Pie XII 1948 - ALLOCUTION AUX MEMBRES DES OEUVRES DE LA PROTECTION DE LA JEUNE FILLE (28 septembre 1948).

DISCOURS A SON EXC. M. LE COMTE WLADIMIR D'ORMESSON Ambassadeur de France

1 (29 septembre 1948)".

Le plaisir que Nous éprouvons à vous accueillir aujourd'hui et à recevoir de vos mains les lettres qui vous accréditent auprès de Nous comme ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française, est d'autant plus vif que vous n'êtes point ici un inconnu.

Votre passage en cette ambassade, aux heures les plus douloureuses qu'aient connues votre patrie, Nous a donné, si court qu'il ait été, l'occasion de concevoir une haute estime de votre personne, d'apprécier les eminentes qualités qui font de votre Excellence le digne représentant de la France 2.

1. M. le comte d'Ormesson est né le 2 août 1888 à Saint-Pétersbourg où son père était conseiller à l'Ambassade de France.
Après la guerre de 1914, pendant laquelle il a été combattant, il se spécialisa dans l'étude des questions de politique internationale; devint directeur du Figaro en 1934. En 1938, il succéda à Georges Goyau comme Président de la Corporation des Publicistes chrétiens.
Durant la guerre 1939-1945, il parvint à échapper aux griffes de la Gestapo, un tribunal de guerre l'ayant condamné à mort par contumace. En 1944, il fut nommé Ambassadeur de France en Argentine par le général de Gaulle. C'est de là qu'il fut appelé à succéder à M. Jacques Maritain qui quittait son poste d'Ambassadeur de France auprès du Saint-Siège. (Cf. Allocution de Pie XII à M. Jacques Maritain, 10 mai 1945.)

2. D'après le texte français des A. A. S., 1948, XD, p. 464.

3. Alors que S. Em. le Cardinal Pacelli était nonce apostolique en Bavière, M. le comte Wladimir d'Ormesson y représentait la France.
De plus, le nouvel Ambassadeur de France avait déjà été nommé Ambassadeur de France auprès du Saint-Siège en mai 1940 (Allocution de Pie XII à M. le comte Wladimir d'Ormesson, 9 juin 1940) ; mais dès octobre, de cette même année, il était rappelé en France par le Gouvernement de Vichy et rayé des cadres du personnel diplomatique.

Nous souvenant que ceux-là ne veillent pas en vain dont Dieu garde la cité, que ceux-là ne travaillent pas en vain dont Dieu édifie la maison (cf. Ps. CXXXVI), Nous avons une pleine confiance dans l'heureux succès d'une mission que vous abordez, Nous en avons eu autrefois le témoignage, avec un esprit tout imprégné de « la conception chrétienne de la société et de la vie ».

A nos souhaits de bienvenue, Nous joignons, Monsieur, l'Ambassadeur, l'expression des sentiments que Nous vous prions de transmettre à Son Excellence M. le Président de la République1 et des voeux les plus ardents que Nous formons pour la prospérité et la félicité de la France, Notre bien-aimée France, à laquelle Nous attachent des liens et des souvenirs particulièrement chers ».

En vous renouvelant l'assurance de l'appui très cordial que vous trouverez toujours auprès de Nous dans l'accomplissement des devoirs de votre si importante charge, Nous invoquons de grand coeur sur Votre Excellence les plus abondantes bénédictions du Très-Haut.

1. Le Président de la République est, depuis le 16 janvier 1947, M. Vincent Auriol.

2. Le Pape rappelle ici les séjours qu'il a faits en France : en 1935, à Lourdes; en 1937 à Lisieux et à Paris.

DISCOURS AUX CONGRESSISTES DE L'INSTITUT INTERNATIONAL DES FINANCES PUBLIQUES (2 octobre 1948)

1

L'Institut International de Finances publiques a été constitué en 1938 à Paris à l'initiative de feu le professeur ALIX en vue de grouper autour de l'étude de la science des finances, les spécialistes de finances publiques du monde entier. Il groupe actuellement 234 membres représentant 30 pays. Il tint son Congrès de 1948 à Rome, dont l'objet était : « L'Impôt au service de la politique économique de l'État » et « Les Crédits extérieurs »2.

A cette occasion, le Pape déclara aux délégués:

En Nous procurant le plaisir de recevoir l'hommage délicat de votre déférence, vous Nous offrez aussi, Messieurs, l'occasion de vous exprimer le vif intérêt que Nous portons à l'oeuvre de votre Institut, oeuvre austère assurément, dont bien peu savent entrevoir l'importance et les difficultés.

Aujourd'hui, les problèmes économiques revêtent partout une impor-portance particulière et parmi ces problèmes, celui des finances des Etats est un des plus aigus.

Les questions des finances publiques ont toujours été l'objet d'une attention toute spéciale de la part non seulement des intellectuels et des techniciens, mais, pour ainsi dire, de tous.

1. D'après l'Osservatore Romano du 3 octobre 1948.

2. Des Congrès annuels eurent respectivement pour thèmes :

— Paris 1938 : Impôts directs et indirects. — Amortissement de la dette publique.

