Pie XII 1944 - ALLOCUTION AU NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DE L'EQUATEUR


AMBASSADEUR DE L'EQUATEUR

261

immortel prédécesseur Pie IX en des jours pour vous inoubliables — bienheureuse la nation dont l'autorité civile est unie par un lien si étroit à l'autorité religieuse que l'une et l'autre n'agissent qu'en vue de réaliser le bien commun ; en elle fleurit la tranquillité née de l'ordre... ; la prospérité du peuple s'y trouve à un degré élevé et tout contribue à son bonheur. »

Avec l'expression de voeux aussi fervents, Nous adressons Notre Bénédiction à M. le président de la République, au gouvernement et à tout le peuple équatorien qui Nous est très cher. En même temps, Nous bénissons affectueusement Votre Excellence et toutes les intentions que vous portez à l'heure présente dans votre pensée et dans votre coeur, et Nous vous assurons que vous trouverez toujours en Nous cet accueil paternel auquel vous donnent droit vos nobles sentiments, vos mérites personnels, vos intentions élevées et la haute dignité de votre charge.


ALLOCUTION A LA GARDE NOBLE PONTIFICALE

(31 décembre 1944)1

La présentation des voeux au pape par la Garde noble pontificale donne l'occasion à Pie XII de rappeler une fois de plus la mission de celle-ci et les qualités qu'elle réclame de ses membres.

Comme chaque fois, chers fils, lorsque reviennent les saintes fêtes de Noël et la nouvelle année, aujourd'hui encore, Nous accueillons avec une vive satisfaction l'hommage filial de vos voeux, si noblement exprimés par votre illustre commandant, et Nous sommes heureux de vous redire Notre paternelle affection pour vous et Notre confiance en vous. Le motif de cette affection et de cette confiance offre une signification très élevée et constante : à savoir que vous êtes Notre garde de défense et d'honneur. Une dépendance aussi étroite de votre milice à l'égard du Vicaire du Christ est toujours demeurée, depuis ses origines, ferme et solide, même si le cours et la marche du temps, ainsi que les vicissitudes de l'histoire, l'ont fait apparaître successivement sous de nouveaux aspects.

Gardes du corps.

Gardes du corps pour la défense du Saint-Siège et du Souverain Pontife, vous avez fait preuve d'une prompte fermeté dans votre vigilance et votre protection, quand, voilà un an, des circonstances bien connues sont venues troubler et mettre en péril la sécurité de Notre petit Etat de la Cité du Vatican, destiné à garantir, même d'une façon visible, l'indépendance de Notre ministère apostolique.

Mais Nous voudrions qu'une autre pensée attirât également votre attention. Plus traîtresses que l'épée, la langue et la plume agissent et elles exercent ouvertement ou dans l'ombre une action contre laquelle il est souvent plus difficile de se défendre : lingua eorum, dit le Psalmiste, gladius acutus, « leur langue est une épée affilée » (Ps., lvi, 5). L'hostilité des ennemis du Christ et de l'Eglise a eu en tout temps à son service non seulement les critiques malveillantes et les assauts furieux, mais surtout les calomnies empoisonnées, les insinuations cauteleuses et pleines de ruse, les rumeurs vagues et anonymes, habilement répandues, et qui, trop souvent, surprennent aussi la bonne foi même de certains chrétiens ignorants ou crédules.

Si d'autres se sont vu confier la haute mission de garder et de protéger le dépôt sacré et les prérogatives du Siège apostolique, à vous aussi, chers fils — chacun selon son caractère, ses aptitudes, les conditions personnelles où il se trouve, les circonstances opportunes qui se présentent à lui — il appartient de contribuer à la défense de l'Eglise et du Saint-Siège, autrement dit de la vérité, de la justice, des enseignements du Maître et divin Rédempteur.

Gardes d'honneur.

Gardes d'honneur pour l'Eglise et le Souverain Pontife : en ce temps de désolation, de deuil, de recueillement, les cérémonies solennelles se sont faites bien rares. En résulte-t-il que votre office de gardes d'honneur n'ait plus, comme auparavant, à s'exercer ? Non, certes ; les dispositions de la Providence divine ont fait naître d'autres conjonctures dans lesquelles vous vous acquittez de votre service d'une manière non moins honorable.

