Chrysostome Synopse 104

ABRÉGÉ DU LIVRE DE L'EXODE

Il y eut en Egypte un roi qui ne connaissait pas Joseph; il accabla les Israélites en les employant à la fabrication des briques. Il ordonna aux sages-femmes de mettre à mort les enfants mâles qui naîtraient aux Hébreux, et, comme elles n'obéirent pas, il chargea le peuple d'accomplir cette iniquité. Alors naquit Moïse, de la tribu de Lévi ; ses parents l'exposèrent dans une petite embarcation. La fille de Pharaon survint, prit l'enfant et le donna à nourrir. Devenu grand, Moïse alla voir les enfants d'Israël. Tandis qu'il considérait leurs durs travaux, il aperçut un Egyptien qui frappait un Hébreu. Il regarda de tous côtés et, ne voyant personne, il tua l'Égyptien, dont il cacha le corps dans le sable. Le jour suivant, il sortit et vit deux Hébreux qui se disputaient entre eux. Il dit à l'un : « Pourquoi frappez-vous votre prochain? Celui-ci répondit : Qui vous a établi chef et juge parmi nous? Voulez-vous me tuer comme l'Égyptien d'hier? » (Ex 2,13) Moïse eut peur, et ceci étant venu aux oreilles de Pharaon, il cherchait à le faire mourir. Moïse craignant ce qui pourrait arriver, se retira au pays de Madian. là, il vint en aide aux filles de Jéthro, qui voulaient abreuver leurs troupeaux. Celles-ci racontèrent la chose à leur père et lui amenèrent Moïse, à qui il donna pour femme une de ses filles, et elle enfanta Gersa et Eliézer.

Tandis que Moïse faisait paître les troupeaux; Dieu lui parla. Il approcha du buisson et vit une merveille, car le buisson était enflammé et ne se consumait pas. Dieu l'envoya en Egypte en lui disant: « Je suis Celui qui suis. » ; (Ex 3,44) Il lui ordonna de rassembler les anciens et d'aller trouver Pharaon, en commandant aux Hébreux de s'emparer, lorsqu'ils partiraient, chacun des coupes d'argent et d'or de leurs voisins. Les signes qu'il lui donna pour le persuader furent ceux-ci: la verge changée en serpent, le changement de sa main qui devint blanche par la lèpre et qui reprit sa couleur première, enfin l'eau du fleuve. «Tu la répandras, » dit-il, « sur la terre, et ce sera du sang. » (Ex 4,9) Moïse résistait; mais Dieu irrité lui adjoignit Aaron. Moïse annonça à son beau-père Jéthro qu'il allait se rendre en Égypte, et le roi qui cherchait à le faire périr étant mort, Dieu lui dit: « Va (530) maintenant en Egypte. » (Ex 19) Moïse prit donc sa femme et ses enfants et partit ainsi. Mais un ange lui apparut qui le remplit de terreur. Ce n'était point cependant à cause de la circoncision, car si la circoncision avait été le motif, il eût été nécessaire que l'ange ne se retirât point avant que la mère des fils de Moïse eût circoncis le second également, mais parce que Moïse ne devait point emmener sa femme en Egypte. Il n'était pas envoyé pour habiter en ce pays, mais pour en faire sortir le peuple d'Israël; il le comprit ainsi et renvoya sa femme. Quelle est la preuve de ce renvoi? C'est qu'à la sortie d'Égypte son beau-père Jéthro vint à sa rencontre avec la femme de Moïse.

Aaron se joint à Moïse. Tous deux vont trouver les anciens d'Israël, auxquels ils parlent de la part de Dieu. Ceux-ci sont dans la joie. Lorsqu'ils se présentent devant Pharaon et lui ordonnent de laisser partir le peuple, non-seulement le roi ne le permet pas, mais il maltraite encore davantage les Israélites, ordonnant de ne plus leur fournir la paille, de sorte qu'ils fussent obligés de s'en pourvoir eux-mêmes. Les chefs des travaux, qui étaient fustigés parce que la même quantité de travaux n'avait pas été faite, s'adressèrent à Pharaon et n'obtinrent aucun soulagement. Ils murmurèrent contre Moïse qui, de nouveau, fut envoyé vers les Israélites pour leur annoncer la sortie d'Égypte. Toutefois, ils n'écoutaient pas Moïse, tant ils étaient abattus.