— Bruxelles 1939 : Les Finances publiques et la Conjoncture. •— Les Relations du Trésor et de la Banque d'Émission.

— La Haye 1947 : Le Financement de la Reconversion et de la Restauration. Les travaux de l'Institut sont publiés par les Éditions Sirey de Paris.

Le Président en est actuellement M. Max-Leo Gérard.

Da raison en est que chacun apprécie leur état de prospérité ou de crise surtout du point de vue de son intérêt personnel. Or, les événements et les conditions de ces derniers temps ont donné à toutes ces questions un degré d'acuité tel que, en maints pays, elles occupent le centre des luttes politiques et sont souvent devenues le point névralgique des discussions les plus passionnées, non sans péril d'ailleurs pour l'équilibre de la structure interne de l'État.

Dans les conversations, la presse ou les conférences ces problèmes complexes sont trop souvent discutés par des personnes incompétentes:

Beaucoup de gens, en effet, — trop de gens — guidés par l'intérêt, par l'esprit de parti, ou encore par des considérations plus de sentiment que de raison, abordent et traitent, économistes et politiques improvisés, les questions financières et fiscales, avec d'autant plus d'ardeur et de fougue, avec d'autant plus d'assurance et de désinvolture aussi, que plus grande est leur incompétence. Parfois, ils ne semblent même pas soupçonner la nécessité, pour les résoudre, d'études attentives, d'enquêtes et d'observations multipliées, d'expériences comparées.

Les finances publiques prennent une importance de plus en plus grandes pour les motifs suivants:

1. La guerre et l'après-guerre exigent de la part des États des dépenses considérables, d'équipement, de reconstruction.

2. La politique d'Étatisation provoque des charges et des dépenses nouvelles de la part des pouvoirs publics.

Des besoins financiers de chacune des nations, grandes ou petites, se sont formidablement accrus. La faute n'en est pas aux seules complications ou tensions internationales; elle est due aussi, et plus encore peut-être, à l'extension démesurée de l'activité de l'État, activité qui, dictée trop souvent par des idéologies fausses ou malsaines, fait de la politique financière, et tout particulièrement de la politique fiscale, un instrument au service de préoccupations d'un ordre différent.

Devant les difficultés créées à la suite de ce nouvel état de choses, on s'est borné à faire appel à des expédients; on a omis l'essentiel: faire appel aux principes premiers:

Qui s'étonnera, après cela, du danger où se trouvent la science et l'art des finances publiques de descendre, faute

de principes fondamentaux clairs, simples, solides, au rôle d'une technique et d'une manipulation purement formelles. C'est malheureusement ce qui se constate aujourd'hui en plusieurs domaines de la vie publique : échafaudage habile et hardi de systèmes et de procédés, mais sans ressort intérieur, sans vie, sans âme.

Comment est-il possible dans ce cas, pour les citoyens de se faire une idée exacte de la politique financière du gouvernement et de garder une conscience honnête?

Pareil état de choses influe plus fâcheusement encore sur la mentalité des individus. D'individu en vient à avoir de moins en moins l'intelligence des affaires financières de l'État; même dans la plus sage politique, il soupçonne toujours quelque menée mystérieuse, quelque arrière-pensée malveillante, dont il doit prudemment se défier et se garder. Voyez-vous, c'est là qu'il faut, en définitive, chercher la cause profonde de la déchéance de la conscience morale du peuple — du peuple à tous les échelons — en matière de bien public, en matière fiscale principalement.

C'est pourquoi devant un auditoire composé de spécialistes des finances publiques, le Saint-Père lance un appel afin que les lois fiscales soient désormais justes et favorisent la pratique de la justice et respectent certaines valeurs essentielles.

Comment l'Église pourrait-elle contempler, indifférente, cette crise qui, en réalité, est une crise de conscience? Voilà pourquoi, s'adressant à ceux qui ont quelque part de responsabilité dans le traitement des questions de finances publiques, elle les adjure : Au nom de la conscience humaine, ne ruinez pas la morale par en haut. Abstenez-vous de ces mesures, qui, en dépit de leur virtuosité technique, heurtent et blessent dans le peuple le sens du juste et de l'injuste, ou qui relèguent à l'arrière-plan sa force vitale, sa légitime ambition de recueillir le fruit de son travail, son souci de la sécurité familiale, toutes considérations qui méritent d'occuper dans l'esprit du législateur la première place, non la dernière.

Le Pape rappelle la fonction essentielle des finances publiques :

Le système financier de l'État doit viser à réorganiser la situation économique de manière à assurer au peuple les condi-

tions matérielles de vie indispensables à poursuivre la fin suprême assignée par le Créateur : le développement de sa vie intellectuelle, spirituelle et religieuse.

A ce sujet, la tâche des financiers s'indique clairement:

Quant à vous, votre haute compétence vous appelle à défendre la politique financière contre les manoeuvres des ambitieux et des démagogues.

