Augustin, Trinité 510

CHAPITRE IX. DES PERSONNES DIVINES.

510 10. J'emploie ici le mot essence, qui est un terme de la langue grecque, et qui répond dans la nôtre à celui de substance. Les Grecs disent également l'hypostase; mais quelle différence mettent-ils entre l'essence et l'hypostase? Ceux qui ont écrit en grec sur la Trinité disent communément une seule essence et trois hypostases, expressions qui signifient en latin une essence et trois substances. Quoi qu'il en soit, l'usage a prévalu parmi nous d'attacher au mot essence le sens du mot substance; aussi n'oserai-je point dire une seule essence et trois substances, mais une seule essence ou substance et trois personnes. Ce langage est celui qu'ont adopté plusieurs auteurs latins bien recommandables; et ils l'ont employé, n'en trouvant pas de meilleur pour exprimer par la parole ce qu'ils comprenaient sans le secours de la parole. Et, en effet, puisque le Père n'est pas le Fils, que le Fils n'est pas le Père, et que le Saint-Esprit qui est aussi appelé le don de Dieu, n'est ni le Père, ni le Fils, il faut nécessairement reconnaître trois personnes en un seul Dieu. C'est pourquoi Jésus-Christ a dit au pluriel: «Le Père et moi nous sommes un (Jn 10,30)». Les Sabelliens traduisent au singulier: Le Père et moi est un; tandis que le Sauveur a dit: «Nous sommes un». Il y a donc trois personnes en Dieu . Mais s'agit-il de définir ce qu'est une personne divine, soudain toute parole humaine devient impuissante. Aussi disons-nous trois personnes, moins pour dire quelque chose que pour ne pas garder un silence absolu.

CHAPITRE X. TOUT CE QUI SE RAPPORTE A LA NATURE DIVINE, SE DIT AU SINGULIER DES TROIS PERSONNES.

511 11. De même donc que nous ne disons point qu'il y a en Dieu trois essences, nous ne reconnaissons pas en lui trois grandeurs, ni trois êtres souverainement grands. Car dans les choses qui ne sont grandes que relativement, il faut distinguer la grandeur, de la chose elle-même. C'est ainsi que nous disons une grande maison, une grande montagne et un grand esprit. Mais dans ces trois exemples la (429) grandeur n'est pas la chose même qui est grande, en sorte que la maison, si grande qu'elle soit, n'est pas la grandeur elle-même. Nous concevons en effet la grandeur comme indépendante soit de la maison, ou de la montagne que nous nommons grandes, soit de tout autre objet auquel nous appliquons une idée et un relation de grandeur. Ainsi la grandeur est autre que les objets qui lui empruntent leur grandeur; et cette grandeur, principe premier de toute grandeur, surpasse excellemment tous les sujets sur lesquels elle se réfléchit.

Or, Dieu n'est point grand d'une grandeur qui ne lui appartienne point en propre, en sorte qu'il soit obligé de lui emprunter celle dont il jouit. Autrement nous concevrions la grandeur comme étant au-dessus de Dieu, tandis qu'il est l'Etre premier et souverain. Donc Dieu n'est grand que parce qu'il possède par lui-même toute grandeur. C'est pourquoi nous ne disons point qu'il y a en lui trois grandeurs, pas plus que nous n'affirmons en lui trois substances. Car Dieu est grand par cela seul qu'il est Dieu. Et de même nous ne disons point que les trois personnes divines sont trois êtres souverainement grands, mais un seul et même Dieu souverainement grand, parce que Dieu n'est point grand d'une grandeur étrangère et empruntée, mais qu'il est grand par lui-même, et qu'il est lui-même le principe unique de sa grandeur. Nous tenons également le même langage quand nous parlons de la bonté, de l'éternité et de la toute-puissance de Dieu, et en général de tous les attributs qui se rapportent à la nature divine, et qui sont exprimés dans un sens propre et direct, et non point dans un sens accommodatif et métaphorique. Mais que peut exprimer la parole de l'homme, lorsqu'elle veut expliquer l'essence même de Dieu?

CHAPITRE 11. DES RELATIONS DIVINES.

