Pie XII 1939 - ALLOCUTION A L'ÉPISCOPAT ET AUX FIDÈLES DE RITE GREC-MELCHITE


DISCOURS AUX JEUNES ÉPOUX

(17 mai 1939)1

L'Ascension, fête de la joie et de l'espérance.

Elles sont toujours chères à Notre regard et plus chères encore à Notre coeur, ces assemblées de jeunes époux venus pour recevoir la bénédiction du Père commun des âmes, une bénédiction qui entend être et est réellement un signe et un gage de la bénédiction de Dieu.

Mais il Nous est plus agréable encore de vous accorder audience à la veille de l'Ascension de Notre-Seigneur Jésus-Christ. L'Ascension, c'est la fête de la joie pure, de l'espérance sublime, des saints désirs ; et la solennité de vos noces, chers époux, semble un reflet de cette fête, puisque dans le mariage chrétien que vous avez célébré au saint autel, tout semble susciter et annoncer la joie, l'espérance, les désirs, les projets. Afin que ces sentiments, qui ont réjoui et qui réjouissent encore vos coeurs, soient profondément sincères et durables, unissez-les à ceux que vous suggère la fête de demain.

Que votre joie soit pure comme celle des Apôtres, qui, après avoir assisté à la glorieuse Ascension du Seigneur, descendirent du Mont des Oliviers (Ac 1,12), cum gaudio magno (Lc 24,52), le coeur débordant de joie : de joie pour la gloire de Jésus, qui couronnait sa vie terrestre par cette entrée triomphale au ciel, de joie pour leur bonheur éternel, qu'ils entrevoyaient dans le triomphe du divin Maître.

C'est sur ces motifs, très chers enfants, que doit reposer votre joie pour être vraie et pure ; et comme ces motifs ne sauraient jamais manquer, votre joie ne sera jamais sujette aux changements des joies éphémères que promet le monde : Pacem meam do vobis, non quomodo mundus dat, ego do vobis, avait dit Jésus. « Je vous donne ma paix, je ne la donne pas comme la donne le monde » (Jn 14,27).

Fondée sur l'espérance la plus sûre, la joie de ce jour se perpétue et se dilate dans le coeur des fidèles : « Je vais vous préparer une place au ciel » (Jn 14,2) dit Notre-Seigneur ; et II ajoutait : « Vous recevrez la force du Saint-Esprit, qui descendra sur vous » (Ac 1,8). Promesses magnifiques : la promesse du ciel et la promesse des dons du Saint-Esprit. Tout cela doit animer votre foi, alimenter et renforcer votre espérance, élever vos pensées et vos désirs. C'est la prière de l'Eglise dans la sainte liturgie : « Accordez-nous, Dieu tout-puissant, nous vous en supplions, à nous qui croyons que votre Fils unique, notre Rédempteur, est monté aujourd'hui au ciel, accordez-nous d'y habiter aussi nous-mêmes en esprit »2 et, parmi les vicissitudes de ce monde, fixez nos coeurs là où sont les vraies joies : inter mundanas varietates ibi nostra fixa sint corda, ubi vera sunt gaudia 3.

Nous vous bénissons, chers époux, au nom de ce même Jésus qui bénit les Apôtres et les premiers disciples lors de sa montée au ciel : dum benediceret illis, recessit ab eis et ferebatur in coelum (Lc 24,51).

\scension.

Ve dimanche après Pâques.






DISCOURS LORS DE L'ENTRÉE SOLENNELLE DANS L'ARCHIBASILIQUE DU LATRAN

(18 mai 1939) 1

En ce jour de l'Ascension, Pie XII se rendit à l'archibasilique du Latran, sa cathédrale, pour en prendre solennellement possession.

