Pie XII 1940 - SACRÉ COLLÈGE


DISCOURS AUX JEUNES ÉPOUX

(5 juin 1940) 1

Parlant aux jeunes époux et aux autres fidèles qui s'y étaient joints, le Saint-Père rappela l'importance du culte du Sacré-Coeur dans les familles.

Comment, chers fils, ne pas vous parler du Sacré-Coeur de Jésus, en ce mois qui lui est consacré, durant l'octave de sa fête ? Comment ne pas vous parler de cette source inépuisable de tendresse humaine et divine, alors que votre toute jeune affection frémit d'espérance à la pensée d'un radieux avenir, et de crainte à la vue du sombre présent, angoissée de savoir s'il existera encore un coin de terre où deux coeurs puissent s'aimer dans la tranquillité et la paix ?

La paix, du moins celle de l'âme, qui subsiste malgré les agitations du dehors, Jésus nous exhorte à la rechercher dans la dévotion à son Coeur : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos de vos âmes » (Mt 11,29). Se tenir à l'école de Jésus, apprendre de son Coeur la douceur et l'humilité — ces divins remèdes à la cause de toutes les fautes et de tous les malheurs des hommes (Si 10,15), à la violence et à l'orgueil — voilà pour les individus et pour les nations elles-mêmes la source du bonheur que vous désirez et que Nous souhaitons à votre foyer domestique.

Les révélations pleines d'amour, qui ont donné une impulsion si vive à la dévotion au Sacré-Coeur dans les temps modernes, nous ont communiqué entre autres cette promesse de Notre-Seigneur, que partout où l'image de son Coeur serait exposée et particulièrement honorée, elle attirerait toutes sortes de bénédictions. Forts de ces paroles divines, sachez vous assurer les bienfaits de cette promesse

en conservant à votre foyer, avec les honneurs qui lui sont dus, l'image du Sacré-Coeur.

Les familles nobles se sont toujours fait gloire de pouvoir montrer, taillé dans le marbre, fondu dans l'airain ou peint sur la toile, le portrait de leurs ancêtres, qu'elles contemplent dans leurs palais et châteaux avec une légitime fierté. Mais il n'est pas nécessaire que nous soyons nobles ou qu'il s'agisse d'une oeuvre d'art pour que notre coeur s'émeuve devant l'image d'un père ou d'un ancêtre. Que de pauvres habitations où un cadre rustique conserve une simple photographie aux teintes jaunies peut-être, aux lignes effacées par le temps, souvenir précieux et inestimable d'un être cher dont nous avons, un soir de deuil, fermé les yeux et les lèvres, enseveli le corps et perdu la présence sensible, mais dont il nous semble encore, devant son portrait délavé par les ans, revoir le doux et rayonnant regard, entendre la voix familière et sentir la main caressante !

Il convient donc, chers jeunes époux chrétiens, frères de Jésus, que l'image de ce Coeur « qui a tant aimé les hommes », soit exposée et honorée dans votre foyer comme celle des membres de la famille les plus chers et les plus intimes, et que ce Coeur répande sur vos personnes, sur vos enfants et sur vos entreprises, les trésors de ses bénédictions. « Exposée et honorée » : l'image du Sacré-Coeur ne doit pas seulement veiller dans une chambre sur le repos des parents ou des enfants, mais occuper une place d'honneur, sur la porte d'entrée, à la salle à manger, au salon ou à quelque autre endroit plus fréquenté, témoin la parole de Jésus dans le saint Evangile : « Celui qui m'aura confessé devant les hommes, moi aussi je le confesserai devant mon Père qui est dans les cieux » (Mt 10,32).

« Honorée », cela veut dire qu'au pied de la précieuse statue ou de la modeste image, une main empressée portera, au moins de temps à autre, quelques fleurs, allumera un cierge ou maintiendra, en témoignage constant de foi et d'amour, la flamme d'une lampe. C'est là, devant le Sacré-Coeur, que chaque soir la famille se réunira pour un acte d'hommage collectif, pour une humble prière de repentir, pour une demande de nouvelles bénédictions.

Le foyer honore dignement le Sacré-Coeur lorsque tous et chacun le reconnaissent comme Roi d'amour, soumission marquée par l'acte de consécration de la famille au Coeur de Jésus. La consécration n'est rien d'autre qu'un don total de soi-même à une cause ou à une personne sainte. Or le Coeur de Jésus s'est engagé à combler de grâces spéciales ceux qui se donneraient à Lui de cette manière : « Notre-Seigneur m'a promis, écrivait sainte Marguerite-Marie Alacoque, que nul de ceux qui se consacreront à ce divin Cceur ne mourra en disgrâce ! ».

