Verbum Domini FR 114

La Bible et l’inculturation

114 Le Mystère de l’Incarnation nous fait savoir, d’une part, que Dieu se communique toujours dans une histoire concrète, en assumant les codes culturels inscrits en elle, mais que d’autre part, la même Parole peut et doit se transmettre dans des cultures différentes, en les transfigurant de l’intérieur, grâce à ce que le Pape Paul VI ap-pelait l’Évangélisation des cultures.[364] La Parole de Dieu, comme du reste la foi chrétienne, manifeste ainsi un caractère profondément interculturel, susceptible de rencontrer et de faire se rencontrer les différentes cultures.[365]

Dans ce contexte, on comprend aussi la valeur de l’inculturation de l’Évangile.[366] L’Église est fermement persuadée de la capacité intrinsèque de la Parole de Dieu de rejoindre toutes les personnes quel que soit le contexte culturel qui est le leur: «cette conviction découle de la Bible elle-même, qui, dès le Livre de la Genèse, prend une orientation universelle (
Gn 1,27-28), la maintient ensuite dans la bénédiction promise à tous les peuples grâce à Abraham et à sa descendance (cf. Gn 12,3 Gn 18,18) et la confirme définitivement en étendant à “toutes les nations” l’Évangélisation».[367] C’est pourquoi l’inculturation ne doit pas être confondue avec des processus superficiels d’adaptation et moins encore avec un syncrétisme confus qui dilue l’originalité de l’Évangile pour le rendre plus facilement acceptable.[368] L’authentique paradigme de l’inculturation est l’Incarnation même du Verbe: «une “acculturation”, ou une “inculturation”, sera réellement un reflet de l’Incarnation du Verbe, lorsqu’une culture, transformée et régénérée par l’Évangile, (qui) produit à partir de sa propre Tradition vivante des expressions originales de vie, de célébration et de pensées chrétiennes»,[369] en germant à partir de la culture locale, en valorisant les semina Verbi et tout ce qui est présent en elle de positif, en l’ouvrant aux valeurs évangéliques.[370]

[364] Cf. Exhort. apost. Evangelii nuntiandi (8 décembre 1975), n. EN 20: AAS 68 (1976), pp. 18-19.
[365] Cf. Benoît XVI, Exhort. apost. post-synodale Sacramentum caritatis (22 février 2007), n. 78: AAS 99 (2007), p. 165.
[366] Cf. Proposition 48.
[367] Commission Biblique Pontificale, L’interprétation de la Bible dans l’Église (15 avril 1993), IV, B; p. 107.
[368] Cf. Conc. OEcum. Vat. II, Décret sur l’activité missionnaire de l’Église Ad gentes, n. AGD 22; Commission Biblique Pontificale, L’interprétation de la Bible dans l’Église (15 avril 1993), IV, B.
[369] Jean-Paul II, Discours aux Évêques du Kenya (7 mai 1980), n. 6: AAS 72 (1980), p. 497;La DC, n. 1787, p. 534.
[370] Cf. XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, Instrumentum laboris n. 56.

Les traductions et la diffusion de la Bible

115 Si l’inculturation de la Parole de Dieu fait partie de manière impérative de la mission de l’Église dans le monde, la diffusion de la Bible à travers le précieux travail de traduction dans les différentes langues est un moment important de ce processus. À ce sujet, on doit toujours avoir présent à l’esprit que le travail de traduction des Écritures a commencé «dès le temps de l’Ancien Testament, lorsqu’on a traduit le texte hébreu de la Bible oralement en araméen (Ne 8,8 Ne 8,12) et, plus tard, par écrit en grec. Une traduction, en effet, est toujours plus qu’une simple transcription du texte original. Le passage d’une langue à une autre comporte nécessairement un changement de contexte culturel: les concepts ne sont pas identiques et la portée des symboles est différente, car ils mettent en rapport avec d’autres traditions de pensée et d’autres façons de vivre».[371]

