Pie XII 1946 - DISCOURS A M. ENRICO DE NICOLA, CHEF PROVISOIRE DE L'ÉTAT ITALIEN


CHEF PROVISOIRE DE L'ÉTAT ITALIEN

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et qu'ils mettront leur honneur à prouver en terre romaine et aux yeux du monde entier que ^incorrupta fides et le dictorum conveneruntque constantia et veritas, héritage de la sagesse de leurs aïeux, sont, aujourd'hui encore et pour tous les temps, des lois immuables.

Prenant intimement part aux besoins et aux peines, non moins qu'aux espérances et à l'attente de la nation italienne, si proche de Notre coeur, Nous implorons pour ce cher peuple, et en particulier pour Votre Excellence et pour tous ceux qui ont la charge difficile de le conduire par les sentiers de la vertu, de l'honnêteté, de la prospérité et de l'honneur, l'assistance et les lumières les plus abondantes du Très-Haut ; qu'en soit le gage la Bénédiction apostolique que Nous donnons à tous avec une paternelle affection.

A la Chorale paroissiale de Saint-Joseph, de Roubaix, et aux Petits Chanteurs à la Croix de bois, de Paris, venus en pèlerinage à Rome, le Saint-Père a adressé ces quelques paroles de bienvenue :

Nous éprouvons un grand plaisir, chers enfants, à vous recevoir, à vous entendre, à vous bénir. Le bon Dieu vous a fait le don précieux d'une belle voix et vous la consacrez à chanter ses louanges, et votre chant est un hommage d'adoration à sa divinité, un hommage de reconnaissance à sa bonté, un hommage d'amour à son amour. Il est en outre un apostolat, car, même sans l'exprimer en propres termes, votre chant dit à ceux qui vous écoutent ces mots si fréquents dans les psaumes : « Chantez donc avec nous à la gloire du bon Dieu ! » Alors que, si souvent, le chant profane part de coeurs souillés et scandalise les oreilles, combien il est juste et désirable que des voix montent, douces et ardentes, du plus profond des coeurs aimants et purs. Que telles soient toujours les vôtres, chers enfants. Qu'unies aux voix des choeurs célestes elles chantent à la gloire de Dieu, à la gloire du divin Roi et de l'immaculée Reine des anges ! C'est avec ce voeu que Nous vous donnons, à vous, chers enfants, à vos familles, à tous ceux qui vous forment et vous dirigent avec autant de zèle que d'art, Notre Bénédiction apostolique.

(31 juillet 1946) 1


LETTRE A L'ARCHEVÊQUE DE MANILLE POUR LE CONGRÈS MARIAL DES PHILIPPINES

(31 juillet 1946)1

A l'occasion du Congrès mariai organisé lors du troisième centenaire de la victoire qui libéra les Philippines, le Saint-Père a adressé à S. Exc. Mgr O'Doherty, archevêque de Manille, la lettre suivante qui recommande la dévotion du Rosaire :

