Catéchèses Paul VI 40974

4 septembre 1974: « FAIRE DAVANTAGE... »

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Chers Fils et Filles,



A vous tous, Frères et Fils bien-aimés, et à tous ceux qui percevront l’écho de notre humble discours apostolique, nous aimerions faire accepter une idée, une conviction qui est nôtre, c’est-à-dire que nous, en tant que chrétiens, en tant que disciples lointains et pourtant si proches du Christ, en tant que membre de l’Eglise post-conciliaire, nous devons « faire davantage ». A vous, les fidèles qui ne souhaitez rien tant que l’« authenticité » et qui voulez sortir du crépuscule brumeux des incertitudes spirituelles, engendré en nous par la croissance même de la culture moderne et de l’esprit funeste d’un implacable criticisme ; à vous, spécialement, confrères dans le ministère sacerdotal de la Parole de Vérité et de l’Action de la Charité ; et à vous aussi, esprits d’élite, qui avez consacré votre vie à la religion, vous qui, en prononçant vos voeux, avez brisé les liens qui auraient pu entraver votre amour unique et total pour le Christ ; et à vous de même, frères et fils plongés dans la vie profane, non sans éprouver le secret désir de la modeler suivant les canons de la beauté et de la plénitude chrétiennes ; à vous tous, donc, nous proposons comme problème, mieux, comme programme : « faire davantage » aujourd’hui.

Ceci n’est pas, quoi qu’il en semble, un message d’« intégralisme » réactionnaire, entendu comme volonté de donner à la lettre de certaines observances extérieures des habituelles coutumes religieuses et ascétiques, héritées du passé, la priorité tatillonne sur l’esprit, c’est-à-dire sur les principes et les vertus qui sont les fondements d’un christianisme imprégné d’Evangile et de communion ecclésiale et ouvert aux avantages et aux nécessités du temps présent. Non ! Notre discours veut être un appel à cet aggiornamento que nous considérons comme un mandat hérité du Pape Jean, et à ce renouveau que l’Année Sainte propose aux âmes vigilantes et décidées.

Nous devons nous rendre compte des phénomènes religieux et moraux qui ont suivi le Concile et qui se trouvaient déjà mûrs dans la flexible et agnostique formation psychologique de la génération actuelle, rescapée de la tourmente de la guerre et agressée par le tourbillon du progrès scientifique, économique et social de nos jours. C’est là une analyse que de nombreux auteurs, hommes de plume ou orateurs, ont proposée de différentes manières ; notre réflexion, elle, dispose de textes aussi nombreux que variés pour se nourrir. Qu’il nous suffise d’examiner le diagramme de quelques faits évidents ; par exemple, les statistiques de fréquentation de la Messe dominicale, source et mesure de la vie religieuse du peuple; celles des vocations au sacerdoce ou à la profession religieuse ; ou encore l’importance, plus ou moins dominante, donnée à la foi, exprimée dans son intégrité textuelle ; ou le sérieux et la limpidité des moeurs ; ou encore la situation en quantité et en qualité de nos associations ; le respect et la soumission face à l’autorité religieuse et pastorale ; la production littéraire et artistique de notre culture, etc.

Nous confions à votre esprit d’observation la poursuite de cette analyse.

Nous pourrions, grâce à Dieu, énumérer quelques faits de grand relief dont il est licite et juste de déduire de consolants résultats et des présages encore plus prometteurs. Nous le ferons, s’il plaît à Dieu. Il nous paraît toutefois nécessaire à présent de constater, en toute sincérité et avec tristesse, que pas mal de diagrammes de ces phénomènes, intéressant la vie ecclésiale, sont caractérisés par des courbes descendantes (Nous pourrions relever de semblables résultats en observant la société temporelle, mais nous nous limitons en ce moment au domaine de notre compétence). Que s’est-il passé ? Il n’est pas facile de répondre en deux mots. Mais si nous considérions de l’extérieur les faits dans toute leur complexité, nous pourrions dire que des innovations opportunes et parfois nécessaires ont provoqué dans de nombreuses âmes un désir inquiet, et parfois même aveugle, de changement, de n’importe quel changement. Cette psychologie du changement a pris facilement la forme d’une anxiété, d’un sens de libération ; et cette libération, quand elle a abouti au stade de la désagrégation, de l’infidélité, n’a pas craint de se perdre dans le vague, dans le vide. Il suffit qu’il soit dégagé des liens, internes ou externes, de la tradition normative, pour que le neuf semble coïncider avec ce qui est bon, avec ce qu’il y a de mieux... Et si ce processus de décadence moderniste devait se poursuivre ? S’étendre aux structures de l’Eglise ? à ses institutions séculaires vouées à la perfection chrétienne et à son activité apostolique ? à ses engagements doctrinaux et moraux ? (cf. M. bouyer, La décomposition du catholicisme, Aubier 1968).