512 12. S'agit-il au contraire des opérations propres à chacune des trois personnes divines, nous disons qu'ici ces opérations ne touchent pas à la nature même de Dieu, et qu'elles n'affectent que les relations des trois personnes entre elles, ou leurs rapports avec les créatures. C'est pourquoi il est évident que tout ce qui s'affirme alors de Dieu tombe sur les relations divines, et non sur la nature ou essence divine. Ainsi nous disons des trois personnes de la sainte Trinité qu'elles ne sont qu'un seul et même Dieu, et que ce Dieu unique est grand, bon, éternel et tout-puissant, Nous ajoutons encore qu'il est à lui-même le principe de la divinité, non moins que sa propre grandeur, sa propre bonté, sa propre éternité et sa propre puissance. Mais on ne peut donner à la Trinité entière le nom de Père, si ce n'est peut-être dans un sens relatif aux créatures et à cause de notre adoption divine. Et en effet, cette parole de l'Ecriture: «Ecoute, Israël, le Seigneur ton Dieu est seul Seigneur (Dt 6,4)», ne doit point s'entendre du Père à l'exclusion du Fils et du Saint-Esprit. Cependant nous pouvons avec raison appeler Père ce Dieu unique, parce qu'il nous engendre par sa grâce à la vie spirituelle. Mais on ne saurait dans aucun sens nommer la sainte Trinité Dieu le Fils. Quant à l'Esprit-Saint, comme il est écrit que «Dieu est Esprit (Jn 4,24)», il est permis de le faire du moins dans un sens général; car le Père est Esprit, le Fils est Esprit, et également, le Père est saint, et le Fils est saint. Ainsi parce que le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont qu'un seul et même Dieu, et que ce Dieu est tout ensemble saint et Esprit, on peut désigner la Trinité tout entière par le mot Esprit-Saint.

Néanmoins quand il s'agit spécialement de l'Esprit-Saint comme troisième personne de la sainte Trinité, et non de la Trinité tout entière, nous le nommons Esprit-Saint dans un sens relatif, et par rapport au Père et au Fils, car il est l'Esprit et du Père et du Fils. Cependant il est vrai de dire que ce nom n'exprime point ces relations divines, et qu'elles se montrent bien mieux dans celui «de don de Dieu (Ac 8,20)». Il est en effet le don du Père, puisque, selon la parole du Sauveur, «il procède du Père»: et il est également le don du Fils, puisque l'Apôtre nous dit que «celui qui n'a pas l'Esprit de Jésus-Christ n'est plaint à lui (Jn 15,26 Rm 8,9)». C'est donc relativement aux deux premières personnes de la sainte Trinité que nous nommons la troisième Don de Dieu, quoiqu'elle ne soit pas elle-même étrangère à cette donation. Car nous la considérons comme l'union ineffable du Père et du Fils; et peut-être n'est-elle appelée Esprit-Saint que parce que ce même nom convient au Père et au Fils. Ainsi le mot (430) Esprit-Saint désigne spécialement la troisième personne de la sainte Trinité, mais il s'applique aussi aux deux autres, car le Père et le Fils sont tous deux Esprits et tous deux saints. L'Esprit-Saint est donc nommé le Don mutuel du Père et du Fils, afin que ce nom qui convient à l'un et à l'autre, explique par lui-même que dans la Trinité cet Esprit est l'union des deux premières personnes. Mais cette Trinité de personnes ne forme qu'un seul Dieu qui est unique, bon, grand, éternel et tout-puissant; et qui est à lui-même son unité, sa divinité, sa grandeur, sa bonté, son éternité et sa toute-puissance.

CHAPITRE XII. PAUVRETÉ DU LANGAGE HUMAIN POUR EXPLIQUER LES RELATIONS DIVINES.

513 13. Cependant nous ne devons point nous troubler parce que nous ne donnons que dans un sens relatif, le nom d'Esprit-Saint à la troisième personne de la sainte Trinité, et que nous le refusons dans un sens propre et direct à la Trinité entière. C'est que ce nom n'a point de corrélatif dans la langue théologique. Et en effet, nous disons bien le serviteur du maître, et le maître du serviteur, le Fils du Père et le Père du Fils, parce que ces expressions expriment des relations personnelles. Mais ici, un tel langage serait erroné; nous disons, il est vrai, l'Esprit-Saint du Père, mais nous ne disons pas le Père de l'Esprit-Saint, dans la craince qu'on entende par là que l'Esprit-Saint est le Fils du Père. C'est ici encore que nous disons l'Esprit-Saint du Fils, et non le Fils de l'Esprit-Saint, pour éviter qu'on ne croie cet Esprit Père du Fils.

Au reste, dans un grand nombre de substantifs relatifs, le terme corrélatif manque absolument. Ainsi quoi de plus clair que le mot gage? il implique toujours l'idée de celui qui le donne, et toujours il est la garantie de la chose à donner. Or, de ce que nous disons que l'Esprit-Saint est le gage du Père et du Fils (
1Co 5,5 Ep 1,14), s'ensuit-il que nous puissions dire le Père du gage et le Fils du gage? Non, sans doute. Lorsque au contraire, nous affirmons que ce même Esprit est le don du Père et du Fils, nous nous interdisons ces autres termes, Père du don, et Fils du don, et nous nous bornons à dire le don du donateur et le donateur du don, parce qu'ici nous trouvons un terme usité, ce qui n'existe pas dans le premier cas.

CHAPITRE XIII. DANS QUEL SENS LE MOT PRINCIPE SE DIT DE LA TRINITÉ.