En cet endroit est la généalogie de Moïse, à qui Dieu dit : « Je t'ai établi le Dieu de Pharaon (Ex 7,1),» et il l'envoie vers Pharaon ordonnant de donner un signe, si le roi le demande, celui de la baguette changée en serpent. Après la baguette changée en serpent, le roi ne consent pas, l'eau du fleuve est changée en sang et la terre est couverte de grenouilles. Puis vinrent les moucherons et les mouches, puis la mort des animaux, puis les ulcères, la grêle et le tonnerre, les sauterelles, les ténèbres palpables. La mort des premiers-nés allait suivre; les Hébreux reçoivent l'ordre d'immoler un agneau mâle et sans tache, et d'oindre de son sang les portes de leur demeure, parce que les habitants de la maison sur laquelle serait la marque du sang ne périraient point. Moïse commande de se nourrir des pains azymes pendant sept jours, et il ordonne de conserver ce rite lorsque le peuple sera entré dans la terre de promission. « Et si vos fils vous interrogent, vous direz que ce sacrifice est la pâque du Seigneur. » (Ex 12,27) Après que, pendant la nuit, tous leurs premiers-nés eurent été frappés de mort, les Egyptiens chassèrent les Israélites de l'Égypte. Les Hébreux partirent, emportant les vases d'argent et d'or, emmenant une population nombreuse et mêlée, et des moutons, des boeufs, des bêtes de somme. Le temps que passèrent les fils d'Israël et leurs pères dans la terre de Chanaan et ensuite dans l’Egypte fut de quatre cent trente années.

Dieu dit ensuite : « Tu me consacreras et tu sanctifieras tous les premiers-nés tant des hommes que des troupeaux (Ex 13,2), » parce qu'il avait fait mourir les premiers-nés des Egyptiens. Il ne les conduisit point alors dans les pays des Philistins, de peur que la nécessité, où ils se verraient de faire la guerre à ces peuples ne les fit repentir d'avoir quitté l'Égypte, et résoudre d'y retourner: il les fit passer à travers la mer Rouge. Ce fut à la cinquième génération que les fils d'Israël quittèrent l'Égypte, et Moïse emporta les ossements de Joseph. Cependant, Dieu conduisait le peuple par une colonne de feu durant la nuit et par une colonne de nuée durant le jour.

Pharaon ayant changé de résolution les poursuivit. Moïse frappa la mer avec sa baguette etelle s'écarta pour livrer passage aux Israélites, mais elle réunit ses flots sur les Égyptiens et les engloutit. Moïse chanta un cantique au Seigneur et Marie chantait avec les femmes. Ils vinrent à Mara où l'eau était amère : Moïse la rendit douce en y jetant le bois. Ils arrivèrent ensuite aux douze sources et aux soixante-dix palmiers, en un lieu qu'on appelait Elim. Ils s'avancèrent de là dans le désert, entre Elim et Sina, et les Israélites murmuraient dans le désert parce qu'ils manquaient de viande. Alors, il plut de la manne. Ensuite, Dieu leur envoya des cailles. Ceci fut digne de remarque touchant la manne : ceux qui en recueillirent plus n'en eurent pas davantage, ceux qui en recueillirent moins en eurent en quantité suffisante, et Moïse leur ordonna de n'en point garder pour le lendemain. Ils n'obéirent point, et ce qui resta ainsi fut rempli de vers. Moïse leur dit aussi de ne point sortir le jour du sabbat ; ils désobéirent encore sur ce point, mais étant sortis ils ne trouvèrent rien. Moïse ordonna qu'on remplît de manne un vase d'or (531) qui serait gardé pour les générations futures, et ils mangèrent de la manne pendant quarante ans. Ils murmurèrent aussi à cause de la soif Moïse frappa le rocher, et il en coula de l'eau. Amalec vint combattre Israël, et Josué fils de Navé les mit en fuite: pendant tout le temps que les mains de Moïse étaient élevées Israël était vainqueur, mais lorsqu'il les laissait retomber Israël avait le dessoles. C'était la figure de la croix. Aaron et Hur se tenant auprès de Moïse soutenaient ses mains. Et Dieu dit à Moïse : « Ecris ceci dans un livre, afin qu'on en garde le souvenir. » (Ex 17,4)

Jéthro, beau-père (1) de Moïse, vint au-devant de lui, lui amenant sa femme, et il se présenta devant Moïse et devant le peuple. Moïse lui raconta les choses admirables que Dieu avait faites, et il fut ravi d'admiration. Mais lorsqu'il vit tout le peuple environner Moïse, et celui-ci ne pouvoir suffire à juger tous les différends, il lui dit : Choisissez des hommes capables, religieux, justes et haïssant l'orgueil, et établissez-les, les uns sur mille, les autres sur cent, sur cinquante et sur dix. (Ex 18,21) Moïse fit ainsi, et alla sur la montagne.

