Sales, Controverses 1315


ARTICLE XVI

NOSTRE EGLISE EST PERPETUELLE ; LA PRETENDUE NE L’EST PAS

1316
Je vous diray, comme j’ay dict cy dessus (art 14), montres moy une dizaine d’annees, des que Nostre Seigneur est monté au ciel, en laquelle nostre Eglise n’ayt esté : ce qui vous garde de sçavoir dire quand nostre Eglise a commencé, c’est parce qu’elle a tousjours duré. Que s’il vous plaisoit vous esclaircir a la bonne foy de cecy, Sanderus, en sa Visible Monarchie, et Gilbert Genbrard, en sa Chronologie, vous fourniroient asses de lumiere, et sur tous le docte Cesar Baron, en ses Annales.Que si vous ne voules pas de premier abord abandonner les livres de vos maistres, et n’aves point les yeux sillés d’une trop excessive passion, si vous regardes de pres les Centuries de Magdebourg, vous n’y verres autre par tout que les actions des Catholiques ; car, dict tres bien un docte de nostre aage (Bx Edm Campion, ubi supra, art 14, p 124), " s’ilz ne les y eussent recueillies ilz eussent laissé mille et cinq cens ans sans histoire. " Je diray quelque chose de cecy cy apres (Art 18, 20).

Or, quant a vostre eglise, supposons ce gros mensonge pour verité, qu’elle ayt esté du tems des Apostres, si ne sera elle pas pourtant l’Eglise Catholique : car, la Catholique doit estre universelle en tems, elle doit donques tousjours durer ; mais dites moy ou estoit vostre eglise il y a cens, deux cens, trois cens ans, et vous ne le sçauries faire, car elle n’estoit point ; elle n’est donques pas la vraye Eglise. Elle estoit, ce me dira peut estre quelqu’un, mais inconneüe : bonté de Dieu, qui ne dira le mesme ? Adamites, Anabaptistes, chacun entrera en ce discourw ; j’ay ja monstré (ch 2 art 1) que l’Eglise militante n’est pas invisible, j’ay monstré qu’elle est universelle en tems, je vais monstrer qu’elle ne peut estre inconneüe.

ARTICLE XVII

LA VRAYE EGLISE DOIT ESTRE UNIVERSELLEE EN LIEUX ET EN PERSONNES

1317 Les Anciens disoyent sagement que sçavoir bien la difference des tems estoit un bon myen d’entendre bien les Escritures, a faute dequoy les Juifz errent, entendant du premier avenement du Messie ce qui est bien souvent dict du second, et les ministres encor plus lourdement, quand ilz veulent faire l’Eglise telle des saint Gregoire en ça qu’elle doit estre tems de l’Antichrist. Ilz tournent a ce biais ce qui est escrit en l’Apocalipse (12, 6, 14), que la femme s’enfuit en la solitude, dont ilz prennent l’occasion de dire que l’Eglise a esté cachee et secrette jusqu’a ce qu’elle s’est produite en Luther et ses adherens. Mays qui ne voit ce passage ne respire autre que la fin du monde et la persecution de l’Antichrist ? le tems y estant expressement determiné de trois ans et demy, et en Daniel aussi (12, 7). Or, qui voudroit par quelque glosse estendre ce tems que l’Escriture a determiné, contrediroit au Seigneur qui dict qu’il seraplutost accourci, pour l’amour des esleuz (Mat 24, 22). Comme donques osent ilz transporter ceste Escriture a une intelligence si contraire a ses propres circonstances ? Au contraire, l’Eglise est dicte semblable au soleil, a la lune , a l’arc en ciel (Ps 88, 37), a une reyne (Ps 44, 10,14), a une montaigne aussi grande que le monde (Dan 2, 35) : elle ne peut donques estre secrette ni cachee, mays doit estre universelle en son estendue.

