Chrysostome sur Jean 26

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HOMÉLIE 26. CE QUI EST DE LA CHAIR, EST CHAIR, ET CE QUI EST NÉ DE L'ESPRIT, EST ESPRIT. (VERSET 6, JUSQU'AU VERSET 11)

Jn 3,6-11

ANALYSE.

1. De la renaissance spirituelle, ses caractères.
2. Le vent souffle où il veut. - La régénération spirituelle préfigurée et prédite.
3. Nous rendons témoignage de ce que nous avons vu. - Persuader par la douceur. - Ne se mettre pas en colère. - Fuir les crieries. - Description de la colère, ses effets. - Celui qui dit des injures fait une action honteuse: celui qui les souffre patiemment est un vrai philosophe. - Les serviteurs sont de même nature que les maîtres, les maîtres ne doivent pas les injurier. - Ce qu'ils font par crainte de leurs maîtres, les maîtres le doivent faire par la crainte de Dieu.

1. Le Fils unique de Dieu a eu la bonté de nous initier à de grands mystères: oui, certes, ils sont grands ces mystères, et nous n'en étions pas dignes: mais il était de sa grandeur et de sa dignité de nous les communiquer. Que si l'on considère notre mérite, non-seulement nous étions indignes de ce bienfait, mais nous méritions sa vengeance et une sévère punition. C'est à quoi néanmoins il n'a point regardé: il ne nous a pas seulement délivrés du supplice, il nous a encore donné une vie bien plus noble que la première, il nous a introduits dans un autre monde, il a formé une nouvelle créature: «Si quelqu'un [221] appartient à Jésus-Christ», dit l'Ecriture, «il est devenu une nouvelle créature». (2Co 5,17) Quelle est-elle cette nouvelle créature? Ecoutez le Fils de Dieu, il vous l'apprend lui-même: «Si un homme ne renaît», vous dit-il, «de l'eau et de l'Esprit; il ne peut entrer dans le royaume de Dieu». (Jn 3,5) Il nous avait confié la garde du paradis de délices (Gn 2,15); nous nous sommes rendus indignes de l'habiter: il nous a élevés au ciel. Dans notre première demeure nous ne lui avons pas été fidèles, et cependant il nous a donné quelque chose de plus grand. Nous n'avons pu nous abstenir de manger du fruit d'un seul arbre (Gn 2,17), et il nous a donné les délices célestes. Etant dans le paradis nous n'avons pas persévéré dans le bien, et il nous a ouvert les cieux. Saint Paul a donc eu raison de s'écrier: «O profondeur des trésors de la sagesse et de la science de Dieu!» (Rm 11,33)

Non, aujourd'hui il n'est plus besoin ni de mère, ni d'enfantement, ni de sommeil, ni de mariage, ni d'embrassements: l'ouvrage de notre nature s'opère enfin dans le ciel, et se forme de l'eau et de l'Esprit: c'est l'eau qui conçoit et produit l'enfant. Ce qu'est le ventre de la mère à l'embryon, l'eau l'est au fidèle, car il est conçu et enfanté dans l'eau. Au commencement Dieu avait dit: «Que les eaux produisent des poissons vivants». (Gn 1,20) Mais depuis que le Seigneur est entré dans le fleuve du Jourdain, ce ne sont plus des poissons vivants que l'eau produit: elle engendre des âmes raisonnables, qui portent le Saint-Esprit. Et ce qui a été dit du soleil, qu' «il est comme un époux qui sort de sa chambre nuptiale» (Ps 18,5); maintenant on le peut dire des fidèles, qui jettent des rayons plus brillants que le soleil. Encore il faut du temps pour que ce qui est conçu dans le sein de la mère se forme et vienne à terme: mais il n'en arrive pas de même de ce qui se produit dans l'eau, tout s'y forme en un instant: quand il s'agit d'une vie périssable, résultat d'une corruption charnelle, le fruit tarde à voir le jour: car il est dans la nature des corps de n'arriver que peu à peu à la maturité: mais il n'en est pas ainsi des choses spirituelles: elles sont parfaites dès le commencement.

Comme Nicodème, en entendant dire ces choses, se troublait toujours, voyez comment Jésus-Christ lui découvre le secret de ce mystère, et lui éclaircit ce qui était auparavant obscur: «Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit». Il l'éloigne par là de tout ce qui tombe sous les sens, et ne lui permet pas de sonder les mystères avec des yeux corporels. Nous ne parlons pas de la chair, ô Nicodème! lui dit-il; mais de l'Esprit. Ainsi il élève son esprit aux choses spirituelles: n'imaginez, lui dit-il, ne cherchez rien de sensible. Ce n'est pas avec ces yeux qu'on voit l'Esprit: ne pensez pas que l'Esprit produise la chair.

