Augustin, des hérésies.


DES HÉRÉSIES



Bien des fois, cher et saint Quodvultdeus (1), tu m'as instamment prié d'écrire, sur les hérésies, un livre propre à intéresser ceux qui veulent ne point tomber dans les erreurs opposées à la foi chrétienne et capables de séduire les âmes par leur faux air de christianisme. Sois-en sûr, je n'avais pas attendu jusqu'à ce jour pour y penser: depuis longtemps j'aurais entrepris cette tâche, si, après mûr examen, la difficulté et la grandeur d'un tel ouvrage ne m'avaient paru dépasser mes forces; mais comme tu m'as, plus que personne, pressé de m'en charger, j'ai pris en considération ton nom aussi bien que tes instances, et je me suis dit: Je me mettrai à l'oeuvre, je ferai ce que Dieu veut, et j'aurai, ce me semble, la conscience d'avoir accompli son bon plaisir, si, avec le secours de sa grâce, je parviens au terme de mon travail, c'est-à-dire, soit à t'indiquer seulement la difficulté d'une oeuvre si importante, soit à la surmonter complètement. Cette difficulté m'apparaît; je la médite et la retourne dans mon esprit: je la saisis, mais en triompherai-je? Je n'ose me le promettre; car j'ai beau essayer, demander, chercher, frapper, le résultat me semble toujours incertain: une seule chose est pour moi hors de doute; c'est que je ne puis ni demander, ni chercher, ni frapper suffisamment, si Dieu ne m'en inspire le désir et la volonté. J'entreprends donc ce, travail sur tes pressantes instances, et pour me conformer à la volonté de Dieu: mais, pour m'aider à parvenir au terme, ce n'est point assez, tu le vois, de me presser par d'incessantes demandes; il faut aussi me soutenir de tes ardentes prières: il. faut, de plus, engager à intercéder auprès de Dieu en ma faveur ceux de tes frères que tu pourras déterminer à le faire avec toi. Voilà pourquoi, le Seigneur aidant, je me suis hâté d'envoyer à ta Charité la première partie de mon livre et ce prologue. Tous ceux d'entre vous qui pourront connaître, par ce moyen, que j'ai déjà mis la main à l'oeuvre, sauront combien ils doivent m'assister près de Dieu pour l'achèvement du travail immense que vous désirez me voir mener à bonne fin.

1. Le nom de Quodvultdeus signifie: Ce que Dieu veut.

Si je juge de tes désirs par la teneur même de ta première lettre de demande, tu voudrais un traité court, concis et sommaire dans lequel (2) je ferais connaître toutes les hérésies qui ont existé et qui existent encore, depuis l'origine de la religion chrétienne, héritage divin promis à nos pères: quelles erreurs les hérétiques ont soutenues et soutiennent: ce qu'à l'encontre de l'enseignement catholique ils ont pensé autrefois et pensent aujourd'hui sur la foi, la Trinité, le baptême, la pénitence, l'humanité et la divinité du Christ, la résurrection, le Nouveau et l'Ancien Testament. Mais comprenant que la réponse à de telles questions serait de grande étendue, il t'a paru utile qu'on y joignit un abrégé contenant en général, as-tu dit, tout ce en quoi. ils s'écartent de la vérité. Puis, tu as ajouté: «Quelles sont les sectes qui confèrent le baptême ou ne le confèrent pas? Celles dont l'Eglise baptise les anciens adeptes, sans néanmoins rebaptiser. Comment, enfin, reçoit-elle ceux qui reviennent à elle? Que répond-elle à chacun d'eux d'après la loi, l'autorité et la raison?»

Ces diverses questions me font admirer l'élévation d'un esprit qui souhaite si vivement connaître la vérité en tant de grandes choses, et qui, néanmoins, réclame la brièveté pour éviter l'ennui. Tu t'es aussi aperçu de ce que pouvait me suggérer ce passage de ta lettre; aussi, tu as couru au-devant de ma pensée en ajoutant: «Que votre béatitude le croie bien; je suis assez clairvoyant pour imaginer le nombre et la grandeur des volumes qu'il faudra pour résoudre ces questions; mais ce n'est pas ce que je demande, nous l'avons déjà». Aussi, pour m'indiquer, sous forme de conseil, la manière de demeurer concis tout en exposant la vérité, tu reviens à ta première recommandation: «Surtout, que votre méthode soit brève et serrée dans ce compendium, où vous exposerez, suffisamment pour instruire, les opinions de chaque hérésie, et la doctrine de l'Eglise catholique opposée à chacune d'elles». Mais c'est de nouveau réclamer un long ouvrage; non pas qu'on ne puisse ou qu'on ne doive l'exécuter avec concision, mais parce qu'il y a tant de sujets à traiter, qu'il est indispensable d'y consacrer un grand nombre de pages; et pourtant tu me dis: «Faites un résumé complet si quelqu'un veut connaître d'une manière plus ample, plus claire et plus approfondie, l'objection et la réponse, il ira consulter les précieux et magnifiques ouvrages écrits sur ces matières par différents auteurs, et surtout par votre révérence». En t'exprimant de la sorte, tu me demandes donc comme un mémorial complet de toutes les erreurs et des vérités que leur oppose l'Eglise. Voici ma réponse.

