Pie XII 1941 - DISCOURS AUX JEUNES ÉPOUX (20 août 1941)


LETTRE A S. EM. LE CARDINAL SCHUSTER ARCHEVÊQUE DE MILAN A L'OCCASION DU SYNODE DIOCÉSAIN (8 septembre 1941)

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A l'occasion du Synode diocésain de Milan, le Saint-Père félicite S. Em. le cardinal Scbuster de son activité pastorale :

Après avoir accompli votre seconde visite pastorale de l'archi-diocèse de Milan, ce qui suppose un immense travail, vous avez voulu, avant de réunir le synode selon le droit, Nous adresser une lettre qui, d'une part, était un témoignage de votre vénération envers le Siège apostolique et, d'autre part, manifestait vos sentiments de piété et de respect à Notre égard. Vivement réjoui par ce témoignage de votre fidèle soumission, Nous trouvons aussi dans la constatation que vous avez fait du synode diocésain une nouvelle et abondante preuve de zèle pastoral qui vous pousse, vous qui êtes le modèle de pasteur attentif, à de nouvelles entreprises aptes à favoriser le progrès et les besoins toujours plus grands de votre troupeau.

De ces oeuvres nouvelles, il Nous plaît d'en relever quelques-unes, auxquelles vous avez récemment appliqué vos soins vigilants et qui ne manqueront pas de servir grandement à assurer la conservation de la religion et à la rendre prospère : Nous voulons nommer l'institution qui va s'ouvrir prochainement à Masina^o, près de Varese, sous le nom de préséminaire et qui est destinée à recevoir les enfants qui dès leur jeune âge se sentent un penchant au sacerdoce et qui y seront formés dans les premiers rudiments pour devenir les futurs élèves pleins d'espoir du séminaire. Nous relevons aussi les constructions entreprises avec audace et à grands frais de plusieurs églises dans les faubourgs de votre célèbre ville, où les logements ouvriers se sont multipliés. Pour mettre à exécution ces entreprises, vous avez utilisé les services de prêtres habiles et zélés de cette illustre Eglise des saints Ambroise et Charles, et vous avez fait l'expérience de la générosité coutumière des fidèles de votre Eglise. Nous approuvons toutes ces oeuvres si méritoires. Mais Nous ne pouvons passer sous silence d'autres oeuvres qui vous acquièrent un honneur bien mérité : l'aide accordée aux oeuvres pontificales missionnaires par d'abondantes aumônes malgré les temps calamiteux, la généreuse bienfaisance à l'égard des oeuvres de charité chrétienne envers les indigents, l'Université du Sacré-Coeur, votre gloire, que vous soutenez avec une dilection particulière.

De cette activité multiple, le synode diocésain que vous allez célébrer sera comme le couronnement ; Nous souhaitons ardemment que cet événement réponde à vos espoirs et que tous vos voeux s'accomplissent en récompense de votre travail infatigable. Les prescriptions que vous porterez contribueront beaucoup, si elles sont établies après mûre réflexion, avec soin et science, à écarter les abus vicieux qui s'introduisent facilement, à restaurer ce qui menace ruine, à corriger les erreurs et, la discipline ecclésiastique de nouveau consolidée, à grouper les forces d'union pour des entreprises importantes et salutaires. Quoiqu'il ne soit pas nécessaire de stimuler ceux qui déjà sont en course et de mettre des lumières là où déjà la lumière brille, Nous voulons cependant vous soumettre quelques considérations, dont il semble qu'il y a lieu de traiter dans vos actes synodaux, considérations qui Nous paraissent convenir aux nécessités des temps présents. Nous estimons salutaire et prévoyant que dans les constitutions que vous allez sanctionner soit mise en valeur la formation religieuse du peuple chrétien, formation dans laquelle excelle votre Eglise depuis l'époque de saint Charles. Que l'Action catholique soit toujours plus vigoureuse dans toutes les paroisses, que la sanctification des jours de fête soit observée et mise en honneur, qu'il soit pourvu le mieux possible au soin spirituel des ouvriers, et que les moeurs publiques et privées soient ramenées à la décence d'une sévère dignité chrétienne et civile. Que vous pensiez tout cela, votre vertu éprouvée en est garante ainsi que la soumission docile du clergé et des fidèles de votre Eglise, prêts à suivre vos ordres et vos voeux et à vous seconder avec une joyeuse émulation. Quant à Nous, Nous implorons sur vous par Nos prières suppliantes les lumières de la sagesse céleste afin que tout ce qui sera traité et décidé dans votre synode soit équitable, opportun et à même de produire d'abondants fruits de salut. Considérant comme hautement souhaitable tout ce qui peut tourner au bien, au bonheur et à l'utilité de votre archidiocèse, en faisant ces voeux de tout coeur, Nous vous accordons à vous, Notre très cher Fils, et à tous les prêtres qui se réuniront avec vous, comme une agréable couronne, pour cette circonstance mémorable Notre Bénédiction apostolique.