514 14. C'est dans un sens relatif que la première personne de la sainte Trinité est nommée Père et principe; mais elle est Père par rapport au Fils, et principe par rapport à toutes les créatures. Le même terme s'affirme également du Fils, et en outre ceux de Verbe et d'image; et parce qu'ils expriment tous la relation du Fils avec le Père, ils ne peuvent s'appliquer à celui-ci. Au reste, que le Fils soit principe, c'est ce qu'il nous apprend lui-même. Car comme les juifs lui disaient: «Qui êtes-vous?» il répondit: «Je suis le principe, moi qui vous parle (Jn 8,25)». Mais est-ce qu'il serait le principe du Père? non sans doute: et il ne se dit principe que dans ce sens qu'il est créateur au même titre que le Père. Et en effet celui-ci est appelé principe, parce qu'il est le créateur de tout ce qui existe. Or le terme de créateur a pour corrélatif celui de créature, de même que le mot maître implique celui de serviteur. Toutefois, quoique nous nommions le Père principe, et le Fils principe, nous ne reconnaissons pas dans la création deux principes différents, parce que le Père et le Fils ne sont à cet égard qu'un seul principe, de même qu'ils sont un seul Créateur et un seul Dieu.

Mais comme il est vrai que tout être qui, tout en restant ce qu'il est, enfante ou produit au dehors quelque chose, est dit le principe de cette oeuvre, nous ne pouvons nier que ce titre n'appartienne également à l'Esprit-Saint. Et en effet nous l'appelons Créateur, et il est dit de lui qu'il opère au dehors sans altération aucune de sa substance, car il ne s'épanche, ni ne s'incarne dans les oeuvres qu'il produit. Eh! que produit-il donc? Ecoutez l'Apôtre: «Les dons du Saint-Esprit, dit-il, sont distribués à chacun pour l'utilité de l'Eglise. L'un reçoit du Saint-Esprit le don de parler avec sagesse; l'autre reçoit du même Esprit le don de parler avec science. Un autre reçoit le don de la foi parle même Esprit; un autre reçoit du même Esprit le don de guérir les maladies; un autre le don des miracles; (431) un autre, le don de prophétie; un autre, le don de parler diverses langues. Or, c'est un seul et même Esprit qui opère toutes ces choses, distribuant à chacun ses dons, selon qu'il lui plaît», c'est-à-dire, agissant en Dieu, car qui pourrait produire ces merveilles, s'il n'était Dieu? Aussi l'Apôtre affirme-t-il que «c'est un seul et même Dieu qui opère toutes ces choses en tous (1Co 12,6-11

CHAPITRE XIV. LE PÈRE ET LE FILS SONT LE PRINCIPE DE L'ESPRIT-SAINT.

515 15. Dans la Trinité la personne qui engendre est dite principe par rapport à la personne qui est engendrée. C'est ainsi que le Père est principe du Fils, parce qu'il l'engendre. Mais soudain se présente une grave et difficile question, à savoir si le Père «de qui procède l'Esprit-Saint», est le principe de cet Esprit. Si je réponds affirmativement, il s'ensuit qu'on doit nommer principe, non-seulement celui qui produit et enfante quelque oeuvre, mais encore celui qui fait un don quelconque. Mais ici rappelons tout. d'abord, et comme pouvant nous donner quelque lumière, que le Fils n'est point le Saint-Esprit, quoique cet Esprit soit sorti du Père, ainsi qu'il est dit dans l'Evangile (Jn 15,26). Je sais bien que cette assertion préoccupe plusieurs esprits; et néanmoins il est vrai de dire que l'Esprit-Saint diffère du Fils parce qu'il est sorti dit Père, non comme Fils, mais comme don. Nous ne saurions donc le nommer Fils, puisqu'il n'est point né comme Fils unique du Père, qu'en outre, il n'est point, comme l'homme, venu au monde pour recevoir la grâce de l'adoption divine. Quand nous disons que le Fils est né du Père, nous n'avons égard qu'à sa génération éternelle, et nullement à sa génération temporelle. Aussi n'est-il point Fils du Père dans le même sens qu'il est fils de l'homme. S'agit-il au contraire de l'Esprit qui est donné, nous le rapportons également et à celui qui le donne, et à ceux auxquels il est donné. Ainsi l'Esprit-Saint n'est pas seulement l'Esprit du Père et du Fils qui nous l'ont donné, mais il est encore l'Esprit de nous tous qui le recevons. Et de même nous disons que Dieu est notre salut (Ps 3,9), parce qu'il en est l'auteur et le principe, et que nous le recevons de sa bonté.

