Catéchèses Paul VI 23120

23 décembre 1970 LE PAPE EVOQUE SON PELERINAGE ET LIVRE SES IMPRESSIONS

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Chers fils et filles,

Nous voici de nouveau parmi vous pour la rencontre, toujours nouvelle et toujours agréable de ces audiences générales, après notre grand voyage dans les terres de l'Extrême-Orient. Il nous semble entendre votre curieuse et affectueuse demande : « dites-nous quelque chose de votre voyage ». Fils très chers, ce n'est pas possible ici et en ce moment. Il y aurait trop de choses à dire. D'ailleurs vous connaissez déjà le récit, les faits, les lieux, les rencontres, les scènes, les discours, ... de ce long et rapide pèlerinage. Nous vous dirons seulement et brièvement quelques impressions générales.

La première nous concerne directement. Ce qui est à l'origine de l'étonnement avec lequel l'Eglise et le monde ont suivi cet événement qui, en lui-même, n'a aujourd'hui rien d'exceptionnel (qui ne voyage pas aujourd'hui ? qui n'est gagné par l'agrément des magnifiques moyens de transport modernes ?) s'exprime, nous semble-t-il dans ces deux mots : Pape et voyage, comme s'il était difficile de les unir ainsi que, de fait, il en fut historiquement. Dans le Pape on voit la fixité, il reste au poste central de l'Eglise ; en lui est évidente la fonction qui opère et représente l'unité. Il y a eu dans le passé d'autres voyages des Papes en dehors de Rome et en dehors de l'Italie, mais, à bien les examiner, ces voyages furent motivés par des buts contingents particuliers. Il ne semble pas que les Papes aient pris, spontanément l'initiative de faire des voyages en vertu d'un autre principe qui est personnifié dans la fonction de la Papauté, c'est-à-dire en vertu de la catholicité, c'est-à-dire de l'universalité du ministère confié à Pierre, au Pasteur des Pasteurs, au missionnaire par excellence (comme le fut Paul, cf.
1Tm 2,7 2Tm 1,11 Ga 2,7). Eh bien, l'exercice de cette fonction ouverte vers tous les peuples et vers les pays, d'autant plus proches spirituellement du coeur de l'Eglise qu'ils sont plus éloignés géographiquement et ethniquement, nous est apparu dans notre conscience, bien qu'averti de notre petitesse personnelle, tout à fait normale, comme l'accomplissement d'une vocation qui fait partie de notre office apostolique et presque un réveil, provoqué par la maturité historique du monde, de la mission devenue naturelle d'être présent à tous, d'être le serviteur de tous, l'ami et l'apôtre pour tous, lien central d'une communion universelle.

Qui sait quels nouveaux témoignages cela pourra avoir dans l'avenir.

C'est ainsi que nous avons rencontré les lointaines Eglises de l'Asie et de l'Australie spécialement. Il est difficile de dire, impossible ici, quelle plénitude d'émotion éveilla en nous la rencontre avec les évêques de l'Asie orientale réunis à Manille, et avec ceux de l'Océanie à Sydney ! Et quelle joie, presque une révélation de famille, de nous trouver au milieu de ces populations, multitudes de frères spécialement aux Philippines, et de faire presque physiquement l'expérience du mystère du Corps mystique, et d'en trouver la réalité dans les îles disséminées au milieu du Pacifique et dans les très modernes communautés de l'Australie. Et les prêtres, les braves et excellents prêtres, vrais ouvriers du royaume de Dieu, les religieux et les religieuses, au-dessus de tout éloge, et les foules immenses de fidèles, troupes de laïcs engagés dans la construction de l'Eglise, quelle vision, quelle expérience, quel thème de louanges envers Dieu, de reconnaissance pour ceux qui, hier, ont planté ces Eglises et qui, aujourd'hui, les cultivent avec une ardeur infatigable et les font grandir dans la fidélité à l'Evangile et dans le service de l'humanité ! Et quel réconfort pour l'espérance et pour la victoire de la foi et de la charité de trouver sur nos pas tant de chrétiens, Frères actuellement séparés de nous, mais avides comme nous d'une réconciliation complète !

Nous ne vous en disons pas davantage. Soyez heureux avec nous ; approfondissez votre conscience catholique et missionnaire ; faites attention à la confrontation qui se fait spontanément entre l'Eglise et le monde, cette confrontation que la Constitution désormais fameuse Gaudium et spes a exposée en termes si graves, si clairs et si confiants et persuadez-vous que le devoir de l'Eglise n'est certainement pas aujourd'hui de se tourmenter dans des critiques et d'amères contestations, ni de s'assimiler aux tendances amorales d'une si grande partie de la société moderne, ni d'éliminer du christianisme les vérités mystérieuses ou les devoirs difficiles, mais de se montrer cohérente avec elle-même, forte dans la foi, heureuse dans le chant de sa prière, et toute entière orientée à promouvoir dans le monde la justice et la paix, dans la vision de notre unique sauveur, Jésus-Christ.