Un savant du nom de Celse a réuni, en six volumes assez considérables, les opinions de tous les fondateurs des sectes philosophiques qui ont paru jusqu'à son temps: il ne pouvait aller plus loin; mais il n'en a réfuté aucune: il les a exposées en assez peu de mots pour ne point prendre à tâche de les blâmer ou de les louer, de les soutenir ou de les défendre, se bornant à les énumérer et à les faire connaître: il parle d'une centaine de philosophes, et pourtant, tous n'ont pas établi une erreur nouvelle: mais il a pensé qu'il fallait citer même ceux qui avaient suivi les erreurs de leurs maîtres sans y rien changer. Nous avons encore six, livres, rédigés par un des nôtres, Epiphane, évêque de Chypre. Cet auteur, mort depuis peu de temps, parle de quatre-vingts hérésies; mais, à l'exemple de Celse, il ne fait qu'un simple récit dépouillé de toute polémique en faveur de la vérité contre l'erreur. Ces écrits sont très-succincts, et si on voulait les réunir en un seul volume, il serait loin d'équivaloir en étendue à tels autres livres écrits par d'autres ou par nous. Si j'imite sa brièveté, tu n'auras ni ce que tu réclames de moi, ni ce que tu es en droit d'en attendre. L'essentiel pour moi, en ce moment, n'est donc pas de suivre les traces d'Epiphane; les preuves que je t'en donnerai, et ta pénétration d'esprit suffiront à te le faire comprendre, lorsque j'aurai terminé mon ouvrage. En lisant les livres de cet écrivain, tu verras tout ce qui leur manque pour ressembler au travail que tu me demandes de faire, et à plus forte raison, à celui que je conçois moi-même. Tu demandes une réfutation courte, concise et sommaire de toutes les hérésies qu'on énumérera; mais, enfin, tu veux qu'on les réfute; c'est ce qu'Epiphane n'a pas fait. Pour moi, Dieu aidant, je veux aller plus loin: avec mon livre, il sera possible d'éviter toute hérésie connue ou inconnue on pourra devenir capable de juger sainement de celles qui pourraient surgir. Sache-le bien toute erreur n'est pas une hérésie; quoique aucune opinion mauvaise ne puisse être une hérésie qu'autant qu'elle s'appuie sur (3) quelque erreur. A mon avis, il est très-difficile sinon impossible, de comprendre, d'une manière précise, ce qui constitue l'hérésie: je m'efforcerai, néanmoins, de l'expliquer dans le cours de cet ouvrage, si le Seigneur daigne éclairer mon intelligence et diriger mon raisonnement vers le but que je me propose d'atteindre: lors même que nous ne parviendrions point à connaître le caractère distinctif de l'hérésie, nous verrons et nous dirons en temps et lieu, de quelle utilité peuvent être nos recherches; car si nous réussissons à avoir une idée juste, il est facile de comprendre quel avantage on en retirera. La première partie de cet ouvrage roulera donc sur les hérésies qui ont attaqué la doctrine de Jésus-Christ, depuis sa venue en ce monde et son ascension glorieuse, autant, du moins, que nous avons pu les connaître: dans la seconde, nous chercherons à bien définir en quoi consiste l'hérésie.

Lorsque le Seigneur fut monté au ciel, on vit paraître:

I. Les Simoniens,

II. Les Ménandriens,

III. Les Saturniniens,

IV. Les Basilidiens,

V. Les Nicolaïtes,

VI. Les Gnostiques,

VII. Les Carpocratiens,

VIII. Les Cérinthiens ou Mérinthiens,

IX. Les Nazaréens,

X. Les Ebionites,

XI. Les Valentiniens,

XII. Les Sécundiens,

XIII. Les Ptolémaïtes,

XIV. Les Marcites,

XV. Les Colorbasiens,

XVI. Les Héracléonites,

XVII. Les Ophites,

XVIII. Les Caïnites,

XIX. Les Séthiens,

XX. Les Archonticiens,

XXI. Les Cerdoniens,

XXII. Les Marcionites,

XXIII. Les Apellites,

XXIV. Les Sévériens,

XXV. Les Tatianites ou Encratites,

XXVI. Les Cataphrygiens,

XXVII. Les Pépuziens ou Quintilliens,

XXVIII. Les Artotyrites,

XXIX. Les Tessarescédécatites,

XXX. Les Alogiens,

XXXI. Les Adamiens,

32. Les Elcéséens et les Sampséens,

XXXIII. Les Théodotiens,

XXXIV. Les Melchisédéciens,

XXXV. Les Bardésanistes,

XXXVI. Les Noétiens,

XXXVII. Les Valésiens,

XXXVIII. Les Cathares ou Novatiens,

XXXIX. Les Angéliques,

XL. Les Apostoliques,

XLI. Les Sabelliens ou Patripassiens,

XLII. Les Origénistes,

XLIII. D'autres Origénistes,

XLIV. Les Paulinianistes,

XLV. Les Photiniens,

XLVI. Les Manichéens,

XLVII. Les Hiéracites,

XLVIII. Les Méléciens,

XLIX. Les Ariens,

L. Les Vadianites ou Anthropomorphites,

LI. Les Semi-Ariens,

LII. Les Macédoniens,

LIII. Les Aériens,

LIV. Les Aétiens ou Eunomiens,

LV. Les Apollinaristes,

LVI. Les Antidicomarites,

LVII. Les Massaliens ou Euchites,

LVIII. Les Métangismonites,

LIX. Les Séleuciens ou Hermiens,

LX. Les Proclianites,

LXI. Les Patriciens,

LXII. Les Ascites,

LXIII. Les Passalorynchites,

LXIV. Les Aquariens,

LXV. Les Coluthiens,

LXVI. Les Floriniens,

LXVII. Ceux qui ne sont pas d'accord sur l'état du monde,

LXVIII. Ceux qui marchent nu-pieds,

LXIX. Les Donatistes ou Donatiens,

LXX. Les Priscillianistes,

LXXI.Ceux qui ne mangent pas en société,

LXXII. Les Rhétoriens,

LXXIII. Ceux qui disent qu'en Jésus-Christ la divinité a souffert,

LXXIV. Ceux qui reconnaissent trois formes en Dieu,

LXXV. Ceux qui disent l'eau coéternelle à Dieu,

LXXVI. Ceux qui ne veulent pas voir dans l'âme l'image de Dieu,

LXXVII. Ceux qui pensent que les mondes sont innombrables,

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LXXVIII. Ceux qui soutiennent que les âmes se changent en démons ou en animaux,

LXXIX. Ceux qui prétendent que, par sa descente aux enfers, le Christ a délivré toutes les âmes,

LXXX. Ceux qui soutiennent que la génération divine du Christ a eu lieu dans le temps, LXXXI. Les Lucifériens,

LXXXII. Les Jovinianistes,

LXXXIII. Les Arabiques,

LXXXIV. Les Helvidiens,

LXXXV. Les Paterniens ou Vénustiens,

LXXXVI. Les Tertullianistes,

LXXXVII. Les Abéloïtes,

LXXXVIII. Les Pélagiens ou Célestiens.

I. Les Simoniens,

I. Les Simoniens étaient attachés au parti de Simon le Magicien, dont il est parlé aux Actes des Apôtres. Ce personnage reçut le baptême de la main de saint- Philippe, et quand il vit que les Apôtres donnaient le Saint-Esprit par l'imposition des mains, il leur offrit de l'argent pour obtenir d'eux le même pouvoir. Ses magies lui avaient servi à tromper un grand nombre de personnes (1); et il enseignait l'abominable communauté des femmes. Selon lui, Dieu n'a pas créé le monde: les corps ne doivent pas ressusciter. Il assurait qu'il était le Christ, et se faisait passer pour Jupiter: Minerve était personnifiée par lui en une personne de mauvaise vie, nommée Hélène, dont il avait fait la complice de ses crimes; il donnait à ses disciples son portrait et celui de cette concubine, comme des objets dignes d'adoration, et à Rome il les avait fait placer, par autorité publique, parmi les images des dieux. Ce fut dans cette ville que saint Pierre mit fin à ses magies, en le faisant mourir, parla vertu toute-puissante de Dieu.

1. Ac 8,9-19

II. Les Ménandriens,

II. Le chef des Ménandriens fut Ménandre, magicien lui-même comme Simon, son maître: il attribuait la création du monde, non à Dieu, mais aux anges.

III. Les Saturniniens,

III. Les Saturniniens reçurent leur nom de Saturnin, qui établit en Syrie l'hérésie de Simon. Suivant eux encore, sept anges ont seuls formé le monde à l'insu de Dieu le Père.

IV. Les Basilidiens,

IV. La doctrine des Basilidiens, disciples de Basilide, différait de celle des Simoniens, en ce qu'ils comptaient autant de cieux qu'il y a de jours dans l'année, trois cent soixante-cinq. Aussi regardaient-ils comme saint le mot aß?asa?,

dont les lettres, suivant la manière de compter des Grecs, forment un pareil nombre. Il y en a sept: a, ß,?, a, s, a,?,; c'est-à-dire, un, deux, cent, un, deux cent, un, soixante: ce qui fait, en tout, trois cent soixante-cinq.