Dieu commande à Moïse de dire aux Israélites qu'ils seront la nation sainte, le sacerdoce royal de Dieu, s'ils obéissent à ses lois. Ils répondirent: « Tout ce que Dieu dit, nous l'écouterons et nous le ferons. » (Ex 19,8) Alors, Moïse ordonna au peuple de se purifier jusqu'au troisième jour et de blanchir ses vêtements. Ensuite, il dit ce que nous lisons dans l'Apôtre s'adressant aux Hébreux : « Si quelqu'un touche la montagne, il sera lapidé. » (He 12,20) Une fumée sortait de la montagne et le bruit des trompettes se faisait entendre. Or, Moïse reçut les commandements de la loi, le Décalogue et les autres prescriptions de Dieu. Cette parole: « Tu ne maudiras point les dieux (Ex 22,8), » ne doit point s'entendre des idoles, mais des princes, car aussitôt il ajoute : Tu ne maudiras point celui qui commande ton peuple. De grands biens leur sont promis s'ils demeurent fidèles: ils soumettront les nations ; ils posséderont la terre ; leur pain et leur eau seront bénis; ils seront délivrés de toute maladie; il n'y aura point de femme stérile parmi eux, point d'orphelins, point de mort prématurée ; ils posséderont tout le pays qui s'étend depuis la mer Rouge

105 La version des septante dit abusivement gaubros, gendre, au lieu de pentheros, beau-père. (Note du texte.)

jusqu'à la contrée des Philistins, depuis le désert jusqu'à l'Euphrate. Moïse offre un sacrifice; il verse la moitié du sang sur l'autel, et avec le reste il asperge le peuple. Paul en fait mention dans l'épître aux Hébreux, lorsqu'il dit: « Le premier Testament n'a pas été renouvelé sans l'effusion du sang. » (
He 9,18)

Dieu ordonne à Moïse de gravir la montagne et de prendre des tables, il demeure là quarante jours et quarante nuits. Il apprend quelle doit être la disposition du tabernacle et des objets qu'il renfermera, tout ce qui concerne le vêtement sacerdotal, l'onction des prêtres et les rançons. (Ex 30,12) Le prix de la rançon était de la moitié d'une drachme pour chacun, c'est-à-dire dix oboles. Dieu lui apprend encore la manière de composer l'huile pour les onctions et recommande de garder le sabbat. Les Israélites se réunissent contre Aaron et tombent dans l'idolâtrie. Dieu dit à Moïse : « Laisse-moi, je les détruirai et je te ferai le chef d'une puissante nation. » (Ex 32,10)

Quand Moïse descendit, il vit le veau d'or et le peuple qui se réjouissait à l'entour; il jeta les tables de la loi et les brisa, il réprimanda Aaron et dit aux fils de Lévi venus vers lui : « Si quelqu'un est pour le Seigneur, qu'il vienne à moi, et que chacun mette à mort son frère ou l'un d'entre ses proches, et trois mille (1) hommes tombèrent ainsi frappés. » (Ex 32,26 Ex 32,28) Et Moïse se tourna vers Dieu et lui dit : « Si vous remettez leur péché, vous te remettrez ; mais si vous ne le remettez pas, effacez-moi du livre que vous avez écrit.» (Ex 32,31 Ex 32,32) Le peuple pleura et reçut l'ordre de quitter ses vêtements de fête. C'est en cet endroit qu'il est dit : « Et « Dieu parla à Moïse comme quelqu'un qui « parle à un ami. » (Ex 33,11) Or, Josué, fils de Navé, ne sortit pas de sa tente. Cependant, Moïse priait Dieu de ne point abandonner son peuple, et ayant préparé deux nouvelles tables, il écrivit le Décalogue et passa de nouveau quarante jours et quarante nuits. Dieu renouvelle ses commandements sur la pâque, sur le sabbat, sur la destruction des dieux des nations, sur la sanctification des premiers-nés. Là se trouve mentionné le voile avec lequel Moïse parlait au peuple et dont

1. Chiffre plus vraisemblable que celui de la Vulgate qui met 23.000.

Paul s'est souvenu dans la deuxième aux Corinthiens. (2Co 3,13)

Le sabbat est promulgué. Moïse demande les,matériaux nécessaires à la construction du tabernacle, c'est-à-dire de l'or, de l'airain, des toisons, et le reste. Tous apportaient avec un si grand zèle les objets demandés qu'il yen eut bientôt en trop grande quantité. Béséléel, de la

tribu de Juda, et Oboliab, de la tribu de Dan, achevèrent tout cet ouvrage, et le tabernacle fut construit et une nuée le couvrit. On employa vingt-neuf talents et soixante-dix sicles d'or, cent talents d'argent et sept cent soixante-douze sicles, soixante dix talents d'airain et deux mille cinq cents sicles.