Si, en effet, d'un côté, la guerre a apporté des obstacles graves et multiples aux communications libres et indépendantes du Vicaire du Christ avec le monde catholique, d'un autre côté, les circonstances résultant de la guerre ont amené et amènent vers Nous de toutes parts des groupes nombreux de fils de l'Eglise, et même de non-catholiques, à qui Nous adressons pareillement, dans la maison du Père commun, un salut d'affection et de paix. Jeunes en grande partie, ils sont venus des deux camps de ce redoutable conflit. Outre la chère jeunesse italienne, toujours présente à Nos yeux, Nous avons d'abord accueilli avec affection, tant qu'il leur fut permis de se réunir autour de Nous, les fils de ce peuple au milieu duquel Nous avons jadis passé de longues années de travail fécond. Puis, de l'autre parti belligérant, il Nous en est venu et il Nous en vient encore de tous les continents, des terres les plus reculées, de cieux si éloignés

de Rome qu'ils semblaient ne devoir, peut-être jamais leur permettre de parvenir jusqu'à la Ville éternelle. Jour après jour, leur souhaiter la bienvenue, leur donner Notre bénédiction, était et est encore pour Nous une douce charge, ou plutôt ce n'est pas une charge, mais bien uniquement une joie pure et une consolation intime. Nous les recevons avec la pleine conscience que l'Eglise catholique embrasse toutes les nations ; que, dans son amour et sa sollicitude, le Vicaire du Christ, bien que nécessairement et naturellement enfant d'un seul peuple, n'en exclut pourtant aucun, mais appartient à tous également et les aime tous dans la charité du Christ.

Au milieu de ce va-et-vient intense de visiteurs qui se pressent dans la basilique vaticane, dans le palais apostolique pour les audiences quotidiennes, vous vous êtes acquittés à Nos côtés, chers fils, de la charge qui vous était confiée d'une manière qui répond à la dignité du Saint-Siège.

Sentiments intimes.

Mais ce n'était pas, et ce n'est certes pas pour vous un service purement extérieur. La majesté extérieure de l'Eglise, comme celle de son Chef visible, celle qui apparaît aux yeux de tous, n'est que la conséquence, la manifestation, la transparence de sa majesté intérieure et surnaturelle. La gloire et la beauté de l'Epouse du Christ, sa vraie gloire et sa vraie beauté résident dans sa sainteté. Vous êtes sa garde d'honneur dans la mesure du décorum, de l'ornement qu'apporte aux audiences et aux cérémonies pontificales votre attitude austère et religieuse qui frappe les yeux du monde, reflète aux regards des anges la pureté de votre foi, de votre coeur, de toute votre vie, l'ardeur de votre fervente dévotion envers le Christ et son représentant sur la terre : Spectaculum facti estis mundo et angelis et hominibus, « vous êtes devenus un spectacle pour le monde, les anges et les hommes » (cf. 1Co 4,9).

Nous vivons en un temps où tous les fidèles devraient pouvoir s'appliquer à eux-mêmes l'avertissement de l'apôtre Paul dans sa lettre à Tite : In omnibus teipsum praebe exemplum bonorum operum, in doctrina, in integritate, in gravitate, verbum sanum, irreprehensibile, ut is, qui ex adverso est, vereatur nihil habens malum dicere de nobis, « en tout, montre-toi un modèle pour les bonnes oeuvres, enseignant avec pureté, dignité, une parole saine, inattaquable, afin que l'adversaire soit dans la confusion, n'ayant rien de mal à dire sur nous » (Tt 11,7-8).

Et combien plus cette exhortation vaut pour ceux qui demeurent et qui sont occupés dans la « cité située sur la montagne » (cf. Matth. Mt 5,14), dont les oeuvres se peuvent voir de loin et doivent servir d'exemple aux autres ! Ainsi donc, lorsque, après vous être acquittés des devoirs de votre service, vous déposez votre uniforme pour retourner au milieu du monde, ne cessez pas pour cela d'être Notre garde d'honneur et restez fidèles à vos antiques traditions, de telle sorte que, à l'expression de votre visage, à la dignité de votre attitude, à l'intégrité de vos moeurs, à la fermeté de votre foi, chacun puisse reconnaître aussitôt et votre noblesse et le corps auquel vous avez l'honneur d'appartenir.