30 décembre 1970 DEVOIR D'ENGAGEMENT DU CHRETIEN DANS LA LUMIÈRE DE NOEL

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Chers fils et filles

La pensée dominante ces jours-ci, consacrés à la célébration du mystère de Noël, est déformée par les événements de la vie internationale qui absorbent l'attention du monde et qui créent dans l'opinion publique des sentiments d'appréhension, de regret et de malaise : la persistance de la guerre dans plusieurs parties du monde, certains procédés judiciaires qui émeuvent tellement l'opinion publique mondiale, l'état de tension sociale dans divers pays, la délinquance et la violence qui multiplient les cas de vol, de chantage, de vexations, de torture, d'extorsion, de délits... Le monde semble pris par la maladie du désordre, de la fausse légalité, de la criminalité, de la pseudo-politique de la force, de la démagogie, de la contestation systématique, de la course commerciale et militaire aux armements... Bien sûr, on fait également des efforts généreux pour assurer l'ordre public, des négociations économiques, politiques et diplomatiques dans le but de promouvoir l'aide et un stimulant au progrès rénovateur; mais tout cela, n'est pas la paix, n'est pas la civilisation, n'est pas le christianisme.

Que devons-nous faire, nous qui sommes en dehors, des observateurs, des hommes de notre époque ? Déplorer, invectiver, nous laisser envahir par le scepticisme et le pessimisme, perdre la confiance dans les nommes et dans notre temps ?

Non. Pour suggérer quelque chose, en ce lieu et en ce moment, nous exhortons simplement à retourner à la pensée de Noël. Essayons, avant tout, de conserver la paix intérieure de l'esprit, non seulement par un effort psychologique de domination en nous-mêmes des réactions négatives que les maux qui nous entourent provoquent dans nos âmes, mais par un acte religieux de confiance, positive et agissante, dans l'économie de grâce et de bonté que la Nativité du Christ a instaurée sur la terre et que la fête que nous venons de célébrer rend encore aujourd'hui actuelle et béatifiante.

Ainsi faisant, — et pourquoi n'en serions-nous pas capables par la foi et la prière ? — nous retrouvons une liberté personnelle de jugement. C'est très important : maintenant que la magie invisible, mais si puissante de la marée de l'opinion publique, alimentée et manoeuvrée par les moyens de communication sociale, essaye de nous renverser et de nous dominer (qu'elle soit sorcière, fée ou ange), nous devons défendre notre conscience innée illuminée par des principes logiques et moraux supérieurs. Alors surgit dans notre esprit un sens primitif du bien, de la justice, de l'humanité ; et cela peut être encore un précieux avantage, qui jaillit d'une situation confuse et désordonnée, comme celle qui, à certains moments, nous entoure et nous opprime. Le désir des valeurs humaines authentiques naît alors en nous, ou renaît, plus fort et plus développé ; le désir d'une humanité idéale offre une halte à notre critique ; un sens de communion, qui nous réunit, que nous le voulions ou non, aux événements de notre temps, purifie et exalte en nous le sens de la solidarité, et nous impose le poids et le stimulant de la coresponsabilité, avec le besoin de nous distinguer de ce que nous déplorons et de renforcer des propos nouveaux d'action positive, d'engagement personnel, de don courageux à la cause que nous croyons bonne. On s'aperçoit ainsi que chacun de nous doit sortir d'un état d'inertie morale, et encore plus de n'importe quelle forme, active ou passive, d'abandon aux forces négatives de l'agir et de la vie communautaires ; une nouvelle charge de la dynamique active, du devoir, se renforce en nous, et la demande naît alors : quelle cause servir ?

C'est ainsi que notre psychologie d'observateurs, d'abord indolents et parasites de la scène du monde, ou bien tentés de fuir de sa réalité pour nous réfugier dans un égoïsme plus dangereux ou plus rêveur, ensuite réveillés par une volonté, un appel de combat idéal, cette psychologie nous fait faire un pas en avant, nous fait nous poser une question, qui peut être pour beaucoup une découverte peu honorable, si elle reste sans réponse : sait-on pour quelle raison combattre ? a-t-on des idées ? des principes ? pour quelles valeurs agir et combattre ? A-t-on clairement en tête une idée nette de ce qui vaut la peine, pour qui s'engager et jouer sa vie ? Y a-t-il quelque chose de plus précieux que la vie même ? Cette idée, non seulement donnerait sa signification et une dimension normale à la vie personnelle, mais pourrait faire agir en dehors de nous pour soulever moralement le monde, c'est-à-dire en vue de notre salut commun. Nous découvrons alors que non seulement le monde, mais aussi nous, avons en premier lieu besoin d'idées, vraies, fortes, neuves, élevées, d'idées qui rendent l'homme plus grand.