Comment donc, dira peut-être quelqu'un, la chair du Seigneur est-elle née? Elle est née, non de l'Esprit seulement, mais encore de la chair, ce que saint Paul nous apprend par ces paroles: «Il est né d'une femme et assujetti à la loi» (Ga 4,4): le Saint-Esprit l'a ainsi formé, mais non pas tiré du néant: en effet, s'il l'avait tiré du néant, en quoi le sein d'une femme aurait-il été nécessaire? l'Esprit l'a formé de la chair d'une vierge: mais coin ment? je ne puis l'expliquer. Au reste, Jésus-Christ est né d'une femme, de peur qu'on ne crut qu'il n'avait rien de commun avec notre nature. Si, alors même que la chose s'est ainsi passée, il se trouve pourtant des gens qui ne croient pas à cette génération: à quel comble d'impiétés ne se serait-on pas porté, à supposer que cette chair n'eût pas été tirée de celle d'une vierge?

«Ce qui est né de l'Esprit, est esprit»: Ne voyez-vous pas en cela la dignité et la puissance du Saint-Esprit? il fait l'ouvrage de Dieu. L'évangéliste disait ci-dessus: «Ils sont nés de Dieu»; maintenant il dit ici: ils sont engendrés de l'Esprit. «Ce qui est né de l'Esprit, est esprit»: c'est-à-dire celui qui est né de l'Esprit est spirituel. Jésus-Christ ne parle pas ici de la génération, quant à la substance, mais quant à la dignité et à la grâce. Si donc le Fils est né de cette manière, qu'aura-t-il de plus que le reste des hommes, qui sont nés de même? comment est-il le Fils unique? car, moi aussi, je suis né de Dieu, mais non pas de sa substance: si donc le Fils lui-même n'est pas né de sa substance, en quoi diffère-t-il de nous? De cette manière il se trouvera aussi qu'il est au-dessous du Saint-Esprit. Car la génération dont nous parlons se fait par la grâce de l'Esprit-Saint. Est-ce que, pour rester le Fils, il a besoin du Saint-Esprit? [222] mais en quoi cette doctrine diffère-t-elle de celle des Juifs?

Jésus-Christ donc après avoir dit: ce qui est né de l'Esprit est esprit; comme il voit Nicodème encore dans le trouble, passe à un exemple sensible. «Ne vous étonnez pas», dit-il, «de ce que je vous ai dit, qu'il faut que vous naissiez encore une fois. Le vent souffle où il veut (7, 8)». Quand Jésus-Christ dit à Nicodème: «Ne vous étonnez pas», il marque le trouble et l'agitation de son esprit, et en même temps il l'introduit dans un monde moins grossier que celui des corps; déjà par ces paroles: «Ce qui est né de l'Esprit est esprit», il l'avait éloigné de toutes ces idées charnelles. Mais comme Nicodème ne comprenait pas ce que cela voulait dire, il lui apporte encore un autre exemple, il ne le tire pas de la grossièreté des corps, il ne parle non plus en aucune façon des choses incorporelles, à quoi Nicodème ne pouvait rien entendre, mais il lui propose une chose qui tient le milieu entre ce qui est corporel et ce qui est incorporel; savoir, le vent qui de sa nature est subtil et impétueux, et c'est par ce symbole qu'il l'instruit; il dit du vent: «Vous entendez bien sa voix, mais vous ne savez d'où il vient, ni où il va». Quand il dit: «Il souffle où il lui plait»; il ne veut pas dire que le vent s'emporte à son gré, mais il veut marquer son impétuosité et sa force irrésistible. C'est la coutume de l'Ecriture de parler ainsi des choses inanimées (1): comme lorsqu'elle dit: «Les créatures sont assujetties à la vanité, et elles ne le sont pas volontairement». (Rm 8,20) Ce mot donc: «Il souffle où il lui plaît», signifie qu'on ne peut le retenir, qu'il se répand partout; que personne ne peut l'empêcher d'aller de côté et d'autre, et qu'il se déchaîne avec une grande violence, nul ne pouvant arrêter son impétuosité.