Après avoir formulé ce voeu et comme gage de faveurs célestes de choix pour le cours de l'année qui va commencer, Nous vous donnons de tout coeur, à vous-mêmes et à vos chères familles, Notre paternelle Bénédiction apostolique.


CONGRÉGATIONS ROMAINES

SUPRÊME SACRÉE CONGRÉGATION DU SAINT-OFFICE

!«¦ avril 19441

DÉCRET SUR LES FINS ET LA HIÉRARCHIE DES FINS DU MARIAGE

En ces dernières années, ont paru plusieurs publications traitant des fins du mariage, de leur rapport entre elles, de leur subordination les unes aux autres. Leurs auteurs prétendent, ou bien que la procréation de l'enfant ne serait pas la fin primaire du mariage, ou bien que les fins secondaires ne seraient pas subordonnées à la fin primaire, mais en seraient indépendantes.

Dans ces publications, on assigne au mariage une fin primaire assez différente suivant les auteurs. Par exemple, pour les uns, c'est le complément et la perfection individuelle des conjoints résultant de la parfaite communauté de vie et d'action ; pour d'autres, c'est l'amour réciproque et l'union des époux à développer et à perfectionner par le don physique et spirituel de leur propre personne ; et autres choses de ce genre.

Parfois, dans ces mêmes écrits, on se sert des mots employés par les documents ecclésiastiques (par exemple : fin primaire, secondaire), mais en leur attribuant un sens qui n'est pas celui que leur attribuent communément les théologiens qui les emploient.

Cette façon nouvelle de penser et de parler est de nature à favoriser les erreurs et les équivoques. Dans le dessein de les déjouer, les éminentissimes cardinaux, membres de la Sacrée Congrégation du Saint-Office, préposés à la sauvegarde de la foi et des moeurs, ont examiné dans leur assemblée plénière du 29 mars 1944 la question suivante : « Peut-on admettre la doctrine de certains modernes, qui, ou bien nient que la procréation et l'éducation de l'enfant soient la fin primaire du mariage, ou bien enseignent que les fins secondaires ne sont pas essentiellement subordonnées à la fin primaire, mais sont aussi principales que la génération et indépendantes vis-à-vis d'elle. »

Ils ont décidé de répondre : non, cette doctrine ne peut être admise.

Dans l'audience du jeudi 30 mars 1944, accordée à l'assesseur du Saint-Office, et après avoir entendu le rapport de ce dernier, S. S. le Pape Pie XII a daigné approuver le présent décret et en a ordonné la publication.

17 juin 1944 2


DÉCRET CONDAMNANT TOUS LES ÉCRITS DE ERNESTO BUONAIUTI ANTÉRIEURS AU 17 MAI 1944

Un décret de la Sacrée Congrégation du Saint-Office, du 26 mars 1924, avait condamné tous les ouvrages et écrits du prêtre italien Ernesto Buonaiuti. Ce dernier a continué à éditer des livres, où il s'efforçait de ruiner même les fondements de la foi chrétienne. Ainsi, il publia un ouvrage italien tout à fait répré-hensible, qui a pour titre : Histoire du christianisme, ouvrage condamné par le Saint-Office 3.

C'est pourquoi les cardinaux de la Congrégation du Saint-Office, chargés de la défense de la foi et des moeurs, ont, dans leur réunion plénière du mercredi 17 mai 1944, après avoir pris connaissance des rapports des consulteurs, condamné et fait inscrire dans l'Index des livres prohibés tous les ouvrages et écrits publiés par Ernesto Buonaiuti après le décret du 26 mars 1924 jusqu'au 17 mai 1944 *.

21 juillet 1944 5 DÉCRET CONDAMNANT LE MILLÉNARISME MITIGÉ

Ces derniers temps, on a demandé plus d'une fois à la Sacrée Congrégation du Saint-Office ce qu'il faut penser du millénarisme mitigé, système qui enseigne qu'avant le jugement dernier, précédé ou non de la résurrection de plusieurs justes, Notre-Seigneur Jésus-Christ viendra visiblement sur cette terre pour y régner.