Cependant l'Esprit-Saint n'est point en nous l'esprit, ou le souffle de la vie, et il n'est dans l'homme que d'une manière toute spirituelle. Aussi ne l'appelons-nous nôtre que dans le même sens que nous disons à Dieu: «Donnez-nous notre pain (Mt 6,11)». Nous reconnaissons toutefois que nous ne nous sommes point donné l'esprit ou le souffle de la vie, puisque l'Apôtre nous dit: «Qu'avez-vous que vous n'ayez reçu (1Co 4,7)?» Mais autre est l'esprit que nous avons reçu pour vivre, et autre l'Esprit que nous recevons pour devenir des saints. C'est pourquoi, lorsque l'évangéliste saint Luc dit de Jean-Baptiste qu'il devait venir en l'Esprit et la vertu d'Elie, nous devons entendre ces mots de l'Esprit-Saint qu'Elie avait reçu (Lc 1,17). Tel est également le sens de cette parole du Seigneur à Moïse: «Je prendrai de Votre «Esprit, et je le leur donnerai», c'est-à-dire que je leur ferai part de l'Esprit-Saint que je vous ai donné (Nb 11,17). Si donc l'Esprit-Saint qui est donné, a pour principe celui qui le donne, parce qu'il ne procède que de lui, il faut avouer qu'à l'égard de ce divin Esprit le Père et le Fils sont un seul et unique principe, et non deux principes. Et en effet, comme le Père et le Fils ne sont qu'un seul et même Dieu, ils ne sont également, par rapport aux créatures, qu'un seul et même Seigneur, un seul et même Créateur. Et de même à l'égard de l'Esprit-Saint, ils ne sont qu'un seul et unique principe. S'agit-il au contraire d'exprimer les rapports de la Trinité avec la création? le Père, le Fils et l'Esprit-Saint sont un seul principe, un seul Créateur et un seul Seigneur.

CHAPITRE XV. L'ESPRIT-SAINT ÉTAIT-IL UN DON AVANT MÊME QU'IL FÛT DONNÉ?

516 16. Si nous voulons approfondir ce sujet, nous rencontrons la question suivante. De même que le Fils est essentiellement Fils, et en dehors de sa naissance temporelle, l'Esprit-Saint est-il par lui-même le don de Dieu, et abstraction faite de toute effusion sur l'homme? En d'autres termes: l'Esprit-Saint existait avant qu'il fût donné, mais il n'était pas encore le don de Dieu; ou bien, parce que Dieu devait un jour le donner, il était déjà le don de Dieu quoiqu'il n'eût pas encore été donné. Voici ma réponse: Si l'Esprit-Saint ne procède du Père (432) et du Fils qu'au moment où il est donné, et si cette procession n'est point antérieure à l'homme auquel il devait être donné, comment pouvait-il exister personnellement et de toute éternité, puisque selon vous il n'est que parce qu'il est donné? Vous reconnaissez que le Fils est Fils bien moins par relation de paternité et de filiation que par nature et essence: et pourquoi n'avouerez-vous pas aussi que l'Esprit-Saint procède du Père et du Fils avant tous les siècles et de toute éternité, mais qu'il en procède comme devant en être le don? Ainsi il était le don de Dieu avant même que fût créé l'homme auquel il devait être donné. On peut en effet le considérer comme étant le don de Dieu, et comme étant donné de Dieu. Sous le premier rapport l'Esprit-Saint existe avant que d'être donné; mais le second ne peut s'affirmer de lui s'il n'a été réellement donné.

CHAPITRE XVI. TOUT CE QUI SE DIT DE DIEU PAR RAPPORT AU TEMPS SE DIT DES RELATIONS ET NON DE LA SUBSTANCE.

517 17. Quoique l'Esprit-Saint soit coéternel au Père et au Fils, nous disons néanmoins de lui des choses qui n'ont existé que dans le temps, comme d'avoir été donné. Mais ce langage ne doit point nous surprendre, car si l'Esprit-Saint, en tant que don de Dieu, est éternel, il n'a été donné que dans le temps. Et de même un homme n'est appelé maître que du jour où il a un serviteur. C'est ce que nous disons également de Dieu par rapport à l'acte de la création qui n'a été accompli que dans le temps. Car si Dieu est de toute éternité le maître de la créature, celle-ci n'est pas éternelle. Comment donc expliquer qu'en Dieu ces relations ne tombent point sur la substance, parce que son immutabilité s'oppose, comme je l'ai prouvé au commencement de ce traité, à ce qu'il soit soumis aux influences du temps et des lieux? Non, nous n'osons affirmer que Dieu est de toute éternité le Maître de la créature, de peur que nous ne soyons contraints de dire que la créature elle-même est éternelle. Car Dieu ne peut de toute éternité commander à la créature, si de toute éternité celle-ci ne lui est assujettie. C'est ainsi qu'on ne saurait être serviteur si l'on n'a pas un maître, ni maître, si l'on n'a pas un serviteur.