Pendant les travaux du Synode, on a dû faire le constat que différentes Églises locales ne disposent pas encore d’une traduction intégrale de la Bible dans leurs propres langues. Combien de peuples ont aujourd’hui faim et soif de la Parole de Dieu, mais malheureusement ne peuvent encore avoir «un accès largement ouvert à la Sainte Écriture»[372] comme cela avait été souhaité au Concile Vatican II! C’est pourquoi le Synode considère qu’il est important avant tout de former des experts qui se consacrent à la traduction de la Bible dans les diverses langues.[373] J’encourage l’investissement de ressources en ce domaine. Je voudrais en particulier recommander de soutenir l’engagement de la Fédération biblique catholique afin que le nombre de traductions de l’Écriture puisse s’accroître et leur diffusion progresser.[374] Il est bon que, en vertu de la nature même d’un tel travail, celui-ci soit réalisé dans la mesure du possible en collaboration avec les différentes Sociétés bibliques.

[371] Commission Biblique Pontificale, L’interprétation de la Bible dans l’Église (15 avril 1993), IV, B; p. 107-108.
[372] Conc. OEcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. DV 22.
[373] Cf. Proposition 42.
[374] Cf. Proposition 43.

La Parole de Dieu dépasse les limites des cultures

116 L’Assemblée synodale, dans le débat autour de la relation entre la Parole de Dieu et les cultures, s’est sentie poussée à réaffirmer ce que les premiers Chrétiens ont pu expérimenter à partir du jour de la Pentecôte (cf. Ac 2,1-13). La Parole divine est capable de pénétrer et de s’exprimer dans des cultures et des langues différentes, mais cette même Parole dépasse les limites des cultures particulières en créant une communion entre les divers peuples. La Parole du Seigneur nous invite à aller vers une communion plus large. «Nous sortons de l’étroitesse de nos expériences et entrons dans la réalité qui est vraiment universelle. En entrant dans la communion avec la Parole de Dieu, nous entrons dans la communion de l’Église qui vit la Parole de Dieu. […] C’est sortir des limites de chaque culture dans l’universalité qui nous relie tous, nous unit tous, nous fait tous frères».[375] C’est pourquoi, annoncer la Parole de Dieu demande toujours, à nous les premiers, un nouvel exode, d’abandonner nos cadres et nos représentations limitées pour laisser place à la présence du Christ en nous.

[375] Benoît XVI, Méditation à l’occasion de l’ouverture du Synode des Évêques (6 octobre 2008): ASS 100 (2008), 758-760, L’ORf, 14 octobre 2008, p. 12.

La Parole de Dieu et le dialogue interreligieux

La valeur du dialogue interreligieux

117 Conscients que Dieu Père, Fils et Saint-Esprit entre en dialogue avec l’humanité, l’Église reconnaît comme une part essentielle de l’annonce de la Parole, la rencontre avec tous les hommes de bonne volonté. Aujourd’hui, l’Église, en évitant toute forme de syncrétisme et de relativisme, recherche le dialogue avec les personnes appartenant aux diverses traditions religieuses selon les lignes indiquées par la Déclaration du Concile Vatican II Nostra aetate, développée par le Magistère ultérieur des Souverains Pontifes.[376] Le rapide processus de la mondialisation offre la possibilité de vivre dans un contact plus étroit avec des personnes de cultures et de religions diverses. Il s’agit d’une opportunité providentielle pour manifester comment un authentique sens religieux peut promouvoir entre les hommes des relations de fraternité universelle. Il est d’une grande importance que les religions puissent favoriser dans nos sociétés, souvent sécularisées, un regard qui voit en Dieu Tout-Puissant le fondement de tout bien, la source inépuisable de la vie morale, le soutien d’un sens profond de la fraternité universelle.

À titre d’exemple, dans la Tradition judéo-chrétienne, on rencontre l’attestation claire de l’amour de Dieu pour tous les peuples qu’il réunit, déjà dans l’Alliance étroite avec Noé, en une grande et unique étreinte symbolisée par l’«arc au milieu des nuages» (
Gn 9,13 Gn 9,14 Gn 9,16) et que, selon les paroles des prophètes, il entend rassembler en une unique famille universelle (cf. Is 2,2ss; Is 42,6 Is 66,18-21 Jr 4,2 Ps 47). De fait, des témoignages du lien intime existant entre le rapport avec Dieu et l’éthique de l’amour pour tout homme se retrouvent dans de nombreuses grandes traditions religieuses.