En conséquence, après avoir examiné la chose dans leur assemblée plénière du mercredi 19 juillet 1944, les éminentissimes et révérendissimes cardinaux, ayant préalablement pris l'avis des révérends consulteurs, ont décidé qu'il faut répondre au doute ci-dessus de la façon suivante : le système du millénarisme mitigé ne peut être enseigné avec sûreté.

Et le jeudi suivant, 20 du même, mois de la même année, S. S. Pie XII, pape par la divine Providence, dans l'audience habituelle accordée à S. Exc. Rme l'assesseur du Saint-Office, a approuvé cette réponse des éminentissimes Pères, l'a confirmée et en a ordonné la publication '.

4 Ernesto Buonaiuti est mort à Rome, presque subitement, le 20 mai 1946, sans s'être réconcilié avec l'Eglise.

6 Ce décret a été précédé d'une réponse du Saint-Office (11 juillet 1941) à l'archevêque de Santiago du Chili, où l'erreur millénariste se propageait grâce, en particulier, à un renouveau d'intérêt pour le livre : La Venida dei mesias en gloria y majestad, oeuvre posthume de J--J-Ben-Ezra (pseudonyme de Manuel Lacunza), mise à l'Index par décret du 6 septembre 1824. (Voir Periodica, 1942, t. XXXI, p. 166).


SACRÉE CONGRÉGATION POUR L'ÉGLISE ORIENTALE

22 avril 1944 1

NOTIFICATION CONCERNANT LES INDULGENCES ATTACHÉES A LA RÉCITATION DE LA SALUTATION ANGÉLIQUE

Par une notification, datée du 22 avril 1944, la Congrégation pour l'Eglise orientale communique les réponses données par la Sacrée Pénitencerie à deux questions qui lui avaient été soumises. Les fidèles des rites orientaux qui récitent la Salutation angélique dans leurs langues peuvent gagner, comme les latins, les indulgences attachées à cette prière (rescrit du 3 juin 1888) ; tous ceux, même les latins, qui récitent la Salutation angélique selon le texte en usage dans les rites orientaux peuvent gagner en privé les indulgences attachées à cette récitation.

SACRÉE CONGRÉGATION DES RELIGIEUX

24 janvier 1944 - DÉCRET ÉTABLISSANT UNE COMMISSION SPÉCIALE AU SEIN DE LA CONGRÉGATION DES RELIGIEUX

1

Pour permettre à la Sacrée Congrégation des Religieux de s'acquitter d'une façon plus efficace et plus fructueuse de la charge que lui confie le canon CIS 251 2 du Code de droit canonique, Notre Très Saint-Père le pape Pie XII a daigné, dans l'audience accordée le 24 janvier 1944 au secrétaire soussigné, approuver de son autorité apostolique l'érection et la constitution au sein de la Congrégation des Religieux d'une Commission spéciale composée d'hommes compétents. Cette Commission sera chargée de traiter toutes les questions et affaires se rapportant à un titre quelconque à la formation religieuse et cléricale, à l'instruction littéraire et scientifique, aux occupations des postulants, des novices et des jeunes religieux, de n'importe quelle religion et société de vie en commun sans voeux.

La Commission ainsi établie s'occupera principalement des tâches suivantes :

a) définir et fixer les principes essentiels et les traits caractéristiques qui doivent constamment diriger et régler la formation et l'instruction des religieux ;

b) contrôler les ordonnances prises par les supérieurs et par les chapitres sur les matières qui se rapportent à l'éducation et à l'instruction des religieux ; prendre aussi connaissance des rapports fournis à ce sujet par les supérieurs ou par les visiteurs apostoliques et en faire l'examen.

La Commission sera convoquée pour des réunions ordinaires ou extraordinaires, plénières ou partielles, selon ce que paraîtront exiger la nature et l'importance des affaires à traiter. Ces réunions seront présidées et dirigées par le secrétaire de la Sacrée Congrégation des Religieux. Les délibérations et les décisions seront, en temps opportun, transcrites sur un registre.