DISCOURS AUX JEUNES ÉPOUX (10 septembre 1941)

1

Dans ce discours aux jeunes époux et celui qu'il devait prononcer le 24 septembre (ci-après, p. 228) le Saint-Père a parlé longuement de l'autorité dans la famille.

I. — Le mari et l'épouse.

Chers nouveaux mariés, vous échangiez, il y a quelques jours, sous le regard de Dieu et en présence du prêtre, vos solennels et libres engagements ; devenus vous-mêmes les ministres du grand sacrement que vous receviez, vous vous engagiez à une indissoluble communauté de vie. Vous avez senti alors au fond de votre coeur que vous étiez et que vous agissiez dans des conditions de parfaite égalité ; le contrat matrimonial était conclu par vous en pleine indépendance, comme entre personnes jouissant de droits strictement égaux ; votre dignité humaine s'y manifestait dans toute la grandeur de sa libre volonté. Mais à ce moment même, vous avez fondé une famille ; or, toute famille est une société, et toute société bien ordonnée réclame un chef, tout pouvoir de chef vient de Dieu. Donc la famille que vous avez fondée a aussi son chef, un chef que Dieu a investi d'autorité sur celle qui s'est donnée à lui pour être sa compagne, et sur les enfants qui viendront par la bénédiction de Dieu accroître et égayer la famille tels des rejetons verdoyants autour du tronc de l'olivier.

Dans la vie de la famille, Dieu a soumis l'épouse au mari.

Oui, l'autorité du chef de famille vient de Dieu, de même que c'est de Dieu qu'Adam a reçu la dignité et l'autorité de premier chef du genre humain et tous les dons qu'il a transmis à sa postérité. Aussi est-ca Adam qui fut formé le premier et Eve ensuite. Ce ne fut pas non plus Adam, observe saint Paul, qui fut trompé, mais la femme qui se laissa séduire et qui prévariqua (1Tm 2,13-14). La curiosité d'Eve à regarder le beau fruit du paradis terrestre et son entretien avec le serpent, oh ! quel dommage n'ont-ils pas causé à Adam, à Eve, à tous leurs enfants et à nous ! Or à Eve Dieu imposa, outre de multiples peines et souffrances, d'être assujettie à son mari (Gn 3,16).

Epouses et mères chrétiennes, que jamais ne vienne à vous saisir la soif d'usurper le sceptre familial ! Votre sceptre, un sceptre d'amour, doit être celui que met entre vos mains l'Apôtre des nations : le salut que vous procurera la maternité, pourvu que vous persévériez dans la foi, dans la charité et dans la sainteté, unies à la modestie (1Tm 2,15).

Dans la sainteté, par le moyen de la grâce, les époux sont également et immédiatement unis au Christ. Ceux-là, en effet, écrivait saint Paul, qui ont été baptisés dans le Christ et se sont revêtus de lui sont tous fils de Dieu, et il n'y a pas de différence entre l'homme et la femme, parce que tous sont un seul dans le Christ Jésus (Ga 3,26-28). Mais autres sont les conditions des époux dans l'Eglise et dans la famille en tant que sociétés visibles. Aussi le même apôtre avertissait-il : « Je veux cependant que vous sachiez que le chef de tout homme, c'est le Christ, que le chef de la femme, c'est l'homme, et que le chef du Christ, c'est Dieu » (1Co 11,3). Comme le Christ, en tant qu'homme, est soumis à Dieu, et tout chrétien au Christ dont il est membre, ainsi la femme est soumise à l'homme, qui, en vertu du mariage, est devenu « une seule chair » avec elle (Mt 19,5). Le grand apôtre se sentait le devoir de rappeler cette vérité et ce fait fondamental aux convertis de Corinthe, qui, sous l'influence de nombreuses idées et pratiques païennes, pouvaient facilement les oublier, se méprendre à leur sujet ou les dénaturer. Si saint Paul parlait à des chrétiens d'aujourd'hui, ne se croirait-il pas bien souvent dans l'obligation de leur adresser les mêmes avertissements ? Ne respirons-nous pas aujourd'hui un air malsain de néo-paganisme ?

La vie moderne tend à mettre la femme sur le même pied que l'homme.

Les conditions de vie résultant de la situation actuelle économique et sociale, l'accès des hommes et des femmes aux professions libérales, aux arts et aux métiers, leur travail côte à côte dans les usines, les bureaux et les différents emplois, tout cela tend à établir en pratique une large équivalence entre l'activité de la femme et celle de l'homme, et bien souvent les époux se trouvent dans une situation qui se rapproche fort de l'égalité. Souvent, le mari et son épouse exercent des professions de même ordre, fournissent par leur travail personnel à peu près la même contribution au budget familial, tandis que ce travail même les conduit à mener une vie assez indépendante à l'égard l'un de l'autre. Les enfants que Dieu leur envoie entre temps, comment sont-ils surveillés, gardés, éduqués, instruits ? Vous les voyez, Nous ne dirons pas abandonnés, mais bien souvent confiés très tôt à des mains étrangères, formés et conduits par d'autres que leur mère, laquelle est retenue loin d'eux par l'exercice de sa profession. Faut-il s'étonner que le sens de la hiérarchie dans la famille aille s'affaiblissant et finisse par se perdre ? Faut-il s'étonner que l'autorité du père et la vigilance de la mère n'arrivent point à rendre joyeuse et intime la vie familiale ?