Dévoués avec le plus magnifique désintéressement, ardents à chercher non la faveur populaire, mais le vrai bien du peuple, vous recueillez, du moins, le suffrage d'une élite qui sait vous comprendre; vous avez pour vous le témoignage de votre conscience et Dieu, n'en doutez pas, Dieu à qui tout est présent, ne laissera pas sans récompense ce que vous aurez fait pour le service des hommes vos frères et pour la restauration du monde. De tout coeur Nous le prions de vous donner la lumière et la force dont vous avez besoin de féconder votre oeuvre pour le bien et la paix de la société humaine.

1. D'après le texte espagnol des A. A. S., 40, 1948, p. 465; traduction dans La Documentation Catholique, t. XLV, vol. 1601.



RADIOMESSAGE AU CONGRÈS INTERAMÉRICAIN D'ÉDUCATION CATHOLIQUE A LA PAZ

(6 octobre 1948)1

En Colombie fut créée en 1945, la Fédération inter américaine d'éducation catholique, qui, en 1948, réunit en Bolivie, en un Congrès les délégués de toutes les Républiques de l'Amérique Latine. Ce Congrès avait pour but de promouvoir un vaste mouvement en faveur des écoles catholiques.

Parmi les graves et multiples tâches qui s'imposent à Notre paternité universelle, Nous avons toujours considéré comme l'une des principales l'attention particulière à apporter à tout ce qui, d'une manière ou d'une autre, concerne la jeunesse. Aussi, comment aurions-Nous pu omettre d'adresser quelques paroles précisément à vous, éducateurs des futures générations de tout un continent, appelés à jouer un rôle important dans l'histoire de notre siècle tourmenté; à vous, réunis en une assemblée qui, en raison des nombreux pays représentés, de la qualité des représentants, et de la fin envisagée, peut être considérée, dès à présent, comme un jalon fondamental dans l'histoire de la pédagogie catholique dans le Nouveau-Monde?

Nos prières les plus ferventes s'élèvent jusqu'au trône du Très-Haut pour que ce Congrès consacre la formation définitive de la Confédération dont le but est d'obtenir que l'éducation de la jeunesse dans tous les pays américains soit amenée à bonne fin, d'une façon consciente et efficace, en harmonie avec la sagesse et l'expérience de l'Église en matière d'enseignement et spécialement avec les règles promulguées par le Siège apostolique, atteignant une dignité et une splendeur

telles que les gouvernants et les citoyens de vos peuples respectifs en viennent à reconnaître la liberté et à accorder le respect auxquels ont droit les institutions enseignantes de l'Église.

Le Souverain Pontife émet quelques réflexions sur le sujet même du Congrès: l'éducation et l'influence du milieu:

Cependant, votre Congres possède un autre attrait : le thème que vous avez sagement choisi pour vos délibérations, qui est « éducation et ambiance modernes ».

L'éducation suppose, en effet, que l'enfant soit placé dans un milieu favorable :

L'essence et le but de l'éducation — pour Nous servir des paroles mêmes de Notre prédécesseur immédiat 1 — consistent dans la collaboration avec la grâce divine, pour la formation du véritable et parfait chrétien. Cette perfection implique que le chrétien, comme tel, soit placé dans des conditions qui lui permettent d'affronter et de surmonter les difficultés et d'être à la hauteur des exigences des temps dans lesquels il est appelé à vivre. Cela veut dire que le travail d'éducation, s'effectuant dans un milieu déterminé et suivant une méthode bien définie, parviendra à s'adapter constamment aux conditions de ce milieu et de cette ambiance dans lesquels et pour lesquels il faut atteindre à la perfection.

En particulier, il faut que l'enfant soit éduqué dans un milieu croyant :

Opposez donc aux pernicieux efforts tentés en vue d'écarter complètement la religion de l'éducation et de l'école, ou tout au moins de fonder l'école et l'éducation sur une base purement naturaliste, l'idéal d'un enseignement riche du trésor inestimable d'une foi sincère, vivifiée par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

La jeunesse doit jusqu'à la fin des études pouvoir poursuivre son instruction religieuse:

Faites en sorte que vos enfants et vos jeunes gens, à mesure qu'ils progressent sur le chemin des années, reçoivent aussi une instruction toujours plus vaste et plus fondamentale, sans oublier

i. Cf. Encyclique de Pie XI : Divini Redemptoris, 31 décembre 1929.

de tenir compte que la conscience pleine et profonde des vérités religieuses aussi bien que les doutes et les difficultés se présentent d'ordinaire au cours des dernières années d'études supérieures, spécialement lorsque l'étudiant se trouve en contact, chose aujourd'hui difficilement évitable, avec des personnes ou des doctrines opposées au christianisme ; et c'est pourquoi l'instruction religieuse exige avec plein droit une place d'honneur dans les programmes des Universités et des centres d'études supérieures.

L'instruction religieuse doit aller de pair avec l'esprit de prière:

— la prière mentale,

— la prière liturgique,

Faites en sorte que cette instruction soit étroitement liée à la sainte crainte de Dieu, à l'habitude du recueillement dans l'oraison et à la participation totale et consciente à l'esprit de l'Année liturgique de la Sainte Mère l'Église, source de grâces innombrables.