Il appartiendra aux officiers de la Congrégation des Religieux de rassembler, de mettre en ordre, de préparer comme il faudra les dossiers de toutes les affaires que la Commission doit traiter, et aussi les dossiers que chaque membre de la Commission aura à étudier et à examiner. Ces mêmes fonctionnaires doivent aussi conserver dans les archives les actes et les documents qui concernent la Commission, faire exécuter les décisions prises sous la conduite et l'autorité du président de la Commission, et accomplir et terminer les autres choses se rapportant à l'affaire.

Nonobstant toutes choses contraires.


SACRÉE CONGRÉGATION DES RITES

DÉCRETS ET COMMUNICATIONS 14 janvier 19441

Décret au sujet de l'usage de la salive dans l'administration du baptême.

Avec quel soin et quelle vigilance l'Eglise catholique veille à l'observation des règles et des cérémonies en usage dans la célébration de la messe et dans l'administration des sacrements, telles qu'elles sont établies par des traditions remontant aux temps apostoliques et par les décrets des saints Pères ! La preuve en est dans la constante sollicitude que l'Eglise manifeste quand il s'agit soit d'éditer les livres liturgiques, soit d'en prescrire partout le fidèle emploi dans la pratique du culte. En outre, voici l'anathème porté par le saint concile de Trente à propos de ces rites (Sess. VII, ch. XIII) : « Si quelqu'un dit que les rites reçus et approuvés dans l'Eglise catholique et qui sont habituellement en usage dans l'administration solennelle des sacrements peuvent être ou méprisés ou omis sans péché, selon ce qu'il plaît aux ministres, ou être changés par n'importe quel pasteur des églises en d'autres nouveaux, qu'il soit anathème. » Cependant, ces choses ne sont nullement un obstacle qui empêcherait l'autorité ecclésiastique compétente de modifier, partout où un grave motif le conseille, les rites et les cérémonies liturgiques pour éviter que les fidèles ne s'éloignent de la réception des sacrements 2.

C'est pourquoi, comme des évêques, des prêtres et des missionnaires ont fait connaître qu'il y avait parfois danger de contagion à toucher avec sa propre salive les oreilles et le nez, tant des enfants que des adultes que l'on devait baptiser, la Sacrée Congrégation des Rites, sur l'ordre de S. S. le Pape Pie XII, a décidé de corriger de la façon suivante la rubrique du Rituel romain (titre II, ch. II, N° 13) : « Ensuite le prêtre prend sur le pouce un peu de sa salive (ce qu'on omet chaque fois qu'il existe un motif raisonnable de sauvegarder la propreté ou un danger de contracter ou de propager une maladie) et touche les oreilles et les narines de l'enfant... » La même Congrégation a ordonné d'insérer dans les futures éditions du Rituel romain la modification introduite dans la rubrique 3.

Nonobstant toutes choses contraires.


S. CONGRÉGATION DES RITES

275

28 janvier 1944*

Décret concernant l'emploi des saintes huiles consacrées en 1943.

Un induit de la Congrégation des Rites, induit valable pour un an, permet pour les diocèses où il y a, en raison des circonstances de guerre, difficulté de se procurer de l'huile nouvelle en quantité suffisante, de se servir, jusqu'à épuisement, des saintes huiles consacrées en 1943 (saint-chrême, huile des catéchumènes, huile des infirmes) ; après quoi, on emploiera les saintes huiles bénites, comme de coutume, le jeudi saint 1944.

12 mai 1944 5

Décret concernant les ablutions à la messe.

Ce décret permet, pour les diocèses où il est difficile, durant la guerre, de renouveler l'approvisionnement en vin de messe, de n'employer, sur l'avis de l'Ordinaire du lieu, que de l'eau aux ablutions, afin d'économiser le vin de messe. L'induit vaut tant que dureront les difficultés d'approvisionnement.

23 juin 1944 « Déclaration concernant la Bénédiction apostolique.