Nous devons invoquer l’aide de l’Esprit de lumière et de force pour franchir aisément ce moment historique de passage d’un état ecclésial que nous pouvons, sans crainte de le discréditer, qualifier de coutumier, de traditionnel, à un état qui ne soit pas simplement nouveau et différent, mais plus vif, plus pur, plus brûlant de foi et de charité.

C’est là une des premières exigences de l’Evangile. Souvenons-nous que Jésus a dit : « Si votre justice ne surpasse pas celle des Scribes et des Pharisiens, vous n’entrerez pas au royaume des cieux » (
Mt 5,20). Et en ce temps-là, on considérait les Scribes et les Pharisiens comme représentant la meilleure classe de la société ! C’est encore Jésus, dont la parole va au-delà de toute limite de ce « davantage » auquel nous nous sommes référé, qui nous dit : « Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5,48).

Et voici le commentaire solennel du Concile: «... tous, dans l’Eglise, qu’ils appartiennent à la hiérarchie ou qu’ils soient conduits par elle, sont appelés à la sainteté, selon le mot de Saint Paul : "la volonté de Dieu est que vous vous sanctifiez" ». (1Th 4,3 Ep 1,4 Lumen Gentium, LG 39-42).

Est-il toujours présent en nous cet idéal, image et vrai tremplin de la sainteté, de la perfection, de l’interprétation forte et sublime de notre vocation chrétienne ? Nous qui, plus que tous les autres, sommes responsable à cet égard, nous vous disons qu’il doit être présent, cet idéal ; que plus se manifestent aujourd’hui le manque d’esprit religieux, le sécularisme, la séduction mondaine, l’opposition et l’hostilité envers le christianisme, plus conscients, plus attentifs, plus solidaires, plus pleins d’amour doivent être nos efforts pour contrebalancer ces difficultés et pour les surmonter. Il ne suffit pas d’être un chrétien de nom, n’adhérant que de manière tiède, molle, passive à ce nom qui est tout un programme ; il faut être chrétien avec une vigueur renouvelée, personnelle et collective, en se rappelant toujours le défi de l’Apôtre : « ... Qui pourrait nous séparer de l’Amour du Christ ? » (Rm 8,35). Avec notre Bénédiction Apostolique !





11 septembre 1974: DANS LE MONDE QUI CHANGE, UN RECOURS : LA FOI

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Chers Fils et Filles,



Le monde change. Il est superflu de commenter une aussi grave et aussi ample réalité : culture, moeurs, organisation, économie, technique, efficacité, besoins, politique, mentalité, civilisation,... tout est en mouvement, tout est dans une phase de mutation.

C’est pourquoi l’Eglise se trouve en difficulté. Ce phénomène également est évident sous divers aspects. L’Eglise, nous le savons, est cette société visible et mystérieuse qui vit la religion du Christ. Maintenant, dans notre monde, il ne semble pas qu’il puisse y avoir d’existence prospère pour la religion en général, encore moins pour une religion comme la nôtre : religion singulière et organisée, vivant sur la scène historique du temps présent, ordonnée à une fin eschatologique qui se réalise dans sa plénitude au-delà du temps, dans une vie future. Il s’agit, en outre, d’une religion qui prétend interpréter le destin de l’humanité et aussi y pourvoir, qui se pose comme vérité en ce qui concerne Dieu et en ce qui concerne l’homme, qui se présente comme maîtresse de notre salut et qui enfin ose faire de l’amour de Dieu invisible, notre Père, et de l’amour des hommes (non plus loups entre eux mais frères) la loi fondamentale tant pour les individus que pour la société ; une religion semblable, qui introduit dans le plan naturel de la vie un extraordinaire plan surnaturel, intimement lié à lui et l’animant, apparaît, pour qui observe les choses de façon superficielle, comme impensable de nos jours, apparaît comme une Eglise destinée à s’éteindre et à se laisser remplacer par une conception rationnelle et scientifique du monde plus facile et expérimentale, sans dogmes, sans hiérarchie, sans mettre de limites aux possibles jouissances de l’existence, sans Croix du Christ. Et si la Croix du Christ tombe, avec tout ce que comporte cette chute, que reste-t-il de notre religion, que reste-t-il de l’Eglise ?

Vu de cette manière, on comprend comment l’Eglise se trouve en difficulté. L’Eglise est encore une grande institution, mondiale, confirmée par vingt siècles d’histoire, plus souffrante qu’heureuse, mais toujours féconde d’énergies nouvelles, d’un peuple nombreux, d’hommes remarquables, de fils dévots, de ressources imprévues ; mais ouvrons les yeux ; l’Eglise est maintenant à certains égards en état de grave souffrance, d’oppositions radicales, de contestations corrosives.