Et pourtant l'enseignement chrétien du mariage que donnait saint Paul à ses disciples d'Ephèse comme à ceux de Corinthe ne saurait être plus clair : « Que les femmes soient soumises à leur mari comme au Seigneur ; car le mari est le chef de la femme, comme le Christ est le chef de l'Eglise... Comme l'Eglise est soumise au Christ, les femmes doivent être soumises à leur mari en toutes choses. Et vous, maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l'Eglise et s'est livré lui-même pour elle... Que chacun de vous, de la même manière, aime sa femme comme soi-même, et que la femme révère son mari » (Ep 5, 22-25, 33).

Cette doctrine et cet enseignement ne sont-ils pas du Christ lui-même ? C'est par ce moyen que le Rédempteur allait restaurer ce que le paganisme avait bouleversé. Athènes et Rome, phares de civilisation, avaient l'une et l'autre répandu bien des lumières naturelles sur les liens de la famille, mais sans réussir, ni par les hautes spéculations de leurs philosophes, ni par la sagesse de leurs lois, ni par la sévérité de leur censure, à mettre la femme à sa vraie place dans la famille.

A la discipline de fer du vieux foyer romain

Dans le monde romain, malgré le respect et la dignité qui entouraient la mère de famille — Uxor dignitatis nomen est, non voluptatis, « le nom d'épouse est un nom de dignité et non pas de volupté » 2 — elle était juridiquement assujettie à la puissance totale et illimitée du mari ou pater familias, à qui la maison, la famille, appartenait en propriété, qui in domo dominium habet 3, parce que l'épouse était, elle aussi, in mariti manu mancipioque, aut in ejus, in cujus maritus manu mancipioque esset, « au pouvoir et dans la servitude du mari, ou de celui qui tenait le mari en son pouvoir et servitude » 4. Aussi Caton, l'austère censeur, proclamait-il devant le peuple romain : Majores nostri nullam, ne privatam quidem rem agere feminas sine tutore auctore voluerunt ; in manu esse parentum, fratrum, virorum, « nos aïeux interdisaient aux femmes de faire aucune chose, même privée, sans l'autorisation d'un tuteur ; ils les voulaient au pouvoir des parents, des frères, des hommes » 5. Mais dans les siècles suivants, tout le droit familial des anciens tomba en désuétude 6, cette discipline de fer disparut et les femmes devinrent pratiquement indépendantes de l'autorité maritale.

Sans doute il nous reste de nobles exemples de femmes et de mères excellentes, telle cette Ostoria, d'illustre famille, dont un sarcophage récemment découvert aux grottes vaticanes a conservé l'éloge : incomparabilis (sic) castitatis et amoris erga maritum exempli feminae, « femme d'incomparable chasteté, modèle d'amour conjugal ». Ce document ancien, qui remonte probablement au IIIe siècle après Jésus-Christ, montre, par ailleurs, que les vertus, bien rares alors de chasteté et de fidélité, ne cessaient de recueillir l'estime des Romains.

2 Spartiani Aelius Verus, 5, 12.
3 Ulp., L. 195, 2 D. De v. s. 50, 16. * Gelii Noctium Attic, 18, 6, 9.
5 Tite-Live, Ab Urbe condita, I. XXXIV, c. 2.
6 Gaius, Institutiones, 3, 17.


... succéda sous l'Empire la pleine émancipation de la femme et la dissolution de la famille.

Mais en face de ces figures irréprochables se trouvait, surtout dans la haute société, un nombre sans cesse croissant de femmes qui dédaignaient et fuyaient les devoirs de la maternité, pour se donner à des occupations et jouer un rôle jusqu'alors réservés aux hommes. En même temps les divorces ne cessaient d'augmenter, la famille allait se dissolvant, l'affection et les moeurs de la femme s'écartaient du droit chemin de la vertu, au point d'arracher à Sénèque la plainte bien connue : « Est-il désormais une femme qui rougisse de rompre son mariage, depuis que d'illustres et nobles dames comptent leurs années non par le nombre des consuls, mais par celui de leurs maris, et divorcent pour se marier et se marient pour divorcer ?» 7

La femme a beaucoup de puissance sur les moeurs publiques et privées, parce qu'elle possède un grand pouvoir sur l'homme ; souvenez-vous d'Eve : séduite par le serpent, elle donna le fruit défendu à Adam, et il en mangea aussi.