Nous éprouvons une très grande joie, Vénérable Frère, pour la chaleur de vos voeux religieux et dévoués que le premier vous avez voulu Nous présenter dans un langage choisi lors de Notre entrée dans la cathédrale de Rome selon le rite pontifical légué par nos ancêtres. Nous remercions aussi du fond du coeur ceux dont vous avez interprété les sentiments de parfait attachement à Notre personne, et particulièrement Notre Vénérable Frère le cardinal archiprêtre, dont l'absence est due à une mauvaise santé, et aussi le chapitre et le clergé de la basilique majeure du Latran. Vous tous qui êtes ici et qui Nous êtes très chers, Nous Nous réjouissons de votre affluence que Nous avons désirée et aimée. C'est en effet une raison commune de se réjouir, c'est une cause universelle de joie que, puisque les membres de l'Eglise sont rassemblés et liés par les chaînes de l'unité mystique, le bonheur que donne la renommée du pasteur s'étende à tout le troupeau ; la raison de l'honneur qui Nous est rendu est vraie et louable si dans la modestie de Notre personne on reconnaît Pierre, on honore Pierre, dont le pouvoir vénérable est encore vivant dans son indigne héritier. Les cérémonies que Nous présidons conviennent éminemment à la fête que les chrétiens célèbrent aujourd'hui par toute la terre d'un même coeur dans le désir sincère d'accomplir leur devoir. Nous pénétrons dans le temple du Très Saint Sauveur au jour même où Notre Très Doux Rédempteur que nous fêtons aujourd'hui est entré dans l'éternel séjour du ciel. Après avoir pendant quarante jours manifesté à ses apôtres par des preuves multiples et évidentes qu'il était ressuscité du tombeau, il emporta dans le palais céleste le triomphe obtenu sur la mort et il s'éleva au-dessus des hiérarchies angéliques à la droite de Dieu le Père pour obtenir le trône qui demeure à jamais. Que si tout temple de pierre est en quelque sorte l'image du royaume céleste où le Christ est monté, alors même la basilique très sainte du Latran en reproduit une image plus vénérable encore, elle qui, la première en dignité, garde d'événements illustres un souvenir qui la fait resplendir parmi les monuments de l'antiquité. C'étaient ici autrefois le magnifique palais des Laterani, la demeure de Fausta. La main puissante de l'empereur Constantin, qui anéantit les tyrans cruels et affranchit l'Eglise, fit élever ici un temple en l'honneur du divin Rédempteur, qui tout au long des siècles transformé, écroulé, reconstruit mais immortel, dresse maintenant encore son faîte élancé vers le ciel. Cette basilique appelée le palais de Dieu et le nouveau mont Sinaï fut le lieu remarquable d'où des décrets apostoliques et des conciles oecuméniques régulièrement convoqués apportèrent au monde en péril les lois du salut. C'est avec raison qu'elle est parée de l'honneur d'une telle distinction. « L'église du Latran, dit saint Pierre Damien, de même qu'elle est désignée sous le nom du Sauveur qui est vraiment le chef de tous les élus, de même elle est la mère et la couronne et la tête de toutes les églises de la terre. » 2

Evoquant l'heureux souvenir du pape Pie XI Notre glorieux prédécesseur, venu après la conclusion des accords du Latran dans cette basilique sous des présages favorables, et faisant suite avec enthousiasme à ses desseins, Nous implorons la paix pour tous, Nous souhaitons vivement la paix pour cette demeure de Dieu. « Que la paix éternelle de la part de l'Eternel soit à cette maison. Paix durable, que le Verbe de Dieu soit la paix pour cette maison. Que le consolateur apporte la paix à cette maison. » 3

Que la paix évangélique, que la grâce de l'Esprit-Saint, que la sérénité d'une espérance ferme, que la vraie charité, que la miséricorde surabondent à jamais en vous qui Nous entourez, et en heureux présage Nous vous bénissons de tout coeur.

Epist., 2, i.

Pontifical Romain, de la dédicace d'une église.






DISCOURS AUX JEUNES ÉPOUX ET A DES PÈLERINS SLOVÈNES

(24 mai 1939) 1

Le 24 mai, le Souverain Pontife reçut en audience générale de nombreux jeunes couples, un pèlerinage de Slovénie et d'autres fidèles, et prononça ce discours :



Aux jeunes époux.

Nous Nous sentons vraiment heureux et profondément ému de vous voir ici, chers époux, vous dont la bénédiction nuptiale a sanctifié et consacré l'amour et qui avez déposé au pied de l'autel la promesse d'une vie chrétienne toujours plus intense. Dorénavant vous vous sentirez une double obligation de vivre en vrais chrétiens : Dieu attend des époux qu'ils soient des conjoints chrétiens et des parents chrétiens.



Mission des nouvelles familles.

Jusqu'à hier vous avez été des enfants soumis aux devoirs propres aux enfants ; mais dès l'instant de votre mariage vous voilà devenus des fondateurs de nouvelles familles, aussi nombreuses que les couples d'époux qui Nous entourent.

Nouvelles familles destinées à alimenter un avenir qui se perd dans les secrets de la divine Providence. Familles destinées à alimenter la société civile de bons citoyens soucieux de procurer à la cité ces biens dont jamais peut-être le besoin ne s'est fait sentir comme aujourd'hui : le salut et la sécurité. Familles destinées à alimenter l'Eglise de Jésus-Christ, parce que c'est des nouvelles familles que l'Eglise attend de nouveaux enfants de Dieu qui obéissent à ses saintes lois. Familles destinées enfin à préparer de nouveaux citoyens à la patrie céleste, au terme de cette vie temporelle.

Mais ce grand bien que vous êtes appelés à réaliser dans votre nouvel état de vie, vous ne pouvez y compter que si vous vivez en époux chrétiens et en parents chrétiens.

Vivre chrétiennement dans le mariage, c'est accomplir fidèlement, outre les devoirs communs à tout chrétien, à tout enfant de l'Eglise catholique, les obligations propres à l'état conjugal. L'apôtre saint Paul, écrivant aux premiers époux chrétiens d'Ephèse, mettait en relief leurs mutuels devoirs et les ramassait en une vigoureuse formule : « Que les femmes soient soumises à leurs maris comme au Seigneur ; car le mari est le chef de la femme, comme le Christ est le chef de l'Eglise » (Ep 5,22-23). « Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l'Eglise et s'est livré lui-même pour elle » (Ep 5,25). « Et vous, pères, n'exaspérez pas vos enfants, mais élevez-les en les corrigeant et en les avertissant selon le Seigneur » (Ep 6,4).