Un abîme, qui paraît infranchissable, ne se serait-il pas creusé peut-être entre la pensée moderne et la vieille mentalité religieuse et ecclésiale ? Est-ce qu’il ne serait pas dilué dans la culture profane, le trésor de sagesse, de bonté, d’humanisme, qui semblait être le patrimoine caractéristique de la religion catholique ; ne se serait-il pas dilué jusqu’à se vider et se priver de toutes ses raisons d’être pour se transférer dans les moeurs laïques et civiles de notre temps ? Est-il encore besoin que l’Eglise apprenne à aimer les pauvres, à reconnaître le droit des esclaves et des hommes, à soigner et à assister les malades, à inventer les alphabets pour les peuples illettrés ? etc. Tout ceci, le monde profane le fait lui-même et mieux ; la civilisation avance avec ses forces propres, etc.

Ne sont-ils pas dès lors clairs les motifs de l’irréligiosité moderne, du laïcisme jaloux de sa propre émancipation, de l’abandon de l’observance religieuse de la part de populations entières, du matérialisme des masses insensibles à toute référence spirituelle ? Oui, l’Eglise est en difficulté et voici enfin quelques-uns de ses fils lui ayant juré amour et fidélité, qui s’en vont; voici de nombreux séminaires presque déserts, des familles religieuses qui trouvent avec peine de nouveaux disciples ; et voici des fidèles qui ne craignent plus d’être infidèles... L’énumération de ces maux qui, malgré le Concile, affligent aujourd’hui l’Eglise de Dieu, pourrait continuer, et nous vérifierions qu’une grande partie de ces maux n’assaillent pas l’Eglise de l’extérieur mais l’affligent, l’affaiblissent, l’anémient de l’intérieur. Le coeur se remplit d’amertume mais aussi de la plus tendre et forte affection.

S’il en est ainsi, quels sont les remèdes ? Oh ! par bonheur, aujourd’hui, la sensibilité et la conscience de l’Eglise fidèle (et elle est la partie la plus vigilante et la plus nombreuse), se sont mises en mouvement et les opérations de défense se transforment non seulement en une sage thérapie mais en des témoignages nouveaux et positifs de vitalité courageuse et confiante. Heureux ceux qui ont cette intuition et qui entreprennent cette oeuvre. Peut-être les jeunes seront encore cette fois à l’avant-garde ; qu’ils soient bénis !

Mais maintenant, nous posons une question qui recouvre tout l’argument : l’Eglise peut-elle surmonter les difficultés présentes ? Pour notre bonheur, la réponse est facile parce que ce n’est pas la prudence humaine qui la formule, parce qu’elle n’est pas fondée sur nos pauvres forces ; la réponse se trouve dans les promesses du Christ : « ... elles ne prévaudront pas » (
Mt 16,18) ; « Je suis avec vous » (Mt 28,20) ; « j’ai vaincu le monde » (Jc 16,33) ; « le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas » (Mt 24,35). Au-delà des résultats problématiques qui peuvent surgir de nos pénibles vicissitudes, ces paroles que nous venons de rappeler sont des paroles vraies, des paroles divines. Nous pouvons, nous devons tous les prendre au sérieux. Que signifie « les prendre au sérieux ? ». Cela signifie notre attachement fondamental, cela signifie accorder foi à ces paroles, cela signifie croire ces paroles. Nous le disons clairement : la foi est la première condition pour surmonter nos difficultés présentes (cf. denz.-sch. DS 1532 DS 3008). L’apôtre Jean nous le confirme : « c’est notre foi qui est la victoire qui triomphera dans le monde » (1Jn 5,4).

Et qu’est finalement la foi ? Oh, la grande question ! Pour l’heure résolvons-la dans la plus concise des réponses. La foi est l’adhésion à la parole de Dieu (cf. St. TH., II-II 1,0). Et comment pouvons-nous connaître, distinguer, interpréter, appliquer la parole de Dieu ? Evidemment, nos facultés spirituelles ont besoin d’une aide supplémentaire, l’aide du Saint-Esprit, que nous a mérité le Christ (cf. Jn 14,6 Jn 15,5 Mt 11,27, etc.) ; cette aide nous l’appelons la grâce ; elle n’est pas refusée à celui qui fait ce qu’il peut pour l’obtenir, à celui qui applique, dans une grande rectitude, son esprit et son coeur à la recherche et à la cohérence de la vérité (cf. Jn 3,21). Mais ensuite ce processus d’adhésion à la vraie foi se perfectionne et se complète grâce à l’assistance du magistère ecclésiastique, comme Jésus l’a enseigné lorsqu’il a confié leur mission aux apôtres : « Qui vous écoute, m’écoute » (Lc 10,16 Dei Verbum, DV 10).

Ainsi, nous devons nous convaincre de la nécessité d’une foi vive, authentique, opérante ; et ceci d’autant plus que sont grandes aujourd’hui les difficultés auxquelles nous sommes affrontés. Il ne suffit pas subjectivement, d’une foi vague, faible et incertaine ; il ne suffit pas d’une foi purement sentimentale, routinière, faite d’hypothèses, d’opinions, de doutes, de réserves ; il ne suffit pas, objectivement, d’une foi qui accepte ce qui lui plaît ou qui cherche à éluder les difficultés, en refusant l’assentiment à une vérité mystérieuse et difficile.

