Sales - vie dévote


INTRODUCTION A LA VIE DEVOTE


par Saint François de Sales



TABLE DES MATIÈRES



1

ORAISON DEDICATOIRE

O doux Jesus, mon Seigneur, mon Sauveur et mon Dieu, me voyci prosterné devant vostre Majesté, vouant et consacrant cet escrit a vostre gloire. Animés les paroles qui y sont de vostre benediction, a ce que les ames pour lesquelles je l'ay fait en puissent recevoir les inspirations sacrees que je leur desire, et particulierement celle d'implorer sur moy vostre immense misericorde, affin que, monstrant aux autres le chemin de la devotion en ce monde, je ne sois pas repreuve(1) et confondu eternellement en l'autre; ains qu'avec eux je chante a jamais pour cantique de triomphe, le mot que de tout mon coeur je prononce en tesmoig nage de fidelité parmi les hazards de cette vie mortelle: VIVE JESUS, VIVE JESUS! Ouy, Seigneur Jesus, vives et regnes en nos coeurs es siecles des siecles. Ainsy soit-il

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AVIS AU LECTEUR

(présent dans la seconde édition - 1609)

AU LECTEUR


Mon cher Lecteur (2), cette seconde edition te represente ce livret reveu, corrigé et augmenté de plusieurs chapitres et choses notables. Je ne l'ay point voulu enrichir d'aucunes citations, comme quelques uns desiroyent, parce que les doctes n'ont pas besoin de cela, et les autres ne s'en soucient pas. quand j'use des paroles de 1'Escriture, ce n'est pas tous-jours pour les expliquer, mais pour m'expliquer par icelles, comme plus venerables et aggreables aux bonnes ames. Je te dis le reste en la Preface. Nostre Seigneur soit avec toy.


AVIS AU LECTEUR

(Troisième édition - 1610)

AU LECTEUR


Ce livret sortit de mes mains l'an 1608. En sa seconde edition il fut augmenté de plusieurs chapitres, mais trois de ceux qui estoyent en la premiere furent oubliés par mesgarde (3). Despuis, il a esté souvent imprimé sans mon sceu, et, avec les impressions, les fautes s'y sont multipliees. Or, le voyla maintenant de nouveau corrigé, et avec tous ses chapitres, mais tous-jours sans citations, parce que les doctes n'en ont pas besoin, et les autres ne s'en soucient pas. Ouand j'use des paroles de l'Escriture ce n'est pas tous-jours pour les expliquer, mais pour m'expliquer par icelles, comme plus aymables et venerables. Si Dieu m'exauce, tu en feras bien ton prouffit, et recevras beaucoup de benedictions.


1. - 1Co 9,27

2. - AU LECTEUR, SUR CETTE SECONDE EDITION

J'ay beaucoup adjousté de choses en cette seconde edition pour satisfaire aux prieres qu'on m'en a faites. J'ay aussi changé quelques petites choses, non point au principal...

Mon Lecteur, cette seconde edition te [represente] fera voir, sil te plait, ce livret corrigé et augmenté [en beaucoup d'endroitz] de plusieurs chapitres.[Je n'ay pas voulu citer les autheurs... ] Je ne l'ay pas voulu enrichir d'aucunes citations, comme quelques uns desiroyent, par ce que si les doctes le lisent, ilz connoistront asses que ce que je dis... ] les doctes n'en ont pas besoin, et les autres ne s'en soucient pas. En ce sujet, la simplicité est le plus riche ornement qu'on puisse employer. [Si quelqu'esprit curieux s en fasche... ] J'use souvent des motz de l'Escnture, non pour les expliquer, mais pour m'expliquer par iceux, comme plus [sains] venerables et utiles aux ames devotes. Je te dis tout le reste en la Praeface. Nostre Seigneur soit a jamais avec toy.

3. - Les chapitres , oubliés par mesgarde dans la seconde édition sont les chap. XXIII,XXXVIII et XXXIX de la seconde Partie de l'Edition Princeps:De la bien-seance des habits; Des desirs; Qu'il faut avoir l'esprit juste et raisonnable




PREFACE

Mon cher Lecteur, je te prie de lire cette Preface pour ta satisfaction et la mienne.

La bouquetiere Glycera sçavoit si proprement diversifier la disposition et le meslange des fleurs, qu'avec les mesmes fleurs elle faisoit une grande varieté de bouquetz, de sorte que le peintre Pausias demeura court, voulant contrefaire a l'envi cette diversité d'ouvrage, car il ne sceut changer (4) sa peinture en tant de façons comme Glycera faisoit ses bouquetz (5) ainsy le Saint Esprit dispose et arrange avec tant de varieté les enseignemens de devotion, qu'il donne par les langues et les plumes de ses serviteurs, que la doctrine estant tousiours une mesme, les discours neanmoins qui s'en font sont bien differens, selon les diverses façons desquelles ilz sont composés. Je ne puis, certes, ni veux, ni dois escrire en cette Introduction que ce qui a des-ja esté publié par nos predecesseurs sur ce sujet; ce sont les mesmes fleurs que je te presente, mon Lecteur, mais le bouquet que j'en ay fait sera different des leurs, a rayson de la diversité de l'ageancement dont il est façonné.

