l’âme ne sont pas proportionnées, il y a là une maladie spirituelle. Voilà pourquoi le psalmiste dit Je suis malade. Et la Glose dit s Je suis malade par nature et par le vice, au point que je ne peux soutenir ta justices (Exp. in Psalmos, 6, n 2).
2. Cf. SAINT JÉRÔME, Liber interpr. hebr. nom., Lc 65, 7 (Lag. ), CCL, vol. LXXII, p. 140.





DE BÉTHANIE, LE VILLAGE DE MARIE ET DE MARTHE.

1473. Le lieu du malade était Béthanie. Ce Béthanie-là était un bourg proche de Jérusalem, où le Seigneur avait coutume d’être fréquemment reçu, comme l’Evangéliste l’a souvent dit plus haut. Elle a le sens de "maison de l’obéissance". Par là est donné à entendre que si un malade obéit à Dieu, il peut être guéri facilement par lui, de même que le malade obéissant au médecin obtient le bienfait de la Santé plus facilement. C’est pourquoi les serviteurs de Naaman lui dirent Père, quand bien même le prophète t’aurait prescrit quelque chose de grand, certainement tu l’aurais fait 4!

Ce village de Béthanie était celui de Marie et de Marthe, les soeurs de Lazare elles signifient deux vies, la vie active et la vie contemplative; par là est donné à entendre que, par l’obéissance, l’homme est rendu parfait dans la vie active et dans la vie contemplative.



MARIE ÉTAIT CELLE QUI OIGNIT LE SEIGNEUR DE PARFUM ET LUI ESSUYA LES PIEDS AVEC SES CHEVEUX; ET C’ÉTAIT ELLE DONT LE FRÈRE LAZARE ÉTAIT MALADE.

1474. La personne qui lui est intimement unie était Marie. Parce qu’il vient de mentionner Marie et qu’il y avait plusieurs femmes portant ce nom, pour que nous ne nous trompions pas à cause du nom, il la décrit par une action très connue, disant: CELLE QUI OIGNIT LE SEIGNEUR DE PARFUM ET LUI ESSUYA LES PIEDS AVEC SES CHEVEUX.

Au sujet de cette Marie, il existe chez les saints une diversité [d'opinions]. Certains, comme Jérôme 5 et Origène 6 disent en effet que cette Marie, soeur de Lazare, n’est pas la même que celle qui était pécheresse, dont il est dit qu’elle apporta un vase d’albâtre plein de parfum, et [que] se tenant par — derrière à ses pieds, elle commença à arroser ses pieds de larmes, et elle les essuyait avec ses cheveux 7. C’est pourquoi, comme le dit Chrysostome 8, Marie ne fut pas cette femme de mauvaise vie dont parle l’évangile de saint Luc. Elle fut en effet droite 9 et ardente dans sa manière de recevoir le Christ — de fait, on tait le nom de cette pécheresse. Et cette Marie a pu avoir fait à l’égard du Christ, au temps de sa Passion, par dévotion 10 et par une dilection spéciale, la même oeuvre que fit pour lui cette pécheresse diligente et contrite 11. Ce fait est ici cité par l’Evangéliste par anticipation, à cause du grand nombre [de femmes] du nom de Marie.

Certains autres, comme Augustin 12 et Grégoire 13, disent que cette Marie dont on parle ici est la pécheresse dont parle saint Luc 14. Et Augustin tire argument de cette parole [pour l’affirmer]. En effet, l'Evangéliste parle ici avant que Marie ait oint le Seigneur de parfum, car cela eut lieu alors que la Passion était imminente: Marie donc prit une livre d’un parfum de nard pur, de grand prix, et oignit les pieds de Jésus 1. C’est pourquoi il affirme que le fait que l’Evangéliste mentionne ici à son sujet est rapporté dans le chapitre VII de saint Luc. Quant à Ambroise 2 il soutient l’une et l’autre opinions. Donc selon l’opinion d’Augustin, il est manifeste que la pécheresse dont parle Luc est cette Marie.