Nous devons être convaincus que la foi n’humilie pas la raison et qu’elle l’aide à acquérir la certitude et la compréhension des vérités supérieures et vitales, au moins de manière partielle, mais toujours lumineuse et heureuse ; et nous devons faire nôtres les supplications anxieuses, mais exemplaires, par lesquelles dans l’Evangile le père implorait la santé pour son fils : « Je crois, Seigneur, mais venez en aide à mon incrédulité » (Mc 9,23) ; et aussi cette prière des Apôtres au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! » (Lc 17,5).

Avec notre Bénédiction Apostolique !





18 septembre 1974: L’EGLISE A BESOIN D’HOMMES FORTS !

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Chers Fils et Filles,



L’Eglise, de qui a-t-elle besoin aujourd’hui ? On l’a déjà dit en diverses circonstances, elle a besoin de saints. La sainteté est une synthèse de grâce et de vertu, de richesse intérieure et d’intense activité extérieure ; elle constitue un tout à la formation duquel concourent tous les éléments efficients et utiles à notre perfection. Aussi la sainteté revêt-elle des formes multiples ; à celui qui l’étudié comme à celui qui la recherche elle présente des aspects nombreux et variés qui, en hagiographie, permettent de distinguer les différents types de sainteté et qui aident l’ascétique à développer vers la perfection sa pédagogie diverse. Mais la question, de générique, se fait plus précise lorsque l’on étudie les besoins de l’Eglise dans le cadre historique et concret de sa vie actuelle ; à ce propos également les docteurs de notre époque ont énoncé des choses remarquables concernant la nécessité, par exemple, de donner à la justice un appui doctrinal et une application pratique, nécessité étayée en matière sociale par des arguments indiscutables, même s’ils sont diversement motivés et diversement modérés. Pressé par les conditions difficiles dans lesquelles l’Eglise se trouve aujourd’hui plongée, nous insistons sur la question posée et, comme nous l’avons déjà fait au cours d’une autre audience, nous nous demandons de nouveau de quels Pasteurs, de quels fidèles, de quels fils vertueux et exemplaires, l’Eglise a besoin aujourd’hui.

La réponse semble naître de l’évidence des situations ; c’est-à-dire des nécessités et également des possibilités propres de la vie actuelle de l’Eglise ; elle résonne ainsi : L’Eglise a besoin d’hommes forts.

La réponse trouve sa raison dans une double observation concernant, la première, les conditions dans lesquelles se déroulent aujourd’hui la vie et l’oeuvre de l’Eglise. Est-il admissible, à cet égard, de concevoir une existence ecclésiale sans effort, sans la tension de vigilance propre aux moments de danger ? Une existence coutumière, soutenue seulement par l’autorité muette de la loi, ou bien protégée contre des circonstances extérieures par le respect des normes et des lois, ou encore favorisée par une heureuse convergence d’opinions et de consciences ? L’activité pastorale, serait-elle oeuvre facile ? Et la profession de foi catholique, serait-ce aussi chose facile ? Le souffle des idées ou celui du bien-être, qui pouvait en d’autres temps attirer à la religion la sympathie et l’adhésion, gonfle-t-il toujours favorablement les voiles de la barque ecclésiale de manière qu’on puisse encore y vivre tranquille, somnolant ou se délectant honnêtement de l’ample panorama de l’histoire et du monde ? Et de plus, faisant abstraction également des difficultés actuelles, nous est-il seulement permis de déclarer conforme à l’esprit de l’Evangile un style commode, paisible, avantageux de vie chrétienne ? A chacun de nous qui, précisément nous nous disons chrétiens, n’a-t-il pas été intimé, dans le baptême et dans l’éducation ecclésiale, comme l’a fait le Christ à Saul, avant qu’il ne devint Paul, dès le premier instant de sa fulgurante conversion : quanta oporteat... pati (
Ac 9,16), tout ce qu’il faudra supporter au nom du Christ ? Comment pourrait-on concevoir un fidèle mou, indolent, amoureux de la vie facile, sans risque, vide d’énergie morale, dépourvu de tout esprit de sacrifice ? Un chrétien doit être, par définition, spécialement s’il est marqué du sacrement de la Confirmation, un homme fort !

La seconde observation résulte de l’importance des phénomènes — tant personnels que collectifs — de faiblesse, de respect humain, d’asthénie spirituelle, de lâcheté qui, comme une épidémie fatale, se diffusent aujourd’hui plus que jamais parmi nos populations, à tous les niveaux, ecclésial, culturel, politique, professionnel, scolaire, etc.