Tout en vous rappelant, chers époux, l'observance de ces devoirs, Nous formons les meilleurs voeux pour vous et Nous vous accordons la bénédiction que vous êtes venus demander au Vicaire de Jésus-Christ et que Notre prière souhaite abondante, et pour les familles dont vous sortez et pour les nouvelles que vous venez de fonder.

Après quelques phrases de bienvenue prononcées en slovène, le Saint-Père poursuivit en italien, s'adressant aux pèlerins de Ljubljana.

Nous voulons souhaiter une bienvenue particulièrement cordiale à Notre cher et vénéré Frère, l'évêque du diocèse de Ljubljana, à ses prêtres, aux représentants de la Ligue culturelle catholique Slovène et à tous ceux qu'il a conduits vers Nous en si grand nombre.

Protégez et défendez, chers fils, celle qui est la base fondamentale de toute civilisation humaine et surtout chrétienne, dont l'affaiblissement ou la presque totale décomposition dans ' quelques pays Nous remplit de graves préoccupations, mais qui chez vous, par contre — et vous pouvez en être saintement fiers — est restée à peu près intacte : Nous voulons parler de la famille saine et chrétienne. Soutenez aussi l'école catholique, qui en est comme l'intégration et le complément. C'est pour Nous un grand réconfort de savoir combien est florissante votre vie religieuse et combien vous vous efforcez de la rendre toujours plus intense en vous inspirant des buts élevés que vous suggèrent la dévotion au Coeur Sacré de Jésus, la Congrégation mariale et l'Action catholique. Ayez soin de consolider toujours davantage ce que l'on pourrait appeler la colonne vertébrale de votre culture religieuse : la forte conscience, la franche profession de votre foi catholique et l'intime union avec ce Siège apostolique, qui a toujours été et sera toujours le secret de votre grandeur et de votre fidélité. Ainsi vous serez du même coup de bons Slovènes, très fidèles à votre chère patrie, pour laquelle Nous implorons de Dieu une durable prospérité et une large bénédiction.






DISCOURS AUX JEUNES ÉPOUX ET A D'AUTRES GROUPES DE PÈLERINS

(31 mai 1939) 1

Recevant en audience générale des jeunes époux, des jeunes gens de l'Association « Dante e Leonardo » et de nombreux autres pèlerins, le Souverain Pontife s'adressa successivement à chacun des groupes.

1 D'après le texte italien de Discorsi e Radiomessaggi, t. I, p. 145 ; traduction française des 'cours aux jeunes époux, t. I, p. 22.





Aux jeunes époux.

Nous adressons comme d'habitude Notre paternel salut avant tout aux jeunes époux, et Nous ne pouvons aujourd'hui Nous empêcher d'attirer leur attention sur une circonstance spéciale de cette audience publique, où leur présence occupe une place si importante.





Marie, modèle des vertus domestiques.

Il va finir, le mois de mai, que vous avez, chers enfants, selon la sainte tradition de tout le peuple chrétien, cojsacré de pieux hommages à la Sainte Vierge ; il va finir le mois de mai, o, répondant avec élan à Notre `ppel, vous avez uni votre prière à la NT'f4tre pour le retour de la paix dans le monde.

Oui, il est à son déclin, le mois de mai ; mais elle ne doit pas décliner, dans vos coeurs, la dévotion si salutaire et si douce envers la Mère de Dieu, car c'est surtout de votre constante fidélité à la pratiquer que vous pouvez vous promettre de précieux fruits de bénédiction et de grâce.

Continuez donc à la pratiquer dans les manifestations publiques et dans la vie privée, dans les églises et dans les foyers. Qu'à Marie aille le tribut quotidien de votre vénération et de vos prières, l'hommage de votre filiale confiance et de votre tendre amour envers cette Mère de bonté et de miséricorde.

Mais n'oubliez pas, époux chrétiens, que la dévotion mariale ne saurait se dire véritable et efficace, si elle n'est pas vivifiée par l'imitation des vertus de celle que vous honorez.

La Mère de Jésus est en effet un modèle achevé des vertus domestiques dont doit briller l'état de mariage. En Marie vous trouvez l'affection la plus pure, la plus sainte et la plus fidèle, une affection toute de sacrifices et d'attentions délicates envers son très chaste époux ; en Elle vous trouvez un entier et incessant dévouement aux soins de la famille et du foyer ; en Elle, une foi parfaite et l'amour de son divin Fils ; en Elle, l'humilité, que manifestent sa soumission à Joseph, son inaltérable et sereine patience au milieu des incommodités de la pauvreté et du travail, sa pleine conformité aux dispositions souvent dures et pénibles de la divine Providence, sa douce amabilité pour tous ceux qui approchaient la sainte maisonnette de Nazareth.