V. Les Nicolaïtes,

V. Les Nicolaïtes tiraient leur nom de Nicolas, l'un des sept diacres qui avaient été ordonnés par les Apôtres (1). Accusé d'un attachement excessif à une très-belle femme qu'il avait épousée, Nicolas voulut dissiper ce soupçon et offrit, dit-on, de la livrer à quiconque voudrait devenir son mari. Ce fait servit de prétexte à la formation d'une secte corrompue dans laquelle s'établit la communauté des femmes. Les Nicolaïtes ne font aucune difficulté de se nourrir de viandes immolées aux idoles, et pratiquent d'autres cérémonies du culte païen. Ils racontent encore, sur le monde, des choses vraiment fabuleuses, mêlant à leurs discours je ne sais quels noms barbares de princes, propres à effrayer leurs auditeurs, plus capables de faire rire que de faire trembler les personnes prudentes. Ils attribuent aussi la création, non à Dieu, mais à des esprits auxquels ils croient réellement, ou que leur folle vanité les porte à imaginer.

1. Ac 6,5

VI. Les Gnostiques,

VI. Les Gnostiques se vantent d'avoir été ou dû être appelés de ce nom à cause de l'étendue de leur science: ils sont plus vaniteux et plus corrompus que ceux qui les ont précédés. Comme ils portent différents noms, selon qu'ils habitent un pays ou un autre, appelés ici d'une manière, et ailleurs d'une façon différente, quelques-uns les désignaient sous le nom de Borborites ou libertins, en raison des turpitudes excessives auxquelles ils ont la réputation de s'abandonner dans leurs mystères. D'autres supposent qu'ils tirent leur origine des Nicolaïtes. D'autres encore en font les disciples de Carpocrate, dont nous allons parler. Leur doctrine est remplie des fictions les plus invraisemblables. A l'exemple des Nicolaïtes, ils séduisent les âmes faibles, en se servant de noms terribles d'anges ou de princes, et enseignent,sur Dieu comme sur la nature des choses, des fables contraires au plus simple bon sens. D'après leur système, les âmes sont de même nature que Dieu: leur entrée dans le corps humain et leur retour au sein de la divinité sont longuement expliqués, mais d'une façon burlesque et conforme à leurs erreurs: si leurs disciples brillent par quelque endroit, c'est, (5) pour ainsi parler, moins par une grande science, que par une grande et 'vaniteuse manie de raconter des fables. On dit aussi qu'au nombre de leurs dogmes se trouve celui d'un Dieu bon et d'un Dieu mauvais.

VII. Les Carpocratiens,

VII. Les Carpocratiens suivent les enseignements de Carpocrate: toute action honteuse, tout raffinement d'immoralité leur sont connus. Il est, selon eux, impossible d'éviter les principautés et les puissances, de traverser leurs légions pour atteindre à un ciel plus élevé, sans assouvir toutes les convoitises de la chair, car elles plaisent à ces esprits.On raconte aussi que, d'après l'opinion de Carpocrate, Jésus n'avait été qu'un simple homme, né de Joseph et de Marie, mais doué d'un esprit si élevé, qu'il connaissait les choses célestes et devait les annoncer à ses semblables. La Loi et la résurrection des corps étaient, l'une et l'autre, une pure chimère, et la création de l'univers n'avait point Dieu pour cause: elle n'avait eu lieu que par le pouvoir de je ne sais quelles intelligences. Cette secte a, dit-on, compté parmi ses membres, une femme nommée Marcelline, qui rendait un culte d'adoration à Jésus, à Homère et à Pythagore, et brûlait de l'encens devant leurs images.

VIII. Les Cérinthiens ou Mérinthiens,

VIII. Les Cérinthiens, ainsi appelés de Cérinthe, étaient les mêmes que les Mérinthiens, à qui Mérinthe aurait donné son nom. Ils attribuaient aux anges la création du monde, et recommandaient la circoncision et l'observation d'autres préceptes de la loi Mosaïque pareils à celui-là. Suivant leurs assertions, Jésus n'avait été qu'un homme; il n'était pas ressuscité, mais il devait, un jour, sortir d'entre les morts. Après qu'il serait revenu à une nouvelle vie, commencerait son règne sur la terre, et alors, pendant un espace de mille ans, ses élus s'adonneraient à tous les plaisirs de la table et de la débauche. Voilà pourquoi on les a nommés Chiliastes (1).

IX. Les Nazaréens,

IX. Tout en reconnaissant que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, les Nazaréens accomplissaient scrupuleusement les prescriptions de l'ancienne Loi, dont les chrétiens ont appris, à l'école des Apôtres, à comprendre le sens spirituel, et à délaisser l'observance charnelle (2).