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ABRÉGÉ DU LÉVITIQUE, QUI EST LE TROISIÈME LIVRE

Ce livre est appelé le Lévitique parce qu'il renferme particulièrement l'explication entière des rites lévitiques; la manière dont furent choisis et oints, pour les cérémonies sacrées, Aaron et ses fils, de la tribu de Lévi ; toute la distinction des différentes sortes de sacrifices; la qualité du sacrifice et de l'oblation. On y expose la règle de chaque sacrifice, de celui qui est offert pour le salut et de celui qu'on offre pour le délit, soit volontaire soit involontaire; on y explique comment la victime doit être partagée et à qui elle doit être attribuée.

Ce livre rapporte l'onction du souverain pontife et des autres prêtres ; il contient la notion et la description des signes qui font reconnaître la lèpre des hommes, des vêtements ou des maisons en même temps que les prescriptions pour purifier de la lèpre. Il dit quelle est la loi et la distinction des mariages légitimes, et quels mariages sont réputés illégitimes. Il en est de même pour la différence entre les animaux purs et impurs, entre les oiseaux, les poissons, les reptiles de tout genre, ceux dont les Hébreux peuvent faire leur nourriture et ceux dont ils doivent s'abstenir. Il indique le jour où doivent retentir les trompettes au commencement du septième mois, le précepte du grand jeûne qu'il faut observer au dixième jour du septième mois; ce jour, est le sabbat des sabbats et le jour de la rémission des péchés. Il fixe la fête des Tabernacles au quinze du même mois. Il est question aussi des autres fêtes et des offrandes qu'on doit y faire; de l'affranchissement des Hébreux vendus comme esclaves; de la remise des dettes; du repos de la septième année que l'on doit accorder à la terre. Il est parlé de nouveau des observances légales et des témoignages. De grands biens sont promis à ceux qui observeront ces lois; des menaces terribles sont faites à ceux qui les violeraient.

La distinction entre les animaux purs est celle-ci : ceux-là sont purs qui ruminent et dont l'ongle est divisé et forme deux ongles; tels sont le veau, le mouton, la chèvre, le cerf, la gazelle, le chevreuil, l'antilope, le bouc-cerf, la girafe et d'autres semblables. Si l'une des deux conditions manque, l'animal est impur : ainsi, le chameau, le lièvre, le porc-épic, qui ruminent mais n'ont pas l'ongle fendu, et de même pour le porc, qui a l'ongle fendu mais qui ne rumine pas. Parmi les oiseaux, ceux dont il est défendu de se nourrir sont l'aigle, 1e griphon, l'aigle de mer, le vautour, le milan, le corbeau, et ceux qui leur ressemblent, l'épervier et ceux qui lui ressemblent, le hibou, le goéland, l'ibis, la poule d'eau, le pélican, le cygne, le héron, le pluvier, et ceux qui leur ressemblent, la huppe, la chauve-souris. Parmi les reptiles ailes, ceux-là sont impurs qui s'avancent sur quatre pattes, mais ceux qui ont les membres postérieurs plus élevés de sorte qu'ils peuvent sauter, sont la sauterelle, le pittacus, l’attacus et ceux qui leur ressemblent, et l'ophieuque. Tout ce qui est né dans les eaux, soit dans la mer, soit dans les fleuves, soit dans les torrents est déclaré pur, lorsque ces animaux sont (533) pourvus de nageoires et d'écailles, comme le barbeau, le scare, le glancus, le mulet, et ceux qui leur ressemblent. Ceux qui manquent de l'une ou de l'autre chose sont impurs et ne peuvent être mangés, telle est la sépia qui a des nageoires et n'a point d'écailles. Parmi les animaux qui rampent sur la terre, les suivants sont impurs : la belette, la souris, le crocodile terrestre, la musaraigne, le caméléon, le lézard moucheté, le saurus, la taupe. Quant au serpent et à ceux qui lui sont semblables, il était superflu d'en parler, car il est clair que cet animal est pour tous un sujet d'horreur et de dégoût. Toutes ces choses sont rappelées dans le Deutéronome.