Dispensons-nous d’en faire ici un inventaire précis. Du reste, ce phénomène d’abdication de la volonté forte, droite, courageuse, personnelle et, pour cette raison, vraiment libre, on le rencontre généralement dans l’emploi équivoque du nom de la liberté, comme si cette royale faculté d’autodiscipline, de personnalité qui se soumet au self-control de la raison et de la conscience, la liberté, était synonyme de laxisme moral, de complaisance permissive, de conquête de toute licence, fût-elle même dégradante ou ne serait-elle que pur asservissement à l’arbitraire dominant de fausses et impératives idéologies d’autrui... Et même sur le plan de l’engagement religieux qui résulte de notre régénération chrétienne, se développe la tentation à la mode d’abolir l’effort, ascétique ou disciplinaire, de rendre tout facile et tout facultatif, de simuler avec l’hédonisme courant, jouisseur et sensuel, la face forte et sereine de la joie chrétienne. Le servilisme du respect humain plie tant de gens au genre d’existence à la mode, à la démagogie rhétorique et utilitaire, à la résignation passive devant les abus si nombreux qui ont envahi les moeurs communes.

Heureusement, l’intuition que la foi réclame un témoignage vigoureux et cohérent dans la pensée et dans l’action, non seulement survit dans d’innombrables esprits religieux, mais elle renaît presque spontanément dans la conscience de nombreux jeunes, décidés à vivre vigoureusement leur christianisme ; la phalange des volontaires de l’action catholique reprend corps ; et même les vocations au don total de soi-même à la cause de l’Evangile et de l’Eglise, bourgeonnent sur le tronc d’une vie chrétienne, adulte de conscience plus encore que d’âge. La vertu de la force chrétienne s’affirme dans le concept intégral de l’homme authentique (St. augustin, De moribus Ecclesiae, c. 15, 21-22 ; cf. St. TH ., II-II 123,0).

Si d’autres leçons morales nous sont données à l’école de l’Evangile, et principalement celles de la charité, de l’amour, de la bonté, de la douceur, ce n’est pas pour autant qu’on y enseigne la faiblesse, l’indolence, la peur, la lâcheté; au contraire, constamment le Maître nous a dit de ne pas craindre ! « N’ayez pas peur, dit le Seigneur, de ceux qui peuvent tuer le corps, sans avoir le pouvoir de tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut vous faire périr corps et âme dans la géhenne » (Mt 10,28) ; et puis : « N’ayez pas peur, petit troupeau, car votre Père, dans sa bienveillance, vous a donné le royaume » (Lc 12,32). Et ainsi de suite. On dirait que le Christ a voulu affranchir ses disciples de la naturelle psychologie de notre faiblesse qui, même dans l’Evangile, est d’autant plus manifeste que plus disproportionné est le but spirituel auquel nous sommes destinés « ... sans moi, dira Jésus, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5) ; mais ensuite il mettra sur les lèvres de l’Apôtre la parole franche, intrépide, décisive : Omnia possum in Eo, qui me confortat : je puis tout en Celui qui me fortifie (Ph 4,13).

C’est là le secret de cet esprit de sacrifice, de courage, de résistance dont l’Eglise a besoin aujourd’hui.

Prions le Seigneur afin que cette parole soit vraie et agissante en chacun de nous, partout, dans son Eglise tout entière ; aujourd’hui : humble et forte.

Avec notre Bénédiction Apostolique !

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Combien Nous sommes heureux d’accueillir les cent vingt-deux Pères Lazaristes qui tiennent actuellement leur Assemblée générale à Rome! Nous redisons volontiers nos vceux fervents au Rév. Père Richardson, récemment réélu pour un second sexennat, et Nous saluons de tout cceur les Eveques Lazaristes ici presents et les représentants des cinq mille membres de la Congrégation de la Mission.

Votre visite nous réconforte singulièrement. Nous voudrions aussi que ces brefs instants contribuent à vous rendre plus forts et plus heureux dans votre vocation vincentienne, si typiquement évangélique et si actuelle. Aujourd’hui, dans une civilisation technique avancée et qui engendre paradoxalement tant de pauvreté, vous demeurez pour votre part l’espoir des pauvres. Ne craignez jamais de leur révéler « le mystère du Christ », dans le langage qu’ils peuvent saisir! Et pour ces pauvres, ayez à coeur de susciter et de former des vocations solides à travers les séminaires qui vous sont confiés.

A cause des pauvres encore, continuez d’apporter votre aide appropriée et délicate aux chères Filles de la Charité. Et le secret de tout ce dynamisme apostolique? Vous l’avez généreusement remis en valeur dans les années passées et pendant cette Assemblée générale: c’est la prière ardente et la vie fraternelle. Tout en confiant vos personnes et vos activités au Christ Jésus, Nous vous bénissons de grand coeur.