Ceux qui ont traitté de la devotion ont presque tous regardé l'instruction des personnes fort retirees du commerce du monde, ou au moins ont enseigné une sorte de devotion qui conduit a cette entiere retraitte. Mon intention est d'instruire ceux qui vivent es villes, es mesnages, en la cour, et qui par leur condition sont obligés de faire une vie commune quant a l'exterieur, lesquelz bien souvent, sous le pretexte d'une pretendue impossibilité, ne veulent seulement pas penser a l'entreprise de la vie devote, leur estant advis que, comme aucun animal n'ose gouster de la graine de l'herbe nommee palma Christi, aussi nul homme ne doit pretendre a la palme de la pieté chrestienne tandis qu'il vit emmi la presse des affaires temporelles. Et je leur monstre que comme les meres perles vivent emmi la mer sans prendre aucune goutte d'eau marine (6), et que vers les isles Chelidoines il y a des fontaines d'eau bien douce au milieu de la mer(7), et que les piraustes volent dedans les flammes sans brusler leurs aisles (8), ainsy peut une ame vigoureuse et constante vivre au monde sans recevoir aucune humeur mondaine, treuver des sources d'une douce pieté au milieu des ondes arneres de ce siecle, et voler entre les flammes des convoitises terrestres sans brusler les aisles des sacrés desirs de la vie devote. Il est vray que cela est malaysé, et c'est pourquoy je desirerois que plusieurs y employassent leur soin avec plus d'ardeur qu'on n 'a pas fait jusques a present; comme, tout foible que je suis, je m'essaye par cet escrit de contribuer quelque secours a ceux qui d'un coeur genereux feront cette digne entreprise.

Mais ce n' a toutefois pas este par mon election ou inclination que cette Introduction sort en public: une ame vrayement pleine d'honneur et de vertu ayant, il y a quelque tems, receu de Dieu la grace de vouloir aspirer a la vie devote, desira ma particuliere assistance pour ce regard(9) et moy qui luy avois plusieurs sortes de devoirs, et qui avois long tems auparavant remarqué en elle beaucoup de disposition pour ce dessein, je me rendis fort soigneux de la bien instruire , et l'ayant conduitte par tous les exercices convenables a son desir et sa condition, je luy en laissay des memoires par escrit, affin qu'elle y eust recours a son besoin. Elle, despuis, les communiqua a un grand, docte et devot Religieux (10), lequel estimant que plusieurs en pourroyent tirer du prouffit, m'exhorta fort de les faire publier ce qui luy fut aysé de me persuader, parce que son amitié avoit beaucoup de pouvoir sur ma volonté, et son jugement, une grande authorité sur le mien.

Or, affin que le tout fust plus utile et aggreable, je l'ay reveu et y ay mis quelque sorte d'entresuite, adjoustant plusieurs advis et enseignemens propres a mon intention. Mais tout cela je l'ay fait sans nulle sorte presque de loysir; c'est pourquoy tu ne verras rien icy d'exacte, ains seulement un amas d'advertissemens de bonne foy que j'explique par des paroles claires et intelligibles, au moins ay-je desiré de le faire. Et quant au reste des ornemens du langage, je n'y ay pas seulement voulu penser, comme ayant asses d'autres choses a faire.

J'addresse mes paroles a Philothee, parce que, voulant reduire a l'utilité commune de plusieurs ames ce que j'avois premierement escrit pour une seule, je l'appelle du nom commun a toutes celles qui veulent estre devotes; car Philothee veut dire amatrice ou amoureuse de Dieu(11).

Regardant donq en tout ceci une ame qui, par le desir de la devotion, aspire a l'amour de Dieu, j'ay fait cette Introduction de cinq Parties, en la premiere desquelles je m'essaye, par quelques remonstrances et exercices, de convertir le simple desir de Philothee en une entiere resolution, qu'elle fait a la parfin apres sa confession generale par une solide protestation, suivie de la tressainte Communion, en laquelle, se donnant a son Sauveur et le recevant, elle entre heureusement en son saint amour. Cela fait, pour la conduire plus avant, je luy monstre deux grans moyens de s'unir de plus en plus a sa divine Majesté: l'usage des Sacremens par lesquelz ce bon Dieu vient a nous, et la sainte oraison par laquelle il nous tire a soy; et en ceci j'employe la seconde Partie. En la troisiesme, je luy fay voir comme elle se doit exercer en plusieurs vertus plus propres a son avancement, ne m'amusant pas sinon a certains advis particuliers qu'elle n'eust pas sceu aysement prendre ailleurs ni d'elle mesme. En la quatriesme, je luy fay descouvrir quelques embusches de ses ennemis, et luy monstre comme elle s'en doit demesler et passer outre Et finalement, en la cinquiesme Partie, je la fay un peu retirer a part soy pour se rafraischir, reprendre haleine et reparer ses forces, affin qu'elle puisse par apres plus heureusement gaigner pais et s'avancer en la vie devote.