C'est le christianisme qui a rétabli la famille, par la restauration de la hiérarchie naturelle

Rétablir dans la famille la hiérarchie indispensable aussi bien à son unité qu'à son bonheur, rétablir l'amour conjugal dans sa première et authentique grandeur, ce fut une des plus grandes entreprises du christianisme, depuis le jour que le Christ proclama à la face des pharisiens et du peuple : Quod ergo Deus coniunxit, homo non separet, « que l'homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni » (Mt 19,6).

Voici l'essentiel de la hiérarchie naturelle dans la famille, telle que l'exige l'unité du mariage et telle que la Providence l'a marquée par les qualités spéciales, différentes et complémentaires dont il a doté l'homme et la femme : « Ni l'homme n'est dans le Seigneur sans la femme, ni la femme sans l'homme », écrit saint Paul (1Co 11,11). A l'homme la primauté dans l'unité, la vigueur corporelle, les dons nécessaires au travail qui assurera l'entretien de sa famille ; c'est à lui qu'il a été dit : « C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain » (Gn 3,19). A la femme Dieu a réservé les douleurs de l'enfantement, les peines de l'allaitement et de la première éducation des enfants, pour qui les meilleurs soins de personnes étrangères ne vaudront jamais les affectueuses sollicitudes de l'amour maternel.

... et de l'amour conjugal.

Mais, tout en maintenant cette dépendance de la femme à l'égard de son mari, dépendance sanctionnée aux premières pages de la Révélation (Gn 3,16), le Christ, qui n'est que miséricorde pour nous et pour la femme, a adouci, comme nous le rappelle saint Paul, ce

7 Sénèque, De beneficiis, 1. III, 16, 2.

reste de dureté qui demeurait au fond de la loi ancienne. Dans sa divine union avec l'Eglise, il a montré comment l'autorité du chef et la sujétion de l'épouse peuvent, sans se diminuer, se transfigurer dans la force de l'amour, d'un amour qui imite celui dont il s'unit à son Eglise ; il a montré que la constance du commandement et la docilité respectueuse de l'obéissance peuvent et doivent, dans un amour sincère et mutuel, s'élever jusqu'à l'oubli et au don généreux de soi-même : sentiments qui, eux aussi, contribuent à faire naître et à consolider la paix domestique, laquelle, fruit à la fois de l'ordre et de l'affection, est définie par saint Augustin l'union harmonieuse du commandement et de l'obéissance de personnes qui vivent ensemble : ordinata imperandi obediendique concordia cohabitantium8. Tel doit être le modèle de vos familles chrétiennes.

Maris, exercez votre autorité, mais dans l'amour.

Maris, vous avez été investis de l'autorité. Dans vos foyers, chacun de vous est le chef, avec tous les devoirs et toutes les responsabilités que comporte ce titre. N'hésitez donc point à exercer cette autorité ; ne vous soustrayez point à ces devoirs, ne fuyez point ces responsabilités. La barre de la nef domestique a été confiée à vos mains : que l'indolence, l'insouciance, Pégoïsme et les passe-temps ne vous fassent pas abandonner ce poste. Mais, envers la femme que vous avez choisie pour compagne de votre vie, quelle délicatesse, quel respect, quelle affection votre autorité ne devra-t-elle pas témoigner et pratiquer en toutes circonstances, joyeuses ou tristes ! « Que vos ordres, ajoutait saint Augustin cité tout à l'heure, aient la douceur du conseil, et l'obéissance tirera du conseil courage et réconfort. Au foyer du chrétien, qui vit de la foi et se sait pèlerin en marche vers la cité céleste, ceux-là mêmes qui commandent sont les serviteurs de ceux à qui ils paraissent commander ; ils commandent non pour dominer, mais pour conseiller, non par orgueil qui veut prévaloir, mais par la bonté qui veut pourvoir » 9. Suivez l'exemple de saint Joseph. Il contemplait devant lui la Très Sainte Vierge, meilleure, plus sainte, plus élevée que lui ; un souverain respect lui faisait vénérer en elle la Reine des anges et des hommes, la mère de son Dieu ; et pourtant, il restait à son poste de chef de famille et ne négligeait aucune des obligations que lui imposait ce titre.

8 De civit. Dei, 1. XIX, c. 14.
9 Ibid.

Epouses, obéissez, mais avec amour.

Et vous, épouses, élevez vos coeurs ! Ne vous contentez pas d'accepter et presque de subir l'autorité de votre époux à qui Dieu vous a soumises par les dispositions de la nature et de la grâce. Dans votre sincère soumission, vous devez aimer l'autorité de votre mari, l'aimer avec l'amour respectueux que vous portez à l'autorité même de Notre-Seigneur, de qui descend tout pouvoir de chef.