Mais peut-être direz-vous qu'à la vérité Dieu est éternel, tandis que le temps est essentiellement fini et limité, en raison même de sa mobilité et de ses variations. Bien plus, comme le temps n'a point précédé le cours des siècles, puisqu'ils ont commencé simultanément, vous vous croirez autorisé à dire que Dieu, même en qualité de Maître, n'est point soumis au temps, parce que de toute éternité il est le Maître des siècles, qui ont donné au temps sa valeur et son existence. Mais que répondrez-vous au sujet de l'homme qui a été créé dans le temps, et dont le Seigneur ne pouvait se dire le maître avant qu'il ne l'eût créé? certainement ce n'est que dans le temps que Dieu est devenu le maître de l'homme; et pour parler plus clairement encore, j'affirme que Dieu n'a pu que successivement devenir votre maître et le mien, puisque votre naissance et la mienne appartiennent aux périodes successives des siècles et des âges. Cette question vous paraît-elle obscure, parce que celle de l'éternité des âmes est encore douteuse?je m'explique en l'appliquant au peuple d'Israël. Comment Jéhovah est-il devenu le Dieu d'Israël? car en supposant même ce que je ne discute pas en ce moment, à savoir que l'âme de ce peuple fût déjà créée, il n'en est pas moins vrai que ce même peuple n'existait point encore comme peuple, puisque nous ne connaissons pas la date de son origine.

Selon le même ordre d'idées, j'affirme que le souverain domaine de Dieu sur les arbres et les moissons est soumis au temps. Et en effet les arbres et les moissons n'ont qu'une existence bien récente. Mais direz-vous: ils existaient en germes dès la création. Je vous l'accorde, et néanmoins vous m'avouerez qu'autre est la souveraineté qui s'exerce sur une matière brute et inerte, et autre celle qui régit la même matière polie et organisée. C'est ainsi qu'à des intervalles différents, je possède d'abord une pièce de bois, et puis, le coffre qu'elle a servi à confectionner. Car peut-on nier que le coffre n'existait pas encore, quand déjà je possédais le bois? Comme ut donc serons-nous en droit d'assurer qu'aucun accident n'atteint la substance divine? Ce sera en disant que Dieu est essentiellement immuable et que tout ce qui tient à la mutabilité du temps, des lieux et des créatures, ne s'affirme de lui qu'indirectement et par relation. C'est dans ce même sens que je dis d'un homme qu'il (433) est mon ami. Car il n'a commencé de l'être que du jour où il a commencé de m'aimer; en sorte que ce titre d'ami implique en lui un certain changement de volonté. S'agit-il d'une pièce d monnaie avec laquelle je paie? C'est sans changer et dans un sens relatif qu'elle devient ou un prix ou un gage ou toute autre chose.

Ainsi une pièce de monnaie peut prendre bien des noms et les perdre sans que sa valeur substantielle et intrinsèque en soit altérée. Mais combien plus facilement dirons-nous du Dieu immuable et éternel que tout ce qui se produit dans le temps et par rapport aux créatures, ne tombe point sur sa substance, et ne se dit de lui que relativement à la créature! «Seigneur, dit le psalmiste, vous êtes devenu notre refuge (
Ps 90,1)». Mais ici ce mot refuge ne s'applique à Dieu que relativement, tandis qu'à .notre égard il se prend dans un sens précis et direct. Et en effet, de ce que Dieu devient notre refuge, lorsque nous avons recours à lui, pouvons-nous conclure qu'il éprouve dans sa nature, ou substance, une modification quelconque, modification qui n'existait pas avant que nous n'eussions recours à lui? Non, sans doute, et c'est en nous seulement qu'il s'opère quelque changement, puisque de mauvais que nous étions précédemment, nous devenons bons en prenant le Seigneur pour notre refuge. L'homme change, mais Dieu demeure immuable. Ainsi encore le Seigneur commence à devenir notre Père lorsque nous sommes régénérés par sa grâce, car «il nous a donné dit saint Jean, le pouvoir de devenir enfants de Dieu (Jn 1,12)». C'est donc l'homme qui devient meilleur par le fait de son adoption divine; et si le Seigneur commence alors à devenir son Père, cela n'implique aucun changement en sa nature.

Je me résume, et je dis que tout ce qui s'affirme de Dieu comme ayant commencé en lui à une date précise, et comme n'existant pas auparavant, ne s'affirme que relativement. Gardons-nous cependant de croire qu'en lui la substance divine soit modifiée par ces relations accidentelles, car elles n'atteignent que le sujet auquel nous les rapportons. L'homme devient juste en devenant l'ami de Dieu, et ainsi il change. Mais on ne saurait assigner une date à l'amour de Dieu pour cet homme, comme s'il ressentait présentement pour lui un amour qui soit nouveau, et qui n'existait pas auparavant. Un tel langage contredirait en Dieu cette vision qui lui montre le passé comme toujours présent, et le futur comme étant déjà passé. Et en effet, avant toute création Dieu a aimé-ses-élus, et il les a prédestinés à la gloire. Mais lorsque ceux-ci se tournent vers lui, et qu'ils le trouvent, nous disons qu'il commencé à les aimer. Du reste nous ne parlons ainsi que pour nous faire comprendre et pour suppléer à l'imperfection de tout langage humain. Et de même quand Dieu s'irrite. contre les méchants, et qu'il se montre bienveillant envers les bons, ce sont eux qui changent, tandis que lui-même reste immuable. C'est le phénomène de la lumière qui offense un oeil malade et réjouit un oeil sain. Certes la lumière est toujours la même, et notre oeil seul a changé.