Où allons-nous ? Des idées bonnes et grandes, humaines et dignes sont nombreuses à notre époque, mais elles sont souvent gênées et dévorées par d'autres idées opposées aux premières, et à la fin nous sommes dans la plus entière confusion. Ainsi, une fois entrés dans le débat des idées valables pour le salut du monde, nous sommes par la force des choses, combien heureuse et fortunée, en fait par l'expérience, l'attrait, la vérité, revenus au seuil de la crèche, au Christ, humble et petit, qui possède le secret de notre salut. Ne concluons pas la réflexion sur les événements actuels de notre histoire sans nous le rappeler, la tête inclinée et le coeur ouvert, sans nous souvenir de Lui.

Avec notre Bénédiction Apostolique.



Audiences 1971: AVANT-PROPOS

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Le 8 décembre 1970, dans son « Exhortation Apostolique » adressée aux Evêques, à l’occasion du cinquième anniversaire de la clôture du Concile OEcuménique Vatican II, Paul VI s’exprimait ainsi :

« Attentif à discerner les signes des temps, nous voudrions, en esprit paternel, nous interroger avec vous sur notre fidélité à l’engagement que nous avions pris au seuil du Concile, dans notre message à tous les hommes : « Nous nous appliquerons à présenter aux hommes de ce temps la vérité de Dieu dans son intégrité et dans sa pureté de telle sorte qu’elle leur soit intelligible et qu’ils y adhèrent de bon coeur ».

L’enseignement de Paul VI, dont ce quatrième volume réunit, pour l’année 1971, les textes les plus importants, est une vivante illustration de l’objectif que le Pape s’assignait, en même temps qu’il l’assignait aux Evêques après le Concile :

Exprimer la foi dans toute sa pureté, sous une forme lui permettant d’atteindre le coeur et l’esprit des hommes, en évitant les choix arbitraires mais en faisant droit aux justes requêtes.

Scrutant d’un oeil vigilant la scène du monde, les espérances qui s’y profilent comme les drames qui s’y nouent, les générosités qui l’illuminent comme les intrigues qui la ternissent, Paul VI rappelle l’Eglise au devoir de la sainteté, qui est fidélité et amour, humilité et patience, disponibilité et courage. « Ce qui est souvent le plus nécessaire, ce n’est pas tant un surcroît de paroles qu’une parole consonante à une vie plus évangélique. Oui, c’est du témoignage des Saints dont le monde a besoin car « en eux, — nous rappelle le Concile, — c’est Dieu lui-même qui nous parle : il nous donne un signe de son royaume et nous y attire puissamment » (Ex. Ap. Quinque jam anni) ».

Cet appel à la sainteté se retrouve dans tout l’Enseignement de Paul VI, quelque forme que prenne cet enseignement et quelle qu’en soit l’occasion.

Ce volume, comme ceux qui l’ont précédé, veut prolonger l’écho de la Parole pontificale qui demeure, au milieu des rumeurs contradictoires, la référence sûre et obligée de toute authenticité dans l’Eglise.







13 janvier 1971: UN CHRISTIANISME QUI ELEVE

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Chers Fils et Filles,



Notre discours, très bref et très simple, s’adresse maintenant aux chrétiens, c’est-à-dire à ceux qui ne refusent pas cette qualification et même la revendiquent comme une note essentielle de leur personnalité et de leur culture. Mais dans cette multitude de chrétiens nous pouvons remarquer, grosso modo, deux grands courants qui cheminent dans des directions contraires :

Un qui tend à diluer le sens de ce nom, le rend moins accroché à la vie personnelle, le vide (aujourd’hui on dit : le démythise) de son contenu originel, religieux et théologique, n’en conserve que quelques aspects devenus des éléments des coutumes civiles, n’en accueille que quelques valeurs générales utiles pour la définition, le développement, l’avantage de l’homme en tant que tel (la dignité, l’intériorité, la liberté, la sociabilité, l’espérance, etc.) c’est-à-dire qu’il se contente d’un christianisme noble et humain si vous voulez, mais vague et sujet à toute interprétation personnelle et occasionnelle. Il a été dit : nous sommes tous chrétiens ; mais nous pourrions ajouter : chacun à sa manière.

L’autre courant, au contraire, tend à reconnaître au nom de chrétien une référence à un engagement envers des réalités importantes : une doctrine, une manière de vivre, une religion, une appartenance à l’Eglise, un mystère de communion avec Dieu et, finalement, une relation personnelle de foi, d’espérance, d’amour avec le Christ, avec le Christ historique des Evangiles, avec le Christ Sauveur, dont l’Eglise garde et distribue la parole et la grâce, avec le Christ pascal qui associe chaque fidèle authentique à la régénération de sa rédemption, avec le Christ céleste, vivant, présent et invisible, qui se penche sur les destins de chaque homme et de l’humanité et qui, un jour, le jour de l’éclatement final de l’histoire, reviendra. C’est dire qu’aujourd’hui, comme toujours d’ailleurs, les chrétiens marchent sur un plan incliné : vers un christianisme en baisse, purement nominal et évanescent, d’un côté ; et d’un autre côté, vers un christianisme qui monte dans la direction du Christ vivant, personnel, réel.