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Avous aussi, chers participants à la Consultation oecuménique sur «les nouveaux courants de la formation des laïcs», Nous sommes heureux d’adresser un cordial salut. Nous savons que vous venez des hauteurs d’Assise où, pendant une dizaine de jours, vous avez mis en commun vos convictions, vos expériences, vos interrogations concernant la formation de la personne humaine et chrétienne dans le monde d’aujourd’hui. Nous vous félicitons et vous encourageons à faire fructifier concrètement et patiemment les lumières et les forces puisées dans cette rencontre, toute imprégnée d’humilité, de charité et de prière. L’Eglise du Christ a un extrême besoin de laïcs solidement formés. Comme Nous le disions à l’instant, seuls les chrétiens de cette trempe peuvent tenir debout au milieu des mutations gigantesques de ce temps. Seuls de tels chrétiens peuvent véritablement déposer au creux du monde contemporain le levain dont il a tant besoin. Nous vous assurons de notre prière.




25 septembre 1974: FOI, FIDÉLITÉ ET CONFIANCE

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Chers Fils et Filles,



Nous allons poursuivre notre recherche des besoins principaux de l’Eglise à l’heure actuelle. Nos observations se veulent ici tout à fait élémentaires, et presque intuitives, en sorte que chacun puisse satisfaire sa propre recherche avec des conclusions de toute première évidence. Nous nous répétons à nous-même la question que nous avons déjà plusieurs fois adressée à notre curiosité spirituelle : de quoi l’Eglise a-t-elle besoin ?

La question, comme chacun s’en rend compte, peut être orientée dans deux directions : la direction des maux qui affligent l’Eglise et qu’une analyse des plus élémentaires pressent ; d’autre part la direction des biens désirables auxquels l’Eglise peut aspirer, pour ainsi dire, par droit de naissance, grâce à la thérapeutique qui devrait découler de sa vie normale. Ces deux recherches, l’une sur l’aspect négatif du visage actuel de l’Eglise, l’autre sur l’aspect positif de son même visage réel et idéal, conduisent à une même conclusion que voici : l’Eglise a besoin de fidélité. Cette affirmation dérive de certaines autres affirmations, que nous avons énoncées au sujet du besoin fondamental de foi, et celui qui en découle, le besoin de force ; elle se formule donc en une répétition, quand on relève que ce qui fait le plus souffrir l’Eglise aujourd’hui est le manque de fidélité de certains de ses fils, ou plutôt de tant de ses fils ; ce qui la réconforte le plus, et la réjouit, est au contraire le fait de la fidélité d’un nombre considérable de ses fils.

Notre analyse prend sa racine dans le rapport que tout chrétien a avec l’Eglise, c’est-à-dire avec sa propre foi religieuse, mieux, avec le Christ lui-même, avec ce Dieu, Un et Trine à l’existence infinie, transcendante et ineffable, auquel le baptême l’a mystérieusement, mais vitalement et réellement relié. Il faut que nous ramenions notre réflexion sur ce rapport décisif qui nous incorpore à l’Eglise, qui nous donne la qualité de disciple, mieux, de frère du Christ, et qui nous associe, d’une manière certaine mais démesurée, à la nature divine (cf.
2P 1,4). C’est une chance inestimable, qui dépasse en valeur notre propre existence terrestre, ainsi que nous le rappelle le chant de l’« Exultet » de la nuit pascale : Nihil enim nobis nasci profuit, nisi redimi profuisset ; à quoi nous servirait de naître, si en même temps ne nous servait à rien de renaître et d’être sauvé ?

Nous sommes heureux de voir qu’aujourd’hui, après le Concile, il a été consacré beaucoup de soin — grâce à la réforme liturgique — à la préparation et à la compréhension du sens et de la valeur des sacrements de l’initiation chrétienne, tels le baptême, la confirmation et l’Eucharistie. C’est ainsi qu’on réveille et qu’on réforme la conscience chrétienne. Nous avons en effet besoin, un besoin fondamental, de nous savoir, de nous sentir, de nous maintenir chrétiens. Nous appelons fidélité cette renaissance de la conscience, de la mentalité, de la logique chrétienne. La grande faute de tant de chrétiens modernes c’est l’incohérence, le manque de fidélité à la grâce reçue dans le baptême ou successivement, dans d’autres sacrements ; le manque de fidélité aux engagements solennels et salutaires contractés envers Dieu, envers le Christ, envers l’Eglise, dans la célébration d’un pacte, d’une alliance, d’une communion de vie surnaturelle, qui n’aurait jamais dû être négligée ou trahie. Tout comme le grand avantage est au contraire d’avoir tenu loyalement foi à ces engagements qui donnent du sens, de la vertu et du mérite à la vie chrétienne. A chaque chrétien en particulier nous pouvons rapporter cette exigence que Saint Paul voulait active en tout « dispensateur des mystères de Dieu », c’est-à-dire chez les ministres du Christ (cf. 1Co 4,1) : que chacun soit « d’abord fidèle ». Il s’agit au fond d’une exigence qui prend la figure morale et la force d’amour d’une attitude réciproque : Comme Dieu est fidèle envers nous (cf. Mt 3,6 2Co 1,20 Rm 11,29), ainsi nous devons être fidèles envers lui. Dans la pratique de la vie, la foi se manifeste sous deux formes, spirituelles et morales ; celles-ci donnent de la consistance à notre esprit religieux, qui, lui, dérive précisément de la foi : ce sont la confiance (cf. 1Th 5,24 2Tm 2,13 He 10,23 etc.), et la fidélité (Ac 14,22 1Th 1,3 etc.).