Mais l'acte de consécration impose des devoirs qui obligent toute personne qui le prononce. Le règne du Sacré-Coeur dans la famille — et il a certes le droit de régner partout — veut qu'une atmosphère de foi et de piété y enveloppe les personnes et les choses. Qu'on éloigne donc des foyers consacrés tout ce qui pourrait contrister le Sacré-Coeur : plaisirs dangereux, infidélités, intempérances, livres, revues et images hostiles à la religion et à ses enseignements.

Qu'on en éloigne ces accommodements si fréquents de nos jours dans les relations sociales, ces prétentions de concilier la vérité et l'erreur, la licence et la morale, l'injustice égoïste et avare et les devoirs de la charité chrétienne. Qu'on éloigne de ces foyers consacrés certaines manières de cheminer à la limite de la vertu et du vice, entre le ciel et l'enfer.

Dans la famille consacrée, parents et enfants se sentent sous le regard et dans la familiarité même de Dieu ; aussi vivent-ils dans la docilité à ses commandements et aux préceptes de son Eglise.

Devant l'image du Roi des cieux devenu leur ami de la terre et leur hôte de toujours, ils affrontent sans crainte, mais non pas sans mérites, les fatigues de leurs devoirs quotidiens, les sacrifices qu'imposent parfois des difficultés extraordinaires, toutes les épreuves qu'envoient la Providence, tous les deuils et toutes les tristesses que la mort et la vie elle-même ne manquent jamais de semer sur les sentiers d'ici-bas.

Chers fils et filles, qu'il en soit ainsi de vos familles. Durant votre vie d'ici-bas demeurez unis à Jésus, recevez souvent la sainte communion, vénérez chaque jour l'image du Sacré-Coeur, et vous ne quitterez la terre que pour aller contempler au ciel éternellement la resplendissante et béatifiante réalité de ce Coeur divin. C'est en formant ce voeu que Nous vous donnons, à vous et à toutes les personnes qui vous sont chères, la Bénédiction apostolique, prélude et assurance des plus abondantes grâces.


ALLOCUTION A LAMBASSADEUR DE FRANCE

(9 juin 1940) i

Au nouvel ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de France, S. Exc. le comte Vladimir d'Ormesson, venu lui présenter ses lettres de créance, Sa Sainteté répondit par cette allocution :

Les paroles que vous venez de prononcer, Monsieur l'ambassadeur, en Nous remettant vos lettres de créance, empruntent à la gravité de cette heure, où fondent sur les fils et les filles de votre patrie tant d'indicibles douleurs, un accent profondément pathétique.

Revenant en pensée vers cette terre de France, que Nous admirions il y a trois ans, lors de Notre légation à Lisieux, dans l'éclatante parure de sa fécondité estivale, Nous la voyons aujourd'hui rougie du sang de ses enfants et couverte de ruines sans nom. Comme Notre divin modèle, le Bon Pasteur, Nous sentons Notre coeur s'émouvoir de compassion devant cet excès de dévastation et de souffrances, qui donne une palpable réalité aux lamentations du psalmiste : « Seigneur, vous avez fait voir à votre peuple de dures épreuves ; vous l'avez abreuvé d'un vin d'amertume » (Ps., lix, 5).

Les raisons de la guerre.

Dans ce grand désarroi, vous avez rappelé, Monsieur l'ambassadeur, les vérités d'ordre général qui, par-dessus les frontières linguistiques ou nationales, constituent le fonds essentiel du patrimoine moral de l'humanité. Parmi ces fondamentales valeurs spirituelles, vous avez donné à la foi chrétienne ou, comme vous dites, « à la conception chrétienne de la société et de la vie », la place d'honneur qui lui convient.

Comme des éclairs fendant d'épais nuages, les lueurs dévastatrices de la guerre, dont l'incendie a embrasé de nouveau le vieux continent, ont déchiré devant les yeux de tout observateur attentif et sincère le voile des préjugés, que n'arrivaient point à percer, depuis plus d'un demi-siècle, la voix de l'Eglise et spécialement les avertissements réitérés des derniers papes, Nos vénérés prédécesseurs. L'enchaînement des causes et des effets se fait jour même dans certains esprits, qui jusqu'ici considéraient avec indifférence la croissante déchristianisation de la vie publique et privée, inclinant parfois à voir dans le recul de l'idée chrétienne un progrès de la civilisation moderne ; bon nombre d'entre eux commencent à s'apercevoir, ou en viennent à constater douloureusement, que l'affaiblissement de la foi et l'oubli de l'Evangile ont au contraire accéléré les décompositions intérieures et aggravé les dissensions extérieures, entre les classes sociales comme entre les nations. Puissent les leçons de cette amère expérience se traduire par des actes qui permettent d'espérer un réveil de l'esprit chrétien pour l'avenir, particulièrement dans l'éducation de la jeunesse !