Nous savons bien que, de même que l'égalité dans les études, les écoles, les sciences, les sports et les concours fait monter dans bien des coeurs de femmes des sentiments d'orgueil, ainsi votre ombrageuse sensibilité de jeunes femmes modernes ne se pliera peut-être pas sans difficulté à la sujétion du foyer domestique. Nombre de voix autour de vous vous la représenteront, cette sujétion, comme quelque chose d'injuste ; elles vous suggéreront une indépendance plus fière, vous répéteront que vous êtes en toutes choses les égales de vos maris et que sous bien des aspects vous leur êtes supérieures. Prenez garde à ces paroles de serpent, de tentations, de mensonges : ne devenez pas d'autres Eve, ne vous détournez pas du seul chemin qui puisse vous conduire, même dès ici-bas, au vrai bonheur. La plus grande indépendance, une indépendance à laquelle vous avez un droit sacré, c'est l'indépendance d'une âme solidement chrétienne en face des exigences du mal. Lorsque le devoir se fait entendre et qu'il jette son cri d'alarme à votre esprit et à votre coeur, quand vous vous trouvez en face d'une demande qui va contre les préceptes de la loi divine, contre vos imprescriptibles devoirs de chrétiennes, d'épouses et de mères, conservez, défendez avec respect, avec calme, avec affection sans doute, mais avec une inébranlable fermeté la sainte et inaliénable indépendance de votre conscience. Il se rencontre dans la vie des jours où sonne l'heure d'un héroïsme ou d'une victoire qui ont les anges et Dieu pour seuls et invisibles témoins.

Mais pour le reste, lorsqu'on vous demande le sacrifice d'une fantaisie ou d'une préférence personnelle même légitime, soyez heureuses : vous gagnez chaque jour davantage, en retour de ces légers sacrifices, le coeur qui s'est donné à vous, car vous étendez et consolidez sans cesse l'intime union de pensées, de sentiments et de volonté qui seule vous rendra facile et douce la réalisation de la mission que vous avez auprès de vos enfants, tandis qu'elle serait gravement compromise par le moindre défaut de concorde.

Et puisque dans la famille, comme dans n'importe quelle association de deux ou de plusieurs personnes qui visent à une même fin, il est indispensable d'avoir une autorité qui maintienne efficacement l'union entre les membres, et qui les dirige et les gouverne, vous devez aimer ce lien qui de vos deux volontés en fait une seule, encore que l'un précède sur le chemin de la vie et que l'autre suive ; vous devez aimer ce lien de tout l'amour que vous portez à votre foyer domestique.

Puisse la bénédiction apostolique que Nous vous donnons du fond de Notre coeur paternel, être pour vous, chers jeunes mariés, le gage de grâces toujours plus abondantes à mesure que vous avancerez sur le chemin de la vie, de grâces qui vous aideront à persévérer dans cette union de vos âmes et dans une entière fidélité à vos devoirs réciproques.


LETTRE A S. EM. LE CARDINAL SALOTTI POUR LE NOMMER LÉGAT PONTIFICAL AU CONCILE RÉGIONAL DU LATIUM SUPÉRIEUR (22 septembre 1941 )


D'après le texte latin de l'Osservatore Romano, du 5 octobre 1941.

Le Saint-Père a daigné adresser la lettre suivante à S. Em. le cardinal Salotti, évêque suburbicaire de Palestrina et préfet de la Sacrée Congrégation des Rites, pour le nommer son légat au Concile régional du Latium supérieur.

C'est avec une paternelle sollicitude que Nous recommandons par-dessus tout, comme il convient, et que Nous suivons avec une faveur particulière tout ce qui peut contribuer au maximum au progrès des âmes et à l'accroissement de la foi catholique. C'est pourquoi, lorsque Nous avons appris récemment qu'au mois d'octobre prochain les évêques du Latium supérieur devaient se réunir en concile régional, Nous Nous sommes réjoui de cette preuve de leur zèle pastoral. Car les sujets qui doivent être traités dans cette solennelle assemblée doivent non seulement aider beaucoup à l'accomplissement de la charge episcopale, mais paraissent devoir être traités avec entrain pour une raison tout à fait particulière. Il s'agit, en effet, de l'enseignement du catéchisme dans les écoles et dans les paroisses à promouvoir d'une manière plus adaptée, de nourrir et de favoriser avec un plus grand soin les vocations ecclésiastiques, d'éloigner du peuple chrétien les spectacles mauvais et nuisibles et de protéger les catholiques contre les menées protestantes. C'est pourquoi, Nous désirons rehausser de la louange qui leur est due les résolutions que l'opportunité suscitera et Nous les approuvons de Notre autorité et de Notre recommandation.