Naturellement nous voulons, nous, nous insérer dans ce second courant, même s’il est plus ardu, vers Jésus-Christ, Notre Seigneur, vivant et vrai, Lui qui est nécessaire et suffisant pour donner un sens plein et authentique à notre existence, Lui qui est d’autant plus indispensable pour notre monde moderne que celui-ci cherche à l’oublier, à l’exclure, à le rendre vain.


L’image du Christ


Et alors surgit en nous, conséquence de l’esprit de sincérité et de cohérence, un désir irrésistible : celui d’approcher ce Jésus, de Le connaître, de Le voir. Il y a dans l’Evangile un épisode, à peine esquissé, mais significatif. C’est l’évangéliste Saint Jean qui le rapporte, lorsqu’il raconte l’entrée de Jésus à Jérusalem, d’une manière intentionnellement publique et populaire, entouré de joyeuses acclamations de la foule qui reconnaît finalement en Lui le fils de David, le Messie. L’épisode est celui-ci : « Parmi ceux qui étaient montés à la fête pour adorer, il y avait des Gentils qui, ayant abordé Philippe (un des apôtres) qui était de Bethsaïde en Galilée, lui firent cette demande : « Seigneur, nous voudrions voir Jésus » (
Jn 12,20-21). Voir Jésus : c’est le désir constant des hommes de bonne volonté auxquels est arrivée quelque connaissance du mystérieux Personnage autour duquel se rassemblent tant de curiosités et tant d’amour.

Si nous pouvions le voir ! Si au moins nous étions capables d’en avoir une image sensible et fidèle! Nous, qui sommes plongés dans la soi-disant « civilisation de l’image », nous aurions le grand désir de remplir nos yeux de l’aspect physique de notre Maître, de notre Sauveur. Il nous semble parfois que si nous avions cette chance, cet adjuvant, nous serions plus disposés à le croire, à le suivre, comme il arriva à ceux qui furent les spectateurs de la scène de l’Evangile. Mais justement de l’Evangile nous vient une parole qui déçoit notre avidité et nous montre la voie, désormais unique et sûre, de la foi : « Bienheureux ceux qui auront cru sans voir » (Jn 20,29). Oui ; il faudra nous contenter d’approcher Jésus par ce procédé de connaissance, délicat et pas toujours facile, qui s’appelle la foi, qui n’exclut pas, mais même réclame l’étude rationnelle de la révélation. Mais la psychologie même de la foi a besoin de quelques images représentatives. L’histoire du christianisme nous dit que les fidèles, à peine surpassée la défense juive qui s’opposait à toute représentation des êtres vivants par crainte de la contagion, alors facile, de l’idolâtrie, essayèrent de dessiner l’image du Christ, d’abord comme personnage de quelque scène évangélique (le berger, par exemple), puis comme visage humain (voir par exemple dans les catacombes de Commodille), puis dans les aspects hiératiques des figures byzantines, et enfin, selon l’imagination de la piété et de l’art qui, encore aujourd’hui, nous présente les traits de Jésus tels qu’ils correspondent à l’idée que notre esprit se fait de Lui (voir le culte de l’effigie du Christ dite de Véronique ; dante, Par., 31, 103-108). L’image exceptionnelle du Saint Suaire mériterait peut-être une étude spéciale. Mais c’est un fait que « les sources dignes de foi ne disent absolument rien de l’aspect physique de Jésus » (G. ricciotti, Vie de Jésus-Christ, 203 et suiv.). Une bonne iconographie religieuse de l’art nous aide à suppléer au manque d’une représentation sensible de Jésus.

Mais nous sommes comme des aveugles devant l’Ami.


Beauté de la vérité


Mais la pensée travaille : Jésus était-il beau ? était-il difforme ? les questions nous harcèlent tandis que nous interprétons les paroles bibliques qui se rapportent à Lui et qui, en exposant tantôt l’un, tantôt l’autre des aspects propres du Messie, nous Le disent « le plus beau d’aspect parmi les enfants des hommes » (Ps 45,3), et puis nous Le présentent comme « l’homme de douleur qui est sans beauté ni éclat » (Is 53,2-3). Revenons à l’Evangile et nous Le voyons transfiguré : « Son visage resplendit comme le soleil » (Mt 17,2), et puis défiguré : « Jésus sortit alors (du prétoire), portant la couronne d’épines et le manteau de couleur pourpre. Pilate leur dit : Voici l’homme ! » (Jn 19,5). Mais alors ? Nous contenterons-nous de passer en revue les diverses scènes de l’Evangile, de la crèche au calvaire, au jardin des oliviers de l’Ascension, demandant aux maîtres de l’art de rassasier notre faim amoureuse de ce qui lui ressemble ? Cela se fait, et c’est bien : la « Bible des Pauvres », comme on disait jadis, ne serait-elle pas celle des images artistiques ? Qu’il soit loué Celui qui, par ces images mêmes, aide à faire un pas ultérieur.