Voilà, chers enfants, à quel point vous devez porter votre dévotion mariale, si vous voulez qu'elle constitue une source toujours vive de faveurs spirituelles et temporelles et de bonheur vrai. Faveurs et bonheur que Nous demandons pour vous à la Sainte Vierge et dont Nous vous donnons un gage dans Notre Bénédiction apostolique.



Aux étudiants membres de l'association * Dante e Leonardo ».

Et maintenant à vous, chers jeunes gens, qui, réunis sous les auspices de Dante e Leonardo — deux très pures gloires chrétiennes — venez Nous confirmer, à l'occasion du trentième anniversaire de votre association, votre inébranlable résolution de servir le Père commun des fidèles, comme vous auriez servi Jésus sur la terre, Nous voulons rappeler les engagements que ce service vous impose dans le cadre de vos obligations scolaires, qui occupent actuellement et doivent occuper une si grande part de votre vie.

Au milieu de vos études — littéraires ou scientifiques — par lesquelles vous vous préparez à entrer dans le monde de la culture, et partant dans les classes dirigeantes, vous devez maintenir d'autant plus élevé le rythme de votre travail et d'autant plus limpide la pureté de votre vie, que plus noble est la mission que vous avez acceptée, montrer par votre exemple l'harmonie magnifique de la science avec la foi, et ainsi tenir bien haut, au milieu du monde savant, le nom de Jésus-Christ et de son Eglise. Voilà ce que Nous vous demandons, chers jeunes gens, qui êtes Notre espérance ainsi que celle de vos familles et de la société. Et Nous demandons à Dieu que vous en ayez la profonde conscience et la volonté ardente et efficace. Que l'Esprit Consolateur, dont nous célébrons aujourd'hui la merveilleuse mission et qui est la force des croyants — Spiritus fortitudinis — vous soutienne dans vos combats, intérieurs et extérieurs, contre l'erreur et contre le mal ; qu'il vous donne dans le bon combat la joie toujours vaillante de vous sentir les membres de la milice chrétienne, apôtres de la Vérité et du Bien, dignes de cette nombreuse jeunesse qui s'est dévouée au Christ aux heures solennelles de l'histoire ancienne et récente de l'Eglise.

Avec ces voeux, qui correspondent pleinement aux vôtres et aux voeux de ceux qui vous assistent et vous dirigent, Nous invoquons sur votre association la grâce de la plus féconde vitalité et les plus insignes bénédictions du Ciel.



Le Saint-Père a salué ensuite les autres pèlerins en ces termes :

Pour finir, Nous voulons, comme toujours, saluer aussi tous Nos fils et filles présents, en tout premier lieu le groupe nombreux des femmes d'Action catholique, qui, sous la conduite de Notre cher et vénéré Frère, l'Abbé de Subiaco, sont venus en pieux pèlerinage à Rome puiser aux pieds de Notre-Dame « Salus Populi Romani » de nouvelles lumières et de nouvelles forces pour les oeuvres de leur saint et généreux apostolat. A vous tous, à toutes vos familles, à toutes les personnes qui vous sont chères et pour lesquelles vous la désirez, Nous donnons la plus large et paternelle bénédiction, de même que Nous entendons bénir tous les objets de dévotion que vous avez apportés avec vous dans cette intention.






DISCOURS AUX MEMBRES DU SACRÉ COLLÈGE

(2 juin 1939) 1

1 D'après le texte italien de Discorsi e Radiomessaggi, t. I, p. 151 ; cf. traduction française de la Documentation Catholique, t. XL, coi. 809.

Le Souverain Pontife a reçu, le 2 juin, les membres du Sacré Collège venus lui présenter leurs voeux à l'occasion de la fête de saint Eugène, et leur parla de la mission pacificatrice de l'Eglise et de sa démarche auprès des gouvernements en faveur de la paix du monde dangereusement menacée. Voici la traduction de ce discours prononcé en italien :

Aujourd'hui, pour la première fois, les impénétrables desseins de Dieu Nous permettent de célébrer le souvenir sacré de Notre saint patron sur la Chaire de Pierre, si indigne héritier que Nous soyons de cette magistrature suprême, à laquelle Eugène 1er apporta un nouvel éclat, par le zèle vigilant de son action apostolique, aussi bien que par l'insigne piété et l'intégrité de sa vie. En cette circonstance, rien ne pouvait Nous être plus agréable que de voir réunis autour de Nous ceux que l'extrême bonté de la Providence a daigné Nous associer comme les plus intimes conseillers et collaborateurs dans les saintes et multiples sollicitudes du suprême ministère pastoral. Les voeux, qu'en des termes si élevés et si pieux le vénérable doyen du Sacré Collège, également cher à vous et à Nous-même, vient de Nous adresser en votre nom, avec cette noblesse de pensée et de parole dont il a le secret, sont pour Nous l'expression sensible d'un sentiment intime, d'un dévouement sincère de votre âme, pour lequel Nous vous sommes profondément reconnaissant. Et, en même temps, Nous Nous sentons singulièrement poussé à supplier le Seigneur, comme faisait l'Apôtre des gentils, « pour que vous ayez en nous un nouveau sujet de fierté en Jésus-Christ », ut gratulatio vestra abundet in Christo Jesu in nobis (Ph 1,26). Notre espérance prend son appui et son affermissement, par-dessus tout, en la grâce aux formes multiples de Celui qui « a choisi ce qui est faible en ce monde... pour confondre ce qui est fort ». Infirma mundi elegit... ut confundat fortia (1Co 1,27). Mais au jour et à l'heure où votre confiance fraternelle et la volonté de Dieu, qui se manifestait par elle, Nous chargèrent de cet office, dont tout ensemble la dignité et le poids Nous effrayaient, ce Nous fut un réconfort et un apaisement que la certitude de vous avoir à Nos côtés et de trouver en vous, en votre science, en votre expérience, en votre profonde sagesse acquise et mûrie au prix de longues années de labeur, les plus fermes et les plus fidèles collaborateurs.