Nous apprenons avec plaisir que les îles Philippines, chères à Dieu et à l'Eglise, illustres par leur foi et leurs hauts faits sont sur le point de célébrer, par des solennités entourées d'une splendeur inusitée des rites sacrés et avec une pompe magnifique, le troisième centenaire de la victoire navale qui assura aux habitants de ces îles la sécurité de la religion catholique et de la liberté civile et les délivra des graves dangers qui les menaçaient. Nous ne voulons pas laisser passer sous silence la célébration de cet heureux événement sans vous adresser, Vénérable Frère, ainsi qu'aux autres évêques, au clergé et au peuple confié à vos soins, Nos félicitations et Nos prières salutaires afin de donner à votre allégresse un nouvel aliment et d'exciter vos pieux desseins en y ajoutant la parole de Notre amour paternel. Vos aïeux n'eurent aucune hésitation à attribuer à la Vierge du saint Rosaire, dont le secours avait été imploré par un assaut de prières, le triomphe remporté ; de même ils promirent de célébrer chaque année en son honneur une fête pour manifester leur éternelle reconnaissance à cette Mère et Reine éminente. C'est dès lors que vos anciens donnèrent l'exemple de leur dévotion au rosaire mariai et montrèrent l'estime qu'ils en avaient. C'est pourquoi il ne convient pas de laisser se perdre ou s'affaiblir cette tradition et cette institution qui fut si agréable à vos premiers ancêtres et maintint vivants chez eux le sens et la fermeté de leur foi. Les circonstances elles-mêmes des temps avec les conséquences désastreuses que la récente guerre a laissées dans les îles Philippines ne le permettent pas, mais exigent au contraire que soient ranimées à nouveau et réunies toutes les forces, surtout celles qui touchent à la vie spirituelle. En effet, afin que la civilisation chrétienne produise des fruits terrestres plus abondants et que, tout en ouvrant aux hommes un chemin facile à la réalisation des promesses éternelles, elle leur assure sur la terre une vie prospère conforme à l'état et aux conditions des temps présents, il est absolument nécessaire de rechercher et de maintenir partout et toujours la primauté des choses spirituelles. C'est un grand bien que la liberté, mais d'elle-même elle tombe dans la licence, très souvent aussi abjecte que la tyrannie, si elle ne respecte pas le véritable et solide ordre des choses où les biens divins sont préférés aux biens humains, les biens éternels aux biens caducs, les biens de la justice à l'intérêt. L'ordre de la sagesse chrétienne brillera si nous sommes fidèlement attachés aux vérités et aux préceptes de l'ordre divin et si nous réglons sur eux, avec le secours de la grâce, notre conduite et nos actions.

Mais pour atteindre ce but dans son intégrité et sa perfection, la bienheureuse Vierge Marie nous précède par ses oeuvres, est à notre tête par ses exemples et nous aide par son patronage. Elle qui a dompté le diable et le péché, auxquels elle a déclaré une guerre perpétuelle, elle qui ornée de toute la splendeur de la vertu est avant tout riche de la grâce du Christ, elle est l'exemplaire eminent de la vie que les fidèles doivent contempler et reproduire en eux ; tour intrépide, mère du bel amour, siège de la sagesse, elle porte en elle cet esprit complet et puissant de la religion chrétienne que l'apôtre décrit ainsi : « Dieu ne nous a pas donné l'esprit de crainte, mais l'esprit de force, d'amour et de sobriété » (2Tm 1,7).

Or, le rosaire mariai a pour effet de mettre sous nos yeux les mystères de la Mère de Dieu, de la considérer avec une pieuse affection, de l'aimer, de l'imiter, d'implorer son secours avec une douce instance par nos prières, afin d'en arriver à bien méditer l'exemple de sa vie maternelle et de l'imiter pleinement. Abrégé de tout l'Evangile, méditation des mystères du Seigneur, sacrifice du soir, guirlande de roses, hymne de louange, supplication familiale, règle de vie chrétienne, gage certain des faveurs célestes, garantie de persévérance, que le rosaire soit à nouveau chez vous en grand honneur et que sous ses auspices revive chez vous l'ancienne vertu avec un sens profond


CONGRÈS MARIAL DES PHILIPPINES

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du juste et de l'honnête et que renaisse l'espoir d'un âge meilleur dans lequel, jointes dans une union féconde au respect sincère dû à Dieu, fleurissent les saintes lettres, les sciences de tout genre, les arts libéraux, la noble urbanité des moeurs, l'empire de la justice sociale, le bonheur chrétien. Mais entre tous les maux causés par la guerre atroce qui nous ont frappés vous et Nous de la douleur la plus amère, c'est surtout la destruction du vénérable couvent de Saint-Dominique, à Manille. Ce temple admirable, si cher à votre peuple par son caractère sacré, par sa masse imposante, par son architecture, s'écroula écrasé sous la ruine de ses murs et de son faîte, comme s'il voulait avoir sa part de la calamité de tout votre peuple ; mais au milieu de ses ruines demeura intact le tableau de la Mère du saint Rosaire, subsistant comme un gage de résurrection indubitable au milieu de tant de difficultés et d'amertumes et afin que la confiance en un avenir serein ne vienne pas à manquer aux âmes brisées de douleur. C'est pourquoi il convient maintenant de relever ce vénérable sanctuaire qui a partagé votre sort et de le ressusciter avec vous qui, après tant de craintes et de malheurs, respirez enfin et vous enflammez pour de louables oeuvres et entreprises. Il n'y a pas lieu de douter que la Reine des Cieux et des hommes, honorée et touchée par l'hommage respectueux de votre culte, ne vous accorde à vous et à vos enfants le secours d'abondantes grâces afin que les îles Philippines, solide rempart de la civilisation chrétienne, restent fidèles à la religion catholique qui est pour tout peuple la principale source de sagesse, de mérite et de salut, qu'elles la traduisent en oeuvres et qu'elles en pénètrent le plus largement possible la vie familiale et sociale. Quoi de plus souhaitable pour vous, quoi de plus conforme aux fastes de votre histoire, quoi de plus salutaire que de vous distinguer par la gloire de l'Evangile et d'être des semeurs de la lumière des splendeurs de laquelle vous jouissez ? Par l'Action catholique et les pieuses associations, par les écoles catholiques de tout ordre, surtout par votre université de Saint-Thomas, par les oeuvres missionnaires et les travaux des hérauts de l'Evangile consacrés autrefois par le sang du martyre, faites que votre foi, animée par l'Esprit-Saint, soit ornée d'une nouvelle couronne des meilleurs fruits spirituels.