Quel pas ? un pas vers le Christ réel, qui est celui de la foi ; le Christ qui, dans sa visibilité, reflète la Divinité invisible. Rappelons-nous la préface de la messe de Noël : dum visibiliter Deum cognoscimus, per hunc in invisibilium amorem rapiamur et la parole révélatrice de Jésus Lui-même : « Qui me voit, voit aussi mon Père » (Jn 14,9). C’est-à-dire que nous sommes autorisés à découvrir Dieu en Jésus ! (voir Jn 1,18). Nous rendons-nous compte de ce que cela signifie ? Nous sommes au seuil de la beauté suprême (voir st. augustin, Enarr. in Ps. 44 PL 36,495). Qu’est-ce que la beauté (voir st. thomas, I-II 27,1 I-II 27,3). Oh ! quel long discours exigerait la réponse à cette question élémentaire ! Quels vols devrions-nous faire pour dominer les niveaux souvent faux de la beauté dégradée, sensible, purement esthétique pour arriver au niveau de la vérité resplendissante. Telle est la beauté de l’Etre éblouissant, de la forme transparente de la vie pleine et parfaite ! Disons seulement : le Christ est Beauté, Beauté humaine et divine, Beauté de la réalité, de la vérité, de la vie, « la vie était la lumière » (Jn 1,4). Ce n’est pas une emphase mythique ou mystique qui nous fait donner cette définition du Christ, c’est le témoignage qui nous vient de l’Evangile. Témoignage que nous vous devons, à vous, Frères et Fils, qui, poussés par l’instinct de notre temps, allez à la recherche du « type », du modèle, de l’homme parfait. Le Christ est le « type », l’archétype, le prototype de l’humanité (voir Rm 8,29).

Ne l’oubliez pas !

Avec notre Bénédiction Apostolique.





20 janvier 1971: FOI ET CHARITE BASES DE L’OECUMENISME

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Chers Fils et Filles,



Nous devons nous rappeler aujourd’hui que nous célébrons ces jours-ci la « Semaine de l’Unité ». Nous sommes tous invités à méditer sur le mystère profond d’un aspect fondamental et d’une caractéristique extérieure de l’Eglise du Christ, c’est-à-dire de l’humanité qui vit de la foi et de la grâce du Christ ; cette caractéristique propre à l’Eglise, de ne constituer qu’un seul corps (cf.
1Co 10,17), de ne former qu’une seule chose, de n’être animée que d’un seul esprit (2Co 13,13), de ne former qu’un tout (cf. Jn 17,21-22) — aujourd’hui, dans le temps, par l’union visible et sociale dans l’Eglise une et catholique, c’est-à-dire unique et universelle — et demain, dans l’éternité, en communion mystique avec le Christ glorieux, toujours conscients de notre propre personnalité, mais participant à la totalité de l’unique Homme-Dieu, notre Sauveur, le « Christus-totus » de Saint Augustin, à la fois tête et corps (In Ep. Io. 1 ; PL 3, 1979).


Communion partielle mais pas encore parfaite


C’est une vision sublime qui embrasse l’humanité entière et son histoire, qui concerne essentiellement le destin de chacun de nous et de nous tous ensemble, et qui nous oblige à définir le rapport vital entre le Christ et l’Eglise comme un rapport qui ne peut être ni incertain, ni équivoque, ni multiple mais unique, tel que le Christ l’a fondé et voulu, et qui comporte une exigence que les terribles événements historiques ont rendue dramatique, une exigence ineffaçable d’union entre ceux qui sont les disciples du Christ, l’Eglise. Nous nous apercevons, nous, Chrétiens, croyants, baptisés, membres de communautés honorées du nom de chrétiennes, qui sommes menacés également par l’irréligiosité moderne, qui aspirons à un même destin eschatologique, nous nous apercevons que nous nous trouvons dans une condition étrange et même absurde : nous sommes encore séparés, désunis, nous sommes souvent méfiants et rivaux, en proie récemment encore à des polémiques brutales et, aujourd’hui, désireux peut-être de nous entendre, de nous pardonner réciproquement, de nous comprendre, de travailler ensemble ; mais nous sommes encore éloignés les uns des autres, privés de principes essentiels à l’union parfaite, comme l’accord plénier dans la même profession de foi et dans la même cohésion de charité ; nous sommes en communion partielle déjà profonde, — et si nous pensons aux vénérables Eglises orthodoxes orientales — en communion presque totale mais pas encore parfaite. C’est là un des problèmes les plus graves de la chrétienté, et disons même de l’humanité ; et nous avons de la chance, nous, responsables, qui, aujourd’hui enfin, en avons pris conscience. C’est un problème très ardu : méfions-nous de ceux qui croient pouvoir trouver des solutions faciles et rapides en négligeant les données qui le constituent, c’est-à-dire la vérité, à laquelle nous devons adhérer et l’unité ecclésiale à laquelle le Christ veut que nous participions.