Le Lévitique défend aussi de manger des animaux morts et du sang; il parle des femmes qui accouchent. Si quelque homme laisse couler sa semence, il sera impur pendant. huit jours. La circoncision de l'enfant aura lieu le huitième jour. Il est parlé du flux de la femme et de la différence des purifications, selon qu'elle a mis au monde un fils ou une fille. Loi sur la lèpre et sur la purification de la lèpre, sur les hommes qui perdent leur semence et les femmes affligées d'une perte. Prescriptions sur le respect du sanctuaire, sur le bouc émissaire, sur le jeûne, sur les unions illicites, sur les mariages légitimes et illégitimes, sur l'obligation pour le prêtre de ne point épouser une veuve ou une femme répudiée, mais une vierge que nul n'aura connue; sur la fille du prêtre coupable de fornication. Que le prêtre doit être à l'abri de tout reproche. Des dons offerts au Seigneur. Des sabbats, des fêtes, de la fête de Pâque, de celle des Tabernacles, de celle des Trompettes, de l'huile, de la lumière, des pains de proposition, de .l'année sabbatique. Des esclaves juifs et étrangers. Du renoncement aux idoles dont Dieu a dit : « Je suis votre Dieu; vous ne ferez point de simulacres, vous n'érigerez point de statues; vous ne placerez point de colonnes ou de pierres debout dans votre terre pour vous prosterner devant elles. » (Lv 26,1) Puis, il ajoute ces menaces contre les prévaricateurs : « Je suis le Seigneur votre Dieu qui, vous ai tirés de la terre d'Egypte lorsque vous étiez esclaves, qui ai brisé votre joug et vous ai servi de guide. Si vous ne m'écoutez pas, si vous n'accomplissez pas mes préceptes, si vous les répudiez, si votre âme s'éloigne de mes jugements, de sorte que vous n'accomplissiez pas tous mes commandements et que vous rejetiez mon Testament, je vous traiterai de la même façon et j'appellerai sur vous la disette, la lèpre, le feu qui « dévore les yeux; vous jetterez vainement vos semences sur la terre et vos ennemis s'en nourriront. » (Lv 13,16) Tel est le contenu de ce livre, qui renferme d'autres préceptes et diverses prescriptions et se termine par ces menaces.

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ABRÉGÉ DU DEUTÉRONOME

Moise raconte en abrégé tout ce qui est arrivé antérieurement, afin de remettre en la mémoire des Israélites les bienfaits de Dieu et leurs iniquités. Exhortation à ne point se livrer à l'idolâtrie. En cet endroit est écrit: « Tu « n'adoreras point les étoiles que le Seigneur « ton Dieu a disposées pour toutes les nations « qui sont sous le ciel. » (Dt 4,19) Ce mot, « a disposées pour les nations, » n'indique pas que Dieu ordonne aux nations d'adorer les étoiles; mais comme le dit le bienheureux Paul : « Dieu les a livrés à leur sens réprouvé (Rm 1,28), » non parce qu'il les a livrés lui-même, mais parce que les voyant ainsi engagés et sans espoir de conversion, il les a abandonnés. Ainsi dans ce passage, « il les a « disposées pour les nations, » c'est-à-dire parce que les nations ont embrassé l'erreur, et qu'elles n'ont point voulu revenir, Dieu les a abandonnées.

Un peu plus loin, Moïse leur dit: « J'en prends à témoin le ciel et la terre, si vous (537) vous éloignez de Dieu, vous mourrez. » (Dt 4,26) Ensuite, il montre que Dieu n'a jamais accordé à aucune nation de pareils bienfaits. Il détermine trois villes de refuge proche du Jourdain. De nouveau, rappelant les préceptes anciens, il dit : « Ecrivez ces et choses dans vos mains et sur les portes de vos maisons, et vous en instruirez vos fils. » (Dt 6,8 Dt 6,9) Après avoir annoncé quels maux fondront sur eux s'ils n'obéissent pas, il les rassure contre la crainte de leurs ennemis. De nouveau, il rappelle les préceptes anciens. En cet endroit il est écrit : « Veillez sur vous-mêmes (Dt 5,13), » parole qu'il répète fréquemment ensuite. Il les avertit de ne point attribuer leurs victoires à leur propre bravoure, mais à la grâce de Dieu. En cet endroit il est écrit : « Dieu est un feu dévorant (Dt 4,24 He 12,29), » parole que Paul a placée dans l'épître aux Hébreux. Il les exhorte à ne point se laisser aller à l'orgueil, « car ce n'est point à cause de ta justice, ô Israël, » dit-il, « que les nations seront exterminées, mais à cause de leur propre impiété. » (Dt 9,5) Il les fait souvenir du veau d'or. En cet endroit, il est écrit : « Livrez à la circoncision la dureté de votre coeur et n'endurcissez point vos têtes. » (Dt 10,16) Il fait l'éloge de la terre promise. Là se trouve cette parole : « Lorsque vous aurez mangé et bu et que vous serez rassasiés, soyez attentifs. » (Dt 6,12 Dt 6,13) Il leur annonce des maux s'ils n'obéissent point, des biens s'ils obéissent. Il ordonne de bénir le mont Garizim et de maudire le mont Gébal. Il commande de détruire les idoles et les lieux qui leur sont consacrés. Il ordonne de ne point offrir à Dieu des sacrifices en tous lieux, mais dans celui que lui-même aura choisi. Il dit de ne point imiter les nations et de n'écouter aucun de ceux qui conseillent l'idolâtrie, même s'il opère des prodiges, que ce soit un ami ou tout autre, mais de lapider celui qui conseille ainsi, fût-il même un frère, et si une ville se laisse aller à l'idolâtrie elle sera détruite entièrement.