Afin d'en réaliser le souhait, Nous demandons à l'éminente Vierge Marie d'appuyer Nos voeux qui sont aussi les vôtres et Nous implorons son patronage secourable. Et pour que ces fêtes centenaires produisent une plus abondante moisson spirituelle et que la pratique et le culte du rosaire mariai se fortifient chez vous de plus en plus, bien volontiers Nous vous accordons à perpétuité le secours de quelques indulgences telles qu'elles sont indiquées sur la feuille jointe à ces lettres.

Après ces voeux que Nous vous adressons dans Notre bienveillance, combien profonde le sait Celui qui Nous l'inspire, il ne Nous reste plus qu'à vous accorder de grand coeur à vous, Vénérable Frère, et à tous ceux qui de quelque manière contribueront à la solennité projetée ou y assisteront, la Bénédiction apostolique en gage des faveurs divines.


ALLOCUTION AUX DÉLÉGUÉS DU HAUT COMITÉ ARABE DE PALESTINE

(3 août 1946) 1

Nous sommes heureux, avant tout, de recevoir une Commission, qui vient au nom d'un peuple dont Nous connaissons et apprécions le caractère généreux et l'attachement à certains principes qui sont à la base de la religion, et par là, constituent une indispensable condition d'ordre social et de civilisation.

En outre, Nous ne pouvons manquer de considérer aussi la façon dont est composée cette Commission ici présente, qu'il Nous plaît de saluer comme un symbole de solidarité sociale et de cette pacifique communauté qui, indépendamment de l'appartenance aux diverses familles ethniques, devrait avoir, pour ainsi dire, son siège précisément en Palestine, où Jésus, Prince de la paix, annonça et apporta la paix aux hommes de tous les temps et de toutes les nations.

Sans doute, la paix ne peut se réaliser que dans la vérité et dans la justice. Cela suppose le respect des droits d'autrui, de certaines positions et traditions acquises, spécialement dans le domaine religieux, comme d'ailleurs le strict accomplissement des devoirs et obligations, auxquels chaque groupe d'habitants est astreint.

Voilà pourquoi, après avoir d'ailleurs reçu, ces jours derniers encore, de nombreux appels et réclamations de diverses parties du monde, et pour divers motifs, il est superflu de vous dire que Nous réprouvons tout recours à la force et à la violence, d'où que ce soit, comme aussi Nous condamnâmes à plusieurs reprises, dans le passé, les persécutions qu'un fanatique antisémitisme déchaînait contre le peuple hébreu. Cette attitude de parfaite impartialité, Nous l'avons

toujours observée dans les circonstances les plus variées et Nous entendons Nous y conformer aussi à l'avenir.

Mais il est clair que cette impartialité, que Nous impose Notre ministère apostolique, qui Nous place au-dessus des conflits dont la société humaine est agitée, en ce moment si difficile surtout, ne peut signifier indifférence. Aussi vous assurons-Nous que, dans la mesure où cela dépendra de Nous, et selon les possibilités qui Nous seront offertes, Nous Nous emploierons pour que la justice et la paix en Palestine deviennent une bienfaisante réalité, créant, par l'efficace coopération de tous les intéressés, un ordre qui garantisse à chacune des parties présentement en conflit la sécurité de l'existence, en même temps que des conditions physiques et morales de vie, sur lesquelles puisse s'établir normalement un état de bien-être matériel autant que culturel.