Que faire ? la réponse serait très longue ; elle s’exprime dans l’appel annuel à la considération de ce problème et aussi par l’activité des communautés chrétiennes pour le résoudre. Pour notre part, nous exprimons notre satisfaction et notre confiance à notre courageux Secrétariat pour l’union des chrétiens ; le Directoire qu’il a publié sur l’oecuménisme mériterait d’être connu et observé fidèlement par tous les catholiques.


S’efforcer de comprendre


Limitons-nous, maintenant, à nous adresser aux catholiques. Il se trouvent dans une situation étrange ; ils doivent, avant tout, rester fidèles et sûrs ; ils ne doivent pas douter de leur Eglise, l’Eglise Catholique, même si elle présente dans son histoire et dans son actualité, bien des aspects condamnables ; mais son credo, son rapport avec le Christ, son culte, son trésor sacramentel et moral, sa structure institutionnelle, sa définition doctrinale et pratique, ne doivent pas être mis en cause. Nous n’en avons pas le droit. Nous renoncerions à notre responsabilité envers le Christ, envers nos frères séparés, si, pour trouver un terrain d’entente, nous mettions en doute notre authentique profession de catholiques ou si nous négligions ces exigences importantes, L’irénisme, l’accord purement pragmatique et superficiel, les simplifications doctrinales et disciplinaires, l’adhésion aux critères qui causèrent les séparations que nous déplorons, ne seraient la source que d’illusions et de confusions. Il ne nous resterait qu’un semblant de notre catholicisme et non pas sa vie, le Christ vivant qu’il porte en soi.

Cette clarté, cette fermeté interrompent-elles le dialogue avant qu’il ne commence ? Non, absolument pas ; bien au contraire, elles le rendent nécessaire et possible : Nécessaire car seule la possession d’une foi vraie et indispensable nous rend aptes au dialogue et représente la condition indispensable à un dialogue fructueux ; possible, car ce zèle pour la foi est une source féconde pour le dialogue qui nous intéresse.

Les autres peuvent, parfois, nous aider à comprendre et à mieux vivre certains aspects de notre foi ; nous sommes à même par conséquent, de modifier notre vieille mentalité fermée et méfiante à l’égard des Frères Séparés ; nous devons nous efforcer de les comprendre, ce que nous n’avons pas toujours fait comme nous l’aurions dû. Nous devons reconnaître ce qu’ils ont de bon, et dans nombre de domaines, nous devons apprendre d’eux à perfectionner notre culture religieuse et humaine, notre éducation à une juste tolérance, à la véritable liberté, à la prompte générosité. Et nous devons essayer de dissiper les craintes instinctives que nombre d’entre eux nourrissent à l’égard de l’Eglise Catholique, surtout en ce qui concerne notre credo. Montrons-leur avec l’exemple plutôt qu’avec le naturel de notre psychologie de fidèles catholiques, que l’adhésion objective aux vérités que l’Eglise propose à notre foi, n’est pas un hommage servile à des formulations arbitraires et altérées de la Parole de Dieu mais l’acceptation de propositions authentiques de cette même Parole, de son intégration fondamentale, de son irradiation logique, inspirée de la tradition historique vivante, avec l’effet intérieur de cette lumière, de cette sécurité, de cette paix que la foi diffuse chaque jour dans notre esprit pour nous rendre encore plus ardents et heureux dans la recherche de Dieu et du Christ.

Dissipons chez nos frères séparés cette crainte de l’autorité de l’Eglise Catholique qui oeuvre en collaboration fraternelle avec tous les évêques élus par Dieu pour nourrir son peuple, et qui est consciente, aujourd’hui plus que jamais d’être un serviteur et non pas un dominateur ; de cette Eglise qui non seulement accepte mais protège les différentes et légitimes expressions spirituelles aussi bien de chaque âme que des diverses communautés ecclésiales. L’autorité au sein de l’Eglise est une institution divine; elle est nécessaire afin de maintenir et d’alimenter en son sein l’unité et la charité dans l’obéissance qui est amour.


Un chemin difficile et merveilleux


La voie vers l’oecuménisme, vers la reconstruction de l’unité des Chrétiens est difficile, disions-nous ? Mais n’est-ce pas merveilleux ? Cette voie ne promeut-elle pas au sein même du catholicisme, un processus de purification généreuse, une recherche de ce que nous sommes vraiment, une étude approfondie, un exercice d’humilité, un amour plus actif et plus grand ? N’offre-t-elle pas l’Espérance, soutenue par les promesses de l’Esprit, plus belles que tout rêve ?

Deux choses encore avant de conclure : tout d’abord adressons un salut respectueux et cordial à nos frères séparés ; que de noms représentant leurs différentes et chères communautés sont inscrits sur nos lèvres et dans nos coeurs ! Elevons au Seigneur une prière plus ardente, presque impatiente, qui voudrait s’unir humblement à la prière du Christ, le dernier soir de sa vie temporelle : Que nous soyons unis en Toi, ô Seigneur ! Que nous méritions de l’être ! Que ton règne arrive !