La prière de l'Eglise pour la paix entre les nations.

Vos souhaits formulés pour le Père de la famille spirituelle au jour de sa fête — lequel vous en remercie et vous aime dans la charité du Christ — Notre coeur les renvoie à l'Eglise, Epouse du Rédempteur et notre Mère, puis au monde, vers lequel vont toute Notre sollicitude, toute Notre pensée, dans les circonstances présentes. A cette heure, en effet, le monde est, sur bien des points, comme saturé de ferments en activité, faisant germer ou éclore des événements, dont la plus perspicace sagesse humaine ne saurait dire si le résultat final de leur évolution sera oeuvre de construction ou de ruine. L'Eglise n'est pas fille du monde ; mais elle est dans le monde, elle vit en lui, de lui elle reçoit ses enfants ; elle prend part à toutes les alternatives de joie et de tristesse du monde ; c'est au milieu du monde qu'elle souffre, combat et prie — tout comme, au temps de ses origines, elle priait avec le grand apôtre Paul et faisait « des supplications, des prières, des voeux, des actions de grâces, pour tous les hommes ; pour les rois et pour tous ceux qui occupent un poste élevé, afin que nous menions une vie paisible et tranquille : ut quietam et tranquillam vitam agamus, en toute piété et honnêteté ; car cela est bon et agréable aux yeux de Dieu notre Sauveur, « qui veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à la connaissance de la vérité » (1Tm 2,1-4). Qu'est cela, sinon la prière pour la paix entre les nations que l'Eglise, depuis l'aurore du christianisme, fait monter vers ce Dieu, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité ?



La mission pacificatrice de l'Eglise.

Mais sur la route de l'histoire, dans la réalité des faits à travers lesquels elle chemine, la marche de l'Eglise est devenue plus difficile et plus ardue qu'en d'autres temps. Elle se trouve au milieu d'un monde d'oppositions et de scissions, de conflits dans les sentiments et dans les intérêts, d'idées sans modération et d'ambitions sans mesure, de craintes et d'audace, au sein d'une humanité qui semble ne pas savoir encore reconnaître ni décider quel parti elle doit prendre : admettre comme première règle d'action et suprême arbitre de ses propres destinées le tranchant de l'épée ou la noble souveraineté du droit, se confier à l'empire de la raison ou à celui de la force. C'est pourquoi l'Epouse du Christ se heurte à plus d'obstacles et d'objections dans ses efforts pour assurer à ses principes et à ses exhortations, toujours dictés par sa mission religieuse et devant aboutir dans leur développement au bien de chaque peuple comme à celui de toute la communauté humaine, cet accueil qu'elle souhaite, ce loyal empressement dans l'acceptation, sans quoi sa parole resterait une « voix qui crie dans le désert » : vox clamantis in deserto. D'autre part, les devoirs sacrés de Notre ministère apostolique ne peuvent admettre que ni des obstacles extérieurs, ni la crainte de voir mal interprétés ou incompris Nos intentions et Nos desseins, toujours orientés vers le bien, Nous empêchent d'exercer ce salutaire office de pacification, qui est propre à l'Eglise. L'Eglise ne se laisse pas séduire ni enchaîner par des intérêts particuliers ; elle ne songe pas à se mêler, sans y être invitée, à des contestations territoriales entre les Etats, ni à se trouver entraînée dans la complexité des conflits qui facilement en découlent. Elle ne peut cependant pas, en des heures où la paix court les plus grands dangers et où les passions se font plus violentes dans la discussion, renoncer à dire maternellement son mot et, si les circonstances le permettent, à offrir maternellement ses services pour empêcher l'intervention imminente de la force, avec ses incalculables conséquences matérielles, spirituelles et morales.



Démarche du Saint-Siège auprès des gouvernements pour le maintien de la paix.