1. C'est-à-dire, d'attribuer du sentiment et de la raison aux créatures insensibles.

2. «Et vous entendez bien sa voix», en d'autres termes, le bruit, le son: «Mais vous ne savez d'où il vient, ni où il va: il en est de même de tout homme qui est né de l'Esprit»: c'est là la conclusion. Si vous n pouvez pas, dit-il, expliquer l'impétuosité du vent, que l'ouïe et le tact vous font sentir, et s vous ne connaissez pas la route qu'il suit pourquoi cherchez-vous curieusement à sonder l'opération de l'Esprit-Saint, vous qui ne comprenez pas la violence du vent, quoique vous en entendiez le bruit? car ce mot: «Il souffle où il lui plaît», est dit de la puissance du Saint-Esprit, et c'est ainsi qu'il faut l'expliquer. Si personne ne peut arrêter le vent, et s'il souffle où il lui plaît, ni les lois de la nature, ni les bornes des générations corporelles, ni quelqu'autre chose que ce puisse être, ne pourront à bien plus forte raison empêcher l'opération de l'Esprit-Saint. Or, que ce soit du vent qu'il est dit: «Vous entendez sa voix», c'est ce qui est évident: Jésus-Christ n'aurait pas dit à un infidèle, à un ignorant, en voulant parler de l'opération de l'Esprit-Saint, «vous entendez sa voix». Comme donc on ne voit pas le vent, quoiqu'il fasse du bruit, de même on n'aperçoit pas des yeux du corps la génération spirituelle: et néanmoins le vent est un corps, quoique très-subtil: car tout ce qui est soumis aux sens est un corps. Si donc ce n'est ni une peine, ni un chagrin pour vous, de ne pas voir un corps, ni aussi une raison d'en nier l'existence, pourquoi vous troublez-vous quand vous entendez parler de l'Esprit-Saint? pourquoi demandez-vous tant de comptes, puisque vous ne faites pas de même à l'égard d'un corps? quelle est donc la conduite de Nicodème? Après un exemple si clair, il demeure encore dans ses basses idées, dans sa grossièreté juive; et comme dans le doute, où il persiste toujours, il dit encore à Jésus-Christ: «Comment cela se peut-il faire? (9)» Le divin Sauveur lui répond plus durement: «Quoi! vous êtes maître en Israël, et vous ignorez ces choses? (10)» Considérez toutefois que jamais il ne l'accuse de malice, que seulement il lui reproche sa grossièreté et sa stupidité.

Mais qu'a de commun, dira-t-on, cette génération avec ce qui s'est passé parmi les Juifs? mais plutôt dites-moi, je vous prie, ce qui ne s'y rapporte pas. La création du premier homme, la formation de la femme tirée de son côté; les femmes stériles devenues fécondes, et tout ce qui a été opéré par l'eau et sur les eaux, savoir: dans la fontaine d'où Elisée retira le fer qui y était tombé; les prodiges qui se sont faits au passage de la mer Rouge; les miracles arrivés à la piscine dont l'ange remuait l'eau (Jn 6,5), et la guérison miraculeuse de Naaman de Syrie dans le Jourdain; toutes ces choses, dis-je, étaient comme des figures et des symboles de la génération 223 et de la purification qui devait un jour arriver, et qui les annonçaient d'avance; les oracles mêmes des prophètes prédisaient en quelque sode cette nouvelle manière de naître, comme par exemple, ces paroles: «La postérité à venir sera annoncée par le Seigneur, et les cieux annonceront sa justice au peuple qui doit naître» dans la suite; «au peuple qui a été fait par le Seigneur». (Ps 21,34) Et celles-ci: «Il renouvelle sa jeunesse comme celle de l'aigle». (Ps 103,5) Ces autres: «Jérusalem, recevez la lumière: car voilà que votre roi est venu». (Is 60,1) Et encore: «Heureux sont ceux à qui les iniquités ont été remises». (Ps 32,1) Isaac était aussi une figure de cette naissance.

Dites, ô Nicodème! dites-le nous: comment Isaac est-il né? Est-ce purement selon la loi de la nature? Non: donc cela s'est fait d'une manière qui tenait et de la naissance naturelle, et de la nouvelle naissance, car Isaac est né d'un mariage, et d'autre part il n'est pas simplement né du sang. Et moi, je vous ferai voir que non-seulement cette naissance, mais encore l'enfantement de la Vierge, ont été prédits et annoncés d'avance par les prodiges figuratifs dont je viens de parler. Comme personne n'aurait pu facilement croire qu'une Vierge enfantât, premièrement les femmes stériles, et non-seulement les femmes stériles, mais encore les vieilles ont enfanté. Et toutefois, qu'une femme soit formée d'une côte, c'est quelque chose de plus merveilleux et de plus étonnant: mais comme ce prodige était très-ancien, une autre espèce d'enfantement a paru dans la suite: et la fécondité des femmes stériles a préparé les esprits à croire à l'enfantement de la Vierge; c'est pour rappeler ces célèbres événements à Nicodème que Jésus-Christ lui disait: «Quoi! vous êtes maître en Israël, et vous ignorez ces choses? Nous disons ce que nous savons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu, et cependant personne ne reçoit notre témoignage». Jésus-Christ ajouta ces choses, et pour prouver encore par d'autres exemples ce qu'il avait dit, et pour s'accommoder à sa fait blesse.