1. Cité de Dieu, liv. 20,ch. 7. - 2. Liv. 1,contre Cresconius, ch. XXXI.

X. Les Ebionites,

X. Aux yeux des Ebionites, Jésus-Christ n'était, non plus, qu'un homme les préceptes charnels de la Loi, la circoncision et toutes les autres observances, dont nous a délivrés le Nouveau Testament, étaient choses sacrées pour eux. Epiphane assimile à ces hérétiques les Sampséens et les Elcéséens, au point d'en faire les membres d'une même secte, et de les désigner sous le même numéro, quoiqu'il remarque entre eux quelques divergences d'opinion: néanmoins, dans la suite, il parle d'eux en particulier, et leur assigne un rang à part. A en croire Eusèbe, les Elcéséens disaient qu'en temps de persécution il est permis de renier extérieurement la foi, pourvu qu'on y reste attaché dans le fond du coeur (1).

1. Eusèb. liv. 6,ch. XXXVIII.

XI. Les Valentiniens,

XI. Les Valentiniens. Valentin, leur chef, avait imaginé une foule de fables sur la nature des choses, entre autres, trente Eons ou siècles. Le principe de tous les Eons étaient le silence et la profondeur, à laquelle il donnait le nom de père. De tous les deux, comme de deux époux, étaient nés l'esprit et la vérité, qui, avaient produit huit Eons en l'honneur de leur père. L'esprit et la vérité avaient, de même, deux enfants, la parole et la vie, qui avaient, à leur tour, engendré dix Eons: puis, la parole et la vie avaient mis au monde l'homme et l'Eglise, qui avaient eux-mêmes enfanté douze Eons: d'où résultaient trente Eons, qui avaient, comme nous l'avons fait remarquer, pour premier principe, la profondeur et le silence. Le Christ, envoyé par le père, c'est-à-dire, par la profondeur, n'avait apporté en ce monde qu'un corps spirituel et céleste: la Vierge Marie ne lui avait rien donné de sa substance: elle avait été, pour lui, comme un canal ou un vaisseau, où il était passé, sans y rien prendre de charnel. La résurrection de la chair n'aura jamais lieu: l'esprit et l'âme de l'homme ne parviendront au salut que par les mérites de Jésus-Christ.

XII. Les Sécundiens,

XII. A ce qu'on dit, les Sécundiens se confondraient avec les Valentiniens, s'ils n'ajoutaient à leurs erreurs des abominations de moeurs.

XIII. Les Ptolémaïtes,

XIII. Ptolémée, aussi disciple de Valentin, voulut fonder une nouvelle secte, et, pour cela, il préféra ne reconnaître que quatre Eons et quatre autres.

XIV. Les Marcites,

XIV. Un je ne sais quel Marc devint hérétique en niant aussi la résurrection des corps et la passion effective de Jésus-Christ. Il reconnaissait aussi deux principes opposés l'un à (6) l'autre, et l'existence des Eons, à peu près telle que l'avait imaginée Valentin.

XV. Les Colorbasiens,

XV. Colorbase suivit ces novateurs, et ajouta peu à leurs rêveries hérétiques: selon lui, la génération et la vie des hommes dépendent des sept planètes.

XVI. Les Héracléonites,

XVI. Les Héracléonites furent ainsi appelés de leur chef Héracléon, disciple de ceux que nous venons de nommer. Ils soutenaient l'existence de deux principes, dont l'un procédait de l'autre, pour en produire ensemble une foule d'autres. On raconte qu'ils rachetaient en quelque sorte leurs morts d'une manière nouvelle, c'est-à-dire, en répandant, sur la tête du cadavre, de l'huile, du baume et de l'eau, et en prononçant des invocations en langue hébraïque.

XVII. Les Ophites,

XVII. Les Ophites. Leur nom vient du mot serpent, qui se traduit en grec par?f?s. Ils prétendaient que le serpent n'était autre que le Christ, et ils avaient un serpent apprivoisé qui venait se rouler sur leurs pains, et leur consacrer une sorte d'Eucharistie. Certains auteurs les font descendre des Nicolaïtes ou des Gnostiques: c'est dans les fabuleuses fictions de ces sectaires qu'ils auraient puisé l'idée d'adorer le serpent.

XVIII. Les Caïnites,

XVIII. Les Caïnites, ainsi nommés parce qu'ils honoraient Caïn, lui reconnaissaient un courage éminent. A leur avis, le traître Judas était presque un Dieu, et son crime un bienfait il n'avait livré Jésus-Christ aux Juifs que parce qu'il avait prévu le bien immense qui devait résulter de sa mort pour les hommes: de plus, ils rendaient un culte aux Sodomites et même à ces malheureux engloutis sous terre pour avoir fait schisme chez le premier peuple de Dieu (1). La Loi et Dieu, auteur de la Loi, n'étaient d'ailleurs pour eux que des objets de blasphème, et la résurrection, une fable dérisoire.

1. Nb 16,31-33

XIX. Les Séthiens,

XIX. Les Séthiens étaient ainsi appelés du fils d'Adam qui portait le nom de Seth: ils l'honoraient, mais à leur culte se joignaient des fables et des erreurs, fruits de leur vanité. A les entendre, le patriarche Seth fut engendré par une mère céleste, qui, disaient-ils, avait eu un commerce avec un père également céleste, et ainsi se forma une nouvelle race divine, celle des enfants de Dieu. Du reste, nul ne saurait dire les rêveries qu'ils ont imaginées par rapport aux principautés et aux puissances. Quelques auteurs disent qu'à leurs yeux, Sem, fils de Noé, était le Christ.