Dans cet esprit de justice et de paix, que Nous ressentions au plus intime de Notre coeur de Père commun, Nous avons cru opportun, après mûre considération, à une heure de la vie des peuples qui semblait particulièrement grave, au début du mois de mai dernier, de faire connaître à certains hommes d'Etat de grandes nations européennes les préoccupations que Nous inspiraient alors la situation et Notre crainte que les dissensions internationales s'exaspérant ne dégénèrent en conflit sanglant. Cette démarche — Nous le disons avec reconnaissance — a en général rencontré la sympathie des gouvernements et, une fois connue du public sans que Nous eussions rien fait pour cela, suscité la gratitude des populations ; Nous reçûmes des assurances de bonne volonté et du désir de maintenir la paix tant souhaitée des peuples. Qui plus que Nous pouvait être satisfait de connaître ce commencement d'une détente des esprits ? Qui pouvait désirer et souhaiter avec plus d'ardeur qu'elle s'affermît toujours davantage ? Et Nous ne voulons pas cacher que d'autres informations, parvenues à cette occasion même jusqu'à Nous, touchant les sentiments et les intentions d'hommes d'Etats influents — Nous leur en sommes vivement reconnaissant — ont augmenté pour Nous dans une certaine mesure l'espoir que les considérations de noble humanité, la conscience de l'inévitable responsabilité encourue devant Dieu et devant l'histoire, une idée exacte des vrais intérêts de leurs peuples, ont assez de force et de poids pour amener les gouvernements, dans leurs efforts en vue d'une paix stable sauvegardant la liberté et l'honneur des nations, à des pensées et à des actes capables d'atténuer, de réduire ou de vaincre les obstacles matériels et moraux s'opposant à une entente sincère et solide. Cette circonstance a laissé la voie ouverte à de nouvelles sollicitudes de Notre part et à de nouvelles instances.



Confiance dans la divine Providence.

Mais les destinées et le bonheur des peuples sont dans les mains de quello Imperador che lassa régna 2,du Maître qui règne dans les cieux, le Père des lumières, la source de tout bien parfait dans le monde. Avec le bonheur et les destinées des peuples, il tient aussi dans ses mains les coeurs des hommes : du côté qu'il voudra, il les fera pencher. Il sait élargir, restreindre, arrêter ou diriger leur volonté sans en changer la nature. Dans l'oeuvre de l'homme, tout est faible comme l'homme ; ses pensées sont timides, incertaines ses prévoyances, ses moyens manquent de souplesse, et ses pas de fermeté ; il marche vers un but toujours obscur. Dans l'oeuvre de Dieu, tout est fort comme lui : ses desseins ne connaissent pas le doute ; sa puissance se plaît et semble se jouer dans le gouvernement du monde ; il trouve ses délices parmi les enfants des hommes, mais rien ne lui résiste ; en ses mains les obstacles eux-mêmes deviennent des moyens de modeler les choses et les événements, de tourner les esprits et les libres vouloirs humains vers les fins sublimes de sa miséricorde et de sa justice, les deux étoiles de son universel empire. En lui repose Notre plus ferme espérance. Pour implorer les lumières et les bénédictions célestes sur les événements actuels et sur les décisions qu'ils préparent, au mois de mai déjà Nous appelions autour de l'autel de Marie le monde catholique à une croisade de prières et Nous mettions à l'avant-garde les candides légions des enfants, comme des lys éclos aux pieds de la Vierge Marie, protégés par les saints anges, appelés par Jésus auprès de lui, par lui embrassés, bénis, offerts en modèle à tous les héritiers du royaume des cieux. L'innocence qui prie et supplie est un avertissement et un exemple. Nous sommes heureux à cette occasion de manifester la douce joie éveillée dans Notre coeur par le souvenir de ce louable et pieux empressement, de cette ferveur intense, de cette sainte et cordiale émulation qui ont éclaté parmi les fidèles du monde entier, en réponse à cet appel mariai. Entrés maintenant dans le beau mois de juin dédié au Coeur Sacré de Jésus, Nous Nous tournons avec une ardeur accrue, avec une plus grande et plus instante espérance, vers Celui qui est le roi et le centre de tous les coeurs, rex et centrum omnium cordium, le refuge et le soutien de tous ceux qui sont dans l'angoisse et la crainte, qu'il daigne, lui à qui a été donnée toute puissance au ciel et sur la terre, apaiser les flots du monde troublé et agité, qu'il fasse passer parmi les hommes et les nations le souffle d'un esprit nouveau ! Que par lui Nos appels à la paix trouvent dans les coeurs des gouvernants et des peuples cet écho, et, dans les décisions et les actes des pouvoirs responsables, ces réalisations pratiques que demandent les désirs et les prières de tous les hommes de bien !

Avec ce voeu sur les lèvres et dans le coeur, Nous vous accordons, comme gage de l'abondance des grâces divines, dans la plénitude de Notre reconnaissance, la Bénédiction apostolique.