Je me contenteray de vous mettre en teste deux des plus grans Docteurs qui furent onques. David avoit dict : Le Seigneur est grand et trop louable, en la cité de nostre Dieu, en la sainte montagne d’iceluy . C’est la cité, dict saint Augustin, assise sur la montaigne, qui ne peut se cacher, c’est la lampe qui ne peut estre couverte sous un tonneau, conneüe et celebre a tous, car il s’ensuit : Le mont Sion est fondé avec grande joye de l’univers. Et de faict, Nostre Seigneur, qui disoit que personne n’allume la lampe pour la couvrir sous un muy, comme eust il mis tant de lumieres qui sont en l’Eglise pour les couvrir et cacher en certains coins ? Voicy le mont qui remplit l’univers, voicy la cité qui ne peut se cacher. Les Donatistes rencontrent le mont, et quand on leur dict, montés, ce n’est pas une montaigne, ce disent ilz, et plutost y choquent du front que d’y chercher une demeure. Isaïe, qu’on lisoit hier, cria : Il y aura es derniers jours un mont preparé sur le couppeau des montaignes, mayson du Seigneur, et toutes gens s’y couleront a la file. Qu’y a il de si apparent qu’une montaigne ? mays il se faict des montz inconneuz parce qu’ilz sont assis en un coin de la terre. Qui d’entre vous connoit l’Olimpe ? personne, certes, ne plus ne moins que les habitateurs d’iceluy ne sçavent que c’est de nostre mont Chidabbe ; ces montz sont retirés en certains quartiers, mays le mont d’Isaïe n’est pas de mesme, car il a rempli toute la face de la terre. La pierre taillee du mont sans oeuvre manuelle, n’est ce pas Jesus Christ, descendu de la race des Juifz sans oeuvre de mariage ? et ceste pierre la ne fracassa elle pas tous les royaumes de la terre, c’est a dire, toutes les dominations des idoles et demons ? ne s’accreut elle pas jusqu’a remplir le monde ? C’est donq de ce mont qu’il est dit, preparé sur la cime des mons ; c’est un mont eslevé sur le sommet des mons, et toutes gens se rendront vers iceluy. Qui se perd et s’esgare de ce mont ? qui choque et se casse la teste en iceluy ? qui ignore la cité mise sur le mont ? mays non, ne vous esmerveilles pas qu’il soit inconneu a ceux cy qui haïssent les freres, qui haïssent l’Eglise, car, par ce, vont ilz tenebres et ne sçavent ou ilz vont, ilz se sont separés du reste de l’univers, ilz sont aveugles de mal talent : c’est saint Augustin qui a parlé.

Maintenant oyes saint Hierosme, parlant au nschismatique converti : " Je me resjouis avec toy " , ce dict il, " et rends grace a Jeus Christ mon Dieu, de ce que tu t’es reduit de bon coeur de l’ardeur de fausseté au goust de tout le monde ; ne disnat plus comme quelques uns : O Seigneur, sauves moy, car le saint a manqué, desquelz la voix impie vide et avilit la gloire de la Croix, assujettit le Filz de Dieu au diable, et le regret qui a esté proferé des pecheurs, il l’entend estre dict de tous les hommes. Mays ja n’advienne que Dieu soit mort pour neant, le puissant est lié et saccagé, la parole du Pere est accomplie : Demande moy, et je te donneray les gens pour heritage, et les bornes de la terre pour ta possession. Ou sont, je vous prie, ces gens trop religieux, ains plutost trop prophanes, quifont plus de sinagogues que d’eglises ? comme seront destruittes les cités du diable, et les idoles comme seront ilz abattus ? Si Nostre Seigneur n’a point eu d’Eglise, ou s’il l’a eue en la seule Sardigne, certes il est trop appauvri. Ha, si Satan possede une fois le monde, comment auront esté les trophees de la Croix ainsy accueillis et contraints en un coin de tout le monde ?

Et que diroit ce grand personnage s’il vivoit maintenant ? N’est ce pas bien avilir le trophee de Nostre Seigneur ? le Pere celeste, pour la grande humiliation et aneantissement que son Filz subit en l’arbre de la Croix, avoit rendu son nom si glorieux que tous genoux se devoient plier en la reverence d’iceluy (Philip 2, 8-10), et parce qu’il avoit livré sa vie a la mort, estant mis au rang des meschans (Is 53, 12) et voleurs, il avoit en heritage beaucoup de gens ; mays ceux cy ne prisent pas tant les passions du Crucifix, levans de sa portion les generations de mille annees, si que a peyne durant ce tems il ait eu quelques serviteurs secretz, qui en fin ne seront qu’hypocrites et meschans ; car je m’adresse a vous, o devanciers, qui porties le nom de Chrestiens, et qui aves esté en la vraye Eglise : ou vous avies la foy, ou vous ne l’avies pas ; si vous ne l’avies pas, o miserables, vous estes damnés (Marc 16, 16), et si vous l’avies, que n’en laissies vous des memoires, que ne vous opposies vous a l’impieté ? Ne sçavies vous que Dieu a recommandé le prochain a un chacun (Eccles 17, 12) ? et qu’on croit de coeur pour la justice, mays qui veut obtenir salut il faut faire la confession de foy (Rom 10, 10 ; Luc 12, 8) ? et comme pouvies vous dire, J’ay creu, et partant j’ay parlé (Ps 115, 1) ? Vous estes encore miserables, qui ayant un si beau talent l’aves caché en terre. Mays si, au contraire, o Calvin et Luther, la vraye foy a tousjours esté publiee par l’antiquité, vous estes miserables vous mesmes qui, pour trouver quelque excuse a vos fantasies, accuses tous les Anciens ou d’impieté s’ilz ont mal creu, ou de lascheté s’ilz se sont teuz.