Il dit ce qu'il est permis de manger, et ce qui n'est pas permis. Il donne la loi pour la rémission des dettes, pour le renvoi et l'affranchissement des esclaves, pour les premiers-nés, pour la célébration de la pâque. En cet endroit, il est écrit: « Vous ne pourrez faire la pâque en aucune des villes que le Seigneur votre Dieu vous donnera, mais seulement dans le lieu que le Seigneur votre Dieu aura choisi. » (Dt 16,5) Il parle de la fête des semaines, de celle des tabernacles, des juges, des rois, si quelque jour ils ont le désir d'avoir un roi, des lévites et de ceux qui doivent être choisis pour cette fonction. Il est défendu de recourir aux purificateurs, aux enchanteurs, aux devins, aux augures et à tous autres semblables.

En cet endroit, il est écrit : « Dieu vous suscitera un prophète tel que moi. » (Dt 18,15) Il donne les prescriptions touchant les villes de refuge. Là se trouve écrit: « Que toute parole soit attestée par deux ou trois témoins (Dt 19,15 Jn 1,45), » et il est statué sur le faux témoignage et la peine qui lui est réservée. II dit qui l'on doit envoyer lorsque la guerre va s'engager, et ceux-là ne devront point combattre contre l'ennemi. Il exhorte à ne pas faire mourir les ennemis prisonniers de guerre, excepté ceux de sept nations. Et toutes les villes que vous prendrez, dit-il, vous les pillerez; mais vous tuerez seulement les mâles. Tous ceux dont vous posséderez la terre, n'en laissez vivre aucun. Ne coupez pas les arbres à fruits, dit-il, pour en faire des pieux qui servent au siège.

Il établit la marche à suivre lorsque quelqu'un est mis à mort et que le meurtrier demeure inconnu. Si un homme a deux femmes, qu'il haïsse l'une et chérisse l'autre, et qu'il arrive que le premier-né soit le fils de la femme qui n'est pas aimée, on ne lui préférera pas celui de la femme qui est aimée davantage. II parle du fils désobéissant. En cet endroit est écrit: « Maudit est celui qui est pendu au « bois ! » (Dt 26,53) La malédiction était pour tous ceux qui n'accomplissaient pas la loi. « Maudit est celui qui n'observe pas les « prescriptions écrites dans ce livre ! » (Dt 27,26 Ga 3,13) Moïse parle pour ceux qui vivent sous la loi, et le Christ ne pouvait encourir cette malédiction, car il a accompli la loi, et, pendu au bois, il a détruit la malédiction par la malédiction (1).

Il ne faut pas négliger de porter secours même au bétail de son ennemi. Diverses lois sont portées, et en particulier sur le mariage; des peines sont établies contre ceux qui violent les vierges. Moïse interdit l'assemblée à certains

1 Mais Jésus-Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, s'étant rendu lui-même malédiction pour nous, selon qu'il est écrit Maudit est celui qui est pendu au bois. (Ga 3,13)

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individus et porte d'autres lois. Il défend l'usure. Il défend de retarder l'accomplissement des voeux ; lorsque quelqu'un aura promis, qu'il accomplisse aussitôt sa promesse. II fait mention de la femme qui reçoit un écrit pour le divorce, des objets donnés en gage, du vol, du salaire des mercenaires, de l'orphelin, de la veuve, des épis et des grappes de raisin qu'il faut laisser à recueillir pour les pauvres. En cet endroit, il est dit que celui qui a commis une faute ne doit pas recevoir plus de quarante coups. Il ne faut point lier la bouche du boeuf qui travaille dans l'aire. Le frère survivant doit susciter des enfants au frère mort. Ce qui est réservé à celui qui ne veut pas en susciter. Des poids et des mesures. De l'extermination des Amalécites. Des prémices. De l'humanité à l'égard des veuves et des orphelins.