XX. Les Archonticiens,

XX. Les Archonticiens tiraient leur nom des principautés auxquelles ils attribuaient la création de l'univers, dont Dieu est l'auteur. Ils s'abandonnaient à certains écarts de conduite et niaient la résurrection future.


XXI. Les Cerdoniens,

XXI. Les Cerdonites. Cerdon, leur maître, enseignait l'existence de deux principes, opposés l'un à l'autre: dans le Dieu de la Loi et des Prophètes il ne reconnaissait ni le Père du Christ, ni le Dieu bon; mais il lui attribuait la justice: pour le Père du Christ, c'était le Dieu bon. A ses yeux, le Christ lui-même ne s'était pas réellement revêtu de l'humanité, n'était pas né d'une femme, n'avait pas véritablement enduré la souffrance et la mort: dans sa passion, tout ne fut qu'apparence. Quelques-uns ont cru remarquer, que, par ses deux principes, Cerdon entendait deux dieux, l'un bon et l'autre mauvais. Pour la résurrection des morts et l'autorité de l'Ancien Testament, il les rejetait.

XXII. Les Marcionites,

XXII. Marcion, auteur de la secte des Marcionites, embrassa aussi les erreurs de Cerdon, relativement aux deux principes: néanmoins, si l'on en croit Epiphane, il en admettait trois, l'un bon, l'autre juste, et le troisième mauvais. Mais Eusèbe prête à un certain Sinérus, et non pas à Marcion, la doctrine des trois principes et des trois natures (1).

1. Eusèb. liv. 5,ch. XIII.

XXIII. Les Apellites,

XXIII. Les Apellites, successeurs d'Apelles. Celui-ci admettait, il est vrai, deux dieux, l'un bon, l'autre mauvais, mais, dans son idée, ces deux principes n'étaient, par nature, ni différents l'un de l'autre, ni opposés l'un à l'autre. En réalité, il ne reconnaissait qu'un principe, le Dieu bon, par qui l'autre avait été formé. Le second était méchant, et il arriva qu'en raison de sa méchanceté, il créa le monde. Apelles soutenait aussi de telles erreurs touchant le Christ, que, d'après son système, le Fils de Dieu, descendant sur la terre, n'avait point sans doute apporté avec lui un corps céleste, mais qu'il s'en était formé un, en le tirant des éléments du monde: comme il était ressuscité sans son corps, il l'avait rendu aux éléments au moment de son ascension dans le ciel.

XXIV. Les Sévériens,

XXIV. Les Sévériens, disciples de Sévère, ne buvaient pas de vin, parce qu'avec leur ridicule manie d'inventer des fables, ils regardaient la vigne comme produite par l'union de Satan et de la terre. Leur doctrine malsaine (7) était revêtue de noms de puissances retentissants et inventés à plaisir, et chez eux n'étaient admis ni l'autorité de l'Ancien Testament, ni le dogme de la résurrection de la chair.

XXV. Les Tatianites ou Encratites,

XXV. Les Tatianistes, ainsi appelés de Tatien, leur maître, portent aussi le nom d'Encratites: à les entendre, les noces sont blâmables; ils mettent le mariage au nombre des fornications et des autres excès de la corruption, et aucune personne mariée, homme ou femme, ne peut faire partie de leur secte. Ils ne font point usage de viandes, les condamnent toutes, admettent certaines émanations ridicules des Eons, et nient le salut d'Adam. Au dire d'Epiphane, les Encratites s'étaient schismatiquement séparés des Tatianistes, et ne s'en distinguaient que par là.

XXVI. Les Cataphrygiens,

XXVI. Les Cataphrygiens. Montan, en qualité de Paraclet, et ses deux prophétesses, Priscilla et Maximilla, établirent cette secte d'hérétiques. Comme ils étaient nés dans la province de Phrygie, et qu'ils y avaient vécu, ils en donnèrent le nom à leurs adeptes. Aujourd'hui encore les habitants de ce pays suivent leurs erreurs. Selon eux, le Saint-Esprit, promis par le Sauveur, était sans doute descendu sur les Apôtres, mais ils en avaient eux-mêmes reçu une plus riche effusion. Les secondes noces étaient pour eux de vrais adultères. Saint Paul les avait autorisées, parce que, de son temps, on n'était point encore parvenu à la perfection: il ne connaissait donc la loi qu'à demi et ne prophétisait qu'à demi (1). Ils poussent le délire au point d'affirmer que le règne de la perfection a commencé avec Montan et ses prophétesses. A ce qu'on dit, les Cataphrygiens s'adonnent à de mystérieuses et abominables cérémonies. Avec une lancette, ils pratiquent une foule de piqûres sur le corps d'un enfant d'un an: le sang qui en sort, ils le mélangent avec de la farine, en font du pain, et se préparent ainsi une sorte d'eucharistie. Si l'enfant meurt de ses blessures, on le regarde comme un martyr: s'il y survit, comme un grand prêtre.