Cet aage est fort bigearre, et je prevois bien que plusieurs diront qu'il n'appartient qu'aux religieux et gens de devotion de faire des conduittes si particulieres a la pieté; qu'elles requierent plus de loysir que n'en peut avoir un Evesque chargé d'un diocese si pesant comme est le mien; que cela distrait trop l'entendement qui doit estre employé a choses importantes. Mais moy, mon cher Lecteur, je te dis avec le grand saint Denis (12), qu'il appartient principalement aux Evesques de perfectionner les ames , d'autant que leur ordre est le supreme entre les hommes, comme celuy des Seraphins entre les Anges, si que leur loysir ne peut estre mieux destiné qu'a cela. Les anciens Evesques et Peres de l'Eglise estoyent pour le moins autant affectionnés a leurs charges que nous, et ne laissoyent pourtant pas d'avoir soin de la conduitte particuliere de plusieurs ames qui recouroyent a leur assistance, comme il appert par leurs epistres; imitans en cela les Apostres qui, emmi la moisson generale de l'univers, recueilloyent neanmoins certains espis plus remarquables avec une speciale et particuliere affection. Qui ne sçait que Timothee, Tite, Philemon, Onesime, sainte Thecle, Appia estoyent les chers enfans du grand saint Paul, comme saint Marc et sainte Petronille de saint Pierre? sainte Petronille, dis-je, laquelle, comme preuvent doctement Baronius (13) et Galonius (14), ne fut pas fille charnelle, mais seulement spirituelle, de saint Pierre. Et saint Jean n'escrit il pas une de ses Epistres canoniques (15) a la devote dame Electa?

C'est une peyne, je le confesse, de conduire les ames en particulier, mais une peyne qui soulage, pareille a celle des moissonneurs et vendangeurs, qui ne sont jamais plus contens que d'estre fort embesoignés et chargés; c'est une travail qui délasse et avive le coeur par la suavité qui en revient a ceux qui l'entreprennent, comme fait le cinamome ceux qui le portent parmi l'Arabie heureuse. On dit (16) que la tigresse ayant retreuvé l'un de ses petitz, que le chasseur luy laisse sur le chemin pour l'amuser tandis qu'il emporte le reste de la littee, elle s'en charge pour gros qu'il soit, et pour cela n'en est point plus pesante, ains plus legere a la course qu'elle fait pour le sauver dans sa tasniere, l'amour naturel l'allegeant par ce fardeau. Combien plus un coeur paternel prendra-il volontier en charge une ame qu'il aura rencontree au desir de la sainte perfection, la portant en son sein, comme une mere fait son petit enfant, sans se ressentir de ce faix bien aymé. Mais il faut sans doute que ce soit un coeur paternel; et c'est pourquoy les Apostres et hommes apostoliques appellent leurs disciples non seulement leurs enfans, mais encor plus tendrement leurs petitz enfans.

Au demeurant, mon cher Lecteur, il est vray que j'escris de la vie devote sans estre devot, mais non pas certes sans desir de le devenir, et c'est encor cette affection qui me donne courage a t'en instruire; car, comme disoit un grand homme de lettres (17), la bonne façon d'apprendre c'est d'estudier, la meilleure c'est d'escouter, et la tresbonne c'est d'enseigner. Il advient souvent, dit saint Augustin, escrivant a sa devote Florentine(18), que " l'office de distribuer sert de merite pour recevoir, " et l'office d'enseigner, de fondement pour apprendre.

Alexandre fit peindre la belle Campaspé (19), qui luy estoit si chere, par la main de l'unique Apelles; Apelles, forcé de considerer longuement Campaspé, a mesure qu'il en exprimoit les traitz sur le tableau en imprima l'amour en son coeur, et en devint tellement passionné, qu'Alexandre l'ayant reconneu et en ayant pitié la luy donna en mariage, se privant pour l'amour de luy de la plus chere amie qu'il eust au monde: "En quoy, " dit Pline (20), "il monstra la grandeur de son coeur, autant qu'il eust fait par une bien grande victoire. " Or, il m'est advis, mon Lecteur mon ami qu estant Evesque, Dieu veut que je peigne sur les coeurs des personnes non seulement les vertus communes, mais encores sa treschere et bien aymee devotion et moy je l'entreprens volontier, tant pour obeir et faire mon devoir , que pour l'esperance que j 'ay qu'en la gravant dans l'esprit des autres, le mien a l'adventure en deviendra saintement amoureux. Or, si jamais sa divine Majesté m'en void vivement espris , elle me la donnera en mariage eternel. La belle et chaste Rebecca , abbreuvant les chameaux d'Isaac, fut destinee pour estre son espouse, recevant de sa part des pendans d'oreilles et des brasseletz d'or (21); ainsy je me prometz de l'immense bonté de mon Dieu que, conduisant ses cheres brebis aux eaux salutaires de la devotion, il rendra mon ame son espouse, mettant en mes oreilles les paroles dorees de son saint amour, et en mes bras la force de les bien executer, en quoy gist l'essence de la vraye devotion, que je supplie sa Majesté me vouloir octroyer et a tous les enfans de son Eglise; Eglise a laquelle je veux a jamais sousmettre mes escritz, mes actions, mes paroles, mes volontés et mes pensees.