En cet endroit, commencent les malédictions et les bénédictions, les unes pour ceux qui désobéissent, les autres pour ceux qui sont fidèles. Moïse détaille longuement les maux qui doivent fondre sur eux; c'est ce qui arriva sous la domination des Assyriens et des Babyloniens. Que des enfants même aient été mangés, c'est ce qui eut lieu dans les sièges subis par les Juifs. Dans cet endroit, il est fait allusion au Christ: « Et ta vie, » dit-il, « sera suspendue devant tes yeux. » (Dt 28,66) Là aussi est cette parole: « Qu'il n'y ait point parmi vous de racine d'amertume (Dt 29,18), » dont Paul s'est souvenu dans l'épître aux Hébreux. (He 12,15) Là encore, nous lisons : « Ces secrets cachés dans le Seigneur notre Dieu sont maintenant manifestés pour nous et pour nos enfants. Car son commandement, » dit-il, « n'est point, au-dessus de nous. Il n'est point dans le ciel, de telle sorte que vous disiez : Qui donc pourra monter jusqu'au ciel? Il n'est point au delà de la mer; mais sa parole est près de vous, elle est dans votre bouche. » (Dt 29,29 Dt 30,21 Rm 10,6) Toutes ces choses dites pour la loi mosaïque, Paul les a appliquées à la foi en Jésus-Christ. « Je prends à témoin devant vous, » dit-il, « le ciel et la terre de l'obligation. où vous êtes d'aimer votre Dieu. »

Alors, Moïse appelle Josué, fils de Navé ; il lui ordonne de conduire le peuple et de ne point redouter les ennemis, puisqu'il a Dieu pour auxiliaire. Il veut qu'à la fête des Tabernacles la loi soit lue devant tout le peuple. Dieu prédit à Moïse qu'après sa mort le peuple deviendra idolâtre et sera puni. Que ce cantique, dit-il, porte témoignage contre eux, car ils ne pourront l'oublier. Et Moïse écrivit le cantique, et il leur prédit leurs prévarications. Là est écrit : « Ils m'ont provoqué en me renonçant pour leur Dieu, et je les provoquerai en les renonçant pour mon peuple. » (Dt 32,21) Moïse reçoit l'ordre de monter sur la montagne d'Abarim, appelée aussi Nabo, et de contempler la terre promise; et après qu'il eut béni chaque tribu il mourut. Mais personne n'a vu son tombeau jusqu'à ce jour.

Ici finissent les cinq livres de Moïse, les seuls que reçoivent les Samaritains.




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ABRÉGÉ DU LIVRE DE JOSUÉ, FILS DE NAVÉ

Josué, reçoit l'ordre de recommander au peuple d'observer la loi de Dieu; il envoie des explorateurs qui entrent dans Jéricho. Le roi de ce pays l'ayant appris envoie chez Raab, la courtisane, qui les avait reçus, des hommes chargés de les saisir. Celle-ci cache les explorateurs et, en retour de ce bienfait, demande le salut pour sa maison lorsque la ville sera prise, ce qu'ils promettent. A leur retour, ils racontent ce qui est arrivé.

Josué ordonne au peuple de traverser le Jourdain. Ils le passent à pied sec et dressent douze pierres au milieu du camp. Les rois amorrhéens, au delà du Jourdain, et les rois (539) phéniciens, apprenant que les Israélites avaient passé le fleuve à pied sec sont effrayés et pleins d'épouvante. Alors Josué, ayant pris des couteaux de pierre, circoncit les Juifs. Car, ils avaient passé quarante ans dans le désert et, à cause de cela, la plupart n'avaient point été circoncis, même parmi les hommes en état de porter les armes, et ils étaient morts incirconcis (1) ; à leur place furent substitués leurs fils que Josué circoncit parce qu'ils ne l'avaient point été durant la marche dans le désert. Ensuite, ils firent la pâque. Et du jour où ils mangèrent les azymes avec le blé provenant de cette terre, la manne cessa de tomber.

Dieu commande à Josué de se déchausser et de faire le tour de Jéricho, avec l'arche et les trompettes, pendant sept jours. Après ce temps, les murailles tombèrent d'elles-mêmes. Il est manifeste que l'on commença alors à rompre le sabbat, car, de quelque façon que l'on compte, il est nécessaire que le sabbat soit tombé dans l'un de ces jours (2). Raab est épargnée avec sa famille; elle habite au milieu d'Israël. La ville est livrée aux flammes et frappée d'anathème ; Josué maudit celui qui la rebâtirait. Achar avait volé l'un des objets frappés d'anathème, et le peuple est vaincu dans l'attaque d'une autre ville. Josué prie Dieu, qui ordonne de faire disparaître l'anathème. Achar est découvert et convaincu de vol; il est lapidé avec ses fils et ses filles.