C'est dans ces sentiments que, en vous remerciant de tout coeur de la visite que vous avez bien voulu Nous faire, Nous vous exprimons Nos plus paternels souhaits, pour vous, pour vos familles, pour ceux qui vous sont chers, et pour votre peuple tout entier.


ALLOCUTION AU MINISTRE PLÉNIPOTENTIAIRE DE TCHÉCOSLOVAQUIE

(13 août 1946) 1

Recevant le nouveau ministre plénipotentiaire de Tchécoslovaquie, S. E. M. Arthur Maixner, venu lui présenter ses lettres de créance, le Souverain Pontife a prononcé cette allocution :

Les lettres de créance par lesquelles S. E. Monsieur le président de la République tchécoslovaque Nous communique la nomination, en votre personne, d'un nouvel envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire auprès du Saint-Siège, mettent le point final à un passé douloureusement troublé et manifestent la volonté d'aboutir à un avenir meilleur et plus serein.

Les paroles que Votre Excellence vient de prononcer en cette occurrenoe solennelle attestent sa résolution d'apporter un concours efficace au maintien et au développement de relations normales et confiantes entre l'Eglise et l'Etat, après les tragiques années de la plus horrible de toutes les guerres.

Dans le rétablissement de cette légation, luisent pour les fidèles catholiques de votre pays — Nous en avons la ferme assurance — l'espoir et la conviction d'avoir retrouvé un précieux soutien et un appui solide pour la sauvegarde de leurs droits et de leurs libertés religieuses.

Nul ne saurait saluer avec plus de satisfaction que Nous la réalisation de cette espérance.

Et nul ne saurait avoir un désir plus ardent de faire, de Notre côté, pour combler cette attente, tout ce qui est en Notre pouvoir et conforme à la dictée de Notre conscience.

C'est précisément de ce point de vue que Nous apprécions hautement les nobles expressions par lesquelles Votre Excellence se plaisait à reconnaître le courage dont les catholiques ont su faire preuve en face de toutes les oppressions qui pesaient sur eux durant les années de la domination étrangère.

Dans la nouvelle Europe, cette Europe qui est en train de se dégager péniblement de la crise et des bouleversements de la guerre et de l'après-guerre, les peuples de la République tchécoslovaque ont leur poste marqué, leur rôle assigné et, par le fait même, ils se trouvent en présence de responsabilités et de risques qui, mettant leur sort en jeu, imposent à la sagesse, à la vigilance pratique en même temps qu'à la conscience morale de leurs gouvernants, à l'esprit de discipline et de modération de tous les citoyens, les efforts les plus vigoureux et les plus constants.

Quiconque a sincèrement à coeur le véritable intérêt des peuples de la Tchécoslovaquie leur souhaite, en cette heure décisive de leur histoire, de voir clairement combien, par-dessus tous les dissentiments nés de la guerre, l'avènement d'une paix digne, constructive, vitale, est indissolublement lié à des principes d'ordre juridique et moral, que toutes les habiletés et toutes les énergies politiques du monde ne pourront jamais remplacer.

Nous vous prions de vouloir bien transmettre à M. le président de la République, avec Nos remerciements, l'expression de Nos meilleurs souhaits pour le bonheur de sa personne.

Quant à vous, Monsieur le ministre, soyez assuré que, dans l'accomplissement de votre haute mission, vous trouverez toujours auprès de Nous compréhension et cordial appui.

En témoignage des voeux que Nous vous adressons du fond du coeur pour la prospérité et le progrès pacifique de votre peuple, Nous donnons bien volontiers, comme vous venez de Nous le demander, à tous les fidèles catholiques tchécoslovaques, et particulièrement à Votre Excellence et à toute sa famille, Notre Bénédiction apostolique.