La France, qui met une légitime fierté à se dire la fille aînée de l'Eglise, affrontera avec d'autant plus d'énergique assurance les épreuves futures, que ses enfants, à tous les degrés de l'échelle sociale, feront plus résolument appel aux réserves de force morale contenues dans sa tradition chrétienne, réserves opulentes accumulées depuis des siècles et n'attendant que d'être libérées des entraves opposées encore à leur expansion bienfaisante, pour faire sentir aux gouvernants et au peuple leur plein et total effet.

L'effort demandé aux chrétiens.

Dans le chaos actuel des pensées et des sentiments, Nous voyons, comme un accompagnement inévitable et lamentable des conflits armés, s'ouvrir toujours plus vastes entre les nations les abîmes de passion, de haine, de mépris conscient ou inconscient pour les idées et les opinions d'autrui. Il en résulte pour Nous, comme Père de la chrétienté, un double et pressant devoir. Chez Nos fils et filles de tous les pays, de tous les peuples, Nous voulons d'une part éveiller ou réveiller le sentiment des responsabilités qui s'imposent à la conscience chrétienne ; d'autre part, préparer et affermir dans les âmes une franche disposition à tout entreprendre, pour qu'à des événe-

ments encore sans exemple et modifiant profondément, outre la physionomie de l'Europe, la structure extérieure et sociale de l'humanité, succède l'instauration d'un nouvel ordre chrétien, où soient appliqués loyalement et intégralement ces principes fondamentaux d'équité, de modération et de charité, sans lesquels ne peut se concevoir une vraie et durable paix.

Quand viendra cette heure désirée ? Dieu en garde le secret ; mais Nous le supplions d'en hâter l'avènement. Nous implorons aussi de lui lumière et sagesse, pour ceux à qui sa providence assignera le rôle d'architectes, lourd de responsabilités, dans la construction de la cité future, fondée sur la justice et la saine liberté. En attendant, Nous recommandons Nos chers fils et filles de France à la puissante et paternelle protection du Très-Haut.

Avec Nos souhaits pour S. Exc. M. le président de la République, à qui vous voudrez bien, Monsieur l'ambassadeur, en transmettre la sincère expression ; avec le salut personnel de bienvenue que Nous vous adressons, Nous vous donnons l'assurance que, dans l'exercice de votre haute mission, vous trouverez en Nous un bon vouloir qui ne se démentira point, et un appui toujours prêt à se manifester.




LETTRE APOSTOLIQUE POUR LE PREMIER CENTENAIRE DE L'INSTITUTION DE LA HIÉRARCHIE EN CALIFORNIE (14 juin 1940)

1

Voici la lettre apostolique que Pie XII adressa à l'épiscopat de Californie à l'occasion de la célébration du premier centenaire de l'institution de la hiérarchie ecclésiastique dans leur Etat :

Nous avons appris avec satisfaction qu'à l'occasion du centenaire de l'établissement de la hiérarchie ecclésiastique en Californie, vous avez résolu de célébrer cet heureux événement par des fêtes solennelles. Ce projet, à coup sûr excellent puisqu'il tend à rappeler à la mémoire et à la reconnaissance tant de bienfaits accordés par la divine Providence à votre peuple dans le cours de ce temps, Nous paraît tout à fait conforme à la piété filiale envers Dieu et digne de Notre louange et de Notre recommandation. Quel efficace développement a pris la première administration hiérarchique de l'Eglise dans cette longue série d'années ! Au début, en effet, ne fut fondé qu'un seul diocèse ; et maintenant sur le même territoire fleurissent sept diocèses, dont deux ont été élevés à la dignité de sièges métropolitains.

De cinq mille, le nombre des catholiques s'est élevé à près d'un million deux cent mille. La première vaillante poignée de prêtres, missionnaires de l'ordre des Frères Mineurs, est devenue une légion de mille six cents prêtres. Nombreux sont à l'heure actuelle les grands séminaires, les noviciats, les collèges, les écoles et les instituts de charité qui dirigent sans cesse leurs ressources et leurs forces pour le bien et le progrès de la société. On peut vraiment dire que, sur le territoire du premier diocèse de Californie, le grain de sénevé, selon la parabole du Seigneur, est devenu un arbre immense.

C'est pourquoi, Vénérables Frères, pénétrés d'une douce joie d'un si heureux événement, Nous vous félicitons grandement et Nous tenons à donner à la célébration de ce centenaire plus d'ampleur par Notre autorité et Notre participation.

Assuré que ne vous manquera pas à l'avenir le zèle pour des oeuvres plus grandes encore, Nous présentons de ferventes prières à Dieu qui multiplicabit semen vestrum et augebit incrementa frugum Iustitiae vestrae, « vous fournira la semence à vous aussi, et en abondance, et fera croître les fruits de votre justice » (u Cor., 9, 10).