1. Auxilium chez saint Thomas, le mot auxilium signifie bien le secours actuel efficace de Dieu, à la différence d’une qualité donnée gratuitement (la grâce sanctifiante). Voir notamment Somme théol., I-II, q. 109.
2. Ps 120, 2.
3. Cf. SAINT AMBROISE, Traité sur l’évangile de saint Luc (7, 36), VI,
13, SC 45 bis, p. 232. SAINT JÉRÔME, De interpr. hebr. nom., CCL, vol. LXXII, p. 135.


4. 2 R 5, 13.
5. Comm. sur saint Matthieu, L. IV, chap. 26, 7, SC 259, p. 237.
6. Series veteris interpretationis commentariorum Origenis in Matthaeum, n° 77, PG 13, col. 1 721-1 722.
7. Lc 7, 37-38.
8. In loannem hom., LXII, 1, PG 59, col. 342.
9. Le terme s droite * traduit le latin honesta, littéralement honnête, vertueuse; dans son sens profond, l’homme honnête s est celui qui atteint parfaitement sa finalité humaine, et qui par là se qualifie d’une manière ultime. C’est ce qu’Aristote entend quand il parle de l’amitié honnête, c’est-à-dire parfaite, pleinement humaine (cf. Ethique à Nicomaque, VIII, 3-6, 1156 a 6-1157 b 7).
10. Sur la devotio, cf. n° 843, note 5; voir aussi n° 1391, note 6.
11. Nous traduisons ainsi le latin compuncta. Saint Thomas, en effet, parle très peu de la compunctio et semble ne pas la distinguer de la contritio, à la différence de nombreux Pères de l’Eglise (cf. art. s Componction", Dictionnaire de spiritualité, t. II, col. 1312-1321).
12. De consensu evangelistarum, L. II, chap. 79, PL 34, col. 1154-1155.
13. XL homiliae in Evangelia, 25, PL 76, col. 1189.
14. Cf. Lc 7, 37-50.


DONT LE FRÈRE LAZARE ÉTAIT MALADE: son corps digne de pitié, oppressé par des fièvres brûlantes, portait en lui comme un feu rongeur.



B. LES SOEURS DE LAZARE ANNONCENT SA MALADIE AU CHRIST






SES SOEURS ENVOYÈRENT DONC DIRE À JÉSUS "SEIGNEUR, VOILÀ QUE CELUI QUE TU AIMES EST MALADE."

1475. L’Évangéliste montre ici l’an nonce de la maladie par les soeurs de Lazare, qui étaient auprès du malade, affligées du malheur du jeune homme souffrant.

Dans cette annonce, trois choses sont à considérer. D’abord, que les amis de Dieu sont quelquefois affligés dans leur corps 3. C’est pourquoi, que quelqu’un soit par fois accablé dans son corps n’est pas le signe qu’il n’est pas l’ami de Dieu, ainsi qu’Eliphaz le reprochait faussement à Job Souviens-toi, je te prie qui a jamais péri innocent? Ou quand des hommes droits ont-ils été détruits Jb 4,7? Et c’est pourquoi elles disent: SEIGNEUR, VOILÀ QUE CELUI QUE TU AIMES EST MALADE — Le Seigneur corrige celui qu’il aime, et comme un père en son fils il met sa complaisance Pr 3,12.

Ensuite, elles ne disent pas: "Seigneur viens, guéris-le", mais exposant seulement sa maladie, elles disent: IL EST MALADE 6. Par là est signifié qu’il suffit à l’ami d’exposer seulement une nécessité, sans ajouter une demande. Car l’ami, puisqu’il veut le bien de son ami comme son propre bien, de même qu’il est soucieux de repousser son mal propre, l’est aussi de repousser le mal de son ami 7. Et cela est vrai au plus haut point de celui qui aime de la manière la plus vraie — Le Seigneur garde ceux qu’il aime Ps 144,20.