ARTICLE XVIII

L’EGLISE CATHOLIQUE EST UNIVERSELLE EN LIEUX ET EN PERSONNES LA PRETENDUE NE L’EST POINT

1318 L’universalité de l’Eglise ne requiert pas que toutes les provinces ou nations reçoivent tout a coup l’Evangile, il suffit que cela se fasse l’une apres l’autre ; en telle sorte que neantmoins l’on voye tousjours l’Eglise, et qu’on connoisse que c’est celle la mesme qui a esté par tout le monde ou la plus grande partie, affin qu’on puisse dire : Venite ascendamus ad montem Domini (Is 2, 3). Car l’Eglise au tems des Apostres jetta par tout ses branches, chargees du fruict de l’Evangile, tesmoin saint Pol (Coloss 1, 6) ; autant en dict saint Irenee en son tems, qui parle de l’Eglise Romaine ou Papale a laquelle il veut que tout le reste de l’Eglise se reduise " pour sa plus puissante principauté " . Prosper parle de nostre Eglise, non de la vostre, quand il dict (Carmen de Ingratis, Pars Ia, lin 40-42) :

" Par l’honneur pastoral, Rome, siege de Pierre,

Est chef de l’univers ; ce qu’elle n’a par guerre

Ou par armes reduict a sa sujettion,

Ores lui est acquis par la religion ; "

Car vous voyes bien qu’il parle de l’Eglise qui reconnoissoit le Pape de Rome pour chef. Du tems de saint Gregoire il y avoit par tout des Catholiques, ainsy qu’on peut voir par les epistres qu’il escrit aux Evesques presque de toutes nations. Au tems de Gratien, Valentinien et Justinien, il y avoit par tout des Catholiques Romains, comme on peut voir par leurs lois. Saint Bernard en dict autant de son tems ; et vous sçaves bien ce qui en estoit au tems de Godefroy de Bouillon. Despuys, la mesme Eglise est venue a nostre aage, et tousjours Romaine et Papale, de façon qu’encores que nostre Eglise maintenant seroit beaucoup moindre qu’elle n’est, elle ne lairroit pas d’estre tres Catholique, parce que c’est la mesme Romaine qui a esté , et qui a possedé presque en toutes les provinces des nations et peuples innombrables. Mais elle est encores maintenant estendue sur toute la terre, en Transylvanie, Pologne, Hongrie, Bohesme et par toute l’Allemagne, en France, en Italie, en Sclavonie, en Candie, en Espagne, Portugal, Sicile, Malte, Corsique, en Grece, en Armenie, en Syrie, et tout par tout : mettray jeicy en conte les Indes orientales et occidentales ? Dequoy qui voudroit voir un abregé, il faudroit qu’il se trouvast en un Chapitre ou assemblee generale des religieux de saint François appellés Observantins : il veroit venir de tous les coins du monde, viel et nouveau, des religieux a l’obeissance d’un simple, vil et abject ; si que ceux la seulz luy sembleroyent suffire pour verifier ceste partie de la prophetie de Malachie (1, 2) : In omni loco sacrificatur nomini meo.

Au contraire, Messieurs, les pretendus ne passent point les Alpes de nostre costé ni les Pyrenees du costé d’Espagne, la Grece ne vous connoist point, les autres trois parties du monde ne sçavent qui vous estes, et n’ont jamais ouÿ parler de Chrestiens sans sacrifice, sans autel, sans sacerdoce, sans chef, san Croix, comme vous estes ; en Allemagne, vos compaignons lutheriens, brensiens, anbaptistes, trinitaires, rognent vostre portion, en Angleterre, les puritains, en france, les libertins : comme donques oses vous plus vous opiniastrer de demeurer ainsy a part du reste de tout le monde a guise des Luciferiens et Donatistes ? Je vous diray, comme disoit saint Augustin a l’un de vos semblables (De unit Eccl, c 17), daignes, je vous prie, nous instruire sur ce point, comme il se peut faire que Nostre Seigneur ayt perdu son Eglise par tout le monde, et qu’il ayt commencé de n’en avoir qu’en vous seulement. Certes, vous appauvrisses trop Nostre Seigneur, dict saint Hierosme (Supra, art 17 p134, cf p 71). Que si vous dites que vostre eglise a desja esté catholique au tems des Apostres, monstres donques qu’elle estoit en ce tems la, car toutes les sectes en diront de mesme ; comme enteres vous ce petit bourgeon de religion pretendue sur ce saint et ancien tige ? faites que vostre eglise touche par une continuation perpetuelle l’Eglise primitive, car si elles ne se touchent, comment tireront elles le suc l’une de l’autre ? ce que vous ne feres jamais. Aussi ne seres vous jamais, si vous ne ranges a l’obeissance de la Catholique, vous ne seres jamais, dis je, avec ceux qui chanteront : Redemisti nos in sanguine tuo, ex omni tribu, et lingua, et populo, et natione, et fecisti nos Deo nostro regnum (
Ap 5,9-10).