3. Mais que signifient ces paroles: «Nous disons ce que nous savons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu (Jn 3,11)?» Comme de tous les sens, la vue est celui qui nous persuade le plus, comme lorsque nous voulons qu'on nous croie, nous élisons que nous n'avons pas entendu de nos oreilles, mais que nous avons vu de nos propres yeux; voilà pourquoi Jésus-Christ, parlant à Nicodème, emprunte le langage des hommes et leur façon de parler; il l'emprunte pour persuader ce qu'il dit: mais que cela soit ainsi, que telle ait été son unique intention, et qu'il ne veuille pas parler de la vue sensible, ses propres paroles le font voir visiblement. Il avait dit: «Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit», il ajoute: «Nous disons ce que nous savons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu». Mais cela n'était point encore arrivé. Pourquoi dit-il donc: «Ce que nous avons vu?» N'est-il pas évident qu'il parle de cette exacte et parfaite connaissance qui ne peut se tromper? «Et cependant personne ne reçoit notre témoignage.» Ce mot donc: «Ce que nous savons», Jésus-Christ le dit ou de soi et de son Père, ou de soi seulement; mais celui-ci: «Personne ne reçoit», il ne le dit pas maintenant pour marquer sa colère et son indignation, mais seulement pour faire connaître ce qui se passe. Car il n'a point dit: Est-il rien de plus insensible que vous? Quoi! vous ne recevez pas ce que nous vous expliquons avec tant de soin et d'exactitude? Il montre au contraire une très-grande modération et dans ses actions, et dans ses paroles; il ne dit rien d'approchant, mais il prédit avec douceur ce qui en arriverait, et nous donne à nous cet exemple d'une extrême patience, afin que nous ne soyions ni fâchés, ni chagrins, lorsque nous ne persuadons pas ceux à qui nous parlons.

En effet, que sert de se fâcher? on n'y gagne rien; au contraire, on s'aliène les esprits, on les rend plus opiniâtres dans leur incrédulité. C'est pourquoi il faut bien se garder de se fâcher: il faut s'attacher à rendre digne de foi ce qu'on dit, en s'abstenant non-seulement de se mettre en colère, mais aussi de se répandre en clameurs; car des clameurs naît la colère. Arrêtons dune le cheval, pour renverser le cavalier. Coupons les ailes à la colère, et nous comprimerons son essor. Elle est un venin subtil, qui s'insinue facilement, et qui infecte l'âme. Il faut donc lui fermer toutes les portes. Il serait ridicule d'adoucir et d'apprivoiser des bêtes, et de négliger notre âme, de la laisser devenir brutale et farouche. La colère est un grand feu qui dévore tout: elle [224] corrompt le corps, elle ruine l'âme; elle rend l'homme laid et horrible à voir. Certes si un homme en colère voulait se regarder au miroir, il ne lui faudrait point d'autre avertissement: rien n'est plus affreux qu'un visage en colère. La colère est une espèce d'ivresse, ou plutôt elle est pire et plus misérable qu'un démon: mais être attentifs à ne se pas répandre en clameurs, c'est la meilleure voie pour arriver à la vraie philosophie. Voilà pourquoi saint Paul commande de fuir non-seulement la colère, mais encore les clameurs: «Que toute colère», dit-il, «et toute clameur soient bannies d'entre vous». (Ep 4,31)

Soyons donc soumis et obéissants au grand Maître de toute philosophie, de toute sagesse 1 Et lorsque nous nous sentons émus de colère contre nos serviteurs, pensons à nos péchés et rougissons de honte en voyant leur douceur et leur patience. Car quand vous chargez d'injures votre serviteur, et qu'il écoute vos injures patiemment et en silence, que vous faites une action honteuse, et que lui, il se conduit en vrai philosophe: c'est un avertissement qui devrait vous suffire. En effet, quoiqu'il ne soit qu'un valet, toutefois il est homme, doué d'une âme immortelle et honoré des mêmes dons que nous par notre commun Maître. Que si nous étant égal dans les plus grandes choses et dans les dons spirituels, il souffre patiemment vos outrages à cause de je ne sais quelle légère prérogative humaine, de quel pardon et de quelle excuse serons-nous dignes, nous, qui même par la crainte de Dieu ne pouvons, ou même ne voulons pas nous contenir, comme ce domestique le fait par la crainte qu'il a de nous?

Réfléchissons donc en nous-mêmes sur toutes ces choses, pensons que nous sommes des pécheurs, et que nous participons tous à une même nature; étudions-nous à parler avec douceur en toute occasion, afin qu'étant humbles de coeur, nous procurions à nos âmes le repos et la paix, et de la vie présente et de la vie future. Je prie Dieu de nous l'accorder à tous, par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui, etc.



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HOMÉLIE 27. MAIS SI VOUS NE ME CROYEZ PAS LORSQUE JE VOUS PARLE DES CHOSES DE LA TERRE, COMMENT ME CROIREZ-VOUS QUAND JE VOUS PARLERAI DES CHOSES DU CIEL?