1. 1Co 13,9-10

XXVII. Les Pépuziens ou Quintilliens,

XXVII. Les Pépuziens ou Quintilliens, ainsi nommés d'un endroit qu'Epiphane dit avoir été autrefois une ville, maintenant déserte; ils la regardent comme chose en quelque sorte divine, et lui donnent conséquemment le nom de Jérusalem; chez eux, les femmes jouissent d'une telle autorité, que par honneur on les élève au sacerdoce, parce qu'au dire de Quintilla et de Priscilla, le Christ leur était apparu, dans la ville de Pépuze, sous les traits d'une femme: aussi, les nomme-t-on indifféremment Pépuziens ou Quintilliens. Les mystères sanglants dont j'ai parlé en expliquant les erreurs des Cataphrygiens, se voient aussi parmi eux, et paraissent indiquer l'origine de leur secte. Il paraît enfin, d'après d'autres auteurs, que Pépuze était, non pas une ville, mais une maison de campagne, où Montan, Priscilla et Quintilla vivaient ensemble: de là est venu qu'on a cru devoir donner à cette maison le nom de Jérusalem.

XXVIII. Les Artotyrites,

XXVIII. Les Artotyrites tirent leur nom de la nature de leurs offrandes, car ils offrent du pain et du fromage, sous prétexte que les premiers hommes offraient à Dieu, outre les fruits de la terre, les prémices de leurs troupeaux. Epiphane les range avec les Pépuziens.

XXIX. Les Tessarescédécatites,

XXIX. Les Tessarescédécatites s'appellent ainsi, parce qu'ils ne célèbrent la fête de Pâques que le quatorzième jour de la lune,quel que soit d'ailleurs le jour de son échéance; et, si c'est un dimanche, ils n'en veillent et n'en jeûnent pas moins ce jour-là.

XXX. Les Alogiens,

XXX. Les Aloges, ou, comme qui dirait, les hommes sans verbe, (parce qu'en grec,????s, signifie verbe), portent ce nom, parce qu'ils nient que Jésus-Christ soit le Verbe éternel, et rejettent comme apocryphes l'Évangile et l'Apocalypse de saint Jean parce que, disent-ils, cet Apôtre n'en est pas l'auteur.

XXXI. Les Adamiens,

XXXI. Les Adamites ont pris ce nom d'Adam, car ils imitent la nudité où il se trouvait avant le péché: aussi détestent-ils le mariage, soutenant que le premier homme a connu son épouse seulement après son péché et son exclusion du paradis terrestre. A leur avis, l'union conjugale n'aurait jamais existé, si personne n'avait commis le péché, et leur Eglise est, à leur yeux, un vrai paradis, car les hommes et les femmes y entrent nus, y écoutent les leçons, y prient, y célèbrent les mystères dans un état de nudité complète.

32. Les Elcéséens et les Sampséens,

32. Les Elcéséens et les Sampséens, dont Epiphane fait ensuite mention comme si c'était ici leur place, furent, à ce qu'il paraît, les dupes d'un faux prophète: cet homme, du nom d'Elci, avait eu deux filles qu'ils adoraient comme des déesses. Pour le (8) reste, il y avait similitude d'erreurs entre ces hérétiques et les Ebionites.

XXXIII. Les Théodotiens,

XXXIII. Théodote établit la secte des Théodotiens. Il enseigna que le Christ n'était qu'un homme. Le motif de son hérésie se trouva, dit-on, dans l'apostasie dont il s'était rendu coupable au moment d'une persécution: pour pallier son crime, il n'avait rien imaginé de mieux que de dire qu'il avait renié un homme, et non un Dieu.

XXXIV. Les Melchisédéciens,

XXXIV. Aux yeux des Melchisédéciens, le prêtre du Très-Haut, Melchisédech, n'était pas un homme, mais la grande vertu de Dieu.

XXXV. Les Bardésanistes,

XXXV. Les Bardésanistes furent ainsi nommés d'un certain Bardésane, qui fut d'abord un catholique très-distingué, mais qui tomba ensuite dans l'hérésie de Valentin, sans toutefois en suivre tous les errements.

XXXVI. Les Noétiens,

XXXVI. Les Noétiens, disciples d'un certain Noet, soutenaient que le Christ n'était autre que le Père et le Saint-Esprit.

XXXVII. Les Valésiens,

XXXVII. Chez les Valésiens, tous sont eunuques: ils mutilent aussi leurs hôtes, croyant devoir ainsi servir Dieu. Là ne s'arrêtent ni leurs turpitudes ni leurs erreurs: néanmoins Epiphane n'a pas mentionné leurs autres écarts de croyance et de moeurs, et moi, je n'ai jamais pu les connaître.