Un des plus touchants de tous les miracles que le Sauveur de l'humanité a accomplis durant son séjour terrestre fut celui de la nourriture de la multitude dans le désert. Constatant dans sa bonté que 'le peuple était épuisé, il chercha à apaiser sa faim et, comme il ne disposait pas d'autres ressources, il utilisa dans sa toute-puissance cinq pains et deux poissons, si bien que cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants « mangèrent à satiété, si bien que l'on ramassa le reste des morceaux : douze pleins couffins » (Mt 14,15-21).

Les habitants de nombreux pays souffrent encore de la faim et manquent d'une nourriture aussi élémentaire que le pain. Nous ne pouvons pas demander des miracles, car Dieu dans sa Providence veut que l'humanité se serve ordinairement des moyens habituels pour se procurer sa subsistance ; mais nous ne pouvons pas non plus faire la sourde oreille aux appels des hommes qui sont sous-alimentés. A nous comme à ses apôtres, le Maître dit : « Donnez-leur à manger » (Mt 14,16) et, par son appel, nos coeurs se sont émus de leurs malheurs.

Vous êtes venus en Italie, Messieurs les membres du ministère de l'Agriculture des Etats-Unis, pour étudier la production des céréales dans ce pays et d'ici vous irez communiquer les résultats de votre

(17 août 1946) 1

Au sous-secrétaire du ministère de l'Agriculture des Etats-Unis et à sa suite faisant une enquête sur les moyens de subvenir aux besoins du monde de l'après-guerre menacé par la faim, le Saint-Père a adressé l'allocution suivante :

enquête à l'International Food Congress. Cet étroit contact avec la terre vous donnera une meilleure compréhension de la situation et vous rendra capables de trouver les moyens d'accélérer la production normale, tandis que vous aiderez les peuples à surmonter les difficultés de la période nécessaire de la reconstruction. Nous vous souhaitons la bienvenue dans Notre Etat de la Cité du Vatican, alors que vous faites une pause dans votre mission de miséricorde.

Notre voix s'est élevée en supplications durant ces années déchirantes pour demander du secours pour les affligés ; Nous n'avons pas cessé de réclamer de l'aide pour tous ceux qui sont en détresse. Dans nos temps troublés, quand les nuages du doute et de l'incertitude obscurcissent le ciel, il est par-dessus tout nécessaire que des hommes, grâce à Dieu encore nombreux, courageux, lucides et bons pour l'humanité en détresse, gardent la flamme de la charité chrétienne brûlant si largement dans leurs coeurs ; que des coeurs soient réchauffés par cette chaleur et que les yeux obscurcis par les larmes y voient la promesse d'un avenir meilleur.

Que la bénédiction du ciel descende sur vous et sur tous ceux qui vous sont chers. Nos prières les plus ferventes suivront votre entreprise. Puisse Dieu, dans sa bonté, donner d'heureux résultats à vos efforts.


MESSAGE

AU PREMIER CONGRÈS NATIONAL ITALIEN DES ASSISTANTS ECCLÉSIASTIQUES DES A.C.L.I.

(21 août 1946) 1

Ce message a été lu par S. Exc. Mgr Montini, substitut de la Secré-tairerie d'Etat, qui honorait de sa présence le premier congrès national italien des assistants ecclésiastiques des Associations catholiques des travailleurs italiens :

Que la Bénédiction apostolique par laquelle Nous répondons de coeur au filial hommage des prêtres réunis pour étudier les questions qui concernent l'apostolat parmi les travailleurs leur dise Notre paternelle complaisance à voir le clergé italien répondre à Nos pressantes exhortations et donner à un ministère d'une telle urgence et importance la considération et la sollicitude qu'il mérite ; qu'elle les encourage dans leurs généreuses résolutions d'activité renouvelée, d'abnégation persévérante et de charité confiante ; qu'elle leur obtienne comme un privilège insigne de servir le Christ dans nos frères sur qui pèsent les peines humaines, ces peines qui les ennoblissent.

LETTRE DE LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT A L'ÉVÊQUE DE LAUSANNE, GENÈVE ET FRIBOURG, A L'OCCASION DU XXe CONGRÈS DE « PAX ROMANA »

(21 août 1946)x

Cette lettre de S. Exc. Mgr Montini, substitut de la Secrétairerie d'Etat, a été adressée à S. Exc. Mgr François Charrière, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg.