[376] Parmi les nombreuses interventions de diverses natures, on rappelle : Jean-Paul II, Lett. enc.Dominum et vivificatem (18 mai 1986): AAS 78 (1986), pp. 809-900; Id. Lett. enc. Redemptoris missio (7 décembre 1990): AAS 83 (1991), pp. 249-340; Id., Discours et Homélies à Assise à l’occasion de la Journée de prière pour la paix du 27 octobre 1986; La DC n. 1929, pp. 1065-1083 et en janvier 2002 en écho aux événements du 11 septembre 2001: La DC n. 2255, pp. 837.839-840; Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Déclaration sur l’unicité et l’universalité salvifique de Jésus Christ et de l’Église Dominus Iesus (6 août 2000): AAS 92 (2000), pp. 742-765.

Le dialogue entre Chrétiens et Musulmans

118 Parmi les différentes religions, l’Église regarde «aussi avec estime les Musulmans, qui adorent le Dieu un».[377] Ces derniers se réfèrent à Abraham et rendent un culte à Dieu surtout par la prière, l’aumône et le jeûne. Nous reconnaissons que dans la tradition de l’Islam sont présents de nombreuses figures, des symboles et des thèmes bibliques. Dans la continuité de l’oeuvre importante du Vénérable Jean-Paul II, je souhaite que les rapports inspirés par la confiance, qui se sont instaurés depuis plusieurs années entre Chrétiens et Musulmans, se poursuivent et se développent dans un esprit de dialogue sincère et respectueux.[378] Dans ce dialogue, le Synode a exprimé le souhait que puissent être approfondis le thème du respect de la vie en tant que valeur fondamentale, et celui des droits inaliénables de l’homme et de la femme et de leur égale dignité. En tenant compte de la problématique importante de la distinction entre l’ordre sociopolitique et l’ordre religieux, les religions doivent apporter leur contribution au bien commun. Le Synode demande aux Conférences épiscopales, là où cela apparaît opportun et profitable, de favoriser des rencontres pour que Chrétiens et Musulmans se connaissent mutuellement afin de promouvoir les valeurs dont la société a besoin pour une coexistence pacifique et positive.[379]

[377] Cf. Conc. OEcum. Vat. II, Déclaration sur les relations de l’Église avec les religions non-chrétiennes Nostra aetate, n.
NAE 3.
[378] Cf. Benoît XVI, Discours aux Ambassadeurs des Pays à majorité musulmane accrédités auprès du Saint-Siège et à quelques représentants de la communauté musulmane en Italie (25 septembre 2006): AAS 98 (2006), pp. 704-706; La DC n. 2366, pp. 884-885.
[379] Cf. Proposition 53.

Le dialogue avec les autres religions


119 En cette circonstance, je voudrais par ailleurs manifester le respect de l’Église pour les religions traditionnelles et les antiques traditions spirituelles des différents continents qui contiennent également des valeurs qui peuvent favoriser la compréhension entre les personnes et les peuples.[380] Nous constatons fréquemment une syntonie avec des valeurs exprimées aussi dans leurs Livres religieux, comme par exemple le respect de la vie, la contemplation, le silence, la simplicité dans le Bouddhisme; le sens de la sacralité, du sacrifice et du jeûne dans l’Hindouisme; et encore les valeurs familiales et sociales dans le Confucianisme. Nous découvrons avec satisfaction aussi dans d’autres expériences religieuses, une attention sincère pour la transcendance de Dieu, reconnu comme Créateur, tout comme le respect de la vie, du mariage et de la famille et le sens fort de la solidarité.

[380] Cf. Proposition 50.