Toutefois, il faut éviter toute contrainte extérieure:

Cependant, dans cette tâche, agissez avec précaution et avec prudence afin que ce soit toujours le jeune homme lui-même qui cherche graduellement et peu à peu la vérité, travaillant ainsi pour son propre compte et apprenant à vivre et à réaliser sa vie de foi.

Ce dont les jeunes ont besoin ce sont des principes solides:

Opposez à la pénurie de principes de ce siècle, dont le seul critère est le succès, une éducation qui rende le jeune homme capable de discerner la vérité de l'erreur, le bien du mal, le droit de l'injustice, en implantant solidement dans son âme les purs sentiments de l'amour, de la fraternité et de la fidélité.

Il faut fournir aux jeunes gens une saine et substantielle littérature :

Si les films dangereux d'aujourd'hui, en ne parlant qu'aux sens seuls et d'une manière trop unilatérale, entraînent avec eux le risque de produire dans les âmes un état de légèreté et de passivité, le bon livre peut combler cette lacune, grâce au rôle toujours plus important qu'il joue dans le travail de l'éducation.

L'éducation doit fournir la vraie hiérarchie des valeurs :

Répondez à l'importance exagérée accordée aujourd'hui à tout ce qui est purement technique et matériel, par mie éducation qui reconnaisse toujours la première place aux valeurs spirituelles et morales, aux valeurs naturelles et surtout surnaturelles.

En particulier, l'éducation physique est excellente à condition qu'elle soit ordonnée à des fins supérieures:

L'Église assurément approuve la culture physique quand elle est ordonnée ; et elle sera ordonnée si elle ne vise pas au culte du corps, quand elle sert à fortifier et non à gaspiller ses énergies, quand elle est un délassement pour l'esprit, quand elle est un nouveau stimulant pour l'étude et pour le travail professionnel, enfin quand elle ne mène pas à l'abandon ni à la négligence de cette tâche, non plus qu'à la perturbation de la paix qui doit régner dans le sanctuaire du foyer.

Étant donné que le péché originel a blessé la nature humaine, toute éducation doit comporter un effort de redressement moral :

Opposez à la recherche immodérée du plaisir et à l'indiscipline morale — qui voudraient également envahir les rangs des jeunes catholiques, en leur faisant oublier qu'ils portent en eux-mêmes une nature déchue, triste héritage d'une faute originelle — l'éducation de la maîtrise de soi-même, du sacrifice et du renoncement, en commençant par la plus petite chose pour arriver ensuite jusqu'à la plus grande ; l'éducation de la fidélité à l'accomplissement de vos propres devoirs de la sincérité, de la sérénité et de la pureté spécialement durant les années où le développement aboutit à la maturité.

Ici encore l'Église apporte à cette oeuvre de perfectionnement humain, un appui unique:

Mais n'oubliez jamais que ce but ne peut être atteint sans l'aide puissante des sacrements, de la confession et de la très sainte Eucharistie, dont la valeur surnaturelle éducative ne pourra jamais être appréciée comme il le faudrait.

L'homme doit savoir reconnaître qu'une autorité est nécessaire; il doit apprendre à concilier l'exercice de la liberté avec la soumission aux autorités légitimes :

Cultivez dans l'âme des enfants et des jeunes gens l'esprit hiérarchique, qui ne refuse pas à chaque âge son développement,

afin de dissiper le plus possible cette atmosphère d'indépendance et de liberté excessives que respire de nos jours la jeunesse, et qui la pousse à rejeter toute autorité et tout frein ; à cet effet, suscitez et formez le sentiment de la responsabilité, et rappelez que la liberté n'est pas la seule et unique parmi toutes les valeurs humaines, bien qu'elle compte parmi les premières, mais que ses limites intrinsèques lui sont tracées par les normes inéluctables de l'honnêteté et les limites extrinsèques par les droits corrélatifs d'autrui, aussi bien de chaque particulier que de la société dans son ensemble.

Le travail éducatif exige la collaboration des parents, de l'école et des oeuvres :

Enfin, l'éducation de l'enfant et du jeune homme, devant être la résultante de l'effort commun de nombreux éléments concordants, donnez toute l'importance qu'elle mérite à la coopération et à l'accord entre les pères de famille, l'école et les oeuvres qui l'aident et qui continuent sa tâche après qu'on en est sorti, comme sont l'Action Catholique, les Congrégations mariales, les centres d'études et les autres institutions similaires.