Le Congrès de « Pax Romana », à Fribourg, au cours duquel sera célébré le XXVe anniversaire de sa fondation, offre au Saint-Père une occasion particulièrement heureuse de redire à cette institution qui a fait ses preuves, un mot de sympathie et d'encouragement.

Sa Sainteté connaît, en effet, tout le travail accompli par « Pax Romana » et les positions qu'elle a défendues au cours de ces cinq derniers lustres. Elle remercie de grand coeur la Providence d'avoir inspiré à de jeunes âmes tant de généreuses pensées et de les avoir soutenues et amenées à de bons résultats, même quand les moyens faisaient défaut, quelles qu'aient été les difficultés des temps.

Cette période de début, comprise entre deux guerres extrêmement perturbatrices pour l'ordre mondial, destinée en grande partie à la formation interne des associations nationales d'étudiants, suivant l'esprit et les lois que l'Eglise dictait pour les temps nouveaux, ne pouvait certainement pas donner à cette première étape de « Pax Romana » la mesure complète du mouvement international d'universitaires catholiques qu'elle se proposait de devenir.

Il faut donc considérer l'avenir comme un champ de plus amples conquêtes, et tirer des premières expériences des enseignements pour


XX* CONGRÈS DE « PAX ROMANA»

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l'avenir. Que « Pax Romana » soit donc toujours consciente que sa profession catholique, aussi profonde dans l'esprit de ses membres qu'ouverte aux manifestations de son activité, est la raison même de son existence, le caractère distinctif de sa physionomie propre, la force inépuisable de ses énergies morales et le guide certain de tout son effort intellectuel. Chercher d'autres critères de son existence, atténuer la valeur logique et pratique d'un tel engagement, douter qu'elle puisse victorieusement et utilement soutenir la comparaison avec n'importe quelle autre forme moderne de vie et d'idée, la réduire à une simple reconnaissance conventionnelle de quelques vagues principes au lieu d'en faire une affirmation complète intérieure et vivante d'une vérité infaillible et d'une charité ineffable, ce ne serait pas conforme à l'idée inspiratrice du mouvement ni suffisant pour lui mériter la confiance de l'Eglise, ni avantageux pour la propre mission que « Pax Romana » se propose de remplir dans une époque comme celle que nous vivons, époque qui a besoin plus que jamais d'avoir des principes absolument clairs et de les mettre en pratique d'une manière généreuse et active.

Et, avec cette fidélité à la doctrine et à la conception catholique de la vie, il faut que « Pax Romana » ait toujours à coeur son programme d'union spirituelle entre les mouvements des jeunes universitaires des divers pays ; l'éducation tendant à une charité internationale, à l'union catholique des âmes croyant au Christ, au développement de la communauté pacifique et universelle de la société humaine, seulement possible quand la raison, guidée par la foi, crée un sens épris de justice et d'estime réciproque entre les peuples. Cette éducation sera la fonction hautement bienfaisante de « Pax Romana » et disposera les étudiants à mieux saisir l'originalité incomparable de l'Eglise catholique et son irremplaçable mission historique et spirituelle.

Ce programme, certainement suffisamment vaste et difficile, sera poursuivi non seulement par la richesse des moyens ou la complexité du travail — chose dont les étudiants ne peuvent disposer — mais surtout par l'ardeur des esprits et le perfectionnement des méthodes de travail. C'est avec le souhait qu'à cet idéal élevé correspondent de consolantes réalisations, que Sa Sainteté envoie de tout coeur à Votre Excellence, aux dirigeants, aux participants et aux nombreux affiliés qu'ils représentent, une particulière Bénédiction apostolique.