ARTICLE XIX

LA VRAYE EGLISE DOIT ESTRE FECONDE

1319 Peut estre dires vous, a la fin, que cy apres vostre Eglise estendra ses ailes, et se fera catholique par la succession du tems. Mays ce seroit parler a l’adventure ; car, si les Augustin, Chrysostome, Ambroise, Cyprien, Gregoire, et ceste grande trouppe d’excellens pasteurs, n’ont sceu si bien faire que l’Eglise n’ayt donné du nez en terre bien tost apres, comme disent Calvin, Luther et les autres, quelle apparence y a il qu’elle se fortifie maintenat sous la charge de vos ministres, lesquelz ni en sainteté ni en doctrine ne sont comparables avec ceux la ? Si l’Eglise en son printems, esté et automne n’a point fructifié, comme voules vous qu’en son hiver l’on recueille des fruitz ? si en son adolescence elle n’a cheminé, ou voules vous qu’elle coure maintenant en sa viellesse ?

Mais, je dis plus. Vostre Eglise non seulement n’est pas catholique, mais encores ne le peut estre, n’ayant la force ni vertu de produire des enfans, mais seulement de desrobber les poussins d’autruy, comme faict la perdrix ; et neantmoins c’est bien l’une des proprietés de l’Eglise d’estre feconde, c’est pour cela entre autres qu’elle est appellee colombe (
Ct 6,8) ; et si son Espoux quand il veut benir un homme rend sa femme feconde, sicut vitis abundans in lateribus domus suae (Ps 127,3), et faict habiter la sterile en une famille, mere joyeuse en plusieurs enfans (Ps 112,9), ne devoit il pas avoir luy mesme une Espouse qui fut feconde ? Mesme que selon la sainte Parole, ceste deserte devoit avoir plusieurs enfans (Is 54,1 Ga 4,27), ceste nouvelle Hierusalem devoit estre tres peuplee et avoir une grande generation : Ambulabunt gentes in lumine tuo, dict le prophete (Is 54,3-4), et reges in splendore ortus tui. Leva in circuitu oculos tuos et vide ; omnes isti congregati sunt, venerunt tibi ; filii tui de longe venient, et filiae tuae de latere surgent (Is 53,11-12) ; et : Pro eo quod laboravit anima ejus, ideo dispertiam ei plurimos. Or ceste fecondité de belles nations de l’Eglise se faict principalement par la predication, comme dict saint Pol (1Co 4,15) : per Evangelium ego vos genui : la predication donques de l’Eglise doit estre neflammee : Ignitum eloquium tuum Domine (Ps 118,40) ; et qu’y a il de plus actif, vif, penetrant et prompt a convertir et bailler forme aux autres matieres que le feu ?

ARTICLE XX

L’EGLISE CATHOLIQUE EST FECONDE

1320 Telle fut la predication de saint Augustin en Angleterre, de saint Boniface en Allemagne, de saint Patrice en Hibernie, de Willibrord en frize, de Cyrille en Bohesme, d’Adalbert en Pologne, d’Astric en Hongrie, de saint Vincent Ferrier, de Jean Capistran ; telle la predication des Freres fervens, Henry, Anthoyne, Louis, de François Xavier et mille autres, qui ont renversé l’idolatrie par la sainte predication, et tous estoyent Catholiques Romains.

Au contraire, vos ministres n’ont encores converti aucune province du paganisme, ni aucune contree : diviser le Christianisme , y faire des factions, mettre en pieces la robbe de Nostre Seigneur, ce sont les effectz de leurs predications. La Doctrine Chrestienne Catholique est une douce pluie, qui fait germer la terre infructueuse ; la leur ressmeble plutost a une gresle qui rompt et terrasse les moissons, et met en friche les plsu fructueuses campaignes. Prenes garde a ce que dict saint Jude : Malheur, ce dict, a ceux qui perissent en la contradiction de Coré ; Coré estoit schismatique : ce sont des souilleures a un festin, banquetans sans crainte, se repaissans eux mesmes, nuees sans eaux qui sont transportees ça et la aux vens ; ilz ont l’exterieur de l’Escriture, mays ilz n’ont pas la liqueur interieure de l’esprit : arbres infructueuses de l’automne ; ilz n’ont que la feuille de la lettre, et n’ont point le fruit de l’intelligence : doublement mortz ; mortz quant a la charité par la division, et quant a la foy par l’heresie : desracinés, qui ne peuvent plus porter fruict ; flotz de mer agitee, escumans ses confusions de debatz, disputes et remuemens ; plantes errantes, qui ne peuvent servir de guide a personne, et n’ont point de fermeté de foy mays changent a tous propos. Quelle merveille donques si vostre predication est sterile ? vous n’aves que l’escorce sans le suc, comme voules vous qu’elle germe ? vous n’aves que le fourreau sans espee, la lettre sans l’intelligence, ce n’est pas merveille si vous ne pouves dompter l’idolatrie : ainsy saint Pol (
2Tm 3,9), parlant de ceux qui se separent de l’Eglise, il proteste sed ultra non proficient. Si donques vostre eglise ne se peut en aucune façon dire catholique jusques a present, moins deves vous esperer qu’elle le soit cy apres ; puysque sa predication est si flaque, et que ses prescheurs n’ont jamais entrepris, comme dict Tertullien (De Praescr, c 42), la charge ou commission ethnicos convertendi, mays seulement nostros evertendi. O quelle eglise, donques, qui n’est ni unie, ni sainte, ni catholique, et qui pis est, ne peut avoir aucune raysonnable esperance de jamais l’estre.