- PERSONNE N'EST MONTÉ AU CIEL, QUE CELUI QUI EST DESCENDU DU CIEL, SAVOIR, LE FILS DE L'HOMME QUI EST DANS LE CIEL. (VERSET 12, JUSQU'AU VERSET 16)

Jn 3,12-16

ANALYSE.

1. Il ne faut pas chercher à comprendre par la raison la génération du Fils unique.
2. Le serpent d'airain, figure de Jésus-Christ. - Combien Dieu a aimé le monde.
3. Amour de Dieu: excès de sa bonté pour des pécheurs et des ingrats. - Dieu, pour nous sauver, n'a même pas épargné son Fils, et nous épargnons notre argent: mauvais usage qu'on fait des richesses. - Ce que Jésus-Christ a fait pour nous: notre ingratitude, notre dureté pour lui en la personne des pauvres. - Eussions-nous mille vies, nous devrions les répandre toutes pour Jésus-Christ. - Contre ceux qui, donnant tout à leur luxe, négligent et méprisent les pauvres.

271 1. Je l'ai souvent dit, je le répéterai maintenant encore, et je ne cesserai point de le dire: Qu'est-ce donc? C'est que souvent Jésus-Christ, lorsqu'il veut parler de choses élevées et sublimes, s'abaisse à la portée de ses auditeurs, et ne se sert point de paroles dignes de [225] sa grandeur, mais des plus simples et des plus grossières. S'il avait une fois parlé des choses divines en propres termes, il n'avait pas besoin de se répéter pour nous instruire, du moins autant qu'il est possible; mais il n'en est pas de même des paroles simples et grossières, par lesquelles il se mettait à la portée de ses auditeurs: si elles n'eussent été fréquemment répétées, comme il s'agissait de choses sublimes, elles n'auraient point touché, ni ébranlé un auditeur charnel qui rampait à terre. Voilà pourquoi Jésus-Christ a beaucoup plus dit de choses simples que d'élevées: mais de peur que cela ne fît tort à ses disciples, et ne les laissât toujours courbés vers la terre, il ne dit point ces choses simples, il ne se sert point de ces grossières comparaisons, sans marquer pour quelle raison il en use de la sorte: et c'est ce qu'il a fait en cet endroit. Ayant discouru du baptême, et de cette renaissance qu'opère la grâce; voulant parler ensuite de son ineffable et mystérieuse génération, il interrompt son discours et il en déclare lui-même la cause. Quelle est-elle? c'est la grossièreté et la faiblesse de ses auditeurs: il l'a même insinué incontinent après par ces paroles: «Si vous ne me croyez pas lorsque je avons parle des choses de la terre, comment me croirez-vous quand je vous parlerai des choses du ciel?» Jn 3,12 C'est pourquoi, quand Jésus-Christ dit quelque chose de simple et de grossier, il faut en attribuer la raison à la faiblesse et à la grossièreté de ses auditeurs.

Au reste quelques-uns croient qu'en cet endroit ces mots: les choses de la terre, signifient le vent, et que cela revient à dire: si vous ayant donné l'exemple des choses de la terre, néanmoins je ne me suis pas fait entendre, comment pourrez-vous comprendre des choses qui sont très-élevées et très-sublimes? mais s'il appelle ici le baptême terrestre, n'en soyez pas surpris: il l'appelle ainsi, ou parce qu'il est conféré sur la terre, ou parce qu'il le compare avec sa redoutable génération; car quoique la renaissance qu'opère le baptême soit céleste, si néanmoins on la compare avec cette génération que produit la substance du Père, on i peut la dire terrestre. Et remarquez que Jésus-Christ n'a point dit: Vous ne comprenez pas; mais: Vous ne croyez pas. En effet, accuser de folie celui qui ne veut pas croire, ne le comprenant pas, ce qui est du domaine de la raison, rien n'est plus juste: et au contraire si quelqu'un refuse de recevoir ce que la raison n'admet pas et qui n'est accessible qu'à la foi, on ne l'accusé pas de folie, mais on le blâme à cause de son incrédulité. Jésus-Christ donc voulant ramener Nicodème, lui parle avec plus de force et lui reproche son incrédulité, afin qu'il ne cherche pas à comprendre par le raisonnement le sens de ses paroles mais si la foi nous oblige de croire à' notre régénération, quel supplice ne méritent pas ceux qui cherchent à connaître par la raison la génération du Fils unique?