Et à ce propos la théologie, et plus encore l’ascétique, offrent à notre réflexion toute une littérature.

Rappelons, pour citer un exemple de consultation facile, le dernier chapitre, le 59ème, de l’Imitation de Jésus-Christ, qui nous exhorte à mettre en Dieu seul tout notre espoir et toute notre confiance : « mon Dieu, y lisons-nous entre autres belles et ferventes paroles, Tu es mon espérance, Tu es ma confiance, Tu es mon consolateur très fidèle en tout ». Ce qui est dit là pour toute âme initiée à la prière, nous pouvons le suggérer à l’Eglise tout entière, croyante et priante, qui a besoin de tirer d’une confiance plus vive dans le Seigneur, l’énergie droite que l’âpreté des temps demande à sa fidélité.

Avec notre Bénédiction Apostolique !





2 octobre 1974: LES LAÏCS DANS L’ÉGLISE : UNE PRÉSENCE VIVANTE, ACTIVE, IRREMPLAÇABLE

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Chers Fils et Filles,



Chaque audience du mercredi est pour nous une joie toujours nouvelle, un réconfort toujours apprécié. Aujourd’hui, la présence des membres et consulteurs du Conseil des Laïcs nous invite à donner à cette rencontre un ton et un langage particuliers : c’est en quelque sorte à l’ensemble des laïcs dans l’Eglise que nous nous adressons. Vous êtes bien ce Peuple de Dieu que l’Apôtre Jean voyait monter vers la Jérusalem céleste, de toute race, de toute nation, de toute langue ! Nous vous saluons tous et chacun avec la même affection. Nous nous devons de féliciter spécialement les Membres du Conseil des Laïcs qui ont choisi, cette année, d’être accueillis en même temps que les participants à l’audience générale. Il y a là un signe exemplaire de leur volonté de proximité et de service de tous les baptisés. Est-il besoin de rappeler à toute l’assistance de ce matin que le Conseil des Laïcs est l’Organisme institué par nous, le 6 janvier 1967, afin de promouvoir et de coordonner l’apostolat des laïcs dans l’Eglise universelle, avec le souci d’écouter la voix des Pasteurs de l’Eglise ? Dans ce contexte, et sans nous éloigner des travaux du Synode qui vient de s’ouvrir, il nous a paru très opportun de nous entretenir avec vous de deux aspects fondamentaux de l’apostolat des laïcs, qui s’estompent plus ou moins dans l’esprit des chrétiens de ce temps : l’importance du témoignage personnel et l’unité des divers témoins de l’Evangile entre eux et avec leurs Evêques.

L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins. Il éprouve en effet une répulsion instinctive pour tout ce qui peut apparaître mystification, façade, compromis. Dans un tel contexte, on comprend l’importance d’une vie qui résonne vraiment de l’Evangile !

On pourrait ramener à quatre les motifs de cet attrait du monde actuel pour le vrai témoin du Christ. L’homme moderne, engagé dans la conquête et l’utilisation de la matière, éprouve une faim d’autre chose, une solitude étrange. Le chrétien tout adonné à Jésus-Christ connaît un autre mystère plus insondable que la matière, le mystère de Dieu qui invite l’homme à un partage de vie dans une communion sans fin avec le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Mystère de transcendance et de proximité! En vérité, l’homme du vingtième siècle aspire à cette plénitude de dialogue personnel que lui refuse la matière. Il faut aujourd’hui plus que jamais des témoins de l’invisible.

Les hommes de ce temps sont aussi des êtres fragiles qui connaissent facilement l’insécurité, la peur, l’angoisse. Combien se demandent s’ils sont acceptés par leur entourage ! Nos frères humains ont besoin de rencontrer d’autres frères qui rayonnent la sérénité, la joie, l’espérance, la charité, malgré les épreuves et les contradictions qui les atteignent eux aussi. Etre le témoin de la Force de Dieu opérant dans l’étonnante et renaissante fragilité humaine, ce n’est pas aliéner l’homme, mais lui proposer des chemins de liberté.

Les générations montantes sont spécialement assoiffées de sincérité, de vérité, d’authenticité. Elles ont horreur du pharisaïsme sous toutes ses formes. Dès lors on conçoit qu’elles s’attachent au témoignage d’existences pleinement engagées au service du Christ. Elles courent le monde pour trouver des disciples de l’Evangile, transparents à Dieu et aux hommes, demeurés jeunes de la jeunesse de la grâce divine. Les jeunes générations voudraient rencontrer davantage de témoins de l’Absolu. Le monde attend le passage des saints.