l. Jn 12, 3.
2. Traité sur l’évangile de saint Luc, VI, 14, SC 45 bis, p. 233. Saint Ambroise laisse la question ouverte, mais semble pencher vers l’unité des deux Marie. Il faut remarquer qu’il s’appuie sur les récits de Mt 26 et de Lc 7 sans faire intervenir celui de Jn 11.
3. Cf. SAINT JEAN CHRYSOSTOME, In loannem hom., LXII, 1, PG 59, col. 341 et 343.
6. Cf. SAINT AUGUSTIN, Tract, in Ioann., XLIX, 5, BA 73 p. 210-211.
7. Saint Thomas se sert ici de tout ce qu’Aristote s pu découvrir, en philosophe, sur l’amour d’amitié. Citons quelques-unes de ses affirmations Dans la pauvreté et dans les autres malheurs, le seul refuge auquel on pense, ce sont les amis. [n° d’amitié est nécessaire] aux jeunes pour les préserver de l’erreur; aux vieillards pour leur assurer des soins et suppléer au manque d’activité dû à la faiblesse; à ceux enfin qui sont dans la force de l’âge [n° pour les inciter aux nobles actions: "Quand deux vont de compagnie car on est alors plus capable de penser et d’agir [n° s (Ethique à Nicomaque, VIII, 1, 1155 a Il-16). Chacun des deux amis " est à la fois bon absolument et pour l’ami; en effet, les hommes bons sont bons d’une manière absolue et utiles les uns aux autres s (Ba 4,132 Ba 12-14). Saint Thomas, dans de nombreux lieux de sa théologie, reprend en les explicitant et en les approfondissant les affirmations d’Aristote sur l’amour d’amitié. Citons par exemple la question où saint Thomas étudie les effets de l’amour: "Dans l’amour d’amitié, celui qui aime est en celui qui est aimé, en tant qu’il considère les biens ou les maux de l’ami comme les siens propres, et la volonté de l’ami comme la sienne propre, de telle sorte que lui-même semble pâtir et être affecté des biens ou des maux en son ami. Et à cause de cela, le propre des amis est de "vouloir les mêmes choses et de s’attrister et de se réjouir dans les mêmes choses", selon ce que dit le Philosophe. Ainsi, en tant qu’il estime bien ce qui est de l’ami, celui qui aime semble être dans celui qui est aimé, en quelque sorte devenu une même chose avec celui qui est aimé. ., s (Somme théol., I-II, q. 28, a. 2). " L’amour d’amitié cherche le bien de l’ami. Aussi, quand il est intense, il fait que l’homme est mû contre ce qui s’oppose au bien de l’ami. ., " (ibid., a. 3). Dans le Contra Gentiles, à propos de la personne de l’Esprit Saint, saint Thomas dit aussi: Ce n’est pas seulement le propre de l’amitié qu’on révèle ses secrets à l’ami à cause de l’unité d’amour; mais cette même unité demande que cela aussi que l’on a, on le communique à l’ami. En effet, puisque l’homme tient l’ami pour un autre lui-même, il est nécessaire qu’il lui vienne en aide, comme à lui-même, en lui communiquant ce qui lui appartient en propre. Aussi dit-on que le propre de l’amitié est de vouloir et de faire le bien pour l’ami, selon cette parole de la première épître de saint Jean Si quelqu’un a de quoi vivre en ce monde et voit son frère dans la nécessité, et lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui? (1Jn 3,17)" (Contra Gentiles IV, 21). s Or c’est le propre de l’amitié qu’on se réjouisse dans la personne de l’ami, qu’on trouve sa joie dans ses paroles et ses gestes, et qu’on trouve en lui la consolation contre toutes les anxiétés; c’est pourquoi, dans les tristesses, c’est plus que tout auprès des amis que nous trouvons refuge, à cause de la consolation [n° nous trouvons en eux) (1Jn 22).





Enfin ces deux soeurs, désirant la guérison de leur frère malade, n’allèrent pas personnellement à la rencontre du Christ, comme Jaïre 2 et le centurion et cela à cause de la confiance qu’elles avaient dans le Christ, à cause de la dilection spéciale et de la familiarité que le Christ leur avait témoignées. Et peut-être étaient-elles retenues par l’affliction, comme le dit Chrysostome 6 — Tel est ami pour partager ta table, et qui ne le restera pas au jour du malheur. L’ami, s’il demeure ferme, sera pour toi comme un égal, il agira pour ceux de ta maison en toute confiance 7.