Le Pontifical romain fixe le rite et la formule avec lesquels la Bénédiction apostolique, ainsi que l'indulgence plénière, doivent être données aux fidèles par les patriarches, primats, archevêques et évêques après les messes pontificales. A ce sujet, on a soulevé le doute suivant : « Est-ce que les éminentissimes cardinaux doivent employer le rite et la formule susdits, chaque fois qu'il leur arrive d'accorder, que ce soit à Rome ou hors de Rome, la Bénédiction apostolique ? »

A ce doute, la Sacrée Congrégation a estimé devoir répondre de la façon suivante : « hors de Rome, affirmativement ; à Rome, au contraire, le cas ne peut se présenter puisque, à cause de la présence du Souverain Pontife, la faculté de donner la Bénédiction apostolique n'est accordée à personne. »


DÉCRETS CONCERNANT LES BÉATIFICATIONS ET LES CANONISATIONS 7

28 janvier

Décret d'introduction de la cause de béatification de la servante de Dieu Ludovique Nicolle, du Tiers Ordre de Saint-Dominique, fondatrice de la Congrégation des humbles Filles du Sacré-Coeur.

* D'après le tente latin des A. A. S., 36, 1944, p. 60.

6 D'après le texte latin des A. A. S., 36, 1944, p. 221.

27 février

Décret de virtutibus pour la béatification du vénérable serviteur de Dieu Placide Baccher, prêtre séculier et membre du Tiers Ordre de Saint-Dominique.

Décret de luto pour la canonisation de la bienheureuse Françoise Xavier Cabri-ni, fondatrice de l'Institut des Soeurs missionnaires du Sacré-Coeur de Jésus.

Décret de miraculis pour la canonisation du bienheureux Michel Garicoïts, fondateur de la Société des Prêtres du très saint Coeur de Jésus, dits de Béthar-ram.

28 avril

Décret d'introduction de la cause de béatification du serviteur de Dieu Clément Marchisio, fondateur de l'Institut des Filles de Saint-Joseph.

30 avril

Décret de miraculis pour la canonisation du bienheureux Nicolas de Fliie, ermite de Suisse.

Décret de tuto pour la canonisation du bienheureux Michel Garicoïts, fondateur de la Société des prêtres du très saint Coeur de Jésus, dits de Bétharram.

4 juin

Décret de tuto pour la canonisation du bienheureux Nicolas de Fliie, ermite de Suisse.

Décret de virtutibus pour la béatification du vénérable serviteur de Dieu Placide Riccardi, prêtre de la Congrégation bénédictine du Mont-Cassin.

23 juin

Décret d'introduction de la cause de béatification du serviteur de Dieu Bienvenu Noailles, prêtre, fondateur de l'Institut des Soeurs de la Sainte-Famille.

Décret d'introduction de la cause de béatification de la servante de Dieu Marie-Catherine de Sainte-Rose de Viterbe, dans le siècle Constance Troiani, fondatrice de l'Institut des Soeurs franciscaines missionnaires en Egypte.

30 juin

Décret d'introduction de la cause de béatification de la servante de Dieu Thérèse Marie de la Croix, fondatrice des Soeurs tertiaires de Sainte-Thérèse.

3 décembre

Décret de reprise de la cause de canonisation du bienheureux Etienne Bellesini, prêtre de l'Ordre des Frères ermites de Saint-Augustin.

Décret d'introduction de la cause de béatification de la servante de Dieu Anna Perez Florido, fondatrice de la Congrégation des mères des abandonnés.

Décret d'introduction de la cause de béatification de la servante de Dieu Thérèse Valsé Pantellini, de l'Institut des Filles de Marie-Auxiliatrice.

13 juin 19441


LETTRE A S. EM. LE CARDINAL TISSERANT AU SUJET DES AUMONIERS DU MAQUIS EN FRANCE

Je suis chargé par mon éminentissime Supérieur de faire savoir à Votre Emi-nence que sa lettre du 2 de ce mois sur l'assistance spirituelle aux hommes du maquis a été par moi soumise à l'auguste considération du Saint-Père.

Sa Sainteté a examiné avec un paternel empressement ce que Votre Eminence lui exposait. Elle a daigné disposer que l'épiscopat français pourvoie à l'assistance spirituelle en question et, à cette fin, puisse faire usage des facultés spéciales contenues dans l'Index facultatum, publié par la Sacrée Congrégation Consistoriale, en date du 8 décembre 1939 2. Le nonce apostolique en France a été aussitôt informé de cette souveraine disposition.