Josué engage le combat et prend Gaza qu'il livre aux flammes. Douze mille hommes périssent dans la ville et le roi est attaché à une potence. Les rois des Amorrhéens,' des Chananéens et d'autres se réunissent pour faire la guerre aux Israélites. Josué élève un autel de pierres non polies, et il. écrit en ce lieu le Deutéronome. Une moitié du peuple se tient près de la montagne de Gébal et l'autre près de la montagne de Garizim. Ensuite, vient ce qui se passa à l'égard des Gabaonites. Car, effrayés par la renommée des Israélites et ayant appris de quelle façon ils avaient vaincu dans les

1. Saint Jean Chrysostome, qui soutenait de fréquentes controverses contre les Juifs, surtout à Antioche, indique souvent combien les prescriptions légales étaient loin d'être aussi religieusement observées dans les anciens temps, que le prétendaient les Juifs, ses contemporains. Ainsi il faut remarquer ici que ceux qui moururent dans le désert, n'avaient pas été circoncis ; et tout à l'heure il prouvera que le sabbat ne fut pas observé pendant le siège de Jéricho, puisque les Israélites tournèrent autour des murs de cette ville sept jours durant.


109 Déjà le nombre de sept jours a violé le sabbat, dit notre auteur dans son commentaire sur les psaumes, cette phrase obscure trouve ici son explication.

combats, ils les viennent trouver, portant des vêtements usés, avec des pains desséchés, et des sandales usées, et ils disent au peuple qu'ils arrivent d'une terre éloignée, donnant comme preuve de leur lointaine demeure leurs vêtements, leurs pains, leurs chaussures. Ils disaient que tout cela s'était usé par le trajet, et qu'ils étaient venus pour faire une alliance pacifique avec eux. Les Israélites firent alliance sans avoir consulté Dieu. Lorsqu'ils reconnurent qu'ils avaient été trompés et que les Gabaonites n'habitaient pas au loin, mais à petite distance, parce qu'ils ne pouvaient les attaquer contre leur serment ils en firent des esclaves chargés de couper le bois et de porter l'eau. Ainsi s'accomplit la prédiction de Noé: « Chanaan est un enfant réduit en servitude (
Gn 9,25), » car c'est de lui que descendait ce peuple.

Adonibezec, roi de Jérusalem, apprit que les villes de Jéricho et de Gaza avaient été prises, que les Gabaonites s'étaient livrés aux enfants d'Israël, et il entreprit de leur faire la guerre, avec l'aide de plusieurs rois alliés. Ils appellent Josué à leur secours. Il vient, engage le combat et met les ennemis en fuite ; une grêle tombe du ciel sur eux et la grêle en tue plus que les enfants d'Israël par le glaive. Alors le soleil demeura immobile du côté de Gabaon et la lune du côté de la vallée d'Elom, et Josué mit à mort tout le peuple ennemi et cinq rois. Il s'empare de Macéda, de Lebna, de Lactlis, d'Odola, d'Hébron, de Dabir, de toute la région de la montagne et de celle de la plaine. Plusieurs autres rois s'avancent avec leurs armées et Josué les extermine. Leurs noms sont indiqués, de même que celui de leurs villes et le nombre de leurs guerriers.

Dieu ordonne à Josué de partager aux Israélites la terre promise. Il décrit ce que chaque tribu obtient en partage et ce qui est abandonné aux lévites, Josué met les tribus de Ruben et de Gad et la demi-tribu de Manassé en possession des terres qui leur avaient été assignées du vivant de Moïse. En se séparant, ils élevèrent un autel sur les bords du Jourdain, ce qui fut une cause d'inquiétude pour les autres tribus. Car on avait pensé que c'était une marque de défection. On envoya donc pour leur adresser des reproches, mais eux se justifiaient en disant qu'ils n'avaient point bâti l'autel en signe de défection. C'est, dirent-ils, pour que vos fils ne disent point à nos fils qu'ils sont des étrangers pour eux, parce que le Jourdain (540) coule au milieu d'eux et les sépare, cet autel sera un monument pour que vos fils ne puissent dire à nos fils : Vous n'êtes pas la portion du Seigneur. Et de la sorte ils persuadèrent aux autres tribus de ne point leur faire la guerre.

Josué rassemble ensuite les Israélites. Il leur rappelle tous les bienfaits de Dieu; il les exhorte à garder la loi; il leur annonce les maux qui leur sont réservés s'ils ne l'observent point, et ensuite il meurt. Le grand prêtre Eléazar meurt également et Phinées, son fils, obtient le sacerdoce à sa place. Bientôt, les fils d'Israël adorèrent les idoles, et ils furent livrés entre les mains d'Eglon, roi de Moab, qui les tint en servitude pendant dix-huit ans.

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DU LIVRE DES JUGES


Chrysostome Synopse 104