RADIOMESSAGE LORS DE L'ÉRECTION DE LA CROIX SUR LE MONT AMIATA

(24 août 1946)1

En ce moment même où, en cette nuit sereine se dirigent de toutes parts les regards et les soupirs vers l'historique mont Amiata pour saluer le relèvement de la croix autrefois érigée par la piété des catholiques de la Toscane et abattue par la fureur de la guerre, et que, à Notre touche cette croix va s'illuminer et briller d'une myriade de lumières, Nous invitons les fidèles à élever vers Jésus-Christ, triomphant par le moyen de la croix, leurs esprits et leurs coeurs et à prononcer avec Nous cette fervente prière : Que cessent, ô divin Sauveur, les haines et les égoïsmes des peuples, qui ont déjà tant désolé ce siècle de calamités et de deuils et que, les esprits unis dans le travail et dans l'amour, ta paix féconde, ta paix stable sourie enfin, dans le culte de ta justice et dans les oeuvres de civilisation chrétienne. A cette paix, Seigneur, aspire, après tant d'heures de passion, cette Italie qui t'est chère, frappée mais non point abattue par l'humiliation et la douleur ; tu l'invites à reprendre par de viriles résolutions, par une volonté ferme, dans une fraternelle concorde et avec une foi inébranlable sa grande mission, cette mission que l'Italie a tant contribué, dans la lumière de ton esprit et de ta doctrine, à faire mûrir dans le monde, à savoir : donner à ce monde la conscience de la grandeur victorieuse de la matière et de la force brutale, sans autre lumière que celle de la justice et de l'amour rayonnant de la splendeur de ta croix. O Crux, ave spes unica ! ô croix, salut, notre unique espérance !

C'est avec cette prière ardente et pleine de confiance qu'au nom de Dieu, Nous accordons à la douce terre d'Italie et à tous ses fils laborieux le réconfort de la Bénédiction apostolique.


LETTRE AU PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION UNIVERSITAIRE CATHOLIQUE D'ITALIE

(28 août 1946)1

Dans cette lettre à M. Ivo Murgia, président, le Saint-Père félicite la Fédération universitaire des progrès qu'elle a accomplis pendant le premier demi-siècle de son existence, lui indique les moyens d'action que commandent les besoins de l'heure et donne des conseils et des orientations pour son action à venir.

Nous avons appris avec une joie paternelle que la Fédération universitaire catholique italienne s'apprête à tenir son XXVIIe congrès national, qui coïncide avec la célébration du 50e anniversaire de sa fondation et auquel, par conséquent, Nous ne pouvons manquer d'adresser brièvement Nos compliments et Nos voeux.

Félicitations pour le développement et l'action de la Fédération.

En jetant un regard sur le passé, Notre âme se réjouit et remercie Dieu pour le bien qui a été accompli en ces cinquante années. On peut dire, en effet, que le programme tracé par les fondateurs, servir Jésus-Christ dans le domaine de la culture et de la vie des universités, a été maintenu et développé avec une ferveur juvénile et une fidélité à l'Eglise que Nos derniers prédécesseurs, de vénérée mémoire, ont, à plusieurs reprises, soutenues de leurs encouragements et de leurs conseils.

Les petits groupes d'universitaires catholiques qui au début s'unirent par le lien d'une cordiale amitié, d'une sincère piété et d'un sérieux exemplaire dans les études, visèrent peu à peu, mais sans hésitation, à la conquête d'une plus importante phalange d'âmes.

1 D'après le texte italien de l'Osservatore Romano, du 6 septembre 1946 cf. la traduction française des Actes de S. S. Pie XII, t. VIII, p. 44.

Ces groupes, après la guerre surtout, formés à une connaissance plus approfondie de leur association, au moyen de multiples publications et de réunions d'études, mirent tous leurs soins à faire de la Fédération universitaire catholique italienne un instrument respecté de formation chrétienne au sein de l'Ecole supérieure.

Si donc, depuis la fin du siècle passé jusqu'à aujourd'hui, la profession de la foi catholique, qui ne pouvait que péniblement et avec timidité s'affirmer dans les universités, est devenue à l'heure actuelle plus assurée et plus ouverte, on le doit en grande partie à l'organisation de ces deux groupes d'universitaires — d'autant plus dignes d'éloges qu'ils étaient plus petits en nombre — qui surent défendre avec courage l'Evangile, au milieu de méfiances et de difficultés de toute sorte, et parfois en face d'adversaires déclarés.

Conseils et orientations pour leur action à venir.

Si Nous tournons ensuite Notre regard vers l'avenir, Nous sommes vivement réconforté à la pensée que les jeunes universitaires catholiques sauront continuer dignement cette louable tradition de fidélité à l'Eglise et de ferveur dans les bonnes oeuvres.