Mais comme les évêques du Latium supérieur sont proches du Siège apostolique et Nous sont étroitement unis par leur titre particulier de suffragants, Nous sommes heureux de répondre à leur désir et Nous acceptons bien volontiers de présider par Notre légat à leur concile qui doit s'ouvrir prochainement. C'est pourquoi, Nous vous choisissons et Nous vous établissons par cette lettre comme Notre légat, Vénérable Frère, vous qui brûlez de zèle pastoral et brillez par la connaissance de la sainte doctrine et par une éloquence particulière, vous qui connaissez si bien et qui aimez cette région du Latium où vous êtes né, afin de Nous représenter et de présider en Notre nom et en vertu de Notre autorité les réunions du Concile du Latium supérieur. Nous avons la ferme confiance que de grands bienfaits et secours en sortiront pour le salut, la prospérité et la gloire du peuple chrétien. Tout en priant instamment Dieu de combler de ses dons et de ses lumières célestes tous ceux qui se réuniront et de protéger, diriger et seconder avec bienveillance cette entreprise salutaire, Nous vous accordons, Vénérable Frère, à vous ainsi qu'à tous les évêques du Latium supérieur, de même qu'au clergé et au peuple qui leur sont unis, avec effusion dans le Seigneur, la Bénédiction apostolique.



DISCOURS AUX JEUNES ÉPOUX (24 septembre 1941)


Voici la deuxième partie du thème, l'autorité dans la famille, qui a fait l'objet du discours aux jeunes époux du 10 septembre (ci-dessus, p. 218) :

II. — Les parents et les enfants.

Chers jeunes époux, avec quelle joie et avec quelle espérance n'avez-vous pas, au pied des autels et du prêtre, inauguré votre nouvelle famille ! Or un double lien, pour l'ordinaire, enserre la famille dans sa croissance et son développement : le lien qui unit étroitement sous un même toit, d'une part l'époux et l'épouse, d'autre part les parents et les enfants. Le premier vagissement du petit au berceau ravit la mère, transporte le père, réjouit les parents et amis, et voilà qu'à cette aurore d'une première vie se manifeste pour la première fois l'autorité du père et puis de la mère : ils ont conscience de leur obligation d'assurer le baptême à leur enfant, et ils s'empressent de remplir ce devoir, afin que ce sacrement fasse de lui un fils de Dieu, efface en lui le péché originel, lui communique la vie de la grâce, lui ouvre les portes du paradis, car « le royaume des cieux est pour les petits » (Mt 19,14). Comme une telle pensée doit ennoblir le père fier de sa foi dans le Christ, et réconforter la mère soucieuse du salut de ses enfants ! Ainsi tout enfant qui reçoit le sceau de l'adoption divine et boit à la source de l'eau surnaturelle a le bonheur de commencer dans l'Eglise le voyage de la vie, pour traverser les incertitudes et les périls de ce monde.

Que deviendra cet enfant ? Quis, putas, puer iste erit f (Lc 1,66). Les enfants sont des roseaux agités par le vent ; ce sont des fleurs délicates et il ne faut qu'un zéphir pour ravir un pétale à leur corolle ; ce sont des plates-bandes vierges où Dieu a jeté des semences de bonté que menacent les sens et les pensées du coeur humain, de ce cceur que portent au mal dès l'adolescence (Gn 8,21) l'orgueil de la vie, la concupiscence de la chair et la concupiscence des yeux (cf. 1Jn 2,16). Qui donc affermira ces roseaux ? Qui donc défendra ces fleurs ? Qui donc cultivera ces plates-bandes et y fera germer, contre les embûches du mal, les semences de la bonté ? Avant tout, l'autorité qui régit la famille et les enfants : votre autorité, ô parents !

Les raisons de la résistance actuelle des enfants à l'autorité.

Les pères et mères se plaignent souvent de nos jours de ne plus réussir à plier leurs enfants à l'obéissance. Enfants capricieux qui n'écoutent personne ; adolescents qui dédaignent toute direction ; jeunes gens et jeunes filles impatients de tout conseil, sourds à tout avertissement, ambitieux de prix dans les jeux et les concours, entêtés à n'agir qu'à leur guise et persuadés d'être seuls à bien comprendre les nécessités de la vie moderne. En un mot, dit-on, la nouvelle génération — à part tant de belles et chères exceptions ! — n'est guère disposée pour l'ordinaire à s'incliner devant l'autorité du père et de la mère.

Quelle est la raison de cette attitude indocile ? Celle qu'on allègue de nos jours en général, c'est que les enfants, bien souvent, n'ont plus le sens de la soumission, du respect dû aux parents et à leurs paroles ; dans l'atmosphère d'ardente fierté juvénile où ils vivent, tout tend à détruire en eux la déférence envers les parents et à les émanciper ; tout ce qu'ils voient et entendent autour d'eux finit par accroître, enflammer, exaspérer leur inclination naturelle, et non encore domptée, à l'indépendance, leur mépris du passé, leur soif de l'avenir.

Si nous parlions en ce moment à des enfants ou à des jeunes gens, notre dessein serait d'examiner et de peser ces causes de leur manque d'obéissance et de soumission. Mais c'est à vous, jeunes époux, que nous adressons la parole, à vous qui, bientôt, aurez à exercer l'autorité paternelle et maternelle, et nous voulons attirer votre attention sur un autre aspect de cette question si importante.