2. Cf. Lc 8,41.
3. Cf. Mt 8, 5.
4. La dilectio est l’aspect qualitatif de l’amour celui-ci peut très bien ne pas impliquer d’acte particulier, mais peut aussi impliquer un choix personnel, un amour de préférence. Dans la Somme théo logique, saint Thomas affirme que la dilectio est s l’acte principal de la charité s, qui est une amitié divine voir II-II, q. 27.
5. Le mot latin famiiaritas n’a aucunement, chez saint Thomas, le sens péjoratif que peut avoir de nos jours le mot français. La fami hantas, chez saint Thomas, c’est l’intimité que peuvent avoir entre elles des personnes qui s’aiment, et qui se respectent en proportion même de leur amour mutuel. Dans son commentaire du Pater, où il montre que la prière fait de nous des familiers (des intimes *) de Dieu (In orationem daminicalem expositio, n° 1027), saint Thomas nous dit que la familiarité de Dieu avec l’homme est signifiée par les paroles qui es aux cieux s, si nous entendons par "cieux" les saints eux-mêmes, En effet, certains ont dit que Dieu, parce qu’il est élevé au-dessus de tout, ne se soucie pas des choses humaines; mais il faut au contraire penser qu’il est proche de nous, bien plus, qu’il est au plus intime de nous-mêmes. Car il est aux cieux c’est-à-dire dans les saints, que le psaume appelle "cieux" — Les cieux racontent la gloire de Dieu... (Ps 18,2) — et Jérémie dit Tu es en nous, Seigneur (Jr 14,9) " (ibid., n°1041). — Saint Thomas note souvent, avec beaucoup de finesse, qu’une familiarité excessive nuit au respect et engendre le mépris s Ne te montre trop familier avec personne, car une trop grande familiarité engendre le mépris et fournit occasion de se soustraire à l’étude conseille t-il à frère Jean (De mode studendi, n° 8). Mais cette familiarité excessive qui nuit à l’amour ne peut exister qu’entre les hommes, en raison même de leur imperfection. Avec Dieu il en va tout autrement. " Le commerce habituel avec les hommes et une familiarité excessive diminuent le respect de l’amour et engendrent le mépris; si bien que, généralement, ceux que nous traitons plus familièrement, nous les respectons moins, et nous avons plus de considération pour ceux avec qui l’intimité n’est pas possible. Mais quand il s’agit de Dieu, c’est le contraire qui arrive. Plus on entre dans son intimité par l’amour et la contemplation, plus, reconnaissant son excellence, on le respecte avec amour et plus on s’estime petit — . 7e t’avais entendu de mon oreille mais maintenant mon oeil te voit c’est pourquoi je m’accuse moi-même, et je fais pénitence dans la poussière et la cendre (lb 42, 5-6). La raison en est que, la nature de l’homme étant faible et fragile, quand on fréquente
longtemps quelqu’un on troue en lui des faiblesses, et la vénération qu’on a pour lui en est diminuée. Au contraire, la perfection de Dieu étant sans mesure, plus l’homme progresse dans la connaissance de Dieu, plus il admire l’excellence de sa perfection et plus augmente la vénération qu’il a pour lui * (Commentaire de saint Jean, n° 666). — Il semblerait que ce soient les anges qui aient avec Dieu la plus grande familiarité. L’ange n’est-il pas le familier de Dieu, lui qui se tient en sa présence s et le sert, alors que l’homme, lui, est comme étranger à Dieu et éloigné de lui par le péché s? (In salutationem angelicam exp., n° 1112). "Il convient donc que l’homme loue l’ange comme étant proche et familier du Roi * (). Et pourtant, à l’Annonciation, c’est l’ange qui salue la Vierge Marie, car elle surpasse les anges dans son intimité [n° avec Dieu. L’ange reconnaît cela en disant: Le Seigneur est avec toi, comme s’il disait "Je te manifeste ma vénération parce que tu as avec Dieu une plus grande intimité, une plus grande connaturalité que moi" (tu fami lianior es Deo quam ego), car le Seigneur est avec roi" (ibid n° 1119; voir aussi n° 1456, note 3, à propos de l’intimité que Dieu veut avoir avec les hommes, comparativement aux anges). Cette note d’intimité et de connaturalité est soulignée aussi à propos de la relation de la Vierge Marie avec l’Esprit Saint si Marie a voulu se fiancer à Joseph, c’est sous une motion qui se caractérise par sa radi calité et une connaturalité avec la personne même de l’Esprit-Saint ex familiari instinctu Spiritus Sancti (Somme théol., III, q. 29, s. 1, ad. 1; voir n° 1577, note 4). — Notons encore que, lorsqu’il cherche les raisons de la prédilection de Jésus pour Jean, saint Thomas note, comme troisième raison, la jeunesse de Jean s En effet, nous avons davantage de compassion pour les enfants et ceux qui sont faibles, et nous leur donnons des signes de familiarité [n° — Parce qu’Isrsirl était un enfant, je l’as aimé (Os 11,1) (sur Jn 21, 20, n° 2639). Et, en commentant Jn 1, 14 — et le Verbe est devenu chair, et il a habité parmi nous —, saint Thomas souligne que saint Jean prend, comme preuve de la vénté de ses paroles, l’expérience qu’il a eue de vivre avec le Christ dans une grande intimité Je suis bien placé pour lui rendre témoignage, car j’ai vécu avec lui (tum ipso conversatus sum). [n° Ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont palpé du Verbe de vie... (Jn 1,1) (n° 178; sur la conversatio du Christ, voir n° 1584, note 2). — Le sommet de cette intimité divine et sensible — à la fois spirituelle et sensible parce que divine — n’est-il pas le sacrement de l’Eucharistie? Ce sacrement, nous dit saint Thomas, " est le signe du plus grand amour, et ce qui soutient notre espérance, en raison de l’union si intime [n° réalise] entre le Christ et nous [n° tam familiani conjunctione Chnisti ad nos] s (III, q. 75, s. 1).
6. In loannem hom., LXII, 1, PG 59, col. 342.
7. Si 6, 10-11.