ARTICLE XXI

DU TITRE D’APOSTOLIQUE : MARQUE QUATRIESME

1321
Le manuscrit ne contient pas cet exposé.

SECONDE PARTIE

LES REGLES DE LA FOI

200

AVANT-PROPOS

2000 Si l’advis que saint Jan donne (1Jean 4, 1), de ne pas croire a toutes sortes d’espritz, fut onques necessaire, il l’est maintenant plus que jamais, quand tant de divers et contraires espritz, avec un’esgale asseurance, demandent creance parmi la Chrestienté en vertu de la Parole de Dieu ; apres lesquelz on a veu tant de peuples s’escarter, qui ça qui la, chacun a son humeur. Comme le vulgaire admire les cometes et feuz erratiques, et croit que ce soyent des vrays astres et vives planettes, tandis que les plus entenduz connoissent bien que ce ne sont que flammes qui se coulent en l’air le long de quelques vapeurs qui leur servent de pasture, et n’ont rien de commun avec les astres incorruptibles que ceste grossiere clarté qui les rend visibles ; ainsy le miserable peuple de nostre aage , voyant certaines chaudes cervelles s’enflammer a la suite de quelques subtilités humaines, esclairees de l’escorce de la Saint’Escriture, il a creu que c’estoyent des verités celestes et s’y est amusé, quoy que les gens de bien et judicieux tesmoignoient que ce n’estoyent que des inventions terrestres qui, se consumants peu a peu, ne laisseroyent autre memoyre d’elles que le ressentiment de beaucoup de malheurs qui suit ordinairement ces apparences.

O combien estoit il necessaire de ne s’abbandonner pas a ces espritz, et premier que de les suivre, esprouver s’ilz estoyent de Dieu ou non (1 Jean, ubi sup). Helas, il ne manquoit pas de pierres de touche pour descouvrir le bas or de leurs happelourdes, car Celuy qui nous fait dire que nous epprouvions les espritz, ne l’eut pas fait s’il n’eut sçeu que nous avions des Regles infallibles pour reconnoistre le saint d’avec le faint esprit. Nous en avons donques, et personne ne le nie, mays les seducteurs en produisent de telles quilz les puyssent faulser et plier a leurs intentions, affin qu’ayans les regles en main ilz se rendent recommandables, comme par un signe infallible de leur maistrise, sous pretexte duquel ilz puysent former une foy et religion telle qu’ilz l’ont imaginee. Il importe donques infiniment de sçavoir quelles sont les vraÿes Regles de nostre creance, car on pourra aysement connoistre par la l’heresie d’avec la vraÿe Religion, et c’est ce que je pretens faire voir en ceste seconde Partie.

Voicy mon projet. La foy Chrestienne est fondëe sur la parole de Dieu ; c’est cela qui la met au sauverain degré d’asseurance, comm’ayant a garend cest’eternelle et infallible verité ; la foy qui s’appuÿe ailleurs n’est pas Chrestienne : donques la Parole de Dieu est la vraÿe Regle de bien croire, puysqu’estre Fondement et Regle en cest endroit n’est qu’une mesme chose. Mays parce que ceste Regle ne regle point nostre croyance sinon quand ell’est appliquee, proposee et declairee, et que cecy se peut bien et mal faire, il ne suffit pas de sçavoir que la Parole de Dieu est la vraÿe et infallible Regle de bien croire, si je ne sçai quelle parole est de Dieu, ou ell’est, qui la doit proposer, appliquer et declairer. J’ay beau sçavoir que la Parole de Dieu est infallible, que pour tout cela je ne croiray pas que Jesus est le Christ Filz de Dieu vivant, si je ne suys asseuré que ce soit une parole revelee par le Pere celeste, et quand je sçauray cecy , encor ne seray je pas hors d’affaire, si je ne sçai comm’il le faut entendre, ou d’une filiation adoptive, a l’Arienne, ou d’une filiation naturelle, a la Catholique.

Il faut donques, outre ceste premiere et fondamentale Regle de la Parole de Dieu , un’autre seconde Regle par laquelle la premiere nous soit bien et deuement proposëe, appliquëe et declairee ; et affin que nous ne soyons sujetz a l’esbranslement et a l’incertitude, il faut que non seulement la premiere Regle, a sçavoir, la Parole de Dieu, mays encor la seconde, qui propose et applique ceste Parole, soit du tout infallible, autrement nous dmeurons tousjours en branle et en doute d’estre mal reglés et appuyés en nostre foy et croyance ; non ja par aucune defaute de la premiere Regle, mays par l’erreur et faute de la proposition et application d’icelle. Certes, le danger est egal, ou d’estre desreglé a faute d’une juste Regle, ou d’estre mal reglé a faute d’un’application bien reglëe et juste de la Regle mesme. Mays cest’infallibilité, requise tant en la Regle qu’en son application, ne peut avoir sa source que de Dieu mesme, vive et premiere fontaine de toute verité. Passons outre.