En particulier, les parents doivent être souvent aidés dans leur mission d'éducateur :

Plus d'une fois, les pères de famille eux-mêmes, qui bien souvent n'ont pas acquis la préparation voulue pour l'exercice de leurs droits en matière d'éducation, auront besoin d'une assistance spéciale, et de la bonne intelligence avec eux dépendra d'ordinaire le succès de l'éducation, bien que les collèges soient bons et meilleurs encore sont les maîtres :

Le Saint Père félicite les catholiques et les gouvernements des pays de l'Amérique du Sud qui s'efforcent de réaliser ce programme dans leurs institutions :

Nous profitons de cette circonstance, chers fils, pour vous exprimer Notre paternelle satisfaction pour les progrès sérieux réalisés sur le chemin qui mène à votre idéal ; et c'est avec plaisir que Nous proposons à tous comme exemple et comme stimulant, les pays qui sont à la tête de cette entreprise de l'éducation chrétienne de la jeunesse. Nous exprimons en même temps l'espoir que les gouvernements de vos pays reconnaîtront toujours davantage la valeur, bien plus, le caractère quasi irremplaçable de votre travail d'éducation et d'enseignement, en vous accordant volontiers toutes les possibilités et facilités, pour que vous puissiez former un bon noyau de maîtres et de maîtresses, aussi fidèles catholiques qu'excellents professionnels, tant parmi les religieux que parmi les laïques.

Les pouvoirs publics doivent de même bannir tout ce qui peut nuire à l'éducation:

Nous espérons également que les autorités publiques, en collaboration cordiale avec vous banniront de la presse et de l'écran tout ce qui pourrait être cause de scandale et de perdition pour la jeunesse.

Il y a d'ailleurs convergence entre les exigences de la science de l'éducation et la tradition pédagogique de l'Église:

C'est ainsi que l'idéal chrétien de l'éducation s'identifie avec les dernières découvertes de la science psychopédagogique, l'entourant d'une lumière qui la perfectionne et facilitant le développement unitaire et fécond de la personnalité.

En cette ville de La Paz, l'endroit est bien choisi pour discuter les moyens de former des hommes pacifiques :

Votre assemblée s'est tenue à La Paz, la « noble, valeureuse et fidèle », 1' « illustre et l'intrépide », coïncidant précisément avec une date aussi importante que celle du IVe centenaire de sa fondation. La Paz ! Éduquez, très chers Congressistes de La Paz, oui, éduquez pour la paix ! Dans vos mains, les âmes de vos élèves sont comme mie cire malléable ; faites-en des chrétiens complets et conscients et de la sorte vous travaillerez de la meilleure façon possible à la paix future !

Que le milieu même où se tiennent les assises du Congrès soit pour tous une inspiration:

Levez les yeux vers les blanches cimes de l'Illimani qui vous montrent le ciel. Contemplez la tranquille, riante et féconde vallée ou s'étale La Paz comme un petit paradis ; admirez le cours

i. Le Nevado de Illimani est un massif montagneux de la Cordillère des Andes, dans les Andes Boliviennes. Le mont Condor blanc a 6.410 mètres d'altitude. La Paz ou La Paz de Ayacucho se trouve à environ 4.000 mètres d'altitude, au pied d'un plateau.

serein des eaux vives du Choqueyapu, qui descendent de la montagne vers la mer. Laissez vos âmes s'imprégner profondément de ces sentiments d'élévation, de calme, d'amour et de paix, et communiquez-les ensuite à vos Instituts, à vos classes, à vos jeunes gens et à vos enfants, afin qu'ils soient meilleurs que leurs frères d'hier et qu'enfin que régnent dans le monde la charité et la concorde.

Animé de ces sentiments et de ces désirs. Nous vous bénissons avec une affection toute spéciale, pour que la douceur et la bonté de la Très Sainte Vierge et l'amour ardent du Très Sacré Coeur de Jésus descendent sur tous ceux qui sont ici présents, et d'une manière particulière sur ceux qui sont appelés à la sublime vocation de l'enseignement, en fortifiant leurs volontés et en éclairant leurs intelligences tout le long du sentier, parfois rude tracé par leur tâche toute d'abnégation.

ALLOCUTION AUX CYCLISTES ITALIENS (13 octobre 1948.)

1

Un groupe de cyclistes italiens voulant témoigner leur dévotion envers la Sainte Vierge offrit une lampe votive au sanctuaire de Ghisallo 2. Ils vinrent demander au Pape d'allumer cette lampe destinée à brûler devant l'image de la Vierge.

Ce n'est pas sans une bien vive et bien douce émotion que Nous Nous apprêtons à allumer la flamme qui, symbole de foi et de prière, brûlera devant l'image de la Vierge de Ghisallo, comme un perpétuel hommage de dévotion et de confiance en sa maternelle protection.

Cette flamme reçue de Nos mains et confiée à vos soins, restera comme un éternel témoignage de Notre affectueuse sollicitude pour vous. Nous avons déjà eu l'occasion de vous exprimer ce sentiment que Nous éprouvions et de vous dire en plus la vraie signification spirituelle et morale de votre sport3, par votre acte d'aujourd'hui, vous venez y ajouter un nouvel et précieux élément. L'exemple de vos champions dans l'exercice du sport, selon la lumineuse et salutaire pensée catholique, est déjà par lui-même un fructueux apostolat; mais vous, par cet apostolat, vous voulez le rendre encore plus fécond et direct. Comme les coureurs antiques, vous vous passerez de main en main la lampe ardente, et, sur toute la longueur de votre itinéraire, vous allumerez à sa mystique flamme, d'autres flammes de foi et d'amour, qui porteront en tant de lieux différents, la même lumière et la même chaleur, tandis que vous-mêmes, poursuivant votre course, ne vous arrêterez qu'aux pieds de la Mère de Dieu et votre Mère qui vous conduira jusqu'au coeur du Christ : Per Mariam ad J esum!