Avec Nos souhaits fervents et Nos voeux paternels, en présage des grâces célestes et en témoignage de Notre particulière bienveillance, Nous vous accordons en toute charité dans le Seigneur, Vénérables Frères, à vous ainsi qu'au clergé et aux fidèles confiés à votre vigilance, la Bénédiction apostolique.


DISCOURS AUX JEUNES ÉPOUX (19 juin 1940)

1

Reprenant le thème de son discours du 5 juin, le Saint-Père, s'adressant de nouveau ce jour aux jeunes époux et aux pèlerins réunis avec eux, souligne l'espérance que représente dans les angoisses actuelles une vraie et profonde dévotion au Sacré-Coeur.

Il y a quarante ans, à une heure difficile pour la société chrétienne, et moins angoissante que la nôtre cependant, Notre glorieux prédécesseur Léon XIII rappelait dans son encyclique Annum sacrum l'apparition de la croix à un jeune empereur en signe de la prochaine victoire, alors que le joug des Césars opprimait l'Eglise du Christ. « Aujourd'hui, ajoutait Léon XIII 2, apparaît à nos regards un autre symbole, présage des plus heureux : c'est le Coeur Sacré de Jésus, surmonté de la croix et resplendissant au milieu des hommes d'un incomparable éclat. C'est en lui que nous devons mettre toutes nos espérances ; c'est à lui que nous devons demander le salut des hommes et de lui qu'il nous faut l'espérer. »

Cette invitation, jeunes époux, Nous tenons, en ce mois du Sacré-Coeur, à vous l'adresser au milieu des troubles actuels, à vous qui avez besoin, plus que d'autres, de regarder l'avenir avec confiance.

Dieu, qui a créé l'homme par amour et pour en être aimé, n'a pas seulement fait appel à son intelligence et à sa volonté : il a pris lui-même, pour toucher les coeurs, un coeur de chair. Et comme c'est dans la pleine donation mutuelle que l'amour de deux coeurs trouve son expression la plus forte, Jésus daigne proposer à l'homme un échange de coeurs ; il a donné le sien sur le Calvaire, il le donne chaque jour des milliers de fois sur l'autel ; il demande en retour

2 Leonis XIII Acta, 19, pp. 78 - 79.

le coeur de l'homme : « Mon fils, donne-moi ton coeur » (Pr 23,26). Cet appel universel s'adresse spécialement à la famille, car le divin Coeur lui promet, à elle, des faveurs toutes particulières.

La famille dans le plan de Dieu.

Chef-d'oeuvre du Créateur, l'homme est fait à l'image de Dieu (Gn 1,26-27). Or, dans la famille, cette image acquiert, pour ainsi dire, une ressemblance spéciale avec le divin modèle. Comme l'essentielle unité de la nature divine existe en trois personnes distinctes, consubstantiales et coéternelles, ainsi, l'unité morale de la famille humaine se réalise dans la trinité du père, de la mère et des enfants. La fidélité conjugale et l'indissolubilité du mariage chrétien constituent le principe d'une unité qui peut sembler importune à la partie inférieure de l'homme, mais qui est conforme à sa nature spirituelle. D'autre part, l'ordre donné au premier couple humain : « Croissez et multipliez-vous » (Gn 1,22), fait de la fécondité une loi ; il assure à la famille la perpétuité à travers les siècles et met en elle comme un reflet d'éternité.

C'est à la famille que furent promises et accordées les grandes bénédictions de l'Ancien Testament. Noé ne fut point seul à être sauvé du déluge : il entra dans l'arche « avec son fils, son épouse et les épouses de ses fils » (Gn 7,7), pour en sortir sain et sauf avec eux (Gn 8,18). Dieu alors le bénit, lui et sa descendance, à laquelle il ordonna de croître et de se multiplier jusqu'à remplir la terre (Gn 9,1). Les promesses solennelles de Dieu à Abraham, saint Paul (Gal., ni, 16) relève qu'elles ne s'adressaient pas au seul patriarche, mais qu'elles s'étendaient à toute sa descendance, laquelle était destinée à posséder la terre promise et à se multiplier infiniment (Gen., xv et xvii). Lorsque Sodome fut détruite à cause de ses iniquités, et précisément pour ses délits contre la famille, le fidèle Lot, averti par les anges, fut épargné avec ses filles et ses gendres (Gn 19,12-14). Héritier des promesses et des prédilections du Très-Haut, David chanta la miséricorde de Dieu qui se répandrait sur sa race (Ps 17,51) de génération en génération (Ps., lxxxix, 1). Car, si Dieu le prit, petit berger conduisant son troupeau, s'il lui donna un grand nom et le libéra de ses ennemis, c'était pour lui annoncer qu'il « lui ferait une maison », c'est-à-dire une famille, et qu'il aurait pour elle les soins d'un père : « Lorsque tes jours seront accomplis et que tu dormiras avec tes pères, je te susciterai une postérité » (n Rois, 7, 8-12).