SACRÉE CONGRÉGATION DES AFFAIRES ECCLÉSIASTIQUES EXTRAORDINAIRES

SACRÉE CONGRÉGATION DES SÉMINAIRES ET UNIVERSITÉS

21 décembre 1944 1


INSTRUCTION ADRESSÉE AUX ORDINAIRES SUR L'IMPORTANCE DE L'ÉTUDE DE LA PÉDAGOGIE DANS LES SÉMINAIRES

La formation pédagogique, didactique, catéchistique des séminaristes a toujours été pour ce dicastère sacré l'objet de beaucoup de soins et de graves préoccupations.

Il ressort clairement des pages de l'Evangile, des lettres apostoliques, de toute l'histoire ecclésiastique que le prêtre de Jésus-Christ n'est pas seulement un ministre du culte, un officiant de la liturgie, mais qu'il est en outre éducateur, instructeur, formateur d'intelligences et de consciences. Bien plus, dans l'ordre donné par le Christ aux apôtres, le magistère précède le ministère sacramentel et liturgique : « Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». (Mt 28,19).

Se conformant à cet ordre divin, les apôtres donnèrent réellement la préséance du magistère sur n'importe quelle autre activité, à tel point que saint Paul a pu affirmer : « Le Christ ne m'a pas envoyé pour baptiser, mais pour prêcher l'Evangile ». (1Co 1,17). La raison de cette préséance du magistère est évidente : une âme ne peut pas s'enrichir de la grâce si d'abord elle n'a pas été éclairée par la vérité.

De là l'importance souveraine, pour les prêtres, de la pédagogie, qui traite de l'éducation en général ; de la didactique, qui se rapporte à l'enseignement en général et à ses méthodes ; de la catéchétique, qui est la didactique appliquée à l'enseignement de la religion.

On pourrait objecter que les lois fondamentales de l'éducation s'inspirent d'expériences aisées et que les bonnes dispositions naturelles jointes aux vertus chrétiennes et aux secours surnaturels ont toujours porté des fruits abondants sur le terrain de la pédagogie. Mais il est également vrai que l'art perfectionne la nature et, quand il s'agit de l'éducation religieuse, c'est vraiment le cas de l'appeler l'art des arts.

L'importance de cette préparation s'est grandement accrue dans ces derniers temps. Les prêtres doivent souvent remplir les charges d'assistants d'Action catholique et de directeurs d'associations religieuses ; ces emplois comportent une tâche où prévaut l'éducation. « Il appartient d'une façon spéciale aux assistants ecclé-


S. CONGRÉGATION DES SÉMINAIRES ET UNIVERSITÉS 279

siastiques, disait S. S. le Pape Pie XII, heureusement régnant, de former et d'instruire les membres de l'Action catholique en les alimentant et en les faisant grandir dans une ambiance de sûre, saine et profonde spiritualité. » 2

Un nouveau champ d'action s'est ouvert plus récemment au clergé dans les écoles du gouvernement où il est appelé à enseigner la religion. Or, ces milieux, qui accueillent la majorité des enfants qui étudient, présentent, comme cela a été bien des fois relevé, des exigences spéciales et des difficultés qui demandent chez le maître des qualités pédagogiques peu communes, dont l'absence explique en grande partie le petit nombre de fruits obtenus jusqu'à présent.

C'est pourquoi il ressort clairement qu'aujourd'hui, plus que dans le temps passé, il faut donner aux candidats au sacerdoce une instruction convenable également en matière de pédagogie.

En conséquence, on prescrit ce qui suit :

/ — Cours de philosophie

On doit établir un cours théorico-pratique (une heure par semaine durant deux ans) de pédagogie et de didactique. Ce cours peut être confié au professeur de philosophie, ces sciences étant étroitement liées à la psychologie et à l'éthique. Il ne sera pas possible, dans ce cours, de traiter longuement les matières qui s'y rapportent, mais on devra y donner, avec clarté et précision, les principes et directives générales : concept de l'éducation ; fin, lois, méthodes d'éducation ; nature du sujet à éduquer envisagé dans son développement éducatif et compte tenu de son âge ; l'éducateur, ses devoirs et qualités ; droit d'éduquer, Eglise, famille, Etat ; milieu éducateur, famille, école, collège, établissements d'éducation, cercles, associations, etc. ; sport ; la didactique : concept, systèmes, méthodes plus adaptées aux divers enseignements.