A Annessy, le jour sainte Magdeleine, 1609 (22).



4. - La bouquetiere Glycera changeoit en tant de sortes la disposition et le meslange des fleurs qu'elle mettoit en ses bouquetz, que le peintre Pausias demeura court, voulant contrefaire a l'envi cette varieté d'ouvrage, car il ne sceut diversifier

5. - Pline Hist Nat XXI,2

6. - Les données fantaisistes des anciens, et notamment dePline ( Historia naturalis , lib. IX, chp. XXXV) sur les huîtres à perles, demeurèrent accréditées pendant de longs siècles. Mattioli les soutenait encore dans ses Commentaria in VI Libros Dioscoridis (Venetiis, Valgrisi 1565 ), lib. Il, cap. iv.

7. - Pline Hist Nat II,103

8. - Arist. HistAnim V,19; Pline Hist Nat XI,36

9. - Voir à la Préface de cette nouvelle Edition, les détails donnés sur Mme de Charmoisy et l'origine de l'Ilntroduction a la Vie Devote.

10. - " Ce fut au R. P. Jean Forier, theologien de la Compagnie de Jesus, lors Recteur du College de Chambery." (Note marginale de l'édition de 1609.)

11. - Variante::et l'ame qui desire d'aymer Dieu commence dès-ja d'en estre amoureuse. (Ms.)

Je regarde par tout mon dessein, qui est de conduire a la vie devote un ame qui est liee par sa vocation au commerce du monde; et pour cela, bien que je m'essaye de la retirer du peché, si est ce neanmoins que je...

Je regarde par tout une [ bonne] ame qui a des-ja un bon desir de servir Dieu..

Regardant donq par tout un'ame de cette sorte-la, c'est a dire desireuse d'aymer Dieu, je la prens comme par la main, et la conduis le plus avant que je puis en la vie devote et en cet amour divin, jusques au point auquel, par les advis et exercices que je luy propose... ] j'ay fayt mon Introduction de cinq Parties, en la premiere desquelles je [ la fay entierement] m'essaye de convertir son simple desir en une[ parfaitte ] entiere resolution, a laquelle je la conduis par plusieurs exercices et advis propres a cela, et la luy fay faire en fin par une confession generale [et] protestation fort authentique et solemnelle, confirmee par la Ste Communion, en laquelle elle se donne a Dieu et entr'en son amour. Cela fait, je luy monstre en la seconde

Partie les moyens par lesquelz [elle peut] (Ms.)

12. - De Eccles. Hier. V,6,7

13. - Ad annum 69.

14. - Galonius Antonio, Oratorien italien, né vers 1557, mort en 1605. Historia delle sainte Vergini Romane. Rorna, Donangeli, 1591.

15. - Ep. II

16. - Pline Hist Nat VIII, 18.

17. - Peut-être ce passage contient-il une allusion au texte de Quintilien: Mox cum robore dicendi crescet etiam eruditio: A mesure que s'accroîtra la puissance de la parole, s'accroîtra l'érudition. ( Inst. orat., lib. VIII, proern.)

18. - Ep 266,1

19. - C'est par suite d'une méprise des imprimeurs qu'on lisait jusqu'ici Compaspé. Toutes les éditions de Pline portent Campaspe, orthographe confirmée par le Pancaste d'Elien (Hist, var., lib. XII, Cap. XXXIV) et le Pacate de Lucien (Imag., $ VII).

20. - Hist Nat 35,10

21. - Gn 24,20

22. - C'est par erreur que la Préface de la seconde édition, reproduite dans toutes les éditions postérieures, est, à partir de 1616, datée du jour de sainte Magdeleine 1608'. Cette méprise est d'autant plus saillante que la Préface de l'Edition Princeps se trouve datée du " 8 aoust 1608".




100

PREMIERE PARTIE

CONTENANT LES ADVIS ET EXERCICES REQUIS


POUR CONDUIRE L'AME JUSQUES A


UNE ENTIERE RESOLUTION DE L'EMBRASSER





101

CHAPITRE PREMIER - DESCRIPTION DE LA VRAYE DEVOTION

Vous aspires a la devotion, treschere Philothee, parce qu'estant Chrestienne vous sçaves que c'est une vertu extremement aggreable a la divine Majesté mais, d'autant que les petites fautes que l'on commet au commencement de quelque affaire s'aggrandissent infiniment au progres et sont presque irreparables a la fin, il faut avant toutes choses que vous sçachies que c'est que la vertu de devotion; car, d'autant qu'il n'y en a qu'une vraye, et qu'il y en a une grande quantité de fauses et vaynes, si vous ne connoissies quelle est la vraye, vous pourries vous tromper et vous amuser a suivre quelque devotion impertinente et superstitieuse.

Arellus peignoit toutes les faces des images qu'il faisoit a l'air et ressemblance des femmes qu'il aymoit(23), et chacun peint la devotion selon sa passion et fantaisie.