Les cinq premiers livres de la Trinité ont été traduits par M. l'abbé DUCHASSAING.


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LIVRE SIXIÈME: ÉGALITÉ DES PERSONNES.


Après s'être posé cette question: Comment l'Apôtre appelle-t-il le Christ Vertu de Dieu et Sagesse de Dieu? Saint Augustin demande si le Père n'est pas lui-même Sagesse, mais seulement Père de la Sagesse. - Remettant à plus tard la solution de cette question, il prouve l'unité et l'égalité du Père, du Fils et du Saint-Esprit; il démontre que Dieu n'est pas triple, mais Trinité. - En dernier lieu, il explique la parole de saint Hilaire: «Eternité dans le Père, Beauté dans l'image, Usage dans le Don»


CHAPITRE PREMIER. LE FILS EST LA VERTU ET LA SAGESSE DE DIEU LE PÈRE.

DIFFICULTÉ DE SAVOIR SI LE PÈRE N'EST PAS LUI-MÊME SAGESSE, MAIS SEULEMENT PÈRE DE LA SAGESSE.

601 1. Quelques-uns voient une difficulté à admettre l'égalité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, parce qu'il est écrit que le «Christ est la vertu de Dieu et la sagesse de Dieu»; en sorte que l'égalité cesserait d'exister parce que le Père ne serait point vertu et sagesse, mais Père de la vertu et de la sagesse. Au fond, on n'attache pas d'ordinaire une médiocre importance à savoir comment Dieu peut être appelé Père de la vertu et de la sagesse. L'Apôtre dit en effet que «le Christ est la vertu de Dieu et la sagesse de Dieu (1Co 1,24)». De là quelques-uns des nôtres ont déduit le raisonnement suivant contre ceux des Ariens qui ont les premiers attaqué la foi catholique. Arius aurait dit, à ce qu'on rapporte: S'il est Fils, il est né; s'il est né, il! a eu un temps où il n'était pas Fils: ne comprenant pas qu'être né de Dieu c'est être éternel, en sorte que le Fils est coéternel au Père, comme la lumière produite et répandue par le feu, naît en même temps que lui, et lui serait coéternelle si le feu était éternel. Aussi plus tard quelques Ariens ont rejeté cette opinion, et ont reconnu que le Fils de Dieu n'a pas commencé dans le temps. Mais dans les discussions que les nôtres soutenaient contre ceux qui disaient: Il fut un temps où le Fils n'était pas, quelques-uns faisaient ce raisonnement: Si le Fils de Dieu est la vertu et la sagesse de Dieu et que Dieu n'ait jamais été sans vertu et sans sagesse, le Fils est donc coéternel à Dieu le Père. Or, l'Apôtre dit que «le Christ est la vertu de Dieu et la sagesse de Dieu»; et d'autre part, affirmer qu'il fut un temps où Dieu n'eut ni Vertu ni sagesse, serait un trait de folie; donc il n'y a jamais eu de temps où le Fils de Dieu n'existât pas.

602 2. Ce raisonnement nous mènerait nécessairement à dire que Dieu le Père n'est sage que de la sagesse qu'il a engendrée, et n'est point sagesse par lui-même. Or, s'il en est ainsi, si le Père n'est point lui-même sagesse, mais seulement Père de la sagesse, il reste à savoir comment, le Fils étant appelé Dieu de Dieu, lumière de lumière, on pourra aussi l'appeler sagesse de sagesse. Dans cette hypothèse, pourquoi le Père ne serait-il pas aussi appelé le Père de sa grandeur, de sa bonté, de son éternité, de sa toute-puissance, de sorte qu'il ne serait pas lui-même sa propre grandeur, sa bonté, son éternité, sa toute-puissance, mais qu'il serait simplement grand de la grandeur, bon de la bonté, éternel de l'éternité, tout-puissant de la toute-puissance qui est née de lui, absolument comme il ne serait point sage de sa sagesse, mais de la sagesse qui est née de lui? Dans ce cas, si réellement Dieu est seulement le Père de sa grandeur, de sa bonté, de son éternité, de sa toute-puissance, il ne faudrait pas reculer devant la nécessité d'admettre, en dehors de l'adoption de la créature, beaucoup de fils de Dieu coéternels au Père.