L'exercice normal de l'autorité ne dépend pas seulement de ceux qui doivent obéir, mais aussi, et dans une large mesure, de ceux qui ont à commander. En d'autres termes : autre chose est le droit à l'exercice de l'autorité, le droit de donner des ordres, et autre chose la supériorité morale qui rend effective l'autorité et la rehausse, et qui réussit à s'imposer aux autres et à obtenir en fait leur obéissance.

Le droit de donner des ordres, Dieu vous l'accorde par l'acte même qui vous rend père et mère. La seconde prérogative, la supériorité morale, il vous faut l'acquérir et la conserver ; vous pouvez la perdre, et vous pouvez l'augmenter. Or le droit de commander à vos fils n'obtiendra d'eux que fort peu de chose s'il n'est accompagné de ce pouvoir, de cette autorité sur eux de votre propre personne, autorité qui vous assurera une obéissance effective. De quelle manière, par quels sages moyens pouvez-vous acquérir, conserver et accroître ce pouvoir moral ?

Comment exercer le don naturel du commandement.

A certaines personnes Dieu accorde le don naturel du commandement, le don de savoir imposer leur volonté à autrui. C'est un don précieux. Réside-t-il tout entier dans l'esprit, ou pour une grande part dans la personne, le comportement, la parole, le regard, le visage ? Il est souvent difficile de le dire. Mais c'est aussi un don redoutable. N'en abusez point, si vous le possédez, dans vos rapports avec vos enfants : vous risqueriez d'emprisonner leur âme dans la crainte et d'avoir, au lieu de fils aimants, des esclaves. Tempérez cette force par l'effusion d'un amour qui réponde à leur affection, par une bonté douce, patiente, empressée et encourageante. Ecoutez le grand apôtre saint Paul vous dire : Patres, nolite ad indignationem provocare filios vestros, ut non pusillo animo fiant, «Vous, pères, n'irritez point vos enfants, de peur qu'ils ne se découragent » (Col 3,21). Parents, souvenez-vous bien de ceci : la rigueur n'est digne d'éloge que lorsque le coeur est doux.

Joindre la douceur à l'autorité, c'est vaincre et triompher en cette lutte où vous engage votre mission de parents. Au reste, pour tous ceux qui commandent, l'exercice de leur autorité ne sera bienfaisant que s'ils savent d'abord se maîtriser eux-mêmes, discipliner leurs passions et leurs impressions.

L'autorité n'est forte et respectée que lorsque les subordonnés savent qu'elle n'a pour mobiles que la raison, la foi, la conscience du devoir ; ils se rendent compte alors qu'ils ont à donner au devoir de l'autorité la réponse de leur propre devoir.

Si les ordres que vous donnez à vos enfants et les réprimandes que vous leur adressez procèdent des impressions du moment, d'un mouvement d'impatience, d'une imagination ou d'un sentiment aveugles ou irréfléchis, vas ordres ne manqueront point d'être la plupart du temps arbitraires, incohérents, injustes peut-être, et inopportuns. Aujourd'hui, vous serez envers ces pauvres petits d'une exigence déraisonnable, d'une impitoyable sévérité ; demain, vous laisserez tout passer. Vous commencerez par leur refuser une petite chose, et, le moment, d'après, fatigués de leurs pleurs ou de leur bouderie, vous la leur accorderez avec des démonstrations de tendresse, pressés d'en finir avec une scène qui vous irrite les nerfs.

Pourquoi donc ne savez-vous pas dominer les mouvements de votre humeur, mettre un frein à vos caprices, vous conduire vous-mêmes, alors que vous entreprenez de conduire vos enfants ? Ne vous sentez-vous pas entièrement maître de vous-mêmes ? Remettez à une heure plus opportune la réprimande projetée, la punition que vous croyez devoir infliger. La fermeté apaisée et tranquille de votre esprit donnera à votre parole et au châtiment une tout autre efficacité, une influence plus heureuse et plus d'autorité réelle que les éclats d'une passion indisciplinée.

N'oubliez jamais que les enfants, même les plus petits, sont tout yeux à observer et à noter, et qu'ils remarqueront bien vite les changements de votre humeur. Dès le berceau, dès qu'ils parviendront à distinguer leur maman d'une autre femme, ils se rendront compte bien vite du pouvoir qu'exercent sur des parents faibles un caprice ou des pleurs, et, dans leur innocente petite malice, ils ne craindront point d'en abuser.

Gardez-vous donc de tout ce qui pourrait diminuer votre autorité auprès d'eux. Gardez-vous de gaspiller cette autorité par l'habitude des recommandations et observations continuelles et insistantes, qui finissent par les lasser ; ils feront la sourde oreille et n'y attacheront plus aucune importance. Gardez-vous de vous jouer de vos enfants et de les tromper en alléguant des raisons ou des explications fallacieuses et sans consistance, distribuées au hasard, pour vous tirer d'embarras et vous défaire de questions importunes. S'il ne vous paraît point opportun de leur exposer les vraies raisons d'un ordre ou d'un fait, il vaudra mieux pour vous faire appel à leur confiance en vous et à leur amour. Ne faussez point la vérité ; au besoin taisez-la ; vous ne soupçonnez peut-être même pas les troubles et les crises qui peuvent s'élever dans ces petites âmes, le jour où elles viennent à connaître que l'on a abusé de leur crédulité naturelle.