Le dialogue et la liberté religieuse


120 Cependant, le dialogue ne serait pas fécond s’il n’incluait pas aussi un respect authentique envers chaque personne, afin qu’elle puisse adhérer librement à sa religion. Le Synode, alors qu’il encourage la collaboration entre les représentants des diverses religions, rappelle donc également «la nécessité que soit assurée de manière effective à tous les croyants la liberté de professer leur propre religion en privé et en public, ainsi que la liberté de conscience»:[381] en effet, «le respect et le dialogue requièrent la réciprocité dans tous les domaines, surtout en ce qui concerne les libertés fondamentales et plus particulièrement la liberté religieuse. Ils favorisent la paix et l’entente entre les peuples».[382]

[381] Ibidem.
[382] Jean-Paul II, Discours aux jeunes Musulmans à Casablanca au Maroc (19 août 1985), n. 5: AAS 7 (1986), p. 99; La DC, n. 1903, p. 943.


CONCLUSION


La Parole définitive de Dieu


121 Au terme de ces réflexions par lesquelles j’ai voulu recueillir et approfondir la richesse de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques sur la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église, je désire encore une fois exhorter le Peuple de Dieu tout entier, les Pasteurs, les personnes consacrées et les laïcs à s’engager pour devenir toujours plus familiers des Écritures Saintes. Nous ne devons jamais oublier qu’à la base de toute spiritualité chrétienne authentique et vivante, se trouve la Parole de Dieu annoncée, écoutée, célébrée et méditée dans l’Église. Cette intensification de la relation avec la Parole divine se réalisera avec d’autant plus d’élan que nous serons davantage conscients de nous trouver, dans l’Écriture comme dans la Tradition vivante de l’Église, face à la Parole définitive de Dieu sur le monde et sur l’histoire.

Comme nous le fait contempler le Prologue de l’Évangile de Jean, tout ce qui est se trouve sous le signe de la Parole. Le Verbe jaillit du Père et il vient demeurer parmi les siens et puis il retourne dans le sein du Père pour emporter avec lui toute la création qui, en lui et par lui, a été créée. Aujourd’hui, l’Église vit sa mission dans l’attente anxieuse de la manifestation eschatologique de l’Époux: «L’Esprit et l’Épouse disent: ‘Viens!’» (
Ap 22,17). Cette attente n’est jamais passive mais elle est une tension missionnaire dans l’annonce de la Parole de Dieu qui purifie et rachète tout homme: aujourd’hui encore Jésus ressuscité nous dit: «Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création» (Mc 16,15).

La Nouvelle Évangélisation et la nouvelle écoute

122 En conséquence, notre temps doit être toujours davantage le temps d’une nouvelle écoute de la Parole de Dieu et d’une Nouvelle Évangélisation. Redécouvrir le caractère central de la Parole divine dans la vie chrétienne nous fait retrouver aussi le sens le plus profond de ce que le Pape Jean-Paul II a rappelé avec force: continuer la missio ad gentes et entreprendre avec toutes les forces la Nouvelle Évangélisation, surtout dans les pays où l’Évangile a été oublié ou souffre de l’indifférence du plus grand nombre en raison d’un sécularisme diffus. Que l’Esprit Saint éveille chez les hommes la faim et la soif de la Parole de Dieu et suscite de zélés messagers et témoins de l’Évangile!

À l’exemple du grand Apôtre des Nations, qui fut transformé après avoir entendu la voix du Seigneur (cf.
Ac 9,1-30), écoutons nous aussi la Parole divine qui nous interpelle toujours personnellement, ici et maintenant. Les Actes des Apôtres nous racontent que l’Esprit Saint se réserva Paul et Barnabé en vue de la prédication et de la diffusion de la Bonne Nouvelle (cf. Ac 13,2). Ainsi, aujourd’hui, l’Esprit Saint ne cesse de susciter des auditeurs et des messagers convaincus et persuasifs de la Parole du Seigneur!

La Parole et la joie

123 Plus nous saurons être disponibles à la Parole divine, plus nous pourrons constater que le Mystère de la Pentecôte est ‘en action’ aujourd’hui aussi dans l’Église de Dieu. L’Esprit du Seigneur continue de répandre ses dons sur l’Église afin que nous soyons conduits à la vérité tout entière, nous ouvrant le sens des Écritures et faisant de nous des messagers crédibles de la Parole du salut. Nous revenons ainsi à la première Lettre de saint Jean. À travers la Parole de Dieu, nous aussi, nous avons entendu, vu et touché le Verbe de vie. Nous avons écouté par grâce l’annonce que la vie éternelle s’est manifestée, afin que nous reconnaissions que nous sommes en communion les uns avec les autres, avec ceux qui nous ont précédés sous le signe de la foi et avec tous ceux qui, répandus à travers le monde, écoutent la Parole, célèbrent l’Eucharistie, vivent le témoignage de la charité. La communication de cette annonce – nous rappelle l’Apôtre Jean – est donnée pour que «nous ayons la plénitude de la joie» (1Jn 1,4).