XXXVIII. Les Cathares ou Novatiens,

XXXVIII. Les Cathares, qui s'appelaient aussi Novatiens, parce qu'ils avaient adhéré aux erreurs de Novat, s'étaient orgueilleusement et odieusement nommés ainsi, pour faire parade de leur prétendu puritanisme: ils condamnaient les secondes noces, et refusaient l'absolution aux pécheurs.

XXXIX. Les Angéliques,

XXXIX. D'après le témoignage d'Epiphane, on ne rencontre plus d'Angéliques, c'est-à-dire, de ces hérétiques qui adoraient les anges.

XL. Les Apostoliques,

XL. Les Apostoliques. Sous ce nom très-prétentieux, on désigne ceux qui ne reçoivent à leur communion ni les personnes mariées, ni les chrétiens qui n'ont pas renoncé à leurs biens propres, comme font les moines et un grand nombre de clercs dans l'Église catholique. Leur hérésie consiste en ce que, contrairement à l'enseignement de cette Eglise, ils enlèvent toute espérance de salut à ceux qui usent des choses dont ils s'abstiennent. Leurs erreurs sont les mêmes que celles des Encratites, car on les appelle aussi Apotactites (1). Mais pour celles qui leur seraient propres, je ne les connais pas.

1. Ce mot signifie: les Renonçants.

XLI. Les Sabelliens ou Patripassiens,

XLI. Noet, dont il vient d'être question, eut pour disciple Sabellius, maître des Sabelliens: ceux-ci furent donc une branche des Noétiens. Je ne sais, à vrai dire, pour quel motif Epiphane a fait des Noétiens et des Sabelliens deux sectes différentes, car il a pu arriver que Sabellius ait fait plus de bruit que Noet, et que cette hérésie ait conséquemment reçu de lui un nom plus célèbre. A peine connaît-on les Noétiens: pour les Sabelliens, beaucoup de personnes en savent le nom. En effet, les uns leur donnent le nom de Praxéaniens, de Praxéas; les autres, celui d'Hermogéniens, qui vient d'Hermogène: ces deux personnages soutinrent la même doctrine, et vécurent l'un et l'autre en Afrique. Ce ne sont donc pas plusieurs sectes, mais ce sont des noms différents donnés à une seule et même secte, en mémoire des hommes les plus célèbres qui en firent partie. Ainsi en est-il des Donatistes et des Parménianistes, des Pélagiens et des Célestiens. Comment donc expliquer pourquoi Epiphane nous représente les Sabelliens et les Noétiens comme deux sectes bien distinctes, tandis qu'ils appartiennent à la même, sous diverses dénominations? Je ne le vois pas clairement: car, s'il existe entre eux une différence essentielle, il en a parlé d'une manière si obscure, peut-être parce qu'il cherchait à être concis, et qu'il m'est impossible. de saisir sa pensée. Mettant les Sabelliens au rang où ils se trouvent ici, mais si loin des Noétiens, il s'exprime en ces termes: «Les Sabelliens professent les mêmes erreurs que les Noétiens, avec cette différente pourtant que, selon eux, le Père n'a pas souffert (1)». Est-il possible de croire qu'il est ici question des Sabelliens, puisque ceux-ci affirment si ouvertement les souffrances du Père, qu'on les connaît plutôt sous le nom de Patripassiens que sous celui de Sabelliens? Et si, en disant que, selon eux, le Père n'a pas souffert, il a voulu parler des Noétiens, comment les reconnaître au milieu de termes si ambigus? Enfin, Epiphane a-t-il vraiment voulu dire, des uns et des autres, que, selon eux, le Père n'a pas souffert, puisqu'ils soutiennent également que le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne forment ensemble qu'une seule et même personne? Mais Philastre, évêque de Brixiane, qui a écrit sur les hérésies un livre excessivement prolixe, et qui a compté (9) cent vingt-huit sectes hérétiques, nomme les Sabelliens immédiatement après les Noétiens, et s'exprime ainsi: «Sabellius fut disciple de Noet, et professa exactement la doctrine de son maître: c'est pourquoi les membres de cette secte furent indifféremment appelés, dans la suite, Sabelliens, Patripassiens, Praxéaniens et Hermogéniens; de Praxéas et d'Hermogène, qui habitèrent tous deux l'Afrique: ces divers hérétiques furent exclus de l'Eglise catholique avec tous ceux qui pensaient comme eux».

1 Epiphane en son Anacéphaléose.

Evidemment, après avoir cité les Noétiens, il a désigné, sous le nom de Sabelliens, tous ceux qui marchaient sur les traces de Noet il a indiqué les autres noms donnés aux membres de la même secte; et, pourtant, il distingue parfaitement les Noétiens des Sabelliens, comme s'ils formaient deux sectes bien distinctes. Pourquoi? Lui seul le sait.


Augustin, des hérésies.