Nécessité de rester unis entre époux et d'être fermes dès le berceau.

Gardez-vous aussi de laisser transparaître le moindre signe de désaccord, la moindre divergence de vues sur l'éducation de vos enfants : ils remarqueraient bien vite la possibilité de se servir de l'autorité de la mère contre l'autorité du père, ou du père contre la mère, et ils résisteraient difficilement à la tentation de profiter de cette désunion pour satisfaire toutes leurs fantaisies. Gardez-vous enfin d'attendre que vos enfants aient grandi en âge pour exercer sur eux votre autorité, avec bonté et avec calme, il est vrai, mais aussi avec fermeté et courage, et sans vous laisser fléchir par aucune scène de pleurs ou de colère : dès le début, dès le berceau, dès les premières lueurs de leur petite raison, faites en sorte qu'ils éprouvent et sentent sur eux des mains caressantes et délicates, mais sages aussi et prudentes, vigilantes et énergiques.

Que votre autorité soit sans faiblesse, mais qu'elle naisse de l'amour, qu'elle soit pénétrée d'amour et soutenue par l'amour. Soyez les premiers maîtres et les premiers amis de vos enfants. Si c'est l'amour paternel et maternel qui inspire vos ordres, — un amour chrétien à tous égards, et non pas une complaisance plus ou moins inconsciemment égoïste — vos enfants en seront touchés, et ils lui répondront du plus profond de leur coeur, sans que vous ayez besoin de beaucoup de paroles ; car le langage de l'amour est plus éloquent dans le silence de l'action que dans les accents des lèvres. Mille petits signes, une inflexion de la voix, un geste imperceptible, une légère expression du visage, un geste d'approbation leur révéleront mieux que toutes les protestations d'amour, toute l'affection qui anime un refus affligeant, toute la bienveillance qui se cache en une recommandation ennuyeuse ; et alors, la parole de l'autorité apparaîtra à leur coeur, non pas comme un fardeau pesant ou un joug odieux à secouer le plus tôt possible, mais comme la suprême manifestation de votre amour.

L'autorité de l'exemple.

Mais ne faut-il pas que l'amour s'accompagne du bon exemple ? Comment donc les enfants, par nature prompts à imiter, pourront-ils apprendre à obéir, s'ils voient leur mère en toute occasion ne faire aucun cas des ordres du père ou se plaindre de lui ? Comment les enfants apprendront-ils à obéir, s'ils entendent continuellement au foyer d'irrespectueuses critiques des autorités ? Comment apprendront-ils à obéir, s'ils constatent que leurs parents sont les premiers à manquer aux commandements de Dieu ou de l'Eglise ?

Il faut, au contraire, qu'ils aient sous les yeux un père et une mère qui, dans leur manière de parler et d'agir, donnent l'exemple du respect des autorités légitimes et d'une constante fidélité à leurs propres devoirs. Un exemple si édifiant leur apprendra, avec plus d'efficacité que la plus étudiée des exhortations, la véritable obéissance chrétienne et la manière de la pratiquer à l'égard de leurs parents.

Soyez bien persuadés, jeunes époux, que le bon exemple est l'héritage le plus précieux que vous puissiez donner et laisser à vos enfants. Il est le souvenir ineffaçable et lumineux d'un trésor d'oeuvres et de faits, de paroles et de conseils, d'actes pieux et de démarches vertueuses, qui restera toujours vivant dans leur mémoire et dans leur esprit ; souvenir émouvant et cher qui, aux heures de doute et d'hésitation entre le mal et le bien, entre le danger et la victoire, leur rappellera vos personnes. Aux heures troubles, quand le ciel s'assombrira, vous leur réapparaîtrez dans une vision de lumière qui éclairera et dirigera leur chemin ; elle leur rappellera la voie que vous avez parcourue dans le travail et les soucis, rançon du bonheur d'ici-bas et de là-haut.

Est-ce là un rêve ? Non ! la vie que vous commencez avec votre nouvelle famille n'est pas un rêve : c'est un sentier où vous cheminez, investis d'une dignité et d'une autorité qui doivent être pour les enfants de votre sang une école et un apprentissage.

Daigne le Père céleste, qui, en vous appelant à participer à la grandeur de sa paternité, vous a aussi communiqué son autorité, daigne le Père céleste vous donner de l'exercer à son imitation, dans la sagesse et dans l'amour ! C'est en implorant de lui cette grâce, pour vous et pour tous les parents chrétiens, que Nous vous donnons avec toute l'affection de Notre cceur paternel la Bénédiction apostolique.



Pie XII 1941 - DISCOURS AUX JEUNES ÉPOUX (20 août 1941)