Celuy qui est adonné au jeusne se tiendra pour bien devot pourveu qu'il jeusne, quoy que son coeur soit plein de rancune; et n'osant point tremper sa langue dedans le vin ni mesme dans l'eau, par sobrieté, ne se feindra point de la plonger dedans le sang du prochain par la mesdisance et calomnie. Un autre s'estimera devot parce qu'il dit une grande multitude d'oraysons tous les jours, quoy qu'apres cela sa langue se fonde toute en paroles fascheuses, arrogantes et injurieuses parmi ses domestiques et voysins. L'autre tire fort volontier l'aumosne de sa bourse pour la donner aux pauvres, mays il ne peut tirer la douceur de son coeur pour pardonner a ses ennemis; l'autre pardonnera a ses ennemis, mais de tenir rayson a ses creanciers, jamais qu'a vive force de justice. Tous ces gens-la sont vulgairement tenus pour devotz, et ne le sont pourtant nullement. Les gens de Saül cherchoyent David en sa mayson; Michol ayant mis une statue dedans un lict et l'ayant couverte des habillemens de David, leur fit accroire que c'estoit David mesme qui dormoit malade (24) ainsy beaucoup de personnes se couvrent de certaines actions exterieures appartenantes a la sainte devotion, et le monde croit que ce soyent gens vrayement devotz et spirituelz; mais en venté ce ne sont que des statues et fantosmes de devotion.

La vraye et vivante devotion, o Philothee, presuppose l'amour de Dieu, ains elle n'est autre chose qu'un vray amour de Dieu, mais non pas toutefois un amour tel quel: car, entant que l'amour divin embellit nostre ame, il s'appelle grace, nous rendant aggreables a sa divine Majesté; entant qu'il nous donne la force de bien faire, il s'appelle charité; mais quand il est parvenu jusques au degré de perfection auquel il ne nous fait pas seulement bien faire, ains nous fait operer soigneusement, frequemment et promptement, alhors il s'appelle devotion. Les austruches ne volent jamais; les poules volent, pesamment toutefois, bassement et rarement; mais les aigles, les colombes et les arondelles volent souvent, vistement et hautement. Ainsy les pecheurs ne volent point en Dieu, ains font toutes leurs courses en la terre et pour la terre; les gens de bien qui n'ont pas encor atteint la devotion volent en Dieu par leurs bonnes actions, mais rarement, lentement et pesamment; les personnes devotes volent en Dieu frequemment, promptement et hautement. Bref, la devotion n'est autre chose qu'une agilité et vivacité spirituelle par le moyen de laquelle la charité fait ses actions en nous, ou nous par elle, promptement et affectionnement; et comme il appartient a la charité de nous faire generalement et universellement prattiquer tous les commandements de Dieu, il appartient aussi a la devotion de les nous faire faire promptement et diligemment. C'est pourquoy celuy qui n'observe tous les commandemens de Dieu ne peut estre estimé ni bon ni devot, puisque pour estre bon il faut avoir la charité, et pour estre devot il faut avoir, outre la charité, une grande vivacité et promptitude aux actions charitables.

Et d'autant que la dévotion gist en certain degré d'excellente charité, non seulement elle nous rend promptz et actifz etdiligens a l'observation de tous les commandements de Dieu; mais outre cela, elle nous provoque a faire promptement et affectionnement le plus de bonnes oeuvres que nous pouvons, encores qu'elles ne soyent aucunement commandees , ains seulement conseillees. ou inspirees. Car tout ainsy qu'un homme qui est nouvellement gueri de quelque maladie chemine autant qu'il luy est necessaire, mais lentement et pesamment, de mesme le pecheur estant gueri de son iniquité, il chemine autant que Dieu luy commande, pesamment neanmoins et lentement jusques a tant qu'il ayt atteint a la devotion; car alhors, comme un homme bien sain, non seulement il chemine, mais. il court et saute en la voÿe des commandemens de Dieu(25), et, de plus, il passe et court dans les sentiers des conseilz et inspirations celestes. En fin, la charité et la devotion ne sont non plus differentes l'une de l'autre que la flamme l'est du feu, d'autant que la charité estant un feu spirituel, quand elle est fort enflammee elle s'appelle devotion: si que la devotion n'adjouste rien au feu de la charité, sinon la flamme qui rend la charité prompte, active et diligente, non seulement a l'observation des commandemens de Dieu, mais a l'exercice des conseilz et inspirations celestes.
23. - Pline, Hist Nat 35,10

24. - 1R 19,11

25. -Ps 118,32




102

CHAPITRE II - PROPRIETÉ ET EXCELLENCE DE LA DEVOTION


Ceux qui descourageoyent les Israélites d'aller en la terre de promission leur disoyent que c'estoit un pais qui devoroit les habitans, c'est a dire, que l'air y estoit si malin qu'on n'y pouvoit vivre longuement, et que reciproquement les habitans estoyent des gens si prodigieux qu'ilz mangeoyent les autres hommes comme des locustes (1): ainsy le monde, ma chere Philothee, diffame tant qu'il peut la sainte devotion, depeignant les personnes devotes avec un visage fascheux, triste et chagrin, et publiant que la devotion donne des humeurs melancholiques et insupportables. Mais comme Josué et Caleb protestoyent que non seulement la terre promise estoit bonne et belle, ains aussi que la possession en seroit douce et aggreable (2), de mesme le Saint Esprit, par la bouche de tous les Saintz, et Nostre Seigneur par la sienne mesme (3) nous asseure que la vie devote est une vie douce, heureuse et amiable.