Mais peut-être quelqu'un dira: pourquoi Jésus-Christ a-t-il dit ces choses, si ses auditeurs devaient refuser de les croire? C'est parce que si ceux-là ne les croyaient pas, il était sûr que les hommes qui viendraient après eux les croiraient, et en retireraient un grand avantage. Jésus-Christ donc, parlant à Nicodème avec beaucoup de force, lui fait voir enfin que non-seulement il connaît ces choses, mais encore bien d'autres, incomparablement plus grandes; ce qu'il montre par les paroles qui suivent, où il dit: «Personne n'est monté au ciel, que celui qui est descendu du ciel», savoir: «le Fils de l'homme qui est dans le ciel». Et quelle est, direz-vous, cette conséquence? elle est très-grande et très-bien liée à ce qui précède; Nicodème avait dit: «Nous savons que vous êtes venu de la part de Dieu» pour nous instruire comme «un docteur»; Jésus-Christ amende ces paroles, en lui disant, ou à peu près: Ne pensez pas que je sois docteur, comme l'ont été plusieurs prophètes, qui étaient des hommes terrestres, car moi, je viens du ciel. Aucun des prophètes n'est monté au ciel, et moi j'y habite. Ne voyez-vous pas, mes frères, que ce qui paraît même très-élevé reste fort au-dessous d'une telle grandeur? Car Jésus-Christ n'est pas seulement dans le ciel, il est partout, il remplit tout; mais il se rabaisse encore à la portée et à la faiblesse de son auditeur, afin de l'élever peu à peu. Au reste, en cet endroit, Jésus-Christ n'appelle pas la chair le Fils de l'homme, mais il se désigne tout entier, pour ainsi parler, par le nom de la moindre substance. En effet, il a coutume de se nommer tout entier, tantôt par la divinité, tantôt par l'humanité.

«Et comme Moïse éleva dans le désert le serpent» d'airain, «il faut de même que le Fils de l'homme soit élevé en haut (Jn 3,14)». Ceci encore parait ne pas se rattacher à ce qui [225] précède, et néanmoins s'y rapporte tout à fait. Car, après avoir dit que le baptême procure aux hommes un très-grand bien, il découvre aussitôt la source de ce bienfait, et fait connaître qu'elle n'est pas moins précieuse que l'autre, puisque le baptême tire toute sa vertu de la croix. Saint Paul, écrivant aux Corinthiens, en use de même, il joint ces biens ensemble, en disant: «Est-ce Paul qui a été crucifié pour vous, ou avez-vous été baptisé au nom de Paul?» (1Co 1,13). Par où l'apôtre fait parfaitement connaître l'ineffable amour de Jésus-Christ, en ce qu'il a souffert pour ses ennemis et est mort pour eux, afin de leur remettre entièrement leurs péchés par le baptême.

272 2. Mais pourquoi n'a-t-il pas clairement dit qu'il devait être crucifié, et a-t-il renvoyé ses auditeurs à l'ancienne figure? Premièrement pour leur montrer la liaison et la concorde qu'il y a entre l'Ancien et le Nouveau Testament, et leur apprendre que ce qui s'est passé dans l'un, n'est pas contraire à ce qui se passe dans l'autre. En second lieu, afin que vous compreniez vous-mêmes et que vous soyiez bien persuadés qu'il n'est pas allé à la mort malgré lui; de plus que cette mort ne lui fait aucun tort, et enfin que c'est par elle qu'il procure le salut de plusieurs. Et de peur que quelqu'un ne dît: Comment peut-il se faire que ceux qui croient à un homme crucifié soient sauvés, puisque la mort l'a enlevé lui-même? il nous rappelle une ancienne histoire. Si les Juifs qui regardaient la figure du serpent d'airain (Ex 21), évitaient la mort, à plus forte raison, ceux qui croient en Jésus-Christ crucifié, recevront-ils de grands ors et des grâces plus excellentes. En effet, si Jésus-Christ a été crucifié, ce n'est pas qu'il ait été le plus faible ou les Juifs les plus forts; son temple animé a été attaché à la croix, parce que Dieu a aimé le monde.

«Afin que tout» homme «qui croit en lui, ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle (Jn 3,15)». Ne voyez-vous pas la cause de la mort et le salut qu'elle procure? Ne voyez-vous pas l'accord de la figure avec la vérité? Alors les Juifs évitèrent la mort, mais une mort temporelle; maintenant les fidèles sont préservés de la mort éternelle. Là le serpent élevé en l'air guérissait les morsures des serpents; ici, Jésus crucifié guérit les blessures que fait le dragon spirituel. Là, celui qui regardait des yeux du corps était guéri; ici, celui qui voit des yeux de l'âme, se décharge de tous ses péchés. Là pendait une figure d'airain qui représentait un serpent, ici le corps du Seigneur que le Saint-Esprit a formé. Là, un serpent mordait et un serpent guérissait; ici la mort a donné la mort, et la mort a donné la vie. Le serpent qui tuait avait du venin, celui qui donnait la vie n'avait point de venin. Ici c'est la même chose: la mort qui donnait la mort avait le péché, comme le serpent avait le venin; mais la mort du Seigneur était exempte de tout péché, comme le serpent d'airain l'était du venin: «Car il n'avait commis aucun péché», dit l'Ecriture, «et de sa bouche il n'est jamais sorti aucune parole de tromperie». (1P 2,23) C'est là ce qu'a déclaré saint Paul par ces paroles: «Jésus-Christ ayant désarmé les principautés et les puissances, les a menées hautement en triomphe à la face de tout le monde, après les avoir vaincues par lui-même». (Col 2,15) De même qu'un courageux athlète, qui, élevant fort haut son ennemi, le jette par terre, remporte une plus illustre victoire, ainsi Jésus-Christ, à la face de tout le monde, a terrassé les puissances qui nous étaient ennemies, et, après avoir guéri ceux qui avaient été blessés dans le désert, il les a, par son crucifiement, délivrés de toutes les bêtes; aussi Jésus-Christ n'a point dit: Il faut que le Fils de l'homme soit attaché à une croix, mais il a dit: Il faut qu'il soit élevé; de manière à choquer moins celui qui l'écoutait, et à se rapprocher de la figure.