Pareillement, la Loi Nouvelle assure des grâces nouvelles à la famille. Le sacrement fait du mariage un moyen de sanctification pour les époux et une source inépuisable d'assistance surnaturelle. Il fait de l'union des époux le symbole de celle du Christ et de l'Eglise ; par lui, les époux deviennent les collaborateurs du Père dans l'oeuvre de la création, du Fils dans l'oeuvre de la Rédemption, du Saint-Esprit dans son oeuvre d'illumination et d'éducation. N'est-ce point là de la part de Dieu une véritable prédilection, un amour de son Coeur, comme le chantait le psalmiste à la vue des pensées du divin Coeur au cours des générations humaines ? Cogitationes cordis eius in generatione et generationem (Ps 32,11).

Le Sacré-Coeur et la famille.

Mais il y a plus. Aux familles chrétiennes le Sacré-Coeur promet et donne davantage. Il a voulu, avant tout, leur offrir un modèle pour ainsi dire plus tangible et plus imitable que la sublime et inaccessible Trinité. Jésus, qui, « auteur et consommateur de la foi », renonça aux joies humaines et, « au lieu de la joie qu'il avait devant lui, endura une croix dont il méprisa' l'infamie» (He 12,2), Jésus n'en goûta pas moins les douceurs du foyer domestique à Nazareth. Nazareth est l'idéal de la famille : l'autorité sereine et sans âpreté s'y allie à l'obéissance souriante et sans hésitation ; l'intégrité s'y joint à la fécondité, le travail à la prière, la bonne volonté de l'homme à la bienveillance de Dieu. Tel est l'encourageant exemple que Jésus propose aux familles chrétiennes.

Mais à vous, chefs de famille des siècles nouveaux, son Coeur réserve des bénédictions encore plus explicites. Ce divin Coeur s'est engagé à assister et à protéger dans leurs nécessités les familles qui se consacraient à Lui. Hélas ! que de soucis, parfois bien durs, pèsent aujourd'hui sur les familles, et combien d'autres les menacent ! Personne, peut-être, ne peut se dire aujourd'hui sans malheur et sans préoccupation pour l'avenir ; et dans la famille le péril de chacun devient la sollicitude de tous et le péril de tous augmente l'anxiété de chaque membre.

C'est donc, maintenant plus que jamais, le moment pour les familles chrétiennes de se tourner vers le Sacré-Coeur et de lui consacrer tout ce qui leur est cher. Confiez-lui le jeune foyer que vous venez de fonder et qui ne désire que s'accroître dans le calme, au milieu des agitations du monde extérieur. Confiez-lui la maison paternelle que vous avez dû peut-être abandonner, quittant des parents âgés, privés désormais de votre appui. Confiez-lui votre patrie, dont la terre fécondée par la sueur et peut-être par le sang de vos ancêtres, vous demande de la servir avec générosité. Avec Nous confiez-lui la sainte Eglise, qui a des promesses de vie éternelle et ne succombera point aux assauts de l'enfer, mais qui pleure comme Rachel sur beaucoup de ses fils qui ne sont plus (Jr 31,15), sur tant d'églises détruites, sur tant de prêtres entravés dans l'exercice de leur ministère, sur de pauvres âmes sans nombre, brebis errant parmi les ruines de leur bercail anéanti ou dans les regrets de l'exil, tandis que la ruse et la séduction s'unissent pour les éloigner de leur véritabe Pasteur.

Confiez enfin l'humanité entière au Sacré-Coeur, cette humanité divisée, déchirée, ensanglantée. Des milliers d'hommes oublient leur baptême et parfois même la loi naturelle que le doigt du Créateur a gravée au fond de chaque conscience. Puissent-ils en retrouver le souvenir avec un sentiment de douloureuse confusion et, après leurs prévarications, rentrer dans leur propre coeur : Mementote istud et confundamini : redite, praevaricatores, ad cor ! (Is 46,8). Puissent-ils, dans ce retour à leur passé et à celui de leurs pères, se souvenir qu'il n'y a qu'un Dieu et qu'il est sans égal : Recordamini prioris saeculi quoniam ego sum Deus... nec est similis mei (ib., ix). Mais qu'ils se souviennent surtout, en contemplant l'image du Sacré-Coeur, que ce Dieu sans égal s'est fait égal aux hommes ; qu'il a un coeur semblable au leur et blessé d'amour pour eux ; que ce Coeur, vivant au tabernacle, est prêt à recevoir leur repentir et leurs supplications, toujours ouvert pour répandre sur eux, avec l'effusion de son sang, l'abondance de ses grâces, seules capables de guérir toutes les misères, de sécher toutes les larmes, de réparer toutes les ruines.