Or, comme Dieu revela sa Parole et parla pieça par la bouche des Peres et Prophetes, et finalement en son Filz (Heb 1, 1-2), puys par les Apostres et Evangelistes, desquelz les langues ne furent que comme plumes de secretaires escrivans tres promptement (Ps 44, 2), employant en ceste sorte les hommes pour parler aux hommes, ainsy, pour proposer, appliquer et declairer ceste sienne Parole, il emploÿe son Espouse visible comme son truchement et l’interprete de ses intentions. C’est donq Dieu seul qui regle nostre croyance Chrestienne, mais avec deux instrumens, en diverse façon : 1. par sa Parole, com’avec une regle formelle ; 2. par son Eglise, comme par la main du compasseur et regleur. Disons ainsy : Dieu est le peintre, nostre foy la peinture, les couleurs sont la parole de Dieu, le pinceau c’est l’Eglise. Voyla donques deux Regles ordinaires et infallibles de nostre croyance : la Parole de Dieu qui est la Regle fondamentale et formelle, l’Eglise de Dieu qui est la Regle d’application et d’explication . Je consider’en ceste seconde Partie et l’un’et l’autre ; mays, pour en rendre le traitté plus clair et maniable, j’ay divisé ces deux Regles en plusieurs, en ceste sorte :

La Parolle de Dieu, Regle formelle de nostre foy, ou ell’est en l’Escriture ou en la Tradition : je traitte premierement de l’Escriture, puys de la Tradition.

L’Eglise, qui est la Regle d’application, ou elle se declaire en tout son cors universel, par une croyance generale de tous les Chrestiens, ou en ses principales et nobles parties, par un consentement de ses pasteurs et docteurs ; et en ceste derniere façon, ou c’est en ses pasteurs assemblés en un lieu et en un tems, comm’en un Concile general, ou c’est en ses pasteurs divisés de lieux et d’aage mays assemblés en union et correspondance de foy, ou bien, en fin ,ceste mesm’Eglise se declaire et parle par son chef ministerial : et ce sont quattre Regles explicantes et applicantes pour nostre foy, l’Eglise ne cors, le Concile general, le consentement des Peres et le Pape ; outre lesquelles nous ne devons pas en rechercher d’autres, celles ci suffisent pour affermir les plus inconstans.

Mays Dieu, qui se plait en la surabondance de ses faveurs, voulant ayder la foiblesse des hommes, ne laisse pas d’adjouster par fois a ces Regles ordinaires (je parle de l’etablissement et fondation de l’Eglise), une Regle extraordinaire, trescertaine et de grand’importance ; c’est le Miracle, tesmoignage extraordinaire de la vraye application de la Parole divine.

En fin , la Rayson naturelle peut encor estre ditte une Regle de bien croire, mays negativement, et non pas affirmativement ; car qui diroit ainsy, telle proposition est article de foy donques ell’est selon la rayson naturelle, ceste consequence affirmative seroit mal tiree , puysque presque toute nostre foy est hors et par dessus nostre rayson ; mays qui diroit, cela est un article de foy donques il ne doit pas estre contre la rayson naturelle, la consequence est bonne, car la rayson naturelle et la foy estant puysees de mesme source et sorties d’un mesm’autheur, elles ne peuvent estre contraires.

Voyla donques 8 regles de la foy : l’Escriture, la Ttradition, l’Eglise, le Concile, les Peres, le Pape, les Miracles, la Rayson naturelle. Les deux premieres ne sont qu’une Regle formelle, les quattre suivantes ne sont qu’une Regle d’application, la septieme est extraordinaire, et la huittieme, negative. Au reste, qui voudroit reduire toutes ces regles en une seule, diroit que l’unique et vraye Regle de bien croire c’est la Parolle de Dieu, preschëe par l’Eglise de Dieu.

Or, j’entreprens icy de monstrer, clair comme le beau jour, que vos reformateurs ont violé et forcé toutes ces Regles (et il suffiroit de monstrer quilz en ont violé l’une, puysqu’elles s’entretiennent tellement que qui en viole l’une viole toutes les autres) ; affin que, comme vous aves veu en la premiere Partie qu’ilz vous ont levés du giron de la vraye Eglise par schisme, vous connoissies en ceste seconde partie quilz vous ont osté la lumiere de la vraye foy par l’heresie, pour vous tirer a la suitte de leurs illusions. Et me tiens tousjours sur une mesme posture, car je prouve premierement que les Regles que je produitz sont tres certaines et infallibles, puys je fais toucher au doigt que vos docteurs les ont violees. C’est icy ou je vous apelle au nom de Dieu tout puyssant, et vous somme de sa part de juger justement.