Allez donc, chers fils, Notre pensée vous accompagne et que la Bénédiction Apostolique que Nous vous accordons paternellement soit un gage des plus abondantes faveurs de votre Mère céleste Marie.


DÉCRET DE LA SACRÉE CONGRÉGATION DE LA PROPAGANDE concernant les Clercs des Diocèses d'Europe qui désirent émigrer en Australie ou en Nouvelle-Zélande

(21 octobre 1948.) 1

L'Australie et la Nouvelle Zélande sont des pays neufs, peu peuplés, et de ce fait prêts à accueillir un grand nombre de réfugiés européens 2. En vue de discipliner l'immigration des prêtres européens réfugiés, la Sacrée Congrégation de la Propagande a cru devoir formuler le décret suivant:

En vue de maintenir la discipline ecclésiastique dans les territoires de l'Australie et de la Nouvelle Zélande, il a paru opportun à la Sacrée Congrégation de la Propagande, étant données les circonstances présentes de décider ce qui suit.

Les clercs séculiers et les religieux ne menant pas la vie commune, durant le temps de leur absence de leur couvent, et les religieux sécularisés, qui en provenance des diocèses d'Europe désirent se rendre dans ces régions sus-nommées — pour n'importe quel motif, même pour une brève durée — sont strictement obligés de demander cette permission et de la recevoir par écrit de la Congrégation de la Propagande. S'ils enfreignent cette prescription et s'ils immigrent dans ces pays, ils sont « ipso facto » suspens a divinis.

Les Ordinaires d'Australie et de Nouvelle Zélande veilleront à ce que cette prescription soit exactement observée. Pour les clercs des pays d'Europe qui sont de langue anglaise, il suffit que l'Évêque du diocèse de départ avant d'accorder la permission et les lettres discessoriales, traite directement, selon les règles du droit canon avec l'évêque qui accepte le prêtre, sans devoir dans ce cas recourir à la S. Congrégation de la Propagande.1


LETTRE DE MONSEIGNEUR MONTINI Substitut à la Secrétairerie d'État A SON EXC. MGR. MICHEL KELLER

Évêque de Munster (24 octobre 1948) 1.

La paix de Westphalie fut signée le 24 octobre 1648 à Munster; des manifestations ayant lieu pour célébrer le troisième centenaire de cet événement, le Saint-Siège envoya la lettre suivante à VÉvêque de Munster:

Quoiqu'elle ne puisse être rappelée par le Siège Apostolique que conjointement aux dommages et aux angoisses des longues guerres qui la précédèrent, la paix de Westphalie doit être déclarée comme ayant nui gravement au nom catholique et aux intérêts spirituels des peuples de l'Europe 2. Il en est de même d'un grand nombre de ses conséquences ainsi que des normes de droit qui présidèrent au règlement de plusieurs questions.

Cependant, les glaives une fois rentrés au fourreau, une paix fut conclue dont les conventions devaient subsister longtemps.

Il convient en cette matière de rappeler par une mention très honorable les peines et les efforts du célèbre Fabio Chigi, alors Nonce Apostolique, et qui devint plus tard le Pontife Suprême Alexandre VIIx. Il s'efforça, avec une diligence louable, de préserver, dans la confection du Traité, les droits de l'Eglise et la cause de la paix, quel que fût l'insuccès auxquels aboutirent, en grande partie, ses tentatives.

Celui qui sur la terre tient la place du Prince immortel de la Paix et doit respecter et suivre ses conseils, ne peut omettre, en cette occasion comme dans d'autres, de louer la paix, une paix vraiment digne de ce nom.

Dans les actions extérieures, la paix se montre fructueuse compagne de la sécurité et du bonheur, tandis que dans les consciences, elle apporte la sérénité. Da paix avec Dieu est la cause et le fondement de celle qui associe les hommes aux pactes féconds.

C'est pourquoi il faut désirer la réalisation de cette paix dans laquelle les âmes se reposent dans la plénitude de la vérité et de la charité et où elles recherchent avec un soin particulier la justice évangélique du Royaume de Dieu.

Que les pays d'Europe donc qui, à la suite d'une antique prospérité et d'une série d'événements glorieux, souffrent misérablement aujourd'hui de discordes et de catastrophes, placent leur confiance dans la foi des conventions mutuelles d'entente bien plus que dans les guerres civiles. Ainsi elles peuvent espérer des lendemains moins rudes. Mais les traités s'effondrent, qui ne sont pas soutenus par la loi morale car, seules subsistent les institutions dont la religion constitue à la fois la base et la consécration.