LETTRE DE LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT AU PRÉSIDENT DU COMITÉ PERMANENT ITALIEN DES CONGRÈS EUCHARISTIQUES (20 juin 1940)

1

S. Exc. Mgr Drago, évêque de Tarquinia et Civitavecchia, président du Comité permanent italien des Congrès eucharistiques, ayant présenté au Saint-Père le rapport annuel des congrès eucharistiques qui ont été célébrés en Italie durant l'année 1939, a reçu la réponse suivante de S. Em. le cardinal Maglione, secrétaire d'Etat :

L'hommage du rapport sur le mouvement eucharistique en Italie en 1939 a apporté au Saint-Père un motif de doux réconfort et c'est pourquoi, par mon entremise, il exprime à Votre Excellence Révé-rendissime et à ses collaborateurs ses très vifs remerciements.

Rien ne tient plus à cceur à l'auguste pontife que la renaissance d'une sincère et solide piété chrétienne, qui ait pour aliment et pour centre la très sainte Eucharistie. La ferveur de ce culte est l'indice certain de la délicatesse du sentiment religieux dans le peuple, comme elle est aussi une garantie indubitable de foi solide et pure, fortifiée contre tout piège de l'erreur et féconde en oeuvres qui rendent témoignage à la vérité souveraine.

Le rapport présenté montre clairement que la dévotion fervente au Pain vivant descendu du ciel, qui donne allégresse et force au coeur des hommes, s'intensifie et se répand par toute l'Italie. Que la grâce de Dieu excite et mette toujours plus en oeuvre ce courant spirituel qui permet de concevoir de sereines espérances en un avenir toujours plus prospère pour la religion catholique dans ce noble pays plus favorisé que tout autre des dons de la Providence divine.

Sa Sainteté profite de cette circonstance opportune pour confirmer les suggestions que, durant la récente audience qu'elle vous a accordée, elle a déjà eu l'occasion de vous exprimer en raison de la période exceptionnelle que nous sommes en train de traverser.

Sa Sainteté croit en effet qu'il est bon de rappeler aux évêques qui, quoi qu'il en soit, ont l'intention de célébrer des congrès et des réunions eucharistiques, l'opportunité de contenir dans des limites convenables la partie extérieure de ces manifestations et de restreindre tout apparat superflu et dispendieux pour prendre soin par contre, avec la plus grande diligence, de l'aspect intérieur.

Que l'on réussisse à organiser de solennelles manifestations de culte par lesquelles se renouvellent les consciences et s'exprime et se vivifie la foi, rendue active par la charité ; mais que l'on ait soin d'ajouter aussi la note de propitiation et de pénitence pour obtenir de Dieu la cessation des maux actuels et le retour à des temps heureux et tranquilles.

Et formant les meilleurs voeux de vigoureuse vertu et de vraie joie, le Père commun des fidèles accorde la Bénédiction apostolique à Votre Excellence et à tous ceux qui, phalange sacrée, en Italie, consacrent leurs énergies et leurs soins à l'accroissement de la piété eucharistique.


DISCOURS AUX JEUNES ÉPOUX ET A DES ENFANTS ROMAINS (26 juin 1940)

1 D'après le texte italien de Discorsi e Radiomessaggi, t. II, p. 155 ; cf. la traduction française des Discours aux jeunes époux, t. I, p. 114.

L'audience générale de ce jour réunissait de nombreux jeunes couples et, parmi d'autres pèlerins, 250 enfants de la paroisse Saint-Michel Archange di Pietralata de Rome.

Parlant tout d'abord aux jeunes époux, le Saint-Père leur rappela que seul l'Evangile est source de la paix domestique :

Nous pourrions aujourd'hui, chers jeunes époux, proposer à votre contemplation la gracieuse image que l'Eglise offrait avant-hier à la piété de ses fidèles : un enfant, Jean-Baptiste, fruit miraculeux d'une union restée longtemps stérile, et dont la naissance s'accompagna de prodiges tels que les amis de la famille et les voisins se demandaient avec stupéfaction : « Que sera donc cet enfant ? » (Lc 1,66).

Nous pourrions aussi Nous agenouiller avec vous au tombeau des Princes des apôtres, dont l'Eglise célébrera dans trois jours la fête solennelle, et réveiller pour vous l'écho des sages leçons que saint Pierre dans sa première lettre (in, 1-7) et saint Paul dans son épître aux Ephésiens (v, 22-33) donnaient aux fidèles de leur temps.

Mais parmi les agitations de notre époque, l'avenir de votre jeune foyer vous cause peut-être des soucis, et Nous préférons vous adresser quelques paroles d'encouragement, comme naguère à d'autres jeunes époux. Nous préférons vous dire : « Chers fils et filles, tournez-vous vers le Sacré-Coeur de Jésus, consacrez-vous pleinement à lui et vous vivrez dans la sérénité de la confiance. »


Il n'y a pas de doute que si l'on veut trouver une solution durable à la crise actuelle, il faudra rebâtir la société sur des fondements moins fragiles, c'est-à-dire plus conformes à la source première de toute vraie civilisation, la morale du Christ. Il est non moins certain que pour y parvenir il faudra avant tout rechristianiser les familles, dont beaucoup ont oublié la mise en pratique de l'Evangile, la charité qu'elle exige et la paix qu'elle apporte.