2 Dante, Enfer, 1, 124.




ALLOCUTION AU CHAPITRE GÉNÉRAL DES FRÈRES MINEURS

(S juin 1939)1

Recevant en audience solennelle les religieux des Frères Mineurs qui ont participé au Chapitre général tenu au couvent de Sainte-Marie-des-Anges, à Assise, le Saint-Père prononça cette allocution :



Alors que s'achève à Assise la réunion du Chapitre général, chers fils, avant de regagner vos maisons si bien disséminées par-delà les mers sur des terres lointaines, conduits par Notre Vénérable Frère Ange Marie Dolci, cardinal protecteur de votre ordre, votre eminent interprète, vous avez voulu Nous rendre visite et Nous témoigner votre remarquable attachement. Nous sommes charmé de vous entendre et de vous voir, Nous sommes heureux de votre zèle et Nous Nous réjouissons de votre soumission. Nous vous adressons nommément toutes Nos félicitations pour avoir pris, au cours des récentes réunions de votre famille religieuse que vous avez tenues, des décisions salutaires et pour avoir réélu pour ministre général de votre ordre Léonard Marie Bello, homme d'une haute sagesse et dont l'esprit de religion mérite la plus grande considération ; Nous prions Dieu pour lui afin que comblé de grâces il ait toute la force voulue pour accomplir avec douceur et fermeté les diverses fonctions de la charge qui lui est confiée, qu'il s'enrichisse de mérites, qu'il déborde de consolations ; Nous savons du reste que pour lui, comme il se doit, diriger n'est pas autre chose que servir.

Mais en vous Nous désirons saluer l'ordre franciscain tout entier dont vous-mêmes êtes la force et la fleur, l'élite de ses guides et ses plus éminents conseillers. Nous proclamons ouvertement et publiquement aujourd'hui mettre en votre ordre Notre grande confiance et Notre grand espoir, puisqu'aux maux funestes qui corrompent ce siècle de dureté, l'âme généreuse du bienheureux François, la forme et la règle de sa vie en tous points parfaite, peuvent apporter les remèdes convenables. Le XIIIe siècle a avec notre époque une certaine ressemblance, où votre père et législateur se leva, tel le plus beau des astres dont les actions merveilleuses seraient à chanter dans une langue plus céleste qu'humaine. C'est alors que la raison humaine surestimée commençait à accumuler ici et là les périls contre la foi, la soif de l'or agitait les esprits, l'amour de soi mal dirigé et la frénésie des désirs allumaient des guerres ensanglantant les nations par des massacres entre frères, les erreurs de croyances pernicieuses, qui embrouillaient tout en détruisant le fondement de l'autorité et en renversant le droit de propriété, s'efforçaient d'abattre la religion et la société. Dieu dans sa bonté vint au secours du genre humain qui se précipitait à sa perte par l'assistance des saints François et Dominique et de leurs milices sacrées ; le respect pour l'Eglise romaine stimulé, le goût pour la pénitence, l'excellence de la pauvreté et la douceur évangélique devenues objets du plus haut amour et mises à l'honneur, les moeurs des peuples, par un miracle imprévisible, resplendirent de foi et d'humanité et comme si on avait chassé le sombre hiver, partout des fleurs gracieuses apparurent au loin sur notre terre.

Maintenant encore il fait froid, pris par les glaces le siècle hostile à la vertu se meurt de froid ; la charité s'est pitoyablement affaiblie, elle qui, don inexprimable du Christ, unit les coeurs par des liens solides et les apaise par les richesses de la paix intérieure ; la loi divine est méprisée par la plupart, elle qui, source pure de la vie, engendre en même temps le salut ; l'orgueil s'enfle démesurément et fait naître trop de crimes.

Que par vous, très chers fils, revienne vers les humains, le bienheureux François, ange tenant l'étendard du Dieu vivant (Ap 7,2) marqué des stigmates du Christ Jésus crucifié, qui brûla d'une charité si grande envers Dieu et les hommes.

Car les hommes d'aujourd'hui, détournés de Dieu pour la plupart à cause des mille pièges de la séduction et corrompus dans la vie religieuse et sociale, ont besoin d'apôtres à l'image du bienheureux François, apôtres, disons-Nous, qui soient attachés pleinement et de façon absolue à Dieu seul, apôtres qui vivent une vie simple et vraiment pauvre et cherchent non pas ce qui est à eux mais ce qui appartient à Jésus-Christ et aux âmes, qui brillent devant tous par leur exemple et qui surtout s'attachent les pauvres et les mal lotis, des apôtres pleins d'une patience inépuisable pour les faibles, des apôtres enfin qui soient enflammés pour tous par cette charité très pure que saint Paul dans le cantique de la charité décrit et vante remarquablement (1Co 13).

Pour que cela arrive sous d'heureux auspices, que soient nobles les desseins que vous poursuivez. « Il ne vous appartient pas — Nous utilisons une exhortation d'un disciple de saint Bernard — de vous endormir sur des préceptes généraux ni d'être seulement attentifs à ce que Dieu prescrit, mais à ce qu'il veut, cherchant quelle est la volonté de Dieu, bonne, bienveillante et parfaite. Aux autres, il appartient de servir Dieu, à vous d'y adhérer » 2.