Que ceux-là qui professent déjà la religion dont le Christ est la gloire s'appliquent donc à la pratiquer pleinement, elle que des arguments manifestes proclament divine. Que ceux qui en sont proches, la recherchent avec zèle, de telle sorte que ceux qui désirent pour l'Allemagne la paix et l'unité

i. Le Cardinal Fabio Chigi était né à Sienne en 1599 et il avait représenté le Saint-Siège aux négociations qui aboutirent au Traité de Westphalie, et après la signature, il avait protesté contre les clauses que devaient désapprouver le Pape Innocent X. (Bulle : Zelus Domus meae du 26 novembre 1648.) A la mort de ce dernier, en 1655, il était élu Pape.

puissent travailler avec piété et fruit à leurs intérêts propres, à ceux de leur patrie et de tout le genre humain.

J'ai la joie de vous communiquer ce présage heureux, ce présage de paix qui dévoile l'ardeur de la charité de Sa Sainteté ainsi que la consolation de l'espérance. Ayez la bonté de faire en sorte qu'il soit transmis lors des fêtes qui vont se dérouler à Munster.

ENCYCLIQUE " IN MULTIPLICIBUS " (24 octobre 1948)

1

Déjà dans son Encyclique « Auspicia quaedam »2 du Ier mai 1948, SS. Pie XII faisait allusion aux événements de Palestine 3. Depuis lors les événements ont provoqué une situation de plus en plus grave 4. C'est pourquoi le Pape publie un document qui énonce la pensée de l'Eglise sur le sort des Lieux Saints.

Le Pape exprime son anxiété en constatant que la Palestine est frappée par le fléau de la guerre:

Parmi les multitudes de préoccupations qui Nous assaillent, en une époque si pleine de conséquences décisives pour la vie de la grande famille humaine et dont le poids se fait si lourdement sentir sur Notre suprême Pontificat, l'anxiété que Nous cause la guerre qui bouleverse la Palestine occupe une place particulière.

Nous pouvons vous dire en toute vérité, Vénérables Frères, qu'aucun événement joyeux ou triste, ne peut atténuer la douleur de Notre âme à la pensée que, sur la terre où Notre-Seigneur Jésus-

Christ a versé son sang pour apporter à la terre entière la Rédemption et le salut, continue à couler le sang des hommes, que, sous les cieux où retentit la nuit de Noël l'annonce évangélique de la paix, on continue à combattre, la misère des malheureux s'accroît et la terreur se répand, des milliers de réfugiés, perdus et pourchassés, s'en vont errant loin de leur patrie, en quête de pain et de gîte

Pie XII a un double motif à sa souffrance :

i° Les destructions des monuments vénérés; 2° Le sort incertain de Jérusalem même.

Notre douleur est rendue plus cuisante encore, non seulement par les nouvelles qui nous arrivent continuellement des destructions et des dommages causés aux édifices du culte et de bienfaisance, surgis autour des Lieux Saints eux-mêmes, disséminés dans toute la Palestine, en plus grand nombre sur le sol de la Cité sainte et qui furent sanctifiés par la naissance, la vie et la mort du Sauveur \

1. A la suite des combats, qui ravagent la Palestine, il y eut un grand nombre de Juifs et d'Arabes qui durent se réfugier en dehors des zones où la lutte sévissait.

Ainsi un grave problème se posa : les secours à organiser en faveur de ces réfugiés. On comptait en 1948 plus de 500.000 réfugiés arabes et environ 10.000 réfugiés juifs.

2. Le 29 novembre 1947, l'Assemblée générale des Nations-Unies votait le partage de la Palestine en un État Arabe et un État Juif ; il s'agissait ensuite de nommer une administration spéciale pour Jérusalem. Cette décision ne fit que provoquer une recrudescence des hostilités.

Le 15 mai 1948, le mandat britannique prenait fin en Palestine. Le 16 mai 1948, l'État d'Israël était proclamé indépendant avec Tel Aviv comme capitale.

Le 26 septembre 1948 l'État arabe était constitué à Gaza.

Mais le Pape ne se contente pas de gémir ; il a depuis longtemps tenté d'intervenir pour rétablir la paix :

Il est inutile de vous donner l'assurance, Vénérables Frères, qu'au spectacle de tant de maux, et à la prévision de maux plus grands encore, Nous ne Nous sommes pas renfermés dans Notre douleur, Nous avons fait tout ce qui était en Notre pouvoir pour chercher à y porter remède.

Déjà le 3 août 1946 en recevant au Vatican une délégation arabe le Saint Père précisait les exigences de la justice et de la paix 1 :

Avant même que n'eût commencé le conflit armé, Nous adressant à une délégation de notables arabes venus Nous rendre hommage, nous manifestâmes Notre vive sollicitude pour la paix en Palestine et, condamnant tout recours à des actes de violence, Nous déclarâmes qu'elle ne pouvait se réaliser que dans la vérité et la justice, c'est-à-dire dans le respect des droits de chacun et des traditions acquises 2 spécialement dans le domaine religieux, comme aussi dans le strict accomplissement des devoirs et des obligations de chaque groupe d'habitants.