La famille, principe de la société.

La famille est le principe de la société. De même que le corps humain se compose de cellules vivantes qui ne sont pas simplement juxtaposées, mais constituent par leur relations intimes et permanentes un tout organique, ainsi la société est formée, non point d'un conglomérat d'individus qui apparaissent un instant pour disparaître ensuite, mais de la communauté économique et de la solidarité morale des familles, qui, transmettant de génération en génération le précieux héritage du même idéal, de la même civilisation et de la même foi religieuse, assurent ainsi la cohésion et la continuité des liens sociaux. Saint Augustin le notait il y a quinze siècles, lorsqu'il écrivait que la famille doit être l'élément initial et pour ainsi dire une cellule (particula) de la cité. Et comme toute partie est ordonnée à la fin et à l'intégrité du tout, il en déduisait que la paix domestique entre ceux qui commandent et ceux qui obéissent tourne à la concorde des citoyens 2. Ceux-là le savent bien, qui, pour chasser Dieu de la société et la jeter dans le désordre, s'efforcent d'ôter à la famille le respect et le souvenir même des lois de Dieu, exaltant le divorce et l'union libre, mettant des entraves à la tâche providentielle des parents envers leurs enfants, inspirant aux époux la peur des fatigues matérielles et des responsabilités morales qu'entraîne le poids glorieux d'une nombreuse famille. C'est contre de tels périls que Nous désirons vous prémunir en vous recommandant de vous consacrer au Cceur de Jésus.

Ce qui a manqué, ce qui manque au monde pour vivre dans la paix, c'est l'esprit de renoncement évangélique ; et cet esprit manque parce que l'affaiblissement de l'esprit de foi développe l'égoïsme, ruine de la félicité commune. De la foi jaillissent : la crainte de Dieu et la piété, qui rendent les hommes pacifiques ;

2 De Civitate Dei, 1. 10 c. 16.

l'amour du travail, qui conduit à l'accroissement des richesses même matérielles ; l'équité, qui en règle et assure la juste répartition ; la charité, assidue à réparer les inévitables brèches que les passions humaines ouvrent dans le principe de la justice.

La dévotion au Sacré-Coeur incite à l'esprit de sacrifice.

Toutes ces vertus supposent l'esprit de sacrifice que l'Evangile impose aux chrétiens : « Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il renonce à soi-même » (Mt 16,24). Dans les relations sociales et internationales, la cupidité des individus et des nations ne pourra jamais s'accorder avec le bien-être de tous. « D'où viennent les guerres et les luttes parmi vous ? demande l'apôtre saint Jacques (Jc 4,1). N'est-ce pas de vos passions qui combattent dans vos membres ? »

Pour retrouver la paix, les hommes doivent donc réapprendre ce que leur prêchent depuis de longs siècles le Christ et son Eglise : le sacrifice des aspirations et des désirs incompatibles avec les droits d'autrui ou avec l'intérêt commun. Voilà où conduit la voie douce et sûre de la dévotion au Sacré-Coeur.

Tout d'abord, l'image du Coeur divin entouré de flammes, couronné d'épines et ouvert par la lance, rappelle jusqu'où Jésus a aimé les hommes et s'est sacrifié pour eux, c'est-à-dire, selon sa propre expression, « jusqu'à s'épuiser et se consumer ». En outre, la plainte du Sauveur touchant les infidélités et les ingratitudes des hommes imprime à cette dévotion un caractère essentiel de dévotion expiatrice. Double aspect merveilleusement mis en relief par Notre grand prédécesseur Pie XI dans son encyclique Miserentissimus Redemptor et dans la collecte de la messe du Sacré-Coeur, où il est dit qu'il faut joindre à l'hommage de notre piété, devotum pietatis nostrae obsequium, une digne satisfaction pour nos fautes, dignae satisfactionis officium. Ce double élément donne à la dévotion au Sacré-Coeur une particulière puissance à rétablir l'ordre lésé, donc à préparer et à promouvoir le retour de la paix. La grande oeuvre du Christ, ou, pour parler comme saint Paul (2Co 5,19), l'oeuvre que Dieu accomplissait en lui, était de réconcilier le monde avec le Père, Deus erat in Christo mundum reconcilians sibi, et le sang dont le Coeur de Jésus crucifié versa les dernières gouttes, est le sceau de la nouvelle alliance (1Co 11,25) qui renoue entre Dieu et l'homme les liens d'amour qu'avait rompus le péché originel.