«Car Dieu a tellement aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que tout» homme «qui croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle (Jn 3,16)». C'est-à-dire: Ne vous étonnez pas que je sois élevé, afin que vous soyiez sauvés; ainsi a décidé mon Père, et mon Père vous a tellement aimés, qu'il a donné son Fils pour ses serviteurs et pour des serviteurs ingrats, quand personne n'en ferait autant pour son ami. Saint Paul dit même: «Et certes, à peine quelqu'un voudrait-il mourir pour un juste» (Rm 5,7). L'apôtre appuie davantage sur cet amour de Dieu, parce qu'il parlait à des fidèles; Jésus-Christ l'exprime ici avec plus de ménagement, parce qu'il parlait à Nicodème; mais ce qu'il dit est plus significatif encore, comme on peut s'en convaincre en pesant chacun des mots dont il [227] se sert. Car ces paroles: «Il a tellement aimé», et cette opposition: «Dieu; le monde», montrent un incomparable amour.

En effet, elle est grande la différence qui est entre Dieu et le monde, ou plutôt elle est immense. Dieu, l'immortel, celui qui est sans principe, qui a une grandeur infinie, a aimé des hommes formés de terre et de cendres, chargés d'une multitude de péchés, qui ne cessaient de l'offenser, des ingrats: oui, dis-je, voilà ceux qu'il a aimés. Les paroles qui suivent sont aussi fortes, car il ajoute: «Qu'il a donné son Fils unique», non pas un de ses serviteurs, ni un ange, ni un archange. Mais personne n'a jamais marqué tant d'affection, tant d'amour pour son fils même, que Dieu en a eu pour des serviteurs ingrats. Jésus-Christ prédit donc ici sa Passion; sinon ouvertement, du moins d'une manière enveloppée: mais l'avantage et le bien qui devait revenir de sa Passion, il le déclare ouvertement: «Afin», dit-il, «que tout» homme «qui croit en lui, ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle». Jésus-Christ avait dit qu'il serait élevé, et il avait insinué sa mort. Ces paroles pouvaient causer du chagrin et de la tristesse à Nicodème, lui inspirer à son sujet des sentiments humains, et lui faire penser que sa mort serait la fin de sa vie. Voyez de quelle façon il rectifie tout cela, en disant que la victime offerte est le Fils de Dieu, le principe et la source de la vie, et de la vie éternelle; or, celui qui, par sa mort, devait donner la vie aux autres, ne pouvait longtemps demeurer dans la mort. Si ceux qui croient en Jésus-Christ crucifié ne périssent point, bien moins périra-t-il celui qui est crucifié. Celui qui tire les autres de leur perte doit lui-même être bien plus exempt de périr; celui qui donne la vie aux autres, à plus forte raison se la donnera-t-il à lui-même.

Ne voyez-vous pas, mes chers frères, que partout on a besoin de la foi? car Jésus-Christ dit que la croix est une source et un principe de vie. La raison ne l'admettra pas facilement, témoin les sarcasmes actuels des gentils. Mais la foi qui s'élève au-dessus de la faiblesse de la raison, croit et reçoit cette vérité. Et d'où vient que Dieu a tant aimé le monde? d'où cela vient-il? Uniquement de sa bonté.