Ces paroles de paix ne furent pas entendues et le conflit éclata. Le Pape concentra dès lors ses efforts pour le retour à la paix :

Une fois la guerre déclarée, sans Nous écarter de l'attitude d'impartialité, qui Nous est imposée par Notre ministère apostolique, qui Nous place au-dessus des conflits, par lesquels est agitée la société humaine, Nous ne manquâmes pas de Nous employer, dans la mesure où cela dépendait de Nous, et selon les possibilités qui Nous furent offertes, pour le triomphe de la justice et de la paix, en Palestine, comme pour le respect et la sauvegarde des Lieux-Saints.

De même VEglise essayait de porter secours aux réfugiés:

En même temps, bien que sollicités par de nombreux et urgents appels adressés chaque jour au Saint Siège, Nous Nous sommes employés autant que possible à secourir les malheureuses victimes de la guerre, envoyant à cet effet, à Nos représentants en Palestine, au Liban, en Egypte, les moyens à Notre disposition et en encourageant parmi les catholiques des divers pays les initiatives à prendre et à développer dans ce même but.

A côté des secours matériels, nous avons demandé aux catholiques d'apporter à l'aide leurs secours spirituels:

Convaincu par ailleurs de l'insuffisance des moyens humains pour l'adéquate solution d'un problème dont l'exceptionnelle complexité n'échappe à personne, Nous avons surtout fait constamment appel aux grands moyens de la prière, et, dans Notre récente Encyclique «Auspicia Quaedam », Nous vous invitions, Vénérables Frères, à prier et à faire prier les fidèles confiés à votre sollicitude pastorale, afin que, sous les auspices de la Très Sainte Vierge, la concorde et la paix puissent refleurir heureusement en Palestine, les différends se trouvant enfin réglés dans la justice.

D'ailleurs l'Organisation des Nations-Unies s'est employée à résoudre le conflit1 :

Nous savons que Notre invitation n'est pas restée sans écho, Nous n'ignorons pas non plus que, tandis que par Notre activité Nous Nous employions en union avec le monde catholique pour la paix en Palestine, des hommes de bonne volonté ont multiplié dans les mêmes intentions, bravant dangers et sacrifices, leurs nobles efforts, auxquels il Nous plaît de rendre hommage.

Mais, jusqu'à présent, ces efforts demeurèrent vains. C'est pourquoi le Pape implore à nouveau le monde chrétien de s'émouvoir devant ces graves événements :

Toutefois la durée du conflit et l'accumulation croissante de ruines, morales et matérielles qui en

i. Ce texte même est repris à l'Allocution au Sacré-Collège du 2 juin 1948 (cf. p. 217). — (A. A. S., 40, 1948, p. 247.)

sont l'inexorable accompagnement, Nous engagent à vous renouveler Notre appel avec une insistance accrue, dans l'espoir qu'il soit entendu dans le monde chrétien.

Comme Nous le déclarâmes le 2 juin dernier aux membres du Sacré Collège des Cardinaux, en leur confiant Notre anxiété pour la Palestine, Nous ne croyons pas que le monde chrétien puisse rester indifférent ou ne nourrir qu'une stérile indignation devant cette Terre Sainte, dont on ne s'approchait qu'avec le plus profond respect pour en baiser avec un ardent amour le sol sacré, aujourd'hui encore foulé aux pieds par les troupes en guerre et frappé par des bombardements aériens. Nous ne pensons pas que le monde chrétien puisse ainsi laisser s'accomplir la dévastation des Lieux Saints et assister à la destruction du Sépulcre du Christ K

Le Saint Père espère que l'Organisation des Nations-Unies accordera à la ville de Jérusalem le statut d'un territoire international offrant la garantie nécessaire pour la protection des Lieux Saints.

Nous avons, au contraire, pleine confiance que les supplications et ces aspirations, indices de la valeur qu'attache aux Lieux-Saints une si grande partie de la famille humaine, renforcent dans les Hautes-Assemblées où sont discutés les problèmes de la paix, la persuasion de l'opportunité de donner à Jérusalem et à ses environs, où se trouvent tant et tant de précieux souvenirs de la vie et de la mort du Sauveur, un caractère inter national qui dans les circonstances présentes semble mieux garantir la protection des sanctuaires.

Il faudra même assurer par des garanties internationales aussi bien le libre accès aux Lieux-Saints disséminés sur le territoire de la Palestine que la liberté du culte et les respects des coutumes et des traditions religieuses 1.

Puisse arriver ainsi bientôt le jour où les hommes auront de nouveau la possibilité d'accourir en pèlerinage aux Lieux-Saints pour retrouver, révélé par ces monuments divins de l'amour exalté jusqu'au sacrifice de la vie pour ses frères, le grand secret de la pacifique vie en commun des hommes.

Avec cette confiance, Nous vous accordons de tout coeur, Vénérables Frères, ainsi qu'à vos fidèles et à tous ceux qui accueilleront avec bonne volonté Notre appel, en gage des divines faveurs et comme gage de Notre bienveillance, la Bénédiction Apostolique.


Pie XII 1948 - ALLOCUTION AUX MEMBRES DES OEUVRES DE LA PROTECTION DE LA JEUNE FILLE (28 septembre 1948).