C. LA RAISON DE CETTE MALADIE






OR EN ENTENDANT, JÉSUS LEUR DIT: "CETTE MALADIE NE MÈNE PAS A LA MORT,

MAIS ELLE EST POUR LA GLOIRE DE DIEU, AFIN QUE PAR ELLE SOIT GLORIFIÉ LE FILS DE DIEU." OR JÉSUS AIMAIT MARTHE, ET SA SOEUR MARIE, ET LAZARE.

1476. Ici, l’Évangéliste expose la raison de la maladie elle-même. Ensuite, on voit pourquoi [n° 1479], selon Augustin, les soeurs [de Lazare] n’allèrent pas à la rencontre du Christ.



OR EN ENTENDANT, JÉSUS LEUR DIT: "CETTE MALADIE NE MÈNE PAS À LA MORT, MAIS ELLE EST POUR LA GLOIRE DE DIEU, AFIN QUE PAR ELLE SOIT GLORIFIÉ LE FILS DE DIEU.

1477. La raison 1 de cette maladie est la glorification du Fils de Dieu. Il faut savoir que parmi les maladies du corps, certaines mènent à la mort, d’autres non. Mènent à la mort celles qui sont envoyées par Dieu de telle sorte que, par elles, certains encourent la mort; mais ne mènent pas à la mort celles qui sont ordonnées à quelque chose d’autre. Car tout mal de peine est infligé par la divine Providence: Y aura t-il un mal dans une cité, que le Seigneur n'aura pas fait Am 3,6? En revanche, le mal de faute, Dieu n’en est pas l’auteur mais il le punit. Tout ce qui vient de Dieu est ordonné. Et c’est pourquoi tout mal de peine est ordonné à quelque chose, soit à la mort, soit à autre chose 3. Or cette maladie n’a pas été ordonnée à la mort mais à la gloire de Dieu.

1478. Mais Lazare n’est-il pas mort de cette maladie? Il semble que si. Autrement, il ne sentirait pas après quatre jours passés dans le tombeau, et sa résurrection n’aurait pas été miraculeuse.