CHAPITRE PREMIER

QUE LES REFORMATEURS PRAETENDUS ONT VIOLE LA SAINTE ESCRITURE, PREMIERE REGLE DE NOSTRE FOI

210

ARTICLE PREMIER

LA SAINTE ESCRITURE EST UNE VRAYE REGLE DE LA FOI CHRESTIENNE

211 J sçay bien ,Dieu merci, que la Tradition a esté devant tout’Escriture, puysque mesm’une bonne partie de l’Escriture n’est que Tradition reduitte en escrit avec un’infallible assistence du Saint Esprit ; mays parce que l’authorité de l’Escriture est plus aysement receüe par les reformateurs que celle de la Tradition, je commence par cest endroit, pour faire un’entree plus aysee a mon discours.

La Sainte Escriture est tellement Regle a nostre creance Chrestienne, que qui ne croit tout ce qu’elle contient, ou croit quelque chose qui luy soit tant soit peu contraire, il est infidele. Nostre Seigneur y a renvoyé les Juifz pour redresser leur foy (Jean 5, 39) ; les Sadduceens erroyent pour ignorer les Escritures (Marc 12, 24) ; c’est donq un niveau tres asseuré, c’est un flambeau luysant es obscurités, comme parle saint Pierre (2 Pierre 1, 19), lequel ayant ouÿ luy mesme la voix du Pere en la Transfiguration du Filz, se tient neantmoins pour plus asseuré au tesmoignage des Prophetes qu’en ceste sienne experience (vers 17, 18). Mays je pers tems ; nous sommes d’accord en ce point, et ceux qui sont si desesperés que d’y contredire, ne sçavent pas appuyer leur contradiction que sur l’Escriture mesme, se contredisans a eux mesmes avant que de contredire a l’Escriture, se servans d’elle en la protestation quilz font de ne s’en vouloir servir.

ARTICLE II

COMBIEN ON DOIT ESTRE JALOUX DE SON INTEGRITE

212 Je ne m’arresteray pas nomplus gueres en cest endroit. On appelle la Sainte Escriture, Livre du Viel et du Nouveau Testament. Certes, quand un notaire a expedié un contract ou autr’escriture, personne n’y peut remuer, oster, adjouster un seul mot sans estre tenu pour faulsaire : voicy l’Escriture des testamentz de Dieu, expediee par les notaires a ce deputés ; comme la peut on altérer tant soit peu sans impieté ?

Les promesses ont esté dittes a Abraham, dict saint Pol (Gal 3, 16), et a sa semence ; il n’est pas dict, et ses semences, comme en plusieurs, mais comm’en une, et a ta semence, qui est Christ : voyes, je vous prie, combien la variation du singulier au plurier eust gasté le sens misterieux de ceste parole. Nostre Seigneur met en conte les iota, voire les seulz petitz pointz et accens de ces saintes paroles (Mat 5, 18) ; combien donques est il jaloux de leur integrité ? Les Ephrateens disoyent sibolleth, sans oublier pas une seule lettre, mais par ce quilz ne prononçoyent pas asses grassement, les Galaadites les esgorgeoyent sur le quay du Jordain (Jud 12, 6). La seule difference de prononciation en parlant, et en escrit la seule transposition d’un point sur la lettre scin, faisoyt tout l’equivocque, et, changeant le jamin en semol, au lieu d’un espi de blé signifioit une charge oufardeau. Qui change tant soit peu la sainte Parole merite la mort, qui ose mesler le prophane au sacré (Levit 10, 9-10). Les Arriens corrompoyent ceste sentence de l’Evangile (Jean 1, 1-2), In principio erat Verbum, et Verbum erat apud Deum, et Deus erat Verbum. Hoc erat in principio apud Deum, en remuant un seul point ; car ilz lisoyent ainsy (Aug, l 3 De Doct Christiana, c 2) : Et Verbum erat apud Deum, et Deus erat. (Ici ilz mettoyent le point, puys recommençoyent la periode) Verbum hoc erat in principio apud Deum. Ilz mettoyent le point apres l’erat, au lieu de le mettr’apres le Verbum ; ce qu’ilz faisoyent de peur d’estre convaincuz par ce texte que le Verbe est Dieu : tant il faut peu pour alterer ceste sacree Parole.

Quand le vin est meilleur il se ressent plustost du gout estranger, et la cimetrie d’un excellent tableau ne peut souffrir le meslange de nouvelles couleurs. Le sacré depost des Saintes Escritures doit estre gardé bien conscientieusement.

ARTICLE III

QUELZ SONT LES LIVRES SACRES DE LA PAROLE DE DIEU

213 Tous les livres sacrés sont premierement divisés en deux, en ceux du Viel Testament et ceux du Nouveau : puys, autant les uns que les autres sont partagés en deux rangs ; car il y a des Livres, tant du Viel que du Nouveau Testament, desquelz on n’a jamais douté quilz ne fussent sacrés et canoniques, il y en a desquelz l’on a douté pour un tems, mais en fin ont estés receuz avec ceux du premier rang.