L’homme moderne se pose aussi, et souvent douloureusement, le problème du sens de l’existence humaine. Pourquoi la liberté, le travail, la souffrance, la mort, la présence des autres ? Or voici que dans les ténèbres celui qui essaye de vivre l’Evangile apparaît comme celui qui a trouvé un sens, un achèvement à sa vie, bien loin des systèmes anthropocentriques et oppressants.

Ce témoignage personnel doit être celui de tout baptisé, de tout confirmé, laïc, religieux ou prêtre. Mais les laïcs sont invités à le vivre de façon particulière, au sein même du monde, en oeuvrant selon leur foi dans les affaires temporelles de leurs familles, de leur cité, du monde international, pour bâtir avec tous les hommes, croyants ou incroyants, un monde plus digne des fils de Dieu. C’est en travaillant avec les autres qu’ils découvrent souvent toutes les dimensions de l’apostolat. Ils se garderont d’oublier qu’ils sont aussi appelés à favoriser chez leurs frères la rencontre directe de Jésus-Christ. Leur témoignage n’est pas un témoignage muet.

Nous savons bien d’ailleurs tout ce que les laïcs ont fait pour l’Eglise du Christ dans les siècles passés et depuis les vigoureux appels des Papes en faveur de l’Action catholique. Cependant, malgré l’apparition et le développement de nouvelles formes d’apostolat et l’usage de techniques de plus en plus précises, le témoignage de l’Evangile ne s’impose pas au regard contemporain avec l’éclat suffisant. Or l’Eglise rendrait stérile l’Evangile et se rendrait elle-même stérile si elle proclamait seulement un idéal abstrait, si bien présenté fût-il, sans que les laïcs ne concrétisent cet idéal, comme un levain enfoui dans la pâte. Nous espérons que nos convictions sur ce point fondamental du témoignage personnel trouveront beaucoup d’écho en vos coeurs.

Mais c’est devenu une nécessité, et c’est une chance de notre temps, de rechercher aussi un témoignage collectif des chrétiens, adapté à l’âge, au voisinage, aux milieux sociaux, aux milieux professionnels, bref aux multiples réalités de la vie. De là sont nés de nombreux mouvements qui soutiennent l’apostolat de leurs membres, grâce à des échanges, à une révision de vie commune, à des objectifs mûris et réalisés ensemble. Bien plus, ces mouvements ont pris, plus récemment, la note universelle qui sied à l’Eglise catholique et répond aux besoins d’un monde de plus en plus unifié : ils sont devenus internationaux. Notre Conseil des Laïcs est précisément à l’écoute de toute cette vitalité personnelle et communautaire.

Dans cet immense corps du Christ qu’est l’Eglise, les dons et les besoins sont très variés, les tendances de l’apostolat très diverses. Il doit cependant y avoir une unité dans l’inspiration et une convergence dans le but. C’est non seulement une nécessité pour l’efficience de l’apostolat ; c’est un critère de son authenticité : le Christ a prié pour que ses disciples soient un.

Tous ces mouvements doivent donc témoigner d’une volonté sans équivoque de se rencontrer, de coopérer ensemble sur les objectifs fondamentaux, de prier ensemble, de célébrer ensemble l’eucharistie, de faire leurs les orientations majeures de l’Eglise, dans cette période de mise en oeuvre du Concile Vatican II. Au niveau du Saint-Siège, qui est celui de l’Eglise universelle, le Conseil des Laïcs constitue un lieu privilégié de cette confrontation et de cette collaboration. Et l’Année Sainte doit être une heure providentielle pour effectuer, à tous les échelons, ce rapprochement nécessaire et pour vivre cette communion.

L’apostolat des baptisés aura cette authenticité et cette unité s’il est accompli en communion avec les Pasteurs responsables du Peuple de Dieu, quelle que soit la diversité des opinions concernant le mode de coopération avec la hiérarchie. Le mot célèbre de Saint Ignace d’Antioche, au sujet de la célébration de l’Eucharistie, nous revient en mémoire : « Rien en dehors de l’Evêque ». Nous l’appliquons sans hésitation à l’apostolat des laïcs. Nous savons comment nos Frères dans l’épiscopat essayent de vivre l’autorité qui leur a été confiée : dans un souci de servir ! Nous savons aussi combien sont nombreux les laïcs chrétiens qui donnent à leurs Evêques des témoignages exemplaires de confiance, de loyauté, de soutien, de coopération. En ce moment même, plus de deux cent Evêques sont réunis pour le quatrième Synode de notre Pontificat. S’ils étaient ici même, il nous semble qu’ils vous diraient, en toute sincérité, en reprenant le mot de Saint Augustin : « Frères, avec vous je suis chrétien, pour vous je suis évêque ».

Chers Fils, cet entretien vous dit assez la confiance que nous mettons en vous. Nous invitons toute l’assemblée à implorer du Seigneur les apôtres dont l’Eglise et le monde d’aujourd’hui ont besoin. Avec notre Bénédiction Apostolique.






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