Faites donc de ce Coeur le Roi de votre foyer, et vous y établirez du même coup la paix. Et cela d'autant plus qu'il a renouvelé et spécifié les bénédictions de son Père céleste aux familles, par la promesse de faire régner la paix dans celles qui se consacreraient à lui.

Si seulement tous les hommes entendaient cette invitation et ces promesses ! Deux de Nos prédécesseurs, Léon XIII et Pie XI, Pères communs de la chrétienté et guides inspirés du genre humain sur cette terre, ont bien consacré solennellement le genre humain au Coeur de Jésus ; mais que d'âmes ignorent encore, que d'âmes méprisent la source de grâce qui leur a été ouverte et qui leur reste d'un accès si facile ! Ah ! ne soyez point du nombre de ces insensés ou de ces négligents qui refusent au Roi d'amour la porte de leur foyer, de leur cité, de leur nation, et qui retardent ainsi le jour où le monde retrouvera la paix et la vraie félicité ! Fermeriez-vous votre fenêtre, si venait s'y présenter à vous, comme à Noé dans l'arche, la colombe avec le rameau d'olivier ? Or, ce que promet et apporte le Sacré-Coeur, c'est plus qu'un symbole : c'est la réalité même de la paix. Jésus ne vous demande que le don sincère de votre coeur : voilà la vraie consécration. Ayez le courage de la faire, et vous saurez par expérience que Dieu ne se laisse jamais vaincre en générosité.

Quelles que soient, aujourd'hui ou demain, les difficultés qui vous entourent, vous n'éprouverez plus ces peurs et ces tristesses qui mènent au découragement. Se décourager, c'est manquer de coeur ; or, à la place d'un faible coeur humain, vous aurez un coeur conforme à celui de Dieu même. Vous verrez alors se réaliser pour votre famille et votre patrie, pour la chrétienté, pour l'humanité entière, la promesse du Seigneur au prophète Jérémie : « Je leur donnerai un coeur pour me connaître... ; ils seront mon peuple et je serai leur Dieu, car ils reviendront à moi de tout leur coeur » (Jr 24,7).

Le Saint-Père s'adressa ensuite aux enfants de la paroisse de Saint-Michel Archange in Pietralata :

Et maintenant, Nous voulons souhaiter la bienvenue à vous, chers enfants de la paroisse de Saint-Michel Archange in Pietralata. Il Nous semble déjà vous connaître, parce que, alors que les bonnes oeuvres des justes, selon la parole de l'Esprit-Saint, les suivent devant le trône de Dieu, opera enim illorum sequuntur illos (Ap 14,13). les vôtres au contraire vous ont précédés devant son Vicaire, sous la forme d'une obole filiale et d'une gracieuse cueillette où Nous avons pu relever avec émotion les consolantes sommes des communions reçues, des messes entendues, des bouquets ou des sacrifices offerts par vos âmes durant le mois de mai en réponse à Notre appel. Nous avons déjà fait parvenir par écrit à votre aimé et zélé curé-économe l'expression de Notre gratitude paternelle. Nous n'ajouterons donc qu'une parole, à savoir que le meilleur ornement de votre beau « trésor spirituel », plus que la page initiale délicatement enluminée, c'est le volume lui-même avec les longues listes de noms et prénoms, avec à chaque jour du mois des feuilles distinctes portant vos signatures. Un tel soin, s'il révèle l'attentive et vigilante sollicitude de votre excellent curé, montre aussi que vous ne vous êtes pas comportés en enfants, mais que vous avez agi comme des hommes, comme des soldats qui, à tout appel de leur chef, répondent : Présent ! Ou mieux encore, comme les étoiles du firmament qui, à l'appel de Dieu, répondent avec joie : Nous voici ! (Ba 3,35). Cette application courageuse et tenace dans l'accomplissement du devoir quotidien s'appelle assiduité ; conservez-la pendant toute votre vie au service de Dieu, parce que c'est à la persévérance, comme vous le savez bien, qu'est promise la récompense éternelle (Mt 10,22).

Mais en outre, pour revenir au Sacré-Coeur, dont vous venez d'entendre rappeler les ineffables bienfaits, l'assiduité est pour vous un gage de ses spéciales bénédictions. Nous lisons en effet dans 1'« Ecclésiastique » (Si 6,37) : « Sois assidu dans la méditation des commandements de Dieu, et Il te donnera un coeur. » (In mandatis illius maxime assiduus esto, et ipse dabit tibi cor).

Chers enfants, que Notre-Seigneur qui aime tant les petits enfants daigne vous donner un coeur pur et fort, sur le modèle de son propre Coeur ; et, vous, de votre côté, loyalement et totalement, donnez-Lui le vôtre !



Pie XII 1940 - SACRÉ COLLÈGE