Il faut répondre que cette maladie ne fut pas ordonnée à la mort comme à une fin ultime, mais en vue d’autre chose, comme on l’a dit: de sorte que celui qui fut ressuscité, ayant été comme châtié, vive d’une manière juste pour la gloire de Dieu et que le peuple juif, en voyant ce miracle, se convertisse à la foi — Il m’a durement châtié, le Seigneur, et à la mort il ne m’a pas livré Ps 117,18.

C’est pourquoi il est dit ensuite: MAIS ELLE EST POUR LA GLOIRE DE DIEU, AFIN QUE PAR ELLE SOIT GLORIFIÉ LE FILS DE DIEU. Là, selon Chrysostome 5, POUR et AFIN QUE ne sont pas pris en un sens causal mais consécutif. En effet, il n’a pas été malade pour que, par cela, Dieu soit glorifié. Mais la maladie est venue d’ailleurs et à partir d’elle il s’en est suivi que le Fils de Dieu fut glorifié en tant que, en ressuscitant [l'homme] il a utilisé [sa maladie] pour la gloire de Dieu.

Toutefois cela est vrai d’une certaine manière et pas d’une autre. On peut en effet considérer deux causes de la maladie de Lazare. L’une est naturelle; et en cela la parole de Chrysostome se vérifie, parce que la maladie de Lazare, selon une cause naturelle, n’était pas ordonnée à la résurrection. L’autre cause peut être considérée comme la divine Providence; et alors la parole de Chrysostome n’a pas la vérité car, pour la divine Providence, une maladie de cette sorte était ordonnée à la gloire de Dieu. Et selon cette [signification], POUR et AFIN QUE sont pris en un sens causal. ELLE EST POUR LA GLOIRE DE DIEU: bien que n’étant pas ordonnée à cela par l’intention d’une cause naturelle, elle était cependant ordonnée par l’intention de la sagesse divine à la gloire de Dieu, pour que, le miracle accompli, les hommes puissent croire dans le Christ et éviter la vraie mort. C’est pourquoi l’Evangéliste dit: AFIN QUE PAR ELLE SOIT GLORIFIÉ LE FILS DE DIEU.

1. Ratio infirmitatis. Le mot ratio, qui traduit le grec Xàyoç, a chez saint Thomas des significations diverses, qu’on ne peut préciser qu’en fonction du contexte. Ici, ratio exprime la causalité finale qui donne l’explication ultime de l’infirmité de Lazare. Mais ratio peut signifier aussi la détermination fondamentale, première: saint Thomas parle ainsi de la ratio entis, de la ratio boni, de la ratio vert... (cf. De veritate, q. 1S 1). Sur le sens du mot ratio, voir aussi Préface, note 4, p. 18.
3. Cf. n°1301, note 9.
5. In loannem hom., LXII, 1, PG 59, col. 343.


Ici, le Seigneur se nomme ouvertement le Fils de Dieu, car lui-même devait être glorifié dans la résurrection de Lazare, et lui-même est le vrai Dieu — Pour que nous soyons dans le véritable, dans son Fils Jésus 1. — Ni lui, ni ses parents n'ont péché mais c’est afin que soient manifestées en lui les oeuvres de Dieu 2.




OR JÉSUS AIMAIT MARTHE, ET SA SOEUR MARIE, ET LAZARE.

1479. Ici, selon Augustin, l’Évangéliste donne la raison pour laquelle les deux soeurs n’allèrent pas à la rencontre du Christ. Et cette raison, il la prend de la confiance en la dilection spéciale [du Christ pour elles]. C’est pourquoi il dit OR JÉSUS AIMAIT MARTHE, ET SA SOEUR MARIE, ET LAZARE. Et certes, celui qui était le consolateur des affligés aimait les soeurs qui étaient affligées et celui qui était le sauveur des malades aimait Lazare malade et mort — Il a aimé les peuples: tous les saints sont dans sa main



Jean 11, 6-19: LA RÉSURRECTION DE LAZARE

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Thomas sur Jean 70