Et avec l’esprit débordant de ces sentiments, Fils et Frères, proches et lointains, Nous vous bénissons.





27 janvier 1971: CONNAÎTRE LE CHRIST INTEGRAL

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Chers Fils et Filles,



Le Chrétien, celui qui veut être disciple du Christ, celui qui ressent la nécessité de s’unir à Lui par des biens authentiques et profonds, sentira toujours — en tant qu’homme et surtout en tant qu’homme de notre temps, nourri d’images visuelles — le besoin instinctif de Le voir, Lui, Jésus le Christ, tel qu’il était: son vrai visage, son aspect, sa personne.

Nous l’avons déjà dit maintes fois. Mais ce désir demeure et revient lorsque surgissent des problèmes sur l’interprétation authentique de son message et sur le devoir de conformer notre conduite à son enseignement. Cette aspiration n’est-elle pas, du reste, toujours présente dans les personnages de l’Evangile ? Prenons par exemple Zachée, dans le récit de St. Luc : « Il voulait voir Jésus, mais il ne le pouvait à cause de la foule, car il était petit de taille. Il monta alors sur un sycomore et de là le Seigneur l’aperçut, l’appela et lui demanda de descendre, car il voulait être son hôte, ce jour-là » (
Lc 19,1 ss.).


Imaginer le visage du Christ


Mais nous n’avons pas la chance des contemporains de Jésus qui le virent de leurs propres yeux (cf. 1Jn 1,1) et il en est de même pour toute l’humanité venue après lui. Déjà St. Irénée Evêque de Lyon, à la fin du II° siècle, avait pressenti que les images du Christ que l’on voulait divulguer de son temps étaient apocryphes (Adv. Haereses 1-25 ; PG 7,685). St. Augustin est catégorique : « Nous ignorons totalement quel a pu être l’aspect physique de Jésus et celui de la Vierge » (De Trinit. 8, 5 ; PL 42, 952). Nous devons nous l’imaginer en partant d’éléments communs à la nature humaine et des reflets que provoquent en notre esprit la lecture de l’Evangile et la foi en sa parole. Art et piété nous aident dans cette élaboration complexe.

Ce n’est pas une vaine fantaisie ; c’est un effort méritoire et dans un certain sens indispensable pour quiconque veut avoir du Christ une idée concrète et fidèle, sans artifice mythique.

Essayons nous-mêmes de nous demander : Comment nous imaginons-nous Jésus-Christ ? Quel est l’aspect caractéristique que l’Evangile nous donne de lui ? Comment se présente-t-il à première vue ? Une fois encore ses Paroles nous aident : « Je suis doux et humble de coeur » (Mt 11,29). Jésus veut être vu et regardé ainsi. Si nous le voyions, il nous apparaîtrait ainsi, même si la vision que nous offre de Lui l’Apocalypse, entoure de forme et de lumière son image céleste (Ap 1,12ss). Cet aspect doux, bon et surtout humble, s’impose, essentiel. En méditant, on s’aperçoit qu’il manifeste et qu’il cache à la foi un mystère fondamental, relatif au Christ, celui de l’Incarnation, celui de Dieu-humble, mystère qui gouverne toute la vie et toute la Mission du Christ : Le Christus Humilis est le centre de la christologie de St. Augustin (cf. portalié, D. Th. C. 1, II, 2372) ; mystère qui marque tout l’enseignement évangélique. « Qu’a-t-il enseigné d’autre, sinon cette humilité ?... Dans cette humilité nous pouvons nous approcher de Dieu », dit encore St. Augustin (Enarr. in Ps. 31,18 PL 36,270).

D’ailleurs St. Paul n’emploie-t-il pas un terme qui a quelque chose d’absolu lorsqu’il dit que le Christ s’est « dépouillé » ; semetipsum exinanivit (Ph 2,7) ? Jésus est l’homme bon par excellence. Et c’est pour cela qu’il s’est abaissé jusqu’au niveau le plus bas de l’échelle humaine ; il s’est fait enfant, pauvre, patient, victime afin qu’aucun de ses frères humains ne le sentît supérieur ou détaché de lui; il s’est mis aux pieds de tous ; il est pour tous ; il appartient à tous et même à chacun de nous en particulier ; St. Paul le dit : « Il m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2,20).


Douceur et violence


Il n’y a rien d’étonnant à ce que l’iconographie du Christ ait toujours cherché à interpréter cette douceur, cette bonté suprême. L’interprétation mystique de la personne du Christ est arrivée à le contempler dans son coeur ; pour nous modernes, sentimentaux et psychologues, qui sommés toujours polarisés sur la métaphysique de l’amour, elle est arrivée à faire du culte au Sacré Coeur le foyer ardent et symbolique de la dévotion et de l’activité chrétienne.