L’Assemblée synodale nous a permis d’expérimenter ce qui est contenu dans le message johannique: l’annonce de la Parole crée la communion et apporte la joie. Il s’agit d’une joie profonde qui jaillit du coeur même de la vie trinitaire et qui se communique à nous dans le Fils. Il s’agit de la joie, comme don ineffable, que le monde ne peut donner. On peut organiser des fêtes, mais pas la joie. Selon l’Écriture, la joie est un fruit de l’Esprit Saint (cf. Ga 5,22), qui nous permet de pénétrer dans la Parole et de faire en sorte que la Parole divine entre en nous en portant ses fruits pour la vie éternelle. En annonçant la Parole de Dieu dans la force de l’Esprit Saint, nous désirons communiquer aussi la source de la vraie joie, non une joie superficielle et éphémère mais celle qui jaillit de la conscience que seul le Seigneur Jésus a les paroles de la vie éternelle (cf. Jn 6,68).

«Mater Verbi et Mater laetitiae»

124 Cette relation intime entre la Parole de Dieu et la joie est manifestée avec évidence chez la Mère de Dieu. Rappelons les paroles de sainte Élisabeth: «Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur» (Lc 1,45). Marie est bienheureuse parce qu’elle a la foi, qu’elle a cru, et que dans cette foi, elle a accueilli dans son sein le Verbe de Dieu pour le donner au monde. La joie provenant de la Parole peut maintenant s’étendre à tous ceux qui, dans la foi, se laissent transformer par la Parole de Dieu. L’Évangile de Luc nous présente à travers deux textes ce Mystère d’écoute et de joie. Jésus affirme: «Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui entendent la Parole de Dieu, et qui la mettent en pratique» (Lc 8,21). Et, face à l’exclamation d’une femme qui, au milieu de la foule, entend exalter le ventre qui l’a porté et le sein qui l’a allaité, Jésus révèle le secret de la vraie joie: «Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu, et qui la gardent!» (Lc 11,28). Jésus indique la vraie grandeur de Marie, en ouvrant ainsi à chacun de nous la possibilité de cette béatitude qui naît de la Parole écoutée et mise en pratique. C’est pourquoi, à tous les Chrétiens, je rappelle que notre relation personnelle et communautaire avec Dieu dépend de l’accroissement de notre familiarité avec la Parole divine. Enfin, je m’adresse à tous les hommes, également à ceux qui se sont éloignés de l’Église, qui ont abandonné la foi ou qui n’ont jamais entendu l’annonce du salut. À chacun, le Seigneur dit: «Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi» (Ap 3,20).

Que chacune de nos journées soit donc façonnée par la rencontre renouvelée du Christ, le Verbe du Père fait chair: il est à l’origine et à la fin et «tout subsiste en lui» (Col 1,17). Faisons silence pour écouter la Parole du Seigneur et pour la méditer, afin que, par l’action efficace de l’Esprit Saint, elle continue à demeurer, à vivre et à nous parler tous les jours de notre vie. De cette façon, l’Église se renouvelle et rajeunit grâce à la Parole du Seigneur qui demeure éternellement (cf. 1P 1,25 Is 40,8). Ainsi, nous pourrons nous aussi entrer dans le grand dialogue nuptial par lequel se clôt l’Écriture Sainte: «L’Esprit et l’Épouse disent: ‘Viens!’ […] Celui qui témoigne de tout cela déclare: ‘Oui, je viens sans tarder.’ – Amen! Viens, Seigneur Jésus!» (Ap 22,17 Ap 22,20).

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 30 septembre 2010, mémoire de saint Jérôme, en la sixième année de mon Pontificat.





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