A cette objection on répond sans peine que, nommer beaucoup d'attributs divins, ce n'est pas supposer que Dieu soit le père de beaucoup de fils coéternels, pas plus qu'on ne suppose qu'il est doublement Père, quand on dit que le Christ est la vertu de Dieu et la sagesse de Dieu car la vertu est la même chose que la sagesse, et la sagesse la même chose que la vertu. On peut donc dire aussi que la grandeur et tous les autres attributs que nous avons mentionnés et ceux que l'on peut mentionner encore, sont la même chose que la vertu. (434)

CHAPITRE II. CE QUI PEUT OU NE PEUT PAS SE DIRE DU PÈRE ET DU FILS.

603 3. Mais si on ne dit du Père considéré en lui-même que ce qu'il est par rapport à son Fils, c'est-à-dire son Père, son Générateur, son Principe, si de plus, il est principe de ce qu'il engendre de lui-même: si d'autre part, toutes les autres expressions lui sont communes avec son Fils, ou plutôt dans son Fils, soit qu'on le dise grand de la grandeur qu'il a engendrée, ou bon de la bonté qu'il a engendrée, ou puissant de la puissance ou vertu qu'il a engendrée, ou sage de la sagesse qu'il a engendrée; en sorte que le Père n'est point appelé la grandeur même, mais le générateur de la grandeur; à son tour, si le Fils qui considéré en lui-même est appelé Fils non conjointement avec son Père, mais relativement à son Père, n'est point dit grand en lui-même, mais avec le Père dont il est la grandeur, sage avec le Père dont il est la sagesse, comme le Père est dit sage avec le Fils, parce qu'il est sage de la sagesse qu'il a engendrée; il en résulte que dans tout ce qui se dit d'eux d'une manière absolue, c'est-à-dire dans tout ce qui exprime la substance, on ne sépare point l'un de l'autre, les qualifications leur sont communes. Or, s'il en est ainsi, le Père n'est donc pas Dieu sans le Fils, ni le Fils Dieu sans le Père, mais les deux ensemble sont Dieu. Et quand on dit: «Dans le principe était le Verbe», cela veut dire: Le Verbe était dans le Père, ou si ces mots: «Dans le principe», veulent dire: avant toutes choses, dans les paroles suivantes: «Et le Verbe était en Dieu», le mot Verbe ne s'entend que du Fils seul, et non du Père et du Fils, comme si les deux étaient un seul Verbe. En effet, Verbe a ici le sens d'image; or le Père et le Fils ne sauraient être tous les deux images; mais le Fils seul est image du Père, comme seul il est son Fils car ils ne sont pas fils tous les deux.

Quant à ce qui suit: «Et le Verbe était en Dieu», il y a de fortes raisons de l'entendre ainsi: «Le Verbe» - et le Fils seul est Verbe - «était en Dieu», - et le Père n'est pas le seul qui soit Dieu, - mais le Père et le Fils sont Dieu ensemble. Et comment s'étonner de cela, quand le même raisonnement peut s'appliquer à des choses de nature différente? Quoi de plus différent, par exemple, que l'âme et le corps? On peut dire cependant: L'âme était chez l'homme, c'est-à-dire dans l'homme, bien que l'âme ne soit pas corps et que l'homme soit tout à la fois âme et corps. Ce qui se lit ensuite: «Et le Verbe était Dieu (
Jn 1,1)», doit s'entendre ainsi: Le Verbe, qui n'est pas le Père, était Dieu avec le Père. Dirons-nous donc que le Père engendre sa grandeur, c'est-à-dire engendre sa vertu ou engendre sa sagesse; que le Fils est grandeur, vertu et sagesse, mais que les deux ensemble sont le Dieu grand, tout - puissant, sage? Mais alors comment expliquerons-nous: «Dieu de Dieu, lumière de lumière?» Car le Père et le Fils ne sont pas tous deux Dieu de Dieu, le Fils seul est Dieu de Dieu, du Père; tous deux ne sont pas non plus lumière de lumière, mais le Fils seul, engendré du Père qui est lumière, ne pourrait-on pas dire que pour indiquer brièvement et bien faire comprendre que le Fils est coéternel au Père, on a employé ces expressions: «Dieu de Dieu et lumière de lumière», au lieu de celles-ci: ce que le Fils n'est pas sans le Père, vient de ce que le Père n'est pas sans le Fils, c'est-à-dire: Lumière qui n'est pas lumière sans le Père vient de lumière qui est le Père, lequel ne serait pas lumière sans le Fils; afin que quand on dit: Dieu - ce que le Fils n'est pas sans le Père, - de Dieu - ce que le Père n'est pas sans le Fils - il soit parfaitement entendu que celui qui engendre n'est point antérieur à celui qui est engendré. Cela posé, le seul cas où l'expression est exclusivement applicable à l'un d'eux, c'est quand ils ne sont pas tous les deux la chose que cette expression désigne. Ainsi on ne peut dire Verbe de Verbe, parce que tous les deux ne sont pas Verbe, mais le Fils seulement; ni image d'image, parce qu'ils ne sont pas tous les deux image; ni: Fils de Fils, parce qu'ils ne sont pas fils tous les deux, d'après cette parole: «Moi et mon Père nous sommes un (Jn 10,30)». En effet: «Nous sommes «un», signifie: Ce qu'est mon Père quant à l'essence, je le suis aussi, mais non ce qu'il est au point de vue relatif.