273 3. Qu'un si grand amour nous couvre donc de honte; qu'un si grand excès de bonté nous fasse donc rougir. Dieu, pour nous sauver, n'a même pas épargné son propre Fils (Rm 8,32), et nous épargnons nos richesses pour notre perte. Dieu a donné pour nous son Fils unique, et nous ne méprisons pas l'argent pour son amour, ni même pour notre bien et notre avantage. Une pareille conduite, une ingratitude si extrême, de quel pardon est-elle digne? Si nous voyons un homme s'exposer pour nous aux périls et à la mort, nous le préférons à tous les autres, nous le considérons même comme notre ami le plus intime, nous lui donnons tous nos biens et nous disons qu'ils sont plus à lui qu'à nous-mêmes, et encore ne croyons-nous pas nous être assez libérés envers lui. Mais, à l'égard de Jésus-Christ, nous ne nous conduisons pas de même, nous n'avons pas un coeur si reconnaissant. Jésus-Christ a donné sa vie pour nous, et il a répandu pour nous son précieux sang; pour nous, dis-je, êtres sans bonté et sans amour pour lui. Mais nous, notre argent, nous ne le dépensons même pas pour notre utilité; nous abandonnons celui qui est mort pour nous, nous le laissons nu, nous le laissons sans logement et qui nous délivrera du supplice au jugement futur? Si Dieu ne nous punissait pas, si c'était à nous à nous punir nous-mêmes, ne prononcerions-nous pas l'arrêt contre nous? ne nous condamnerions-nous pas au feu de l'enfer, pour avoir méprisé et laissé se consumer de faim celui qui a donné sa vie pour nous?

Et pourquoi m'arrêter à parler de l'argent et des richesses? Si nous avions mille vies, n'aurait-il pas fallu les offrir toutes pour Jésus-Christ? Et en cela même nous n'aurions encore rien fait qui fût comparable au bien que nous avons reçu. En effet, celui qui oblige le premier, donne une marque évidente de sa bonté, mais celui qui a reçu un bienfait, quoiqu'il donne ensuite, ne fait pas une grâce: il s'acquitte d'une dette, et surtout lorsque celui qui donne le premier fait ce bien à des gens qui sont ses ennemis, et que celui qui use de retour et de reconnaissance donne à son bienfaiteur des biens qu'il lui doit, et qu'il doit recouvrer un jour.

Mais toutes ces choses ne nous touchent pas, et nous sommes si ingrats, que lors même que nous couvrons d'or nos serviteurs, nos mules, nos chevaux, nous méprisons Notre-Seigneur, nous le laissons marcher nu dans les rues, demander son pain de porte en porte, debout dans les carrefours, et nous tendre les mains, [228] sans lui rien donner, et souvent même en le regardant avec dureté, bien qu'il se soumette pour notre amour à toutes ces peines et ces misères. Car volontairement il a faim, afin que vous le nourrissiez; il marche nu, pour vous fournir l'occasion de revêtir un vêtement incorruptible; et cependant vous ne lui donnez rien: vos habits, ou les vers les mangent, ou bien vous en chargez inutilement des coffres, et ils ne sont pour vous qu'un embarras, pendant que celui qui vous les a donnés, avec tout ce que vous possédez, se promène tout nu dans les rues.

Mais vous ne les enfermez pas dans vos coffres, vous vous en habillez magnifiquement? Que vous en revient-il de plus, je vous prie? Est-ce afin que cette foule de peuple qui inonde la place vous regarde? Et de quoi cela vous sert-il? le peuple n'admire pas celui qui porte ces habits magnifiques, mais bien celui qui donne aux pauvres. Si vous voulez qu'on vous admire, habillez les pauvres, et vous recevrez mille applaudissements. Alors Dieu se joindra aux hommes pour vous louer; mais si vous faites le contraire, personne ne vous louera; tous vous porteront envie et parleront mal de vous, voyant votre corps bien paré et votre âme négligée. Ces sortes d'ornements se voient jusque sur le corps des prostituées, souvent même ce sont elles qui portent les plus beaux et les plus riches habits. Mais les gens de bien ne recherchent que la vertu et s'appliquent seulement à bien orner leur âme.

Je vous dis souvent ces choses, et je ne cesserai point de vous les dire, moins par intérêt pour les pauvres que par sollicitude pour vos âmes. Si nous-mêmes nous n'assistons pas les pauvres, il leur viendra du moins d'ailleurs quelque consolation, quelque secours; et quand même il ne leur en viendrait aucun, quand ils périraient de faim, ce ne serait pas pour eux une grande perte. La faim et la pauvreté, quel tort ont-elles fait à Lazare? Mais vous, rien ne vous délivrera de l'enfer, si les pauvres n'accourent à votre secours: dénués, privés de toute consolation, vous direz ce que dit le riche condamné au feu éternel. Mais à Dieu ne plaise que la réponse qui lui fut faite s'adresse jamais à aucun de vous! Au contraire, fasse le ciel que vous soyiez tous reçus dans le sein d'Abraham, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui et avec qui gloire soit au Père et au Saint-Esprit, dans les siècles des siècles! Ainsi soit-il.

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HOMÉLIE 28. CAR DIEU N'A PAS ENVOYÉ SON FILS DANS LE MONDE POUR JUGER LE MONDE, MAIS AFIN QUE LE MONDE SOIT SAUVÉ PAR LUI. (VERS. 17, JUSQU'AU VERS. 21)


Chrysostome sur Jean 26