Ce sera, certes, un bien grand mérite pour eux devant Dieu, que de rester persévérants dans leur résolution d'être les premiers de tous dans l'étude tenace et dans l'effort pour réaliser la perfection chrétienne en faisant en sorte de reconnaître et de respecter dans les universités le nom même de Jésus-Christ.

Cependant, il se présente aujourd'hui des conditions particulières qui Nous incitent à appeler l'attention des universitaires catholiques sur des responsabilités encore plus grandes.

Jamais autant que maintenant (et Notre coeur en est continuellement angoissé) les privations et les souffrances de toute nature n'ont pesé sur le monde et sur l'Italie.

Aux ruines matérielles ont succédé, ainsi qu'il arrive toujours après les calamités publiques, les ruines morales. A tel point que beaucoup, même parmi les universitaires, se contentent d'une adhésion de pure forme à la vie chrétienne ; la fatigue et l'abattement s'emparent bien souvent des âmes les plus généreuses elles-mêmes et rendent leur foi plus débile et leur travail dans le bien moins efficace.

Il est donc nécessaire, aujourd'hui particulièrement, que les universitaires catholiques réagissent contre ce scepticisme moral envahissant et regardent leurs universités, non pas comme un refuge pour


FÉDÉRATION UNIVERSITAIRE CATHOLIQUE D'ITALIE

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esquiver les responsabilités de la vie, mais comme un moyen des plus nobles pour l'élever jusqu'au Christ.

Qu'ils dirigent, en conséquence, tous leurs efforts en vue de multiplier les oeuvres d'assistance et les moyens de secours chrétiens et d'hospitalité pour les étudiants les plus nécessiteux, mais sans omettre d'apporter, dans la mesure du possible, la contribution de la charité aux classes ouvrières qui attendent leur aide matérielle et spirituelle.

Qu'ils se fassent un point d'honneur de sauvegarder la sévérité de principes et de moeurs qui a été l'heureuse caractéristique de leur Fédération, et qu'ils aient, en même temps, les attentions les plus fraternelles pour approcher, le coeur largement ouvert, ceux qui n'ont pas reçu le don de vivre dans la vérité.

Qu'ils persévèrent surtout à rendre constamment plus riche et plus vigoureuse leur culture, en la ravivant par la foi et par la prière, et qu'ils en fassent un instrument continuel et fort de courageux apostolat parmi ceux qui s'adonnent aux études.

Nous avons confiance que Dieu ne manquera pas de rendre fécondes leurs résolutions et, à cette fin, Nous accordons bien volontiers une particulière Bénédiction apostolique à toute la Fédération universitaire catholique italienne.

LETTRE A L'ÉVÊQUE DE GRENOBLE POUR LE Ve CONGRÈS MARIAL DE FRANCE

(30 août 1946)1

A l'occasion du Ve Congrès mariai français qui commémorait, a Grenoble, le premier centenaire du culte de Notre-Dame de La Salette, le Saint-Père a daigné manifester sa satisfaction à l'égard de cette initiative par cette lettre adressée à S. Exc. Mgr Caillot, évêque de Grenoble :

Au moment où va s'ouvrir Je Ve Congrès mariai national, il Nous plaît de renouveler au vénéré pasteur du diocèse de Grenoble, gardien du sanctuaire de La Salette, le témoignage d'une paternelle confiance, que vient d'illustrer l'exceptionnel honneur du Sacré Pallium. En vous exprimant Nos voeux et Nos compliments les plus fervents, Nous Nous rendons en esprit au milieu de vos assises dauphinoises, grâce auxquelles votre noble pays rendra un solennel hommage au Coeur Immaculé de Marie et lui promettra cette filiale fidélité, spécialement par la sanctification des dimanches et fêtes consacrés au Seigneur, qui l'affermisse dans sa vocation chrétienne. Que la céleste Réconciliatrice des pécheurs obtienne du Sacré-Coeur cette effusion de grâces, par où puisse être instaurée une digne et véritable paix ! Nous vous envoyons à cette intention, pour le zélé président, les prélats et tous les membres du Congrès mariai, ainsi qu'à votre cher troupeau, comme gage des meilleures faveurs divines, la Bénédiction apostolique.


Pie XII 1946 - DISCOURS A M. ENRICO DE NICOLA, CHEF PROVISOIRE DE L'ÉTAT ITALIEN