Le monde voit que les devotz jeusnent, prient et souffrent les injures, servent les malades, donnent aux pauvres, veillent, contraignent leur cholere, suffoquent et estouffent leurs passions, se privent des playsirs sensuelz et font telles et autres sortes d'actions, lesquelles en elles mesmes et de leur propre substance et qualité sont aspres et rigoureuses; mais le monde ne voit pas la devotion interieure et cordiale laquelle rend toutes ces actions aggreables, douces et faciles. Regardés les abeilles sur le thim elles y treuvent un suc fort amer, mais en le sucçant elles le convertissent en miel, parce que telle est leur proprieté. O mondains, les ames devotes treuvent beaucoup d'amertume en leurs exercices de mortification, il est vray, mais en les faisant elles les convertissent en douceur et suavité. Les feux, les flammes, les roues et les espees sembloyent des fleurs et des parfums aux Martyrs, parce qu'ilz estoyent devotz; que si la devotion peut donner de la douceur aux plus cruelz tourmens et a la mort mesme, qu'est-ce qu'elle fera pour les actions de la vertu?

Le sucre adoucit les fruitz mal meurs et corrige la crudité et nuisance de ceux qui sont bien meurs; or, la devotion est le vray sucre spirituel, qui oste l'amertume aux mortifications et la nuisance aux consolations: elle oste le chagrin aux pauvres et l'empressement aux riches, la desolation a l'oppressé et l'insolence au favorisé, la tristesse aux solitaires et la dissolution a celuy qui est en compaignie; elle sert de feu en hiver et de rosee en esté, elle sçait abonder et souffrir pauvreté, elle rend esgalement utile l'honneur et le mespris, elle reçoit le playsir et la douleur avec un coeur presque tous-jours semblable, et nous remplit d'une suavité merveilleuse.

Contemplés l'eschelle de Jacob (4) (car c'est le vray pourtrait de la vie devote): les deux costés entre lesquelz on monte, et ausquelz les eschellons se tiennent, representent l'orayson qui impetre l'amour de Dieu et les Sacremens qui le conferent; les eschellons ne sont autre chose que les divers degrés de charité par lesquelz l'on va de vertu en vertu, ou descendant par l'action au secours et support du prochain, ou montant par la contemplation a l'union amoureuse de Dieu. Or voyes, je vous prie, ceux qui sont sur l'eschelle ce sont des hommes qui ont des coeurs angeliques, ou des Anges qui ont des cors humains; ilz ne sont pas jeunes, mais ilz le semblent estre, parce qu'ilz sont pleins de vigueur et agilité spirituelle; ilz ont des aisles pour voler, et s'eslancent en Dieu par la sainte orayson, mais ilz ont des pieds aussi pour cheminer avec les hommes par une sainte et amiable conversation; leurs visages sont beaux et gais, d'autant qu'ilz reçoivent toutes choses avec douceur et suavité; leurs jambes, leurs bras et leurs testes sont tout a descouvert, d'autant que leurs pensees, leurs affections et leurs actions n'ont aucun dessein ni motif que de plaire a Dieu. Le reste de leurs cors est couvert, mais d'une belle et legere robbe, parce qu'ilz usent voyrement de ce monde et des choses mondaines, mais d'une façon toute pure et sincere, n'en prenans que legerement ce qui est requis pour leur condition telles sont les personnes devotes.

Croyés moy, chere Philothee, la devotion est la douceur des douceurs et la reyne des vertus, car c'est la perfection de la charité. Si la charité est un lait, la devotion en est la cresme; si elle est une plante, la devotion en est la fleur; si elle est une pierre pretieuse, la devotion en est l'esclat; si elle est un baume pretieux, la devotion en est l'odeur, et l'odeur de suavité qui conforte les hommes et resjouit les Anges.

1. Nb 13,33
2. - Nb 14,7
3. - Mt 11,28
4. - Gn 28,12



103

CHAPITRE III - QUE LA DEVOTION EST CONVENABLE A TOUTES SORTES DE VOCATIONS ET PROFESSIONS


Dieu commanda en la creation aux plantes de porter leurs fruitz, chacune selon son genre (5): ainsy commande-il aux Chrestiens, qui sont les plantes vivantes de son Eglise, qu'ilz produisent des fruitz de devotion, un chacun selon sa qualité et vacation. La devotion doit estre differemment exercee par le gentilhomme, par l'artisan, par le valet, par le prince, par la vefve, par la fille, par la mariee; et non seulement cela, mais il faut accommoder la prattique de la devotion aux forces, aux affaires et aux devoirs de chaque particulier. Je vous prie, Philothee, seroit il a propos que l'Evesque voulust estre solitaire comme les Chartreux? Et si les mariés ne vouloient rien amasser non plus que les Capucins, si l'artisan estoit tout le jour a l'eglise comme le religieux , et le religieux tous-jours (6) exposé a toutes sortes de rencontres pour le service du prochain, comme l'Evesque, cette devotion ne seroit elle pas ridicule, desreglee et insupportable? Cette faute neanmoins arrive bien souvent, et le monde qui ne discerne pas, ou ne veut pas discerner, entre la devotion et l'indiscretion de ceux qui pensent estre devotz, murmure et blasme la devotion, laquelle ne peut mais de ces desordres.