C’est là que s’élève, aujourd’hui en particulier, une objection : cette image du Christ réalisant en lui-même sa propre parole, c’est-à-dire les béatitudes de la pauvreté, de la douceur, de la non résistance (cf. Mt 5,38) est-elle celle du Christ vrai ? Est-ce le Christ pour nous ? Où est le Christ tout-puissant, le Christ fort, le Roi des Rois, le Seigneur des dominateurs? (cf. Ap 19,11 ss.). Le Christ réformateur ? (Ego autem dico vobis ..., Mt 5). Le Christ, avec ses contestations (p. ex. Mt 5,20) et avec ses anathèmes (cf. Mt 23) ? Le Christ libérateur, le Christ de la violence ? (cf. Mt 11,12). Ne parle-t-on pas aujourd’hui du christianisme de la violence et de la théologie de la révolution ? Après tant de paroles sur la paix, la tentation de la violence, comme affirmation suprême de liberté et de maturité, comme seul moyen de réforme et de rédemption, est si forte que l’on parle de théologie de la violence et de la révolution. Et souvent, aux théories passionnées correspondent les faits, ou du moins les tendances à recourir au « désordre établi ». On cherche alors à avoir le Christ de son côté, et à justifier certaines attitudes désordonnées, démagogiques et rebelles, avec les attitudes et les paroles du Christ.

Beaucoup de personnes en parlent. Nous y avons déjà fait allusion par le passé. Un seul conseil pour le moment. Il faudra bien réfléchir sur cette contradiction apparente entre l’image du Christ doux et suave, du Christ bon Pasteur, du Christ crucifié par amour et l’image du Christ viril et sévère, irrité et belliqueux ; il faudra voir comment sont exposées les choses dans les documents originaux, les Evangiles, le Nouveau Testament, la Tradition, et dans leur interprétation authentique. Nous estimons opportun d’attirer l’attention en particulier, sur la complexité de l’image du Christ : Il est certainement à la fois doux et fort, de même qu’il est en même temps homme et Dieu ; puis sur la vraie réaction, non pas politique ni anarchique, que la force régénératrice dû Christ produit sur le monde déchu et corrompu, c’est-à-dire sur les espérances qu’il propose à l’humanité.

Nous verrons alors que l’image du Christ présente aussi, sans rien altérer à l’enchantement de sa douceur miséricordieuse, une caractéristique grave et forte, formidable — si vous voulez — contraire à la lâcheté, les hypocrisies, les injustices, les cruautés, mais qui n’est jamais séparée d’un suprême rayonnement d’amour. Seul l’amour définit le Sauveur. Et c’est seulement par les voies de l’amour que nous pourrons nous approcher de lui, l’imiter, l’insérer dans nos âmes et dans le déroulement toujours dramatique de l’histoire humaine.

Oui, nous pourrons le voir, lui qui a habité avec nous et a partagé notre sort terrestre afin de répandre son évangile de salut et de nous préparer ce salut; nous le verrons « rempli de grâce et de vérité » (Jn 1,14).

Foi et amour, nous servent maintenant pour le voir.


***


Et maintenant, c’est aux téléspectateurs de la deuxième chaîne de la télévision française que Nous Nous adressons, heureux de tette occasion de vous saluer, de vous dire toute notre affection, et de vous adresser quelques mots dans le cadre de l’émission sur le respect de la vie.

Frères et amis qui m’écoutez.

Vous le savez: il y a des valeurs qui sont comme la pierre de touche d’une civilisation; si l’on y porte atteinte, c’est l’homme lui-même qui est menacé. Ainsi, attenter à la vie humaine, sous quelque prétexte que ce soit et sous quelque forme qu’on l’envisage, c’est méconnaître l’une de ces valeurs essentielles à notre civilisation. Au plus profond de nos consciences - chacun de nous peut l’éprouver -, s’affirme comme un principe incontestable et sacré le respect de toute vie humaine, de celle qui s’éveille, de celle qui ne demande qu’à s’épanouir, de celle qui s’achemine vers son dénouement, de celle surtout qui est faible, démunie, sans défense, à la merci des autres.

Le Concile l’a récemment rappelé avec force: toute vie est sacrée. A l’exception de la légitime défense, rien n’autorise jamais un homme à disposer de la vie d’un autre, pas plus que de la sienne propre. A contrecourant, s’il le faut, de ce qu’on pense et de ce qu’on dit parfois autour de nous, répétons-le sans nous lasser: toute vie humaine doit être absolument respectée; de même que l’avortement, l’euthanasie est un homicide.

Frères et amis qui m’écoutez, cette vie qui est la vôtre, celle de vos parents, celle de vos enfants, celle de tous les hommes, cette vie fragile et si vite écoulée, demeure en dépit des épreuves qui la traversent, notre bien le plus précieux. C’est une conviction de foi pour ceux d’entre nous qui croient au Christ et auxquels l’Evangile enseigne que notre mort terrestre est un passage vers la vie éternelle.




Catéchèses Paul VI 23120