CHAPITRE 3. L'UNITÉ D'ESSENCE DU PÈRE ET DU FILS.

604 4. Je ne sais si on trouverait nulle part dans l'Ecriture ces expressions «être un» appliquées à des objets de différente nature. Si plusieurs (436) êtres sont de même nature et pensent diversement, ils ne sont pas un par le seul fait qu'ils ne pensent pas l'un comme l'autre. Par exemple, s'il suffisait aux hommes d'être hommes pour être un, le Christ, en recommandant ses disciples à son Père, n'aurait pas exprimé ce voeu: «Afin qu'ils soient un, comme nous (Jn 17,11)». Mais comme Paul et Apollo étaient deux hommes et pensaient de la même manière, l'apôtre a pu dire: «Celui qui plante et celui qui arrose sont une seule chose (1Co 3,8)». Quand donc on parle d'une seule chose sans spécifier quelle est cette seule chose et qu'il s'agit de plusieurs êtres, cela signifie identité de nature, identité d'essence sans diversité d'opinions ni de sentiments. Mais quand on désigne cette unité, cela peut s'entendre de plusieurs substances diverses ne formant qu'un tout. Ainsi l'âme et le corps ne sont certainement pas une seule chose: - qu'y a-t-il même de plus différent? - à moins qu'on n'ajoute ou ne sous-entende l'espèce d'unité, c'est-à-dire un homme, ou un animal.

Voilà pourquoi l'Apôtre dit: «Celui qui s'unit à une prostituée, devient un même corps avec elle». Il ne dit pas ils sont une même chose, ou: c'est une même chose; mais il ajoute le mot «corps», pour indiquer l'unité formée par l'union de deux objets différents, un corps d'homme et un corps de femme. Et quand il dit: «Celui qui s'unit au Seigneur est un seul esprit avec lui (1Co 6,16-17)», il ne dit pas: celui qui s'attache au Seigneur est un, ou: ils sont une seule chose; mais il ajoute: «esprit». Car l'esprit de Dieu et l'esprit de l'homme sont de nature différente; mais, en s'unissant, ils forment un esprit de deux éléments divers, sauf que l'esprit de Dieu est heureux et parfait sans l'esprit de l'homme, tandis que l'esprit de l'homme n'est heureux qu'avec l'esprit de Dieu. Ce n'est pas sans raison, je pense, que dans l'Evangile selon saint Jean, le Seigneur disant de si grandes choses et parlant si souvent de l'unité, soit de celle qui existe entre lui et son Père, soit de celle qui existe entre nous, n'a jamais dit nulle part: afin que nous et eux soyions une seule chose, mais bien: «Afin qu'ils soient un, comme nous sommes un (Jn 17,11).» Donc le Père et le Fils sont un selon l'unité de substance, et il n'y a qu'un seul Dieu, un seul Grand, un seul Sage, comme nous l'avons dit.

605 5. Comment donc le Père serait-il plus grand? S'il était plus grand, ce ne pourrait être que par la grandeur. Or, le Fils étant la grandeur du Père, et ne pouvant évidemment être plus grand que celui qui l'a engendré; d'autre part, le Père ne pouvant être plus grand que la grandeur qui le fait grand, le Fils lui est donc égal. Et comment le Fils est-il égal, sinon par celui qui le fait être, et en qui l'être et la grandeur sont la même chose? Que si le Père était plus grand par l'éternité, le Fils ne lui serait donc point égal en toute chose. Comment, en effet, lui serait-il égal? Si vous dites que c'est par la grandeur, une grandeur à qui l'éternité manque, n'est plus égale. Sera-t-il égal en vertu et non en sagesse? Mais comment la vertu qui est moins sage sera-t-elle égale? Ou bien sera-t-il égal en sagesse, et non en puissance? Mais comment une sagesse moins puissante sera-t-elle égale? Il reste donc à dire que si l'égalité manque en quelque chose, elle manque en tout. Or, 1'Ecriture nous crie: «Il n'a pas cru que ce fût une usurpation de se faire égal à Dieu (Ph 2,6)». Donc tout ennemi de la vérité, pourvu qu'il n'ait pas rejeté l'autorité de l'Apôtre, est forcé de reconnaître que le Fils est égal à Dieu, au moins sur un point quelconque. Qu'il choisisse donc quel attribut il voudra; il suffira d'un pour lui prouver que le Fils est égal en tout ce qui tient à sa substance.


Augustin, Trinité 510