Non, Philothee, la devotion ne gaste rien quand elle est vraye, ains elle perfectionne tout, et lhors qu'elle se rend contraire a la legitime vacation de quelqu'un, elle est sans doute fausse. "L'abeille," dit Aristote(7), "tire son miel des fleurs sans les interesser, " les laissant entieres et fraisches comme elle les a treuvees; mais la vraye devotion fait encor mieux, car non seulement elle ne gaste nulle sorte de vocation ni d'affaires, ains au contraire elle les orne et embellit. Toutes sortes de pierreries jettees dedans le miel en deviennent plus esclatantes, chacune selon sa couleur, et chacun devient plus aggreable en sa vocation la conjoignant a la devotion: le soin de la famille en est rendu paisible, l'amour du mari et de la femme plus sincere, le service du prince plus fidelle, et toutes sortes d'occupations plus suaves et amiables.

C'est un erreur, ains une heresie, de vouloir bannir la vie devote de la compaignie des soldatz, de la boutique des artisans, de la cour des princes , du mesnage des gens mariés. Il est vray, Philothee, que la devotion purement contemplative, monastique et religieuse ne peut estre exercee en ces vacations la; mais aussi, outre ces trois sortes de devotion, il y en a plusieurs autres, propres a perfectionner ceux qui vivent es estatz seculiers. Abraham, Isaac et Jacob , David, Job, Tobie, Sara, Rebecca et Judith en font foy pour l'Ancien Testament; et quant au Nouveau, saint Joseph, Lydia et saint Crespin furent parfaittement devotz en leurs boutiques; sainte Anne, sainte Marthe, sainte Monique, Aquila, Priscilla, en leurs mesnages; Cornelius, saint Sebastien, saint Maurice, parmi les armes; Constantin, Helene, saint Louys, le bienheureux Amé, saint Edouard, en leurs throsnes (8). Il est mesme arrivé que plusieurs ont perdu la perfection en la solitude, qui est neanmoins si desirable pour la perfection, et l'ont conservee parmi la multitude, qui semble si peu favorable a la perfection: Loth, dit saint Gregoire(9), qui fut si chaste en la ville, se souilla en la solitude. Ou que nous soyons, nous pouvons et devons aspirer a la vie parfaitte.

5. - Gn 1,11

6. - Variante: [au tracas desaffaires comme l'advocat] exposé en toutes sortes...

7. - De Hist anim. 5,22

8. - Variante: royaux et ducaux. (Dans le Ms., le nom de saint Edouard précède celui du bienheureux Amé).

9. - Homil. in Ez 1,9 $22




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CHAPITRE IV - DE LA NECESSITÉ D'UN CONDUCTEUR POUR ENTRER ET FAIRE PROGRES EN LA DEVOTION

Le jeune Tobie commandé d'aller en Rages: Je ne sçay nullement le chemin, dit-il. Va donq, repliqua le pere, et cherche quelque homme qui te conduise (10). Je vous en dis de mesme, ma Philothee voules-vous a bon escient vous acheminer a la devotion? cherchés quelque homme de bien qui vous guide et conduise; c'est ici l'advertissement des advertissemens. Quoy que vous cherchies, dit le devot Avila (11), " vous ne treuveres jamais si asseurement la volonté de Dieu que par le chemin de cette humble obeissance, tant recommandee et prattiquee par tous les anciens devotz."

La bienheureuse Mere Therese voyant que madame Catherine de Cardone (12) faisoit des grandes penitences, desira fort de l'imiter en cela, contre l'advis de son confesseur qui le luy defendoit , auquel elle estoit tentee de ne point obeir pour ce regard; et Dieu luy dit; " Ma fille, tu tiens un bon et asseure chemin. Vois-tu la penitence qu'elle fait? mais moy, je fais plus de cas de ton obeissance (13). " Aussi elle aymoit tant cette vertu, qu'outre l'obeissance qu'elle devoit a ses superieurs, elle en voùa une toute particuliere a un excellent homme (14), s'obligeant de suivre sa direction et conduite , dont elle fut infiniment consolee; comme, apres et devant elle, plusieurs bonnes ames, qui pour se mieux assujettir a Dieu, ont sousmis leur volonté a celle de ses serviteurs, ce que sainte Catherine de Sienne loüe infiniment en ses Dialogues (15). La devote Princesse sainte Elisabeth se sousmit avec une extreme obeissance au docteur Maistre Conrad; et voyci l'un des advis que le grand saint Louys fit a son filz avant que mourir (16): " Confesse-toy souvent, eslis un confesseur " idoine, qui soit " preud'homme et qui te puisse seurement enseigner " a faire les choses qui te sont necessaires.

