Augustin, sur les huit questions de Dulcitius. - VIII. - L'Esprit de Dieu qui reposait sur les eaux, est-il le Saint-Esprit?

2. Je vais transcrire l'opinion que j'ai exprimée là dessus, dans le premier des douze livres où j'ai commenté, autant que j'ai pu, la Genèse, non d'après le sens allégorique, mais selon le sens littéral. «Dieu, disais-je, possède une bienveillance souveraine, sainte et juste,:et. un certain amour pour ses ouvrages, qui provient, .non du besoin, mais, de sa bienfaisance. Aussi avant d'écrire: «Dieu dit que la lumière soit,» l'écrivain sacré dit d'abord: «Et l'Esprit de Dieu reposait sur les eaux.» soit que sous le nom d'eau on désigne ici toute la création matérielle, comme pour indiquer l'élément dont ont été formés fous les êtres que nous pouvons déjà distinguer dans leurs espèces, puisqu'en effet nous voyons que tout sur la terre naît et se développe sous toutes les formes dans un milieu liquide; soit qu'on applique ce mot aux fluctuations de la vie intellectuelle, avant qu'elle se fût attachée à sa fin: il est certain, que cet Esprit qui repose,est l'Esprit de Dieu, car les éléments que Dieu avait créés au début pour en faire des oeuvres parfaites, étaient soumis à la bonne volonté du Créateur; et quand Dieu disait par son Verbe: «Que la lumière soit,» tous. des êtres devaient être maintenus, chacun selon son mode d'existence, dans sa faveur et ses généreux:desseins, et se trouver bons précisément pour avoir plu à Dieu, suivant les termes de l'Ecriture: «Et la lumière était bonne.»
«Donc au début même de la création, désignée sous le nom de ciel et de terre, parce que le ciel et la terre devaient, en sortir, se trouve rappelée l'idée de la Trinité dans, le Créateur. En effet quand l'Ecriture dit: «Dans le principe, Dieu créa le ciel et la terre,»; par Dieu nous entendons le Père par principe, le Fils, qui est vraiment le principe, non de non Père, mais de la créature, formée par lui, surtout de la créature spirituelle, et conséquemment de toute la création: puis quand l'Ecriture ajoute: «L'Esprit de Dieu reposait sur les eaux,». nous retrouvons, là, le complément de la Trinité. Ainsi dans la transformation et l'achèvement de la création, c'est-à-dire lors de la division des espèces, cette même Trinité se représente encore: à savoir le Verbe de Dieu, et celui qui l'a engendré, dans ces mets: «Dieu dit;» 'puis la Bonté:sainte, par laquelle tout ce qui est parfait dans son espèce plaît à Dieu: «Dieu vit que cela était bon»

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3. «Mais pourquoi la créature, quoique imparfaite, est-elle mentionnée avant l'Esprit de Dieu, puisqu'on lit d'abord: «la terre était infirme et sans ordre, et les ténèbres couvraient la face de l'abîme,» puis ensuite: «Et Esprit de Dieu reposait sur les eaux (1)» Comme l'amour qui naît de la privation et du besoin s'attache avec tant de force à son objet qu'il lu;est entièrement soumis, n'aurait-on pas dit du Saint-Esprit, expression de la bienveillance et de l'amour de Dieu, qu'il était porté sur les eaux, pour montrer que si Dieu aima ses oeuvres futures, ce n'était ni par nécessité ni par besoin; mais plutôt par un excès de bienveillance? L'Apôtre a cette idée en vue quand, sur le point de parler de la charité, il annoncer qu'il va montrer une voie plus élevée (2), et ailleurs quand il dit: «La charité du Christ qui surpasse toute science (3).» Avant donc de rappeler l'intervention de l'Esprit de Dieu et de dire qu'il reposait sur la création, il était convenable de parler d'abord de l'oeuvre ébauchée sur laquelle il était porté et qu'il dominait, non comme d'un lieu plus élevé, mais par l'effet de sa puissance souveraine et supérieure à tout (4).»


Traduction due à M. l'abbé DEVOILLE


Augustin, sur les huit questions de Dulcitius. - VIII. - L'Esprit de Dieu qui reposait sur les eaux, est-il le Saint-Esprit?