Toutes ces notions doivent être chaque fois comme illustrées par la mise en pratique, qui en a été faite par les grands saints et par les grands éducateurs, dont est riche l'histoire ancienne et moderne de l'Eglise.

Ensuite, comme complément, on ajoutera des aperçus d'histoire de la pédagogie, en vue de former chez les jeunes un jugement droit pour bien discerner ce qui est vrai et bon, ou faux et erroné dans les divers systèmes et dans les diverses méthodes.

Ainsi, les futurs prêtres, outre qu'ils ne seront pas inférieurs aux maîtres ordinaires, à qui l'on enseigne durant les cours qui les préparent à être instituteurs la pédagogie et son histoire, sauront mieux s'orienter dans les divers secteurs du ministère sacré, et en particulier dans l'enseignement de la religion 3.

Ce ne sera pas chose peu utile que de suggérer de faire développer par les séminaristes, sous forme de leçons, pour les étudiants des écoles moyennes supérieures, pour des personnes cultivées et pour des cercles d'études, certaines des thèses étudiées dans le cours de philosophie, qui s'opposent davantage aux erreurs contemporaines (par exemple la spiritualité, l'immortalité, la liberté de l'âme humaine, la fin de l'homme, la loi morale et sa sanction, etc.). On veillera également à faire discuter les séminaristes eux-mêmes, sous la direction du professeur, sur les méthodes qui sont les mieux adaptées quand il s'agit de présenter et de démontrer efficacement ces sortes de vérités, habituant les séminaristes à utiliser en pratique tout ce qu'ils ont appris en théorie.

// — Cours de théologie

On établira un cours pratique de catéchétique, avec un rapport spécial à l'enseignement religieux à donner aux élèves des écoles. Plutôt que d'instituer, on devrait parler de valoriser et de spécialiser le cours de catéchétique, déjà inclus dans la théologie pastorale. Pour cela, sur les quatre heures réservées à la pastorale, deux seront consacrées à la catéchétique.

Les jeunes théologiens développeront par écrit et oralement les sujets de théologie qui ont quelque rapport avec la catéchétique, et cela non seulement sous forme d'une homélie et sous celle d'une explication de l'Evangile, mais encore sous forme de leçons à des étudiants des diverses écoles, sous la direction du professeur ; ils discuteront aussi sur la meilleure méthode de donner ces sortes de leçons.

En outre, il faudra introduire, s'ils ne sont pas déjà en usage, des exercices pratiques d'enseignement catéchétique 4 — pas uniquement dans quelques paroisses — mais aussi dans une école (publique ou privée) ou au séminaire lui-même. Par exemple, les séminaristes de quatrième année de théologie pourraient donner quelques leçons aux élèves de collège, mais toujours sous la direction du professeur de catéchétique qui, à la fin du cours de théologie, donnera son appréciation motivée sur l'idonéité et sur la capacité de chaque séminariste à donner l'enseignement religieux dans les écoles.

* * »

Qu'on remarque bien que dans les exercices oraux et écrits du cours de philosophie et du cours de théologie on doit viser l'aspect positif, c'est-à-dire à établir clairement et solidement la vérité, en évitant des polémiques inutiles et encore plus des invectives dans la réfutation des erreurs contraires.

Que les jeunes lévites se persuadent que l'enseignement de la religion n'est pas seulement l'enseignement de la plus noble des sciences, mais qu'il est la transmission du verbum vitae (parole de vie), que le Seigneur fera fructifier dans le coeur des auditeurs. Dès lors, ce n'est pas un simple cours d'enseignement, auquel suffirait la préparation scientifique, mais c'est par-dessus tout un apostolat, pour lequel est indispensable la grâce de Dieu et la coopération du bon exemple de la part du maître qui enseigne.

Nous ne doutons pas que les règles contenues dans la présente Instruction seront appliquées à partir du prochain mois de janvier ; toutefois, nous serions reconnaissants de recevoir un témoignage de garantie à ce sujet.

25 mars 1944 1


Pie XII 1944 - ALLOCUTION AU NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DE L'EQUATEUR