L'ami fidelle , dit l'Escriture Sainte (17), est une forte protection; celuy qui l'a treuvé a treuvé un tresor. L'ami fidelle est un medicament de vie et d'immortalité; ceux qui craignent Dieu le treuvent. Ces divines paroles regardent principalement l'immortalité, comme vous voyes, pour laquelle il faut sur toutes choses avoir cet ami fidelle qui guide nos actions par ses advis et conseilz, et par ce moyen nous garantit des embusches et tromperies du malin; il nous sera comme un tresor de sapience en nos afflictions, tristesses et cheutes; il nous servira de medicament pour alleger et consoler nos coeurs es maladies spintuelles; il nous gardera du mal, et rendra nostre bien meilleur; et quand il nous arrivera quelque infrmité, il empeschera qu'elle ne soit pas a la mort, car il nous en relevera.

Mais qui treuvera cet ami? Le Sage respond (18): Ceux qui craignent Dieu; c'est a dire, les humbles qui desirent fort leur avancement spirituel. Puisqu'il vous importe tant, Philothee, d'aller avec une bonne guide en ce saint voyage de devotion, pries Dieu avec une grande instance qu'il vous en fournisse d'une qui soit selon son coeur, et ne doutes point; car, quand il devroit envoyer un Ange du ciel, comme il fit au jeune Tobie, il vous en donnera une bonne et fidelle.

Or, ce doit tous-jours estre un Ange pour vous c'est a dire, quand vous l'aures treuvee, ne la considerés pas comme un simple homme, et ne vous confies point en iceluy ni en son sçavoir humain, mais en Dieu, lequel vous favorisera et parlera par l'entremise de cet homme, mettant dedans le coeur et dedans la bouche d'iceluy ce qui sera requis pour vostre bonheur; si que vous le deves escouter comme un Ange qui descend du ciel pour vous y mener. Traittes avec luy a coeur ouvert, en toute sincerité et fidelité, luy manifestant clairement vostre bien et vostre mal, sans feintise ni dissimulation: et par ce moyen , vostre bien sera examiné et plus asseuré, et vostre mal sera corrigé et remedié; vous en seres allegee et fortifiee en vos afflictions, moderee et reglee en vos consolations. Ayes en luy une extreme confiance meslee d'une sacree reverence, en sorte que la reverence ne diminue point la confiance, et que la confiance n'empesche point la reverence; confies-vous en luy avec le respect d'une fille envers son pere, respectes-le avec la confiance d'un filz avec sa mere bref, cette amitié doit estre forte et douce, toute sainte, toute sacree, toute divine et toute spirituelle.

Et pour cela, choisisses en un entre mille, dit Avila(19); et moy je dis entre dix mille, car il s'en treuve moins que l'on ne sçauroit dire qui soyent capables de cet office. Il le faut plein de charité, de science et de prudence Si l'une de ces trois parties luy manque, il y a du danger. Mais je vous dis derechef, demandes-le a Dieu, et l'ayant obtenu benisses sa divine Majesté, demeurés ferme et n'en cherches point d'autres, ains alles simplement, humblement et confidemment, car vous feres un tres heureux voyage.


10. - Tb 5,2

11. -Jean d'Avila (le Vénérable), prêtre espagnol, " l'Apôtre de l'Andalousie (1500-1569). Esposicion del verso: Audi,filia, et vide, etc. 1556 (c.55) et Avis pour vivre chrétiennement

12. - On lit Catherine de Cordoue dans tous les textes de l'Introduction a la Vie Devote antérieure à celui-ci, ce qui est une erreur facile à constater, car le trait auquel il est fait allusion est relaté dans toutes les plus anciennes éditions des oeuvres de sainte Térèse, aux Additions de sa Vie écrite par elle-même. Il est vrai que, dès le milieu du XVIIe siècle, on a remplacé le nom de Catherine de Cardone par cette vague désignation: " une personne pieuse. " La traduction française publiée par Migne (Paris, 1840 - 1845) altère davantage encore le texte espagnol, en indiquant faussement " une religieuse. "

La vraie leçon a été rétablie par don V. de la Fuente, dans les Escritos de Santa Teresia (Madrid, Rivadeneira, 1861-62). C'est dans cette publication que les Additions, réunies à d'autres pièces, forment pour la première fois un traité à part, intitulé Libro de las Relaciones. Sainte Térèse parle encore de Catherine de Cardone au Livre des Fondations, cbap. xxviii.

13. - Relacion 3

14. - Voir Partie III, chap.XI

15. - Tract.IV. La fin de cet alinéa ne se trouve pas dans le Ms., mais uun signe de renvoi semble indiquer l'intention du saint Auteur de faire une addition à cet endroit.

16. - Joinville, Hist de saint Loys, c.ult.

17. - Qo 6,14

18. - note 42

19. - note 36




Sales - vie dévote