Voilà ce que Nous voulons, voilà ce que Nous désirons pour vous et vos compagnons, pour ceux qui sont inscrits dans le Tiers-Ordre de la Pénitence ; dans les sentiments d'une charité paternelle, Nous bénissons tous ceux qui appartiennent à votre famille franciscaine, ses entreprises, ceux qui s'appliquent aux saintes missions dans les territoires infidèles avec un zèle ardent pour que les frontières de la chrétienté s'élargissent et que la Croix du Christ couvre de son ombre salvifique de nouvelles nations. Paix et bonheur pour vous tous, en abondance et pour toujours.



Guidonis Epistula seu tractatus ad Fratres de Monte Dei, c. II, Migne, P. L., t. 184, col. 311.





ALLOCUTION POUR LE 950\2e \0ANNIVERSAIRE DU BAPTÊME DE SAINT VLADIMIR

(6 juin 1939) 1

Les élèves du Collège pontifical ruthène et du Collège pontifical russe de Sainte-Thérèse de l'Enfant Jésus ayant offert leurs hommages à Sa Sainteté à l'occasion de la célébration du 950e anniversaire du baptême de saint Vladimir, le Saint-Père leur a adressé l'allocution suivante :

Nous sommes très heureux, chers fils, de vous saluer après le solennel triduum que Nous-même avons recommandé chaudement par Notre lettre apostolique et qui a montré au monde entier l'intérêt paternel que le Vicaire du Christ porte à ces immenses et riches régions qui se réclament de saint Vladimir. C'est lui, le prince qui a converti son peuple, qui vous a, on peut bien le dire, conduits jusqu'à Nous. C'est lui qui, après avoir tracé à ses fidèles slaves le nouveau chemin qui devait les conduire au Christ et fixer pour les siècles et pour l'éternité la destinée surnaturelle et glorieuse de son peuple, ne cesse aujourd'hui de le protéger, d'intercéder pour lui et de lui indiquer le destin qu'il doit suivre ou reprendre pour rester fidèle à l'esprit de son baptême.

Nous sommes donc particulièrement heureux de vous recevoir aujourd'hui, à l'occasion du 950e anniversaire du baptême d'un prince aussi pieux et aussi grand, vous qui êtes une « portion choisie » de ce peuple, les vrais fils de saint Vladimir, les authentiques descendants de la lignée qui fut la sienne, les héritiers de son esprit dans toute sa plénitude, esprit de foi chrétienne universelle et d'union filiale au Siège romain.

Parmi vous, Nous voyons en première ligne Nos chers fils les prêtres ruthènes et russes et surtout Notre Vénérable Frère, le premier évêque catholique russe, qu'il Nous est particulièrement agréable de féliciter et de bénir, dans l'espérance et avec l'augure qu'il soit lui aussi le premier d'une longue série de prélats de sa nation unis au centre de la chrétienté.

Ce Nous est aussi un sujet de vive satisfaction de bénir Nos séminaristes aimés qui ont été les promoteurs de cette solennelle commémoraison. En premier lieu, le collège où reçoivent leur formation les prêtres de l'Eglise ruthène, florissante par le grand nombre de ses fidèles, par leur intense vie catholique ; cette Eglise qui, à juste titre, se glorifie de saint Vladimir et de ces autres grandes et belles figures, lumières très pures de l'Eglise universelle, que sont le martyr saint Josaphat et le célèbre et vénérable métropolite Rutzky. Que dirons-Nous ensuite du Russicum qui compte à peine dix ans d'existence, mais qui Nous est spécialement cher, comme il l'était à Notre prédécesseur d'immortelle mémoire, parce qu'il porte en lui des promesses et des espoirs immenses, immenses comme les peuples des régions pour lesquelles il prépare des apôtres ?

Nous bénissons en outre avec une affection particulière la colonie russe de Rome. Oui, chers fils et filles, il Nous est vraiment agréable de vous voir aujourd'hui rassemblés autour de Nous. Parce que vous représentez à Nos yeux tout votre peuple de la Russie d'hier, d'aujourd'hui et de demain, la Russie pour laquelle Nous ne cessons de prier et de faire prier, en laquelle nous espérons toujours avec ferveur, à la résurrection spirituelle de laquelle Nous croyons fermement.

Enfin Nous bénissons de tout coeur Nos chères filles les Dames de charité, qui avec tant de dévouement se consacrent à soulager et assister les misères des pauvres Russes de Rome. Nous les remercions spécialement d'avoir su aussi bien comprendre et prodiguer le véritable esprit de saint Vincent de Paul et d'avoir consacré leur activité en faveur de ces êtres humains abandonnés que la société aurait peut-être été tentée d'oublier.

A tous et à toutes, Nous accordons une grande et paternelle bénédiction et Nous élevons en même temps vers Dieu une fervente prière pour la Russie et pour ceux qui là-bas souffrent et attendent dans les larmes l'heure de Dieu.






Pie XII 1939 - ALLOCUTION A L'ÉPISCOPAT ET AUX FIDÈLES DE RITE GREC-MELCHITE