Ceux du premier rang, de l’Ancien Testament, sont les cinq de Moyse, Josué, les Juges, Ruth, 4 des Rois, 2 de Paralipomenon, 2 d’Esdras et de Nehemie, Job, 150 Psaumes, les Proverbes, l’Ecclesiaste, les Cantiques, les 4 Prophetes plus grans, les douze moindres. Ceux ci furent canonisés par le grand Sinode ou se trouva Esdras et y fut scribe, et jamais personne ne douta de leur authorité qui ne fut tenu peremptoirment heretique, comme nostre docte Genebrard va deduysant en sa Chronologie. Le second rang contient ceuxci : Hester, Baruch, une partie de Daniel, Tobie, Judith, la Sapience, l’Ecclesiastique, les Macchabees, premier et second. Et quand a ceux ci il y a grand’apparence, au dire du mesme docteur Genebrard, qu’en l’assemblëe qui se fit en Hierusalem pour envoyer les 72 interpretes en Aegipte, ces Livres, qui n’estoyent encores en estre quand Esras fit le premier canon, furent alhors canonisés, au moins tacitement, puysqu’ilz furent envoyés avec les autres pour estre traduitz ; hormis les Macchabbes, qui furent receuz en un’autr’assemblee par apres, en laquelle les praecedens furent drechef approuvés : mays comme que ce soit, par ce que ce second canon ne fut pas faict si authentiquement que le premier, ceste canonisation ne leur peut acquerir un’entiere et indubitabl’authorité parmi les Juifz, ni les esgaler aux Livres du premier rang.

Ainsy dirai je des Livres du Nouveau Testament, qu’il y en a du premier rang, qui ont tousjours esté reconneuz pour sacrés et canoniques entre les Catholiques : telz sont les 4 evangiles, selon saint Mathieu, saint Marc, saint Luc, saint Jan, les Actes des Apôtres, toutes les Epistres de saint Pol hormis celle aux Hebrieux, une de saint Pierre, une de saint Jan. Ceuxdu second rang sont l’Epistre aux Hebrieux, celle de saint Jaques, la seconde de saint Pierre, la second’et troisiesme de saint Jan, celle de saint Jude, l’Apocalipse, et certaines parties de saint Marc, de saint Luc et de l’Evangile et Epistre premiere de saint Jan : et ceuxci ne furent pas d’indubitabl’authorité en l’Eglise au commencement, mais, avec le tems, en fin furent reconneuz comme ouvrage sacré du Saint Esprit, et non pas tout a coup, mais a diverses fois. Et premierment, outre ceux du premier rang tant du Viel que du Nouveau Testament, environ l’an 364 on receut au Concile de Laodicee (Can 59) (qui depuis fut approuve au Concile general sixieme (1)), le livre d’Hester, l’Epistre de saint Jaques, la 2. de saint Pierre, la 2. et 3. de saint Jan, celle de saint Jude, et l’Epistre aux Hebreux comme la quatorsiesme de saint Pol. Puys, quelque tems apres, au Concile 3. de Cartage (Can 6-7), auquel se trouva saint Augustin, et a esté confirmé au General, de Trulles, outre les Livres precedens du second rang, furent receuz au canon comme indubitables, Thobie, Judith, deux des Macchabëes, la Sapience, l’Ecclesiastique et l’Apocalipse ; mais avant tous ceux du second rang, le Livre de Judith fut receu et reconneu pour divin au premier general Concile de Nicee, ainsy que saint Hierosme en est tesmoin, en sa praeface sur iceluy. Voyla comm’on assembla les deux rangs en un, et furent renduz d’esgale authorité en l’Eglise de Dieu ; mays avec progres et succession, comm’une bell’aube levante qui peu a peu esclaire nostr’hemisphere. Ainsy fut dessé au Concile de Cartage la mesme liste des Livres canoniques qui a despuys tousjours esté en l’Eglise Catholique, et fut confirmee au sixiesme general (Can 2), au grand Concile de Florence en l’Union des Armeniens, et en nostr’aage au Concile de Trente, et fut suivie par saint Augustin (l 2 De Doct Christiana c 8)

A peu que je n’ay oublié de dire, vous ne deves point entrer en scrupule sur ce que je viens de deduyre, encor que Baruch ne soyt pas nommément cotté au Concile de Carthage, mais seulement en celuy de Florence et de Trente ; car, d’autant que Baruch estoit secretaire de Jeremie (36, 4), on mettoit en conte parmi les Anciens le Livre de Baruch comm’un accessoire ou appendice de Jeremie, le comprenant sous iceluy, ainsy que cest excellent theologien Belarmin le prouve en ses Controverses. Mays il me suffit d’avoir dict cecy ; mon Memorial n’est pas obligé de s’arrester sur chasque particularité. Somme, tous les Livres, tant du premier que du second rang, sont egalement certains, sacrés et canoniques.


Sales, Controverses 1315